N°117 - Unadfi

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N°117 - Unadfi
Mars 2013 - 1er trimestre
BulleS
Prise de conscience,
un chemin semé
d’embûches
N°117
La revue trimestrielle de l’UNADFI
BulleS
N°117
Sommaire
1
Éditorial
2
Que sait-on de : Mouvement pour l’Intégration Spirituelle
dans l’Absolu (MISA)
5
Trente ans dans un groupe apocalyptique - Témoignage
10
Témoins de Jéhovah : décryptage
15
Aliénation et prise de conscience - Note de lecture
17
Soeurs contemplatives de Saint-Jean
21
Parc d’Accueil : procès de Lisieux
25
FAITS ET NOUVELLES
Ministère des Affaires sociales et de la Santé - Conseil de
l’Europe - FECRIS - Cour Européenne des Droits de l’Homme
29
REVUE DE PRESSE
France : Phénomène sectaire - Amma / Maison Amrita Scientologie - Evangéliques - Santé / Justice
Étranger : Législation (Italie) - Pouvoirs publics (Belgique) Aum (Japon) - Ashram Shambala (Russie) - FLDS (Etats-Unis) Scientologie (Belgique, Etats-Unis) - Témoins de Jéhovah
(Canada)
45
à signaler
Le patriarche. Anne Barest
Les gourous de l’Apocalypse
The Master
Retrouvez toutes les informations de l’UNADFI sur notre site : www.unadfi.org
Éditorial
La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a condamné la France pour violation de la liberté de pensée, de conscience et de religion, invoquant le non respect
de l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme. Les procédures
fiscales intentées contre trois mouvements sectaires ont été invalidées, tout comme
l’avaient été celles concernant l’association Témoins de Jéhovah, en 2011, par un
arrêt qui fait office de jurisprudence en la matière.
Certes, la nature de ces décisions reste technique et fiscale, pour autant nous nous
interrogeons sur les motivations de la Cour qui semble considérer que tous ces groupes
seraient « religieux » quels que soient leur forme juridique, leurs statuts et leurs actions. Le premier arrêt porte pour titre « association cultuelle du Temple pyramide »
et les redressements contestés portent sur la période 93-95. Or cette association,
créée en 1991 et dissoute en 1995, était une association Loi 1901 et ne pouvait être
qualifiée de cultuelle au sens de la Loi de 1905. Son statut ne lui permettait donc
pas de bénéficier des exonérations prévues par l’article 795-10 du code général des
impôts. La Cour ne semble pas avoir tenu compte des avis des différentes instances
juridiques qui confirmeront le bien fondé de l’action des services fiscaux.
En 1995, le Conseil d’Etat a, de son côté, confirmé l’annulation du permis de
construire du temple prévu pour la célébration du culte de l’aumisme .
Consciente de ce que les décisions conjointes des pouvoirs publics allaient nuire
financièrement à leur activité, l’association se dissoudra, et reportera ses actifs sur
une autre association, l’Association du Vajra triomphant… manière connue d’organiser son insolvabilité. Une conception du droit anglo saxonne et globalisante conduit
la Cour a un raisonnement très éloigné de la conception française. En décidant du
statut à octroyer à tel ou tel, elle fait fi du droit national. Elle favorise ainsi l’amalgame entre secte et religion, permettant aux mouvements sectaires de se considérer
comme absouts de toute manœuvre frauduleuse, de l’exploitation de leurs adeptes et
d’atteinte à leurs droits fondamentaux.
Au nom des familles et des personnes victimes de ces mouvements, nous demandons
à l’Etat français la saisine de la Grande chambre pour un réexamen de ce dossier.
Catherine Picard, présidente de l’UNADFI
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Que sait-on de : Mouvement pour
l’Intégration Spirituelle dans l’Absolu (MISA)
Le mouvement pour l’Intégration Spirituelle dans l’Absolu (MISA) a été fondé au
début de l’année 1990, en Roumanie, par Gregory Bivolaru (dit Greg), enseignant
de yoga depuis 1978. En 1982, à la suite d’une tentative d’entrisme politique de
la Méditation Transcendantale, toute forme de yoga fut interdite en Roumanie.
Greg fut emprisonné trois mois en 1989. Libéré à la chute du président Ceaucescu, il a créé l’école de Yoga MISA, une association à but non lucratif qui s’est rapidement développée jusqu’à comporter des dizaines de milliers d’élèves méditant
ou yogis, et 250 lieux de méditation dans le pays. Elle anime également deux
« camps d’été » pour des rassemblements internationaux. L’association organise
chaque année un concours de beauté et l’élection d’une miss Shakti.
Greg, avec sa vingtaine de lieutenants, souvent roumains, dont plusieurs
sortent du milieu du cinéma porno, a longtemps été surveillé par la police et
discrédité par des campagnes de presse le considérant comme un escroc, un
trafiquant d’êtres humains et un responsable de réseaux de prostitution, y
compris infantile. Il a quitté la direction de MISA, en 1995, tout en continuant
à dispenser cours et conférences.
En 2005, évoquant ses incarcérations passées et l’acharnement judiciaire
dont il se dit la victime, il a obtenu l’asile politique en Suède pour risque de
« procès non équitable ».
En 2008, MISA a été exclu de la Fédération Internationale de Yoga et de l’Alliance
Européenne de Yoga pour activités commerciales illicites. En réponse, il a créé la
Fédération Européenne de Yoga qui inclut tous ses centres européens.
Aujourd’hui, le mouvement s’est établi dans 33 pays dont 25 européens,
comptant un ou plusieurs centres, ashrams ou écoles par pays. D’après le site
de MISA, les centres prennent des dénominations variées selon les pays : Misa
http://psiram.com/fr/index.php/MISA
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yoga ou yoga ésotérique (Roumanie,Suède), Natha yoga (Danemark), Tara yoga
ou Tantra yoga et Spiritualité et éveil féminin (Grande Bretagne et Irlande),
Ananda yoga (Pays Bas), Satia yoga (Russie), Triputa Sundari (Italie), Maha yoga
traditionnel (Allemagne), Shambala yoga (Suisse).
En France, il existe plusieurs centres Lux Solis (Nice), Centre 665 (Montpellier), Soleil et NISA (Poitiers), Soleil (Mirecourt), Yoga traditionnel et Santé ou
Tantra69 (Pantin).
Doctrine et pratiques
L’enseignement de MISA et de ses principales filiales à l’étranger est basé sur
les yogas traditionnels hindous, pour l’essentiel le Tantra yoga, enrichis de vie
saine et végétarienne et d’ésotérismes divers. à la différence d’autres écoles,
Bilovaru promet d’abord le yoga spirituel : « Le Tantra yoga ne signifie pas seulement érotisme, mais aussi chemin spirituel pour dire oui à la vie, à l’éveil, au
détachement ». Il s’agit pour les femmes « de se libérer sexuellement de leurs
inhibitions afin de laisser fleurir l’esprit divin », et aux hommes de faire venir
des femmes et de les aider dans cette démarche.
Ainsi sont enseignés des principes masculin de Shiva et féminin de Satki, la
femme étant considérée comme portant en elle 10 déesses (Kali, Tara, Tripura
Sundari, etc) dont les fonctions et énergies spécifiques sont symbolisées par
les 10 rayons d’une roue.
L’astrologie, l’ayurveda, la parapsychologie, l’ennéagramme, font aussi partie de l’instruction.
MISA est connu pour ses méditations collectives censées modifier le cours des
évènements, comme en 2004, un triangle de regroupements de yogis entre trois
sites de rassemblement au Danemark, en Grande-Bretagne (Stonehenge), en
Roumanie, pour agir sur un tremblement de terre aux états-Unis. D’autres triangles ont été organisés entre Stonehenge et d’autres lieux en Islande, Finlande,
Allemagne, ou Italie selon les années. MISA ordonne également des regroupements de plusieurs milliers de méditant disposés en yang spirales très serrés,
par paires homme-femme et selon leur signe astrologique. Pour « éviter la fin du
monde le 21-12-2012 », des triangles et yang spirales ont été organisés.
http://www.huffingtonpost.com/stewart-j-lawrence/european-yoga-porn-cult-e_b_2011380.html
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Des pratiques qui interrogent
MISA est régulièrement accusé de sélectionner (de façon humiliante) et d’initier des jeunes femmes à la sexualité, de choisir leurs partenaires, de filmer
leurs ébats hard core et d’en tirer profit. Plusieurs « stars du cinéma porno »
font partie du staff. Certaines d’entre elles ont été envoyées au Japon, leur
passeport confisqué, pour travailler dans des bars à pole dance ou strip-tease.
Tout l’argent recueilli revient à l’organisation, y compris celui obtenu par des
faveurs sexuelles. C’est le KarmaYoga traduit par le mot service.
Dans le passé, Bivolaru et ses lieutenant(e)s auraient ainsi abusé des jeunes
filles, parfois des teen agers ; ils sont aujourd’hui plus prudents pour ne pas
tomber sous le coup des lois nationales.
MISA a, de longue date, été habitué aux critiques de la presse, à des témoignages négatifs sur internet ou à des investigations privées. Un film documentaire finnois de 2005, « The Dark Side of a Tantric Cult », est très critique
vis-à-vis de l’association.
La personnalité de Bivolaru est controversée, ses soutiens ont varié selon les
années, les hommes politiques roumains sont divisés sur la question.
Dernier rebondissement
Les 6 et 7 décembre 2012, la police italienne a fait une perquisition massive
dans vingt-cinq domiciles et centres de yogis italiens. Dix-huit personnes seraient
sous le coup d’investigations pénales pour recrutement en vue de prostitution,
pornographie, esclavage sexuel, orgies sexuelles à caractère violent.
http://www.huffingtonpost.com/stewart-j-lawrence/european-yoga-porn-cult-e_b_2011380.html et
blogue
http://misa-yoga2.blogspot.fr/2010/02/dark-side-of-tantric-cult.html
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Trente ans dans un groupe
apocalyptique
Témoignage
Irène a été adepte d’un groupe apocalyptique basé non loin du désormais célèbre pic de
Bugarach . Enfermée durant 30 ans dans une prison mentale, elle estime que le moins qu’elle
puisse faire, c’est de témoigner pour que d’autres ne tombent pas dans un tel enfer.
Nous publions ici des extraits de son intervention lors du colloque organisé par la FECRIS,
à Perpignan le 15 octobre 2012, complétés par quelques précisions qu’elle a livrées à la
presse locale.
Rencontre avec son gourou
Irène a 20 ans lorsqu’elle rencontre son gourou pour la première fois. Elle
le croise à Nice, dans la librairie ésotérique de son oncle. D’emblée, elle fait
confiance à cet homme qui se présente comme un guérisseur-magnétiseur et
connaît la famille car sa mère a déjà fait appel à lui . Comme bien des jeunes
à son âge, Irène est mal dans sa peau, fragilisée par une situation familiale
pesante. Le guérisseur ne met pas longtemps à déceler ses failles. Très vite,
il prétend être un grand mage et avoir des dons. Il se prétend aussi maître
spirituel. Il explique que les grandes Traditions religieuses et philosophiques
parlent toutes d’un âge d’or perdu par la faute des hommes et qu’un jour surviendra l’apocalypse et une ère nouvelle. car le Monde, gouverné par le Mal,
court à sa perte.
Il prétend dialoguer avec celui qu’il appelle « le Père ». Cette voix qui le
guide lui a révélé que sa mission est d’oeuvrer pour le salut de l’humanité,
de se préparer pour l’apocalypse, et poser les bases d’une nouvelle société.
Ses adeptes seront protégés lors de l’apocalypse et contribueront à édifier
une ère nouvelle régie par les lois divines universelles. Il assure Irène que leur
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rencontre n’est pas fortuite et qu’elle est une élue comme lui, qu’il a besoin
d’elle pour sa mission… Il convainc Irène que leur rencontre n’est pas fortuite,
qu’elle est une élue comme lui et qu’il a besoin d’elle pour sa mission…
Départ pour la mission
Il lui demande de quitter Nice et de le rejoindre dans l’Aude, expliquant,
pour la convaincre qu’un tsunami doit s’abattre sur Nice. C’est ainsi qu’elle est
entraînée vers Rennes-le-Château, non loin des commanderies templières et des
châteaux cathares, et du pic de Bugarach.
Elle apprend que « le Père » aurait révélé l’existence de l’Arche d’Alliance.
D’après le gourou, cette « Arche d’Alliance » du temple de Salomon, trésor des
Wisigoths et fruit d’une technologie extra-terrestre, serait une arme primordiale
au jour de l’apocalypse. Des extraterrestres, tenant les humains sous leur emprise et disposant d’une base souterraine et de portes temporelles permettant
des voyages interstellaires, devront être combattus.
Au cours des années
Sur le terrain, Irène découvre des fouilles, un campement secret et permanent
à Camps sur Agly. Pour mener à bien l’importante mission, il fallait vivre dans un
état de siège. Soumis au stress permanent, les adeptes se sont terrés comme un
commando dans leur campement. Il faut crapahuter longtemps pour aller puiser
et ramener de l’eau… alors que pour atteindre cet endroit reculé, le gourou se
fait offrir un 4X4.
Pendant trente ans, Irène a tenu prêt un sac à dos rempli d’affaires de première nécessité au cas où surviendraient les cataclysmes et autres signes annonçant
l’arrivée imminente du jour de l’apocalypse : il fallait être prêt pour un départ
précipité vers la base de repli.
Ils montaient de véritables armées autour du camp. L’ambiance était celle de
résistants se battant pour leur survie, les adeptes étaient vêtus de treillis, sous
l’emprise totale du gourou.
Pendant 18 ans, Irène passera tous ses jours de semaine à travailler pour subve-
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nir aux besoins du groupe, et tous ses
week-ends et jours de congé à creuser
dans la roche. Une douzaine de personnes au total ont partagé son quotidien :
certains, comme elle, alternaient les
travaux avec une vie professionnelle
(kinésithérapeute, dentiste, sage-femme, gendarme…), d’autres restaient
sur le campement en permanence.
A coup de pioches, barres à mine et
explosifs, ils ont creusés sans relâche
quatre puits d’une vingtaine de mètres
de profondeurs, dans lesquels ils descendaient en rappel, atteignant parfois
des réseaux de grottes. Tout cela sans
étai, sans aucune mesure de sécurité.
Mis à part un accident de manipulation
de dynamite, Irène réalise à quel point
c’était dangereux et quelle chance ils
ont eu de ne pas y rester.
La vie dans le camp
La vie, sur le camp et sur la base,
était dictée par le gourou. Il imposait
un régime végétarien et sans eau…
parce que l’eau ça oxyde les cellules.
Les seules boissons autorisées étaient
le café, le thé et l’alcool !
Sur un signalement d’activité mystérieuse, deux gendarmes ont été
sur les lieux. Ils se sont approchés du
campement, ignorant que les adeptes
avaient piégé les abords.
L’un d’entre eux ayant accroché
un fil et déclenché la mise à feu d’un
chapelet de grenades d’exercice, les
militaires sortent leurs armes. Entraînés aux attaques dont le gourou leur a
tant parlé, les adeptes se précipitent
sur leurs armes. Adeptes et gendarmes
se retrouvent face à face, armes à la
main.
« Nous étions tous tendus, se souvient Irène. Le gourou nous rabâchait
qu’il fallait que nous soyons prêts à
tout. Qu’il y avait des bandes armées
prêtes à fondre sur nous. Nous montions des gardes en permanence autour
du campement. On se relayait chaque
trois heures, de jour comme de nuit.
J’ai donc dû apprendre à tirer. »
Le lendemain, les hommes sont
convoqués à la brigade, obligés d’amener les fusils. Ils reviendront avec.
« Aujourd’hui encore, je me demande
pourquoi ils n’ont pas été saisis ce
jour-là ? », s’interroge-t-elle.
Le gourou enjoint Irène d’intègrer la
notion de pureté : il la persuade qu’el- Extrait des enquêtes du Midi Libre, 5-11-2012 le ne peut être protégée du Mal par les en particulier
forces divines que par un travail incessant de purification de soi. Lui seul est à un stade de pureté qui lui permet de
recevoir des messages divins.
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Le monde extérieur est perçu comme menaçant et impur. Certains adeptes doivent travailler à l’extérieur pour subvenir aux besoins du groupe, il les considère
avec méfiance car passibles de polluer les autres lorsqu’ils arrivent de l’extérieur.
Malgré tout ce qu’il leur fait subir pour soi-disant se purifier, Irène et les autres
adeptes restent.
Le gourou avait tous les pouvoirs, il savait tout. Il interrogeait chacun et il fallait dénoncer celui qui aurait eu « une mauvaise pensée susceptible d’entraver
la mission ». Il excellait dans l’art du « diviser pour mieux régner » : chacun des
membres du groupe se devait de dénoncer un adepte qui aurait eu des propos ou
des comportements illicites.
Comme les autres adeptes, Irène doit tout payer : logement du gourou, nourriture, sacs de survie, outils, treuil électrique, groupe électrogène, foreuse pour
placer les bâtons de dynamite… Le gourou lui a fait acheter un outil pour découper
les glissières de sécurité des autoroutes, afin de pouvoir fuir plus vite le jour de
l’apocalypse… Il va même jusqu’à lui demander d’acheter des pièces d’or : « quand
viendra l’ère nouvelle, les monnaies n’auront plus court ». Plus grave, à sa demande, « le groupe a financé l’achat d’armes à feu pour se défendre contre les bandes
armées lors du chaos général de la fin du monde ». La police découvrira enfouies un
peu partout, 81 armes dont des pistolets mitrailleurs et 2000 munitions.
A cette époque, Irène est sous l’emprise totale du gourou. Il la culpabilise et
l’interroge sur ses activités et ses rencontres en dehors du groupe. Il prétend
tout savoir et interdit toute remise en question. Lorsqu’elle ose émettre un
doute, il l’accuse de mauvaises pensées qui polluent l’égrégore du groupe et
entravent la réussite de la mission.
Les premiers doutes s’installent chez Irène lorsque, après 18 ans de fouilles en
1998, le gourou en ordonne l’arrêt et un repli sur le Larzac, laissant précipitamment tout en plan. C’est le Père qui le lui a demandé. Percevant que le groupe
s’interroge, il continue à exercer son pouvoir avec la menace de l’apocalypse.
La sortie
La véritable prise de conscience d’Irène a été déclenchée par un secret vieux
de douze ans : le gourou a extorqué à une adepte très fragile une propriété qui lui
venait de ses parents. Il l’a tenue en lui faisant croire qu’elle était atteinte d’un
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cancer, puis du Sida et qu’elle serait guérie de ces deux graves maladies grâce à lui.
Il l’a même convaincue de se faire arracher toutes ses dents pour qu’elle ne soit pas
dérangée par une rage durant l’apocalypse.
Autre électrochoc : Irène est tombée amoureuse, et comme le gourou l’avait
déjà fait par le passé, il lui demande de rompre. Mais cette fois-ci, elle s’y refuse.
Il lui aura fallu deux ans pour trouver la force de partir : elle quitte le groupe
en 2003, entraînant avec elle trois adeptes qu’elle est parvenue à convaincre. Ces
quatre personnes ont porté plainte pour abus de faiblesse. Trois juges d’instruction,
quatre procureurs et cinq ans plus tard, le gourou obtient un non-lieu après 4 mois
de prison préventive. Lui et quatre de ses proches ont simplement dû répondre
de « détention d’armes sans autorisation ». Ils ont écopé de peines d’emprisonnement avec sursis. Elles auraient tellement voulu que la justice reconnaisse qu’il les
avaient faites souffrir.
S’en est suivie une période difficile où, désemparée, elle avait la sensation que sa
vie n’avait plus aucun sens. Elle a dû se reconstruire et apprendre à se connaître car
on ne sort pas indemne de 30 années de lavage de cerveau. Une énorme parenthèse
de 30 ans de sa vie durant laquelle elle a été plongé dans un univers fantasmagorique et dont elle doit sortir pour enfin reprendre pied dans la réalité. Irène pense
qu’il faut beaucoup de temps et de travail sur soi pour réussir à se pardonner à soimême tant de crédulité. Elle n’a pas pu fonder de famille. Avec beaucoup de pudeur
Irène reconnaît que durant 30 ans « on » s’occupait de la sexualité des adeptes.
Aujourd’hui, elle s’est lavée de tout cela et a repris le goût de vivre et d’aller
de l’avant.
Avec le recul, Irène sait maintenant qu’une secte apocalyptique est avant tout
mystique. Que la menace de l’apocalypse que fait peser le gourou sur ses adeptes est telle qu’il parvient à leur faire perdre leur libre arbitre. Que chaque
individu que compose un groupe peut être réduit à l’esclavage. Irène et les
autres auront creusé dans la roche durant 18 années en finançant eux-mêmes les
recherches et les biens de leur gourou.
Sans doute est-il toujours dans la région, quelque part dans un coin à l’abri des
regards indiscrets et qu’il officie toujours sans être inquiété…
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Témoins de Jéhovah : décryptage
Depuis ses origines, le mouvement des Témoins de Jéhovah édite une grande
quantité d’ouvrages destinés à l’étude de la doctrine par ses fidèles ; beaucoup
de ces ouvrages comportent des questions auxquelles les membres doivent répondre lors des réunions hebdomadaires, en se référant au texte étudié.
Le choix des textes à étudier sur
une période donnée est fait par la direction du mouvement et s’applique
à toutes les congrégations du monde.
Il n’est donc pas étonnant que l’on
puisse constater une similitude des
thèmes choisis d’un pays à l’autre,
lors du porte-à-porte par exemple.
Les publications de l’organisation
des Témoins de Jéhovah les plus
connues du grand public sont La Tour
de Garde (lire encadré ci-contre) et
Réveillez-vous, revues mensuelles
proposées par les adeptes dans leur
mission de prosélytisme.
Beaucoup de familles ont accepté
ces revues, voire des livres, et entamé leur lecture dans l’intention
de mieux comprendre leur interlocuteur, ou de découvrir le mouvement
et sa doctrine. Cependant, cela s’est
le plus souvent montré insuffisant
pour lever les incompréhensions ou
les difficultés de dialogue.
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La Tour de Garde a longtemps comporté
deux numéros par mois, chacun contenant
un ou plusieurs articles destinés à l’étude :
à chaque paragraphe correspondent des
questions dont la réponse figure dans le
texte. Le Témoin s’attache donc à retenir
ce qui est écrit pour pouvoir le réciter lors
des réunions d’étude.
Depuis 2008, les deux numéros mensuels
se sont différenciés : l’un est destiné au
public (« tous les articles seront rédigés en
pensant aux besoins du public »), le second,
édition d’étude, contient les articles d’étude pour un mois, « à l’intention des Témoins
de Jéhovah et des étudiants de la Bible qui
progressent sur le plan spirituel ».
Ces deux publications ne contiennent
pas les mêmes articles.
En outre, l’édition d’étude comporte
deux versions : « l’édition facile », pour
les Témoins qui ont des difficultés avec le
français, et « l’édition normale ».
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Le but de la communication de l’Organisation n’est pas de développer la
réflexion personnelle ou de faciliter le dialogue mais de répondre à deux objectifs principaux :
Se montrer « respectable », et rassurer les personnes « extérieures »,
c’est-à-dire les politiques, le monde judiciaire, l’institution scolaire, les médias et le simple quidam.
Maintenir, à tous les niveaux, les membres baptisés sous contrôle dans leur
obéissance à « l’esclave fidèle et avisé » (le Collège central).
Pour comprendre les écrits des Témoins de Jéhovah, il faut donc en premier
lieu savoir à qui ils s’adressent.
Le schéma ci-dessous montre les principales catégories prises en compte par
les Témoins de Jéhovah : chacune a un niveau de connaissance bien défini,
et les écrits donnés à telle ou telle catégorie sont souvent incomplets, voire
même inexistants s’il s’agit par exemple de directives données aux anciens et
pas aux proclamateurs baptisés. La direction doit en effet être sûre que les
textes seront compris comme elle l’entend et que ses directives seront correctement appliquées.
Pour les filiales : Branch Organization, guide
pour les filiales (en anglais seulement)
Pour les baptisés : toutes les publications exceptées celles réservées aux
anciens.
Pour les anciens : Faites paître le troupeau
de Dieu, guide pratique pour gérer la
vie des congrégations et des Témoins
Filiales
Pour les proclamateurs envisageant de se faire baptiser : Organisés pour faire la volonté de Jéhovah.
Pour les personnes extéPour les amis qui comA nciens
mencent à devenir asrieures, rencontrées en
prédication : La Tour de
sidus : La Tour de GarB aptisés
de (édition d’étude). Garde (édition publique),
Réveillez-vous !
Le Ministère du RoyauP r o c l a m at e u r s
et quelques brochume, mensuel contenant les directives
res spécifiques et
Amis fréquentants
pour la conduite
la Bible (Traducdes sorties en tion du monde
Personnes extérieures
prédication.
nouveau).
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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Les deux objectifs indiqués plus haut sont parfois difficilement conciliables et
peuvent conduire à des messages contradictoires aux yeux de l’observateur extérieur. Mais les adeptes, eux, ne semblent pas s’interroger sur ces contradictions.
Un décryptage de ces textes par d’anciens Témoins de Jéhovah, à travers
plusieurs exemples, nous permet de mieux comprendre pourquoi.
A propos des conséquences pratiques de l’exclusion dans
la vie quotidienne des familles
Sur le site officiel destiné au grand public, à la question « Rejetez vous les
ex-Témoins de Jéhovah ? », il est répondu :
« Que se passe-t-il dans le cas où un homme est excommunié mais que sa
femme et ses enfants restent Témoins ? Leur pratique religieuse s’en trouve
affectée, c’est vrai ; n’empêche que les liens du sang et les liens conjugaux
perdurent. Ils continuent de mener une vie de famille normale et de se témoigner de l’affection. »
Dans la Tour de Garde « d’étude » du 15 janvier 2013, destinée aux adeptes proclamateurs :
« Comment endurer la douleur vive que l’on ressent quand un proche trahit
Jéhovah ?»
« En réalité, ce proche, à qui tu tiens tellement, a besoin de voir que tu es
résolu à faire passer Jéhovah avant tout, y compris tes liens familiaux. »
« Ne cherche pas de prétexte pour fréquenter un proche excommunié, même
par téléphone ou par courriel. »
Décryptage
Nous sommes ici en présence de trois différents « liens » :
Les liens du sang, parenté naturelle, consanguinité. Un père de sang, vivant
ou mort, restera toujours le père de son enfant.
http://www.jw.org/fr/temoins-de-jehovah/faq/excommunication/
C’est nous qui soulignons
Tour de Garde du 15 janvier 2013, pages 15-16 § 19
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BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
Les liens conjugaux, concernent l’union entre le mari et la femme. L’excommunication ne peut rompre le mariage (c’est le divorce qui le rompt).
Les liens familiaux. « Une famille est une communauté de personnes réunies par des liens de parenté existant dans toutes les sociétés humaines. Elle
est dotée d’un nom, d’un domicile, et crée entre ses membres une obligation de solidarité morale et matérielle (notamment entre époux et parentsenfants) censée les protéger et favoriser leur développement social, physique
et affectif ». (Wikipédia)
Quand un proche trahit Jéhovah, certes, il restera toujours entre lui et les
membres de sa famille les liens du sang (père, mère, fils, fille...) et les liens
conjugaux (mari ou femme). Mais qu’en est-il de la solidarité morale, matérielle, sociale, physique et affective ? Jéhovah passera avant toute obligation
humaine, y compris les liens familiaux car « Jéhovah nous observe pour voir si
nous respectons son commandement de ne pas avoir de contacts avec quiconque est excommunié ».
Les Témoins de Jéhovah se contredisent-ils ?
Les Témoins de Jéhovah de France,
sont contraints par la Watchtower,
l’organisation mondiale, d’attenter
à la liberté de conscience de leurs
proches, en contradiction avec les
principes de la République...
Incontestablement, le mouvement
à deux discours : il affiche une position officielle qui ne porte nullement
atteinte à la liberté individuelle de
« changer de religion » (« Ils continuent de mener une vie de famille
normale et de se témoigner de l’affection ») alors que les injonctions
énoncées dans les Tour de Garde
Tour de Garde du 15 Avril 2012, p.12 §16
Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat
Article 1
La République assure la liberté de conscience.
Elle garantit le libre exercice des cultes sous les
seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.
Article 31
Sont punis de la peine d’amende prévue pour
les contraventions de la 5ème classe et d’un
emprisonnement de six jours à deux mois ou
de l’une de ces deux peines seulement ceux
qui, soit par voies de fait, violences ou menaces
contre un individu, soit en lui faisant craindre de
perdre son emploi ou d’exposer à un dommage BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
13
obligent les proches à rompre les
contacts avec l’excommunié, à faire
pression sur lui en exerçant un chantage attentatoire à sa liberté.
Les adeptes en ont peut-être
conscience mais, plus habitués à l’étude de la Tour de Garde qu’à la consultation du site officiel, ils vivent d’abord
dans la crainte de déplaire à Jéhovah
et d’être damnés si « ils continuent de
mener une vie de famille normale et de
se témoigner de l’affection ».
14
(Suite)
sa personne, sa famille ou sa fortune, l’auront
déterminé à exercer ou à s’abstenir d’exercer
un culte, à faire partie ou à cesser de faire partie d’une association cultuelle, à contribuer ou à
s’abstenir de contribuer aux frais d’un culte.
Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen de 1789
Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses
opinions, même religieuses, pourvu que leur
manifestation ne trouble pas l’ordre public
établi par la loi.
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
A liénation et prise de conscience
Note de lecture
Jean-Pierre Coquand, l’auteur de cet ouvrage, a été Témoin de Jéhovah
durant 19 ans, totalement engagé au service de l’organisation. A l’annonce de
la fin du monde, prévue pour octobre 1975, son épouse et lui avaient même
quitté l’Education Nationale pour être prédicateurs à plein temps.
Dans l’ouvrage « Aliénation et prises de conscience » il revient sur son parcours, l’idéal qu’il avait embrassé et les raisons qui l’ont fait sortir volontairement d’une organisation qui « par un processus instrumental, parvient à faire
abstraction du facteur humain ».
La première partie, illustrée par des documents internes, présente de manière
très claire le fonctionnement de l’organisation de la Watchtower, véritable multinationale. Une personne extérieure, non Témoins de Jéhovah, n’imagine pas la
hiérarchie et la bureaucratie qui en sont les fondements. Toutes les directives,
quel que soit le domaine de la vie - publique ou privée- viennent du Collège
Central de Brooklyn, une dizaine de niveaux de surveillants veillent à leur exécution. Les Témoins de Jéhovah vivent en « liberté surveillée », assidus à leurs cinq
heures de réunions hebdomadaires, incités à participer à « l’œuvre de prédication » (le prosélytisme). Pour certains, les pionniers, la tâche essentielle est le
porte-à-porte pour amener de nouveaux fidèles à rejoindre l’organisation. Pour
ce faire, les « recruteurs » disposent de l’ouvrage « La connaissance qui mène
à la vie éternelle », qu’ils proposent en même temps qu’une étude de la Bible.
Une publication interne, réservée aux seuls Témoins actifs ou aux futurs Témoins
de Jéhovah qui font du porte-à-porte, le Ministère du Royaume, détaille, étape
par étape, comment amener une personne ayant accepté une étude biblique
à domicile à demander le baptême au bout de six mois. Rien n’est négligé, les
premières visites, la progression de l’étude, la prise en compte des réticences
et des interrogations, l’encouragement à venir assister à une, puis plusieurs réunions… Dans cette première partie Jean-Pierre Coquand présente également les
aspects financiers et juridiques de l’organisation.
Ouvrage à commander sur le site de l’auteur : www. jeanpierrecoquand.fr
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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La seconde partie relate son expérience de missionnaire à la Réunion et les divers événements qui ont abouti à son départ. Il consacre en particulier plusieurs
pages à la fin du monde, prévue pour octobre 1975. S’appuyant, là aussi, sur des
documents internes il montre comment le Collège Central, dont l’infaillibilité
est indiscutable, est passé de la « certitude de la fin du monde » à la « certitude
d’une erreur »… et ce, sans aucun scrupule.
Au cours des années passées à la Réunion, l’auteur sera témoin de dysfonctionnements, de privilèges, de conduites répréhensibles, d’abus de pouvoir. Il
posera des questions qui resteront sans réponses, demandera des explications
qui ne lui seront pas fournies. Au contraire, il sera critiqué, sa famille ses
« frères » se détourneront de lui et il quittera un mouvement auquel il avait
voué sa vie.
Il attendra d’être à la retraite pour publier son témoignage qu’il voudrait
avant tout préventif pour, écrit-il, « qu’aucune personne fragilisée par les
aleas de la vie, ne se laisse tenter par la séduction très élaborée des Témoins
de Jéhovah. »
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BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
Soeurs contemplatives de Saint-Jean
Certains événements récents ont, de nouveau, attiré l’attention sur la « Famille Saint-Jean », déjà sous observation du Vatican depuis 2000 avec la monition, équivalant à un blâme, de Mgr Séguy accompagnée de la nomination
d’assistants religieux pour les Frères de Saint-Jean.
L’histoire de cette communauté nouvelle remonte aux années 70-80 quand,
sous l’égide du père dominicain Marie-Dominique Philippe, plusieurs associations publiques de fidèles ont vu le jour à Genève : la branche masculine
d’inspiration monastique en 1975 puis, sept ans après, la branche féminine
subdivisée en Sœurs contemplatives et Sœurs apostoliques en 1984. Enfin, une
autre association de fidèles, les « Sœurs mariales d’Israël et de Saint-Jean »
a été créée dans leur sillage. Par la suite, la Communauté Saint-Jean a fondé
plusieurs congrégations religieuses diocésaines, reconnues respectivement par
l’église catholique en 1986, 1993 et 1994. Ayant pris le nom de « Famille SaintJean » dans les années 2000, pour mieux souligner son unité, les branches des
Frères de St Jean, des Sœurs apostoliques et des Sœurs contemplatives sont
aujourd’hui dans la tourmente.
Le 10 janvier 2013, le Vatican a prononcé la dissolution du groupe dissident
des sœurs contemplatives de Saint-Jean dit « Institut des Sœurs de Saint Jean
et de Saint Dominique », réfugié à Cordoue depuis juin 2012 et comptant plus
d’une centaine de religieuses diocésaines. Cette dissolution intervient après
celle prononcée en 2005 par l’archevêque de Lyon, Mgr Barbarin, de la communauté des « Sœurs mariales d’Israël et de Saint-Jean », association privée
de fidèles proche de la Communauté Saint-Jean et soutenue par le père MarieDominique Philippe. Les adeptes de Tunde Szentes, leur fondatrice, dite mère
Myriam, poursuivent aujourd’hui, toujours sous son emprise, une existence de
groupuscule quasi sectaire et semi-clandestin.
Le père Marie-Dominique Philippe est décédé le 26 août 2006
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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Que s’est-il donc passé pour que, moins de vingt ans après leur fondation, les
Sœurs contemplatives soient ainsi sanctionnées ? Cette mesure rare, touche
une communauté religieuse diocésaine en plein essor, allant jusqu’à compter
près de 300 sœurs et novices, réparties dans quelque vingt-cinq prieurés de
par le monde.
La crise ouverte avait commencé quatre ans auparavant. A plusieurs reprises,
écrit La Croix, des parents de jeunes sœurs ou d’anciennes religieuses ayant
quitté la congrégation ont fait part de graves dysfonctionnements : « emprise
très forte de certaines responsables sur les plus jeunes », problèmes de santé,
conséquences psychiques… Un fonctionnement qualifié par Golias comme relevant d’une « dérive sectaire ». De surcroît, des « abus sexuels » avérés ont
amené, en juin 2009, Mgr Barbarin à prendre une série de mesures qui se voulaient radicales, notamment l’éviction de la Prieure générale, sœur Alix (85
ans) et d’autres responsables, après enquête canonique et rapport confidentiel
remis à Rome. La nouvelle prieure, soeur Johanna, fut impuissante à reprendre le contrôle de la communauté : de nombreuses moniales restaient sous
l’emprise des sœurs « rebelles », les 80 novices étant même invitées à rentrer
chez elles… Soutenant ces sœurs, une supplique de parents à l’adresse de
Monseigneur Philippe Barbarin, en septembre 2009, lui demandait de revenir
publiquement sur sa décision, au bénéfice de solutions trouvées en interne.
En novembre 2009, le Vatican nomma comme commissaire pontifical Mgr Bonfils qui allait également se heurter au noyau irréductible des quatre anciennes
dirigeantes officiellement relevées de leurs fonctions, dont la « toute puissante
sœur Marthe » qui avait cumulé les fonctions de vicaire, de maîtresse des études et de maîtresse des novices durant près de 20 ans. Déterminées à contrer
l’autorité de Mgr Bonfils par tous les moyens, en appelant à Rome contre ses décisions, une centaine de religieuses firent sécession au Mexique, peu avant que
le Vatican n’intervienne directement auprès de Mgr Raul Vera Lopez, évêque de
Saltillo, pour l’informer du contexte et éviter une reconnaissance officielle.
Mgr Bonfils démissionnaire, son successeur, l’évêque du Puy en Velay, Mgr
Brincard, ancien étudiant du père Marie-Dominique Philippe à Fribourg et réputé proche de la communauté Saint-Jean, intervint dans ce conflit comme
médiateur en 2011. En février 2012, il vit son autorité renforcée par un nouveau titre officiel de « délégué pontifical » puis, devant la lourdeur de la tâche, il se fit assister par Mgr Maurice Bitz. Pourtant, en juin 2012, les religieuses contestataires réfugiées en Espagne, réussirent à se faire reconnaître par
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BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
l’évêque de Cordoue sous le nouveau vocable d’Institut des Sœurs de St-Jean
et St-Dominique.
En janvier 2013, dernier coup de théâtre, le Vatican réagit à cet état de fait :
estimant que l’Institut des Sœurs de St-Jean et de St-Dominique « a gravement
porté atteinte à la discipline ecclésiastique », il annonce la dissolution de cet
institut, « aussi bien dans le diocèse de Cordoue que dans un autre diocèse ».
Par ailleurs, Rome stipule que tous les recours à l’encontre des décisions de
Mgr Brincard présentés depuis février 2012 par certaines religieuses dissidentes sont rejetés « pour manque de fondement juridique ».
(Source : AVREF, Golias Hebdo, 28.01.2010 & 24.01.2013 & La Croix, Anne-Bénédicte Hoffner,
27.01.2010 et La Croix 23.01.2013)
L’Association Vie religieuse et Famille (AVREF), créée en 1998 a aujourd’hui 15 ans (site
www.avref.fr). Son but est d’accueillir les victimes d’emprise dans des mouvements ou communautés religieux, principalement catholiques. Il est aussi d’accompagner les familles,
victimes collatérales de cette emprise, du fait de la rupture de leurs proches avec leur
environnement d’origine. Soutenue par les personnes sensibilisées aux conséquences des
dysfonctionnements de nombreuses communautés catholiques, notamment dans la Congrégation Saint-Jean, elle alerte régulièrement les autorités de l’Etat comme les principaux
responsables de l’Eglise catholique au sujet des situations humaines les plus préoccupantes.
En 2004, Bulles publiait un article de l’AVREF, faisant état des conséquences de dérives
comportementales graves (La Communauté Saint-Jean, Bulles n°81). En 2013, Bulles a interrogé Laurence Poujade, ex-membre des sœurs apostoliques de Saint-Jean et actuelle présidente de l’AVREF, afin de recueillir le point de vue de l’association sur les conséquences
humaines provoquées par la dérive des Sœurs contemplatives dissidentes.
L’Association Vie Religieuse et Familles (AVREF) salue l’initiative du Vatican « de
s’opposer à l’emprise de supérieures dissidentes sur quelque 200 ex-religieuses
diocésaines, tant françaises qu’étrangères, concernées par cette sanction d’une
gravité exceptionnelle ». Elle prend acte de cette décision salutaire, tout en
s’interrogeant sur les nécessaires mesures d’accompagnement à mettre en
place, de la part de l’Institution ecclésiale catholique, à l’égard des nombreu Dans un courrier rendu public par la Communauté Saint-Jean le 23 janvier 2013
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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ses sœurs contemplatives concernées. Il est à craindre que certaines d’entre
elles en situation d’extrême faiblesse, n’en viennent à quitter l’Espagne, pour
rejoindre la France dans un état de total dénuement, aggravé par le traumatisme lié à une sujétion psychologique prolongée.
L’association déplore que certains aspects des relations entre membres ou proches de la Congrégation Saint-Jean et son fondateur, le père Marie-Dominique
Philippe n’aient, en cette année du centenaire de sa naissance, toujours pas
été dénoncés publiquement. Les sœurs contemplatives, s’érigeant en martyres
incomprises de sa mémoire, n’ont pu que se radicaliser, compte tenu du silence trop longtemps entretenu autour des dérives comportementales avérées
du fondateur.
Dès lors, l’AVREF souhaite instamment que la gravité des préjudices subis
par les victimes de dysfonctionnements de la Communauté Saint-Jean, toutes
branches religieuses et associatives confondues, soit formellement reconnue.
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BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
Parc d’Accueil : procès de Lisieux
Le 26 novembre 2012 s’ouvrait, à Lisieux, le procès de Françoise Dercle, gourelle du « Parc d’Accueil », poursuivie pour «abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de faiblesse d’un tiers » dans le cadre de la loi About-Picard.
Elle était accusée d’avoir, entre 2002 et 2007, placé sous son emprise une
vingtaine d’adeptes. Seules une dizaine de victimes se sont portées partie
civile. A la demande des victimes, qui voulaient témoigner de « l’enfer d’une
prison mentale sur fond de violences morales, physiques et sexuelles », le procès s’est déroulé à huis-clos.
Cinq années d’instruction judiciaire
Françoise Dercle, 56 ans, mère de 3 enfants, était professeure d’anglais à la
fondation des Orphelins apprentis d’Auteuil de Lisieux. Réunissant un certain
nombre d’hommes et de femmes sous couvert de recherche spirituelle, elle
avait fondé une communauté, d’abord sous le nom de « Torrent de Vie », puis
de « Parc d’Accueil ». Décrite par ses accusateurs comme séductrice et très
sûre d’elle-même, s’étant autoproclamée « épouse de Dieu », « incarnation
du Saint-Esprit » ou « déesse de la beauté », se faisant appeler « Reine », elle
imposait à ses adeptes des violences physiques et mentales.
Le 27 juin 2007, une trentaine de policiers avaient mis un terme aux activités
de Françoise Dercle et de son groupe du Parc d’Accueil, en faisant irruption
dans le pavillon de Lisieux (siège de l’association). Cette maison, ainsi qu’une
autre propriété de Françoise Dercle à Moyaux (Calvados), ont été réquisitionnées. L’enquête révèlera que ces biens immobiliers appartenaient exclusivement à Françoise Dercle bien que les adeptes aient largement contribué à
leurs acquisitions. Leur expliquant que leur « réussite financière était un don
de Jésus » et qu’il fallait le lui rendre, elle leur aura extorqué au total près de
400 000 euros…
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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Ce sont deux plaintes, déposées l’une en 2004 et l’autre en 2006, qui ont
conduit les enquêteurs à Françoise Dercle et au Parc d’Accueil. Plusieurs membres du groupe avaient alors été mis en examen mais seule Françoise Dercle et
une autre femme, soupçonnée de complicité à l’époque et reconnue victime
depuis, avaient été incarcérées.
Un procès qui marquera les esprits
Alors que Françoise Dercle déclare au tribunal « J’ai peut-être commis des
erreurs, mais je n’ai pas voulu faire de mal », les victimes rapportent qu’elle se livrait à des séances publiques d’humiliation qu’elle appelait « Cœur à
cœur », qu’elle faisait preuve de violence, frappant et crachant sur celles et
ceux qui contestaient son autorité, et préconisait la délation.
Les victimes ont également relaté au tribunal que la prévenue organisait des
« navigations », séances durant lesquelles elle réunissait les adeptes dans une
pièce jonchée de matelas et leur imposait des relations sexuelles sur fond d’incantations. Elle composait les couples, forçait les femmes à s’ébattre entre
elles, allait jusqu’à exiger des relations incestueuses.
Le tribunal n’a pas manqué de mettre en avant le fait que Françoise Dercle
prenait part aux « mêlées célestes », séances d’étreintes et d’embrassades,
mais que ni elle ni son compagnon ne participait aux « navigations ».
Pour se défendre, Françoise Dercle explique à la cour : « Oui j’ai demandé
à des mères d’avoir des rapports sexuels avec leurs fils, mais on était dans
une vibration, on était dans une autre dimension, la cinquième… ». Cette
« autre dimension », Françoise Dercle s’y référera à maintes reprises ainsi
qu’au « psitt », onomatopée pour exprimer le passage dans cette « autre dimension ».
Concernant les spoliations, elle expliquera au tribunal : « Oui, tout était à
mon nom, j’ai fait ça comme ça, c’était bête et méchant, j’ai jamais voulu
voler ».
L’une des victimes a témoigné au micro de RTL : « J’ai tout perdu, elle m’a
tout volé. J’ai perdu ma liberté, mon âme. Elle m’a volé ma parole, mes biens
matériels, elle m’a volé ma famille puisqu’elle m’a fait couper les liens avec
mes amis. Je me suis retrouvée sans plus personne, elle m’a coupée du monde,
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BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
je n’avais même plus d’informations du monde qui était autour de nous. Moi à
l’époque, je ne savais même pas qui était le président de la République. Elle
m’a violentée physiquement, elle m’a volé ma dignité, elle m’a tout pris. Je
me souviens qu’en sa présence, on devait toujours baisser les yeux. Qu’elle
nous humilie ou qu’elle nous élève, il fallait le faire. »
Le tribunal à l’écoute des experts
A la barre, Catherine Picard co-auteure de la loi About-Picard et présidente
de l’Union nationale des Associations de défense des familles et de l’individu
victimes de sectes (l’une des parties civiles) a souligné que « la victime sectaire est une victime particulière car il lui faut un temps souvent long pour
réaliser qu’elle est victime ; elle s’est retirée au fil du temps pour ne plus
appartenir qu’à une personne et ses diktats, pour ne plus disposer d’aucune
autonomie. L’emprise est très « déconstructive ».
De son côté, un expert psychiatre spécialisé a expliqué au tribunal : « La
secte est une cage virtuelle, sécurisante, qui vous maintient mais qui vous
emprisonne. Dans un premier temps, on ne peut pas convaincre une victime de
secte, on ne peut que l’écouter ».
Un réquisitoire mémorable
Les réquisitions du procureur de la République, Bruno Dieudonné, n’ont pas
laissé l’assistance indifférente. S’adressant aux victimes et, plus particulièrement, à celles qui avaient été mises en examen, le procureur leur a déclaré :
« Vous êtes victimes et rien d’autre. La justice s’est trompée, elle vous doit
des excuses sincères ». Avant de lancer à la prévenue : « Vous avez instauré
un système totalitaire », « cette affaire, c’est le triomphe de la loi sur l’obscurantisme ». Déplorant sa stratégie de défense à maintes reprises lors du
procès, il a finalement ajouté : « votre défense a fait psitt »…
En plus de la peine maximale de cinq ans de prison ferme, il a requis l’interdiction pour Françoise Dercle d’exercer une fonction publique, d’exercer ses
droits civils, civiques et familiaux durant cinq années et la confiscation de ses
deux immeubles.
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Le verdict : quatre ans de prison ferme pour la gourelle
du Parc d’Accueil
Le 22 janvier 2013, le tribunal correctionnel de Lisieux (Calvados) a condamné Françoise Dercle à cinq ans de prison dont un an avec sursis, et au versement de plus de 450 000 euros de dédommagement aux victimes qui se sont
portées parties civiles.
Une peine exemplaire pour celle qui disait incarner le « Saint-Esprit », celle qui,
sous couvert d’œcuménisme et de recherche spirituelle, cachait des pratiques
criminelles : sujétion psychique, viols en réunion, attouchements sexuels sur personnes vulnérables, humiliations psychologiques, violences physiques et spoliation.
Françoise Dercle, pendant ce temps…
A la fin du procès, montrant à l’audience des vidéos laissant à penser que Françoise Dercle avait continué à exercer ses activités au-delà de 2007, les avocats
avaient démontré que la prévenue demeurait une femme « dangereuse ».
Selon Me Rouiller, avocat de parties civiles, Françoise Dercle semblait,
d’ailleurs, avoir toujours une certaine emprise sur les victimes.
Mardi 29 janvier 2013, on apprenait que Françoise Dercle avait fait appel de
la décision du tribunal sur le volet pénal et qu’elle restera libre jusqu’au nouveau procès devant la Cour d’appel de Caen. Les victimes ont reçu cette nouvelle comme un coup de massue. Parmi les avocats des parties civiles, Me Pascal
Rouiller ne voit dans cet appel « qu’une stratégie maladroite pour échapper à la
sanction » et Me Alain Fouquet espère, pour sa part, que le procès sera public.
(Source : OuestFrance.fr, 26.11.2012 &Tendance Ouest, 28.11.2012 & L’Express, le 28.11.2012
& Paris-Normandie/AFP, le 26.11.2012 & France3 Basse-Normandie, 28.11.2012 & Paris-Match,
Kahina Sekkai, 26.11.2012 & RTL, 26.11.2012 & L’Express, 22/01/2013 & Le Parisien, 22/01/2013
& TF1news, 28/11/2012 & Tendanceouest, 22 et 29/01/2013)
Le tribunal a condamné Françoise Dercle à payer à l’UNADFI les sommes de 5000€ de dommages et
intérêts ainsi que 2000€ au titre de l’article 475-1 du code de procédure pénale.
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Faits et nouvelles
MINISTERE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTE
Trois fiches thématiques dont une sur la Biologie totale
Les fiches thématiques sur trois pratiques de soins non conventionnelles : la biologie totale,
la lipolyse ou lyse adipocytaire et la mésothérapie viennent d’être mises en ligne sur le site
du Ministère de la Santé. Leur objectif est d’éclairer sur le contenu, les limites voire les
dangers de chaque pratique.
La fiche sur la « Biologie totale des êtres vivants et de la déprogrammation biologique »
explique en quoi consiste cette pratique, dans quelles situations elle peut être proposée, si
elle est validée scientifiquement, quels sont les risques… Elle fait apparaître que la « biologie totale des êtres vivants et de la déprogrammation biologique », dénommée également
« décodage biologique » ou « Médecine nouvelle germanique », repose sur une théorie expliquant le processus de formation des maladies par un conflit psychologique « qui toucherait une zone précise du cerveau et l’organe relié à cette zone selon le principe de
programmation biologique ». Enfin, la fiche précise qu’iI n’existe actuellement, ni validation scientifique de cette méthode, ni étude scientifique rigoureuse basée sur un protocole
garantissant la fiabilité des résultats et prouvant, entre autres, son efficacité.
(Source : Direction générale de la santé, Ministère de la Santé, décembre 2012)
A lire sur le site du Ministère de la Santé : http://www.sante.gouv.fr/pratiques-de-soinsnon-conventionnelles,7576.html
A noter que la fiche sur la « Biologie totale » a été réalisée à partir du rapport de l’INSERM
sur l’évaluation de l’efficacité de la pratique de la biologie totale. Rappelons qu’à la demande de la Direction Générale de la Santé, dépendant du ministère de la Santé, l’unité
669 de l’INSERM a pour mission d’évaluer diverses pratiques thérapeutiques dites « non
conventionnelles ».
L’INSERM a déjà produit cinq rapports : sur la mésothérapie à visée thérapeutique, la mésothérapie à visée esthétique, la chiropratique, la biologie totale des êtres vivants et l’ostéopathie. Ces rapports sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.u669.idf.inserm.fr/
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Conseil de l’Europe
Commission d’enquête en Suède
En septembre 2012, une audition consacrée à la protection des mineurs contre l’influence
des sectes était organisée à Paris par la Commission juridique et des droits de l’homme de
l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE). Le rapporteur, Rudy Salles, avait
annoncé son intention de conduire des missions d’enquête dans certains Etats membres.
En décembre 2012, à l’issue d’une visite d’information à Stockholm dans le cadre de la
préparation de son rapport sur « la protection des mineurs contre les sectes », Rudy Salles a
relevé qu’en Suède, le système d’éducation nationale, et notamment celui du financement
des écoles privées ainsi que le système d’enregistrement des associations « contenaient
des failles pouvant engendrer des abus de la part des mouvements à caractère sectaire ».
Il s’est entretenu avec les membres du Parlement suédois, des représentants de la Commission gouvernementale pour le soutien des communautés religieuses, de l’Inspection des
écoles, de l’Agence nationale pour la jeunesse et enfin des associations d’aide aux victimes
des abus sectaires.
Rudy Salles a souligné « la nécessité d’harmoniser à l’échelle européenne les mesures visant à protéger les mineurs contre l’influence des sectes » et il a préconisé l’idée « de créer
un groupe d’étude parlementaire sur le phénomène sectaire ».
(Source : Conseil de l’Europe, Assemblée parlementaire, 06.09.2012 & 13.12.2012)
FECRIS / COLLOQUE 2013
Le colloque FECRIS 2013 : « Sectes et Etat de Droit » se déroulera le jeudi
30 mai 2013 à Copenhague
Parmi les intervenants prévus : Tom Sackville, président de la FECRIS, Serge Blisko, président de la Miviludes, Annelise Oeschger, présidente de la Commission des droits de l’homme
des OING du Conseil de l’Europe, Jean-Pierre Jougla, UNADFI, Stephen Kent, professeur à
l’université d’Alberta à Edmonton (Canada), Yuji Hirooka, journaliste japonais, Alexander
Dvorkin, président du CRS (Center of religious studies) en Russie, H.W. Carlhoff, président
du groupe de travail interministériel sur les sectes et psycho-groupes du Baden-Württemberg (Allemagne), André Frédéric, député fédéral et vice-président de la Chambre des
représentants de Belgique, Wilfried Handl (Autriche) qui apportera un témoignage.
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Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH)
condamnation de la france
Les juges de la CEDH ont condamné la France pour violation de l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme qui garantit la liberté de pensée, de conscience
et de religion en invalidant des procédures fiscales intentées contre trois associations :
l’Association cultuelle du Temple Pyramide et l’Association des Chevaliers du Lotus
d’Or, toutes deux connues sous le nom de « Mandarom », et l’Eglise évangélique missionnaire et son président Eric Salaün, connue aussi sous l’appellation de « Eglise évangélique missionnaire de Besançon » ou « Pentecôte de Besançon ».
Ces trois mouvements sont classés comme sectes dans le rapport parlementaire de 1995.
A l’issue de ces procédures fiscales, les associations liées au Mandarom s’étaient vues
respectivement réclamer plus de 2,5 millions d’euros pour la première et 37.000 euros
pour la seconde. L’Eglise évangélique missionnaire quant à elle avait dû rembourser
280.000 euros à l’Etat français. Il leur avait également été appliqué une taxation d’office de 60% sur les dons.
Dans ces affaires portées devant la Cour européenne en 2007, les trois associations
requérantes invoquaient l’article 9 et alléguaient que la taxation de dons manuels à
laquelle elles avaient été assujetties avait porté atteinte à leur droit de manifester et
d’exercer leur liberté de religion.
La France est condamnée à verser pour « préjudice matériel », 3 599 551 euros à l’Association cultuelle du Temple Pyramide, 387 722 euros à l’Eglise évangélique missionnaire
et 36 886 à l’Association des Chevaliers du Lotus d’Or. Les parties disposent d’un délai
de trois mois pour demander le réexamen de ces affaires par l’instance suprême de la
CEDH, la Grande Chambre.
Selon Georges Fenech, président du groupe d’études des sectes à l’Assemblée nationale,
ces trois associations ont profité de « failles de procédures de l’administration fiscale et
du fait que la CEDH ne regarde pas qui sont les plaignants.» Il rappelle que cette décision
est limitée à la fiscalité et que cela « n’exonère en rien ces mouvements d’une surveillance et ne remet pas en cause l’action de la France » contre ces mêmes mouvements.
Catherine Picard constate quant à elle que, sur ces affaires, l’Europe se substitue au
droit français en matière fiscale. La CEDH a considéré que les libertés de pensée, de
conscience et de religion avaient été violées alors que la France n’a jamais empêché
ces structures d’avoir une activité. Elle rappelle qu’en 2011, les Témoins de Jéhovah
avaient bénéficié d’une décision strictement identique et que de telles décisions font
de toute évidence le jeu des mouvements à caractère sectaire. Dans l’affaire des Témoins de Jéhovah, la France n’avait pas fait appel et verse une somme importante à
l’organisation. Catherine Picard déplore que la CEDH applique l’article 9 de la Conven-
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tion européenne sans regarder qui sont les auteurs des faits. Elle attend aujourd’hui de
voir quelle position adoptera le nouveau gouvernement dans le cadre de cette nouvelle
condamnation.
(Source : RMC.fr, Tugdual de Dieuleveult, 31/01/2013 & Le Figaro.fr, Angélique Négroni, 31/01/2013
& LeDauphiné.com, 01/02/2013)
« Le fisc, les sectes et la CEDH : tirons les leçons de la condamnation de la
France »
Entre sommes indûment perçues par le fisc et violation de la liberté de conscience, la
décision de la CEDH a interpellé Thierry Lambert, professeur de droit fiscal. S’appuyant
sur cette décision et sur des extraits du rapport parlementaire de 1999 « Les sectes et
l’argent », il fait une analyse de ces jugements.
Thierry Lambert conclut qu’il est peut-être temps « de s’interroger sur les outils juridiques à mettre en oeuvre pour vérifier des structures ou associations culturelles ou
cultuelles qui savent parfaitement se jouer des procédures et s’abriter derrière un
texte (...) : la convention européenne des droits de l’homme. »
(Source : le plus du Nouvel Observateur, 07.02.2013)
Lire l’article : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/777012-le-fisc-les-sectes-etla-cedh-tirons-leslecons-de-la-condamnation-de-la-france.html
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Revue de presse
En France
phénomène sectaire
Le spectre des dérives sectaires à l’hôpital
L’article paru dans la revue Sciences et Avenir de novembre 2012 : « Les sectes entrent à
l’hôpital » a « fait mouche dans les hôpitaux et les facultés ».
Les points d’entrée potentiels des sectes dans les établissements de santé sont en effet nombreux. Les formations proposées au personnel hospitalier « relevant de services sensibles
comme la cancérologie ou la réanimation » sont un premier point. Les personnels « sous pression » et fragilisés sont des proies faciles. L’an passé, une jeune kinésithérapeute de 23 ans,
récemment diplômée, a mis fin à ses jours. Inscrite à un cours de théâtre, elle y avait rencontré une adepte d’un mouvement sectaire, avait ensuite suivi diverses formations, consulté un
kinésiologue puis, peu à peu, avait rompu avec son entourage.
Autre point d’entrée : les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutiques (PNCAVT)
« dont les bases ne sont pas reconnues par la communauté scientifique à la différence des
médecines complémentaires » et qui exploitent le « filon du bien-être ».
De son côté, L’Assistance-publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) a pris l’initiative de valoriser
les médecines complémentaires à travers la création d’ici à la fin de l’année, d’un comité
hospitalo-universitaire pour les médecines complémentaires (CHUMC). Mais cette initiative
crée des remous. Catherine Picard, présidente de l’UNADFI, se demande si « dans le contexte
difficile actuel », il y aura les moyens d’une véritable surveillance des professionnels. De son
côté, le président de la Miviludes, Serge Blisko, reconnaît l’intérêt d’évaluer les pratiques
complémentaires comme l’hypnose et l’acupuncture mais observe que « ceux qui lancent ce
genre de projet ne se rendent pas compte que cela peut être récupéré par des personnes peu
scrupuleuses qui y verront une caution ».
Enfin l’Académie nationale de médecine s’est emparée du sujet dans le cadre d’un rapport
sur l’efficacité des techniques non conventionnelles qui devrait être publié début 2013. Le
rapporteur, Daniel Couturier, déclare que « les dérives sectaires » ne seront traitées « qu’à la
marge », en mettant en garde contre l’autorité que pourraient s’octroyer quelques personnalités. Mais, assure-t-il, à l’AP-HP, « le risque sectaire est très faible ».
(Source : Le Quotidien du Médecin, Coline Garré, 19.11.2012)
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Dérives sectaires : l’emprise sur les institutions
Les mouvements sectaires ne s’attaquent pas qu’aux individus vulnérables. Ils pénètrent aussi « des univers hautement instruits » et « leur mainmise », tentaculaire, est
mal mesurée par les organes de surveillance.
Georges Fenech, ancien président de la Miviludes, rappelle la « mésaventure » qu’il
a vécue en 2009. A l’époque, la Scientologie avait comparu devant le tribunal correctionnel de Paris pour « des faits d’escroquerie en bande organisée et exercice
illégal de la pharmacie ». Le procureur
avait requis sa dissolution. Sauf qu’entre
temps, la législation avait été modifiée et
que l’alinéa « dissolution pour les personnes morales en matière d’escroquerie »
avait disparu ! A ce jour encore, cette disparition reste « trouble » et, pour Georges
Fenech, « il y a eu manipulation ». « De
qui ? Pourquoi ? Il rappelle que quelques
années auparavant, un tome et demi d’un
dossier de la Scientologie s’était mystérieusement envolé du tribunal de Paris…
Aujourd’hui, il est avéré que la Scientologie « étend son influence par une présence tentaculaire jusqu’au cœur du pouvoir,
en plaçant ses adeptes à des postes clés,
dans tous les domaines… ».
Outre l’infiltration « probable » du ministère de la Justice, c’est par le biais de
l’informatique que la Scientologie avait
infiltré le ministère de l’Intérieur puis
les policiers du Raid dans les années 90.
Il s’agit là d’un « moyen efficace » pour
prévenir toute action qui mettrait en péril son existence. Car un mouvement sectaire est « convaincu qu’il n’a pas à obéir
aux règles de la société » car il est, par
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essence, différent et supérieur, explique
Jean-Pierre Jougla de l’UNADFI.
La mouvance sectaire est « une immense
nébuleuse ». Il existe d’un côté, les grandes sectes internationales « qui s’appuient sur leurs dogmes fondateurs tout
en adaptant leurs discours aux besoins de
la société, et d’un autre côté, des gourous
isolés qui créent leur propre communauté
d’une vingtaine de personnes. Pour les
adeptes, les conséquences sont dommageables comme le rappelle la présidente
de l’UNADFI, Catherine Picard, car l’emprise mentale les amène, entre autres, à
la rupture familiale et à se plier à des exigences financières démesurées…
Les domaines de la santé et de la formation professionnelle sont le plus directement touchés par les dérives sectaires. Les
chômeurs constituent ainsi « des proies
idéales », notamment à travers Pôle Emploi que certains considèrent « comme un
potentiel vecteur de recrutement » ! Dans
le Répertoire opérationnel des métiers
et des emplois (ROME, créé en décembre
2009), il leur est proposé « des reconversions dans toutes les professions ayant trait
au coaching et au bien-être ». Les pouvoirs
publics ont été obligés de mettre en place
des grilles de lecture sur les dérives sectaires pour tenter de« limiter les dégâts ».
Le plus dangereux pour Georges Fenech
reste la dérive thérapeutique à caractère
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sectaire avec le marché très important des médecines parallèles. La réflexologie, la
kinésiologie et le reiki ont ainsi « droit de cité au sein de certains hôpitaux de France,
ce qui revient à les légitimer ! L’article fait référence à l’enquête d’Olivier Hertel dans
« Sciences et Avenir » d’octobre 2012. Le journaliste y révélait que les techniques de
« réharmonisation énergétique » pourraient être sans conséquence « s’il s’agissait simplement de relaxation ». Or, un document suggère qu’elles permettent « la guérison du
cancer et autres maladies graves ».
Par ailleurs, le fasciathérapeute français, Danis B. et ses disciples oeuvrent dans au
moins cinq hôpitaux français révèle encore Olivier Hertel. Leur pratique, la fasciathérapie, « soutient l’existence dans le corps d’un mystérieux mouvement animant les
fascias », ces tissus conjonctifs qui délimitent les organes. Ce mouvement imaginaire
« aurait un impact sur la santé. Le 22 juin 2012, le Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes a pourtant rappelé que la fasciathérapie n’est pas reconnue
par la profession.
Enfin, au CHU de Nantes, Lise C, chercheur au CNRS, a vainement tiré la sonnette d’alarme en prenant position contre la mise en place d’un diplôme d’hypnose ericksonienne,
une thérapie proche de la programmation neuro-linguistique (PNL), bien éloignée de
l’hypnose médicale utilisée pour les anesthésies. Sa hiérarchie ne l’a pas écoutée.
Autre infiltration révélée par le journaliste Olivier Hertel : celle des universités. Il a
ainsi répertorié dix-sept thèses portant sur la fasciasthérapie dans six universités ainsi
que dans les laboratoires du CNRS, de l’Inserm et d’AgroParisTech ! Quant à l’Université d’Angers, les étudiants en médecine doivent lire un ouvrage vantant la thérapie
chamanique, ce qui sous-entend que si la médecine « classique » n’a pas de réponse,
la « médecine parallèle » s’offre comme l’ultime recours. Enfin, dans cette même univesité, un grave conflit oppose un directeur de l’Inserm à un professeur de médecine
proche d’Omalpha, un mouvement ésotérique mystique fondé par un canadien. Des
investigations ont mis en évidence les « accointances » d’Omalpha avec la secte russe
Ashram Shambala, dont le gourou vient d’être récemment condamné en Russie à 11 ans
de « camp à régime sévère ».
(Source : Paris Match, Isabelle Léouffre, 17.12.2012 & 20minutes on line, ats, 07.02.2013)
Une université très remarquée
L’Université Fernando Pessoa, déjà épinglée dans l’enquête de « Sciences et Avenir »
de novembre 2012 sur les dérives sectaires et thérapeutiques dans les hôpitaux et les
universités de France pour ses liens avec la fasciathérapie, fait à nouveau parler d’elle.
Rappelons que cette pratique, inventée par Danis B. et inspirée de l’ostéopathie, de
la kinésithérapie et « de concepts ésotériques », n’a jamais fait la preuve de son ef-
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ficacité. Elle est d’ailleurs signalée dans le guide de la Miviludes : « Santé et dérives
sectaires » et a été dénoncée le 22 juin 2012 par le conseil national de l’ordre des
kinésithérapeutes « qui rappelle qu’elle n’est pas reconnue par la profession, contrairement à ce que prétend Danis B. ».
Le Ministère de l’Enseignement supérieur vient de réagir vivement à l’initiative de
« l’université » privée portugaise qui entendait contourner le concours de la première
année commune aux études de santé (PACES), porte d’entrée des études de médecine,
pharmacie, chirurgie dentaire, etc.
Et suite à l’ouverture d’une antenne de l’université portugaise Pessoa à Toulon, Geneviève
Fioraso, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, vient d’indiquer, dans
un communiqué de presse daté du 13 décembre 2012, avoir demandé à la Rectrice de
l’Académie de Nice de déposer une saisine auprès du Procureur de la République de
Toulon sur les points suivants : usage abusif du terme « université » et non-respect des
règles du régime de déclaration préalable pour l’ouverture de ce type d’établissement.
Par ailleurs, Geneviève Fioraso « a plusieurs préoccupations sur la qualité de la formation et de la capacité de la structure Fernando Pessoa à répondre aux exigences d’un
enseignement technique dans les disciplines de santé ».
(Source : Sciences et Avenir, Olivier Hertel, 14.12.2012)
Lire le communiqué de presse du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid66569/universite-fernando-pessoa-a-toulon-saisine-du-procureur-de-la-republique.html
Amma / Maison amrita
Visite à la mère divine
Après un passage par l’Allemagne, la Suisse, l’Angleterre et les Pays-Bas, et avant de se
rendre en Espagne, en Italie et en Irlande, Mata Amritanandamayi, appelée plus communément Amma (mère en hindi), est venue à deux reprises en France, à l’automne 2012.
Originaire d’Inde, Amma, appelée « la mère divine » est « fondatrice » d’une ONG humanitaire dont le siège se trouve au Kérala (Inde).
Le 1er novembre 2012, le journaliste de Golias s’était rendu au Zénith Omega de Toulon
dans le but de rencontrer cette célèbre « mère divine » qui prodigue à la chaîne à des
milliers de personnes son étreinte, le « darshan ». Le rituel en est forcément bien rodé.
750 bénévoles ne se sont-ils pas déplacés à leurs frais pour offrir gratuitement leurs
services ? Parmi eux, un « noyau dur » de 250 participe à l’intégralité de la tournée
européenne d’Amma, explique au journaliste l’attachée de presse chargée de superviser l’équipe des communicants pour l’Europe.
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L’étreinte d’Amma, ou darshan, est offerte gratuitement . Ce qui n’empêche nullement
que de nombreux stands proposent à la vente « un nombre pléthorique » de produits
dérivés : DVD de prière, poudre de santal bénie, huiles essentielles, compléments alimentaires, statuettes, vêtements…, sans compter des centaines de photographies
représentant « la mère divine » ou bien encore la « poupée Amma » vendue 90 euros
et qui joue un rôle de substitut : si vous êtes loin de « la mère divine » et que vous
souhaitez un darshan, vous câlinez la poupée… Toutes les marchandises en vente lors
des tournées en Occident sont fabriquées en Inde dans des villes « construites » par
Amma où se trouvent non seulement des logements et des écoles, mais surtout des manufactures qui fabriquent précisément tous les objets. Selon Golias, les logiques « de la
mondialisation financière ultra-libérale trouvent là leur quintessence ».
Mais qu’on se rassure : tout l’argent récolté est utilisé à « des fins caritatives » par l’ONG
fondée par Amma, « Embracing the World »(ETW), affirme l’attachée de presse, appuyée
en cela par le président de la section française, Michel Tailhardat. Ce derner précise qu’il
n’existe pas « de frais de fonctionnement superflus, que tout l’argent va directement
aux œuvres caritatives, puisque tout le monde est bénévole ». Reste que la capacité
de l’ONG ETW à communiquer sur ses « œuvres de bienfaisance » s’avère très impressionnante et des écrans de télévision diffusent en boucle toutes les réalisations. Il est
rappelé qu’Amma a reçu de « prestigieux prix internationaux ». Par ailleurs, n’est-elle
pas reconnue par des institutions internationales, des Prix Nobel de la Paix, des ministres
et des vedettes ?... Jan Kounen lui a même consacré un film « Darshan » co-produit par
Arte France et projeté au festival de Cannes en 2005. Par contre, lorsque le journaliste
interroge le service de presse pour tenter d’évoquer avec lui « les lignes budgétaires »
suivies par l’organisation et notamment le montant des sommes affectées aux œuvres
caritatives, « un sourire de non-recevoir lui est adressé ».
Dans la biographie de la « mère divine » offerte par le service de presse, figure le récit de
« miracles » réalisés par Amma. L’un d’eux concerne la transformation d’une eau en lait
puis… en pudding ! Dans un autre ouvrage « plus confidentiel », la « mère divine » lèche les
plaies d’un lépreux et le guérit miraculeusement…
En janvier 2012, le « vernis » de le la Maison Amrita s’est fendillé avec les révélations de
Gail Tredwell, première fidèle occidentale, demeurée dix neuf ans aux côtés de la « mère
divine ». Dans un article publié en août 2012 dans le magazine Rolling Stone, le journaliste
américain David Amsden a rencontré l’ancienne adepte qui vit maintenant à Hawaï. Cette
dernière évoque, entre autres, la maltraitance, la cruauté, les luttes de pouvoir qui sévissent au sein de l’organisation et rappelle qu’elle a dû s’enfuir, il a douze ans, dissimulée sous
une couverture dans une voiture. Elle prépare actuellement un livre-témoignage.
(Source : Golias Magazine, Jean-Baptiste Malet, novembre-décembre 2012)
Il s’agit de la biographie d’Amma : « La Mère de la Béatitude Immortelle ». Des extraits sont à lire sur le
site : http://www.prevensectes.com/rev0501.htm#21
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scientologie
Deux
scientologues
font condamner l’Etat
Une élue en croisade
Brigitte Kuster, maire du 17e arrondissement de Paris vient
d’écrire au président de la Miviludes afin de l’alerter sur
une opération de communication menée actuellement par
la Scientologie.
Les membres de l’organisation distribuent en effet des
tracts invitant les passants à venir visionner gratuitement
un film : « La dianétique, évolution d’une science », devant les stations de métro Villiers, Ternes et Saint-Lazare.
Les séances ont lieu tous les jours au Celebrity Centre
implanté en plein cœur du quartier des Batignolles.
Brigitte Kuster a également écrit aux directeurs des collèges et des lycées du 17e arrondissement pour qu’ils
sensibilisent les élèves « potentiellement les plus exposés »
aux dérives sectaires.
Une habitante de l’arrondissement confie son inquiétude
car, explique-t-elle, la Scientologie est discrète et les personnes qui fréquentent le Celebriy Centre sont « plutôt
des personnes ordinaires », ce qui est « d’autant plus
dangereux ». Elle redouble donc de vigilance.
Mais les habitants du quartier peuvent « compter » sur
Nono le clown, personnage bien connu qui « monte la
garde devant le centre » et qui avertit les passants. La
Scientologie est implantée depuis une trentaine d’années
dans le quartier.
En avril 2012, les deux principales structures parisiennes
de la Scientologie ont été condamnées en appel à 600.000
euros d’amende pour « escroquerie en bande organisée ».
La Scientologie s’est pourvue en cassation.
(Source : Le Parisien, Christine Henry, 27.12.2012)
L’Etat a été condamné à
verser 3.000 euros de dommages et intérêts à François Bonnet ainsi qu’à Alain
Rosenberg, deux responsables de la Scientologie.
Ils avaient été poursuivis
en 1985 pour « escroquerie, publicité mensongère,
violence et voie de fait »
après avoir été mis en cause deux ans plus tôt dans
la première plainte dirigée
contre la Scientologie. Ils
avaient finalement bénéficié d’un non-lieu fin 2008.
Le tribunal de grande instance de Paris a évalué à 15
mois le retard qu’a connu
cette affaire, « jugeant
qu’il caractérise l’existence d’un déni de justice ».
En 2003 et 2005, les deux
scientologues avaient déjà
obtenu 6.000 et 8.000 euros
de dommages et intérêts
« en raison de la durée déraisonnable de » de l’instruction.
(Source : Le Figaro / AFP,
20.12.2012)
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EVANGELIQUES
« Le phénomène évangélique, analyse d’un milieu compétitif », Jörg Stolz, Olivier
Favre, Caroline Gachet, Emmanuelle Buchard, Labor et Fides, Décembre 2012
A partir du contexte suisse où les évangéliques ont triplé en trente ans, quatre chercheurs
ont mené une enquête. Sur la base de plus de mille questionnaires et de près d’une centaine d’entretiens qualitatifs, ils ont identifié trois grandes orientations : les « conservateurs »
(10,7 %) qui développent une vision apocalyptique du monde et une forte croyance dans l’infaillibilité de la Bible ; les charismatiques (32,5 %) « pour qui l’expérience émotionnelle de la
présence du Saint-Esprit est capitale » ; et enfin les « classiques » (56,8 %) ouverts à d’autres
lectures de la Bible. Ces courants se différencient principalement quant à leur rapport à la
société et à leur degré d’adhésion à la ferveur charismatique.
(Source : Catalogue Editions Labor et Fides & LeCourrier.ch, 23.02.2013)
« Soldats de Jésus. Les Evangéliques à la conquête de la France », Linda Caille,
Fayard, 2013
La journaliste Linda Caille propose une enquête fouillée sur ces chrétiens « militants ». Pendant cinq ans, elle a sillonné la France, des « megachurches » aux petites communautés qui
se réunissent dans des appartements.
Lors d’une interview, Linda Caille explique le titre qu’elle a choisi pour son ouvrage par le
fait que les évangéliques sont « comme des soldats dans la mesure où leur vie est consacrée à
une cause qui les dépasse : l’annonce de l’Evangile ». Elle donne la parole à ces « convertis »
d’âges et de milieux sociaux différents observant que chez certains il existe « un profond
désir de convertir l’autre » et en même temps « un grand mépris pour tous ceux qui ne sont
pas comme eux ». Quant à d’autres qui recherchent à tout prix « une pureté biblique », ils se
privent d’apports intellectuels non négligeables. D’où le reproche fait par des chrétiens aux
évangéliques d’avoir une compréhension du monde « au ras des pâquerettes ».
Linda Caille analyse le pourquoi du succès des Evangéliques. Malgré leurs côtés conservateurs
et réactionnaires, ils occupent une place laissée vide par des Eglises chrétiennes qui peinent
à se renouveler.
(Source : La Vie, Henrik Lindell, 21.02.2013)
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SANTE / JUSTICE
Deux co-gérants de société mis en examen pour abus de faiblesse
JLX, médecin acupuncteur récemment radié de l’Ordre des Médecins et une psychologue, ont été interpellés le 5 décembre 2012 au Pays Basque, « à la suite d’une enquête
préliminaire diligentée par la compagnie gendarmerie de Mauléon, associée dans cette
affaire à la section départementale de recherche de la gendarmerie et l’Office central
de la répression des violences aux personnes ». Le procureur de Bayonne, Anne Kayanakis, a par la suite confirmé que tous deux étaient mis en examen pour abus de faiblesse
par sujétion psychologique et escroquerie. JLX est en outre poursuivi pour exercice
illégal de la médecine.
Les mis en examen co-géraient à Biarritz une société de conseil en affaires et conseil
en gestion : « Autres Dimensions ». En tant que personne morale, cette société doit
également répondre d’escroquerie et de travail illégal.
Cette affaire d’abus de confiance et de sujétion psychologique est née d’une plainte
déposée il y a un an par une ancienne adepte des méthodes prônées par « Autres Dimensions ». Elle accuse les deux co-gérants de manipulation mentale dans le but de la déposséder de ses biens. D’autres plaintes ont suivi. Les « clients » de JLX, originaires d’un peu
partout en France, ont pour point commun « d’avoir un besoin de spiritualité ».
JLX a également développé la marque « Quantic Potential Measurement » qui a donné
son nom à une machine à mesurer le stress présentée dans de nombreux médias, dont
le quotidien Le Monde en 2007. De nombreux scientifiques « ont cependant fait part de
leurs doutes sur cet appareil »…
JLX se présente comme docteur en médecine depuis plus de vingt cinq ans, tout en
ayant élargi sa pratique aux médecines énergétiques et aux cristaux « comme outils
d’évolution de conscience et de thérapie ».
La société « Autres Dimensions » qui surfe sur le courant New Age, a mis en place une
boutique virtuelle vendant des ouvrages, des cristaux et un programme « décodage
corps/esprit » qui, par courrier, coûte 80 euros… Des stages sont également proposés à
plus de 700 euros la semaine sans oublier des séances de « canalisation ».
La société biarrote affichait en 2011 un chiffre d’affaires de 248.659 euros.
(Source : Sud-Ouest, Véronique Fourcade & Elisa Artigue-Cazcarra, 22.12.2012)
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A l’étranger
Législation
ITALIE / LES SENATEURS ITALIENS ALERTENT LEUR GOUVERNEMENT
Le Sénat italien a engagé une réflexion sur la nécessité de créer une loi semblable aux
lois française et belge sur l’abus de faiblesse.
Dans sa séance du 6 décembre 2012, le Sénat s’adresse aux Ministres de l’Intérieur,
de la Justice, de l’Education, des Universités et de la Recherche, et de la Santé.
Il relève un certain nombre d’observations
au vu de l’inquiétante propagation des
sectes religieuses en Europe. Il cite les
différentes initiatives qui ont fait évoluer
la perception du phénomène sectaire en
Europe et demande quelles mesures les
ministres en fonction pensent adopter par
rapport aux diverses Recommandations du
Conseil de l’Europe.
En Italie, seule la région du Frioul-Vénétie julienne a promulgué le 31 mai 2012
une loi régionale intitulée « Normes pour
le soutien et la pleine liberté intellectuelle, morale et psychologique de l’individu » (Norme per il sostegno e la piean
libertà intellecttuale, morale e psicologica
dell’individuo).
A ce jour, seules les associations privées
et bénévoles font, malgré leurs ressources
limitées, un précieux travail et dispensent des informations sur le phénomène
sectaire tout en apportant un soutien aux
victimes et à leurs familles. Ces associations compensent le manque d’action du
secteur public en assurant un service to-
talement gratuit tout en prenant conseil
auprès d’experts dans les domaines de la
santé, de la criminologie, de la psychologie et du droit. Ainsi l’Association des
familles de victimes, FAVIS, a lancé une
première initiative en Italie en publiant
une brochure de prévention « Les mains
sur la tête », distribuée gratuitement aux
lycéens d’écoles secondaires dans la province de Rimini.
Les efforts déployés par les associations de
défense et leur coopération active avec la
police ont abouti à la condamnation de gourous. Par ailleurs, certains représentants
d’associations ont été auditionnés par le
Comité Justice du Sénat sur la thématique
de la manipulation mentale envers les plus
faibles avec une référence particulière au
phénomène sectaire. Leur contribution au
projet de loi n°569 sur la manipulation
mentale a eu pour résultat de provoquer
à leur encontre une campagne accusatrice
et diffamatoire sur internet. Des accusations non fondées et insultantes destinées
à les discréditer ont été lancées ad personam : contre les responsables d’associations de défense auditionnés mais aussi
contre des membres de l’équipe engagée
dans la lutte contre les sectes au Ministère
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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de l’Intérieur et contre des personnalités politiques. Une ancienne adepte de la Scientologie, Mme Maria Pia Gardini a elle aussi été « attaquée ».…
Devant cet état de fait, il est demandé aux ministres en place ce qu’ils comptent entreprendre pour la prévention en milieu scolaire et médical et s’ils mettront en place, à
l’exemple de la France, une mission interministérielle d’observation et de lutte contre
les dérives sectaires. Enfin, il leur est demandé s’ils sont informés des campagnes de diffamation contre les associations et contre leurs membres et surtout, comment ils comptent agir pour aider les victimes et leurs familles qui se tournent vers ces associations.
Pour conclure, le texte du Sénat rappelle les paroles du président de la République à
l’occasion de la célébration de la journée du bénévolat en 2009 qui déclarait que les
actions sociales qui répondent aux besoins et aux droits des citoyens ne peuvent pas être
uniquement déléguées au secteur privé.
Lire le texte du Sénat : http://www.senato.it/japp/bgt/showdoc/showText?tipodoc=Sin
disp&leg=16&id=691624
Marie Pia Gardini est décédée au cours du week-end du 22 septembre 2012. Elle avait combattu la
Scientologie après y avoir adhéré. Lire ses révélations : « Moi, ancienne prêtresse de la Scientologie » sur le
site : http://www.antisectes.net/gardini-sole.htm
Pouvoirs publics
Belgique / La Sûreté de l’Etat porte plainte
Deux rapports secrets à diffusion restreinte, ayant été divulgués, la Sûreté a porté
plainte contre X. En effet, une personne habilitée à recevoir un rapport « secret » s’expose à des poursuites si elle divulgue son contenu. Un juge d’instruction instruira cette
plainte.
Le premier rapport divulgué concernait la Scientologie soupçonnée d’infiltrer les milieux
belgo-congolais à Bruxelles « afin de renforcer sa présence dans la région des grands
lacs ».
Le second rapport avait été consacré à des organisations comme la Scientologie et le
Sahaja Yoga. Une partie de ce rapport a été divulguée. Il ressort de ce document que la
Sûreté de l’Etat vérifie si ces organisations visent consciemment certaines institutions et
essaient d’influencer les hommes politiques dans leurs décisions. « Chaque organisation a
le droit de faire du lobbying » relève le rapport. « Mais quand les hommes politiques sont
contactés pour influencer le processus de décisions, pour adapter des lois ou exercer leur
influence, la zone grise du lobbying est franchie. On peut alors parler d’immixtion ».
(Source : lalibre.be, J. La, 12.02.2013 & Le Vif, 02.02.2013)
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Belgique / Quatre pratiques non conventionnelles en débat
Alors que la Commission de la Santé de la Chambre discutait de l’opportunité de reconnaître l’acupuncture, la chiropraxie, l’homéopathie et l’ostéopathie, des universitaires belges ainsi que l’association belge des syndicats médicaux (Absym) se sont prononcés contre
toute reconnaissance et financement public de ces médecines non-conventionnelles.
Pour les doyens de facultés de médecine d’universités belges, « il ne peut être question d’enseigner des pratiques dont l’efficacité n’est pas scientifiquement démontrée ».
Ils estiment que « dans cette période de forte restriction, il faut préserver les deniers
publics» et les réserver aux traitements médicaux basés sur les preuves. Ils n’excluent
pas l’intégration de ces pratiques dans les enseignements à condition qu’une évaluation
scientifique sérieuse atteste de leur efficacité. En juin 2012, la revue Prescrire a repris
la synthèse de 19 articles scientifiques qui concluait qu’à ce jour, « aucun traitement
homéopathique n’a d’efficacité démontrée au-delà de l’effet placebo ».
L’organisation professionnelle (Absym) quant à elle estime que « ces médecines alternatives ne sont rien d’autre qu’un exercice illégal de la médecine », qui peut être sanctionné
pénalement. Elle appelle les politiques à « livrer un signal court et fort » sur cette question. Elle conclut que la tolérance voire l’encouragement à ces pratiques « a uniquement
conduit à la croissance et à la floraison de pratiques sectaires et dangereuses ».
De son côté, l’Ordre national des Médecins, dans un « avis » rendu public, estime que ces quatre thérapies non conventionnelles « ne peuvent en aucun cas être une alternative à la médecine clinique scientifique ». En effet, le choix d’une orientation vers ces pratiques doit être
« subordonné » à un bilan préalable chez un médecin généraliste ou spécialisé agréé. Elles ne
pourraient être « dans le meilleur des cas » que « complémentaires », précise l’Ordre.
Le Conseil de l’Ordre interpelle directement la ministre des Affaires sociales et de la Santé
publique, Laurette Onkelinx, « qui a entrepris de rédiger des arrêtés d’exécution de la loi
du 29 avril 1999 relative aux pratiques non conventionnelles ». En effet, selon RTL Télévision, la ministre de la santé souhaite la reconnaissance de ces quatre pratiques médicales.
Toutefois, cette position de la ministre relance la polémique sur la validité scientifique de
ces pratiques. Le débat est loin d’être clos puisque les doyens des facultés de médecine des
universités belges « recommandent fermement de mettre fin à tout financement public des
pratiques non-conventionnelles et rappellent qu’il ne peut être question pour leurs facultés
d’enseigner des pratiques dont l’efficacité n’est pas scientifiquement démontrée ».
(Source : Psychomédia, 25/01/2013 & dh.be, 29/01/2013 & RTL.Info.be / RTL-TVI, 01.02.2013 & Le Vif.
be, 22.02.2013)
l’ULB, la VUB, l’UGent, l’ULg, l’Université de Mons, la KUL, l’UCL, l’Université d’Hasselt, l’UA et l’Université de Namur
Synthèse réalisée par le KCE, Centre fédéral belge d’expertise des soins de santé.
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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AUM / ALEPH
Japon / Le gouvernement condamné
La cour de district de Tokyo a condamné le gouvernement de Tokyo à payer des dédommagements et à présenter des excuses au groupe « religieux » Aleph, dénommé anciennement Aum Shinrikyo pour avoir écrit dans un rapport d’enquête que le mouvement était
derrière la tentative d’assassinat du chef de la police nationale, Takaji Kumimatsu.
Les fonctionnaires de police décideront de faire éventuellement appel.
En 2000, Aum s’était rebaptisé Aleph. En 2007, des adeptes ont créé un groupe dissident,
Hikari no Wa (Circle of Rainbow Light).
En 1995, la secte Aum avait effectué une attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo tuant
12 personnes et blessant des milliers d’autres personnes. En 1994, la secte avait déjà effectué une attaque analogue dans un quartier de Matsumoto, dans la province de Nagano.
Le gourou et treize membres de la secte ont été condamnés à mort.
(Source : D’après traduction de “Aum successor wins damages, apology from Tokyo government”, The
Japan Times, 16.01.2013)
« Underground », Haruki Murakami au cœur de l’attentat dans le métro de
Tokyo
Dans son ouvrage, « Underground », l’écrivain japonais Haruki Murakami analyse les
conséquences de l’attentat au gaz sarin commis par la secte Aum dans le métro de Tokyo
le 20 mars 1995, attentat qui coûta la vie à 12 personnes et en intoxiqua 5.500 autres.
L’intérêt de l’auteur pour cet évènement dramatique avait jailli après la lecture d’un
message dans un magazine féminin : il provenait d’une femme dont le mari souffrant de
séquelles comme plus d’un millier d’autres personnes, avait perdu son emploi à la suite
de l’attentat. Ce message lui avait causé un choc et il a voulu comprendre pourquoi la
victime d’un acte violent purement arbitraire avait pu souffrir d’une « victimisation
secondaire ».
Les médias japonais avaient « bombardé » leurs lecteurs d’informations et de portraits
des membres de la secte, reléguant les victimes au second plan et les rares témoignages
publiés n’étaient qu’un assemblage clinquant de formules vides.
Haruki Murakami a donc entrepris d’interroger les survivants de l’attaque et pendant
un an, de début janvier à fin décembre 1996, il a mené des entretiens, aidé par deux
« Underground », Haruki Murakami, traduit de l’anglais par Dominique Letellier, Editions Belfond, 2013.
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BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
assistants. A partir d’une liste de 700 noms, les trois enquêteurs n’ont pu identifier que
140 personnes. Et seules 40 % ont accepté d’être interviewées.
Au final, 62 interviews ont été obtenues, toujours avec le souci de respecter la volonté
des interlocuteurs. Il apparaissait que le degré des blessures infligées par cet attentat
variait considérablement d’une personne à l’autre.
L’ouvrage « Underground » fut publié une première fois en 1996 au Japon. Mais de nombreux lecteurs firent remarquer à l’auteur qu’il manquait à son livre le point de vue des
adeptes de la secte. Murakami avait donc remis son livre en chantier et rencontré les
terroristes impliqués. Leurs réponses offrent un éclairage unique sur le fonctionnement
des sectes et permettent de comprendre « certains aspects de la mentalité japonaise,
particulièrement vulnérable lorsqu’elle est confrontée au rouleau compresseur intellectuel, moral et affectif » d’une organisation sectaire comme Aum. Ainsi l’auteur dresse-til, entre autres, le portrait de l’adepte, Ikuo Hayashi, un ancien chirurgien réputé qui fut
choisi par le chef de la secte, Shoko Asahara, pour mener l’attaque au gaz sarin dans le
métro de Tokyo. A un moment de sa carrière Hayashi semble avoir éprouvé de « sérieux
doutes » concernant sa profession et se laissant séduire par « les enseignements charismatiques » de Shoko Asahara, il avait démissionné de son poste et quitté ses proches…
(Source : Prévention sectes, 31.01.2013 & L’Express, Philippe Delaroche, 07.02.2013)
Pour plus d’informations sur Aum, consulter la revue de l’UNADFI, Bulles n°83 :
http://www.unadfi.org/IMG/pdf/AUM.pdf
ASHRAM SHAMBALA
Russie / Condamnation à 11 ans de camp
Le 7 février 2013, Konstantin Rudnev, chef de la secte russe Ashram Shambala a été
condamné par un tribunal de Novossibirsk à onze ans « de camp à régime sévère » pour
viol, trafic de drogue et création d’une organisation portant atteinte aux droits civiques.
Son procès à huis clos, démarré en juillet 2011, s’est poursuivi jusqu’en 2013.
En 1999, la secte revendiquait plus de 10.000 adeptes et s’était développée dans 18 régions, y
compris à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Selon la police, elle avait recruté des personnalités
de haut niveau, intéressées par le mysticisme, l’occultisme et l’utilisation de la magie.
Konstantin Rudnev, prophète autoproclamé, se présentait comme « un messager de Sirius » envoyé sur terre pour « sauver les dévots ». Sa doctrine figure dans un ouvrage
intitulé « The Way of a Fool » (La Voie de l’Insensé) dans lequel il rejette tout mode de
vie traditionnel et raille le désir de fonder une famille, d’avoir des enfants, d’étudier et
de travailler… Il soulignait particulièrement le rôle négatif de la mère « comme source
première de tous les malheurs ».
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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Les tentatives pour le poursuivre avaient échoué en 1999, 2004 et 2008 car ses adeptes
avaient refusé de témoigner contre lui. Il sera finalement arrêté en 2010 en compagnie
de 38 fidèles dont la plupart étaient de jeunes femmes recherchées par leur famille.
Une responsable du « comité d’enquête local » souligne que la grande majorité des
adeptes sont des femmes âgées de 18 à 40 ans qui avaient des difficultés de nature
familiale ou privée. De son côté, la porte-parole du Service fédéral de sécurité, Irina
Zebrova, déclare qu’une pression psychologique était exercée sur les adeptes affaiblis
par ailleurs par le manque de sommeil et de nourriture. Mis en situation de dépendance,
ils avaient rompu avec leurs proches et suivaient aveuglément les ordres du gourou.
Certains avaient vendu tous leurs biens à son profit.
(Source : D’après traduction de « Konstanin Rudnev : russian cult leader jailed for sex abuse », The
Telegraph, Tom Parfitt, 08.02.2013 & 20minutes on line, ats, 07.02.2013)
EGLISE FONDAMENTALISTE DE JESUS-CHRIST DES SAINTS DU DERNIER JOUR (FLDS)
Etats-Unis / Le dernier chapitre d’un feuilleton judiciaire ?
Deux procureurs de l’Etat du Texas ont décidé de saisir le ranch occupé par les membres
d’une secte polygame dissidente mormone, le ranch YFZ (Yearning for Zion Ranch). Ce
dernier avait servi de refuge aux principaux leaders de la secte FLDS et à son « prétendu
messie », Warren Jeffs, lorsqu’il figurait sur la liste des dix fugitifs les plus recherchés
par le FBI.
La saisie du ranch est le dernier chapitre d’un feuilleton judiciaire de cinq ans. En 2008,
468 jeunes mineurs en avaient été retirés. Les autorités avaient réuni des documents
démontrant que Warren Jeffs avait « épousé » illégalement 78 femmes dont 24 n’avaient
pas l’âge requis. « Il s’était même marié avec deux jeunes filles de 12 ans » dans la
même journée…
Les autorités avaient alors estimé que les mineurs étaient conditionnés pour accepter
des relations sexuelles avec des adultes dès la puberté. Toutefois, les enfants avaient
été rendus à leurs parents après un jugement selon lequel les services d’aide à l’enfance
avaient outrepassé leurs pouvoirs.
Les procureurs de l’Etat du Texas qui viennent d’agir ont précisé que les dirigeants de la
secte avaient cherché à créer un endroit isolé pour pouvoir échapper à des poursuites
pour des agressions sexuelles sur mineurs. Par ailleurs, une étude avait démontré que
l’achat du ranch YFZ avait été financé grâce à des opérations de blanchiment d’argent.
Rappelons que Warren Jeffs a été condamné en 2011 à la prison à vie.
(Source : La Presse / AFP / Chicago, 28.11.2012)
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SCIENTOLOGIE
Belgique / Poursuivie par la justice
Le parquet fédéral a décidé de citer la Scientologie en justice. Cette dernière est soupçonnée d’être une « organisation criminelle ».
Selon le journal néerlandophone « De Tijd » et son équivalent francophone « L’Echo », des
citations à comparaître ont été envoyées à deux responsables belges de l’organisation, après
plus de six ans d’enquête. Ils sont accusés d’escroquerie, de pratique illégale de la médecine, d’infractions diverses à la loi sur la protection de la vie privée et d’extorsion.
Selon le journal « De Tijd », une première audience est fixée en mars prochain mais « s’il y
a procès, ce ne sera pas avant plusieurs années ».
Le dossier avait été ouvert en 2007. Il s’agit d’une nouvelle étape d’une enquête ouverte
après que l’Office régional bruxellois pour l’emploi ait fait part à la justice de soupçons de
faux en écriture et d’escroquerie dans des contrats de travail de bénévoles et de salariés. Le
11 avril 2008, la police belge avait perquisitionné le siège de la Scientologie à Bruxelles sur
l’ordre du juge d’instruction Michel Claisse. La télévision belge avait alors diffusé un reportage sur des offres d’emploi anonymes émanant de la Scientologie et selon un témoignage,
l’une des personnes ayant répondu à l’une de ces offres s’était vue priée « d’adhérer » aux
principes scientologues.
Les scientologues belges font déjà l’objet de poursuites pénales dans une affaire d’escroquerie et d’exercice illégal de la médecine. En 1997, des adeptes avaient porté plainte. Le juge
d’instruction, Jean-Claude Espen, avait instruit un fort volumineux dossier qui fait l’objet de
74 cartons. Le parquet fédéral avait alors dressé un réquisitoire réclamant le renvoi en correctionnelle de douze personnes physiques et de deux personnes morales : l’ASBL Eglise de
scientologie de Belgique et le « Bureau des droits de l’homme de l’Eglise de scientologie ».
Ce premier dossier aurait dû être examiné en 2009 en chambre du conseil. Il devrait être
regroupé au second dossier.
(Source : De Tijd, J. La., 29.12.2012 & 20Minutes / AFP, 28.12.2012)
Etats-Unis / Un ouvrage très attendu
Après le livre du journaliste anglais, John Sweeney, un journaliste américain, Lawrence Wright, sort lui aussi un ouvrage « Going clear : Scientology, Hollywood & The prison of Belief ».
Le point de départ de l’enquête est le témoignage de Paul Harris, réalisateur et scénariste de
renom, membre de la Scientologie pendant 34 ans. M. Wright a déjà raconté l’histoire de Paul
Haggis dans le New Yorker. L’auteur se livre à une série de révélations.
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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Reste que la Scientologie demeure le sujet de prédilection pour le journalisme d’investigation. Le Los Angeles Times, Saint-Petersburg Times et d’autres publications comme Rolling
Stones magazine ont fait paraître de longues séries d’articles sur l’organisation. Par ailleurs,
Lawrence Wright a recueilli le témoignage d’un ancien membre, Marty Rathbun, qui affirme
que Tom Cruise avait des contacts dans le staff de Bill Clinton, de Tony Blair et de Georges W.
Bush, contacts qui veillent sur les intérêts de la Scientologie.
L’auteur explique qu’il a cherché à comprendre le processus de croyance en écrivant ce
livre : « comment des gens apparemment rationnels peuvent-ils souscrire à un système de
croyances que d’autres jugent incompréhensibles ? » Pour lui, il s’agit surtout d’une histoire
de vies tristes, de luttes de pouvoir, de conflits, de secrets… Il parle du célèbre pénitencier
situé dans le désert à l’est de Los Angeles, surnommé « le trou » dans lequel des scientologues
sont enfermés, parfois pendant de mois.
Lawrence Wright a rencontré des dizaines d’anciens membres. L’un d’eux lui raconte ainsi
qu’à 11 ans, il travaillait de 8h du matin à 11h30 du soir, tous les jours à l’exception du samedi, son seul jour scolarisé.
Par peur des poursuites judiciaires, l’éditeur britannique Transworld a décidé de ne pas publier l’ouvrage de Lawrence Wright. Quant à l’éditeur canadien, Ramdom House, il a annoncé
ne pas le distribuer bien qu’il ait déjà diffusé la totalité des ouvrages précédents de Lawrence
Wright, y compris « La Tour Looming » un ouvrage consacré à Al-Qaïda et pour lequel Wright
avait remporté le Prix Pulitzer.
(Source : D’après traduction de« New Scientology exposé won’t be published in Canada, John Barber,
The Globe and Mail, 10.01.2013 & “articles of faith”, Paul Elie, Wall Street Journal, 11.01.2013 &
Actualite.com, Antoine Oury, 04.01.3013)
Témoins de jéhovah
Canada / Transfusion autorisée
L’hôpital Sainte-Justice à Montréal avait déposé une requête à la Cour supérieure demandant l’autorisation d’administrer des transfusions sanguines à un bébé de 14 semaines, né
prématurément le 2 décembre 2012. Ce dernier présentait des risques élevés d’hémorragie
cérébrale et à 11 jours, avait contracté une septicémie. Il se trouvait en danger de mort.
Ses parents, Témoins de Jéhovah, ne « pouvaient » pas signer leur consentement à des transfusions sanguines « pour des raisons religieuses ».
Très rapidement, un juge a accordé l’autorisation à l’équipe médicale de transfuser le bébé.
(Source : www.journaldemontreal, Anne-Laure Jeanson, 18.12.2012)
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BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
à signaler
LES PATRIARCHES
Anne Barest, Editions Bernard Grasset, 2012
La narratrice, Denise, jeune fille de 22 ans, semble tout connaître de la vie de son père,
mort d’overdose quelque treize ans plus tôt. A l’exception cependant de plusieurs mois de
l’année 1985 dont elle ne sait rien et dont personne dans son entourage ne parle jamais.
Son récit sombre et pesant, se divise en deux parties : une première consacrée à la quête
éperdue des souvenirs laissés par son père et une seconde, nettement plus concise qui
prend la forme d’une enquête. Celle-ci conduit le lecteur dans un manoir normand là
où se trouvait son père, précisément en 1985. Sous l’emprise de la drogue, il avait été
envoyé par un médecin dans l’une des Communautés du Patriarche qui, à cette époque,
« soignait » les toxicomanes, pour certains séropositifs, grâce aux subventions de l’Etat.
Le fondateur, Lucien Engelmajer, était alors encensé.
Mais sous ses allures de colonie de vacances spartiate, le manoir ressemblait à une prison où régnait la violence. Outre les méthodes de sevrage employées, brutales et douloureuses, « Lucien » exploitait sans scrupule ses pensionnaires et exerçait un droit de
cuissage sur les jeunes femmes. La narratrice le décrit avec tous ses abus et ses excès, le
comparant au « marquis de Sade et au Père Noël ». Lorsqu’il apprend que la DDASS veut
réduire ses subventions, il mobilise les pensionnaires, menaçant de provoquer un suicide
collectif !
La narratrice rappelle également qu’il finançait la « recherche » du controversé Mirko
Beljanski, inventeur d’un médicament censé guérir le sida. Au final, Le Patriarche sera
démantelé en 1995, épinglé, entre autres, pour des dérives sectaires.
Les Gourous de l’Apocalypse
Spécial Investigation, Canal+, « Les Gourous de l’apocalypse », 19 décembre 2012
Les journalistes Marina Ladous et Roméo Langlois ont enquêté sur des mouvements sectaires très fermés qui recrutent le plus souvent dans l’indifférence générale. Leur enquête « Les gourous de l’apocalypse » a été diffusée dans le cadre d’une soirée consacrée à la fin du Monde…
Le premier reportage est consacré à un guérisseur, Joseph, qui prétendant être revenu « de l’au-delà », anime une petite communauté dans la vallée de la Maurienne.
Quelques-uns de ses anciens adeptes parlent de ce qu’ils y ont vécu : brimades, coups,
BulleS - N°117 - 1er trimestre 2013
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blessures physiques « mais surtout psychologiques ». En décembre 2008, l’un d’entre
eux s’était suicidé en s’immolant par le feu. D’abord classée sans suite, cette tragique
affaire est aujourd’hui rouverte.
Le second reportage se déroule au Canada. Il concerne la communauté Essénienne
fondée par le français Olivier Manitara. Jusqu’en 2009, ce dernier présidait un « groupe
spirituel » au Temple sur Lot dans le Lot et Garonne. Il réside maintenant au Québec
où il a bâti un « petit empire » commercial. Il recrute sur internet. Pour les spécialistes, les rituels qu’il organise lors de « cérémonies » ressemblent à ceux de l’Ordre du
Temple Solaire où plus de 70 adeptes s’étaient suicidés [ou avaient été assassinés] au
milieu des années 1990.
L’enquête des deux journalistes se termine au Japon, avec l’évocation de la secte Aum.
Son gourou, Shoko Asahara, est responsable de l’attentat commis dans le métro de
Tokyo en mars 1995. Des sacs remplis de gaz sarin avaient été déposés dans cinq rames
provoquant la mort de 13 personnes et faisant 6.300 blessés.
(Source : teleobs.nouvelobs &docandfiction-tv.fr, 19.12.2012 & LaDepeche.fr, 21.12.2012)
« The Master »
de Paul Thomas Anderson
Le metteur en scène, Paul Thomas Anderson, reconstitue l’Amérique d’après-guerre et
évoque la naissance de la Scientologie, rebaptisée ici « La Cause ». Il filme la rencontre
d’un leader charismatique, Dodd, alias Ron Hubbard, avec un vétéran de la seconde
guerre mondiale déboussolé et alcoolique, Freddie, interprété par un Joaquim Phoenix
métamorphosé pour le rôle.
Entouré d’une communauté d’adeptes enthousiastes et dévoués, Dodd se livre à une
sorte de lavage de cerveau sur Freddie, lui faisant subir des exercices qui s’apparentent à
« l’audition scientologue » en devenir, tout en exerçant sur lui un rapport de domination
et de contrôle.
Le metteur en scène, Paul Thomas Anderson, l’a lui-même admis : le leader Dodd doit
beaucoup à Ron Hubbard et le film emprunte globalement « aux premiers jours de la dianétique » qui n’est autre que la « méthode » de la scientologie.
Reste que le spectateur qui ne connaît pas quelque peu la doctrine scientologue verra
sans doute un film un peu mystérieux dont le propos risque de lui échapper.
(Source : Slate.fr , F. Wickmann, traduction P. Sastre, 12.01.2012 & Service Documentation UNADFI,
janvier 2012)
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La revue trimestrielle de l’UNADFI
Bulletin de liaison pour l’étude des sectes
Directrice de publication : Catherine Picard
Rédigé par l’équipe de l’UNADFI - Paris
Maquette et mise en page : Nicolas Thouvenin - [email protected]
Impression : COMPEDIT BEAUREGARD S.A.
Zone industrielle Beauregard - 61600 LA FERTE MACE
ISSN 0758-3370
Numéro tiré à 2500 exemplaires
Union Nationale des Associations de Défense
des Familles et de l’Individu victimes de sectes
Centre d’accueil, d’étude et de documentation sur les mouvements sectaires
L’UNADFI est une association nationale qui informe sur le phénomène
sectaire et joue un rôle essentiel dans la prévention et l’aide aux
victimes à travers les 29 associations locales de défense des familles et
de l’individu (ADFI) et les 8 antennes.
L’UNADFI regroupe et coordonne les ADFI depuis 1982. Elle a été reconnue
d’utilité publique en 1996, et a reçu les agréments du Ministère de
l’Éducation nationale, ainsi que du Ministère de la Jeunesse, des Sports
et de la Vie associative.
L’UNADFI est membre associé de l’Union Nationale des Associations
Familiales (UNAF), membre actif de la Fédération Européenne des
Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme (FECRIS) et reste
indépendante de tout mouvement religieux, idéologique ou politique.
UNADFI - Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes
130, rue de Clignancourt - 75018 PARIS - Tél.: 01 44 92 35 92 - Fax : 01 44 92 34 57
Siret n° : 335255956 00039
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La liberté et le respect des personnes ne peuvent être des
prétextes pour abandonner les individus sans information
et sans défense à des organisations spécialisées dans la
mise sous dépendance dont les objectifs réels sont très
éloignés de leurs thèmes de séduction.
Prix unitaire : 6,50 € (France) - 8 € (Étranger)
Bulletin trimestrielle Bulles - ISSN 0758-3370

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