Rencontre avec Grégoire BAUDONNEL Agriculteur Bio et éleveur à

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Rencontre avec Grégoire BAUDONNEL Agriculteur Bio et éleveur à
Un des plus beau métier du monde, le plus important, le plus vital, le plus généreux.
Le métier qui permet de nous nourrir tout en pensant à l’avenir de nos enfants tout en
respectant notre environnement: Agriculteur Bio !
Rencontre avec Grégoire BAUDONNEL
Agriculteur Bio et éleveur à NASSIRAH
Quelques défis de l’agriculture biologique: observer
d’avantage le sol, prévenir au lieu de guérir, trouver la
bonne combinaison entre les différents facteurs,
optimiser, construire la fertilité du sol…
Bonjour Grégoire, pourriez vous vous présenter?
Bonjour, je suis agriculteur et éleveur à Nassirah, sur la
commune de Boulouparis sur une petite exploitation de 13ha
en association avec mon frère. Nous avons un petit troupeau
de brebis allaitantes et nous produisons des légumes et un
peu de fruits. Nous sommes installés depuis ce mois d'avril.
Nous conduisons tout cela! selon les règles de l'agriculture
biologique et sommes en voie de conversion et
de!certification par Bio Calédonia.
Le bio est-il inné chez vous? Avez vous toujours été sensibilisé?
Je suis né dedans. Mon père était agriculteur bio. Il a refusé le virage de la chimie dès
la fin des années 50.
Nous produisions des céréales (blé, orge, seigle, sarrazin), des légumes, des fraises et
nous avions des vaches de race montbéliarde. Nous transformions tout ça en farine,
pain, beurre, fromage... Je ne me souviens pas que nous ayons eu des pestes (animales
ou végétales).
Pourriez vous nous parler de vos débuts dans l'agriculture?
J'ai fait une école d'agronomie, aussi je suis toujours resté en lien avec l'agriculture et
le monde agricole. Mes débuts en tant qu'agriculteur sont très récents, avril de cette
année. Ce fut cependant une longue gestation, ma première tentative d'installation
remonte à 2007... Sinon depuis le mois d'avril, les réflexes et les gestes reviennent vite
et la nature est surprenante de générosité. J'avais fini par l'oublier.
Quels conseils pourriez vous donner aux personnes qui souhaitent
convertir leur culture en bio et bannir l'utilisation de pesticides?
Il faut changer sa perception de la nature : celle-ci peut vous aider bien plus que tous
les intrants chimiques qui la meurtrisse. Pour 1 Insecte, champignon ou bactérie
nuisible, il y en a 999 qui sont utiles.!Il faut donc les préserver et non les tuer, créer les
conditions des équilibres qui!sont favorables à vos productions et non pas pratiquer une
politique de la terre brûlée qui ne peut être durable. En premier il faut améliorer la vie
de son sol qui n'est pas un simple substrat, pour réveiller sa fertilité, abîmée par des
années d'empoisonnement. Cela passe par le compost mais il existe aussi, en
complément, des préparations microbiennes fort efficaces et utiles. Choisissez des
engrais organiques, ils nourrissent le sol qui s'occupe de nourrir la plante. Ainsi votre
sol saura mobiliser tout ce dont votre plante a besoin.
Vous vendez directement aux consommateurs, les paniers commencent à
être bien garnis, quels sont les légumes à venir pour les mois qui arrivent?
Après les laitues, les chicorées, les radis,
navets, choux chines, sont venues les
tomates, pomme de terre, concombres,
courges
et
carotte.
Les
poivrons,
aubergines, choux vert, rouge,!rave ou fleur,
oignons, cèleris, pastèques et melons feront
sans doute leur apparition d'ici la fin de
l'année. Nous avons aussi planté ananas,
bananes figues, papayers, manioc et patates
douces dont les productions s'étaleront
l'année prochaine.
Combien de paniers pouvez vous actuellement fournir? Souhaitez vous
augmenter cette capacité?
Actuellement
nous
servons
une
quarantaine de consommateurs dont une
partie prend des 1/2 paniers. Notre
objectif serait d'en servir le double d'ici la
fin de l'année et de doubler encore l'année
prochaine.
Que pensez vous de la place de l'écologie en Calédonie?
Elle avance à grand pas même si parfois cela peut ressembler à du "green washing"
de la part de certains industriels ou institutions. Depuis 15 ans, beaucoup de choses
ont évolué positivement et les prises de consciences se sont développées. Il faut
dire que nous partions d'assez loin. Peu peuplée, la Nouvelle-Calédonie ne se sentait
pas trop concernée, notamment par la pollution. Il reste cependant beaucoup à
faire et le temps reste compté : notre biodiversité, nos sols, notre eau sont les
richesses inépuisables (contrairement au nickel) que nous transmettrons à nos
enfants.
Vous êtes aussi président de l'association Biocalédonia, quels sont vos objectifs?
Faire grandir l'agriculture bio en Nouvelle
Calédonie
et
la
garantir
auprès
du
consommateur. Ce sont les buts de l'association.
Aujourd'hui nous avons 26 producteurs certifiés
(j'espère en être d'ici la fin de l'année), mais la
production est encore insuffisante face à la
demande très forte des consommateurs. Je suis
aussi particulièrement attaché à la dimension
participative de l'association : consommateurs et
producteurs
y
travaillent
ensemble,
bénévolement, pour vous garantir la qualité bio
des productions. C'est la seule organisation
professionnelle agricole de Nouvelle Calédonie à
travailler, producteur et consommateur, main
dans la main pour construire cette agriculture.
C'est essentiel dans un monde où les peurs
alimentaires, parfois justifiées, se développent.
Nous recréons du lien entre ceux qui produisent
ce que les autres mangent.
Quels sont vos projets?
J'en ai toujours plein la tête ! Faire du fourrage bio, des céréales aussi (du blé pour la
farine, peut-être même du sarrazin) et cultiver des oléagineux (soja, tournesol) pour
l'huile bio bien sûr mais aussi pour les tourteaux pour l'alimentation animale. J'installe
une petite vanilleraie et je voudrais produire du poivre, du café et du cœur de cocotier.
Le terroir
que je soigne!peut produire tout cela.
!!!!
Ou pouvons nous vous joindre?
Si vous aussi vous voulez participer au développement du bio, rejoignez Bio Calédonia.
Nous avons des groupes locaux à Nouméa, Bourail, Houaïlou, Koné, Lifou, Maré et nous
avons besoin de nouveaux producteurs et du soutien des consommateurs, notamment
en brousse où nous avons peu de ces derniers. Vous trouverez nos coordonnées sur
www.biocaledonia.nc
Merci à vous de nous nourrir et d’œuvrer pour laisser de belles choses à
nos enfants!