N°121 - Unadfi

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N°121 - Unadfi
Mars 2014 - 1er trimestre
BulleS
La marchandisation
de « l'être »
N°121
La revue trimestrielle de l’UNADFI
BulleS
N°121
Sommaire
1
Éditorial
2
Hommage à Magdeleine Lasserre
4
Les 10 critères de l'emprise mentale selon le Pr Philippe-Jean Parquet
6
Scientologie : l'église de la haine
14
A piece of blue sky, récit d'une bataille
16
Guérir, disent-ils...
20
Etats modifiés de conscience
24
Psychotropiques. La fièvre de l’ayahuasca en forêt amazonienne
28
FAITS ET NOUVELLES
Miviludes - Conférence à Angers
30
REVUE DE PRESSE
France : Erichrist Univers - Scientologie - Tabitha's Place - Témoins
de Jéhovah - Université de la Relation - Exorcisme - Islam radical Magnétiseur - Santé
Étranger : Amish (États-Unis) - Ashram Shambala (Russie) - Aum
(Japon) - EURD (Royaume-Uni) - Fondation de l'amélioration (Russie) Landmark (Inde) - Scientologie (Royaume-Uni) - Témoins de Jéhovah
(Ghana) - Tvind (Mexique) - Westboro (États-Unis) - Exorcisme (ÉtatsUnis) - Psychothérapie (Belgique, Canada)
45
à signaler
Désamorcer l'islam radical - Ces dérives sectaires qui défigurent l'islam
La médecine postmoderne prend le pouvoir
Retrouvez toutes les informations de l’UNADFI sur notre site  : www.unadfi.org
Éditorial
Ce nouveau numéro de Bulles s’ouvre sur un hommage à Mimi Lassere qui participa, dès le début, à l’histoire des associations de victimes du phénomène sectaire.
L’évocation d’un parcours de près de quarante années d’accompagnement des victimes, de combat contre les atteintes aux libertés fondamentales, d’information
et de prévention sur les « organisations à caractère sectaire » nous invite à jeter un
regard sur l’évolution du paysage sectaire d’une part, les progrès dans la connaissance et la compréhension de l’emprise mentale d’autre part.
Aujourd’hui, le phénomène sectaire a considérablement évolué et les thèmes
qui trouvent un écho auprès de potentiels adeptes ne relèvent plus seulement du
religieux, ou du spirituel au sens large : les offres se sont multipliées en s’adaptant
aux demandes dans les domaines de la santé, du bien-être, du développement
personnel ou de la formation professionnelle. Des petits groupes naissent et se
développent, des réseaux se forment avant que l’on ait pu détecter les risques liés
à l'emprise… qui, eux, n’ont pas changé : destruction des liens de la personne avec
sa propre histoire, avec sa famille et ses proches, avec la vie sociale.
Parallèlement, la connaissance des mécanismes d’emprise s’est affinée, les pouvoirs publics et les élus, en France et en Belgique en particulier, ont pris conscience
de la nécessité de protéger tant les personnes que la société de ces atteintes aux
droits de l’homme, tout en respectant les croyances. La loi About-Picard de juin
2001 a été une étape importante dans cette démarche ; enfin, une liste de dix
critères, établie par le Professeur Parquet, psychiatre ayant une longue expérience
du phénomène, permet de repérer l’emprise mentale en s’appuyant « sur des éléments observables par tous », et pouvant « être utilisée par les enquêteurs, experts
et magistrats en assurant une cohérence »1.
Le lecteur trouvera dans ce numéro la liste de ces critères, dont cinq doivent
être retrouvés pour porter le diagnostic d’emprise mentale et, dès lors, exercer
une vigilance accrue.
1 L’emprise mentale - Une définition opératoire, Philippe-Jean Parquet, Justice actualités n°8/2013,
École Nationale de la Magistrature.
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
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Hommage à Magdeleine Lasserre
Fondatrice de l’ADFI Paris, 1ère présidente de l’UNADFI
Magdeleine Lasserre, dite Mimi, est décédée le 9 janvier 2014 dans sa 95ème
année, à Saint-Jean-de-Luz où elle résidait. Ses obsèques, célébrées de 13 janvier, ont réuni sa nombreuse famille et ses nombreux amis, parmi lesquels des
représentants de l’UNADFI ainsi que les bénévoles de l’ADFI Pyrénées-Atlantiques
dont elle a partagé les actions jusqu’à la fin de sa vie.
Bulles, qu’elle avait contribué à créer, avec Claire Champollion et Marie-Claire
Guignard, se doit d’évoquer sa longue et fructueuse action au service des victimes de sectes et son combat pour l’appréhension du phénomène sectaire. Phénomène dont sa famille elle-même avait été victime lorsqu’en 1974 une de ses
filles fut captée par la secte Moon, lors d’un séjour en Allemagne.
C’était l’époque où Moon, grâce à un prosélytisme intense en Europe, enrôlait
de nombreux jeunes, souvent tout juste majeurs. C’est un drame qu’ont connu
un nombre important de familles en France au début des années 70. Dans le
n°100 de Bulles, Mimi elle-même relatait comment ces familles, sous le choc du
départ brutal de leur enfant, se sont réunies en 1975 et ont fondé les premières
ADFI régionales. Mimi Lasserre fut une des fondatrices de celle de Paris.
Aujourd’hui ses autres enfants évoquent la souffrance de leurs parents, et leur
incompréhension, au début, devant un phénomène à l’époque tout nouveau. Mais
cette souffrance, au lieu d’abattre Mimi, l’a poussée à se battre. Au départ, on le
comprend facilement, le but des familles organisées en associations était de faire
revenir leur proche. Dans les témoignages nombreux où Mimi Lasserre rend compte
de son action au cours des premières années (cf Bulles n°78), elle insiste beaucoup
sur l’incompréhension des pouvoirs publics auxquels elle tentait d’expliquer le
désarroi des familles. Cette attitude était d’ailleurs partagée par les médecins,
les psychologues, les juristes : « On avait tendance, à l’époque, à rendre non seulement les parents responsables mais coupables de ce qui arrivait à leurs enfants.
Les parents étaient trop possessifs, trop rigides ou au contraire trop laxistes, les
enfants majeurs avaient le droit de choisir l’orientation de leur vie… »1. Cette
1 2
Bulles n°100, 4ème trim 2008, « Magdeleine Lasserre, 1ère présidente de l’UNADFI se souvient ».
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expérience aurait pu décourager ces familles ; mais devant l’impossibilité de faire
revenir leur enfant, les membres des ADFI ont progressivement recentré leur activité vers un travail de prévention : « Disons qu’au départ, le but c’était de comprendre, de savoir comment il faut faire pour récupérer nos enfants. Ça c’est
clair. Mais très vite, on a compris qu’on n’arriverait pas à les récupérer, et que
donc il fallait comprendre le conditionnement, comment on conditionnait des
gens, pour pouvoir avertir tous les gens et commencer la prévention ».2
Ce travail d’analyse s’impose d’autant plus que des sectes autres que Moon
attirent l’attention : les Enfants de Dieu, la Scientologie, Krishna, les Témoins
de Jéhovah… Des catastrophes comme le massacre de Guyana impressionnent
l’opinion publique. Le combat mené porte alors ses fruits, le regard des pouvoirs
publics change : en 1977 une première subvention est allouée à l’association. En
1979 une mission parlementaire est créée à l’Assemblée nationale. Et enfin en
1982 c’est la création de l’Union Nationale des ADFI. Mimi en est la première présidente et le reste jusqu‘en 1993, Jeanine Tavernier prenant alors sa succession.
En 1989 elle reçoit des mains du président de l’Assemblée Nationale de l’époque,
Jacques Chaban Delmas, la Croix du Mérite. Ses démarches, ses interventions ne
faiblissent pas. En 1992 elle participe à l’émission télévisée La Marche du Siècle
de Jean-Marie Cavada3. Elle sait répondre avec pertinence à Danièle Gounord,
représentante de la Scientologie, qui, avec mépris, accuse l’ADFI d’entretenir la
haine chez les personnes qu’elle reçoit…
Mimi Lasserre a laissé, tant chez les bénévoles qu’auprès des familles victimes qui
l’ont connue, le souvenir d’une femme de conviction remarquable par sa sensibilité, sa ténacité et sa clairvoyance. Pour terminer cet hommage, citons simplement
quelques extraits du texte composé et lu par ses enfants lors de ses obsèques :
« Tu étais comme disaient certains, « une grande dame » (…) non conformiste,
fidèle en amitié, accueillante, avec une maison toujours ouverte où la tolérance,
l’accueil de l’autre et de la différence étaient de mise (…) Tu nous a laissé
l’exemple d’une femme d’action qui ne s’est jamais laissée décourager (…) Pour
finir un seul mot : MERCI. »
2 Etienne Ollion, « La secte sécularisée, étude d’un processus de requalification conceptuelle », Genèses 78,
mars 2010, Entretien du 9 février 2007 avec Madeleine Lasserre.
3 L'empire des sectes, La marche du siècle, FR3, 29 avril 1992.
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Les 10 critères de l'emprise mentale
selon le Pr Philippe-Jean Parquet1
Les critères du professeur Parquet permettent de « faire la démonstration
de la singularité et du caractère spécifique rencontré chez les personnes « victimes » d'une organisation à caractère sectaire ».
Cinq doivent être retrouvés pour porter le diagnostic d'emprise mentale.
1. Rupture avec les modalités antérieures des comportements, des conduites,
des jugements, des valeurs, des sociabilités individuelles, familiales et collectives.
2. Occultation des repères antérieurs et rupture dans la cohérence avec la
vie antérieure.
3. Acceptation par une personne que sa personnalité, sa vie affective, cognitive, relationnelle, morale et sociale soient modelées par les suggestions, les
injonctions, les ordres, les idées, les concepts, les valeurs, les doctrines imposés par un tiers ou une institution : ceci conduisant à une délégation générale
et permanente à un modèle imposé.
4. Adhésion et allégeance inconditionnelle, affective, comportementale,
intellectuelle, morale et sociale à une personne ou à un groupe ou à une institution, ceci conduisant à :
· Une loyauté exigeante et complète,
· une obéissance absolue,
· une crainte et une acceptation des sanctions,
· Une impossibilité de croire possible de revenir à un mode de vie antérieur,
1 Professeur de psychiatrie, membre du conseil d'orientation de la Miviludes.
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ou de choisir d'autres alternatives étant donné la certitude imposée que le
nouveau mode de vie est le seul légitime.
5. Une mise à disposition complète, progressive et extensive de sa vie à une
personne ou à une institution.
6. Une sensibilité accrue dans le temps, aux idées, aux concepts, aux prescriptions, aux injonctions et ordres, à un « corpus doctrinal », avec éventuellement une mise au service de ceux-ci dans une démarche prosélyte.
7. Dépossession des compétences d’une personne avec anesthésie affective,
altération du jugement, perte des repères, des valeurs et du sens critique.
8. Altération de la liberté de choix.
9. Imperméabilité aux avis, attitudes, valeurs de l’environnement avec impossibilité de se remettre en cause et de promouvoir un changement.
10. Induction et réalisation d’actes gravement préjudiciables à la personne,
actes qui antérieurement ne faisaient pas partie de la vie du sujet. Ces actes
ne sont plus perçus comme dommageables ou contraires aux valeurs et aux
modes de vie habituellement admis dans notre société.
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Scientologie : l'église de la haine
Une religion antisociale émerge à l’ère spatiale
Extraits de l’intervention de Jon Atack lors de la conférence de la FECRIS « Sectes
et État de Droit », à Copenhague, le 30 mai 2013. Ex-scientologue anglais, ayant passé
neuf ans dans la Scientologie, Jon Atack a par la suite effectué des recherches approfondies sur Hubbard et la Scientologie. Il a publié deux livres extrêmement bien documentés, aidé de nombreuses personnes et fait l’objet d’un harcèlement intensif de la
part de la Scientologie.
Il n’y a guère que 30 000 scientologues au monde qui paient leurs cotisations.
Je doute que leur nombre ait jamais dépassé 50 000. Il est remarquable qu’un si
petit groupe ait pu étendre une telle ombre sur la réalité et en fausser à ce point
l’éclairage !
Le puissant Fisc américain ou IRS (Internal Revenue Service) a affecté plus de
mille agents à la collecte des arriérés d’impôts de la Scientologie, plus que dans
n’importe quelle autre affaire. Mais pour finir, la secte, en perte de vitesse mais
extrêmement vicieuse, a coupé l’herbe sous le pied de l’IRS en l’amenant à la
déclarer « religion ». Le Département d’Etat Américain (Ministère des Affaires
Etrangères) s’est docilement rangé à ce jugement.
Que l’IRS détermine qu’un groupe est une « religion » c’est un peu comme si
un chauffeur de bus effectuait une intervention chirurgicale sur le cerveau. La
Constitution interdit de s’ingérer dans les croyances, si bien qu’aucune agence
gouvernementale des Etats-Unis ne pourrait de toute façon donner une telle
qualification. Mais l’IRS s’y est laissé entraîner, peut-être parce que la tactique
infâme de Ron Hubbard, consistant à déterrer des ragots sur ses détracteurs,
avait fonctionné. Dans le cadre de l’arrangement secret avec la secte, l’IRS
devait admettre que toutes les élucubrations de Hubbard étaient des « textes
sacrés » — y compris ses instructions de mélanger les documents avant de les
envoyer à l’IRS. On attend toujours de voir s’il est permis à d’autres citoyens
d’adopter le même principe. Hubbard ordonnait aussi à ses adeptes de « fau-
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cher » l’IRS, ceci constituant également un enseignement religieux protégé,
c’est-à-dire des « textes sacrés ». L’IRS pourrait s’être montré trop ambitieux
dans cette légitimation.
Religion ou façade religieuse ?
Je partage entièrement l’appréciation du professeur Kent sur le caractère religieux de la Scientologie. Des preuves incontournables montrent qu’il ne s’agit
pas d’une religion véritable, mais d’une organisation antisociale avec une façade
religieuse. Mais, pour éviter toute discussion et par respect pour l’IRS, admettons
que la Scientologie soit une religion. Il apparait donc clairement qu’il n’est pas
nécessaire d’avoir un programme social positif pour avoir le statut de religion
aux Etats-Unis. En 1993, la Scientologie est devenue comme on dit « à but non
lucratif ». Au Royaume-Uni on emploie le mot « charity ».
Je suis un peu démodé : je pense qu’une « charity » devrait avoir des buts charitables. La « charité » est au coeur de toutes les grandes religions traditionnelles.
Le contraire n’est vrai que pour le satanisme et la Scientologie.
En fait, Hubbard rejette la charité et recommande de ne rien faire par charité, car il est nécessaire de rendre le « change » exact pour tout ce que nous
recevons. Rien ne doit être donné gratuitement, ni reçu avec reconnaissance,
car le donneur et le receveur seraient tous les deux souillés par la transaction.
Cela fait partie des « textes sacrés » pour les scientologues : une vérité absolue
qui ne peut être contestée. Non seulement nous ne devons offrir aucune assistance sans nous assurer d’être payés en retour, mais nous ne devons pas non plus
offrir notre sympathie, car la sympathie est un ton émotionnel faible, qui se
situe quelque part entre le chagrin et l’hostilité cachée. Selon l’enseignement
de Hubbard, si nous faisons attention à la détresse des autres, cela les affaiblit.
L’aide ne peut venir que d’un visage sévère et d’un regard fixe, demandant
aussitôt une compensation. Ajoutez à cela que, selon la « séquence overt/motivator »1, nous sommes tous entièrement responsables de tout ce qui peut nous
arriver. Les religions bénéficient du statut d’organisme de bienfaisance parce
qu’elles agissent pour le bénéfice de la société, qu’il s’agisse d’éducation ou
d’aide aux victimes de catastrophes. La Scientologie, elle, ne cherche à éduquer
1 Un acte nuisible (selon la Scientologie) est forcément en relation avec un autre acte nuisible (passé
ou à venir).
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les autres que pour leur faire épouser ses croyances, et le mot même de « victime » est un gros mot pour Hubbard.
Mépris et harcèlement
Les non-croyants sont généralement vus comme raw meat [littéralement viande
crue], ou dead-in-the-head-wogs [métèques-morts-dans-la-tête]. Hubbard exprimait ainsi son mépris envers tous ceux qui avaient la malchance de ne pas croire
en lui, seule source de compréhension spirituelle.
De temps en temps il mentionne, pour la forme, les grandes religions, mais
aucune n’a de valeur depuis qu’il a révélé ses pensées au monde, — « parce
que la Scientologie est le seul système réalisable qu’ait l’homme ». Toutes les
autres croyances ont échoué et ont en fait guidé leurs adeptes dans la mauvaise
direction. Il n’y a de vrai que la Scientologie, même quand elle est en complète
contradiction avec elle-même. Ceux parmi nous qui avons goûté, essayé et rejeté
la Scientologie sommes jugés plus durement encore que les wogs ordinaires. Nous
sommes tout simplement des Personnes Suppressives (SP) ou des Personnalités
Antisociales. En termes ordinaires, d’après les écrits de la Scientologie, nous
sommes totalement destructeurs.
Les instructions sur le harcèlement des opposants n’ont jamais été supprimées
et sont encore en vigueur. Elles sont cachées aux adeptes de base et ne sont transmises qu’à ceux qui ont « besoin de savoir » pour procéder aux basses besognes.
Les adeptes de Hubbard mettront en avant ses propos lénifiants sur la tolérance, l’amitié et l’harmonie ; mais il s’agit là de ce qu’il énonçait en public,
alors qu’il donnait des instructions à son service secret en des termes tout à
fait différents. C’est absolument flagrant dans les Quatre lettres de règlement
intitulées Attacks on Scientology : la Lettre de Règlement destinée à un large
public, et donc potentiellement accessible à des wogs et à des enquêtes gouvernementales, dit que face à une attaque on doit simplement « prôner la liberté
absolue » ; alors qu’une autre, destinée à une audience restreinte, dit :
1. Découvrez qui nous attaque.
2. Lancez rapidement des investigations sur leur crimes ou pire, en employant
[nos] propres professionnels et non des agences extérieures.
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3. Prenez les de court, en leur disant que nous nous réjouissons d’une enquête
sur eux.
4. Commencez à nourrir la presse de preuves factuelles sur les horribles « crimes
de sexe et de sang » de ces attaquants.
Hubbard a rapidement ajouté à ce texte la consigne « d’enquêter bruyamment
sur les attaquants », ce qui reste une politique fondamentale de la Scientologie :
on contacte les amis, la famille et les collègues de celui qui est perçu comme un
ennemi, au téléphone ou en leur rendant visite, pour leur dire que la personne
fait l’objet d’une enquête pour « activités criminelles ». Les agents de renseignement sont spécialement entraînés à la technique de propagation de rumeurs
discréditant de tels ennemis.
Le harcèlement n’appartient pas exclusivement à la section secrète du renseignement. Tous les scientologues ont rempli, à un moment ou à un autre, un
« formulaire d’engagement » qui leur demande instamment de « Porter un coup
efficace contre les ennemis du groupe... en dépit du danger pour eux-mêmes ».
Une organisation antisociale
Il est dans la nature de l’adepte d’imiter son chef. Les scientologues, bien sûr,
cherchent à imiter Lafayette Ron Hubbard même si, pour la plupart ils n’ont
aucune idée de sa véritable nature.
Ils en arrivent à voir le monde et tous ceux qui le peuplent comme des ennemis potentiels. Mais là où les chrétiens se lamenteraient sur le mauvais comportement des païens, et prieraient pour leur salut, les scientologues sapent activement la société, par leur besoin désespéré d’éliminer toute critique de leurs
croyances rigides.
En ce qui concerne les valeurs sociales, Hubbard affirme clairement qu’aucun
non-scientologue - wog - n’aura de droit de vote dans sa société, car ils sont tous
« en-dessous de zéro sur l’échelle des tons ». Hubbard s’est fourvoyé vers une
« dictature bienveillante » et nommé volontiers lui-même pour le rôle principal,
désormais dévolu à son héritier, David Miscavige. Le monde serait un endroit bien
misérable s’il était dirigé par la Sea Org [la branche pure et dure de la Sciento-
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logie] ! Gerry Armstrong a fait remarquer que l’actuel niveau de ton de cette
organisation pseudo militaire est la peur. Un estonien, amené par ruse à prendre
un cours de Scientologie, a dit que le comportement des membres de la Sea Org
était exactement comme sous Staline, « tu disais une chose, tu en faisais une
autre, et tu pensais une troisième ». C’est une description parfaite de la vie de
stress des membres de la Sea Org qui vivent en esclaves et ne peuvent que rêver
de la supposée liberté dont ils font commerce.
En 1966, Hubbard créa le Guardian’s Office pour sa propre protection. La
Branch One, alors l’unité chargée du harcèlement, a prospéré durant seize ans
sous la direction de Hubbard. Le manuel d’instruction de 800 pages, B-1 Hat,
est une compilation scandaleuse de techniques de harcèlement, souvent issues
des confessions d’anciens agents de services secrets militaires, et il est construit
autour de l’interprétation par Hubbard des livres « l’Art de la guerre » de Sun Tzu
et « De la guerre » de Clausewitz. On enseignait au personnel comment mentir et
comment entrer par effraction, parmi d’autres exigences des « textes sacrés ».
Ces documents étaient tenus strictement cachés du gros de la troupe, comme
moi, qui n’avait accès qu’aux déclarations positives du Grand O.T. [le grand Thétan Opérant, Hubbard]. On nous enseignait qu’un des buts de la Scientologie
était « une civilisation sans folie, sans criminels et sans guerre où ceux qui ont du
talent peuvent prospérer ».
Hubbard croyait fermement dans le management basé sur les statistiques, et
chaque semaine Branch One (B-1) rendait compte de dix études statistiques, dont
celle-ci : « Chasser un ennemi ou un ennemi potentiel de sa position d’attaque
ou d’attaque potentielle ». Venaient ensuite « Informations publiques, documentées, criminelles ou « scandaleuses » sur un ennemi, à transmettre sous une
forme utilisable aux terminaux appropriés [des personnes particulières] ».
Une organisation à double face
La tâche du Service de Renseignements est de « rendre l’ennemi impopulaire
jusqu’à son anéantissement total », alors que dans le petit document souvent
réédité « What is Greatness ? » [Qu’est-ce que la grandeur humaine ?] on dit aux
scientologues que « la tâche la plus ardue qui soit est de continuer à aimer ses
semblables malgré toutes les raisons contraires ». Le mois même où cette recom-
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mandation a été publiée, Hubbard a créé le Guardian’s Office, manifestant clairement qu’il n’allait plus aimer ses semblables et adoptant « toutes les raisons
pour cela » ! Dans l’infâme Fair Game Law [Loi sur le gibier de potence], Hubbard
insiste sur le fait que les adversaires peuvent être abusés, trompés, traînés en
justice ou même détruits. De telles contradictions forment le pivot de la Scientologie, car Hubbard avait réalisé que la contradiction cause une dépendance
hypnotique. La Scientologie est une religion à double face, pour autant qu’elle
soit une religion, avec Hubbard dans le rôle de Janus.
Avant de créer la Scientologie, Hubbard s’était plongé dans les croyances et
pratiques « magiques » d’Aleister Crowley. Il conseillait fortement un texte de
Crowley à ses adeptes, et disait que « the Great Beast » [la Grande Bête] était
son très bon ami. Dans les documents privés de Hubbard, il y a des rituels magiques et des commentaires qui montrent qu’il était personnellement dévoué
à la déesse Hathor, laquelle a deux faces : elle prend l’apparence d’une vache
qui nourrit l’humanité, mais elle est également représentée comme une déesse
dévorante qui, comme Kali, se délecte de chair humaine. Cette contradiction
essentielle imprègne la Scientologie.
Les scientologues mettent en avant les nombreux groupes établis par le Guardian’s Office pour aider la société. Ils montrent des vidéos de scientologues fouillant les décombres à Ground Zero ou donnant un coup de main après le tsunami, vêtus de T-shirts avec le logo publicitaire de la Scientologie. Ces groupes
n’existent en fait que pour promouvoir la Scientologie.
Techniques de recrutement et de vente agressives
On enseigne aux scientologues à éprouver du dédain pour les non-membres wogs -, tout en prétendant s’intéresser amicalement à eux. Cela s'appelle « trouver la réalité ». Ils se concentrent seulement sur des thèmes agréables, en évitant les conflits et les désagréments, pour amorcer le recrutement du wog. Des
exercices d’Echelle de ton inculquent la capacité à feindre des émotions, pour
pouvoir manipuler le « prospect » [client potentiel] vers le bas de l’échelle, pour
trouver la ruine. Une ruine signifie un problème, quel qu’il soit, dont le prospect
a le sentiment qu’il obère son existence. Dès que le domaine où se situe la ruine
est mis à jour — qu’il s’agisse de sexualité, de drogue ou de rock and roll —
la Scientologie sera proposée comme solution, contre une somme initialement
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modique. Le recruteur reçoit dix ou quinze pour cent de ce qu’il lui vend ensuite
si bien que les membres de l’équipe de terrain [field staff] gagnent potentiellement bien leur vie.
Les scientologues apprennent à traiter les autres comme des proies. L’équipe
de vente passe par le Registrar Sales Training Course, un cours basé sur le manuel
de vente agressive Big League Sales Closing Technics de Les Dane, auquel Hubbard ajouta ses propres textes et exercices pour donner à l'argumentaire une
apparence sincère et authentique. Ces techniques sont horribles, mais elles font
aujourd’hui partie des « textes sacrés » de la Scientologie. Dans mon livre, A
Piece of Blue Sky, je décris une séance de vente de treize heures, où l’on m’a
présenté un usurier avec son chèque rempli par avance. Je suis heureux de dire
que j’ai refusé le prêt, mais pour bien d’autres ce ne fut pas le cas. Nombre de
personnes y ont laissé leur maison et tout ce qu'elles possédaient pour devenir
des guerriers dans une bataille rangée sans fin. Après avoir tout dépensé, beaucoup deviennent membres actifs et se trouvent submergée par des semaines de
travail de quatre-vingt-dix heures, terriblement mal nourris et mal logés, ayant
au mieux une heure par jour à consacrer à leurs propres enfants. Les femmes qui
tombent enceintes doivent choisir entre avorter ou être rétrogradées. Le salaire
suffit à peine pour s’acheter des cigarettes (presque toutes les équipes fument),
tandis que leur chef vit comme un nabab.
Hubbard a été cité comme « co-conspirateur non mis en accusation » pour son
rôle dans l’infiltration d’agences gouvernementales, pour séquestration arbitraire
et pour le vol de milliers de documents. Les agents fédéraux ont été incapables
de briser le cordon de sécurité autour de cet homme, resté caché la dernière
décennie de sa vie. A ce jour, il n’y a eu aucun changement dans les règlements
écrits concernant le harcèlement de personnes perçues comme ennemies.
En résumé, partout où les autorités reconnaissent la nature religieuse de la
Scientologie, elles acceptent également qu’une religion puisse être essentiellement antisociale. S’il en est ainsi alors nous pouvons nous attendre à voir émerger
d’autres systèmes socialement destructeurs, réclamant des exonérations d’impôts et causant des préjudices supplémentaires à la société. Dans mon affrontement avec la Scientologie, j’ai toujours soutenu la liberté de croire, et jamais
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l’interdiction ; mais lorsqu’une organisation clairement antisociale est encouragée par des autorités incompétentes ou corrompues, il est temps de dire STOP. Si
nous devons avoir des organisations charitables, elles doivent agir pour le bien de
la société. Si la Scientologie est une église, alors elle est une église de peur et de
haine, et sa politique devrait être décriée.
Le texte complet de cette intervention est disponible sur le site : http://
griess.st1.at/gsk/fecris/copenhagen/Atack%20FR.pdf
Dans la presse : Témoignage de Marthy Rathbun (États-Unis)
Scientologues en guerre est le titre d’un documentaire dans lequel les moyens de pression utilisés par la Scientologie pour discréditer et faire taire les membres qui quittent
l’église ont été étudiés.
Ce film fournit le point de vue de l’un des rares initiés de l’une des organisations les
plus mystérieuse au monde, celui de l’ancien inspecteur général de l’éthique, Marty
Rathbun. Ce dernier a travaillé en étroite collaboration avec le leader actuel, David
Miscavige, et Tom Cruise. Il affirme qu’il a été pendant de nombreuses années le numéro 2 et était chargé de punir toutes les personnes qui s’interrogent sur la gestion de
l’organisation. « Je n’ai pas hésité à réprimer l’opposition, à faire taire les critiques ou
à punir quelqu’un » admet Rathbun. Aujourd’hui, c’est lui qui désobéit et les tactiques
qu’il a contribué à concevoir sont utilisées contre lui. Pendant des mois, sa maison a
été assiégée par un groupe de personnes agitant des caméras vidéo et criant chaque
fois qu’il mettait le nez dehors.
Le documentaire montre comment la vie de Rathbun est devenue un combat au quotidien, qu’il considère aujourd’hui comme le prix à payer pour les actes répréhensibles
qu’il a commis au nom de la Scientologie.
(Source : CBC News Network, 17.11.2013)
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A piece of blue sky, récit d'une bataille
En janvier 2013, Jon Atack publiait une version non expurgée de son livre Let’s
sell these people a Piece of Blue Sky1. Son ami de longue date, Jonny Jacobsen,
journaliste anglais, raconte les difficultés rencontrées par l’auteur lors de la
première édition de ce livre, en 1990. Résumé du récit de cette « bataille pour
la publication »2.
Malgré soixante coupures effectuées dans le texte original, le projet de cet
ouvrage avait failli être étouffé dans l’œuf par la justice américaine en 1990.
Les problèmes d’Atack ont commencé bien avant la publication, en partie du
fait qu’un jeune homme « un peu équivoque » tournait autour de lui et lui proposa
un jour 30 000 £ pour que son nom paraisse dans l’ouvrage. Atack, qui recherchait
en vain un éditeur depuis deux ans, n’en crut pas sa chance. Comme il ne connaissait ce jeune homme que depuis une année il attendit quelques mois avant d’accepter son offre et de lui donner une copie de son manuscrit. Il ne touchera pas
un centime, et ce n’est qu’au hasard d’une autre affaire qu’il découvrira que ce
jeune homme était un détective privé travaillant pour la Scientologie… !
Jon ayant aidé Russel Miller, pour son ouvrage Le gourou démasqué3 ce dernier
écrivit la préface de Blue Sky et mit Jon en relation avec son éditeur Lyle Stuart.
Manque de chance pour Jon, cet éditeur, qui s’était montré très combatif face à
la Scientologie4, cessa son activité et revendit sa société.
Les éditions New Era/Scientologie attaquèrent Blue Sky, et obtinrent une interdiction définitive de parution le 30 janvier 1990 en première instance. La Cour de
1 A piece of blue sky Hubbard, Dianetique et Scientologie, Jon Atack, CreateSpace Independent Publishing
Platform, 2013. Le titre du livre de Jon Atack se réfère à une phrase prononcée par Ron Hubbard à propos
des adeptes potentiels : « Vendons à ces gens un morceau de ciel bleu ».
2 Texte intégral en anglais de Jonny Jacobsen à lire sur : http://infinitecomplacency.blogspot.com/2013/01/
atack-unchained.html.
3 Ron Hubbard - Le gourou démasqué, Russel Miller, Plon, 1994.
4 Il avait dénoncé l'organisation dans une pleine page du New York Times pour les harcèlements de ses
détectives privés.
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district se basait sur le « jugement Salinger », une jurisprudence récente, inquiétante pour tous les biographes5. Bien qu’ayant retiré 60 passages potentiellement
litigieux, Atack dut donner une copie de Blue Sky à New Era et reçut l’injonction
permanente de ne pas le publier. Russel Miller, de son côté, avait perdu sur le
fond pour la même raison, en première instance et en appel ; mais son livre ayant
déjà été diffusé, les juges, considérant qu’une interdiction complète eut été une
peine disproportionnée, firent preuve de clémence et autorisèrent la poursuite
de la publication.
Pour Blue Sky, en revanche, l’éditeur était prêt à jeter l’éponge, lorsqu’un
avocat, éminent spécialiste des libertés civiles américaines ayant déjà défendu
des cas similaires, nullement impressionné par les pratiques d’intimidation de la
Scientologie, proposa d’aller en Cour d’appel où, cette même année, il inversa
la sentence. Il fit reconnaître pour Jon Atack le droit à la critique, en montrant
que les passages contestés n’étaient pas déraisonnables et que le juge de district
n’avait eu qu’une très vague idée de ce qu’était la loi sur la propriété intellectuelle. Les deux Cours se retrouvèrent toutefois sur le fait que le copyright du
Manuel de Justice de Hubbard — un document très compromettant d’instructions
détaillées sur la manière de détruire ses ennemis — avait expiré !
Aujourd’hui, la Scientologie est certes affaiblie par l’hydre Internet, mais elle
peut vouloir toujours tester les limites de l’utilisation de documents protégés par
les droits d’auteurs6. Atack est prêt à tenter sa chance mais il invite quand même
à « acheter ce livre avant qu’il soit interdit »… C’est peut-être une plaisanterie…
ou peut‑être pas.
Il faut souligner que ce livre, formidablement bien documenté sur le mouvement,
est une « référence pour tout auteur ou chercheur s’intéressant à la Scientologie ».
5 Arguant de ses droits d’auteur, le journaliste Jerome David Salinger avait en effet obtenu en 1987
l’interdiction pour les biographes de publier, même en les paraphrasant, ses correspondances avec des
écrivains, pourtant rendues accessibles au public dans une université.
6 En 1992, la loi américaine sur le copyright a été amendée : « le fait qu’une œuvre ne soit pas publiée
n’exclut pas en soi la possibilité d’en faire un usage équitable... »
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Guérir, disent-ils...
Notre époque est au mal-être : à côté des difficultés économiques on évoque
les crises du couple, de la famille, de l’autorité, des valeurs… Il semble que
beaucoup de personnes éprouvent un sentiment d’inquiétude diffuse, d’insatisfaction latente contredisant l’injonction au bien-être qui s’affiche partout. Mais
des thérapeutes nous expliquent que, comme les patients du Docteur Knock, nous
pensons que nous allons bien alors qu’en réalité nous sommes blessés et qu’il
nous faut guérir de nos blessures. Mais quelles blessures ? Blessures familiales,
blessures d’enfance, blessures narcissiques… Ils sont prêts à nous fournir toutes
sortes de « maux » d’excuse pour nous proposer leurs services.
La recherche du bien-être devient un marché.
Consulter Internet donne une idée de l’étendue de l’offre. En moins d’une seconde, en tapant guérison spirituelle on obtient 856 000 possibilités de réponses.
Guérison psycho spirituelle : 256 000 réponses, guérison blessures familiales :
120 000 réponses, guérir son enfant intérieur : 24 600 réponses et même guérison
profonde du mal-être intérieur : 703 000 réponses… Il n’est alors pas étonnant
qu’un peu partout s’ouvrent des centres qui regroupent des thérapeutes proposant diverses techniques : massages énergétiques, médecines orientales, reiki,
hypnose, constellations familiales…
Récit d’une expérience
Des membres d’une ADFI de province se sont rendus, en septembre 2013, à
l’inauguration d’un de ces centres, dans un lieu attractif de la ville. Ce jour-là, la
prise de contact était gratuite :
« Nous avons visité un ensemble de neuf salles dont une salle de conférences
mises à la disposition d’une quinzaine de praticiens et formateurs. Des ateliers
thérapeutiques et des plaquettes invitent à diverses méthodes… reiki, kinésiologie, thérapie quantique, PNL, Quantum Touch®, énergie évolutive, Recon-
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nexion®, psychothérapie intégrative, hypnose Ericksonienne, coupe de cheveux
énergétique, médecine chinoise…
Nous nous sommes prêtés à quelques consultations :
EFT (Emotional Freedom Technic) selon la méthode de Gary Craig, techniques énergétiques et psychocorporelles. La praticienne prétend détecter notre
manque d’énergie par effleurage de peau et tapotements légers. Avec un prochain rendez-vous, elle assure une remise en forme avec un élan vers autrui et un
bienfait garanti en privé : coût 55 €.
Atelier lumière de soi. La praticienne utilise son souffle sur le haut de la tête
accompagné d’une curieuse gestuelle et promet la sérénité dans les minutes qui
suivent. En complément du traitement, elle utilise le cliquetis de galets chamaniques faits par des chamans américains qui permettront l’évacuation du stress.
Elle propose un rendez-vous au tarif de 55€ auxquels s’ajoutent les soins à distance... coût 55 €.
Médecine chinoise. Dans un local de couleur jaune, ambiance asiatique et
accueil sympathique, la praticienne informe de son cursus universitaire de réputation mondiale. Un lien d’empathie proche de l’intimité se crée, nous déclinons
une fausse identité (elle travaille sur des données identitaires comme la date de
naissance, le nom, le prénom…) ; elle utilise le toucher corporel et un pendule.
Elle porte un diagnostic : problèmes familiaux localisés au niveau du thorax. Elle
annonce son tarif, 55 €, pour des soins à distance, craignant « une grande fatigue
qui va s’en suivre ».
La bioénergétique. Deux jeunes « thérapeutes de l’habitat et de l’être »,
très accueillants, disent être régulièrement formés pour dispenser la méthode
du Feng Shui. Après un interrogatoire bien ficelé, ils perçoivent chez nous un cas
original ; la description de notre habitat leur fait déceler des âmes errantes dans
le vieux fauteuil du grand père et des énergies nocives. Ils accompagnent leur
déclaration d’une aide protectrice et proposent une visite à domicile au tarif de
55 €. Ils peuvent également consulter par téléphone pour devinez... 55 €.
Hypnose. Trois praticiennes nous interpellent devant un stand car elles ont
décelé chez nous une bonne réceptivité et nous incitent à nous inscrire à une
formation. Au moment de quitter les lieux, nous déclinons à regret une inscription
pour une loterie de dix soins offerts dont une coupe de cheveux énergétique par
une coiffeuse qualifiée.
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Aucune de ces prédictions n’a ébranlé notre esprit critique mais combien de
personnes vulnérables vont inconditionnellement s’engouffrer dans cette séduisante emprise ? Ces méthodes dans l’air du temps, au langage pseudo-scientifique, pseudo-psychologique, pseudo-médical, relèvent de la pure croyance.
Enfin, le Centre propose de louer ses locaux à d’autres praticiens, et promet en
cadeau, lors des conférences annoncées, le livre : Ecoute ton corps de la canadienne Lise Bourbeau dont les méthodes rejoignent celles du Dr Hamer ».
Ces pratiques semblent anodines, voire farfelues, mais outre le fait qu’elles
entraînent souvent des dépenses importantes pour d’hypothétiques guérisons,
certaines ne peuvent-elles pas conduire à une perte de chance par l’abandon
d’un traitement vital ?
La marchandisation de « l'être »
La commercialisation de telles propositions est révélatrice d’une tendance bien
actuelle : après la marchandisation de la culture, de la nature, du corps, voici
celle de « l’être ». L’idée n’est pas nouvelle : au Moyen Age l’Eglise « vendait »
le salut en monnayant des indulgences et les pèlerins allaient de chapelle en
chapelle prier des saints aux divers pouvoirs. Aujourd’hui ce n’est plus seulement
l’âme qui souffre mais le « psychologique », et certaines personnes vont de lieu
de stage en lieu de stage tenter de trouver le maître qui soulagera leurs douleurs,
réelles ou supposées.
« L’être » devenant un produit, nous nous trouvons là en face de commerciaux
qui, comme dans tous les domaines, doivent proposer une offre attrayante et
fidéliser la clientèle. Certains thérapeutes ou « maîtres à vivre » travaillent en
réseau, le client sera renvoyé de stage en stage, flatté, encouragé à développer
des dons insoupçonnés. Il se trouvera alors pris dans un véritable engrenage,
convaincu qu’il améliore sa part d’humanité alors qu’il n’est qu’une part de marché. Comme il existe des holdings des lessives, on peut parler de holdings du
bien-être.
Pour renouveler l’offre, un même thérapeute enrichira sa palette en proposant
des thérapies nouvelles, une recherche spirituelle, éventuellement à connotations mystérieuses. Il en va ainsi de cette thérapeute venue du monde de l’entreprise qui, à ses débuts, organisait des stages de développement personnel liés
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BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
au management et, neuf ans plus tard, propose des stages de lâcher prise, de
l’hypnose, du coaching artistique et de la communication avec les esprits de la
nature. Elle intervient aujourd’hui dans le cadre de diverses associations.
Nombre de thérapeutes et de centres, comme celui décrit plus haut, signalent
que leurs formations peuvent être éligibles au titre du dispositif de financement
par le droit individuel à la formation (DIF).1
Une personne désireuse de s’améliorer en engageant une thérapie risque parfois de s’être lancée à la poursuite d’un « être » illusoire. Parfois, aussi, en se
mettant entre les mains d’un « dérapeute », elle court le risque de perdre une
part précieuse d’elle-même : sa liberté.
La vigilance est de mise, un choix s’impose parmi des offres qui ne se valent
pas toutes.
1 L’instruction DGEFP du 3 août 2010 stipule pourtant que « une bonne partie des prestations proposées
par ces organismes relèvent en fait, sous couvert de « développement personnel », davantage du bienêtre, voire du loisir, que de la formation professionnelle continue. De ce fait, les dépenses afférentes à
ces actions ne peuvent être imputées au titre de la participation des employeurs, ni faire l’objet d’un
financement par les OPCA [organisme paritaire collecteur agréé]. »
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Etats modifiés de conscience
Sandrine MATHEN, analyste au CIAOSN
Qu’entend-on par « état modifié ou altéré de conscience » ? Et plus fondamentalement par conscience ? Dans quels contextes peut-elle être troublée ?
Esquisse de réponses et évocation de risques inhérents.
Le concept de « conscience » renvoie à ce qui permet à « tout l’organisme
de capter, de sélectionner et de traiter les informations venant du monde extérieur et de l’organisme lui-même, d’en garder certaines en mémoire, de réagir à
d’autres de manière appropriée. Il y a donc adaptation de la personne à la réalité, à son environnement1 » quand il y a conscience.
La conscience peut être altérée, modifiée, troublée, et présenter alors une
large palette d’expressions de cette altération. La personne peut aller jusqu’à
perdre la conscience de ses perceptions, voire d’elle-même à la manière d’un
épisode psychotique. « L’état modifié de conscience » peut être provoqué par
une hyperstimulation sensorielle, un déséquilibre neurochimique, des danses et
des chants « sauvages »2, une respiration particulière3, de fortes émotions, des
techniques méditatives, de l’hypnose4, etc. Attardons-nous sur certaines de ces
causes.
Explosion des sens
L’hyperstimulation sensorielle (ouïe, odorat, vue, etc.) peut provoquer un état
de transe, soit un état d’exaltation d’une personne qui se sent comme transportée hors d’elle-même, en communion avec un au-delà. Poussée à l’extrême, cette
transe peut basculer dans une sorte d’altération pathologique de la conscience,
avec indifférence aux événements extérieurs, altération dont il est difficile de
1 Pr. Jacques Lehouelleur, L’état de conscience, 10/12/2010, www.neur-one.fr/CONSCIENCE.pdf.
2 Skeptic’s Dictionary, Altered states of consciousness, 28/12/2013, http://www.skepdic.com/altstates.html.
3 Bangalore N. Gangadhar and Naren P. Rao, Self-induced altered states of consciousness, in New Horizons
in the Neuroscience of Consciousness, p.290..
4 Drew Westen, Psychologie. Pensée, cerveau et culture, 2000, De Boeck, p.501.
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sortir. Florence Roncaglia, ex-adepte du Mandarom, décrit le contexte particulier
dans lequel elle fut prise : « La noyade… c’est ce que je vis en ce moment. Voilà
des heures que nous enchaînons les mantras de protection pour notre Seigneur.
(…) Je ne sens plus rien. (…) Désormais, je n’ai plus mal au dos, mes genoux sont
anesthésiés par la douleur, ma tête s’est détachée de mon corps et elle flotte,
comme les vapeurs d’encens qui m’empêchent de distinguer les premiers rangs
des fidèles (…). Dans le temple, c’est du délire. Clochettes, tambours et hurlements mêlés, font exploser nos sens. Respirer relève désormais de l’exploit. Je
suffoque, le malaise me guette… »5 C’est une sorte de torpeur que F. Roncaglia
décrit là. « Un étourdissement des sens qui fait perdre toute notion de soi. Noyé
dans des rythmes saccadés de roulements de tambours, de tam-tam, ainsi que
dans des effets de lumière, parfois stromboscopiques, le soi s’égare, enivré d’une
ambiance vertigineuse. »6
Embrasement des émotions
Certains cérémonials de groupe, à forte charge émotionnelle, sont propices à
l’installation d’états de transe collective. Le Dr Monroy parle d’états para-hypnotiques transitoires7, ou encore de modifications temporaires de la conscience.
L’enthousiasme collectif auquel on participe activement, les émotions soulevées
par de grands cortèges chantant, d’imposantes processions psalmodiant, l’excitation nerveuse provoquée par des spectacles, des musiques, du bruit ou des cris …,
tout cela influe sur l’état émotionnel et accroît considérablement la suggestibilité,
explique Roger Mucchielli, psychosociologue et neuropsychiatre. Tout comme des
états prolongés de colère, de rage impuissante ou d’exaspération …8 ajoute-t-il.
« Hallucinations végétales »
L’usage de plantes hallucinogènes se retrouve dans des rituels chamaniques.
Ces substances provoquent généralement des visions. « Leurs contenus sont extraordinaires au sens littéral et la beauté qu’elles montrent surpassent souvent
5 Florence Roncaglia, Mandarom, 1995, Paris, pp.135-139.
6 Roger Mucchielli, Opinions et changement d’opinion, 1979, Paris, p.14..
7 Dr Michel Monroy, Aspects psychosociologiques et historiques : visions psychologiques, in Séminaire
MIVILUDES, 2003-2004, p.7.
8 Roger Mucchielli, Opinions et changement d’opinion, 1979, Paris, p.14.
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tout ce qui a été vu ou imaginé jusque-là ! décrit Benny Shanon, docteur en psychologie expérimentale. Le cas le plus commun est la transformation vécue en
une autre personne ou en un animal, félins ou oiseaux, ces derniers incluant par
ailleurs l’expérience du vol. La personne a l’impression qu’elle ne contrôle plus
entièrement ses pensées, laissant ce soin à d‘autres. »9 L’auteur le souligne ici, le
contrôle des pensées est laissé à d’autres, à un moment où survient « l’abaissement des mécanismes de défense psychique qui organisent le refoulement habituel. »10 L’on pressent le danger. La vigilance est de mise : il faudra s’assurer
que ces « autres » sont dignes de confiance. Au risque sinon d’être malmenés,
fragilisés, tourmentés.
« Inspirez, expirez… plus vite ! »
Avec le rebirth la personne est invitée à amplifier sa respiration dans le but de
revivre des expériences traumatiques. La respiration holotropique induit aussi
une augmentation de la fréquence respiratoire, soit une hyperventilation, qui
peut être fatale aux personnes souffrant d’asthme ou de pneumopathies.11 Les
risques de cette pratique ne sont plus à démontrer : « des recherches ont conclu
que l’hyperventilation a pour effet de provoquer une diminution de la vigilance,
et chez presque tous les sujets, une crise spasmophilique. Il peut survenir des
bourdonnements ou des sifflements d’oreille, des impressions visuelles de brouillards, des sensations de picotements, fourmillements, crampes, etc. Mais aussi
divers phénomènes émotionnels de type souvent très archaïque, comme des colères de nourrisson, des cris, des larmes, des mouvements de succion des lèvres,
certains états plus ou moins stuporeux, des phénomènes hallucinatoires, etc. »12
Au-delà des risques pour la santé, c’est aussi la question de l’interprétation et de
l’instrumentalisation potentielle des symptômes qui en découlent qui se pose ici.
Que se passe-t-il si le thérapeute est incompétent, autoproclamé ou manipulateur ? Voire si la personne fait un malaise ? Les risques sont avérés.
9 Benny Shanon, Les états altérés et l’étude de la conscience : le cas de l’ayahuasca, in Sébastien Baud &
Christian Ghasarian, Des plances psychotropes, 2010, Paris, p.240-242..
10 Loïc Sanner, Contribution à l’étude de Tabernanthe iboga H. Bn, 6/042007, Thèse – Université Henri
Poincarré de nacy 1 , p.78..
11 Association des consommateurs Test-Achats, Guide des thérapies alternatives, 2000, Bruxelles..
12 Dr Bernard Auriol, Le rebirth, 1/09/2013, http://auriol.free.fr/yogathera/relaxation/rebirth.htm..
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Que penser de tout cela ?
Au détour d’une recherche personnelle, d’une quête spirituelle, du souhait
de rencontrer l’invisible, certaines personnes peuvent être amenées à perdre
le contrôle d’elles-mêmes. Noyées dans un rituel perverti, troublées par des
substances hallucinogènes, étourdies par une respiration anormale, elles sont
rendues vulnérables, fragilisées, à la merci du premier manipulateur venu.
C’est bien là que la question des risques se posent. Risques pour la santé, aussi
bien mentale que physique, risque de perdre bien plus que ce qu’on était venu
chercher.
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Psychotropiques. La fièvre de
l’ayahuasca en forêt amazonienne
Jean-Loup Amselle, Albin Michel, 2013
La « fièvre » dont parle Jean-Loup Amselle, c’est cette nouvelle quête d’expériences initiatiques et de spiritualité New Age qui s’est emparée de touristes occidentaux. La demande croissante de ce nouveau tourisme a créé « les
conditions d’une véritable industrie ».
L’expérience chamanique va de pair avec l’absorption d’ayahuasca. Ce breuvage à base de lianes, traditionnellement préparé par les chamanes des tribus indiennes d’Amazonie, qui, associé à la chacruna, devient hallucinogène.
Le même phénomène de tourisme mystique et psychotropique se produit en
Afrique avec une autre drogue : l’iboga. L’auteur pose la question : comment
le Sud soigne-t-il le Nord ?
Le symptôme est à replacer dans son contexte, celui de la fin des grands
récits, du déclin du rationalisme et de ses conséquences sociétales : fragmentation sociale, individualisme et repli sur soi, multiculturalisme et culte de la
Nature. « Pour l’auteur, il convient d’ajouter au tableau le stade actuel du capitalisme addictif, celui qui exerce son pouvoir de séduction et de subornation
par la consommation érigée en « impératif catégorique ». Le phénomène du
tourisme psychotropique dérive aussi d’un comportement de consommateur. »
Les élites intellectuelles et artistiques sud-américaines, qui ont troqué l’espérance révolutionnaire contre cette forme de spiritualisme ethno-écolo-bobo
commencent à être touchées. L’anthropologue colombienne, Alhena CaycedoFernandez, estime que ceux-ci pensent trouver auprès des chamanes un type
de solution thérapeutique et spirituelle.
Jean-Loup Amselle nuance : « dans le discours des promoteurs de la foi chamanique, ce sont les plantes qui possèdent ce pouvoir, dont les chamanes seraient les intercesseurs qualifiés. L’un d’entre eux qui organise, depuis l’Europe,
l’expédition de toxicomanes en Amazonie, vante même la psychanalyse sans
transfert que représenterait la prise d’ayahuasca ». Nombre de candidats à
l’aventure chamanique estiment que l’offre psychothérapeutique en Europe
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BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
n’est pas satisfaisante. Pour conclure, l’auteur précise que c’est du côté de la
nature qu’ils cherchent le principe de la guérison, mais « une nature largement
fantasmée, devenue le substitut du pouvoir thérapeutique de l’agent humain ».
Source : France Culture, Jacques Munier, 08.10.2013
Tourisme chamanique
France Inter a consacré son émission « La tête au carré », du 10 octobre
2013, au tourisme chamanique. Étaient invités Jean-Loup Amselle1 qui vient
de publier Psychotropiques - La fièvre de l’ayahuasca en forêt amazonienne
et Vincent Ravalec, auteur et réalisateur, qui a témoigné dans deux ouvrages2
de son expérience chamanique.
L’ouvrage de Jean-Loup Amselle est le fruit de quatre années d’enquête sur
le chamanisme. Il analyse le tourisme chamanique centré sur l’ayahuasca, qui
découle de la forêt amazonienne « berceau des plantes », comme une filière
économique. Interviennent dans cette filière un certain nombre d’acteurs, propagateurs ou apôtres de la « foi chamanique » qui propagent l’idée qu’il y a
un accès vers d’autres mondes. Jean-Loup Amselle parle de ces figures qui ont
joué un rôle majeur comme Jan Kounen, Jérémy Narbi et Vincent Ravalec qui
prétendent que l’ayahuasca est une plante visionnaire. Pour l’auteur, ce « petit
milieu de la foi chamanique » a joué un rôle important dans l’expansion du
tourisme chamanique en Amazonie.
Vincent Ravalec se défend d’être un apôtre de la foi chamanique et relativise
le business généré par ce tourisme. Il a expérimenté le chamanisme en Afrique
et en Amazonie dans le cadre d’une quête existentielle qui l’a fait voyager. Il a
consommé de l’ayahuasca et de l’iboga. Néanmoins, pour Jean-Loup Amselle,
l’ouvrage de Vincent Ravalec Plantes et chamanisme est « comme le Gault et
Millaud du tourisme chamanique ».
Alors que Vincent Ravalec explique que ces expériences lui ont permis de se
1 Jean-Loup Amselle est anthropologue et ethnologue Directeur d’études à l’EHESS et rédacteur en chef
des Cahiers d’études africaines.
2 Plantes et chamanisme (Mama Editions, 2008) et Ngenza, cérémonie de la connaissance (Presse de la
Renaissance, 2004).
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
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tourner vers la science, Jean-Loup Amselle regrette que certains scientifiques
fassent des amalgames entraînant une spiritualisation de la Science.
Jean-Loup Amselle rappelle qu’on est loin des chamans d’autrefois perdus
dans la forêt amazonienne. Le tourisme chamanique se pratique aujourd’hui
dans la jungle périurbaine. Dans la banlieue d’Iquitos ou de Tarapoto, on trouve
des campements, comme l’Anacunda cosmique, avec des pièces communes qui
ne contiennent que des matelas posés à-même le sol et des seaux pour vomir.
Ces pièces accueillent quinze à vingt personnes auxquelles on demande 50 à 70
dollars par jour (une employée du centre gagne 250 dollars par mois).
Vincent Ravalec pense que les expériences urbaines sont moins bonnes qu’en
pleine forêt amazonienne, bien qu’il ne soit pas réellement convaincu par
la culture locale, celle des Shipibos, évoquant « l’esprit de la plante ». La
démarche de Vincent Ravalec n’était pas une recherche thérapeutique. Il admet même que le chamanisme ne guérit pas et qu’il a vu nombre de chamans
malades. Mais pense que ce genre d’expérience peut quand même guérir…
(Ré)écouter : http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=733814
À voir également l’Interview de Jean-Loup Amselle réalisée lemondefr :
http://www.dailymotion.com/video/x16fbee_interview-de-jean-loup-amselle_news#from=embediframe
Pérou / Le business florissant du tourisme spirituel
L’ascension du tourisme spirituel au Pérou fait la fortune de certains et le
bonheur des autres. L’ayahuasca, enregistrée depuis 2005 au registre des stupéfiants, est au cœur de cet engouement. Des occidentaux sont prêts à parcourir des milliers de kilomètres pour la consommer afin de vivre l’« expérience
ultime ».
Les sites Internet et les agences dédiés aux voyages ont saisi le filon. Ils proposent des séjours clés en main de « purification du corps et de l’âme ».
Si l’expérience est inoubliable pour les uns, elle fut insupportable pour
d’autres. Selon des spécialistes indigènes, il faut 25 à 30 années de pratique
pour maîtriser les effets de l’ayahuasca et être à-même de l’administrer dans
de bonnes conditions. Mais ce qui est devenu un véritable commerce s’est for-
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tement développé et sa croissante popularité amène de nombreuses dérives
lors de cérémonies totalement éloignées des pratiques socioculturelles locales.
L’ampleur de ce tourisme a permis à de nombreux charlatans de s’improviser
chamans.
Cette nouvelle manne financière déstabilise l’économie locale : « elle incite
les Indiens à se consacrer exclusivement à cette activité lucrative au détriment
du développement d’une véritable économie ».
Sur son site Internet, l’ambassade de France informe les ressortissants sur les
conséquences médicales graves de ce narco-tourisme. Elle cite également des
exemples de centres qui posent problème : « Ainsi, le centre de Sachawawa
à Tarapoto fait, en particulier, l’objet d’une enquête judiciaire à la suite du
décès d’une française, en août 2011, dans des circonstances non encore élucidées ». La même année, Fabrice Champion est décédé près d’Iquitos.
« L’internationalisation de l’usage de l’ayahuasca et son appropriation par
les sociétés occidentales devient une question hautement problématique ». La
Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
l’a largement évoqué dans son rapport de 2009. Avec quelques associations,
elle alerte sur le risque de dérives sectaires.
De son côté, le Pérou, jouissant de ce « nouvel attrait », a classé l’ayahuasca
comme patrimoine culturel de la nation.
Source : le Journal International, 17.12.2013
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Faits et nouvelles
Miviludes
La Mutualité Française et la Miviludes signent une convention
Le 3 décembre 2013, la Mutualité Française et la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) ont signé une convention
cadre visant à mener des actions communes de prévention sur les possibles dérives
sectaires dans le domaine de la santé. Les deux organisations ont présenté leurs actions
conjointes à venir (mise en œuvre à partir du 1er trimestre 2014 pour une durée de trois
ans), notamment la diffusion de documents d’information à destination des adhérents
mutualistes par l’intermédiaire des 500 mutuelles de la Mutualité Française ou du site
de santé pratique1. Par la signature de cette convention, la Miviludes et la Mutualité
Française souhaitent alerter sur les dangers que représente le recours à la médecine
dite non officielle. Car les risques sont réels : « 40 % des Français affirment aujourd’hui
recourir » à ces pratiques alternatives.
(Sources : Communiqué de presse, 26.11.2013)
1 www.prioritesantemutualiste.fr
L’ARS d’Ile de France et la Miviludes signent une convention
Devant la multiplication des thérapies non conventionnelles, liée notamment au renouveau
du courant New Age, l’Agence Régionale de Santé Île-de-France et la Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires ont signé, le 27 novembre
2013, une convention afin de mieux cerner les comportements sectaires et élaborer des
outils communs.
Pour Serge Blisko, président de la Miviludes, la signature de cette convention va permettre « de préciser les missions de l’ARS et de lui donner plus de poids car elle manque
de moyens pour agir ». D’autant qu’avant la loi HPST du 21 juillet 2009, « il y avait
un grand vide dans lequel se sont engouffrés des tas de praticiens de telle ou telle
technique non validée » qui ne comprennent pas pourquoi aujourd’hui, après 20 ans
d’exercice, « on vient leur demander des comptes ».
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BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
Pour Catherine Picard, présidente de l’UNADFI, « tous les mouvements sectaires, de la
Scientologie aux Raëliens, s’occupent de la santé. Car la santé touche à l’intime et le
patient est facilement manipulable. »
Un référent « dérives sectaires » a été nommé au sein de l’ARS en la personne du Docteur Karine Galaup. Elle conseille d’interroger un professionnel en cas de doute car les
dérives peuvent déboucher sur des issues tragiques : Serge Blisko estime que chaque
année, dix à trente personnes en meurent.
Serge Blisko souhaite que ce projet soit décliné avec les autres ARS et espère que cela
se fera rapidement.
(Sources : Metronews, 28.11.2013 & kineactu.com, 19.12.2013)
ASsOCIATIONS
Conférence à Angers
Sur l’invitation de la Ligue des Droits de
l’Homme, de l’ADFI Nantes et du CIPPAD
(Centre d’Information et de Prévention sur
les Psychothérapies Abusives et Déviantes),
Serge Blisko a donné le 3 décembre 2013
une conférence à Angers pour informer
et prévenir sur l’évolution du phénomène
sectaire notamment dans le domaine de
la santé. Sont aussi intervenus Catherine
Picard, présidente de l’UNADFI, et Lionel
Gauguin, président du Cippad.
Le président de la Miviludes a expliqué qu’
« aux grandes organisations identifiées se
mêlent aujourd’hui de multiples microstructures ésotériques, orientalistes, guérisseuses qui prospèrent sur le dos des
fragilités humaines. » Ces petits groupes
parfois constitués de un, voire deux,
individus sont plus dangereux car moins
faciles à identifier.
Après avoir présenté des exemples de
charlatanisme et autres comportements
déviants, Serge Blisko a encouragé à la
vigilance dans le domaine de la santé car
le nombre de cas est croissant. Les mouvements qui opèrent dans ce domaine surfent
sur les dénonciations de scandales sanitaires, le rejet des soins perçus comme trop
technicisés et trop froids.
Catherine Picard a salué le courage du maire
d’Angers qui a publié un communiqué en novembre dernier sur le prosélytisme dont fait
preuve la Scientologie. Le président de la
Miviludes a rappelé que l’organisation a été
reconnue définitivement coupable d’escroquerie en bande organisée.
(Sources : Agersmag, 05.12.2013 et cdomk49
[Conseil départemental de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes], 12.12.2013 & Le Courrier de l’Ouest, 28 et 29.12.2013)
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
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Revue de presse
En France
Erichrist Univers
Un nouveau groupe sectaire à la Réunion
Suite à la révélation de son affaire dans la presse locale, un réunionnais a retrouvé
sa petite fille dont il n’avait aucune nouvelle depuis deux mois. Ce père s’inquiétait
d’autant plus qu’il soupçonnait son ex-femme d’entraîner la fillette âgée de 10 ans dans
un mouvement sectaire : Erichrist Univers.
Alors que la mère niait son appartenance à une secte, ce père se souvient avoir constaté des changements sur la fillette : elle sentait l’encens, avait l’air triste, refusait la
viande, parlait d’« ego » et de la souffrance dans le monde. Il avait fini par visionner
une vidéo sur laquelle il a clairement reconnu sa petite fille au milieu d’individus, tous
vêtus de blanc, priant à la fois Brahmâ, Jésus, la Vierge Marie et Bouddha.
Il avait obtenu une garde alternée après que la fillette l’ait appelé à son secours et
avait demandé de ne plus vivre avec sa mère.
Aujourd’hui, les autorités et notamment le SDIG (sous-direction de l’information générale) « veulent savoir qui se cache derrière Erichrist Univers ». Cette organisation
« manifestement sectaire » est composée de douze « disciples », appelés également
« cœurs de christal » ou « pionniers de la christallisation ». Ils prétendent s’être complètement débarrassés de leur ego, « 0% d’ego », et leur mission est de « guérir les
égoïstes sur Terre ». L’histoire de ce groupe aurait débuté en 2010 au parc du Colosse.
Parallèlement à ses activités artisanales, son fondateur, Jean-Éric H. prétendait détenir des dons de guérisseur suite à une rencontre avec Amma en Inde. Début décembre
2013, il avait annoncé qu’il ferait apparaître, le 13 de ce même mois, un Christ géant
dans le ciel et qu’il marcherait sur le plan d’eau du Colosse.
Depuis l’ouverture de l’enquête et la parution de l’article, d’autres témoignages sont
venus corroborer les inquiétudes du père. Un autre papa inquiet a appelé le journal
pour « signaler que sa fille, son gendre ainsi que sa petite-fille ont été enrôlés dans
Erichrist Univers » ; ils auraient rompu tout contact avec la famille depuis août dernier.
(Sources : Clicanoo, 27 et 28.12.2013)
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BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
Scientologie
Après avoir assigné l’UNADFI, trois membres de la Scientologie sont déboutés
Par décision du 22 janvier 2014 puis du 20 février 2014, le Tribunal de grande instance
de Paris a débouté Mme Jacquart puis Messieurs Rosenberg et Valli de toutes leurs
demandes et les a condamnés à verser à l’UNADFI des dommages et intérêts.
Impliqués dans le procès qui a abouti à la condamnation définitive de la Scientologie,
Sabine Jacquart, Alain Rosenberg et Jean-François Valli avaient assigné l’UNADFI. Ils
estimaient qu’en se constituant partie civile, l’union avait commis « un abus de droit
manifestement abusif relevant de son intention de nuire ».
Le tribunal a estimé que cette demande n’était pas fondée. Il est apparu légitime
« qu’une association reconnue d’utilité publique entreprenne toute démarche qu’elle
estime utile et que la loi permet, afin de répondre à son objet, sans que sa seule présence au cours d’une instance en rapport avec sa mission puisse être jugée abusive ».
Tabitha’s Place
Opération de gendarmerie dans la com- Sur le chemin de Saint-Jacques de Communauté de Sus
postelle
A la demande du Procureur de la République,
les gendarmes se sont rendus dans la communauté de Tabitha’s Place à Sus (PyrénéesAtlantiques). Ils se sont plus spécialement
intéressés aux conditions de vie des enfants
et à la situation administrative des adultes.
Egalement connue sous le nom d’Ordre
Apostolique, la communauté de Sus compte
60 à 80 personnes, dont une dizaine d’enfants. Depuis la mort d’un nouveau né
en 1997, les pouvoirs publics portent une
attention toute particulière aux conditions
de vie de ses membres, aux obligations légales concernant les enfants, mais aussi à
la vente de ses produits qui permet à cette
communauté de vivre en quasi autarcie.
La communauté de Tabitha’s Place chercherait à acquérir une maison sur le parcours des pèlerins de Saint-Jacques de
Compostelle, dans le Pays Basque.
Cette intention n’est pas nouvelle. En
juillet 2011, des élus locaux avaient pointé la volonté de la communauté de réaliser d’importantes acquisitions de biens
immobiliers dans la région, montrant un
intérêt de plus en plus marqué pour les
pèlerins : les membres de la communauté vont à leur rencontre sur la route de
Saint-Jacques de Compostelle et leur distribuent des tracts.
(Source : Le journal du Pays Basque, 05.11.2013)
(Source : France Bleu.fr, 18.11.2013)
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
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Témoins de Jéhovah
Affaire de Deyvillers : les Témoins de Jéhovah déboutés
La Cour administrative d’appel a confirmé le jugement en premier instance et donc
rejeté la requête des Témoins de Jéhovah concernant leur litige avec la commune de
Deyvillers. L’association des Témoins de Jéhovah avait saisi le Tribunal administratif
pour faire annuler le Plan Local d’Urbanisme classant en zone naturelle, inconstructible, le terrain appartenant à l’association sur lequel elle souhaite construire une
« salle du Royaume » de 1.500 places. (Source : Vosgesmatin.fr, 29.11.2013)
Université de la Relation
Le procès attendu de Gabriel Loison
Le 24 janvier 2014, Gabriel Loison, 74 ans,
leader charismatique de l’Université de
la Relation, a été condamné à 10 ans de
réclusion par la Cour d’assises de Loire-Atlantique pour viols, complicité de viols et
abus de faiblesse. L’ex-compagne de Loison, Julie Baschet, qui comparaissait à ses
côtés pour complicité a, elle, été acquittée ; la cour a considéré qu’elle n’était
pas responsable.
À l’origine, Gabriel Loison était le gourou
des « Jardins de la Vie » déjà épinglé par
les autorités et figurant dans le rapport
parlementaire sur les sectes de 1995. Loin
d’être déstabilisé, il fonde dès 1996 avec
200 adeptes son « Université de la nature
et de l’écologie de la relation ».
Il organisait des stages en France, en Espagne, au Costa Rica et au Maroc. Gabriel
Loison s’autoproclamait sociologue, anthropologue, sophrologue et psychologue.
Il séduisait son auditoire en lui vantant
les vertus d’une alimentation saine, de la
culture biologique. Selon les témoignages,
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ces stages, coûtant entre 1 500 et 10 000
euros, proposaient des séances de tantrisme et des relations sexuelles en groupe.
En cavale, Gabriel Loison et sa compagne,
Julie Baschet, sont finalement interpelés
en Espagne le 26 mars 2011 par les policiers de la Caimades (Cellule d’assistance
et d’intervention en matière de dérives
sectaires). Ils sont mis en examen le 11
avril suivant à la suite de la plainte du
grand-père d’une mineure âgée de 14 ans
au moment des faits. Il avait remarqué que
sa petite-fille était revenue « changée »
d’un stage au Maroc dans lequel ses parents l’avaient entraînée. Puis, elle était
partie seule lors d’un stage en Espagne.
Lors du premier stage, l’adolescente avait
subi les caresses des hommes du groupe
suggérées par Loison dans le cadre d’une
cérémonie de « 
coupure de cordon 
».
C’est lors du second stage que Gabriel Loison et Julie Baschet avaient violé la jeune
fille. Une plainte a été déposée fin 2010
pour viols et agressions sexuelles.
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
À cette affaire est venue se joindre celle
du viol d’une jeune femme âgée aujourd’hui de 30 ans. Elle aussi avait été
violée par le couple à plusieurs reprises
lors de différents stages en 2007 et 2008.
Dans le cadre d’une perquisition, les
enquêteurs ont saisi un ordinateur dans
lequel ils ont trouvé des photographies de
scènes de sexe explicites.
Bien avant les « Jardins de la Vie » et
l’« Université de la Relation », Gabriel
Loison s’était déjà distingué dans d’autres
affaires. Dans les années 1980, il avait déjà
été accusé de viol par une religieuse. En
1988 et 1989, il avait également été inquiété après le décès mystérieux de deux
de ses stagiaires en montagne. Ces deux
affaires s’étaient conclues par un non-lieu.
Après avoir défendu ardemment Loison, Julie Baschet s’est désolidarisée de l’emprise
de celui qui, d’après les psychologues,
présente « une structure de personnalité
de type pervers avec déni de la réalité, de
la loi et de ses responsabilités ». Elle, au
contraire, est décrite comme « intelligente
mais présentant une fragilité de pensée, à
la limite […] d’une pathologie de dépendance ». Elle serait devenue l’ « agent
d’exécution » de Loison, son outil pour
accéder à ses fins. Dans un premier temps,
les magistrats n’avaient pas entendu cette
notion d’emprise. Ils avaient conclu qu’il
n’était « 
pas établi que son discernement ait été aboli, ni qu’elle ait subi une
contrainte à laquelle elle n’a pu résister ».
Mais entre temps, la Miviludes avait rendu un rapport accablant sur les méthodes
de Gabriel Loison, évoquant « un état de
sujétion psychologique 
» des personnes
soumises aux pratiques du gourou. Pour
Me Morice, « elle était ce que son gourou
en avait fait (…). Elle était sous l’emprise
d’une force et d’une contrainte à laquelle
elle n’a pu résister ».
Le procès s’est ouvert à Nantes le 15 janvier 2014 et a duré huit jours. À la demande de l’adolescente, il s’est tenu à
huis clos.
Durant l’incarcération de son client, Thibaut Rouffiac, avocat de Gabriel Loison,
avait fait une demande de remise en
liberté, rejetée le 20 avril 2012 par la
Chambre de l’instruction de Rennes. Dès
l’ouverture du procès, l’avocat a réitéré
sa demande afin de « rétablir l’équilibre
entre les deux co-accusés ». En effet Julie
Baschet comparaissait libre. Mais l’avocat
général, Gaël Surel, et les avocats des
parties civiles s’y sont opposés.
L’avocat général avait rapidement donné
le ton au procès : « Toute la question de
ce dossier est celle des dérives sectaires
attribuées à ce mouvement ». Il avait requis quatorze ans de réclusion criminelle
pour Gabriel Loison et cinq ans d’emprisonnement, dont trois avec sursis, pour
Julie Baschet. C’est une victoire pour son
avocat, Me Olivier Morice, qui entendait
bien démontrer que cette femme de 40
ans était aussi victime de l’ascendant du
gourou. Il a versé au dossier de nouvelles
expertises psychiatriques et appelé à la
barre de nouveaux témoins. Il voulait prouver que sa cliente était sous l’emprise de
Gabriel Loison et a plaidé l’acquittement.
Me Morice n’est cependant pas parvenu à
convaincre le procureur de la République
qui, concernant l’acquittement de l’ex-compagne de Loison, fait appel de la décision.
(Sources : Le Figaro, Angélique Négroni &
Paris-Match, 14.01.2014 & Maville & Le Parisien, Jérôme Sage, 15.01.2014 & Ouest France,
16.01.2014 & RTL, 24.01.2014)
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exorcisme
Violée lors de cérémonies vaudoues
Un homme de 28 ans a été reconnu coupable de viols sur sa nièce, âgée de 14 ans, et de
violences sexuelles sur ses deux sœurs aînées, lors de cérémonies rituelles vaudoues. La
Cour d’assises de Seine-Saint-Denis l’a condamné à quatorze ans de prison.
La responsabilité de la mère des adolescentes a également été reconnue. Elle a été
condamnée à sept ans de prison. Elle n’a pas répondu aux appels à l’aide de sa fille,
convaincue qu’elle devait être désenvoûtée. Devant la Cour, la mère, qui comparaissait
libre, a nié les faits et assuré n’avoir pas été au courant des viols : « Tout ce que j’ai
pratiqué avec les enfants, c’était des prières et des purges ». Mais selon l’accusation,
elle cautionnait ces cérémonies auxquelles elle participait et fournissait l’accusé en
préservatifs afin qu’il « désenvoûte » sa fille. De son côté, l’oncle reconnait les faits. Il
évoque les coutumes ancestrales. Il raconte s’être rendu au Togo, à la demande de sa
belle-sœur, pour aller voir des vaudous qui lui auraient dit : « soit tu couches avec une
mineure, soit tu tues un albinos. »
Ce procès intervient alors que l’exorcisme semble se développer en France à la faveur
de la crise, selon plusieurs spécialistes.
(Sources : 20 minutes, 24.11.2013 & RTL,27.11.2013 & Le Figaro, 29.11.2013 & Metronews,
30.11.2013)
Islam radical
Islam radical : prévenir les risques sectaires
Près de 700 français seraient tentés par le djihad. Parmi les familles qui se sont tues
ou battues en silence pour récupérer leur enfant, certaines se sont décidées à lever le
voile sur le drame qui les accable. Comme celui, par exemple, de ce jeune élève sans
histoire qui s’est brusquement renfermé sur lui-même et a subi, selon sa famille, un
véritable lavage de cerveau.
Dans le sous-titre de son livre Désamorcer l’islam radical - Ces dérives sectaires qui
défigurent l’Islam, Dounia Bouzar, anthropologue des faits religieux, voit dans ce phénomène des points de convergence avec le phénomène sectaire :
• Le discours met le jeune en situation d’auto-exclusion et d’exclusion des autres.
• Ne plus vouloir aller à l’école et dire que l’école fait partie d’un monde en déclin.
• Se couper de ses anciens amis et plus généralement de ceux qui ont participé à sa
socialisation comme les enseignants, les copains.
• Se couper de sa famille. La rupture familiale étant le dernier indicateur. Pour Dounia Bouzar, il ne faut pas banaliser cette rupture en pensant faire face à une crise
d’adolescence.
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BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
• Vient alors la perte d’identité, pour prendre l’identité du groupe.
• 99% de l’endoctrinement passe par Internet.
La difficulté pour les familles est de distinguer une simple conversion à l’Islam d’un
endoctrinement sectaire radical. Le gouvernement français semble décidé à agir. Un
rapport Prévention de la radicalisation demandé par le Premier ministre et remis le 30
octobre 2013 par Yann Jounot, directeur de la Protection et de la Sécurité de l’État,
dresse un constat sévère sur les « dispositifs en place ». Faute de recherche sur le sujet,
ce rapport cite des études conduites « chez nos voisins » montrant que « le processus
touche davantage des hommes jeunes », âgés de 18 à 35 ans, dans une « position socioéconomique fragile ». Pour Yann Jounot, il faut développer une stratégie de prévention,
élaborer des « critères communs » permettant de repérer les personnes concernées, et
des stratégies pour les aider à sortir d’un tel embrigadement.
(Sources : Europe 1, 28.01.2014 & La Croix, 28.01.2014)
Paranormal / Magnétiseurs
Un magnétiseur condamné pour exercice illégal de la médecine
Le magnétiseur de 37 ans qui se faisait appeler « Maître Illario » a été condamné par
le tribunal correctionnel de Bordeaux à quatre mois de prison ferme pour exercice
illégal de la médecine. Ce procès mêlait « charlatanisme et accents quasi-sectaires ».
Le magnétiseur aurait conseillé de cesser des traitements conventionnels tels qu’une
chimiothérapie.
Le procureur, Dominique Chevallier, évoquant des victimes « bien plus nombreuses
que celles qui se sont fait connaître » avait requis 18 mois avec sursis. Le tribunal a
condamné « Maître Illario » à 18 mois dont quatorze avec sursis et à trois ans de mise à
l’épreuve. Il devra également verser aux trois parties civiles un total de 6 000 euros de
dommages et intérêts et un euro au Conseil de l’Ordre des médecins.
(Source : Charente Libre, 14.12.2013)
Santé
L’ostéopathe « touche à tout »
Le tribunal correctionnel de Pau s’est penché sur les intentions de Didier N., un ostéopathe de
60 ans. Il est accusé d’agressions sexuelles et d’usurpation du titre d’ostéopathe.
En août 2010, une jeune femme dénonce les pratiques de son ostéopathe : des gestes déplacés allant jusqu’à « l’exploration » anale. Elle dépose une plainte au commissariat qui viendra
s’ajouter à celles de trois autres femmes qui ont déclaré avoir subi des actes similaires.
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Durant leurs investigations, les enquêteurs se sont intéressés au site Vivastreet sur
lequel Didier N. venait déposer des annonces. Ils ont découvert que l’homme se présentait « tour à tour sexologue, magnétiseur, rebouteux, psychothérapeute, spécialiste en
relaxation ou en soins hors cadre réglementé… » Il accueillait des personnes souffrantes
mais aussi des « modèles » pour « tester une méthode originale de drainage, modelage,
acupuncture ». Sa « méthode », il comptait la faire breveter pour l’enseigner dans les
instituts d’esthétique.
Les deux victimes d’agressions sexuelles se sont constituées parties civiles. Le procureur a requis dix-huit mois de prison avec sursis, avec une interdiction d’exercer une
profession paramédicale et une inscription au fichier des délinquants sexuels (FIJAIS).
L’avocat de Didier N., Me Thierry Sagardoytho a plaidé la relaxe : « il soutient que son
client - qui a suivi de nombreuses formations - ne s’est jamais prévalu du titre d’ostéopathe après 2007 », et que « les manipulations qu’il a effectuées en tant que rebouteux
étaient conformes aux pratiques, même si elles ont pu être mal comprises ». Le tribunal
rendra sa décision le 3 mars prochain.
(Source : La République des Pyrénées, 17.01.2014)
A l’étranger
Amish
États-Unis / Des parents refusent un traitement de chimiothérapie pour leur
fille atteinte d’une leucémie
Dans l’Ohio, une famille membre de la communauté Amish a pris la fuite pour échapper
à l’obligation de soins de leur fille, Sarah,
atteinte d’une leucémie. Devant le refus des
parents de faire suivre à la fillette le traitement de chimiothérapie prescrit, la justice a
été saisie par ses médecins. Ces derniers ont
diagnostiqué un lymphome dont la forme est
agressive, mais pour laquelle les chances
de survie sont possibles avec un traitement
approprié. Sarah peut donc être guérie mais
elle ne pourrait pas survivre sans la chimiothérapie. Les responsables de l’hôpital estiment que les parents sont moralement et
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juridiquement dans l’obligation de s’assurer
que la jeune fille reçoit les soins appropriés.
Il y a plusieurs mois que cette famille tente
d’échapper aux injonctions de la justice. En
octobre dernier, le procureur a désigné un
tuteur, seul habilité à prendre les décisions
concernant les soins médicaux à prodiguer
à la fillette. C’est lui qui avait envoyé un
taxi au domicile de Sarah afin de l’amener
à l’hôpital et qui avait constaté que toute
la famille avait disparu. Comme beaucoup
d’autres membres de la communauté Amish,
les parents de Sarah fuient la vie moderne
et sont profondément religieux. A la chimio-
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thérapie prescrite à leur fille, ils ont préféré
des remèdes naturels, tels que plantes ou
vitamines. Les parents estiment qu’ils ne
sont pas obligés de conduire leur fille aux
séances de chimiothérapie tant que la décision en appel n’a pas été prononcée. Le Tribunal avait pourtant été clair : les croyances
et les convictions des parents ne peuvent
pas l’emporter sur les droits de l’État pour
protéger l’enfant. La famille a fait appel de
la décision de la Cour suprême de l’Ohio.
Elle prévoit de déposer une motion visant à
mettre fin à la tutelle.
(Source : Associed
27.11.2013)
Press,
John
Seewer,
Ashram Shambala
Russie / Une victime d’Ashram Shambala indemnisée
Un ex-membre d’Ashram Shambala, secte religieuse en Sibérie, vient de gagner un procès
intenté contre Konstantin Rudnev, leader du mouvement. Il a obtenu 500 000 roubles, soit un
peu plus de 10 000 euros, de dommages et intérêts pour souffrance morale. Pour le tribunal,
le fait d’avoir perdu « des années de sa vie à essayer de retrouver une stabilité mentale »
constitue un dommage. D’autant que la victime « ne peut toujours pas mener une vie normale, ou profiter de ses droits civils. » En 2003, il avait rencontré le groupe dans des séminaires organisés par les gourous itinérants de la secte. Le tribunal a reconnu que dès lors, son
« comportement a changé radicalement ». Les séminaires, les lectures des ouvrages de Rudnev, des cassettes audio et vidéo, y ont également contribué. Pour le tribunal, « il a perdu
de l’intérêt pour tout, sauf pour Ashram Shambala » : il a rompu avec ses parents et avec ses
amis, a évité tout contact extérieur et a interrompu ses études. Sur les 30 000 membres qui
constitueraient la secte, seules seize personnes se sont déclarées victimes dans les procès
contre Rudnev. Des enquêtes ont été ouvertes contre lui en 1999, 2004 et 2008. Pour la plupart, ces enquêtes n’ont pu aboutir à un procès car les membres de la secte refusaient de
témoigner contre lui. En 2010, Rudnev a finalement été arrêté à Novossibirsk et condamné à
une peine de onze ans de prison pour avoir fondé une association religieuse portant atteinte
aux droits humains et civils, pour viol, agression sexuelle et trafic de drogue.
(Source : RAPSI, Ria Novosti, 16.01.2014.)
Aum
JAPON / Procès d’un ex-adepte
Le procès de l’ex-adepte de la secte Aum, Mikoto Hirata, s’est ouvert le 16 janvier 2014
au Japon. Il est notamment poursuivi pour avoir déposé une bombe à Tokyo et pour sa
probable implication dans l’enlèvement, en février 1995, du frère d’une adepte qui
tentait de se soustraire de l’emprise de l’organisation sectaire. Cet homme, Kiyoshi
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
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Kariya, 68 ans, aurait succombé à une overdose et son corps aurait été incinéré.
Mikoto Hirata a rejoint Aum Vérité Suprême en 1984. Il était notamment chargé d’assurer la protection du gourou fondateur Shoko Asahara. Il n’aurait cependant pas pris part
à l’attentat au gaz sarin perpétré dans le métro de Tokyo, il y a 19 ans, évènement qui
a fait treize morts et traumatisé tout le pays.
Cet attentat était le dernier soubresaut de cette organisation qui avait réussi en vingt
ans à convaincre que son chef, Shoko Asahara, était un dieu réincarné. Ce crime aurait
été commis pour confirmer les prédictions apocalyptiques d’Asahara, déstabiliser le
gouvernement japonais et pour détourner l’attention de la police qui commençait à
s’intéresser de près aux pratiques de la secte.
Après le procès de Hirata, qui devrait durer deux mois, deux autres membres doivent
encore être jugés.
Sur les 189 membres poursuivis en justice, treize responsables du mouvement, dont
Shoko Asahara, ont été condamnés à mort et attendent leur exécution. La justice a
retardé leur mise à mort afin de pouvoir les entendre en tant que témoins dans les
procès des autres adeptes à venir. Il est rare que des condamnés à mort soient entendus
en tant que témoin mais le tribunal espère que des faits nouveaux pourraient surgir au
cours de ces audiences.
Une autre spécificité de ce jugement : les juges ne sont pas des professionnels. La Cour
du district de Tokyo a convoqué 400 candidats, mais beaucoup d’entre eux ont refusé de
participer. Sans doute sont-ils préoccupés par les conséquences de leur participation.
Le juge professionnel qu'il préside le procès est conscient de la pression qui s’exercera
sur eux et a assuré qui leur apportera son soutien.
(Sources : Le Figaro, 16.01.2014 & The Japan News, 17.01.2014 & The Telegraph, 16.01.2014)
Eurd
Royaume-Uni / Collectes de fonds suspectes
Les méthodes de collecte de fonds de
l’Église Universelle du Royaume de Dieu
suscitent une enquête diligentée par les
autorités britanniques. Selon The Times,
les plaintes concerneraient des collectes
de fonds effectuées dans les rues de
Londres sans autorisation. Les dépositions
convergent également sur le fait que, lors
de ces collectes, le nom de l’église n’était
pas clairement affiché, que les logos utilisés pouvaient même faire penser à des
organismes de bienfaisance mais pas à une
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église. Les enseignes Mark and Spencer et
Tesco ont été abusées de la même manière : ils ont ouvert leurs portes à EURD
pour ses collectes pensant qu’il s’agissait
d’un organisme de bienfaisance.
L’objectif de la collecte n’était pas non
plus suffisamment précis. Selon l’article,
les membres de l’EURD ont fait du porteà-porte pour recueillir des fonds, affirmant que l’argent servirait à «garder les
portes de l’église ouvertes». Mais avec les
2.7 millions de livres sur leurs comptes,
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
l’Église semble plutôt bien se porter. C’est même l’une des plus riches églises évangéliques au monde. The Times affirme que la branche britannique de l’EURD a envoyé des
centaines de milliers de livres sterling au Brésil pour aider à construire une «réplique
exacte» du temple biblique de Salomon. Le coût de cet édifice s’élèverait à 130 millions
de livres.
Accusé de fraude et de corruption, le fondateur de l’EURD, Edir Macedo, « évêque »
auto-proclamé en 1977, a été blanchi ; il est considéré comme l’un des hommes les
plus riches d’Amérique latine. Il a été accusé d’être un véritable prédateur auprès des
populations vulnérables, d’encourager les membres vivant dans la pauvreté à donner le
peu qu’ils possèdent et d’utiliser l’argent pour investir dans l’immobilier.
Dans une précédente édition de 2010, The Times avait mis en évidence les activités
de l’EURD en Grande-Bretagne et avait confirmé qu’elle encourageait ses membres à
faire des dons à l’Église, quitte à s’endetter. Cette même année, l’EURD a bénéficié de
subventions d’un montant supérieur à 8 millions de livres.
(Source : Secularism.org.uk, 13.01.2014)
Fondation de l’Amélioration
Russie / Le leader d’une secte sous les verrous
Le leader d’une secte russe qui organisait des orgies en présence des enfants du groupe
a été condamné à 9 ans et 9 mois de prison ferme.
Vyacheslav Vesnin, 47 ans, était le « gourou » d’une secte sordide installée dans le
sud de la Russie. La centaine d’adeptes de la « Fondation de l’amélioration » se réunissaient pour des orgies et enjoignaient à leurs enfants de les regarder. Parmi ces
adeptes figuraient des fonctionnaires, des banquiers, des enseignants, des avocats et
des agents de sécurité de la région sud-est de Moscou. Pour certains d’entre eux, ces
actes auraient été exécutés sous la pression du dirigeant. Selon le psychiatre chargé de
son expertise, Vesnin est un personnage charismatique et puissant qui exerçait sur les
femmes un important pouvoir de séduction.
Ce qui marque cette affaire reste la présence des enfants lors des réunions orgiaques
des adultes. Les enquêteurs ont trouvé une photo montrant une petite fille de trois ans,
l’air effaré devant le spectacle d’un strip-tease. Sur les 15 enfants de la secte, 12 en
sont déjà sortis. Ils devraient bénéficier d’un suivi psychiatrique pour avoir été confrontés très jeunes à la sexualité.
Quatre autres adeptes, des femmes, ont été condamnées à de la prison ferme. Une
autre a reçu une condamnation plus clémente pour avoir permis de faire tomber Vesnin
en coopérant avec le procureur.
(Source : Daily Mail, Will Stewart, 06.11.2013)
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
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Landmark Education
Inde / Des indiens dénoncent les méthodes de Landmark Education
En Inde, la société américaine Landmark Education promet l’épanouissement personnel
et professionnel pour vendre des programmes de formation hors de prix. Des indiens, se
sentant bernés, ont dénoncé avoir subi un lavage de cerveau et avoir été exploités par
les promesses de Landmark Education.
Le département américain du Travail avait enquêté sur cette société en 2006 et avait
constaté que Landmark Education violait la législation du travail. Son rapport d’enquête1
avait révélé que la société s’était rendue coupable de travail dissimulé. Plusieurs plaintes
avaient été déposées et rendues publiques. Jusqu’en 2010, un blog permettait aux victimes de Landmark de s’exprimer sur ses « pratiques douteuses ».
Landmark Education utilise le marketing en réseau2 pour vendre ses cours après un séminaire gratuit où des animateurs viennent raconter comment leur vie s’est transformée
grâce au programme Landmark. Le recrutement s’effectuant en réseau, l’objectif est
d’inciter un maximum de personnes à s’inscrire sur le Forum Landmark.
Ancien bénévole de Landmark, M. Govardhan explique que « la seule intention de ces
animateurs est d’amener les participants à acheter leurs programmes douteux ». Selon
lui, les frais facturés sont élevés et « le nombre de personnes que Landmark Education
a réussi à capter est ahurissant ». Une fois le programme de base effectué, les participants sont invités à suivre des programmes « avancés » pour atteindre de meilleurs
résultats. Ils sont également invités à ramener des « invités » pour assister au prochain
séminaire de présentation gratuit.
Deepa Hegde a participé à l’un de ces séminaire à Bangalore. Elle s’est plainte avoir été
harcelée parce qu’elle refusait de poursuivre. Pour elle, la stratégie marketing de Landmark consiste à ne pas laisser de temps pour que les personnes puissent réfléchir et juger
si elles souhaitent poursuivre ou non. Ils exercent une pression sur les candidats qu’elle ne
pouvait imaginer, comme provoquer des drames émotionnels en public.
La méthode de formation de Landmark Education s’inspire des techniques psychologiques de la Scientologie. Sa particularité : elle contraint les personnes à rejoindre leur
forum afin de les faire entrer dans un réseau affectif. Ce qui interroge sur son sérieux.
(Source : moneylife.in, 17.12.2013)
1 http://wlstorage.net/file/landmark-investigation-2006.pdf
2 « The viral marketing » consiste à favoriser le bouche-à-oreille électronique en incitant les consommateurs à diffuser par Internet des informations sur l’entreprise.
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BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
Scientologie
Royaume-Uni / La Scientologie reconnue par la Cour suprême
La Cour suprême britannique a accédé à la
requête d’une femme désirant se marier
dans une chapelle de la Scientologie. Par
cette décision, elle reconnaît le statut
de culte à l’organisation. Louisa Hodkin a
entamé son combat juridique alors que les
autorités civiles avaient refusé de considérer comme légal son mariage prévu dans
une chapelle londonienne de la Scientologie. Ce refus avait été justifié par l’absence de l’organisation sur la liste officielle
des lieux de culte. Pour figurer sur cette
liste, le lieu devait servir à « la vénération
de Dieu ou d’un être suprême ». Les juges
de la Cour suprême ont estimé à l’unanimité que cette notion datait et que « la
religion ne devrait pas être limitée aux
seules croyances comportant la notion de
divinité suprême » et qu’il serait « illogique, injuste et discriminatoire d’empêcher Mme Hodkin et son fiancé de se marier
conformément à leurs croyances. La Cour
suprême a souligné que ce n’était « pas le
rôle des services de l’état civil de s’aven-
turer dans des subtilités théologiques ou
liturgiques poussées ». Alors que la Scientologie avait été qualifiée de secte par
le ministre de l’Éducation, elle pourrait
aujourd’hui prétendre à ouvrir ses propres
écoles financées par l’État. Préoccupé par
cette décision et par ses conséquences, le
ministre des Gouvernements locaux, Brandon Lewis, a assuré qu’il ferait appel à des
juristes. Il craint que les contribuables se
demandent pourquoi la Scientologie devrait
bénéficier d’exonérations fiscales alors que
les entreprises payent leurs impôts. Terry
Sanderson, président d’une association
laïque, a déclaré que la Scientologie avait,
à juste titre, mauvaise réputation : selon
lui, la Scientologie n’est là que pour faire
de l’argent et ce, grâce à l’exploitation
de personnes. Un porte-parole du diocèse
anglican de Birmingham a quant à lui déclaré que « la Scientologie est une religion
comme un chien est un légume ».
(Source : AFP, 11.12.2013 & The Independant,
11.12.2013)
Témoins de Jéhovah
Ghana / Elle meurt après s’être opposée à une transfusion sanguine
Une jeune ghanéenne est décédée à Accra, le 3 janvier dernier, d’une anémie pour
laquelle une transfusion sanguine aurait suffi à la sauver. Son refus était motivé par sa
croyance en l’enseignement des Témoins de Jéhovah. Pour le Docteur Henry Ata-Wurah,
directeur intérimaire de l’hôpital où la jeune fille avait été admise, il ne fallait pas donner de l’hémoglobine à un adulte contre sa croyance. Il a toutefois précisé que dans de
tels cas, les médecins devaient expliquer aux patients les conséquences de leurs choix
et que la décision aurait été différente s’il s’était agi d’un mineur.
(Source : Koaci.com, 11.01.2014)
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
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Tvind
Mexique / Danemark / Mandat d’arrêt contre le leader danois
La police mexicaine vient d’ouvrir une enquête sur l’homme le plus recherché au Danemark, Mogens Amdi Petersen, ancien leader de la très controversée école de Tvind.
Petersen, qui vit dans la clandestinité
depuis 2006, a été condamné par contumace à un an de prison, pour des délits
financiers, par la Haute Cour de l’Ouest
à Aarhus en août 2013. Un mandat d’arrêt international a été émis contre lui et
quatre autres co-accusés.
Bien qu’il n’existe actuellement pas de
traité d’extradition entre le Danemark
et le Mexique, l’ambassadeur danois au
Mexique, Susanne Rumohr Hækkerup,
pense que l’État mexicain est disposé à
coopérer.
De son côté, le chef du service des citoyens du ministère des Affaires étrangères danois, Ole Ekberg Mikkelsen, a
confirmé que toute l’aide possible serait
apportée aux fonctionnaires de police
mexicains.
(Source : The Copenhagen Post, 06.01.2014)
Westboro
États-Unis / Elles quittent l’« Église de la haine »
Megan et Grace Phelps-Roper ont fui l’église baptiste de Westboro au Kansas. Fondée par leur grand-père, le pasteur Fred Phelps, cette communauté est mondialement
connue pour ses positions homophobes. Fréquentant l’école publique la journée, ces
deux sœurs âgées de 27 et 21 ans, brandissaient le soir et le week-end des pancartes
aux slogans sans équivoque : « Dieu hait les gays » ou « Les deux droits des gays : le sida
et l’enfer ». Avec son dynamisme et son éloquence, Megan défendait farouchement son
église sur les plateaux de télévision : « en incitant les gens à obéir à Dieu, nous voulions
leur éviter l’enfer ».
En 2009, elle commence à s’interroger sur la vision manichéenne de sa communauté : « Dans l’église, c’est noir ou blanc, bon ou mauvais, notre vision ou le péché,
tout ou rien. Si on adhère pas à un aspect, on n’a plus sa place ». Discrètement, elle
fait part de ses doutes à sa sœur. Puis vient le moment de la prise de conscience.
Les deux sœurs réalisent que « certaines personnes n’étaient pas bien traitées. Rien
d’illégal ou de violent, mais des gens que nous aimons énormément sont devenus victimes de ce que nous considérons comme de la cruauté ».
Megan et Grace ont fini par partir et trouver refuge chez d’anciens membres de Westboro. Ils seraient une vingtaine à avoir quitté la communauté au cours des dix dernières
années. Grace raconte ses craintes : « nous pensions que nous irions en enfer ». Le plus
difficile pour elles est de vivre sans leur famille qui refuse aujourd’hui toute communi-
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BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
cation avec elles. « Notre famille nous considère comme les pires personnes, dit Megan,
car nous avions la vérité et nous l’avons rejetée. » Leur mère a déclaré que « l’éternité
était trop longue et l’enfer trop brûlant » pour qu’elle se soucie de ses enfants déserteurs. Les deux sœurs qui devaient intégrer le cabinet d’avocat familial ne savent plus
aujourd’hui ce qu’elles feront de leur vie. Elles envisagent de rencontrer des groupes
gay et lesbien. (Source : La Presse, novembre 2013)
exorcisme
États-Unis / Une mère poignarde ses quatre enfants « possédés »
Lors d’une séance d’exorcisme, deux femmes ont poignardé quatre enfants, âgés de
1 à 8 ans, durant leur sommeil. Les deux aînés ont survécu à ce massacre ; l’un d’eux
reste dans un état critique. Leur mère et une amie sont poursuivies pour tentatives de
meurtres et assassinats. Lors de son interrogatoire, la mère a expliqué qu’elle pensait
que « les gosses avaient l’Esprit du Mal en eux ».
Les femmes ont déclaré appartenir à un groupe connu sous le nom de « assassins de
démons ». La police a interrogé d’autres membres du groupe mais aucune autre personne ne semble suspectée.
L’avocat de l’amie de la mère, Edward Leyden, a déclaré aux journalistes que « toutes
les personnes impliquées dans cette affaire ressentent une douleur profonde. »
L’avocat de la mère, n’a pas, quant à lui, souhaité faire de commentaires.
Les deux femmes subiront une expertise psychiatrique afin de déterminer si elles sont
mentalement aptes à être jugées.
(Source : Metronews, 20.01.2014 & CBC, 21.01.2014))
Psychothérapie
Belgique / Titre de psychothérapeute
Après plusieurs années de discussion, des parlementaires ont déposé avec la ministre
de la Santé publique une proposition de loi « réglementant les professions de la santé
mentale ». L’objectif est de protéger le patient des charlatans et de crédibiliser les
professionnels. Son entrée en vigueur est espérée pour le 1er septembre 2016.
Cette règlementation prévoit :
• Une reconnaissance des psychologues cliniciens et les orthopédagogues comme professionnels de la santé ;
• Une habilitation, délivrée par le ministre de la Santé publique, après examen par le
Conseil fédéral de la psychothérapie, exigée pour pouvoir exercer la profession ;
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
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• Une formation spécifique qui devra répondre à des critères d’exigence ;
• Des sanctions pour celles et ceux qui pratiqueraient sans autorisation ou usurperait
le titre.
La Fédération belge des psychologues est satisfaite. Pour elle, « cette proposition de
loi inscrit enfin la psychologie clinique comme un métier s’exerçant de façon pleinement autonome et responsable parmi les autres professionnels de santé. Cette reconnaissance va clairement dans le sens d’une meilleure accessibilité aux soins de santé
psychologique et est une étape importante vers leur remboursement. »
La Fédération regrette néanmoins que la proposition aille à l’encontre des préconisations du Conseil Supérieur de la Santé qui proposait un niveau supérieur de formation
à ce qui est prévu.
(Source : Le Vif, 05.11.2013 & La Libre Belgique, 06.11.2013)
Canada / Les retombées d’une campagne de prévention
Depuis le début de sa campagne de publicité télévisée sur les dérives des pseudo-thérapeutes, l’Ordre des psychologues du Québec a enregistré une centaine de nouveaux
cas, soit trois fois plus que d’ordinaire sur une même période. Cette campagne a suivi
la promulgation d’une loi limitant l’exercice de la psychothérapie aux seuls thérapeutes
titulaires d’une autorisation. Un site Internet a également été ouvert.
Sur les 400 cas ainsi recensés, 40 à 80 sont graves. Trois nouveaux enquêteurs spécialisés ont dû être recrutés. Ils ont été étonnés de constater que « ce n’est pas tant
l’argent qui motive ces gens que la recherche de pouvoir, le désir d’exercer un ascendant ». Devant l’ampleur de la tâche, les enquêteurs sont obligés de traiter en priorité
les dossiers « les plus inquiétants ».
Rose-Marie Charest, présidente de l’Ordre, est satisfaite : « L’impact est manifeste. On
a réussi à amener les gens à s’interroger sur la compétence des gens qu’ils consultent ».
(Source : La Presse, 20.12.2013)
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BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
à signaler
Désamorcer l’islam radical - Ces dérives sectaires qui défigurent l’islam
Dounia Bouzar, Editions De L’atelier, 16/01/2014
Anthropologue du fait religieux, spécialisée dans la gestion de la laïcité au sein des institutions et des entreprises, Dounia Bouzar1 trace, dans son ouvrage, la frontière entre
islam et radicalisme sectaire. Elle y dénonce les incessantes confusions qui génèrent
une inquiétante stigmatisation, des amalgames qui, selon l’auteure, profitent toujours
aux radicaux. Pour écrire son ouvrage, Dounia Bouzar a recueilli des exemples d’endoctrinement sur des sites radicaux où, durant six mois, elle a virtuellement endossé le
rôle de quatre personnages : deux hommes et deux femmes. De cette expérience, elle
est ressortie abattue. L’auteure a voulu donner des repères pour décrypter le discours
des musulmans radicaux, son évolution et ses codes, la quête obsédante de pureté du
groupe, l’invention du concept de guerre sainte, le mépris du féminin et sa déshumanisation… D’autant que le radicalisme musulman « ne concerne que la minorité de la
minorité ». Le phénomène concerne principalement des jeunes, « souvent fragilisés »
et qui ont en commun de ne se sentir appartenir à aucun territoire. A travers ses recherches, l’auteure n’est pas parvenue à comprendre comment ces jeunes pouvaient
basculer aussi rapidement. Elle a cependant constaté que le « basculement intervient
souvent dans des familles très claniques après un évènement déstabilisant tel qu’un
divorce, un parent au chômage ou un décès. » Pour Dounia Bouzar, le discours radical
propose à ces jeunes « une identité de substitution », la promesse de devenir des êtres
« supérieurs » aux chrétiens, aux juifs ou aux musulmans et d’être seuls détenteurs
de la vérité. Comme dans le discours sectaire, « on fait croire aux jeunes qu’ils sont
élus et que « les autres » vont tenter de les raisonner parce qu’ils sont jaloux… » Ils
construisent des frontières infranchissables entre eux et « les autres », matérialisées
par le niqab pour les femmes ou la longue barbe pour les hommes. Le mimétisme
remplace peu à peu le raisonnement. Ils perdent progressivement leur identité, certains allant jusqu’à brûler leurs photos. Mais le discours de ces prédicateurs conduit
à l’auto-exclusion. Leur programme, c’est la purification du monde ; en cela ils sont
totalitaires. En promettant du « pur religieux », ils coupent les adeptes de la culture
arabo-musulmane. On observe au sein de l’islam l’émergence de « nouveaux mouvements religieux ». Selon Dounia Bouzar, l’islam est devenu une religion utilisée par
1 Nommée récemment à l’Observatoire de la laïcité, Dounia Bouzar est spécialisée dans les faits religieux.
Elle a reçu de nombreux prix tel que celui de Chevalier de l’Ordre des palmes académiques en 2009.
BulleS - N°121 - 1er trimestre 2014
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des terroristes. Pour Dounia Bouzar, la loi française sur l’interdiction du port du voile
intégral n’est pas stigmatisante. Ce qui l’est, c’est de considérer qu’une femme couverte d’un drap noir est une musulmane. Pour elle, les radicaux ont gagné la bataille
du niqab puisque 95% des français croient que le port du voile intégral correspond à
une application stricte du Coran. Or, le niqab existe depuis une soixantaine d’années
seulement. L’auteure pense que la société, en général, doit réagir. Les élus et responsables de terrain ne doivent plus craindre d’être taxés d’islamophobes ou de nourrir le
terreau du Front National en s’attaquant au problème. « Ce qui est islamophobe, c’est
d’entretenir la confusion entre musulmans et radicaux ». C’est « l’inaction qui favorise
la montée de l’extrême droite ». L’anthropologue estime que c’est aux musulmans de
dénoncer les dérives sectaires. Il faut que les musulmans acceptent de les désigner pour
que l’État puisse leur appliquer les lois sur l’emprise mentale. Dounia Bouzar a souhaité
écrire ce livre afin qu’on arrête de suspecter les musulmans pratiquants d’être des
intégristes et de voir les radicaux comme de simples musulmans. « Nous devons priver
les radicaux de leur justification religieuse en les considérant pour ce qu’ils sont : des
endoctrinés ayant besoin d’aide psychosociale pour les uns, des meurtriers sanguinaires
pour les autres. » En donnant à chacun les clés pour comprendre et analyser le discours
islamophobe ainsi que celui des musulmans radicaux, Dounia Bouzar montre qu’il est
possible de vivre ensemble sans discrimination, sans laxisme ni communautarisme.
(D’après l’éditeur & 20minutes, 15.01.204 & Le Nouvel Observateur, 16.01.2014 & La Croix,
28.01.2014)
La médecine postmoderne prend le pouvoir
Jean Brissonnet, Books on Demand, 2013.
Après « Les pseudo-médecines, un serment d’hypocrites » (book-e-book, 2003) et « Les
médecines non conventionnelles ou les raisons d’une croyance » (book-e-book, 2009),
Jean Brissonnet nous livre dans son dernier ouvrage le bilan de 15 ans de réflexion sur
la pratique médicale actuelle.
Luttant depuis toutes ces années contre toute forme de charlatanisme dans le domaine de la santé, l’auteur constate qu’aujourd’hui on n’adhère pas aux médecines
non conventionnelles pour ce qu’elles sont, puisque leur principe est généralement méconnu, mais par rejet de la médecine conventionnelle. Jean Brissonnet se montre sans
concession sur l’évolution récente de la médecine. Il analyse les rapports et articles qui
montrent comment les institutions, qui jusque-là servaient de rempart à la médecine
basée sur les preuves, semblent céder au langage lénifiant des marchands de bien-être.
Bien que restant attaché à la médecine, l’amertume de l’auteur est palpable.
Jean Brissonnet s’est attaché à faire comprendre comment la médecine moderne a
évolué et pourquoi elle subit les « assauts » d’une médecine postmoderne qui a bien
l’intention de la supplanter et semble en passe d’y parvenir.
(D’après l’éditeur & Science & Pseudo-Sciences n°307, janvier 2014)
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La revue trimestrielle de l’UNADFI
Bulletin de liaison pour l’étude des sectes
Directrice de publication : Catherine Picard
Rédigé par l’équipe de l’UNADFI - Paris
Maquette et mise en page  : Nicolas Thouvenin - [email protected]
Impression : COMPEDIT BEAUREGARD S.A.
Zone industrielle Beauregard - 61600 LA FERTE MACE
ISSN 0758-3370
Numéro tiré à 2500 exemplaires
Union Nationale des Associations de Défense
des Familles et de l’Individu victimes de sectes
Centre d’accueil, d’étude et de documentation sur les mouvements sectaires
L’UNADFI est une association nationale qui informe sur le phénomène
sectaire et joue un rôle essentiel dans la prévention et l’aide aux
victimes à travers les 29 associations locales de défense des familles et
de l’individu (ADFI) et les 8 antennes.
L’UNADFI regroupe et coordonne les ADFI depuis 1982. Elle a été reconnue
d’utilité publique en 1996, et a reçu les agréments du Ministère de
l’Éducation nationale, ainsi que du Ministère de la Jeunesse, des Sports
et de la Vie associative.
L’UNADFI est membre associé de l’Union Nationale des Associations
Familiales (UNAF), membre actif de la Fédération Européenne des
Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme (FECRIS) et reste
indépendante de tout mouvement religieux, idéologique ou politique.
UNADFI - Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes
1, rue du Tarn - 78200 - BUCHELAY - Tél.: 01 34 00 14 58 - Fax : 01 34 00 14 57
Siret n° : 335 255 956 00047
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04 68 47 72 00
04 73 90 03 69
05 56 52 15 04
06 78 77 68 14
06 31 04 05 33
03 25 05 78 26
06 11 74 25 11
02 99 51 10 06
04 67 79 70 68
04 77 38 99 07
05 53 69 37 75
04 78 62 33 49
03 80 41 80 65
05 96 71 67 07
05 34 41 44 95
06 27 60 51 16
02 51 88 95 20
02 41 87 44 03
03 20 57 26 77
02 31 74 48 48
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La liberté et le respect des personnes ne peuvent être des
prétextes pour abandonner les individus sans information
et sans défense à des organisations spécialisées dans la
mise sous dépendance dont les objectifs réels sont très
éloignés de leurs thèmes de séduction.
Prix unitaire : 6,50 € (France) - 8 € (Étranger)
Bulletin trimestriel Bulles - ISSN 0758-3370

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