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m o n d e a r a b e L E T T R E H E B D O M A D A I R E D ' I N F O R M AT I O N S S T R AT É G I Q U E S D i r e c t e u r : G u y P e r r i m o n d - R é d a c t e u r e n c h e f : R a s h i d S a e e d Ya g o u b - 2 3 m a i 2 0 1 3 - n ° 7 7 8 SYRIE : LE HEZBOLLAH EN PREMIÈRE LIGNE Prudente expectative La bataille dʼAl-Koussaïr ne semble pas avoir permis, à ce jour, aux forces du régime syrien et à ses alliés de remporter une nette victoire sur les rebelles. Malgré lʼengagement massif du Hezbollah aux côtés de lʼarmée syrienne, qui dispose, en outre, dʼune supériorité stratégique sur les forces de lʼopposition, compte tenu de la présence de chars et dʼun appui aérien, elle nʼaurait pas réussi à reprendre le contrôle de lʼensemble de cette localité, où subsisteraient des poches de résistance. La férocité des combats se traduit dans les pertes subies par les deux camps en trois jours de combats, notamment par le parti chiite libanais, qui aurait laissé dans la bataille plus dʼune cinquantaine de combattants, soit plus que les forces du régime (une trentaine de morts). Les miliciens du Hezbollah auraient, en effet, pris une part déterminante aux combats, menés, selon certaines sources, par Moustapha Badreddine, chef militaire du parti et successeur dʼImad Moughniyeh. Dans le camp adverse, on relèverait la présence de combattants salafistes originaires du nord du Liban, dont une dizaine auraient été tués durant la bataille. Celle-ci est intervenue à la suite de succès enregistrés par les forces du régime et de leurs alliés dans les zones frontalières avec le Liban, avec notamment la reprise de la plupart des villages entourant AlKoussaïr sur les forces rebelles. Le contrôle de cette localité dʼenviron 40 000 personnes est, en effet, vital pour le pouvoir de Damas, car elle est placée sur un axe stratégique reliant les zones libanaises contrôlé par le Hezbollah, notamment le Hermel, à la ville de Homs. Laquelle est une pièce maîtresse du dispositif militaire du régime, puisquʼelle permet dʼassurer une continuité territoriale entre la région de Damas et le pays alaouite, dans le nord-ouest syrien. Dans les semaines à venir, les forces de Bachar al-Assad devraient dʼailleurs renforcer leur pression militaire sur Homs, afin de tenter de déloger les forces rebelles qui subsistent dans certains quartiers. Appuyées toujours par le Hezbollah, dont la présence militaire ne se limite pas à la région dʼAlKoussaïr, puisque, selon certaines sources, il disposerait de plus dʼun millier de combattants dans la province de Damas, en particulier à Sit Zeinab, et de quelques centaines dʼhommes dans le sud, notamment le Hauran. Ainsi, plus de deux ans depuis le déclenchement du conflit syrien, lʼengagement massif du parti chiite libanais en Syrie apparaît au grand jour comme un pièce maîtresse de lʼappui iranien au régime de Bachar al-Assad. Comme le montre aussi la présence assidue du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah à Téhéran, où il aurait effectué deux séjours depuis le mois dernier. Les responsables israéliens reconnaissent en privé qu'ils se sont trompés sur les capacités de résistance du régime de Bachar alAssad. Selon lʼun deux, Israël doit désormais se préparer à une situation où le président syrien ne contrôle pas l'ensemble de la Syrie, mais seulement la capitale ainsi qu'un corridor vers la région côtière nord. Dans ce cas de figure, la Syrie serait fractionnée en trois entités séparées, ce qui constituerait la meilleure solution possible du point de vue israélien. Les dirigeants de l'Etat hébreu redoutent, en effet, que des islamistes prennent le pouvoir en Syrie, si le régime de Bachar alAssad s'effondrait. «Des extrémistes dont on peut imaginer qu'ils plongeraient la Syrie dans le chaos en attirant à elle tout ce que le monde arabe compte de fanatiques», souligne un responsable des renseignements militaires. Selon lui, toutefois, l'Etat hébreu n'a aucune intention d'intervenir directement dans la guerre civile. «Nous ne continuerons à agir militairement en Syrie que pour empêcher que des armes sophistiquées syriennes soient transférées au Hezbollah, ce qui ne manquerait pas de déstabiliser l'ensemble de la région», ajoute-t-il. A propos de l'Iran et du Hezbollah, la plupart des responsables militaires israéliens estiment que le président syrien ainsi que la milice chiite ne devraient pas se livrer à des provocations contre Israël sur le Golan ou à la frontière libanaise. «L'Iran a tout intérêt à ce que la Syrie et le Hezbollah conservent leur arsenal de roquettes et de missiles prêts à l'action contre Israël afin de dissuader les Américains et Benjamin Netanyahu d'attaquer les installations nucléaires iraniennes. C'est pourquoi Téhéran devrait conseiller à Bachar al-Assad de réagir avec retenue au moins pendant les six prochains mois, même si Israël poursuit ses opérations en Syrie contre des convois d'armes destinées au Hezbollah». Nouveau succès américain dans le Golfe La visite, cette semaine, à Mascate, du secrétaire dʼEtat américain, John Kerry, devrait permettre de finaliser un contrat dʼarmement de près de 2,1 milliards de dollars avec le sultanat dʼOman, ont indiqué des sources occidentales. Un contrat qui intervient après des succès américains en Arabie Saoudite, aux Emirats et au Qatar. Fin 2011, Oman avait sollicité Washington pour lʼacquisition dʼun système de défense aérienne dérivé du système Avenger de Boeing et doté de missiles AIM-120 AMRAAM. L'Agence de coopération pour la sécurité de la Défense (DSCA) américaine estimait alors le contrat à 1,28 milliard de dollars pour 18 unités de tir, un radar AN/MPQ-64F1 “Improved Sentinel” et 290 missiles à moyenne portée AIM-120C-7. Fin 2011, le sultanat avait également confirmé lʼacquisition de douze chasseurs F-16 C/D Block 50 (8 monoplaces C et quatre biplaces D). PAGE 2 Politique et stratégie TTU MONDE ARABE - N° 778 - 23 MAI 2013 ➤ Brigades internationales Après les Libanais et les Irakiens, cʼest au tour des Yéménites de sʼenrôler sous la bannière du régime de Damas. Selon des sources syriennes, quelque 150 combattants houthis du nord du Yémen sont arrivés en Syrie, il y a dix jours. Une partie sʼest dirigée vers Al-Koussaïr, pour combattre les rebelles sous la direction du Hezbollah, et une autre vers la région du Hermon, non loin du Golan, où ils ont été intégrés au sein de “comités populaires”, qui sont des forces paramilitaires du régime. ➤ Nominations en souffrance Au Liban, alors les Forces de sécurité intérieure attendent toujours la nomination dʼun successeur (sunnite) au général Achraf Rifi, lʼétat-major de l'armée est affecté par le départ à la retraite de trois généraux membres du Conseil militaire. Des officiers qui ne peuvent être remplacés tant que le gouvernement, dirigé par le nouveau président du Conseil, Tama Salam, nʼa pas encore été constitué. Si la crise gouvernementale se prolonge, l'armée libanaise risque de se trouver sans direction, car le commandant en chef, le général Jean Kahwaji, et le chef d'état-major, le général Walid Salman, doivent bientôt prendre leur retraite. A noter que lʼancien général Michel Aoun, chef du Courant patriotique libre, allié du Hezbollah, souhaiterait obtenir la nomination dʼun de ses gendres, le général Chamel Roukoz, à la tête de lʼinstitution militaire. ➤ Remaniement forcé Le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, va être contraint dʼeffectuer un important remaniement gouvernemental, suite au vote de la loi excluant de la scène politique les personnalités ayant joué un rôle sous lʼancien régime (voir TTU n° 777). Le ministre de la Défense, Mohammed Al-Barghati devrait être remplacé. Son collègue de lʼIntérieur, Achour Chawali, lʼa déjà été, à titre intérimaire, par Mohammed Khalifa Al-Cheikh. WASHINGTON CONTRÔLE DIRECTEMENT SES DRONES L'administration Obama aurait décidé de transférer au Pentagone le contrôle de certaines opérations de drones à l'étranger, actuellement gérées par la CIA. Selon des sources américaines, les missions au Yémen devraient rapidement passer sous le contrôle de lʼUS Air Force. Les frappes au Pakistan continueraient, quant à elles, à être menées par la CIA, pour conserver un niveau de secret plus élevé. Quelque 355 frappes de drones ont été réalisées au Pakistan et 117 au Yémen, selon les statistiques de la New America Foundation (http://natsec.newamerica.net), qui font autorité en la matière. Selon des sources proches de services américains, cette annonce, touchant un sujet politiquement sensible, pourrait finalement sʼavérer plus politique quʼopérationnelle. Lʼintégration entre la CIA et lʼUSAF étant déjà étroite dans ces missions. De fait, la plupart des MQ-9 Reaper et MQ-1 Predator utilisés par la CIA appartiennent techniquement à lʼUS Air Force. Les propositions de ciblage resteront, en outre, du ressort du Counterterrorism Center (CTC) de la CIA. Ces informations sur un changement de lʼorganisation des frappes de drones sont livrées alors que le président américain doit prononcer un discours, ce jeudi, à la National Defense University à Washington. Une allocution où devrait notamment être évoqué lʼemploi des drones dans la lutte contre le terrorisme. DE NOUVEAUX SNIPERS POUR LʼARMÉE ISRAÉLIENNE Pour la première fois depuis plusieurs années, l'armée israélienne utilise de nouveau des tireurs d'élite pour disperser les manifestations palestiniennes en Cisjordanie. Les soldats en ont fait usage le week-end dernier et cinq Palestiniens ont été blessés près de Ramallah. Les soldats utilisent un fusil de petit calibre surnommé “Tutu” par les militaires, afin de minimiser les blessures des victimes, après avoir suivi un entraînement spécial et reçu des instructions sur les parties du corps des manifestants à viser. Il s'agit d'un Ruger de calibre .22. Des associations israéliennes de défense des droits de l'Homme avaient dénoncé dans le passé cette arme, en affirmant qu'elle pouvait s'avérer mortelle. La décision de faire de nouveau appel à des snipers a été prise notamment à la suite de pressions exercées par les colons israéliens, qui se sont plaints que les grenades de gaz lacrymogène utilisées en général contre les manifestants palestiniens affectaient également les habitants des colonies voisines des lieux de manifestation des Palestiniens. «La multiplication récente des jets de pierres et de bouteilles incendiaires sur les routes de JudéeSamarie (Cisjordanie) contre les soldats et les habitants des implantations nous contraignent à ne plus nous contenter de gaz lacrymogènes, mais à utiliser des moyens plus douloureux», confie un officier en poste dans cette région. LIBYE : LA PRUDENCE DE LʼUNION EUROPÉENNE Avec la détérioration de la situation en Libye, marquée notamment par les attentats sanglants de Benghazi et lʼattaque contre lʼambassade de France, la mission de lʼUnion européenne destinée à aider ce pays à mieux contrôler ses frontières devrait avoir un rôle plus réduit dans le sud du pays. Cette mission devrait commencer son déploiement en Libye le mois prochain et aura un mandat de deux ans, qui pourra être renouvelé. Son budget pour les douze premiers mois s'élève à 30,3 millions d'euros. Elle comprend normalement 110 personnes, issues de divers pays européens, notamment la France, lʼItalie et lʼEspagne, qui auront une mission de conseil et d'entraînement pour le renforcement de la sécurité aux frontières terrestres, maritimes et aériennes du pays. Outre la protection des ports et des aéroports, des unités spéciales seront formées à la détection dʼexplosifs et à la neutralisation des voitures piégées. Un groupe de cinquante experts sera envoyé à Tripoli dans un premier temps, en attendant une amélioration de la sécurité, qui permettrait dʼenvoyer des hommes ailleurs, notamment dans le sud. Afin de combattre lʼimmigration clandestine et divers trafics existants. PAGE Politique et stratégie 3 TTU MONDE ARABE - N° 778 - 23 MAI 2013 DÉJÀ UN SUCCESSEUR POUR BOUTEFLIKA ? Les déclarations laconiques du Premier ministre Abelmalek Sellal, le 20 mai, à propos de lʼétat de santé du président Abdelaziz Bouteflika, qui «sʼaméliore de jour en jour», ont encore plus alimenté les spéculations sur son sort que le mutisme observé jusque-là par les autorités. Lʼabsence dʼimages du malade depuis son hospitalisation, fin avril à Paris, ajoutée au refus du Quai dʼOrsay de communiquer sur ce sujet, a laissé libre court à la divulgation dʼinformations contradictoires et surtout conforté les interprétations les plus alarmistes. Dénonçant le manque de transparence du gouvernement, les partis dʼopposition, hostiles à un nouveau mandat dʼAbdelaziz Bouteflika, réclament désormais lʼapplication de lʼarticle 88 de la Constitution, relatif à la procédure dʼempêchement du Président. Une demande qui relève de «la gesticulation électoraliste pour occuper le terrain», commente une source proche des cercles militaires interrogée par TTU. Le régime garde la main sur ce dossier et sʼemploie à gagner du temps pour contenir tout risque dʼinstabilité intérieure en déclarant une vacance du pouvoir, selon cette source. «Le pays est resté quatre mois sans gouvernement», à lʼissue des élections législatives du 10 mai 2012, «il peut rester encore sans Président», le temps nécessaire consacré au processus dʼarbitrage traditionnel entre les différentes sphères décisionnelles du pays — le cercle présidentiel, la hiérarchie militaire et le DRS — pour sʼaccorder sur un successeur. Lʼéviction de Saïd Bouteflika, frère et conseiller du Président, visait à mieux préparer ce processus en éliminant le risque dʼinterférence. Pour un expert sécuritaire français proche du DRS, si ce dernier «se résout à tenir des élections anticipées, cʼest quʼil tient son homme». TENSIONS INTER-ETHNIQUES EN ALGÉRIE Le Mzab, région du nord du Sahara algérien, est encore sous haute tension suite aux derniers affrontements ayant opposé les Chaambas, des sunnites malékites arabophones, aux Ibadites berbérophones de Ghardaïa. Ce conflit interethnique, ayant commencé avec une dispute sur lʼappartenance dʼun cimetière de Ghardaïa à lʼune ou lʼautre communauté, n'est pas sans incidence sur la prochaine élection algérienne. En effet, le premier candidat auto-proclamé à la course présidentielle, Ahmed Benbitour, appartient à la communauté malékite de Metlili, dans la wilaya de Ghardaïa. D'aucuns, comme Louisa Hannoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, en profitent pour tirer à boulet rouge sur ce candidat, accusé d'attiser les tensions dans la région. Si les Ibadites ont tendance à voter pour les partis berbéristes, tels que le FFS et le RCD, les arabophones malékites sont généralement plus proches des partis du pouvoir. Face à cette situation, les Ibadites, soumis depuis des mois à l'afflux de nouvelles populations malékites, notamment des réfugiés venus des pays du Sahel (voir ci-dessous), regardent de plus en plus en direction du Djebel Nefoussa. Une région du nord-ouest de la Libye qui partage avec le Mzab la langue berbère et le rite ibadite. Et qui, grâce à la présence de milices armées ayant participé de façon déterminante à la chute du colonel Kadhafi, a acquis un statut de quasi autonomie par rapport au pouvoir de Tripoli. LE PROBLÈME DES RÉFUGIÉS SAHÉLIENS La Route nationale 1 algérienne, connue aussi sous le nom de transsaharienne, fait l'objet de contrôles poussés depuis la prise dʼotages d'In Amenas et la guerre au Mali. Des troupes de gendarmerie et de police sont en effet dispersées tout le long de cet axe stratégique reliant Alger à l'Afrique subsaharienne. Les contrôles et les fouilles visent notamment les populations subsahariennes, qui se plaignent souvent dʼêtre lʼobjet de vexations. Des contrôlent qui ont pour but, en principe, de lutter contre la contrebande et éviter tout attentat. Actuellement les localités de Tamanrasset, In Salah et Ghardaïa sont toujours soumises à un afflux de réfugiés maliens, et ce malgré la fermeture de la frontière algéro-malienne. Ces populations, qui ne sont pas prises en charge par les autorités algériennes ni par des associations locales, vivent dans le dénuement total, notamment aux abords des gares routières. Elles tendent à être la cible des recruteurs d'AQMI, lorsquʼelles ne cherchent pas à reprendre leur migration en direction de lʼEurope, par le biais de réseaux clandestins, sans que les autorités algériennes ne fassent grand-chose pour sʼy opposer. ➤ Exercice égypto-saoudien Un important exercice militaire égypto-saoudien intitulé “Tabouk 3” se déroule, depuis la fin de la semaine dernière, dans le nord-ouest de lʼArabie Saoudite. Ces manœuvres concernent des forces spéciales de l'armée de terre saoudienne et environ 3 500 hommes des forces spéciales (“Saika”) égyptiennes. C'est la première fois que des unités dʼélite des deux pays travaillent selon des critères opérationnels communs. Par ailleurs, la récente visite à Ankara du prince héritier saoudien et ministre de la Défense, l'émir Salman, a permis de renforcer la coopération militaire turcosaoudienne. Fait nouveau, Riyad a décidé de sʼengager dans des projets d'armement communs avec la Turquie. ➤ Epreuve de force Les affrontements violents survenus à Tunis et à Qairouane, le 19 mai, entre les forces de lʼordre et les membres du groupe Ansar al-Charia, reflètent une rupture entre les courants islamistes. Dont les principaux sont Ennahda, actuellement au pouvoir, et Ettahrir, un mouvement issu des Frères musulmans et appelant au rétablissement du califat sans recours à la violence, ainsi que les salafistes quiétistes et djihadistes. Sous la houlette du Premier ministre, Ali Larayedh, les responsables dʼEnnahda se sont donc décidés à employer la manière forte. Car certains chiffres sont alarmants : près de 40 000 partisans salafistes contrôlent une vingtaine de mosquées du pays, dont celle dʼAl-Fatah, dans le quartier pauvre de Tadamon de Tunis. Une mosquée où officiait le dénommé Abou Ayaz, dirigeant du groupe qui aurait mené lʼattaque contre lʼambassade des Etats-Unis, en septembre 2012, et aujourdʼhui en fuite. PAGE 4 Industrie et matériels TTU MONDE ARABE - N° 778 - 23 MAI 2013 ➤ Demande koweïtienne La DSCA a notifié au Congrès américain une demande dʼautorisation pour la vente au Koweït dʼun appareil de transport stratégique Boeing C-17 Globemaster III, pour un montant de 371 millions de dollars. Ce qui permettrait à lʼarmée de lʼair de lʼémirat de disposer dʼun second C-17. Lʼacquisition dʼun premier appareil avait été sollicitée par le Koweït en 2010, pour un montant annoncé de 693 millions de dollars, mais sa livraison nʼa pas été annoncée officiellement. ➤ Lʼavenir du Cirit Lors du salon IDEF, plusieurs sources indiquaient quʼEurocopter pourrait tester la roquette à guidage laser de 70 mm Cirit, du turc Roketsan, à partir d'un EC635, d'ici à la fin de l'année. Les essais pourraient se dérouler en septembre prochain en Turquie ou en Afrique du Sud. Si les essais dʼintégration sont concluants, le Cirit pourrait être proposé comme option possible dans la configuration armée des EC635 et 645. Turkish Aerospace Industries (TAI) travaille actuellement à intégrer le Cirit sur les hélicoptères de combat T-129B, qui seront livrés aux forces turques à partir de 2014. ➤ Savoir-faire combiné Sagem a présenté, la semaine dernière, sur la base aérienne 120 de Cazaux, lʼutilisation combinée de sa JIM LR2 (Jumelle Infrarouge Multifonctions Long Range) et du télémètre illuminateur laser Cilas DHY 307 dans sa version légère LW (Low Weight). Cette combinaison sur un même support de ces deux systèmes permet à un opérateur dʼassocier la télémétrie et lʼillumination laser pour le guidage des armements air-sol avec toutes les capacités de la JIM LR (télémètre à sécurité oculaire, chercheur de nord, GPS, vision infrarouge, et fusion des voies jour et IR pour le dé-camouflage). Dans sa version LW, le DHY 307 pèse environ 4 kg, soit deux fois moins que dans sa version précédente, pour un même niveau de performance. LE QATAR ET OMAN SOLLICITENT WASHINGTON Le Qatar et Oman ont soumis à Washington une demande pour la fourniture de systèmes d'autoprotection AN/AAQ-24(V) Nemesis. Ces pays souhaitent acquérir, chacun, deux systèmes DIRCM (Directional Infrared Counter Measures) AN/AAQ-24(V) destinés à l'autoprotection de leurs Boeing 747 chargés des transports officiels, pour un montant de 100 et 110 millions de dollars. LʼAN/AAQ-24 est un système de contre-mesures infrarouge directionnel (DIRCM) composé d'un système d'alerte missile (AN/AAR-54) et de tourelles laser chargées de neutraliser l'auto-directeur infrarouge dʼun missile assaillant. QUEL MISSILE POUR LE DRONE REAPER ? Alors que la France sʼoriente vers lʼacquisition de deux MQ-9 Reaper, pour lʼheure non armés, les Américains et les Britanniques étudient le futur de la version armée du drone qui pourrait intégrer des missiles Brimstone de MBDA en lieu et place des Hellfire. Dʼun poids similaire au Hellfire AGM-114R, le Brimstone offre, grâce à son système de guidage, la possibilité de conserver “un homme dans la boucle” après le tir, permettant d'agir en cas d'erreur de guidage ou de risques de dommages collatéraux. Les études sur lʼintégration du Brimstone sur le Reaper ont été confirmées outre-Manche par Philip Dunne, le ministre britannique de lʼEquipement, du Soutien et de la Technologie pour la Défense. Il a notamment précisé aux parlementaires que Londres travaillait en collaboration avec l'US Air Force et quʼun premier essai pourrait être réalisé à l'automne. Une intégration du missile de MBDA sur le MQ-9 Reaper, qui pourrait également faciliter une transition française vers une version armée du drone. Lʼemport dʼune munition européenne pouvant contribuer à lever les réticences politiques et industrielles sur le dossier. UNE NOUVELLE VERSION DU KORNET KBP Instrument Design Bureau de Toula a conçu une nouvelle version du missile antichar Kornet, fonctionnant en “tire et oublie”, à l'instar du missile américain Javelin et de l'israélien Spike, mais dont l'opérateur pourra, si nécessaire, modifier la trajectoire du projectile durant le vol. Certains experts estiment, cependant, que les caractéristiques de cette nouvelle version sont obsolètes, puisque le missile n'est pas autoguidé en vol, mais il est contrôlé à partir du système de lancement. Le nouveau Kornet est, aujourd'hui, en phase d'essais, dont la conclusion est prévue pour la fin 2013. Avant l'introduction d'un missile antichar de troisième génération à part entière, cette nouvelle version pourrait donc remplacer, dans lʼarmée russe, les missiles de deuxième génération 9K111 Fagot (AT-4), 9K115 Metis (AT-13) et 9M133 Kornet (AT-14). AVION YAK-130 POUR LE BANGLADESH Le Bangladesh aurait l'intention d'acquérir 24 avions d'entraînement Yakovlev Yak-130. Une opération facilitée par la ligne de crédits dʼun milliard de dollars attribuée par Moscou à Dacca pour l'achat d'armement et de matériel militaire russes. Les négociations seraient déjà en cours et pourraient déboucher sur la signature d'un premier contrat (pour une première tranche), d'ici l'automne. Avion d'entraînement avancé, pouvant être utilisé également pour des missions de reconnaissance et/ou d'attaque, le Yak-130 a déjà été choisi par la Russie, l'Algérie (16 exemplaires) et la Biélorussie (4). Les contrats avec la Libye (6) et la Syrie (36) ont été suspendus en raison de la situation politique interne. Le Vietnam et la Mongolie figureraient aussi parmi les clients du Yak-130, alors que l'Indonésie a manifesté son intérêt pour ce même appareil. PAGE Industrie matériels 5 TTU MONDE ARABE - N° 778 - 23 MAI 2013 LʼINDE REÇOIT SON PREMIER BOEING P-8I POSEIDON L'Inde a reçu son premier avion de patrouille maritime Boeing P-8I Poseidon. Il est arrivé le 15 mai sur la base aérienne de Rajali, au sud du pays. C'est le premier aéronef sur huit commandés par l'Inde en 2009, pour une somme de 2,1 milliards de dollars. Le P-8 est développé à partir d'un avion de ligne Boeing 737. Il est conçu pour remplacer les P-3 Orion dans les missions de surveillance maritime et la lutte anti-sous-marine et antinavire. Les premiers P-8A sont entrés en service dans l'US Navy en 2012. Il sʼagit dʼun aéronef de 39,47 m de long pour 37,64 m d'envergure. Le poids maximal de décollage est de 85,8 tonnes, la vitesse maximale est de 907 km/h et son équipage est composé de deux pilotes et sept opérateurs. Il peut être armé de missiles antinavires, de torpilles, de mines et de charges anti-sousmarines dans les soutes internes. L'Inde a de grandes ambitions pour cet avion en matière de protection et de sécurisation de son espace maritime. Tous les navires susceptibles de traverser les zones d'intérêts indiennes seront répertoriés dans un programme en cours de développement. Deux autres P-8I devraient être livrés prochainement. LE KIOWA OH-58F DANS LES STARTING-BLOCKS Alors que lʼUS Army attend la décision concernant soit le remplacement des hélicoptères Kiowa Warrior OH-58D par lʼAAS (Armed Aerial Scout), soit leur modernisation avec le programme CASUP (cockpit and sensor upgrade programme), le premier prototype de la version modernisée fabriquée par le Redstone Arsenal en Alabama, lʼOH-58F, vient de réaliser son premier vol dʼessai inaugural. En plus dʼun glass cockpit, la nouvelle version de lʼOH-58D, lequel remonte aux années 1980, bénéficie de nouveaux senseurs favorisant une meilleure acquisition de cible. Le fait que ces derniers soient situés à lʼavant de lʼaéronef, accroissant quelque peu la vulnérabilité de ce dernier, devrait être compensé, dʼaprès les opérateurs, par les nouveaux liens, notamment avec les drones et par la possibilité de vol en formation avec lʼApache AH-64. Si cʼest lʼoption SLEP (service life extension programme) dʼallongement de programme qui est retenue, 368 Kiowa Warrior OH-58F devraient être fabriqués entre 2017 et 2025. DES CHARS RUSSES T-90 POUR LE PÉROU L'armée péruvienne s'intéresse de près aux chars de combat russes T-90. Lors de l'exposition SITDEF-2013, qui s'est tenue à Lima du 15 au 19 mai, un exemplaire du T-90S a été présenté au public. A l'issue de l'exposition, ce T-90S ne sera pas rapatrié immédiatement chez son fabricant, Ouralvagonzavod. La Russie se tient prête pour une série d'évaluations du char par les militaires péruviens. A la demande de l'état-major péruvien, un lot de munitions pourrait être acheminé pour les tests de tirs. Le Pérou veut renouveler le parc de ses blindés, composé actuellement de vieillissants T-55 et dʼAMX-13. Compte tenu de leur prix élevé, les chars occidentaux, tels que le Leopard ou l'Abrams, ne sont pas à la portée de Lima. Le T-90 se présente donc comme une alternative intéressante. Lʼannée dernière, une délégation de l'armée de terre péruvienne s'était rendue en Russie, chez Ouralvagonzavod, pour une première approche, dans la perspective d'un achat de chars russes. Par ailleurs, le Pérou vient de choisir l'hélicoptère russe Mil Mi-171, qui était en compétition avec lʼAS332 Super Puma et lʼAS532 d'Eurocopter. Le contrat, pour vingt-quatre appareils, sʼélève à 486 millions de dollars, dont 406 millions pour l'acquisition des seuls hélicoptères. Il inclut le soutien logistique, la formation technique et la fourniture de pièces de rechange et d'armement dédié. Le contrat prévoit la livraison de 21 exemplaires en 2014, et les trois derniers en 2015. Les Péruviens ont l'intention d'utiliser les Mi-171 dans diverses régions du pays, notamment les vallées de Mantaro, Apurímac et Ene, ainsi que les provinces de Junin, Yauli, Jauja, Concepción et Huancayo, afin d'intensifier les opérations contre les guérilleros de Sentier lumineux. ➤ Suprématie israélienne Israël est devenu le principal exportateur mondial de drones, selon une étude de la firme de consultants Frost & Sullivan. Durant les huit dernières années, les ventes israéliennes à l'étranger de ces appareils ont atteint 4,6 milliards de dollars. Plus de la moitié des exportations ont été destinées aux pays européens, essentiellement l'Allemagne, la Pologne, les Pays-Bas, la Russie et l'Espagne. Un tiers des drones a été vendu vers l'Asie, notamment en Inde et en Azerbaïdjan. Selon le Stockholm International Research Institut, les entreprises israéliennes ont assuré 41 % des exportations de drones dans le monde entre 2001 et 2011, vers 24 pays, y compris les Etats-Unis. Frost & Sullivan a précisé que 11 % des ventes des drones israéliens d'une valeur de 508 millions dollars ont été réalisées dans des pays d'Amérique latine. Au total 80 % de la production israélienne de ces avions sans pilote sont vendus à l'étranger. Israël a joué un rôle pionnier pour les drones. L'armée israélienne a commencé à recourir à ce genre d'appareil durant la première guerre du Liban, en 1982, devenant le premier pays à utiliser ces appareils au cours d'un conflit militaire. ➤ Contrat africain pour MAZ La Biélorussie fournira aux forces de la Guinée équatoriale soixante véhicules MAZ. L'accord a été conclu lors de la visite de l'adjoint du ministre de la Défense de la Guinée équatoriale à l'usine MAZ. Les véhicules seront fournis dans le courant de l'automne prochain. MAZ (Minski Avtomobilnyi Zavod), usine d'automobile de Minsk, est parmi les plus grands concepteurs et fabricants de poids-lourds et engins spécialisés de l'Europe de l'Est. MAZ cherche de nouveaux clients à l'export. Plusieurs délégations ont rendu visite à l'usine récemment, parmi lesquelles celles du Mexique, du Nigéria, du Pérou, du Guatemala, du Chili, de lʼAngola et de la Guinée-Bissau. PAGE 6 Repères TTU MONDE ARABE - N° 778 - 23 MAI 2013 Le prisme sanitaire de lʼislamisme politique Le ministère de la Défense tente dʼévaluer les effets de déstabilisation en Afrique subsaharienne de la montée en puissance de la sphère religieuse dans lʼespace public des Etats, par une étude demandée par la DRM et lʼEMA. Elle pose une question centrale : lʼislam «fondamentaliste» est-il susceptible dʼémerger, à lʼexemple du cas malien, comme une nouvelle «offre» politique aux conséquences géopolitiques majeures ? Pour observer sa capacité dʼinfluence, les auteurs de lʼappel dʼoffres, constatant que «le secteur de la santé publique constitue lʼun des moyens privilégiés de prosélytisme», ont choisi le «prisme sanitaire» comme «point dʼobservation». Intitulée «l'Islam “fondamentaliste”, mythe ou réalité dans l'espace public de l'Afrique subsaharienne, à travers le prisme du secteur de la santé publique», cette étude propose de cartographier les luttes dʼinfluences dans des pays-cas à définir, à travers quatre axes : lʼorganisation de lʼespace religieux, le positionnement des acteurs dans lʼespace public, celui des acteurs religieux dans la dimension régionale et les modalités de contrôle de lʼEtat. Lʼombre du Mali semble planer sur cette offre dʼétude, au vu des problématiques précises quʼelle soulève : «Quels facteurs influencent le passage éventuel dʼun radicalisme quiétiste à un radicalisme violent ?». Mais aussi à lʼapproche dʼélections présidentielles : «Le religieux est-il ou devient-il une source de légitimation du politique pour les candidats ?» Les suspicions, souvent exprimées au sein des sphères militaires et du renseignement français mais jamais confirmées, à lʼégard du soutien financier du Qatar en faveur des mouvances islamistes présentes au Mali trouvent ici un écho : le rôle des associations islamiques caritatives comme vecteur dʼinfluence au service dʼun islam «fondamentaliste», «outil de politique étrangère» de puissances régionales, devra être clarifié dans le rapport dʼétude final. Changement de stratégie chez les Touaregs maliens Les Touaregs maliens semblent changer de stratégie. Certains cadres du MNLA, craignant une incarcération, pourraient quitter le mouvement pour créer des structures plus propices au dialogue et à la réconciliation nationale. Cʼest ainsi quʼa vu le jour, le 5 mai dernier, le «Haut Conseil de lʼAzawad», placé sous lʼégide de lʼancien député de Tinassako (localité située près de Kidal) Mohamed Ag Intalla. Ce mouvement, rassemblant des cadres du MNLA et du Mouvement islamique de lʼAzawad (MIA, dissidence dʼAnsar-Dine), pourrait accompagner une relance de la médiation burkinabaise. Dʼautres mouvements, qui se veulent eux aussi représentatifs des populations du Nord, se sont créés ces dernières semaines. Cʼest le cas du Mouvement Songhaï de lʼAzawad (MSAM), dont le but affiché est de rappeler que la population touarègue ne concerne que 30 % des habitants des régions du Nord, dont le reste est constitué de Maures, de Peuls et de Songhaïs. On assiste, par ailleurs, à une tentative d'unification des mouvements de la communauté arabe malienne. C'est ce dernier mouvement qui a, notamment, revendiqué la prise de la localité de Ber, près de Tombouctou, le 21 avril. Par ailleurs, la création dʼune «Commission dialogue et réconciliation», le 6 mars, par le Conseil des ministres maliens, qui doit intégrer lʼensemble des forces politiques et sociales du pays, si elle va dans le sens des demandes internationales, reste pour lʼheure «un vœu pieux» face au refus du MNLA de désarmer et de quitter la ville de Kidal, en préalable de lʼouverture de discussions avec Bamako. ➤ La loi du Far West Le port pétrolier de Zouitina, en Libye, est complètement paralysé depuis lʼattaque dʼun groupe armé, le 16 mai. Situé dans le golfe de Syrte, à environ 850 km à lʼest de Tripoli, ce port assure lʼexportation de 70 000 à 80 000 barils de brut libyen par jour. Pour la société qui exploite le port, cette paralysie entraîne une perte quotidienne de 1,3 million de dollars. Le groupe armé en question exige que cette société fournisse du travail à un certain nombre de personnes habitant la région. ➤ Mali : le bal des candidats La plupart des candidats à lʼélection présidentielle malienne défilent à Paris, comme lʼancien Premier ministre Modibo Sidibé et Cheick Boucadry Traoré, candidat de la Convergence africaine pour le Renouveau, ou encore le maire du 4e secteur de Bamako, Moussa Mara. Parmi tous les candidats venus séduire la diaspora malienne et accessoirement rendre visite à la cellule Afrique de l'Elysée, cʼest sans doute lʼancien ministre des Finances et ancien président de la Commission de lʼUnion économique monétaire ouest africaine, Soumaila Cissé, qui aurait le soutien de lʼancienne junte. Et cela même si la question du soutien des militaires, notamment du capitaine Sanogo, reste entière. La députée très médiatique de Bourem, Haidara Aichata Cissé, ardemment soutenue par les jeunes réunis au sein du COREN (Collectif des Ressortissants originaires du Nord) et le réseau des femmes maliennes — étant la seule candidate et présidant le Réseau Femme Développement et Protection de lʼenfance — est la dernière des 12 candidats pour lʼheure déclarés pour le scrutin, finalement fixé au 28 juillet prochain. 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