Le rôle de la psychologie sociale dans le renouveau des sciences

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Le rôle de la psychologie sociale dans le renouveau des sciences
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Le rôle de la psychologie sociale dans le renouveau des sciences de
l’homme.
BENKERROU Fiadh
Université de Bejaia, 06000 Bejaia(Algérie)
Résumé:
La diversité et la complexité qui caractérisent le phénomène humain a fait émerger, en se
séparant de la philosophie, une multitude de disciplines dont la visée est une meilleure compréhension
de l’homme. Ce qui d’un côté, a contribué à l’enrichissement du capital scientifique, alors que de
l’autre elle n’a fait que apparaitre des divergences fondamentales entre les spécialises, que se soit sur
le plan des méthodes utilisées ou celui des explications proposées.
Au milieu de tout ça, une spécialité a vu le jour pour occuper parmi les autres disciplines une
place centrale située au carrefour des sciences de l’homme. Celle-ci tend à considérer le phénomène
humain sous un aspect multidimensionnel et multifactoriel . En ne se limitant pas à un domaine
spécifique, la psychologie sociale réfute une vision réductionniste basée uniquement sur des
explications simples et /ou rigides, elle considère qu’un large éventail de facteurs motivant le
comportement et elle tienne autant à les comprendre dans toute leur complexité.
C’est ce que nous essaierons d’illustrer dans cet article à travers les diverses théories, méthodes
et techniques et à la lumière des travaux réalisés par les psychosociologues,afin de mettre l’accent sur
l’importance et le rôle que joue la psychologie sociale, dans le renouveau des sciences de l’homme.
Mots clés : Psychologie sociale, sciences de l’homme, vision moderne, champs d’étude, théories et
méthode.
:‫ملخص‬
‫ ﻤﻥ ﺍﻝﺒﺤﻭﺙ ﺍﻝﺘﻲ ﻻﺘﺯﺍل ﺘﺴﺘﻘﻁﺏ ﺍﻫﺘﻤﺎﻡ ﺍﻝﻌﻠﻤﺎﺀ ﻓﻲ ﻜل ﺍﻝﻤﻴـﺎﺩﻴﻥ ﻝﻌﻼﻗﺘـﻪ‬،‫ﻴﻌﺘﺒﺭ ﺍﻝﺒﺤﺙ ﻓﻲ ﺍﻝﻅﻭﺍﻫﺭ ﺍﻻﻨﺴﺎﻨﻴﺔ ﺭﻏﻡ ﻗﺩﻤﻪ‬
‫ﻻ ﺃﻥ ﺼﻌﻭﺒﺔ ﻅﺒﻁ ﻭﺘﺤﺩﻴﺩ ﺍﻝﻤﺘﻐﻴﺭﺍﺕ ﺍﻝﻤﺘﻌﻠﻘﺔ ﺒﻬﺫﺍ ﺍﻝﻨﻭﻉ ﻤﻥ ﺍﻝﻅﻭﺍﻫﺭ ﻭﺍﻝﻤﺭﺘﺒﻁ ﺃﺴﺎﺴـﹰﺎ ﺒﺘﻐﻴـﺭ ﺍﻝﻤﻜـﺎﻥ‬
‫ ﺇ ﹼ‬.‫ﺍﻝﻤﺒﺎﺸﺭﺓ ﺒﺤﻴﺎﺓ ﺍﻻﻨﺴﺎﻥ‬
‫ ﻏﻴﺭ ﺃﻨﻬﺎﺤﻤﻠﺕ‬.‫ﻭﺍﻝﺯﻤﺎﻥ ﻴﺠﻌل ﺩﺭﺍﺴﺘﻪ ﺘﺘﺼﻑ ﺒﺎﻝﺘﻌﻘﺩ ﻭﺍﻝﺘﺸﻌﺏ ﻤﺎ ﺃﺩﻯ ﺇﻝﻰ ﻅﻬﻭﺭ ﺍﻝﻌﺩﻴﺩ ﻤﻥ ﺍﻝﻌﻠﻭﻡ ﻜل ﺤﺴﺏ ﻤﺠﺎﻝﻬﺎ ﻭﺘﺨﺼﺼﻬﺎ‬
‫ﺒﺕ ﻓﻴﻬﺎ ﺍﻝﻨﻅﺭﺓ ﺍﻝﺸﺎﻤﻠﺔ ﻭﺍﻝﻤﺘﻜﺎﻤﻠﺔ ﻝﻺﻨﺴﺎﻥ ﻤﺎ ﺃﻓﻀﻰ ﺇﻝﻰ ﺒﺭﻭﺯ ﺍﺨﺘﻼﻓﺎﺕ ﻭﺘﺒﺎﻴﻨﺎﺕ ﺒﻴﻥ ﺁﺭﺍﺌﻬﺎ ﺘﻔﺎﺴﻴﺭﻫﺎ ﻭﺼﻠﺕ ﻓﻲ ﺒﻌﺽ‬‫ﺭﻭﻯﺀ ﻏﻴ‬
‫ ﻝﺫﺍ ﻜﺎﻥ ﻤﻥ ﺍﻝﻀﺭﻭﺭﻱ ﺍﺴﺘﺤﺩﺍﺙ ﻋﻠﻡ ﻴﺴﺎﻫﻡ ﻓﻲ ﺍﻝﺤﺩ ﻤﻥ ﻫﺫﺍ ﺍﻻﺨﺘﻼﻑ ﻭﻴﺯﻭﺩﻨﺎ ﺒﺭﺅﻴﺔ ﻤﻌﺎﺼﺭﺓ ﺠﺩﻴـﺩﺓ‬.‫ﺍﻷﺤﻴﺎﻥ ﺇﻝﻰ ﺤﺩ ﺍﻝﺘﻨﺎﻗﺽ‬
.‫ﻭﻤﺘﺠﺩﺩﺓ ﻓﻲ ﻓﻬﻡ ﺍﻝﻅﻭﺍﻫﺭ ﺍﻹﻨﺴﺎﻨﻴﺔ‬
‫ﻭﻫﻭ ﻤﺎ ﺘﻬﺩﻑ ﺇﻝﻴﻪ ﻫﺫﻩ ﺍﻝﻤﻘﺎﻝﺔ ﻤﻥ ﺨﻼل ﺇﻅﻬﺎﺭ ﺃﻫﻤﻴﺔ ﻭﺩﻭﺭ ﻋﻠﻡ ﺍﻝﻨﻔﺱ ﺍﻻﺠﺘﻤﺎﻋﻲ ﺒﺎﻝﻨﻅﺭ ﻝﻤﻭﻗﻌـﻪ ﻓـﻲ ﻤﻔﺘـﺭﻕ ﺍﻝﻌﻠـﻭﻡ‬
.‫ ﻤﻊ ﺇﻋﻁﺎﺀ ﺃﻤﺜﻠﺔ ﻨﻅﺭﻴﺔ ﻭﺘﻁﺒﻴﻘﻴﺔ‬،‫ ﻭﻤﻥ ﺨﻼل ﻋﺭﺽ ﺃﻫﻡ ﺍﻝﻤﻘﺎﺭﺒﺎﺕ ﻭﺍﻝﻤﻨﺎﻫﺞ ﺍﻝﺘﻲ ﻴﻌﺘﻤﺩ ﻋﻠﻴﻬﺎ‬،‫ﺍﻷﺨﺭﻯ‬
‫ ﺭﺅﻴـﺔ ﻤﻌﺎﺼـﺭﺓ‬،‫ ﻤﻴﺎﺩﻴﻥ ﻭﻤﻨﺎﻫﺞ ﺍﻝﺒﺤﺙ ﻓﻲ ﻋﻠﻡ ﺍﻝﻨﻔﺱ ﺍﻻﺠﺘﻤﺎﻋﻲ‬،‫ ﺍﻝﻅﻭﺍﻫﺭ ﺍﻻﻨﺴﺎﻨﻴﺔ‬،‫ ﻋﻠﻡ ﺍﻝﻨﻔﺱ ﺍﻻﺠﺘﻤﺎﻋﻲ‬:‫ﺍﻝﻜﻠﻤﺎﺕ ﺍﻝﻤﻔﺘﺎﺤﻴﺔ‬
‫ﺠﺩﻴﺩﺓ ﻭﻤﺘﺠﺩﺩﺓ‬
Introduction:
Le phénomène humain, comme nous le savons tous, est un phénomène complexe. Le
voir uniquement sous un seul angle, individuel ou social, est une vision réductionniste, elle
peut avoir plusieurs limites et elle ne permet guère de saisir cette complexité dans toutes ses
dimensions. Pour y remédier, la psychologie sociale a vu le jour à fin étudier ces deux aspects
à la fois. Elle s’interroge sur la nature de l’influence réciproque entre le groupe et
l’individu toute en prenant en considération le rôle de l’environnement naturel, matériel et
culturel, présent ou absent dont elle s’exerce. Ce qui nous permet de dire que la psychologie
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sociale occupe une place privilégiée située au croisement des sciences de l’homme à savoir la
psychologie, la sociologie, l’anthropologie et bien d’autres disciplines.
1- Aperçu historique
La psychologie sociale est apparue, comme les autres disciplines scientifiques, suite à la
séparation entre la psychologie et la philosophie, lorsque Wilaham wandt (1832-1920) a créé
le premier laboratoire de psychologie scientifique à Leipzig en 1879. Mais les premières
réflexions dans ce domaine remontent à l’époque des philosophes grecs, Platon en tête (473347 AJ), en s’intéressant à la relation entre le leader et ses subordonnés, il considérait l’être
humain comme une conséquence d’un modèle social, qui a besoin de l’aide et des services des
autres pour survivre. Il supposa aussi que le changement social est le résultat d’une adaptation
à l’environnement à l’aide d’institutions spécialisées (écoles, casernes…). Aristote (384-322
AJ) de sa part, voyait que l’instinct est à l’origine de divers comportements et facultés
humaines, il est aussi la raison pour laquelle les gens cherchent toujours à vivre
conjointement.
Bien de temps après, des penseurs musulmans tels que Al FARABI (870-950), AL
GHASALI (1058- 1110) et IBN KHALDOUN (1332-1406) ont repris les pensées des
philosophes grecs, ils ont découvert l’importance de l’interaction sociale et son influence sur
le comportement des individus, ils ont déterminé les caractéristiques des groupes restreins et
des grands groupes, ainsi que les facteurs de la cohésion du groupe (2009 ،‫)العتوم‬.
A la renaissance, plusieurs penseurs européens ont récupéré les idées de ces derniers,
pour traiter des questions relatives aux comportements des groupes et ceux de l’individu dans
le groupe. Ils ont fondé les premiers principes de la psychologie sociale moderne.
Mais, plus précisément, l’expression psychologie sociale ne serait apparue qu’en :
- 1864 en Italie dans l’intitulé d’une conférence de Carlo Cattaneo intitulée « L’antithèse
comme méthode en psychologie sociale »
- En 1875 une œuvre posthume de philarète Chasles intitulée « la psychologie sociale des
nouveaux peuples » est publiée à Paris.
- En 1886 c’est en Allemagne qu’apparaît l’expression de « Psychologie sociale » sous la
plume d’Alfred Vierkandt.
- Quelques années plus tard, Gabriel Tarde (1898) publie ses « Etudes de psychologie
sociale » alors que Norman Triplett (1897-1898) réalise une des premières recherches
expérimentales que l’on qualifia de Psychosociale.
- Lors du 4ème congrès international de psychologie (20 et 26 Aout 1900, paris) Franz
Eulenburg justifie la création d’une branche particulière de la recherche appelée Psychologie
sociale, qui trouverait sa place entre la psychologie des peuples et la psychologie des foules.
- En 1907 Wilhelm Wundt emploie le terme de Psychologie sociale pour désigner sa
Volker psychologie, dont il écrira 10 volumes entre 1900 et 1920.
- En 1908 aux Etats-Unis d’une part le psychologue McDougall écrit le Manuels de
psychologie sociale, tandis que son compatriote, le sociologue Leon Ross met en évidence la
distinction entre la psychologie sociale psychologique et la psychologie sociale sociologique.
- L’année 1924 a été une année décisive pour cette discipline, Floyd H. Allport en
privilégiant une psychologie sociale psychologique et en la différenciant de la psychologie
générale permet à la discipline de trouver l’élan nécessaire à son développement (Delouvée,
2010).
Depuis cette époque et jusqu’à aujourd’hui, les définitions de la psychologie sociale se
sont multipliées, permettant une meilleure précision de son objet d’étude. On peut citer par
exemple celle de Gergen et Gergen (1981) qu’ils voyaient comme « une discipline où l’on
étudie d’une façon systématique les interactions humaines et leurs fondements
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psychologiques» (p4). et celle de Moscovici (1984) qui la définit comme « la science des
phénomènes de l’idiologie (cognition des représentations sociales) et les phénomènes de
communication. » ou celle de Vallerand (1994) qui selon lui, « la psychologie sociale est un
domaine d’étude scientifique qui analyse la façon par laquelle nos pensées, nos sentiments et
comportement sont influencés par la présence imaginaire, implicite ou explicite des autres,
par leurs caractéristiques et par les divers stimuli sociaux qui nous entourent et qui de plus
examinent comment nos propres composantes psychologiques personnelles influent sur notre
comportement social. » elle est aussi définie selon Delouvée (2010) «comme une discipline à
visée scientifique, qui essaierait de décrire, d’expliquer et éventuellement de prévoir le
fonctionnement social et s’intéressait aux comportements, pensées et processus mentaux de
l’individu en contexte social en offrant un cadre d’analyse varié »(P 8).
À première vue, ces définitions montrent à quel point l’objet d’étude de la psychologie
sociale est hétérogène, multiple et varié ; chose qui fait d’elle un domaine scientifique
complexe et pluridisciplinaire. Néanmoins se limiter à des définitions seulement ne permet
guère de saisir cette complexité. Pour mieux la cerner, nous devrons connaître son objet et son
champ d’étude, ainsi que, les méthodes qu’elle emploie et sa façon d’interpréter les
observations et les résultats qu’elle obtient.
Alors qu’est ce qui différencier la psychologie sociale des autres disciplines des
sciences de l’homme ?
2- La psychologie sociale une discipline au carrefour des sciences de l’homme.
2.1 Avec la psychologie générale.
La psychologie générale étudie l’individu pour ce qui concerne sa pensée, son
affectivité, son caractère, son inconscient et son comportement. Pour simplifier, la
psychologie étudie l’homme comme étant un phénomène individuel composé d’un ensemble
de mécanismes qui lui permettent de penser, de réagir et d’avoir des caractéristiques
spécifiques que l’on appelle « personnalité ». Le psychologue tentera de comprendre les
différents stades et étapes de développement de la personnalité, il essaiera de dévoiler les
mystères du comportement, de connaître l’origine des maladies psychiques et d’expliquer les
troubles de personnalité.
Donc, nous pouvons dire que la ressemblance entre la psychologie générale et la
psychologie sociale, c’est que, ces deux disciplines ont tendance à utiliser l’individu comme
unité d’analyse principale et à utiliser des concepts et des théories psychologiques pour
expliquer le comportement. Toutefois, la différence majeure réside dans les spécificités
sociales, c'est-à-dire, le rôle et l’influence de /sur l’environnement et du contexte social où se
produit le comportement. Chose que la psychologie sociale prend en considération pour
comprendre et expliquer le phénomène humain, tandis que la psychologie générale préfère
adopter l’approche individuelle basée uniquement sur le rôle des caractères et des déférences
individuelles et personnelles.
2.2 Avec la sociologie.
La sociologie, pour sa part, étudie l’homme comme étant un phénomène collectif, elle
s’intéresse à l’ensemble des mécanismes, des relations et des interactions qui produisent la
société, lui permettant de subir des changements, d’évoluer et d’avoir les caractéristiques
d’une société. Pour simplifier, la sociologie étudie les phénomènes collectifs, ceux qui
s’imposent à la société ou à des unités importantes d’individus. Elle partage avec la
psychologie sociale une préoccupation commune pour les interactions humaines et les
comportements des gens au sein du groupe. En revanche trois différences permettent de
distinguer entre les études menées dans ces deux disciplines:
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- Le sujet d’action (d’étude) de la psychologie sociale est le comportement dans le groupe,
c'est-à-dire, celui des individus en interaction avec les autres individus. Par contre, la
sociologie s’intéresse au comportement du groupe en termes d’unité organisationnelle, c'est-àdire, ses fonctions et ses structures.
- L’explication du fonctionnement du groupe repose, en sociologie, sur les propriétés du
groupe lui-même (expliquer l’hétérogène à partir de l’homogène). En psychologie sociale, le
groupe est plutôt analysé à partir des processus internes des ses individus. Elle étudie les
rapports qu’ils entretiennent entre eux et envers le groupe du point de vue des personnes euxmêmes (explique l’homogène à partir de l’hétérogène).
- Les méthodes de recherches utilisées en psychologue sociale s’appuient, beaucoup plus,
sur l’expérimentation afin de pouvoir manipuler les différentes variables et/ou facteurs d’un
ou de plusieurs phénomènes, la sociologie, quant à elle, elle étudie des phénomènes macrosociaux en s’appuyant sur des méthodes descriptives, tels que les sondages d’opinion, les
entretiens et les questionnaires.
2.3 Avec l’anthropologie.
La psychologie sociale a aussi des points communs avec l’anthropologie culturelle.
Mais tandis que l’anthropologie se penche sur les différents modes culturels pour comprendre
un système social, la psychologie sociale s’intéresse à la façon dont les individus acquièrent
une culture à partir de leur présence dans une institution ou dans un groupe social (référence,
appartenance, primaire ou secondaire). Selon, Gergen et Gergen (1981) les anthropologues
sociaux s’intéressent d’abord à la façon dont les cultures se différencient l’unes des autres,
puis ils essaient de comprendre les modèles des relations humaines à l’intérieur de cultures
distinctes. Ainsi ils cherchent des réponses à des questions telles que : qu’est ce qui
caractérise le comportement d’un kabyle de celui d’un algérois ou de celui d’un oranais ?
Tout en respectant l’arrière fond culturel et historique dans lequel il s’inscrit. À l’inverse le
psychologue social recherche les similitudes et les ressemblances entres les gens de divers
cultures, afin de pouvoir expliquer l’apparition (la conception) et la transmission des
composantes de cette culture d’une génération à une autre.
À partir de là, nous pouvons dire que la psychologie sociale, comme les autre
disciplines des sciences de l’homme (psychologie, sociologie et l’anthropologie) s’intéresse à
l’être humain, mais comme un particulier qui interagit avec d’autres particuliers dans des
situations typiques ou générales, matérielles ou symboliques, présentes ou non. C’est une
discipline qui s’inspire largement des autres disciplines pour fournir une explication plus riche
et plus profonde de la vie humaine.
3- Le champ d’étude de la psychologie sociale.
La diversité et la divergence qui caractérisent l’objet d’étude de la psychologie sociale
nous entraîne instantanément à s’interroger sur la nature son champ d’étude : pouvons nous le
cerner ? Nous répondrons à cette question à partir trois approches :
3.1 L’approche interindividuelle ou groupale.
Appelée aussi situationnelle, où les explications sont recherchées dans les événements
externes qui régissent les relations entres les individus et/ou entre les individus et le groupe.
En tête, on trouve les travaux de Gustave Le Bon (1841-1931), médecin de formation et
sociologue de métier, qui vont dans le sens de l’idée selon laquelle le social ne peut pas se
réduire à l’individu et il ne peut s’expliquer que par la référence à des phénomènes sociaux et
non pas par des phénomènes individuels. Dans son ouvrage intitulé « La psychologie des
foules » (1895) Le Bon invoque la « loi de l’unité mentale » pour décrire ce qui se passe au
sein de la foule, il prétend que la foule donne lieu à un abandon de conscience individuelle de
chacun pour céder le pas à une conscience collective. Il dit : « la personnalité consciente
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s’évanouit, les sentiments et les idées de toutes les unités sont orientés dans une même
direction. Il se forme une âme collective… une foule psychologique. Elle forme un seul être et
se trouve soumise à la loi de l’unité mentale des foules » (Le Bon, 1895, P.9 in Cerclé,
Somat ; 2005 P7).
Gabriel Tarde (1898), comme d’ailleurs Le Bon, a observé que les individus ont
tendance à imiter les comportements de ceux qui leur servent de modèle. Il défini le concept
d’imitation comme un processus fondamental de la réalité sociale, en montrant son caractère
dynamique et sélectif, qui transforme l’individu en social (Fischer, 1996 ; p7). Le
psychologue McDougall soutien, dans son ouvrage « la pensée de groupe » (1920), l’idée
selon laquelle l’action des hommes en société repose sur « un esprit collectif » contenu dans
aucun esprit individuel, même si chaque pensée singulière y participe. Selon lui les groupes
organisés, autres que la foule primitive, sont le lieu d’acquisition par l’individu de
l’expérience, de l’indépendance et de la coopération, c'est-à-dire le sens de « nous ». (Cerclé
et Somat ; 2005 p 19)
Nous retrouvons, en effet, cette préoccupation chez d’autres auteurs modernes tels que
Hogg et Turner (1987) lorsque ils insistent sur l’importance de la localisation de la source
d’influence selon qu’elle est catégorisée comme étant à l’intérieur « endosmose » ou à
l’extérieure « exosmose » de la catégorie d’appartenance du sujet cible « référence
informationnelle » (Cerclé, Somat ; 2005). Nous distinguons aussi cette approche,
interindividuelle, dans la psychologie sociale contemporaine sous le point de vue des
béhavioristes radicaux, à leur tête B.F Skinner (1904, 1990), qui soutien l’idée que le
comportement humain s’explique entièrement en fonction de l’environnement. Et que toute
action humaine, appelée réactions sociales, est gouvernée par des évènements extérieurs
appelés stimuli sociaux ou les renforcements environnementaux. Ces stimuli, sont de nature
directe ou indirecte, simple ou composé engendreront des réactions directes répondus ou
atypique, ou des réactions indirectes normales ou anormales. Selon cette perspective toute
réaction sociale peut être considérée, à son tour, comme un stimulus pour une autre réaction
(interaction). Les béhavioristes pensent aussi qu’en dehors de cette vision aucune autre
conception ne peut expliquer l’interaction sociale.(Figure :1)
Aujourd’hui la plupart des psychologues sociaux n’adhèrent pas à cette forme radicale
d’explication. Ils croient plutôt que des processus internes se trouvent en mesure d’expliquer
un bon nombre de phénomènes individuels et sociaux toute en gardant toujours une place
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primordiale au rôle de l’environnement. Ces psychologues appelés les néo-béhavioristes et
qui on largement remplacé le béhaviorisme classique.
3.2 L’approche intra-individuelle ou intrapsychique
En réaction à la pensée groupale ou interindividuelle, Allport (1924) critique l’idée
selon laquelle la conscience collective pouvait constituer un objet de science, en affirmant que
« les actions de l’ensemble ne sont rien d’autre que la somme des actions de chacun pris
séparément » et que « l’individu dans la foule se comporte exactement comme il se
comporterait s’il était tout seul, seulement un peu plus » (Cerclé, Somat ; 2005 p20). Les
cognitivistes le rejoignent dans cette idée. En mettant l’accent sur le rôle des processus
mentaux des gens sur la vie sociale, ils accordent une attention particulière aux mécanismes
psychologiques internes, ils rejettent le point de vue béhavioriste sur l’influence de
l’environnement et ils préfèrent une perspective où l’on met l’accent sur les processus
intérieurs appelés médiateurs du comportement (attitudes, traits de personnalité, styles
cognitifs, etc.) pour expliquer les interprétations que les gens font sur leurs expériences
sociales. Les travaux de Kurt Lewin (1890-1974) ont eu une grande influence sur le
développement de l’orientation cognitive en psychologie sociale, il est le premier à avoir
proposé une théorie générale sur le principe du fonctionnement psychologique, en suggérant
que les besoins et les motivations internes déterminent le degré et la façon dont l’individu
dépend du monde extérieur (Gergen, Gergen 1981). L’ouvrage de Fritz Hider (1958) intitulé
« La psychologie des relations interpersonnelles », où il s’intéresse principalement à la façon
dont les gens perçoivent les faits psychologiques interpersonnels, a donné naissance à une
théorie fondamentale en psychologie sociale, appelée l’attribution causale, qui consiste à ce
que lors de l’interprétation des fais sociaux les gens ont tendance à expliquer leurs
comportements et celui des autres en associant le comportement à des causes liées aux
caractéristiques de la situation ou aux dispositions des individus (Deutsch, M. Krauss ; 1972).
Nous pensons aussi, qu’il en est de même, de la théorie de la dissonance cognitive de Leon
Festinger (1957), qui affirme que l’état de tension qui se produise lorsqu’une personne à
simultanément deux cognitions (croyances, pensées ou attitudes) psychologiquement
incompatibles ou lorsque ses croyances sont en contradiction avec son comportement cet état
créa un malaise, par conséquent, l’individu cherche à le réduire en rejetant ou modifiant la
croyance en question, soit en changeant un comportement, soit en acquérant de nouvelles
croyances, soit en faisant appel à la rationalisation (Tavris, Wade ; 1999 p 291).
Toujours dans le même ordre d’idées d’autres psychologues sociaux privilégient les
approches intrapsychiques basées sur le rôle de la dimension de l’inconscient dans la vie
sociale, en s’inspirant des travaux de S. Freud sur la « Psychologie collective et analyse du
moi » (1921) qui ont apporté un éclairage particulier sur les phénomènes sociaux en étudiant
deux formes d’organisation collective (l’Eglise et l’Armé). Freud explique leur
fonctionnement par l’existence de relations affectives entres les membres et le chef et entre
les membres eux-mêmes (Fischer, 1996 ; P 23). Cette perspective psychanalytique a fait
éclater la pensée individualiste qui tente d’expliquer le comportement collectif comme, par
exemple, la relation de l’individu à ses parents, ses frères et sœurs, à l’objet de l’amour, à son
professeur et à son médecin etc. Nous pouvons citer, ici, les travaux de Didier Anzieu et René
Kaës sur la dynamique du groupe et leur contribution théorique pour l’analyse du groupe. Ou
même ceux de Anne Ancelin-Schutzenberger sur le psychodrame utilisé par les
psychanalystes de groupe. Ainsi des auteurs comme Eugène Enriquez et Vincent de Gaulejac
qui pensent que les dynamiques sociales devaient se comprendre à travers l’expérience que les
sujets en font et les processus inconscients qui y président (Bouchafa et al, 2005).
Cependant les adeptes de l’approche psycho-dynamique suggèrent que la psychologie
sociale étudie le comportement de l’individu et tout ce qui en résulte comme impacts directes
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ou indirectes conscients ou non, dans un lien dynamique entre ce qu’il est réellement, ce qu’il
pense être et ce qu’il veut apparaitre. Or nous pensons que cette psychologie sociale ou
groupale, rejoint le champ de la psychologie générale et il s’avère ainsi, difficile de les
différencier.
3.3 L’approche mixte
La psychologie sociale des années quatre-vingt dix et suivantes réaffirme la volonté
d’articuler le sociologique et le psychologique, le collectif et l’individuel. A travers les
définitions que nous allons présenter, on voit la détermination de ces approches d’adopter
l’idée que l’explication de l’interaction humaine ne peut trouver ses origines que dans une
approche bidimensionnelle. Citons, par exemple, celle de Smith et Mackie, (1995) qui
définissent la psychologie sociale comme « l’étude scientifique des effets des processus
sociaux et cognitifs sur la manière dont les individus perçoivent, influencent et interagissent
avec les autres. », celle de Leyens et Yzerbyt, (1997) qui pensent « qu’elle s’intéressera à
autrui d’un triple point de vue : sa connaissance, les influences réciproques entre soi et
autrui, et les interactions sociales. » ou toujours dans le même sens, celle de Beauvois, (1998)
qui estime que « la psychologie sociale s’intéresse, quels que soient les stimuli ou les objets, à
ces événements psychologiques fondamentaux que sont les comportements, les jugements, les
affects et les performances des êtres humains en tant que ces êtres humains son membres de
collectif sociaux ou occupent des positions sociales (en tant donc que leurs comportements,
jugements, affects et performances sont en partie tributaires des ces appartenances et
positions)» (Delouvée, 2010 ; p 9).
De la même façon Delhomme et Meyer (1997) nous précisent que : « le champ de la
psychologie sociale met en relation les démontions cognitives, motivationnelles,
émotionnelles ainsi que le soubassement physiologique du psychisme et du comportement
humain avec l’insertion sociale des individus (relations interindividuelles, groupes,
institutions, cultures, idéologies) dans un environnement délimité. » (p19) (Figure : 2)
Toujours dans cette conception, nous évoquons les travaux de Albert Bandura (1977,
1986, 1990, 1994, 2002) réalisés, principalement sur les mécanismes d’acquisition du
comportement, les motivations et l’efficacité personnelle. En ces termes Bandura (1980)
explique le comportement humain sous forme d’interactions continues entre les déterminants
cognitifs, comportementaux et environnementaux. Il suppose que c’est dans ce processus
dynamique appelé le « déterminisme réciproque » (Figure : 3) que réside la possibilité pour
les individus d’influencer leur propre vie ainsi que les limites de l’auto direction. Sa théorie
de l’apprentissage sociale et ses travaux ont donné naissance à une nouvelle approche utilisée
massivement aujourd’hui en psychologie sociale appelée l’approche socio-cognitif.
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4. Les méthodes de recherche en psychologie sociale.
Les travaux théoriques et empiriques que nous avons présentés s’inscrivent dans le
champ d’une psychologie sociale scientifique. Mais comme le soulignent Cerclé, Somat ;
(2005) « L’appui empirique à la théorie fait que toute proposition théorique doit avoir un
soutien empirique recueilli au moyen d’une observation de terrain, de documents
sociologiques ou historiques, ou plus particulièrement par des expériences de terrain ou de
laboratoire. » (p 5) Pour cela, les psychologues sociaux font appel à différentes méthodes
pour étudier le comportement. Ils utilisent principalement deux méthodes de recherche pour
mener des études psychosociales.
4.1 La méthode descriptive.
Constitue une méthode particulièrement utile pour obtenir une description du
comportement et avoir, plus ou moins, une vue générale sur le phénomène. Elle retient
comme techniques :
L’étude d’archive : permettant d’explorer les modèles, les données et les changements
sociaux à travers des périodes d’histoire ou l’on utilise les documents et les registres du passé.
Triplett (1897) cherchait à savoir, après avoir observé des cyclistes, si la situation de
compétition améliorait ou pas la performance de chacun. Pour parvenir à répondre à ce type
de question, il conduit une analyse d’archive faite auprès de 2000 coureurs de haut niveau
ayant participé à des courses de 25 milles et ce dans trois conditions différentes : contre le
temps, avec un moniteur et en compétition avec les autres. Il a observé avec le calcul que les
sujets montraient une vitesse beaucoup plus élevée dans la deuxième et troisième condition
que dans la première. Or que Triplett ne pouvait pas être tout à fait certain de se qu’il avait
observé, puisque ce n’était pas les même cyclistes qui avaient participé aux trois types de
courses. (Cerclé, Somat ; 2005)
L’observation systématique : particulièrement utilisée pour obtenir des informations, des
données et acquérir des connaissances sur les activités quotidiennes des gens, connaître leurs
idées et leurs préférences, leurs attitudes et leurs opinions ou pour obtenir des informations
sur des caractéristiques particulières d’une culture à un moment donné. Dans ce genre d’étude
le chercheur observe, rapporte et tente d’enregistrer de façon précise et systématique les
activités courantes des individus dans leur milieu naturel. L’enquête par interview et les
questionnaires auto-rapportés sont des techniques couramment utilisées pour obtenir une
information fiable sur, à peu près, n’importe quel sujet que les gens se sentent à l’aise
d’aborder. (Gergen et Gergen, 1981)
Dans une étude réalisée par Benkerrou (2013) en Algérie auprès de 411 adolescents
lyciens (117 garçons et 324 filles), Dont l’objectif est de répondre à la question : à quel point
peut-on prédire l’émergence du comportement agressif de l’élève envers l’enseignant, à
partir du type de son lieu de contrôle (interne ou externe) et le degré de son sentiment
d’injustice envers le système scolaire. L’enquête a révélée que 62,3% des enquêtés ont le
sentiment que l’orientation scolaire n’est pas juste, et que 61,3% ressentent aussi la même
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chose concernant l’évaluation (les notes). Des différences significatives dans le degré
d’agression sont, aussi, apparus entre les élèves ayant un lieu de contrôle interne et un
sentiment de justice et ceux ayant un lieu de contrôle externe et un sentiment d’injustice
(t=3.037, p< .0003). (Benkerrou, 2013)
Les études corrélationnelles : Principalement utilisées pour dévoiler l’existence d’une
relation entre deux ou plusieurs phénomènes (variables), et si c’est le cas, connaître à quel
degré cette relation est-elle fortes ou faibles ? Selon Tavris, Wade (1999) « dans les
recherches corrélationnelles le chercheur tente d’établir des relations quantifiables entre
différents phénomènes. Une corrélation est une évaluation numérique du degré de
dépendance entre deux variables, c’est-à-dire deux « éléments » susceptibles de varier de
façon quantifiable. Cette relation n’est pas nécessairement de nature causale. » (p 59) Le
constat d’une corrélation entre les variables permet de comparer des groupes de personnes et
faire des prédictions précises.
Toujours dans la même étude de Benkerrou (2013) les résultats ont montré que le
sentiment d’injustice envers le système scolaire et le comportement agressif sont positivement
corrélés (r=0.356, p<0.01). Les résultats ont dévoilé aussi l’existence d’une corrélation
multiple significative entre le comportement agressif, le sentiment d’injustice et le lieu de
contrôle (R= .40, p<0.01), D’autre part l’analyse de la régression linéaire indique que la
variable agression est significativement liée au sentiment d’injustice (β =. 32, p<.000) et au
lieu de contrôle (β = .17, p < .000). Le modèle global prédit 15% de la variance, en
identifiant la variable du sentiment d’injustice comme celle expliquant le mieux la violence
scolaire (Benkerrou, 2013) .
4.2 La méthode expérimentale :
Étant donné que les corrélations ne permettent pas de tirer des conclusions de nature
causale, plusieurs chercheurs, en psychologie sociale, favorisent la méthode expérimentale qui
permet d’exercer un contrôle sur la situation afin de déterminer la variable qui est à l’origine
du phénomène. Selon Gergen, Gergen (1981) « L’expérience est la meilleure façon de
retracer la succession qui existe entres les diverses conditions sociales et les réactions des
gens à leur égard. » (p 33) Dans une expérience on expose les sujets à diverses conditions
soigneusement contrôlées et l’expérimentateur observe les différents comportements qui en
résultent. Le facteur que l’expérimentateur fait varier systématiquement est appelé variable
indépendante, le comportement qui résulte de la manipulation expérimentale est appelé
variable dépendante. Nous citons parmi les expériences fondatrices de la psychologie sociale,
celle de :
Asch (1952) il visait à savoir comment les gens se comportent dans une situation où ils
sont seuls à soutenir un point de vue contre la majorité de leurs pairs. La tâche des
participants consistait à indiquer oralement, parmi trois lignes de longueur différentes, la
ligne égale à la ligne étalon. Une seule de ces trois lignes était de la même longueur que la
ligne étalon. Le participant effectuait cette tâche avec sept autres étudiants et s’exprimer en
dernier. Pour manipuler l’influence ; Asch a eu recours à sept compères qui donnaient
systématiquement la même fausse réponse afin de savoir si le participant naïf se laissait
influencer pour donner son évaluation. Le participant naïf ignorait que les autres étudiants
étaient des compères. Deux groupes de participants ont été aléatoirement constitués : un
groupe témoin (dans lequel l’influence majoritaire était absente) et un groupe expérimental
(dans lequel l’influence majoritaire était présente). Le taux d’erreur du groupe expérimental
était comparé à celui du groupe témoin afin d’attester de l’effet de l’influence dans le groupe
expérimental. Par ailleurs le faible taux d’erreur du groupe témoin assurait que la tâche à
réaliser était dépourvue d’ambiguïté. (Delhomme et Meyer, 1997 p63)
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Quoique la méthode expérimentale est considérée comme la méthode par excellence en
psychologie sociale, étant donné son degré de précision dans le contrôle des variables et la
fiabilité de ses résultats, elle reste la plus difficile à pratiquer en raison de la complexité qui
caractérise les sciences de l’homme, à savoir, la difficulté de contrôler toutes les variables, la
représentativité de l’échantillon à la population parente et la différence du contexte où se
déroule l’expérience de celui où se trouve le phénomène à l’origine.
Conclusion
La relation entre l’individu et le social, est une question qui n’a pas cessé de captiver
l’attention des psychologues, des sociologues et des anthropologues. Historiquement, la
psychologie sociale a insisté, au départ pour expliquer la nature des conduites humaines en
groupe, sur la dimension collective, Le Bon, Tarde et Turner ont travaillé cette idée à la
lumière des théories sociologiques en centrant l’objet d’étude sur le groupe (le groupe
psychologique). Par la suite les béhavioristes radicaux, tels Skinner, l’ont détourné (l’objet)
pour le focaliser sur l’individu, mais comme un être tout à fait dépendant de son
environnement. Pareillement les adeptes de l’approche intra-individuelle en psychologie
sociale, tels que : Allport, Lewin, Hider et Festinger ont préféré insister sur le rôle des
processus cognitifs pour expliquer le comportement des individus dans le groupe. De leur
côté Anzieu et Kaës, en s’inspirant des travaux de Freud sur le groupe inconscient,
privilégiaient l’idée que la dynamique des forces de l’inconscient déterminent et expliquent
les interactions entres les personnes. Il a fallu attendre les années quatre-vingt et les travaux
de Bandura pour voir apparaître une nouvelle vision qui dépasse la dichotomie entre
l’individuel et le collectif. Chapeauter par l’approche sociocognitive cette vision a mis en
valeur le rôle de l’environnement, des caractéristiques individuelles et du comportement pour
mieux comprendre le phénomène humain. Ceci, d’une part, d’autre part, ce rapport entre
l’individu et le collectif que la psychologie sociale essaie d’expliquer a bouleversé la
recherche dans le domaine des sciences de l’homme, en voyant les méthodes et les techniques
utilisées s’évoluent pour dépasser les simples observations et aller jusqu’à la mesure et
l’expérimentation.
Liste bibliographique :
1. BANDURA Albert. (1980). l’apprentissage social. traduit par Jean A. Randal, Bruxelles, Mardaga.
2. BENKERROU Fiadh. (2013). Le rôle des médiateurs cognitifs dans l’émergence des
comportements agressifs des adolescents dans les écoles. Thèse de Doctorat en psychologie
sociale. Université d’Alger 2. Algerie
3. BOUCHAFA, H .GRANGEREAU, I. MARTIN-MARTTERA, P.RAVELEAU, B. (2005).
Initiation à la psychologie-comment devenir psychologue-2ème édition VUIBERT, France.
4. CERCLE, Alain et SOMAT, Alain. (2005). Psychologie sociale- Cours et exercices- 2ème édition.
Dunod, Paris
5. DELHOMME Patricia, Meyer Thierry. (1997). Les projets de recherche en psychologie sociale,
Paris, Armand Colin/Masson.
6. DELOUVEE, Sylvain. (2010) : Psychologie sociale. Dunod, Paris.
7. DEUTSCH, Morton et M. Krauss. (1972). Les théories en psychologie sociale. MOUTON & Co
France
8. FISCHER, Gustave-Nicolas. (1996). Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale 2ème
édition Dunod, Paris.
9. GERGEN Kenneth j, Gergen Mary M. (1984). Psychologie Sociale. Edition Etudes Vivantes,
Quibec.
10.TAVRIS Carole, Wade Carole. (1999). Introduction à la psychologie, Canada, Deboeck.
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