Les taux d`emprunt
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Les taux d`emprunt
Dossier x Perspectives 8 Les taux d'emprunt, QUESTION vont-ils prendre le chemin de la hausse ? des mois, on anticipe, en vain, une ‹ Depuis remontée des taux des crédits immobiliers. Les visionnaires auront-ils enfin le nez creux en 2013 ? Ludovic Huzieux directeur associé d'Artémis Courtage nous livre son point de vue. Par ailleurs, la zone euro semble – enfin – quelque peu stabilisée. Et puis la réaffirmation à plusieurs reprises par Pierre Moscovici d’un objectif de déficit à 3 % du PIB dès la fin 2013 est un élément stabilisateur. Ludovic Huzieux Artémis Courtage P ourquoi la dégradation du rating de la France par S&P puis dernièrement par Moody's n’entraîne-t-elle pas une flambée des taux ? Ludovic Huzieux : Plusieurs raisons peuvent être avancées. Il faut savoir tout d'abord que l’échelle de notation de Moody’s des dettes « long terme » des Etats comprend 21 crans (du fameux AAA à C) et que celle de S&P en comporte 23 (de AAA à D). Au-delà du symbole de la dégradation d’un cran, la nouvelle notation de la dette française (Aa1 pour Moody's et AA+ pour S&P) reste néanmoins excellente. Pour Moody's, cette sanction se justifie notamment par le fort accroissement de la dette publique au cours des récentes années mais elle a toutefois précisé qu'elle prenait note des – timides – débuts de réformes de structure. Beaucoup pensent que la dette de la France sera attaquée en 2013. Est-ce également votre scénario ? LH : Selon moi, cette hypothèse relève de la divination voire de l'incantation car elle ne s'appuie pas sur des arguments concrets. Aucun élément tangible ne permet en effet de l’affirmer. Ce n’est donc pas mon scénario. Je pense plutôt que, durant les premiers mois de l’année, les taux resteront à des niveaux bas comme c’est le cas aujourd’hui : sous les 3 % sur 15 ans, 3,25 % sur 20 ans et 3,50 % sur 25 ans. Les banques seront-elles plus enclines à prêter en 2013 ? LH : Comme le marché immobilier actuel est moins optimiste qu'il y a quelques années, les banques sont revenues à la raison. Elles sont plus strictes quant au respect de leurs règles prudentielles : elles exigent par exemple d’apporter les « frais » de l'opération (notaire, garantie, éventuels frais d’agence), elles ne prêtent plus, sauf exception, sur des maturités longues de 25 ans et elles sont vigilantes en ce qui concerne y 49 y le taux d'endettement des candidats à l'emprunt. Par conséquent, les règles du jeu sont connues à l'avance ce qui ne laissent plus de place aux projets non préparés. Cependant, si vous vous conformez à ces critères, vous n’aurez pas plus de difficultés qu’il y a une année à trouver un prêt. Sera-t-il pertinent d'emprunter à taux variable en 2013 ? LH : Les taux sont tellement bas que vous conviendrez aisément que le potentiel de baisse se tarit. Au moment où je réponds à vos questions, l'Euribor 1 an est à 0,57 %. Pour qu’un taux variable commence à ressembler à une opportunité il faut observer un écart au moins égal à 50 points de base avec un taux fixe de même maturité. Ce n’est pas le cas aujourd’hui dans la majorité des banques et nous n’avons pas remarqué de produits à taux variable très attractifs. Un taux fixe à moins de 3 % sur 15 ans ou à 3,25 % sur 20 ans représente une « protection » contre une éventuelle inflation que le peu de gain potentiel d’un taux variable ne saurait concurrencer. Ce dernier, à mon sens, n’est envisageable qu’en cas de durée de détention d’un bien immobilier très courte... Mais encore faut-il l’avoir programmée ! Propos recueillis par Lucie Portejoie n ‹ Gestion de Fortune x n° 233 - Janvier 2013