Aigues-Mortes

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Aigues-Mortes
Aigues-Mortes
Aigues-Mortes est une commune française, située dans le département du
Gard et la région Languedoc-Roussillon.
Géographie
Par le réseau routier, Aigues-Mortes est située à 35 km environ de
Nîmes (préfecture du Gard) et 30 km de Montpellier (Hérault). À vol
d'oiseau : 32,5 km de Nîmes et 26 km de Montpellier.
Le territoire communal est composé d'une partie de la plaine
humide et des étangs de Petite Camargue. Il est séparé du golfe du Lion (mer
Méditerranée) par la commune du Grau-du-Roi. Aigues-Mortes est
cependant reliée à la mer par le canal du Grau-du-Roi.
Ainsi les communes de Saint-Laurent-d'Aigouze et Le Grau-du-Roi sont
limitrophes à la commune d'Aigues-Mortes. Ses habitants
s'appellent les Aigues-Mortais et Aigues-Mortaises et
aigamortencs en occitan.
Aigues-Mortes est l'une des 79 communes membres du Schéma de
cohérence territoriale SCOT du Sud du Gard et fait également partie
des 34 communes du pays Vidourle-Camargue. Aigues-Mortes est l'une
des 4 communes Loi Littoral du SCOT du Sud du Gard.
Étymologie et vocabulaire
Attesté sous le forme latinisée Aquae Mortuae en 1248.
Le nom procède de l'occitan Aigas Mòrtas « eaux mortes », c'est-àdire « eaux stagnantes », équivalent des types toponymiques de
langue d'oïl « Morteau »
Le nom d’Aigues-Mortes provient des marais et des étangs qui
s'étendaient autour du village et aussi du fait qu'il n'y a jamais eu
de vives eaux à Aigues-Mortes.
Grau est issu de l'occitan grau « étang avec bief ». Ainsi Grau du
Roy signifie en français « étang du Roi ».
Histoire
Antiquité
Un Romain du nom de Peccius aménage les premiers marais salins
et donne son nom au marais du Peccais. L'exploitation du sel avait
commencé dès le néolithique et s'était continuée à la période
hellénistique. Mais l'exploitation antique des salins n'a donné lieu
à aucune découverte archéologique majeure et il est prévisible que
ces vestiges aient été détruits par les installations des salins
moderne.
Moyen Age
Louis IX
croisade
sur une nef, au départ d'Aigues-Mortes, lors de la septième
Plan d'Aigues-Mortes et de ses accès à la mer
Plan d'Aigues-Mortes
En 791, Charlemagne fait ériger la tour Matafère, au milieu des marécages,
pour la sûreté des pêcheurs et des ouvriers des salins. Certains
avancent que la signalisation et la transmission des nouvelles
n’étaient pas étrangères à l’édification de cette tour destinée à
donner l’alerte, en cas d’arrivée d’une flotte, à la tour Magne, à Nîmes.
La vocation de cette tour passe du plan guerrier au plan spirituel
quand Charlemagne l’octroie à l’abbaye de Bénédictins, consacrés à
l’Opus Dei (l'œuvre de Dieu) et dont les incessantes psalmodies,
de jour comme de nuit, font désigner leur couvent du titre de
Psalmody ou Psalmodi. Ce couvent existe en 812, comme le
confirme un acte de dotation faite par le Nîmois Badila à l’abbaye
À cette époque, les habitants, qui vivent dans des cabanes en
roseau, tirent leur subsistance de la pêche, de la chasse et de la
production du sel produit dans différents petits marais salants en
bordure de mer. La région est alors sous la domination des moines
de l'abbaye de Psalmodie.
En 1240, Louis IX, qui veut se débarrasser de l'emprise des marines italiennes pour le
transport des troupes pour les croisades, s'intéresse à la position stratégique
que représente ce lieu pour son royaume.
À cette époque, Marseille appartient à son frère Charles d'Anjou, roi de
Naples, Agde au Comte de Toulouse et Montpellier au roi d'Aragon. Louis IX
souhaite un accès direct à la mer Méditerranée. Il obtint des moines de
l'Abbaye la ville et les terres alentours par échange de propriétés.
Les habitants sont exemptés de la gabelle, impôt prélevé sur le sel
qu'ils peuvent prendre sans contrainte.
Il construit une route entre les marais et y bâtit la tour Carbonnière pour
servir de tour de guet et ainsi protéger l'accès à la ville. Saint-Louis
construit ensuite la tour de Constance pour abriter sa garnison. En 1272,
le fils et successeur de Louis IX, Philippe le Hardi, ordonne la poursuite
de la construction de remparts pour ceinturer complètement la
petite ville. Les travaux ne s’achèveront que 30 ans plus tard.
C'est de cette ville que Louis IX part par deux fois pour les
Croisades : la septième croisade en 1248 et la huitième croisade en 1270 pour Tunis,
où il meurt de dysenterie.
1270 constitue à tort, pour beaucoup d'historiens, la dernière étape
d'un processus engagé à la fin du XIe siècle. Le jugement est hâtif
car le transfert de croisés ou de mercenaires à partir du port
d'Aigues-Mortes a continué. L'ordonnance donnée en 1275 au
chevalier Guillaume de Roussillon par Philippe III le Hardi et le
pape Grégoire X après le concile de Lyon de 1274 en guise de
renfort à Saint-Jean d'Acre en Orient, démontre que l'activité
maritime y perdure toujours en vue d'une neuvième croisade qui
n'aura jamais lieu. De ce fait de 1270 découle la croyance
populaire voulant que la mer atteigne Aigues-Mortes à cette
époque. En fait, comme le confirment les études de l'ingénieur
Charles Léon Dombre, l'ensemble du port d'Aigues-Mortes comprenait le
port proprement dit, qui se trouvait dans l'étang de la Marette, le Canal-Viel
et le Grau-Louis, le Canal-Viel étant le chenal d'accès à la mer.
C'est approximativement sur le Grau-Louis qu'est construite
aujourd'hui La Grande-Motte.
Au début du XIVe siècle, Philippe le Bel utilisa le site fortifié pour y
incarcérer les Templiers. Entre le 8 et le 11 novembre 1307, quarante-cinq
d'entre-eux furent mis à la question, reconnus coupables et retenus
prisonniers dans la Tour de Constance.
Période moderne
Aigues-Mortes conservait encore ses privilèges accordés par les
rois. Curieusement c´est un des grands protestants en la personne
de Jean d´Harambure dit « le Borgne », commandant des chevaux légers
du roi Henri IV et ancien gouverneur de Vendôme qui sera nommé
gouverneur d'Aigues-Mortes et de la Tour Carbonnière le 4
septembre 1607. Pour ce faire, il prête serment entre les mains du
connètable Henri de Montmorency, alors gouverneur du Languedoc. Mais
celui-ci catholique, soutient le rival Adrien de Chanmont, Seigneur
de Berichère. Le conflit dure jusqu´en 1612 et Harambure ,
soutenu par les pasteurs du Bas-Languedoc et les habitants finit
par avoir raison d´autant qu´il a l´appui personnel de la reine. Il
fini par démissionner le 27 fevrier 1615 en faveur de son fils Jean
d´Harambure, mais le roi Louis XIII le rétablit pour six ans. Le 27
Juillet 1616 il quitte ses fonctions au profit de Gaspard de Coligny,
non sans avoir obtenu un témoignage de reconnaissance des
magistrats et consuls de la ville.
Au début du XVe siècle, d'importants travaux sont entrepris pour
faciliter l'accès d'Aigues-Mortes à la mer. L'ancien Grau-Louis,
creusé pour les croisades, est remplacé par le Grau-de-la-Croisette
et un port est creusé à l'aplomb de la Tour de Constance. Celui-ci
perd son importance, dès 1481, lorsque la Provence et Marseille sont
rattachés au royaume de France. Seule l'exploitation du sel du marais
er
de Peccais incite François I , en 1532, à faire relier les salins d'Aigues-Mortes à la
mer. Mais ce chenal, dit Grau-Henri, s'ensable à son tour.
L'ouverture, en 1752, du Grau-du-Roi résout pour un temps le
problème. Celui-ci trouve enfin une solution, en 1806, en
transformant Aigues-Mortes en port fluvial grâce au Canal du Rhône à
Sète.
•
Le canal du Rhône à Sète traversant Aigues-Mortes
Lettre de M. Fargeon, administrateur des Canaux d’AiguesMortes, 25 novembre 1806
Le canal du Rhône à Sète en 1915
Économie
Agriculture
Les toits d'Aigues-Mortes, les remparts puis les salins et la mer
•
Culture de la vigne et de l'asperge.
•
L'élevage de taureaux et de chevaux de Camargue. Les deux sont élevés
pratiquement à l'état sauvage dans les marais environnants.
• Le taureau camarguais est plus petit que les taureaux de
combat espagnol, trapu, les cornes et la tête hautes. Il
mesure environ 1,40 m au garrot. Il est principalement
destiné à la course à la cocarde qui est très populaire
dans la région.
• Le cheval de Camargue est le compagnon indispensable
des gardians pour se déplacer dans les marais et trier les
taureaux. D'après certaines découvertes d'ossements, il
semblerait que le cheval de Solutré de l'ère quaternaire soit
son ancêtre. De ce fait, le cheval de Camargue n'est pas
très grand, 1,50 m environ. Il possède une énorme
résistance adaptée au terrain. Sa robe est marron à la
naissance pour progressivement devenir blanche après
quelques années.
•
Industries
•
Production du sel par l'exploitation salinière du groupe Salins.
Sans doute exploitées dès l'Antiquité, les salins d'Aigues-Mortes
attirèrent pêcheurs et sauniers. Les moines bénédictins y
établirent dès le VIIIe siècle l'abbaye de Psalmodie, afin
d'exploiter cette denrée précieuse dans les étangs de Peccais.
Les salines resteront très longtemps une des principales
ressources de la ville. Pour parvenir aux « tables saunantes »,
l'eau pompée dans la mer parcourt plus de 70 km dans les
roubines; la concentration de chlorure de sodium y passe de
29 à plus de 260 g/l. Récolté mécaniquement, le sel est
amoncelé en de scintillantes « camelles » avant d'être
conditionné. On le réserve à l'usage alimentaire.
Tourisme
• Le patrimoine médiéval des XIIIe et XIVe siècles de la
commune et sa proximité de la mer attirent de nombreux
touristes et des résidents.
Vue aérienne d'Aigues-Mortes
Fluvial
La ville d'Aigues-Mortes est à un carrefour de canaux :
• canal du Rhône à Sète
venant du nord-est et repartant vers l'ouest,
vers le sud-est, et qui rejoint le Petit Rhône par
l'intermédiaire d'autres canaux aux limites du Gard et des
Bouches-du-Rhône,
et le grau du roi, entretenu depuis le Moyen Âge et reliant
Aigues-Mortes à la partie centrale du Grau-du-Roi.
• canal de Bourgidou
•
Ferroviaire
La Ligne Nîmes - Le Grau-du-Roi dessert les villes et villages des Costières et
du littoral, avec terminus au Grau-du-Roi. Elle est également utilisée
pour le transport du sel fabriqué par une des exploitations
salinières du groupe Salins
Centre-ville d'Aigues-Mortes
Culture locale
La fougasse d'Aigues-Mortes
La fougasse appartient aux premières pâtisseries à base levée. Elle
peut être sucrée (dénommé parfois « tarte au sucre ») ou salée
(avec ou sans gratillons).
Traditionnellement, la confection de la fougasse au sucre à
Aigues-Mortes était réservé à la période de Noël, au sein des treize
desserts. À base de pâte à brioche, sucre, beurre et fleur d'oranger,
elle était fabriquée par le boulanger avec les ingrédients apportés
par le client. À présent, la fougasse d'Aigues-Mortes se vend toute
l'année.
Lou Drapé
Lou Drapé est un cheval imaginaire mentionné dans le folklore local,
qui était censé se promener la nuit autour des remparts de la ville,
prendre 50 à 100 enfants sur son dos, et les faire disparaître « on
ne sait où ».
Monuments et curiosités
La tour de Constance et les remparts
Vue panoramique des remparts. Vue du Sud-Est, côté mer
Tour de Constance
Médaille de la tour de Constance à Aigues-Mortes en souvenir de
Marie Durand qui y fut enfermée, par le peintre-graveur Paul
Sarrut (1948)
La tour de Constance, fut érigée en 1242 par Saint Louis sur l’ancien
emplacement de la tour Matafère, construite par Charlemagne vers 790, pour
abriter la garnison du roi. Les travaux se terminèrent en 1254.
Son diamètre est de 22 mètres, sa hauteur au sommet de la
lanterne est de 33 mètres ou 40 mètres selon diverses sources…
L’épaisseur des murs à la base est de 6 mètres.
Au rez-de-chaussée, on trouve la salle des gardes avec son accès
protégé par une herse. Au centre de la pièce, une ouverture
circulaire permet d’accéder aux sous-sols qui servaient de gardemanger, de réserve de munitions et aussi de cachots. Ce lieu
s’appelait les « culs de basse fosse ».
Au premier étage, on accède à la salle des chevaliers. Elle
ressemble de par sa structure à la salle des gardes. C’est dans cette
salle que furent emprisonnées au XVIIIe siècle des protestantes dont la
plus connue fut Marie Durand qui grava sur la margelle du puits le mot
« résister ». Ce mot est toujours visible de nos jours. Elle fut
emprisonnée à l’âge de 15 ans et libérée 38 ans plus tard, avec des
prisonniers politiques (Abraham Mazel, chef camisard).
Entre ces deux salles, un étroit chemin de ronde, fut construit dans
l'épaisseur du mur pour surveiller la salle basse.
Après la salle des chevaliers, on accède à la terrasse qui offre un
large panorama sur la région, représentant ainsi un poste idéal de
surveillance. Les prisonnières étaient quelquefois autorisées à
venir y respirer l’air pur.
Les remparts se déploient sur une longueur de 1600 mètres.
Spectaculaires par leur hauteur et l'état de leur conservation (ils
n'ont pas été restaurés au XIXe siècle comme cela fut le cas, par
exemple, pour Carcassonne), ils constituent, avec la tour de
Constance, un témoignage exceptionnel en Europe occidentale de
l'architecture militaire en milieu marécageux aux XIIIe et XIVe
siècles.
Le classement de cet ensemble à l'Unesco serait parfaitement justifié.
Cette procédure est malheureusement contrariée par les
classements déjà effectifs de sites très proches tels le Pont du
Gard, Avignon ou Arles…
•
La tour Carbonnière
Située sur la commune de Saint-Laurent-d'Aigouze, la tour Carbonnière
est citée pour la première fois dans un texte daté de 1346 qui donne
des précisions sur la fonction de l’ouvrage. Il y est dit que « cette
forteresse est la clé du royaume en cette contrée. » En effet, située
au milieu des marais, elle était le passage obligé pour accéder à
Aigues-Mortes. Elle était tenue par une garnison composée d’un
châtelain et de plusieurs gardes. Depuis sa terrasse qui pouvait
supporter jusqu’à quatre pièces d’artillerie, on a une vue
panoramique sur la Petite Camargue.
L’église Notre-Dame-des-Sablons
Elle a vraisemblablement été construite avant les remparts, vers le
milieu du XIIIe siècle, à l'époque de saint Louis et est de style
gothique. Collégiale en 1537, elle fut saccagée par les protestants en 1575.
Après la reconstruction du clocher en 1634 elle devint
successivement sous la Révolution, temple de la Raison, caserne, magasin à
grains et entrepôt de sel. Elle fut rendue au culte en 1804 et
restaurée dans un style "néo classique-baroque" assez chargé. De
e
1964 à 1967 tout ce décor XIX disparait, notamment les plafonds à
caissons, pour laisser place à l'église beaucoup plus sobre et dans
l'esprit médiéval que nous voyons aujourd'hui. Depuis 1991, des
vitraux créés par Claude Viallat, artiste contemporain appartenant au
mouvement artistique Supports/Surfaces, donnent à l'édifice une lumière
et une couleur extraordinaires. Le reste du mobilier XVIIIe et XIXe
siècles a disparu à cette occasion à l'exception de quelques statues.
La façade est surmontée d'un très sobre clocher à peigne abritant 3
cloches. La plus importante, 1,07m de diamètre, date de 1740,
classée MH elle fut réalisée par le maître fondeur Jean Poutingon.
L'église abrite aussi une statue de saint Louis.
Église Notre-Dame-des-Sablons
Statue de saint-Louis dans l'église
Reste d'un crucifix dans l'église de Notre Dame des Sablons
La chapelle des Pénitents gris
Située à l'est de la Place de la Viguerie, elle est la propriété de la
confrérie des Pénitents gris créée en 1400. La façade est du style Louis XIV. La
porte d'entrée du XVIIe siècle est ornée d'une statue en bois.
Retable sculpté en 1687 par Sabatier.
À l'intérieur, un retable représente la passion du Christ. Il fut construit
en stuc de plâtre gris en 1687 par le sculpteur montpelliérain
Sabatier. Ce retable, sur lequel figurent les armoiries de la
confrérie, occupe tout le fond du chœur.
La chapelle des Pénitents blancs
Située à l'angle de la rue de la République et de la rue LouisBlanc, elle appartient à la confrérie des Pénitents blancs crée en 1622.
Au-dessus du chœur, sur la voûte, on peut voir une copie du retable de
Jérusalem où le Christ a célébré la Pâque et le jeudi Saint avec ses apôtres.
Autour du maître-autel, une peinture sur toile retrace la descente
du Saint Esprit le jour de la Pentecôte. On l'attribue à Xavier Sigalon,
peintre né à Uzès en 1778. De chaque côté du chœur se dressent deux
statues : à gauche saint Félix pour la rédemption des captifs, à droite
saint Jacques le Mineur, premier évêque de Jérusalem.
La place Saint-Louis
Statue de Saint Louis
Elle est le cœur touristique de la cité. Au centre, face à l'entrée
principale de la Porte de la Gardette, est érigée la statue de Saint Louis,
œuvre de James Pradier en 1849.