Salariés de Scop : un bon plan
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Salariés de Scop : un bon plan
DOSSIER Salariés de Scop : un bon plan ? La question du pouvoir d’achat des salariés est au cœur de l’actualité. Et les Scop font plutôt figure de bonnes élèves. Si le salaire moyen y est à peu près équivalent à celui ayant cours dans les petites et moyennes entreprises (PME), la rémunération annuelle des salariés des Scop dépasse celle des autres entreprises de plus de 1 000 € grâce à la participation. D epuis quelques mois, les questions de rémunération occupent le devant de la scène médiatique, mais sont aussi devenues la préoccupation majeure des salariés. “Retraite chapeau” de tel grand patron équivalente à plusieurs milliers d’années de Smic, baisse du pouvoir d’achat, modération salariale généralisée, profits mirobolants des grandes entreprises… « Les récentes revendications salariales ne sont […] pas le fruit d’une illusion d’optique liée à l’annonce de profits boursiers records », écrit Pierre Concialdi, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) 1. « Pour la majorité des salariés, qui ne peuvent compter que sur les revenus de leur travail, le niveau de vie relatif a considérablement chuté depuis vingt ans », poursuit-il. Pour les autres, qui disposent de revenus du patrimoine, moins dure a été la chute. Priorité à la rémunération du travail La priorité donnée à la rémunération du travail est précisément au cœur de la pratique coopérative. La part de la valeur ajoutée consacrée aux salaires est beaucoup plus élevée dans les Scop que dans le Participer 611 juin / juillet / août 2005 • 17 DOSSIER tait à 1 940 €, en progression de 1,4 % par rapport à l’année précédente, mais en recul si l’on considère la hausse du coût de la vie (+ 2,1%). Salaire mensuel brut moyen en € en 2003 par taille de l’entreprise et évolution sur 2002-2003 et sur 1999-2003 Par taille Moins de 10 salariés 10-50 salariés 51-200 salariés Plus de 200 salariés Total 2003 2 004 € 1 986 € 1 933 € 1 822 € 1 940 € 2002-2003 +6% + 1,2 % + 2,9 % - 3,4 % + 1,4 % 1999-2003 + 11,5 % + 9,2 % + 14,3 % + 30,3 % + 15,2 % 2002-2003 +3% +5% +4 % + 4,8 % - 2,8 % - 9,3 % +3% - 8,1 % + 22 % + 1,4 % 1999-2003 + 15,6 % + 5,5 % + 8,9 % + 4,2 % + 12,7 % + 4,3 % + 3,1 % + 38,1 % + 59,5 % + 15,2 % Salaire mensuel brut moyen en € par secteur en 2003 et évolution sur 2002-2003 et sur 1999-2003 Par secteur 2003 BTP 1 915 € Communication, arts graphiques 2 410 € Fonderie, travail métaux, électricité 2 003 € Bois, ameublement, carton, verre 1 849 € Alimentation, agriculture, horticulture 1 563 € Textile, cuirs 1 276 € Services intellectuels 2 122 € Services matériels 1 724 € Divers 1 904 € Total 1 940 € Source : Central des bilans de la CG Scop reste des entreprises : elle se situe à plus de 80 % en moyenne dans les coopératives, contre 57 % pour la France, en baisse de 0,5 % en 2004. Certes, la grande majorité des Scop sont concentrées dans des secteurs très “consommateurs” de main-d’œuvre, comme le BTP ou les services (respectivement 30 % et 45 % des Scop). Mais cela s’explique également par la manière dont est réparti le résultat de l’entreprise, puisque plus de 45 % des bénéfices sont affectés à la “part travail”, constituant le plus souvent la participation distribuée à tous les salariés, qu’ils soient coopérateurs ou non. Les contraintes du marché En moyenne, et toutes fonctions confondues, les salaires versés dans les Scop se situent quant à eux dans la fourchette de ceux des entreprises classiques de même taille ou de même secteur. En juin 2004, dans les entreprises de moins de 10 salariés, le salaire mensuel brut moyen s’élevait à 2 010 € 2 , contre 2 004 € pour les Scop de même taille en 2003. Compte tenu des augmentations collectives de 2004, le salaire moyen ver18 • juin / juillet / août 2005 Participer 611 sé dans les Scop de moins de 10 salariés a été légèrement supérieur à celui des entreprises classiques de même taille. Mais les Scop sont avant tout des PME qui n’échappent pas aux contraintes du marché et à la conjoncture. Ainsi, en 2003, le salaire brut moyen en Scop a moins progressé que l’inflation en raison du ralentissement de l’activité. Il se mon- Le rôle de la participation Mais en Scop, le salaire n’est qu’une partie de la rémunération globale. Avec la participation, la rémunération des salariés des Scop de moins de 10 salariés dépasse largement celle des entreprises de taille équivalente, avec 2 282 € mensuels. Les travailleurs des Scop bénéficiaires de moins de 50 salariés ont touché en moyenne 2 844 € 3 au titre de la participation en 2002, contre 1 838 € pour ceux des entreprises classiques de même taille, tous dispositifs de participation financière confondus (intéressement, participation et plan d’épargne entreprise). Et ceux-ci ne concernent qu’une toute petite minorité des salariés des PME, alors qu’à l’inverse, plus de 98 % des Scop ont un accord de participation. La participation joue donc un rôle clé dans la gestion de l’évolution de la rémunération des salariés des Scop. Fondée sur l’aléa économique, la participation n’est pas un “salaire déguisé”. Ce n’est pas non plus une prime, puisque ses modalités de calcul et de versement doivent être les mêmes pour tous les salariés. Mais on peut parler de ‘’rémunération différée’’, car le choix fait par les coopératrices et les coopérateurs d’affecter la plus grande partie du résultat à Où en est le pouvoir d’achat des salariés français ? La question du pouvoir d’achat est au cœur du débat politique et économique. A juste titre. Car les rémunérations des salariés ont progressé de moins de 3 % en 2004, soit de moins de 1 % une fois l’inflation déduite. Quant au salaire net moyen sur la période 2001-2003, il était même en régression de 0,12 % (source Comptabilité nationale). De quoi expliquer l’atonie de la consommation et un mécontentement croissant dans un contexte où les profits bruts (avant impôts et amortissements) des entreprises ont augmenté en 2004 plus de trois fois plus vite que les salaires. Cette inégalité sert-elle au moins à financer les investissements nécessaires pour assurer la croissance future ? Pas si sûr. Les grandes entreprises n’utilisent pas leurs bénéfices pour investir davantage, mais pour verser des dividendes à leurs actionnaires et se désendetter. 34 % des bénéfices des entreprises du CAC 40 ont été versés en dividendes en 2003 (contre 29 % aux Etats-Unis et 11 % dans les Scop). Quant aux petites et moyennes entreprises, elles sont prises en tenaille entre des grands donneurs d’ordres qui exercent une pression constante sur les prix et une consommation des ménages qui stagne désespérément. PASCAL CANFIN DOSSIER la “part travail” (48 %, contre 40 % pour les réserves et 12 % pour les dividendes) montre bien la priorité accordée aux salariés. Au total, si les Scop ne peuvent – et ne souhaitent – pas s’exonérer des contraintes du marché, elles font clairement le choix de l’emploi et de la rémunération du travail dès que les marges de manœuvre financières le permettent. A l’Acome, les commerciaux ne touchent pas de rémunération variable en fonction de leur chiffre d’affaires, comme c’est habituellement le cas pour ces fonctions Privilégier le collectif Pour autant, « ce n’est pas parce que nous avons de bons résultats que nous augmentons les salaires, explique Daniel Aurouze, le PDG d’Etec, une Scop du bâtiment installée à Gap (Hautes-Alpes). Il y a danger si l’activité se ralentit. Nous donnons la priorité à la part variable du revenu. » Mais quand les résultats sont bons, tous les salariés (associés à 95 %) en bénéficient très largement. Dans la plus grande Scop de France, Acome, « l’idée est de privilégier la variable collective plutôt que la variable individualisée, car il est plus intéressant de s’intéresser à la performance collective », défend le directeur des ressources humaines, Philippe Garnavault. Ainsi, les commerciaux ne touchent pas de rémunération variable en fonction de leur chiffre d’affaires, comme c’est habituellement le cas pour ces fonctions. LOÏC ABRASSART 1. « Le niveau de vie des salariés : de la “modération” à la régression ? », La note de Cerc-Association n° 11, mai 2005. 2. Sauf mention contraire, tous les chiffres cités dans cet article sont ceux des différentes études de la Dares, le service statistique du ministère de l’Emploi, disponibles sur www.travail.gouv.fr/publications 3. Sur l’ensemble des Scop, bénéficiaires ou non, la participation moyenne est de 1 741 €. La rémunération dans les Scop comparée à la moyenne des entreprises Salaire mensuel brut moyen dans les entreprises de moins de 10 salariés en 2004 Salaire mensuel brut moyen dans les Scop de moins de 10 salariés en 2003 Montant moyen de la participation et de l’intéressement par salarié dans les entreprises de moins de 50 salariés en 2002 Montant moyen de la participation par salarié dans les Scop de moins de 50 salariés en 2002 2 010 € 2 004 € 1 838 € 2 844 € Les Scop, des entreprises plus égalitaires Bas salaires plus élevés et hauts salaires modérés, la majorité des Scop pratiquent une échelle de salaires plus resserrée que leurs concurrents. Certaines, minoritaires, vont même jusqu’à l’égalité des rémunérations. E galitaires, les Scop ? Autant que faire se peut, et surtout bien plus que la moyenne des PME. Au-delà du salaire moyen, ce qui différencie la majorité des Scop, c’est la recherche d’une moindre inégalité entre les hauts et les bas salaires. « Le ratio entre ouvriers et cadres est de 2,02, contre 2,16 il y a deux ans », précise Philippe Garnavault, directeur des ressources humaines d’Acome. « La hiérarchie des salaires est assez écrasée », les ouvriers étant payés 20 % au-dessus du marché ou du bassin d’emploi, notamment avec des primes permanentes compensant le travail de nuit ou la pénibilité. La distribution de la participation elle-même est en fonction incluant intéressement et participation, le rapport entre le salaire le plus bas et le plus haut est de 1 à 3,4, soit plus de 20 000 € bruts annuels pour les premiers salaires. A Disposelec, une entreprise de commerce de gros basée en Loire-Atlantique, « tous les premiers salaires sont au-dessus du marché de l’ordre de 40 %. Les plus hautes rémunérations sont en Michel Plaze, PDG de Disposelec revanche inférieures de 20 % à ce qui se pratique ailleurs », déclare Michel Plaze, le PDG. L’échelle des salaires (hors salaire du dirigeant) est de formatique Alma, dans l’Isère, pratique 1 à 3, et le salaire minimum (magasinage un éventail des rémunérations de 1 à 3,8. ou nettoyage), avec deux ans d’ancienL’intéressement est le même pour tous, neté, est supérieur à 22 000 € bruts et la participation dépend pour une par an, intéressement et participation moitié du salaire et pour l’autre de l’aninclus. cienneté, “plafonnée” à douze ans. En de l’ancienneté, par tranche de cinq ans. Entrés dans l’entreprise au même moment, le PDG et une employée touchent la même chose. L’entreprise d’in- « Tous les premiers salaires sont au-dessus du marché de l’ordre de 40 %. Les plus hautes rémunérations sont en revanche inférieures de 20 % à ce qui se pratique ailleurs. » Participer 611 juin / juillet / août 2005 • 19 DOSSIER Alma La transparence salariale d’AEL améliore son image Chez Alma, Scop d’informatique de 60 salariés, le salaire le plus élevé est moins de 4 fois supérieur au plus bas. La valeur de la personne Certaines Scop, minoritaires, vont encore plus loin en pratiquant l’égalité des salaires. A l’imprimerie La Contemporaine, en Loire-Atlantique, « la masse salariale est équivalente à celle des entreprises du secteur, soit 57 % de la valeur ajoutée, explique Christine Noblet, chargée de la paie. Mais avec une répartition différente, puisque les salaires sont égalitaires. » La Péniche, une Scop de communication de 9 salariés située à Paris, n’a pas attendu d’adopter le statut coopératif (en 2004) pour fonctionner avec des salaires égalitaires. « Toutes les personnes ont la même valeur, même si elles n’ont pas les mêmes compétences. Il n’y a donc pas de raison valable pour que quelqu’un touche plus d’argent pour vivre », argumente Alain Détolle, un des fondateurs de cette entreprise autogérée. Le salaire horaire est donc le même pour tous, seul le temps de travail varie, entre 20 et 30 heures par semaine. Au-delà (soit 1 700 € nets par mois), l’entreprise embauche (ce qu’elle vient de faire), « car nous ne voulons pas aller au-delà du salaire moyen français », précise Alain Détolle. Une pratique qui n’est pas réservée à quelques militants historiques. Jeune pousse informatique toulousaine, Kalimetrix fonctionne également sur le principe du salaire identique. « Nous L’argent étant tabou en France, très peu d'entreprises acceptent de parler ouvertement et en public de leur politique salariale. Lorsque les journalistes de l’émission Capital sur M6 ont voulu aborder ce sujet, et montrer comment se déroulaient les négociations salariales, toutes les entreprises sollicitées ont refusé sauf une : la Scop AEL (Avenir Electrique de Limoges), qui a ouvert ses portes pour un tournage de plus d’un mois. Dans un premier temps, le résultat a fortement déçu l’équipe dirigeante de la Scop qui s’est sentie flouée d’avoir répondu pleinement à toutes les demandes qui leur étaient faites sans aucune considération ni retour en échange, en particulier pour évoquer les atouts du statut Scop (voir l’entretien avec Daniel Marie, PDG d’AEL dans Participer n° 610. Aujourd’hui, le bilan est plus favorable, puisque selon Daniel Marie, les commerciaux de l’entreprise ont constaté que le passage dans l’émission avait renforcé la crédibilité de l’entreprise auprès de sa clientèle. PIERRE LIRET avons le même métier, à peu près les mêmes qualifications et la même ancienneté », explique Marc Thirion, le gérant. Si l’entreprise a été créée en 2003, les quatre « Toutes les personnes ont la même valeur, même si elles n’ont pas les mêmes compétences. » salariés ont déjà participé à des créations d’entreprises classiques dont le fonctionnement, notamment sur les salaires, ne leur convenait pas. « Ce n’est pas forcément un système qui sera maintenu indéfiniment, reconnaît Marc Thirion. Mais pour le moment, c’est satisfaisant idéologiquement et pratiquement. » Alain Détolle, cofondateur de la Scop La Péniche LOÏC ABRASSART Est-il plus difficile de recruter des cadres en Scop ? Les cadres et les dirigeants sont-ils les oubliés des Scop en matière de salaires ? Avec des salaires souvent plus bas que la moyenne et en l’absence de primes de résultats individualisées, les coopératives ont-elles du mal à recruter des cadres supérieurs de haut niveau ? Des études récentes menées par les délégations régionales de l’Insee sur les salaires des cadres dans l’économie sociale et solidaire (les coopératives, mais aussi les mutuelles et les associations), montraient que ceux-ci sont inférieurs de 12 % pour les hommes et de 7,5 % pour les femmes aux montants constatés dans les entreprises capitalistes. Pour Michel Plaze, PDG de Disposelec, « ce n’est pas un obstacle ». C’est même « une contrainte assumée » dans cette Scop, où les cadres sont payés environ 20 % en dessous du marché. « On ne recrute pas un cadre, au choix, sur ses compétences, ses qualités humaines ou son attachement aux principes coopératifs, mais sur les trois à la fois », explique-t-il. Et cette démarche est plutôt bien comprise, selon lui. A Alma, une Scop d’informatique de l’Isère, les jeunes ingénieurs sont embauchés un peu au-dessus du marché, « car, à l’embauche, le dispositif de participation ne semble pas attractif immédiatement », estime Christophe Lacote, le gérant. Puis, leur évolution salariale est modérée : les salaires se retrouvent au niveau moyen au bout de cinq ans et plutôt en dessous ensuite. « Ceux qui restent sont intéressés par le fonctionnement en Scop », juge Christophe Lacote. Et la société connaît finalement peu de turn-over. Une solution qui implique de recruter des jeunes diplômés et d’avoir la taille suffisante pour leur offrir une véritable évolution de carrière. Ce qui n’est pas toujours possible… L. A. ¬a Contemporaine L’imprimerie La Contemporaine, 25 salariés, pratique l’égalité des salaires. 20 • juin / juillet / août 2005 Participer 611 DOSSIER Comment discute-t-on des salaires dans les Scop ? Comme dans toutes les entreprises, les salaires sont négociés chaque année dans les Scop. Avec quelques spécificités, comme une plus grande transparence des rémunérations et un recours plus limité aux augmentations individuelles au profit d’une gestion collective. C e n’est pas parce que l’on est son propre patron que l’on peut s’augmenter à volonté ! Les Scop aussi suivent les règles légales en matière de négociation salariale, et font preuve de prudence quant aux augmentations. Comme dans toutes les entreprises, des discussions ont lieu chaque année pour savoir si l’on peut augmenter les salaires, de combien… et au bénéfice de qui ! Avec une différence de taille : le dirigeant et le conseil d’administration, élus par les coopérateurs, doivent rendre des comptes à leurs associés en matière salariale. La transparence de gestion propre aux Scop incite nombre d’entre elles à rendre disponibles auprès de tous leurs salariés le montant des rémunérations de chacun et les critères d’augmentation salariale. Quel cadre collectif ? Quelle qu’en soit la manière, la décision ou non d’accroître la masse salariale est toujours discutée dans un cadre collectif. Jusqu’à ces dernières années, chez Acome, en l’absence de représentation du personnel, l’usage voulait que le montant de l’enveloppe soit discuté en comité d’entreprise. Désormais, c’est après discussion entre le délégué syndical et la direction qu’est décidée la somme allouée aux augmentations. A l’imprimerie La Contemporaine, qui pratique des salaires égalitaires, les augmentations se discutent par le biais de deux commissions, l’une “sociale”, qui se prononce au nom des salariés, et l’autre de “gestion”, qui prend en compte les données financières de l’entreprise. Une fois leurs avis rendus, c’est le collectif d’associés qui tranche. Récemment, il a décidé de l’oc- « Plus les salaires sont discutés de manière collective, moins les augmentations sont individualisées. » miné par les entretiens annuels d’évaluation. A Disposelec, en Loire-Atlantique, c’est une commission salariale, compoChristophe Lacote, gérant de la Scop Alma sée de représentants de la délégation unique du personnel, de la direction et du troi de chèques déjeuner au lieu d’une conseil d’administration, qui émet des augmentation des salaires. recommandations pour faire évoluer le personnel dans les différents échelons Augmentations de rémunération. Si c’est bien la direcindividuelles ou égalitaires ? tion qui choisit in fine, la règle est de ne Une fois la décision prise d’accorder des pas négocier de salaire individuelleaugmentations, le plus souvent par le ment. « Toutes les personnes qui ont la conseil d’administration, le choix entre même fonction, à compétences et à resaugmentations individuelles ou collecponsabilités égales, ont la même rémunétives est du ressort de la direction et ration », selon une grille des salaires d’autres instances élues ou spécifiques. votée en conseil d’administration, assure L’arbitrage entre augmentations indiviMichel Plaze, le PDG. duelles et collectives peut répondre à des logiques très différentes. Une étude Enveloppe globale récente du ministère de l’Emploi 1 Chez Alma, une entreprise d’informaconstate que les petites entreprises pritique iséroise, chaque département vilégient les augmentations générales, (logiciels, internet, vente de microalors que les plus grandes ont des praordinateurs) possède une grande autotiques plus diversifiées, combinant augnomie de gestion et de décision. Chaque mentations individuelles et collectives. responsable « fixe les augmentations en respectant l’enveloppe globale dont il dispose, par le biais d’entretiens individuels et de discussions dans les réunions de département », explique Christophe Lacote, son gérant. « Dans la pratique, les seuls changements de salaire importants sont le fait d’un Cette année, le conseil d’administration changement de fonction ou d’une montée d’AEL, Scop située en Haute-Vienne, en qualification », assure-t-il. Le fait de avait décidé de dédier la hausse de 4 % publier les salaires pousse à peu de variapour moitié à une augmentation collections. Et, selon Christophe Lacote, « plus tive et pour l’autre à des augmentations c’est discuté en collectif, moins les augindividuelles. Les ouvriers d’Acome, mentations sont individualisées ». dans la Manche, perçoivent tous la même augmentation, alors que techniL. A. ciens et cadres ont une augmentation 1 Disponible sur www.travail.gouv.fr individuelle, dont le montant est déter- Le dirigeant et le conseil d’administration, élus par les coopérateurs, doivent rendre des comptes à leurs associés en matière salariale. Participer 611 juin / juillet / août 2005 • 21