Créer son entreprise, c`est créer son emploi

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Créer son entreprise, c`est créer son emploi
27 février 2015
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"Créer son entreprise, c'est créer son emploi"
Par Tiphaine Thuillier publié le 27/02/2015 à 16:47, mis à jour à 18:33
Le ministre du Travail a signé, jeudi 26 février, une convention de
parrainage de la première promotion de l'Ecole des entrepreneurs
BGE, un dispositif expérimental destiné à des jeunes en emplois
d'avenir souhaitant entreprendre.
François Rebsamen au ministère du Travail le jeudi 26 février en compagnie de la première promotionde l'Ecole des
entrepreneurs du réseau BGE.
La salle des Accords du ministère du Travail résonne de rires et de mots. 28 garçons et filles sur
leur 31 ont investi les lieux pour en rencontrer l'hôte. Un hôte, François Rebsamen, qui ne
boude pas son plaisir face à cet auditoire plus jeune qu'à l'accoutumée et se lance même dans
un rapide cours d'histoire sociale. "Dans cette salle les Accords de Grenelle ont été signés. Vous
n'étiez pas nés mais moi si. Et c'est là qu'on a réévalué le salaire horaire minimum à 3 francs",
raconte le ministre.
Il faut dire que l'homme est plus habitué aux chiffres du chômage et aux réunions avec des
partenaires sociaux plus ou moins bienveillants, rencontrer une promotion de jeunes est un
petite bouffée d'air frais et d'espoir. Et, entre deux plaisanteries et séances d'applaudissements,
les remerciements aux différents partenaires de l'opération se succèdent.
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Car ce nouveau dispositif expérimenté en Picardie regroupe une vaste chaîne d'acteurs :
ministères, Caisse des Dépôts, Conseil Régional de Picardie, Conseil Général de l'Oise et enfin le
réseau BGE. Le principe est simple : proposer à des jeunes éligibles aux emplois d'avenir et
ayant un projet entrepreneurial une formation, un accompagnement et une rémunération à
hauteur du Smic pendant au moins un an.
"Quand on m'a parlé de ce système, j'y croyais pas, raconte Yoro, 22 ans. J'allais avoir un salaire
et du temps pour me consacrer à mon projet de fast food sénégalais revisité." Son camarade
Julien, 23 ans, abonde dans son sens : "Signer un contrat d'un an et avoir cette somme tous les
mois, c'est assez énorme. Et ça va me permettre de mettre de coté pour ma future entreprise
de dépannage téléphonique."
"Créer son entreprise, c'est créer son emploi"
Beaucoup des jeunes de cette promotion le disent, la création d'entreprise n'était pas
forcément le modèle professionnel auquel ils pensaient spontanément mais, faute de formation
ou d'emploi, elle s'est imposée comme une piste à la fois solide et désirable. "Nous avons deux
profils différents dans cette promotion: un petit groupe de jeunes diplomés, titulaires d'un
Bac+2 ou +3, par exemple, mais qui n'ont pas réussi à s'insérer sur le marché du travail et ont
enchainé périodes de chômage et petits emplois en intérim, explique Sébastien Dottin, de BGE
Picardie. Et l'autre groupe, majoritaire, des jeunes sans diplôme aux parcours parfois
compliqués qui connaissent les pires difficultés à décrocher le moindre contrat."
Si comme le souligne Myriam El Khomri, Secrétaire d'État chargée de la Politique de la ville,
également présente jeudi 26 jancier, "créer son entreprise, c'est créer son emploi", il faut aussi
se former. Et c'est à ce stade que se déploie le savoir faire du réseau BGE, qui affirme avoir
permis la création de de 17 000 entreprises l'an dernier.
"Je suis suivi par un référent avec qui je parle de mon projet et qui m'a déjà permis d'évoluer et
d'affiner mon envie", explique Julien. Depuis quelques jours, j'ai commencé un stage dans une
société de réparation de téléphones, qui doit durer deux mois." Ensuite, Julien et ses camarades
réaliseront des bilans de compétences entrepreneuriales et bénéficieront de formation
personnalisée sur la gestion avant de confronter sa future entreprise en rejoignant une
couveuse. "Il faut au moins une année entière pour déployer cet accompagnement et permettre
de lancer les projets, commente Sébastien Dottin. Mais ils auront le temps de se tromper ou
d'évoluer car les emplois d'avenir nous permettent d'aller jusqu'à trois ans."
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Un dispositif pérennisé ?
S'il s'avère concluant, cette mesure sera peut-être étendu et pérennisé. Outre le coût des
salaires porté par l'Etat, ce dispositif revient à 100 000 euros pour une promotion de trente. "Ce
serait formidable de pouvoir modéliser un contrat de cette nature permettant à des gens
éloignés de l'emploi et de l'entrepreneuriat de se lancer, espère Sébastien Dottin. On peut
imaginer ça pour les jeunes mais aussi pour des plus de 50 ans, deux populations frappées par le
chômage."
Au delà de l'emploi, si cette école d'entrepreneurs permet d'insuffler confiance et espoir à ces
jeunes entravés par des contraintes financières ou une formation jugée trop légère, le pari sera
certainement gagné. "J'ai déjà la sensation d'avoir beaucoup appris, analyse Yoro. Et tant pis si
j'échoue, je sais que j'aurais accumulé un savoir-faire me permettant de repartir. Et c'est ça le
plus important quand on est entrepreneur, savoir rebondir."

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