telerama-georges

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telerama-georges
Le premier album de George Sound pourrait être à la chanson ce que le
premier album de Gorillaz fut à la pop britannique. Un brassage neuf de
styles, trouvant dans l’épure une façon de synthétiser une voie inédite, au
carrefour du hip hop, du rock, du dub, de l’electro, de la chanson. Plus qu’un
concept, George Sound est le fruit d’une aventure humaine entre musiciens
avides de s’affranchir des étiquettes. A Bordeaux, Damien a grandi dans le
hip hop, persuadé que le rap français pouvait reprendre le flambeau de
l’urgence poétique des Brel et autres Ferré. Un premier groupe, As da
Sauce, l’avait mené sur différents street CD, mixtape et compilation (« Sad Street » sur le label
Sad Hill de Kheops, le DJ d’IAM). Déçu par les œillères d’un milieu piégé par la caricature et les
a priori, le chanteur avait pris ses distances avec le hip hop, en quête d’horizons nouveaux, sans
pour autant lâcher une écriture portée par son goût du rythme. Le hasard l’a rapproché de JeanPaul Roy, bassiste de Noir Désir, qui lui a présenté l’un de ses potes, Laurent, inébranlable
bassiste des Sleeppers, combo mythique du rock bordelais. Curieux de toutes les musiques, ce
dernier avait alors envie de s’évader un peu de la puissance hardcore de son groupe pour tenter
d’autres expériences. Le courant passera entre le rappeur défroqué et l’aventureux bassiste. A
l’initiative de Laurent, Erwan, chanteur des Hurlements d’Léo, autre figure de la scène
bordelaise, viendra prêter son timbre rugueux à certains textes de Damien. Complété par
d’autres membres des Sleeppers et des Hurlements d’Léo, le collectif prendra forme peu à peu,
trouvant sa voie dans le tâtonnement et les chemins buissonniers. Restait à trouver un metteur
en son à ces envies revendiquées d’éclectisme. Vieux complice des Sleeppers et de Lofofora,
le producteur Fred Norguet jouera un rôle clé dans la cohérence finale d’un album capable
d’abriter sous son toit, samples de cordes oppressantes et d’orgue pop, beats synthétiques et
caisse claire, guitares sèche et garage rock, basse nonchalante et frénétique, scansions
rebelles et lyrisme réaliste. Adepte de l’élagage et de l’efficacité, Norguet a dépouillé les
trouvailles des George Sound jusqu’à ce que l’album trouve son unité dans le pouvoir
d’accroche de chaque titre et une science de la dynamique devant autant au bruit qu’au silence.