Sonita - E

Fiche pédagogique
Sonita
Sortie en salles
30 mars 2016
Film long métrage documentaire,
Allemagne, Iran, Suisse, 2016
Réalisation : Rokhsareh Ghaem
Maghami
Avec : Sonita Alidazeh
Production : Tag/Traum /
Intermezzo Films / RTS / SRG SSR
/ NDR / DR / Rokhsareh Ghaem
Maghami
Productrices : Aline Schmid,
Kerstin Krieg, Rokhsareh Ghaem
Maghami
Producteur délégué : Gerd Haag
Distribution suisse :
Xenix Filmdistribution GmbH
Version originale perse et dari
sous-titrée français
Durée : 1h31
Public concerné :
Âge légal : 8 ans
Âge suggéré : 14 ans
www.filmages.ch
Prix / Festivals :
Prix du Public et Prix du Jury des
Jeunes au Festival International du
Film documentaire d’Amsterdam
Prix du Public et Grand Prix du Jury
dans la catégorie World Cinema
Documentary du Festival de Sundance
2016
Résumé
Ghaem Maghami décide de l’aider et
paie 2000$ à la famille de Sonita pour
Originaires d’Afghanistan, Sonita et que la jeune femme puisse encore
sa famille ont fui leur pays pour jouir de quelques mois de liberté. Elle
échapper aux Talibans. La jeune en profite pour tourner le clip de
femme a 16 ans et vit dans une Brides for sale, la chanson qu’elle a
banlieue de Téhéran, en Iran, aux composée.
côtés de sa sœur et de sa nièce.
Le projet porte ses fruits : Sonita
Recueillie dans un centre d’accueil gagne un concours et une Américaine
pour jeunes immigrés où elle travaille la découvre sur YouTube et lui offre
également
comme
femme
de une formation dans une école de
ménage, Sonita découvre avec musique aux Etats-Unis. Mais ce n’est
dégoût que plusieurs de ses pas si facile. Pour acquérir son visa
camarades vont bientôt se marier pour l’Amérique, la jeune artiste sans
avec des hommes choisis par leurs papiers doit retourner dans son pays
parents. Passionnée de rap, la jeune pour obtenir un acte de naissance et
femme se réfugie dans l’écriture et un passeport afghan.
compose une chanson pour dénoncer
les mariages forcés, une tradition de
son pays à laquelle elle s’oppose. Un
jour, sa mère vient la chercher. Pour
payer la dot du mariage de son fils,
elle souhaite vendre Sonita pour
9000$ à un homme qu’elle ne connaît
pas.
Après quelques hésitations, la
réalisatrice du film, Rokhsareh
Après avoir passé plusieurs jours
dans l’attente de ses papiers et grâce
au soutien de la réalisatrice, Sonita
parvient enfin à s’envoler pour les
Etats-Unis. Des rêves plein la tête,
elle découvre sa nouvelle école. La
jeune artiste et activiste, âgée de 18
ans maintenant, est bien décidée à
faire entendre sa voix et à vivre de sa
passion, le rap.
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Commentaires
La réalisatrice du film
Depuis la fin de ses études en
réalisation et en animation à
l’Université de Téhéran, Rokhsareh
Ghaem Maghami a tourné six
documentaires. Plusieurs de ses films
ont été primés dans de grands
festivals de cinéma et lui ont permis
d’acquérir
une
reconnaissance
internationale.
Rokhsareh Ghaem Maghami explique
avoir rencontré Sonita grâce à sa
cousine, travailleuse sociale dans une
ONG iranienne spécialisée dans la
lutte pour les enfants réfugiés. Elle
voulait que la réalisatrice fasse
1
Disciplines et thèmes
concernés :
Arts :
Analyser ses perceptions
sensorielles…en comparant et
analysant des œuvres… en mobilisant
son ressenti…en prenant en compte
différentes formes de langage
visuel…en distinguant le langage des
images fixes ou mobiles
(Objectif A32 du PER)
Comparer et analysser différentes
œuvres artistiques…en analysant le
sujet, le thème, la technique, la forme
et le message d’une œuvre…
(Objectif A34 du PER)
Analyser ses perceptions
sensorielles… en développant et
communiquant sa perception du
monde…en comparant et en
analysant des œuvres…en prenant
en compte différentes formes de
langage musical…
(Objectif A 32 Mu du PER)
profiter Sonita de son réseau de
connaissances dans la musique et
l’aide à enregistrer un album. Lorsque
Rokhsareh
Ghaem
Maghami,
découvre Sonita, elle projette de
réaliser un documentaire sur les
conditions de vie des enfants réfugiés
et sans papiers à Téhéran. Touchée
par le parcours de la jeune femme, la
cinéaste abandonne son idée de film
et décide de faire le portrait de Sonita.
En plus de ses talents artistiques, la
réalisatrice a été particulièrement
impressionnée par l’ambition et la
force que possède la jeune femme.
Filmant Sonita pendant trois ans, les
deux femmes vont lutter pour que la
jeune artiste puisse enregistrer son
rap et réaliser ses rêves.
Éducation aux médias, MITIC :
Exercer des lectures multiples dans
la consommation et la production
de médias et d'informations…
Analyse des intentions d'un message
en tenant compte du contexte de
communication.
(Objectif FG 31 du PER)
Sciences humaines et sociales :
S’approprier, en situation, des outils et
pratiques de recherche appropriés
aux problématiques des sciences
humaines et sociales…
(Objectif SHS 33 du PER)
Saisir les principales caractéristiques
d'un système démocratique…
(Objectif SHS 34 du PER)
SONITA –
© Behrouz Badrouj
Du rap engagé
Dans ses chansons, Sonita s’oppose
aux traditions de son pays. Avec la
seule arme qu’elle possède, le rap,
elle lutte pour changer les mœurs de
la société afghane. La réalisatrice a
voulu montrer qu’avec beaucoup
d’espoir et de ténacité, il était possible
de changer les choses. Le parcours
de Sonita semble lui donner raison.
Dans le film, on voit la jeune femme
se battre contre la volonté de sa mère
qui souhaite la marier de force.
Humains (FIFDH) en mars 2016 à
Genève, Sonita confiait au journaliste
que sa mère avait désormais rallié sa
cause. Cette dernière a même ouvert
une école pour se battre contre la
tradition des mariages forcés dans
son pays. Si Sonita a réussi à faire
changer sa mère à un tel point, ne
peut-elle pas convaincre d’autres
personnes ?
Un documentaire peu
conventionnel
Le film commence comme un
documentaire classique. On découvre
le personnage de Sonita, sa vie, ses
rêves, sa passion pour le rap et ses
combats. Lorsque la jeune femme est
contrainte par sa famille de retourner
en Afghanistan pour se marier, la
réalisatrice fait le choix d’intervenir
directement dans la vie de son
personnage principal.
Rokhsareh Ghaem Maghami occupe
désormais un rôle central dans son
propre film : c’est elle qui permet à
Sonita de poursuivre ses rêves.
Largement assumée dans son film, la
démarche de la réalisatrice enfreint
les règles de distance et de neutralité
du documentaire traditionnel mais
apporte aussi une lueur d’espoir pour
la jeune rappeuse. Apparaissant tant
dans les images que dans les
conversations, la réalisatrice nous
montre avec honnêteté les dilemmes
moraux qui la traversent et l’influence
qu’elle a sur Sonita. Cette démarche
a
le
mérite
de
soulever
d’intéressantes questions sur la
réalisation documentaire et c’est
d’ailleurs l’intérêt principal de ce film.
Le documentaire a été présenté dans
de nombreux festivals de films
internationaux et a reçu plusieurs prix
importants (Prix du Public et Prix du
Jury des Jeunes lors du dernier
Festival
International
du
Film
Documentaire d’Amsterdam (IDFA) et
Prix du Public et Grand Prix du Jury
dans la catégorie World Cinema
Documentary
du
Festival
de
Sundance 2016.
Et sa lutte a porté ses fruits : dans un
article publié dans le quotidien Le
Temps à l’occasion de la projection
du film lors du Festival du Film et
Forum International sur les Droits
2
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Objectifs pédagogiques
 Apprendre à repérer les thèmes et les enjeux d’un film documentaire en
analysant les différents moyens formels et narratifs utilisés par un-e cinéaste
 S’interroger sur sa propre place et son engagement dans la société et
réfléchir à son implication et au rôle que l’on veut jouer dans celle-ci
 Questionner la condition féminine dans les pays musulmans d'Asie centrale
et dans la société en général
 S’intéresser à une forme de création artistique spécifique et au pouvoir de la
musique et des mots
SONITA
© Rokhsareh Ghaem Maghami
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principalement en Iran et
Pistes pédagogiques
L’exil en Iran
1. Demander aux élèves de situer
l’Afghanistan et l’Iran sur une carte.
2. Revenir sur le parcours de Sonita.
Pourquoi
s’est-elle
retrouvée
à
Téhéran ? Profiter de parler de l’exil de
Sonita et de sa famille pour donner
quelques informations sur la situation
géo-politique en Afghanistan, en
expliquant les guerres traversées par
le pays et les migrations des Afghans
en Iran.
(Selon Amnesty International, le
nombre de réfugiés et de déplacés
afghans est si élevé qu’il place
l’Afghanistan au deuxième rang
mondial derrière la Syrie. Près de trois
millions d’Afghans sont réfugiés
au
Pakistan. Les principales raisons
sont le conflit armé, l’insécurité et
les catastrophes naturelles).
3. Décrire les conditions de vie de
Sonita. Où et avec qui habite-telle ? Que fait-elle à Téhéran ?
(Elle vit avec sa soeur et sa nièce.
Les conditions sont précaires, elles
sont menacées de partir, n'ont pas
de papiers et sont aidées par une
association qui défend les enfants
réfugiés).
4. Commenter les passages du film
dans lesquels Sonita est en
Afghanistan.
Que
voit-on ?
Comment se sent la jeune femme ?
(Arrivée très contrôlée de Sonita
dans son hôtel ; on apprend qu’il y a
3
eu un attentat au centre culturel
français ; désespoir et tristesse de
Sonita qui constate que sept ans plus
tard, il y a eu peu de changements
dans la situation politique).
des magazines. Discuter ensemble,
en petits groupes des rêves et des
envies de chacun.
Les rêves de Sonita
1. S’intéresser aux modèles musicaux
de Sonita. Quels sont ses chanteurs
favoris ? Dans quelles scènes le
découvre-t-on ?
(La scène de la rédaction du passeport
où Sonita inscrit le nom de ses
parents : Rihanna et Mickael Jackson
ou les posters accrochés au mur audessus du lit de la jeune femme. Il y a
également un poster de Justin Bieber).
2. Débattre ensemble des raisons qui
peuvent expliquer pourquoi la jeune
femme admire tant ces chanteurs.
(Succès ? Richesse ? Liberté ?
Reconnaissance ? Beauté ?)
3. Discuter des différences existantes
entre Sonita et ses modèles.
(Style musical et vestimentaire ;
engagement ; origines ; vécu ;
succès…)
4. La jeune femme a-t-elle des
modèles
d’artistes
occidentaux
seulement ?
(Elle parle également de Yas et a
accroché son poster à son mur. Yas,
est l'un des rappeurs iraniens les plus
connus et admirés. Dans ses
chansons, il s’inspire du rappeur
américain Tupac Shakur et de la
poésie perse).
5. Examiner le carnet de collages de la
jeune femme. Que représente son
carnet et quelles images y colle-t-elle ?
Demander aux élèves s’ils ont été
étonnés ou surpris par certaines
images.
(Le carnet de collages est un peu
comme un carnet de rêves pour la
jeune femme. On voit qu’elle y a collé
une image idéale de sa mère (plus
jeune et plus « jolie »), la maison de
ses rêves, des faux billets….).
6. En vous basant sur le modèle du
carnet de Sonita, proposer aux élèves
de réaliser eux aussi un travail de
collage, sur un support à déterminer,
en partant d’illustrations trouvées dans
SONITA –
© Behrouz Badrouj
Le rap de Sonita
1. Décrire et commenter les images
du clip de Sonita. Proposer
éventuellement de le regarder une
nouvelle
fois
sur
YuuTube :
https://www.youtube.com/watch?v=
n65w1DU8cGU
(Univers sombre, images de la
jeune femme en robe de mariée,
visage tuméfié, code-barres sur le
front, enlevant son rouge à lèvres
sur fond noir).
2. A quel animal fait-elle référence
dans sa chanson et pourquoi ? (Elle
se compare à un mouton que l’on
regarde grandir enfermé dans une
cage et qui n’aurait aucun
sentiment).
3. Pourquoi évoque-t-elle le Coran ?
Discuter ensemble des diverses
interprétations que les gens font du
Coran.
(Sonita
dénonce
les
mauvaises interprétations du Coran
et pense que le mariage forcé en
est une).
4. Elargir la discussion autour du
droit des femmes dans le monde.
Demander
aux
élèves
s’ils
connaissent d’autres formes de
violences faites aux femmes en
Afghanistan, dans d’autres pays
musulmans ou ailleurs dans le
monde.
(Par exemple en Afghanistan, une
femme n’a pas le droit de se
maquiller, en Arabie Saoudite, une
femme ne peut pas conduire, au
Yémen, une femme n’est pas
autorisée à quitter sa maison sans
la permission de son mari, en
Somalie, depuis 2009, le port du
soutien-gorge est interdit, etc.).
4
5. Qu’en est-il de la condition des
femmes en Suisse ? Amener les
élèves à réfléchir aux progrès qu’il
reste à faire chez nous également.
6. Proposer aux élèves la lecture de
l’article dont le lien est donné cidessous, publié dans le journal Le
Monde en 2014. Qu’apprennent-ils sur
la situation politique et sociale actuelle
en Afghanistan ? Quelles sont les
avancées sociales qui ont été faites
ces dernières années dans le pays?
Quels sont les enjeux actuels ? Existet-il des similitudes entre Zohal, la
femme dont parle l’article et Sonita ?
http://www.lemonde.fr/mactu/article/2014/02/14/afghanistanlibertesurveillee_4365685_4497186.html
7. Sonita explique que le rap est une
musique
peu
populaire
en
Afghanistan. Lister les raisons qui
pourraient expliquer le fait qu’elle ait
adopté le rap comme son moyen
d’expression. Pourquoi avoir choisi la
musique et pourquoi le rap ?
8. Entamer une discussion sur la
musique comme moyen d’engagement
et interroger les élèves sur leurs
connaissances éventuelles d’autres
musiques engagées. Connaissent-ils
d’autres
rappeurs/ses
ou
chanteurs/ses
dont
les
textes
dénoncent les réalités sociales ? Qui
sont-ils/elles? Mènent-ils les mêmes
combats que Sonita ?
Ouvrir la discussion sur l’art comme
moyen d’expression et d’engagement.
Un documentaire hors-norme
1. Demandez aux élèves de lister les
procédés qui peuvent orienter et
informer le spectateur d'un film
documentaire.
(Musique ; voix off ou commentaires ;
cartons explicatifs ; incrustations pour
donner le nom, la fonction des
personnages qui apparaissent à
l'écran, ou pour situer les lieux et les
dates).
2. Demander aux élèves en quoi le
film
est-il
différent
d’un
documentaire traditionnel ? Discuter
de l’implication de la réalisatrice. En
quoi est-ce que cela peut-être
dérangeant ?
(Pas de neutralité : la réalisatrice
influence complétement le récit et
bouleverse
les
codes
des
documentaires traditionnels. Où
s'arrête son implication une fois le
film terminé et diffusé ?)
3. Pourquoi et comment la
réalisatrice nous présente-t-elle ses
hésitations ?
(Elle sait qu’elle va enfreindre les
règles du documentaire mais, d’un
autre côté, elle veut aider Sonita. La
réalisatrice demande l’avis à son
équipe, le preneur de son tente de
la décourager).
4. Discuter ensemble du geste de la
réalisatrice. Est-ce une bonne ou
une mauvaise chose ? Qu’en
pensent les élèves ?
5. A un moment donné dans le film,
on entend clairement la réalisatrice
pousser Sonita à agir contre une
régle
imposée
aux
femmes
afghanes. Quelle est cette scène et
quand se déroule-t-elle ?
(Dans la chambre de Sonita, la
jeune femme souhaiterait enlever
son voile. La réalisatrice lui propose
alors de répondre aux questions la
tête découverte).
6. Analyser le lien entre la
réalisatrice et Sonita. Comment
définir la relation entre Rokhsareh
Ghaem Maghami et Sonita au début
du film ? Comment évolue leur
relation ? Selon vous, est-ce que la
réalisatrice paie les 2000 dollars par
intérêt personnel ou par altruisme et
empathie ?
7. Proposer aux élèves d’imaginer
ce qu’aurait été le film et la vie de
Sonita si la réalisatrice n’avait pas
payé pour Sonita.
Lesquels
de
ces
procédés
apparaissent dans le film ?
(Pas de commentaires, musique
diégétique
et
extradiégétique,
inscriptions pour situer les lieux).
5
SONITA –
© Behrouz Badrouj
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Pour en savoir plus
Le
rapport
2015
d’Amnesty
International
sur
l’Afghanistan :
https://www.amnesty.org/fr/countries/asia-and-the-pacific/afghanistan/reportafghanistan/
Le site internet du film : http://sonita.ch/
Le dossier de presse en français :
http://intermezzofilms.ch/uploads/docs/PH_SONITA_FR.pdf
Article sur Sonita Alizadeh dans le journal Le Temps :
http://intermezzofilms.ch/uploads/docs/le_temps.pdf
Interview de Rokhsareh Ghaem Maghami et Sonita Alizadeh lors du Festival
de Sundance en janvier 2016:
https://www.youtube.com/watch?v=JpmhOJt6aLQ
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Zoé Deuel, rédactrice e-media.
mai 2016
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