L`autobiographie
Transcription
L`autobiographie
La mémoire prise sur le vif : Stendhal (La Vie d’Henry Brulard), par exemple, exclu la rature, contre l’artifice qui cacherait la vérité. L’autobiographie révèle la fécondité de l’introspection : « je suis le seul à me découvrir et faire passer du particulier au général. » (Michel Leiris dans L’Age d’homme). Il existe une « idéologie autobiographique » qui repose sur l’autonomie du sujet et la virtuelle transparence à soi. L’œuvre devient un acte anthropologique (étude de l’homme) chez Rousseau ou un acte de transgression sociale chez Gide (Si le grain ne meurt). A travers cette idéologie, le sujet se rassure quant à l’existence floue de son moi devant la complexité du monde. Mais cette idéologie fondée sur le sujet est contestée par la critique contemporaine qui proclame « la mort de l’auteur » (Roland Barthes). Mais l’autobiographie doit être prise en compte avec l’œuvre globale de l’auteur. Les Confessions de Rousseau contiennent une explication de ses œuvres : dans une écriture seconde, il réinvestit ce qui a déjà été écrit et applique les théories du philosophe à un espace non fictionnel (au contraire d’Emile). De même, Enfances de Nathalie Sarraute reprend l’écriture et le système stylistique propres aux fictions de l’auteur. En conclusion, l’autobiographie utilise in vivo, dans le monde de la vérité, des procédés d’abord propres aux formes littéraires traditionnelles de la fiction. Limites du genre !" Les limites de l’autobiographie sont incluses dans sa richesse. En prétendant expliquer les textes antérieurs, elle ne fait que créer un cercle et non une ouverture. De plus la vérité ne peut s’appliquer réellement, de manière scientifique, qu’à la perception du présent et non à un passé insaisissable. D’où la nouveauté de Stendhal qui saisit sur le moment. En rédigeant une autobiographie, l’auteur pousse ses lecteurs à lire ses autres œuvres dans une optique autobiographique. Se crée alors une certaine idée de la lecture comme acte de communication entre les personnes, où tout se rapporte à la vie de l’auteur. II. « Je est un autre » (Rimbaud) exorcisent la fuite du temps, les erreurs de la vie (dans la continuité de Rousseau), ou se donnent comme des exemples de vie. Au siècle dernier, ce genre s’inscrit dans un autre corps de la création littéraire, pour devenir un laboratoire d’écriture. Mais la morale bourgeoise en fait un bilan de vie, pour l’instruction. Dans le cadre du monde ouvrier, l’autobiographie est un objet de militantisme. Avec cette multiplication éditoriale ; le texte d’écrivain ne représente plus qu’une petit partie des autobiographies. Le terme n’a été inventé qu’en 1800 et la diffusion massive des textes commence à partir de 1830, du fait de l’attrait croissant du public pour la dimension personnelle dans l’écriture. Le genre se diversifie au XXe siècle par une compilation de textes hybrides. Apparaissent alors : • les récits de vie, • les histoires de vie intérieure, • les livres-entretiens où l’oral prend finalement la place de l’écrit dans l’autobiographie. La fin du XXe offre un phénomène de masse de l’autobiographie : le courrier du cœur, le témoignage vécu, dont la diffusion dans la presse augmente le public. Dans cette pratique, on assiste à un gommage progressif de l’écriture qui montre l’individu comme un produit commun de la société (en cela l’exemple de Loana est évident). III. Récit autobiographique, journal intime Le récit autobiographique mélange les éléments fictionnels et autobiographiques. L’auteur transpose dans le genre de la fiction, le récit, certains aspects de la vie psychologique et événements biographiques. On peut ainsi opposer dans l’œuvre de Chateaubriand Les Mémoires d’outre-tombe, qui relève de l’autobiographie, et René, qui transpose quelques épisodes particuliers de sa vie et des traits psychologiques de l’auteur. D’autres auteurs sont plus familiers du récit autobiographique uniquement : Un barrage contre le Pacifique de Duras. Au contraire de l’autobiographie qui est écrite en fin de vie, de manière rétrospective, le journal intime (ex : Journal des frères Goncourt) colle au plus près de l’instant. Ecrit au fil des événements, il porte donc une part de sincérité plus grande. Au contraire de l’autobiographie, les souvenirs et les mémoires sont moins construits, plus narratifs et portent sur l’événement. Date : 06-2002 ISSN : en cours Expert : Paul Petit Encore plus de choix sur le 3214 ! Mais l’autobiographie n’est pas l’apanage des écrivains. A partir du XIXe siècle, elle devient une pratique démocratique. On assiste à la multiplication d’écrits de non-écrivains et de journaux intimes : hommes politiques, femmes de la Cour, Journal d’Anne Frank,... Ces œuvres Editeur : MemoPage.com SA © Auteur : Sébastien Porte *0,34 €/mn + tarif de votre opérateur. Voir liste des opérateurs, tarifs et mobiles compatibles au 0 805 907907 (appel gratuit depuis un fixe). Service disponible au 10/03/2003 et susceptible d’évoluer. Bouygues Telecom – 20 quai du Point du Jour – 92100 Boulogne Billancourt. SA au capital social de 606 661 789,28 € 397 480 930 RCS Nanterre. Service ouvert aux téléphones fixes et mobiles, recommandé par Bouygues Telecom L’individu s’explique par son histoire ; son enfance. C’est une version individualiste et réaliste du mythe des origines. Dimension historique du moi : Les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand. C’est la dérive romantique de l’autobiographie. Faces de l’autobiographie !" Le modèle canonique de l’autobiographie est Les Confessions de Rousseau. Il prend son essor pendant la Renaissance, et plus encore après 1750, en lien avec l’individualisme bourgeois. Mais ses sources sont multiples : • L’« art de soi » de la sagesse antique. Maxime de Socrate : « Connais-toi toi-même. » Ceci conduit aux Essais de Montaigne. • La tradition chrétienne : mener à bien le salut de son âme. Ainsi l’autobiographie spirituelle de Saint Augustin, Les Confessions, qui témoigne de la puissance de Dieu et donne de l’importance à l’individu. Cette tradition se poursuit par la pratique de la confession religieuse, comme autocontrôle biographique, aussi bien chez les catholiques que les protestants. • Les livres de raison qui sont une chronique familiale, ayant pour origine les livres de compte des commerçants. Cette tradition se développe dans la classe marchande, imitant les mémoires des familles aristocratiques. A partir des ces traditions, l’autobiographie se crée en remplaçant Dieu par l’individu et la disparition du collectif. Naissance de l’autobiographie !" I. Moi, je L’autobiographie est à la fois une forme littéraire et un acte social. Au contraire de la fiction, elle présente un individu réel, qui a un souci de vérité. L’auteur y donne pour le lecteur le spectacle de sa vie dans le but de l’édifier, l’instruire ; mais il tente aussi dans son texte de s’expliquer et de séduire. Du côté du lecteur est la volonté de rencontrer un autre être humain, une autre époque ; en bref autrui, pour réfléchir sur sa propre expérience. Mais l’autobiographie est avant tout une œuvre d’art : l’auteur travaille le langage dans le soucis de traduire sa vérité. Avec le L’autobiographie , personnalisez votre mobile