Existe-t-il un risque de conflit nucléaire avec la Corée du Nord

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Existe-t-il un risque de conflit nucléaire avec la Corée du Nord
Existe-t-il un risque de conflit nucléaire avec la Corée du Nord ?
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Existe-t-il un risque de conflit nucléaire avec la Corée du Nord ?
Du 1er mars au 30 avril 2013 se déroule, en Corée du Sud, l'exercice annuel conjoint entre les forces
armées sud-coréennes et étasuniennes « Foal eagle ».
La Corée du sud, « poulain de l'aigle »
Littéralement, foal eagle signifie « le poulain de l'aigle » ; c'est dire l'importance stratégique que revêt la
Corée du Sud pour les États-Unis d'Amérique, sachant que l'aigle représente les États-Unis eux-mêmes.
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Exercice américano-sud-coréen « Foal eagle » en 2012
Ces exercices – les plus longues manœuvres militaires au monde – sont à caractère défensif et permettent
de tester d'une part la capacité des États-Unis à soutenir la Corée du Sud face à une menace nordcoréenne en y déployant rapidement une force de projection et d'autre part l'interopérabilité procédurale et
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technique (en matière de commandement, de logistique et de manœuvre tactique) entre les deux armées.
Cette année, les exercices « Key Resolve », qui prennent place parmi les exercices « Foal eagle »,
impliquent près de 10.000 militaires sud-coréens et près de 3.500 soldats américains et dureront jusqu'au
21 mars.
Tous ces exercices conjoints sont traditionnellement accompagnés de menaces de la Corée du Nord de
riposter en cas d'attaque de son territoire.
Des gesticulations militaires plus spectaculaires de part et d'autre
Mais cette année, les gesticulations de part et d'autre ont franchi un cap.
La Corée du Nord a menacé les États-Unis d'une « frappe nucléaire préventive » ainsi que
d'annuler l'armistice conclu à la fin de la guerre de Corée
Un exemple de la rhétorique de la Corée du Nord : Pyongyang menace et place ses fusées en état d'alerte
Les fusées de l'armée de Corée du Nord ont été mises en état d'alerte après le survol jeudi du territoire
sud-coréen par deux bombardiers américains, a rapporté vendredi l'agence de presse nord-coréenne
KCNA. Ces fusées sont notamment prêtes à viser les bases américaines dans le Pacifique, précise-t-elle.
La décision de placer ces fusées en état d'alerte a été prise par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.
Lors d'une réunion d'urgence des chefs militaires convoquée en pleine nuit, le chef suprême "a jugé que
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le temps était venu de régler les comptes avec les impérialistes américains, étant donné la situation
actuelle", ajoute KCNA.
"Il a finalement signé un ordre sur les préparatifs techniques des fusées stratégiques de l'armée
populaire, ordonnant qu'elles soient placées en alerte afin d'être en mesure de frapper à n'importe quel
moment le continent américain, les bases militaires américaines sur les théâtres d'opération dans le
Pacifique, notamment Hawaï et Guam, et les bases en Corées du Sud", poursuit l'agence.
Deux bombardiers B-2 américains venus directement des Etats-Unis ont survolé jeudi le territoire sudcoréen pour un exercice avant de regagner leurs bases du Missouri. Soit une mission de près de 10'500
km, une démonstration de force qui a suscité la colère de la Corée du Nord.
"Les Nord-Coréens doivent comprendre que ce qu'ils font est très dangereux", a souligné au Pentagone le
secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel. "Nous devons dire clairement que nous prenons très au
sérieux les provocations de la Corée du Nord et que nous y répondrons."
(ats / 29.03.2013 00h58)
Les États-Unis ont répondu en annonçant le déploiement de deux bombardiers furtifs B-2
ainsi que de plusieurs chasseurs furtifs F-22, les deux fleurons de l'USAF en matière
offensive et défensive.
Northrop Grumman B-2 Spirit
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Le Northrop Grumman B-2 Spirit, mieux connu comme le bombardier furtif, peut lancer des armes
conventionnelles et nucléaires contre les lignes ennemies les plus protégés sur terre grâce à sa capacité à
échapper à la détection radar. A l'origine, il était censé être fabriqué dans une série de 132 appareils.
Mais le coût en était tellement prohibitif que la production a été réduite à... 21.
Le coût du programme B-2 en 1997 était en effet évalué à 737 millions de dollars, soit un peu plus de 1
milliard aujourd'hui. Mais il a largement dépassé les 2 milliards $.
Cet avion aux lignes extraordinaires, que l'on croirait sorti d'un film de science-fiction, a été utilisé
pendant la guerre du Kosovo en 1999, puis en Irak et en Afghanistan. Selon la BBC, il aurait également
été utilisé en Libye en 2011.
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Lockheed Martin F-22 Raptor
Le Lockheed Martin F-22 Raptor est un avion de chasse furtif développé par les États-Unis à la fin des
années 1980 afin de remplacer les F-15 de l’US Air Force. Initialement conçu pour les combats aériens,
il est également capable d’assurer des missions de soutien militaire au sol, d’attaque électronique ou
encore de renseignement d’origine électromagnétique. Lockheed Martin est à l’origine de la majeure
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partie de l’avion, dont le système d’armement, ainsi que de l’assemblage final. La division défense de
Boeing a de son côté fourni les ailes et le fuselage arrière et s’est chargée de l’intégration de
l’avionique.
Volant bien entendu à vitesse supersonique (Mach 1,5, et même près de Mach 2 sans armement), il peut
éviter la détection par radar et peut abattre les missiles de croisière.
Le problème de cet appareil qui compte parmi les meilleurs au monde dans sa catégorie est son coût
exorbitant, évalué à 150 millions de dollars pièce. Un prix tellement élevé que le programme a été arrêté
en avril 2009, portant le nombre total de F-22 achetés à 187 exemplaires. Le Sénat et la Chambre des
Représentants ont décidé en juillet 2009 de cesser tout financement à sa production.
Mars 2013 :
des F-22 américains stationnés sur l'aéroport de Séoul, capitale sud-coréenne.
Enfin Pyongyang a déployé deux missiles MUSUDAN, d'une portée estimée à 3000 km, sur sa côte
orientale.
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Les missiles
MUSUDAN, qui constituent l'une des fiertés du régime nord-coréen, ont été présentés au monde au cours
d'une grande parade militaire sur la place centrale de Pyongyang.
L'ensemble de la communauté internationale, y compris la Chine, condamne la posture prise par Kim
Jong-Un, troisième dirigeant de la dynastie communiste nord-coréenne.
Alors, que signifient ces diverses manœuvres, rodomontades, surenchères et menaces respectives que se
lancent les États-Unis et la Corée du Nord ?
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Sans pour autant prétendre lire dans la boule de cristal, on peut tenter de dégager quelques éléments de
réflexion.
La Corée du Nord est en train de réunir les conditions d'une dissuasion
nucléaire
En matière nucléaire, les recherches nord-coréennes remontent à 1965 et n'ont cessé de se développer
dans un perpétuel jeu de chat et de souris qu'il n'est pas utile de détailler ici avec l'AIEA, la Chine, la
Russie, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis ; cela grâce à l'uranium que la Corée du Nord possède
dans son propre sous-sol.
Trois essais nucléaires de faible puissance témoignent de ces recherches : le 9 octobre 2006, le 25 mai
2009 et le 12 février 2013.
Le dernier essai, d'une puissance de 6 à 7 kT*, semble indiquer que la technologie nucléaire nordcoréenne doit être celle des années 1960 ; ce serait la puissance maximum qui pourrait être contenue dans
la charge utile offerte par un missile balistique. [ * 1 kT = 1000 tonnes équivalentes de TNT ]
S'agissant des lanceurs - domaine par essence dual – la Corée du Nord s'est appuyée sur la technologie
russe pour développer sa propre recherche jusqu'à mettre au point des fusées à plusieurs étages telles que
le missile balistique TAEPODONG-2 d'une portée potentielle estimée à 6 700 km et le lanceur UNHA-3
qui, le 12 décembre 2012, a placé sur orbite polaire un satellite d'une masse de 100 kg, faisant de la Corée
du Nord la dixième puissance spatiale.
Le 12 décembre 2012 et le 12 février 2013 marquent donc l'arrivée à maturité des deux technologies
nécessaires à l'acquisition d'une force de frappe nucléaire capable d'atteindre le territoire américain.
Cela étant, il est très probable que l'intégration de ces deux techniques au sein d'un système d'armes
opérationnel n'est pas encore réalisée. C'est une question de temps, mais même alors, la Corée du Nord
disposera d'une force de frappe surannée. Qu'importe, une puissance nucléaire est une puissance
nucléaire, et la Corée du Nord s'apprête à le devenir dans un avenir relativement proche.
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Pékin semble prendre ses distances avec Pyongyang
Le 7 mars dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté des sanctions contre le régime de Pyongyang, à
l'unanimité, c'est-à-dire que la Chine, allié traditionnel de la Corée du Nord, s'est associée au vote.
Quelques semaines auparavant, la Chine avait condamné l'essai nucléaire du 12 février, contrairement à
son attitude suiviste après les deux premiers essais de 2006 et 2009. En outre, après cet essai, des
manifestations avaient eu lieu devant les consulats nord-coréens dans les villes de Changchung et
Chengyang, au nord-est de la Chine.
Dans le très officiel Global Time, organe du parti communiste chinois en langue anglaise, on s'interroge à
plusieurs reprises sur l'état de l'amitié entre les deux pays. Deng Yuwen, rédacteur en chef adjoint du
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magazine de l'Ecole du Parti , le Xuexi Shibao, a même suggéré que la Chine devait abandonner la Corée
du Nord qui lui coûte cher et œuvrer à la réunification de la péninsule qui irait dans le sens des intérêts
économiques chinois ; il a certes été suspendu de ses fonctions.
Enfin, l'ambassadeur de la République populaire de Chine à l'ONU, Li Baodong, s'est récemment montré
très critique à l'égard de Pyongyang.
Il semble que le régime de Pyongyang devienne de plus en plus difficile à « gérer » dans le cadre de la
politique globale chinoise en Asie.
Kim Jong-Un, un dirigeant énigmatique
La
personnalité du jeune dirigeant nord-coréen (30 ans) reste difficile à cerner pour beaucoup d'observateurs.
Après avoir appelé à « cesser la confrontation entre le Nord et le Sud » en janvier 2013, il s'est lancé
depuis dans une incroyable surenchère belliciste vis à vis des États-Unis. Souffler le chaud et le froid est
une attitude assez caractéristique de la mentalité extrême-orientale et vise à désarçonner l'adversaire.
Ce faisant, il occupe désormais une place considérable dans les médias du monde entier. On sait par
ailleurs qu'il a passé trois années de collège en Suisse et qu'il a probablement été influencé par la culture
occidentale.
Plusieurs hypothèses, non exclusives les unes des autres, peuvent alors être avancées quant à
l'attitude actuelle de Kim Jong-Un :
il pourrait mener une surenchère délibérée dans le but de gagner du temps afin d'achever la mise
au point d'un système d'armes nucléaire opérationnel ;
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il pourrait chercher à s'affirmer au près de la haute hiérarchie de son pays, particulièrement la
hiérarchie militaire ;
il pourrait tester son aptitude à « jouer » avec les médias occidentaux, et pourquoi pas à essayer de
les manipuler ;
il pourrait aussi – un grand classique en politique – vouloir détourner l'attention de son peuple des
questions intérieures en braquant les projecteurs sur les questions internationales.
Ces hypothèses ne sont pas exclusives les unes des autres ; il y a probablement une combinaison de
causes diverses au comportement actuel du dirigeant nord-coréen.
CONCLUSION
Même si les dirigeants américains disent prendre au sérieux Kim Jong-Un, peut-être dans un jeu de
manipulation retournée d'ailleurs, les menaces du dirigeant nord-coréen ne sont très probablement
que quelques rodomontades de plus à mettre à l'actif du régime de Pyongyang.
La récente décision du secrétaire américain à la défense, Chuck Hagel, de reporter le tir d'essai
d'un missile MINUTEMAN-3 afin d'éviter que l'essai « puisse être considéré comme exacerbant la
crise en cours avec la Corée du Nord » semble indiquer le début de la baisse des tensions dans la
région.
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Colonel Régis CHAMAGNE (ER)
Responsable National de l’UPR en charge des questions de Défense
Chevalier de la Légion d’Honneur
Officier de l’Ordre du Mérite
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Article provenant du site de l'Union Populaire Républicaine (www.upr.fr)
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