Mémoire de Traduction Economique L`Entreprise

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Mémoire de Traduction Economique L`Entreprise
AZORIT
Luis
Mémoire de Traduction Economique
L’Entreprise
Année : 2009/2010
Master Traduction Institutionnelle - Université d’Alicante
Du 31 Mai 2010 au 01 Juin 2010
Jury composé de :
- Dr Catalina Iliescu
- Diego Carrasco
- Spécialiste du thème traité dans le mémoire
Coordinatrices du Practicum: Catalina Iliescu et Aída Martínez-Gómez
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SOMMAIRE
I) Introduction
II) Définition de la traduction
1) La traduction automatique (TA)
III) Les différents types d’équivalence dans la traduction
1) Équivalence linguistique
2) Équivalence paradigmatique
3) Équivalence stylistique
4) Équivalence sémantique
5) Équivalence formelle
6) Équivalence référentielle
IV) Analyse textuelle
1) Cohésion / Cohérence
2) L’élaboration de la cohérence en traduction
3) Cohésion
V) Le texte économique
1) La traduction économique: Définition / Caractéristiques
VI) Les langues et les cultures impliquées dans l'analyse
1) Analyse socioculturelle des pratiques commerciales en France et en Espagne
2) Analyse contrastive de l’Entreprise en France et en Espagne
a) La Société à Responsabilité Limitée (SL)
b) La Société Anonyme (SA)
c) Macro finance et micro finance
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VII) Recherche documentaire
1) Réalisation d’un corpus de textes économiques parallèles
2) Les moteurs de recherche (Google, Yahoo, etc…)
VIII) Résolution des problèmes de traduction
1) Compréhension / Traduction
2) Simplification
3) Traduction des adjectifs par des substantifs
4) La réorganisation du texte source
5) Problèmes liés à la polysémie de certains termes
6) Les faux amis
7) Anisomorphismes linguistiques
8 ) L’adaptation
IX) Conclusion
X) Glossaire économique Espagnol / Français
1) Texte 070201EF
2) Texte 050600EF
XI) Bibliographie
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I) Introduction
La traduction, comme activité de la pensée humaine, assure une certaine liaison entre
différents modes de communication, une espèce de lien dialogique entre deux (des) langues,
deux (des) moyens d'expressions, deux (des) imaginaires, voire deux (des) cultures… souvent
dissemblables.
Les activités traductrices d'une langue vers une autre, d'une culture vers une autre, font
apparaître plusieurs problèmes ; lesquels demandent à être élucidés et circonscrits. La
traduction n'est pas exclusivement le passage d'une langue à une autre, mais le rapprochement
de deux cultures, voire de plusieurs. Un rapprochement qui n'exclut évidemment pas la notion
d'écart que provoquent les interférences linguistiques et culturelles inhérentes à l’activité
traduisante. Chercher les équivalents et les correspondants est certes un moyen qui garantit un
transfert quelconque d'une langue à une autre, mais tenir compte uniquement de ces deux faits
conduirait à anéantir toute dimension interlinguistique – et, partant, interculturelle – porteuse
de significations nouvelles. Les différentes connotations qu'induisent les divergences
socioculturelles entre communautés linguistiques, sont à prendre en considération pour la
réussite (ou non) de la traduction.
Ainsi, grâce à la traduction, la migration des idées et des cultures devient plus aisée.
Par son biais, la charge culturelle de la langue source se superpose à celle de la langue cible.
Participant de la mise en contact d'au moins deux langues, la traduction opère, sinon dans
l'empire du plurilinguisme, du moins dans le royaume du bilinguisme. On doit en méditer les
effets, ne serait-ce que parce qu'ils réveillent, en écharpe, un mythe enfoui, celui de Babel.
Mais hélas, les traductions, comme les femmes, pour être parfaites, doivent être à la fois
fidèles et belles.
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II) Définition de la traduction
La traduction est l’opération qui consiste en un transfert d’un texte exprimé dans une
langue de départ(L1) en un texte réexprimé vers une langue cible (L2) sans toutefois que ne
soit affecté le sens sémantique général. Traduire, c’est énoncer dans une autre langue ce qui a
été énoncé dans une langue source, tout en tenant compte d'un certain nombre de contraintes
(contexte, grammaire, équivalences sémantiques, stylistiques, etc.), afin de le rendre
compréhensible pour des personnes ne connaissant pas la langue source et n'ayant pas la
même culture ou le même bagage de connaissances. Pour être à même de traduire, le
traducteur possède plus que des compétences linguistiques car il ne suffit pas de maîtriser la
langue source. En effet, il est nécessaire de maîtriser la langue cible, qui est généralement la
langue maternelle.
1) La traduction automatique (TA)
La traduction automatique est l’un des objectifs historiques de l’intelligence artificielle et du
traitement automatique des langues (TAL). Le problème a l’avantage de s’énoncer très
simplement : produire un texte dans une langue cible qui soit la traduction (au sens courant,
humain) d’un texte source donné. La portée applicative de la tâche est également facile à
comprendre. Malheureusement, en l’absence d’une définition opérationnelle ou algorithmique
de la traduction, la conception des systèmes de traduction automatique (TA) reste une tâche
ardue. Devant les imperfections des traductions produites actuellement par ces systèmes,
l’importance d’une évaluation quantitative de leur qualité apparaît clairement. A l’heure
actuelle, bien qu’elle puisse constituer une aide pour le traducteur dans certains cas, cette
technologie ne peut lui substituer car incapable de reproduire les effets de style et certains
mécanisme de la langue. Pour illustrer cette explication, prenons un extrait du texte 070201EF
et voyons ce que donne sa traduction par le traducteur de Google :
« Según el Decreto 20/1997, del 11 de febrero del Gobierno Valenciano, tienen consideración
de agencias de viajes las personas físicas o jurídicas que, en posesión del título-licencia
correspondiente, se dedican profesional y comercialmente al ejercicio de actividades de
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mediación y/u organización de servicios turísticos, pudiendo utilizar medios propios en la
prestación de los mismos. Dicho Decreto aprueba el reglamento de Agencias de Viajes de la
Comunidad Valenciana, regulando toda la actividad para la comunidad. En el apartado 7.2.
Normas sectoriales de aplicación puedes encontrar toda la legislación que afecta a la
actividad. »
Traduction de Google :
« Selon le décret 20/1997, du 11 Février le gouvernement de Valence, envisagent de
personnes Agents de Voyage physique ou morale, en possession d'éléments de preuve sous
licence, professionnelles et d'affaires voué à la poursuite de la médiation et / ou de
l'organisation des services de Voyage, peut utiliser ses propres ressources, en leur proposant.
Le présent décret qui approuve le règlement des Agents de Voyage de Valence, de régulation
toutes les activités pour la communauté. Dans le paragraphe 7.2. la mise en œuvre des règles
sectorielles, vous trouverez toute la législation affectant l'activité. »
Nous voyons clairement à travers cet exemple les limites de cette technologie.
III) Les différents types d’équivalence dans la traduction
Le traducteur, médiateur de la communication interlinguistique et interculturelle, se
doit de rechercher une équivalence qui rend le texte d’arrivée fonctionnel dans la culture
réceptrice. Nida, quant à lui, propose que « la traduction consiste à produire dans la langue
d’arrivée l’équivalent naturel le plus proche du message de la langue de départ, d’abord quant
à la signification, puis quant au style ». Une de ces idées est la notion de symétrie qui existe
dans la valeur des éléments des différentes langues. Selon ce postulat, l’équivalence existerait
à condition qu’elle ait la même valeur que l’original. Cependant, le fait que chaque langue
organise son espace sémantique de façon différente nie, théoriquement, toute possibilité de
valeur égale entre les éléments des différentes langues.
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1) Équivalence linguistique
On appelle ainsi le type d’équivalence qui présente une homogénéité sur le plan
linguistique entre le texte original et sa traduction. L’équivalence linguistique, aussi appelée
équivalence formelle, est celle qui est obtenue en faisant une traduction mot à mot.
2) Équivalence paradigmatique
Ce type d’équivalence se caractérise par l’imposition d’une certaine correspondance,
sur le plan grammatical, entre la traduction et le texte original. Il s’agit d’éléments
grammaticaux pouvant être substituables sans que le sens de l’énoncé ne soit modifié. En
français en espagnol, par exemple, le temps verbal des lois est généralement le présent de
l’indicatif. Ce temps peut être substitué par un autre si les usages et coutumes du système
juridique de la culture réceptrice l’exigent. L’équivalence paradigmatique désigne des
rapports dits verticaux, par opposition aux rapports syntagmatiques, plutôt qualifiés de
rapports horizontaux. En général, le traducteur obtient cette équivalence par le biais de la
transposition.
3) Équivalence stylistique
L’équivalence stylistique se rapporte à une relation fonctionnelle entre les éléments
stylistiques du texte de départ et du texte d’arrivée en vue de l’obtention d’une identité
expressive ou affective entre l’original et sa traduction, sans modifier le sens de l’énoncé. Le
style donné à la traduction peut varier selon que le texte traduit soit un texte littéraire ou un
texte pragmatique. En traduction juridique par exemple, le style du texte d’arrivée doit être
conforme aux usages du système juridique de la culture réceptrice.
4) Équivalence sémantique
On parle d’équivalence sémantique lorsque l’original et sa traduction ont le même
contenu sémantique ou sémiotique (le signifié). L’équivalence sémantique se place sur le plan
des mots et non du paragraphe ou du texte dans son ensemble. Elle suppose que le terme de
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départ et son équivalent en langue d’arrivée partagent un champ sémantique identique. Dans
ces cas, la traduction littérale s’avère un procédé de traduction approprié.
5) Équivalence formelle
Connue aussi sous le nom d'équivalence textuelle, équivalence syntagmatique ou
encore équivalence structurelle, l’équivalence formelle est employée pour reproduire le plus
littéralement possible le contenu et la forme du texte de départ de façon à ce que les
récepteurs de la traduction reçoivent le même message, dans son contenu comme dans sa
forme. Elle permet de s’identifier le plus fidèlement possible à la personne ou à l’objet dont il
est question dans le texte de départ, afin de comprendre le mieux possible ses traits culturels :
ses coutumes, sa façon de penser, ses moyens d’expression, etc. L’équivalence formelle n’est
nulle autre que la traduction littérale. La traduction par équivalence formelle a comme
caractéristique d’être une traduction orientée vers le texte de départ. En fait, c’est ce dernier
qui sert de référence dans l’établissement des normes de fidélité. La traduction glosée est le
parfait exemple d’une traduction rendue par équivalence formelle.
6) Équivalence référentielle
Dans ce type d’équivalence, il s’agit de veiller à ce que l’original et sa traduction
traitent du même sujet et se rapportent aux mêmes réalités.
« Sociedad Limitada Unipersonal » → « Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée »
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IV) Analyse textuelle
Les activités langagières du monde de l’économie, de par leurs différences
linguistiques et les relations qui s’établissent entre elles, ainsi que sur la circulation des
savoirs reflètent une réalité complexe et variée. Sous l’angle de l’analyse pragmatique du
discours, on étudie les différentes formes d’articulation possibles entre l’activité économique
et les pratiques communicationnelles. La langue économique en tant que telle n’existe pas,
mais il existe des façons de parler et d’écrire dans des situations professionnelles, qui relèvent
du domaine économique, et il existe des façons de parler et d’écrire à propos des faits
économiques. L’étude des variétés intralinguistiques présentes dans le discours économique
doit être complétée par l’analyse des différences textuelles et pragmatiques selon des
méthodes proposées par la linguistique contrastive.
1) Cohésion / Cohérence
Afin d'étudier les rapports entre les concepts de cohésion et de cohérence, il est
nécessaire de replacer le texte dans son contexte discursif. Nous pouvons définir le discours
comme étant une unité plus large que le texte. La cohérence apparaît dans le travail du
traducteur, surtout quand il traite de textes référentiels. Le traducteur recherche une
adéquation des référents aux niveaux sémantique, thématique et pragmatique. Dans le cadre
de la traduction spécialisée les spécialistes du domaine dans les deux communautés
linguistiques mises en contact par la traduction, partagent l'ensemble des référents
conceptuels. Le texte spécialisé n’est jamais œuvre originale, d’où l’importance pour le
traducteur de partager les référents cognitifs liés au domaine. La cohérence est toujours
définie par les éléments qui sont mis en rapport et donc l'adéquation ou la convergence en un
tout unifié.
2) L’élaboration de la cohérence en traduction
La cohérence relève de construits cognitifs. Dans le cadre des théories de la réception
du texte, de la psycholinguistique et de la linguistique du texte, la cohérence est toujours
définie par l'interaction entre le travail inférentiel du lecteur et certaines caractéristiques du
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texte tels qu’elles se manifestent lors de la traduction. Le processus de construction de la
cohérence s'arrime sur les référents cognitifs du traducteur. Plus les référents cognitifs du
traducteur se rapprochent de ceux du scripteur, plus la cohérence manifestée dans le texte
traduit devient compatible avec la cohérence du texte de départ, cohérence qui, à son tour,
pourra contribuer, parmi d'autres éléments, à la compréhension du destinataire de la
traduction. Inversement, si les référents cognitifs du traducteur n'intègrent pas les référents
cognitifs du scripteur, par ignorance de certains concepts, réalités ou termes, alors le
traducteur utilisera des référents de substitution qui risqueront de lui faire construire une autre
cohérence, éventuellement incompatible avec celle du texte de départ. Dans ce cas, il est
possible que le traducteur élabore un texte susceptible de dénaturer le sens du texte original et
d'en fausser l'interprétation.
3) Cohésion
Tout ce qui concerne la cohésion d'un texte reste relativement objectif et quantifiable. Il
devient en quelque sorte l'objet statique d'une analyse formelle.
Plan de la signifiance (système de règles linguistiques formelles)
Texte <-----> phrase <-----> morphème
Plan de la signification (ensemble de normes sociales concrètes)
Discours <-----> énoncé <-----> mot
L'analyse de la cohésion reste ainsi une analyse purement linguistique. Il s'agit du
fonctionnement interne du texte qui ne fait pas intervenir les facteurs relevant de la situation
d'énonciation ou d'ordre pragmatique. Si l'analyse de la cohésion d'un texte donné ne se
délimite pas facilement, c'est justement parce que les deux concepts, cohésion et cohérence,
restent largement interdépendants. Un texte qui est très cohésif, qui possède une structure
interne où les liens de cohésion sont facilement repérables, fournit au lecteur des outils
précieux pour faciliter l'interprétation. La cohésion n'est pas cependant une fin en soi. Tout
professeur sait intuitivement que la quantité des corrections ayant trait à la surface textuelle
n'est pas forcément en proportion directe avec la qualité ou l'efficacité du texte en tant
qu'ensemble. La présence des marques de cohésion n'est pas suffisante pour qu'un texte soit
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perçu comme cohérent. La cohésion textuelle n'est que l'un des éléments, qui peut contribuer à
l'interprétation de la cohérence.
V) Le texte économique
1) La traduction économique: Définition / Caractéristiques
La langue de spécialité économique est un domaine particulier constitué de sousdomaines. Une analyse permet d’observer qu’elle est constituée d’un lexique économique
intégré dans une phraséologie typique pour chacun des sous-domaines qui la composent.
Ainsi peut-on considérer le domaine économique divisé en deux parties et étudier les
différents aspects de spécialité micro et macro-économique, financière, etc…
La langue économique et financière est à la fois «une langue vivante », dotée d'une
personnalité à part entière, et une langue très technique. Cependant, les textes économiques
regorgent de termes techniques, qui en rendent la lecture très délicate pour le profane. En
effet, si les journalistes économiques, qui s'adressent au plus grand nombre, ont une obligation
de vulgarisation, ils ne peuvent faire état des derniers développements de l'économie sans
avoir recours à une terminologie spécialisée et souvent opaque pour les non-initiés. Un réel
effort de communication a été consenti pour permettre au grand public de mieux comprendre
les termes les plus courants de la langue économique. Le lecteur de textes économiques est
donc moins démuni qu'hier mais il lui restera difficile d'en saisir toutes les subtilités s'il ne
bénéficie pas d'une connaissance approfondie du domaine. La langue économique et
financière, parce qu'elle rend compte d'une réalité en constante évolution, est par ailleurs
génératrice de nombreux néologismes.
La langue économique est également celle utilisée dans les rapports annuels des
entreprises et des établissements de crédit, les rapports des sociétés de notation, les études
économiques, les rapports et communiqués des différentes banques centrales, les documents
émis par les banques d'affaires, etc. Les rédacteurs de ces documents, qui ne sont pour leur
part tenus à aucune obligation de vulgarisation, privilégient un style plus académique, plus
détaché.
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Les textes économiques et financiers regorgent de termes directement empruntés à
l'anglais désormais entrés dans l'usage. Un exemple, dans le texte 070201EF serait « SIC
(Standard Industrial Classification) », car ce genre de norme est universelle et donc en anglais
afin d’être comprise de tous. Il faut en fait sans doute chercher un peu plus loin pour
comprendre cet état de fait. Tout d'abord, il faut avoir conscience du rythme souvent
frénétique avec lequel l'économie évolue, et qui explique en grande partie le pragmatisme
dont ses acteurs font preuve lorsqu'il s'agit de communiquer.
VI) Les langues et les cultures impliquées dans l'analyse
1) Analyse socioculturelle des pratiques commerciales en France et en Espagne
L'Espagne reste une société conservatrice, à forte cohésion mais à faible mobilité
sociale, dans laquelle l'émotivité s'exprime librement. La société française subit, elle, des
influences réformatrices qui commencent à permettre davantage de mobilité sociale mais
minent sa cohésion, tandis que l'émotivité est de plus en plus bridée. La seule différence
brutale entre les deux cultures s'observe sur le mode de communication, toujours implicite en
Espagne mais définitivement explicite en France. L’impact de la culture sur la communication
est majeur. Il peut avoir des conséquences que son non respect dans le cadre de la coopération
interculturelle.
En effet, il existe de nombreuses différences culturelles entre la France et l’Espagne.
Le tutoiement est quasi immédiat, ce qui entraine des rapports plus directs avec son
interlocuteur. Il y a une plus grande proximité et des échanges plus informels. La culture
façonne la langue, alors même que la culture se construit pour une bonne part sur le socle de
la langue. Si nous prenons pour exemple le texte 070201EF, étant un guide d’activités
patronales, il est possible de dénoter de nombreuses occurrences du tutoiement, vecteur de
proximité entre auteur et récepteur :
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« Por consiguiente, el objetivo de la presente Guía es el de proporcionar información
relevante para facilitarte el análisis sobre la viabilidad de tu idea y la propia elaboración de
tu Plan de Empresa. »
Bien entendu, le français est bien plus formel car le tutoiement revêt une connotation
de proximité entre les personnes alors que le vouvoiement est employé pour des situations où
l’on ne connaît pas la personne à qui l’on s’adresse et / ou dans un cadre professionnel. C’est
pourquoi, il me semble qu’il est nécessaire d’adapter et traduire par :
« Par conséquent, l'objectif du présent Guide est de fournir une information significative pour
faciliter l'analyse de la viabilité de votre idée ainsi que l'élaboration de votre Plan
d'Entreprise. »
Traduire, c'est donc transmettre aussi bien une langue qu'une culture qui doivent être
comprises par le lecteur. Car si aucune langue n'est le calque d'une autre, chaque culture
connaît ses propres influences. Il va sans dire que certaines régions ont leur propre langue et
pratiques commerciales. Il est donc nécessaire d’adopter des comportements différents selon
la région d’implantation et de se montrer à l’écoute des différents acteurs.
2) Analyse contrastive de l’Entreprise en France et en Espagne
Les divergences économiques, quelles qu’elles soient, et dans notre cas dans le cadre
de l’entreprise, doivent ensuite être introduites dans la langue cible. Le traducteur a la tâche
de les transposer par une terminologie précise de la langue.
a) La Société à Responsabilité Limitée (SL)
La distinction que l’on connaît en France entre la SA et la SARL n’est pas
transposable en Espagne où la SRL n’a ni les avantages ni les inconvénients que l’on prête
traditionnellement à la SRL de droit français.
En Espagne, une SRL peut offrir un cadre approprié à des investissements importants
et c’est de loin la forme sociale la plus utilisée. De plus, la SRL peut être unipersonnelle et
crée avec de simples apports en nature, même modestes (d’un montant au moins égal à 500
000 Ptas), en guise de capital, ce qui explique que cette forme sociale est beaucoup plus
répandue en Espagne qu’en France.
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La SRL est constituée par l’acte de constitution au Registre du Commerce du siège
social. La publication d’une annonce légale dans le BORME rend la constitution de la SRL
opposable aux tiers. Le formalisme de la constitution d’une SRL rend la procédure plus
longue et plus coûteuse que celle d’une SARL française.
Outre le droit d’enregistrement de 1% sur le montant du capital social et les honoraires
d’un conseil (avocat ou « asesor »), il faut prévoir en général un budget global de frais de
constitution (publicité légale, demande d’information, déclaration et « gestor ») et
d’honoraires de notaires d’environ 100 000 à 150 000 Ptas. Ce montant peut être plus
important en fonction du capital social. Les délais de constitution varient en général entre
deux semaines et un mois ; ils peuvent être réduits à deux semaines avec l’assistance d’un
conseil.
b) La Société Anonyme (SA)
Le régime juridique de la SA de droit espagnol, modifié par la loi 19/1989, est voisin
de celui de la SA française. Son fonctionnement est très proche de celui de la SRL, mais plus
formaliste. La SA espagnole se différencie principalement de la SRL par le montant de son
capital social et son mode de libération, ainsi que par son caractère plus ouvert quant aux
transferts d’action aux tiers.
En tout état de cause, le choix d’une SA pour s’implanter en Espagne représente un
gage de crédibilité certain vis-à-vis des banques et des partenaires commerciaux. La création
d’une SA requiert un montant important pour constituer le capital social. Il doit être au moins
égal à 10 Ms Ptas, ce qui est sensiblement plus important que le capital social minimum d’une
SA française (250 000FF). La loi prévoit toutefois la possibilité de ne libérer que 25% du
montant du capital social la première année; le capital social devant être totalement libérée
dans un délai de 5 ans à compter de la date de constitution. La SA est constituée et acquiert la
personnalité morale lors de son immatriculation. La société est immatriculée après
incorporation de son acte de constitution au Registre du Commerce du siège social.
La publication d’une annonce légale dans le BORME rend la constitution de la SA
opposable aux tiers. Le délai nécessaire à la réalisation de l’ensemble des formalités de
constitution varie généralement de deux semaines à un mois.
Comme pour la SRL, outre le droit d’enregistrement de 1% sur le montant du capital
social et les honoraires d’un conseil, il faut prévoir en général un budget global de frais de
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constitution (publicité légale, demande d’information, déclaration et « gestor ») et
d’honoraires de notaire d’environ 120 000 à 170 000 Ptas. Les frais peuvent être plus
importants selon le montant du capital social.
c) Macro finance et micro finance
En macro finance, on se place en effet du point de vue des pouvoirs publics, dont le
souci n'est plus tant de réglementer de façon pointilleuse l'activité des entreprises et des
marchés, que de l'encadrer, de l'orienter, de la moraliser, de ne pas la laisser totalement se
déconnecter du reste de la société et de savoir l'analyser et la mesurer.
En micro finance, en revanche, on se place du point de vue des entreprises, comme
dans notre cas, et des marchés. Ce sont alors les considérations d'efficacité et de résultats qui
dominent la logique des textes à traduire. Pour autant, la diversité n'en est pas moins grande :
états financiers et rapports annuels de sociétés cotées, rapports d'audit, rapports sur le
développement durable ou sur les relations sociales au sein des entreprises, communication
interne et externe des sociétés, analyses boursières du point de vue des émetteurs ou au
contraire des investisseurs, rapports de fonds communs de placement ou de SICAV, articles
de la presse spécialisée, montage d'opérations de fusion ou d'acquisition ou encore
d'introductions en bourse, préparation d'émissions obligataires, couverture des risques, etc..
Dans un cas comme dans l'autre, la traduction financière recouvre des réalités des plus
diverses et le traducteur « financier » ne peut se contenter de sa science économique et
financière. Il doit s'intéresser à tout, être à l'affût de l'actualité, doit connaître un minimum de
terminologie et de phraséologie scientifique ou technique et être à même d'entrer dans la
logique de ces textes. Les données culturelles et les éléments linguistiques propres sont
étroitement imbriqués dans la production et l'interprétation de tout texte. Un texte de
spécialité tel qu'un article économique est solidement ancré dans une réalité technique et
culturelle spécifique. Il véhicule un savoir propre au champ en question et son élaboration
linguistique ne peut que refléter cette spécificité, car si nous admettons que l'usage d'une
langue est primordialement une activité sociale, il s'ensuit que le discours scientifique comme
tout autre acte de communication reste fortement déterminé par les pratiques sociales et
culturelles qui l'engendrent et au même temps le contraignent. Vue sous cet angle la notion de
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genre est par essence quelque chose de culturel. Comme tout document écrit, le texte de
spécialité est conçu pour être lu. Le lecteur potentiel aura des attentes différentes selon le
genre de texte en question, qui vont l'influencer dans son interprétation.
VII) Recherche documentaire
1) Réalisation d’un corpus de textes économiques parallèles
L’utilisation d’un corpus bilingue sert dans les travaux terminologiques, et plus
particulièrement pour repérer des éléments définitoires de textes spécialisés. Un corpus peut
également servir à relever des marqueurs linguistiques peut-être autrement difficilement
repérables, signes de la présence d’éléments définitoires l’un repéré dans les textes-source et
l’autre dans les textes-cible afin d’établir comment chacun de ces marqueurs est rendu dans
l’autre langue. La considération d’un corpus équivalent dans les deux langues révèle
l’existence d’éléments terminologiques figés et met en évidence les diverses options
périphrastiques entre lesquelles s’effectuent les choix traductologiques.
2) Les moteurs de recherche (Google, Yahoo, etc…)
Les moteurs de recherche sont des outils permettant de répertorier certaines pages web
sur internet. Leur utilisation est un moyen rapide et efficace de vérifier l'existence, la
pertinence et la notoriété de certains faits ou certaines informations. Cependant, les résultats
fournis lors de ces recherches doivent être interprétés avec précaution. Les moteurs de
recherches peuvent être utilisés dans différents buts. Tout d’abord, ils peuvent nous renseigner
sur la popularité d’un terme et ainsi d'évaluer le nombre d'occurrences (brutes ou pertinentes)
sur le net. Les moteurs de recherche permettent également de vérifier son utilisation et ainsi
d'identifier le ou les contextes dans lesquels un terme est utilisé et enfin la notoriété de ce
dernier et confirmer si un terme ou une notion est répandu ou si le terme est tout simplement
utilisé.
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VIII) Résolution des problèmes de traduction
1) Compréhension / Traduction
Avant de pouvoir traduire un texte, il faut d'abord le comprendre. La compréhension
d'un texte, fait intervenir des connaissances aussi bien linguistiques qu'extralinguistiques.
Dans le cas du traducteur de textes économiques, comme dans celui de tout traducteur
professionnel, les connaissances linguistiques sont théoriquement acquises avant même
l'entrée dans la profession. Pour ce qui est du bagage extralinguistique (connaissance du sujet,
etc.), le traducteur économique bénéficie d'un atout particulièrement appréciable grâce aux
nouveaux moyens de communication, comme Internet, pour la recherche de termes ou
d’expressions relatives à la traduction.
2) Simplification
Il est souvent impératif de comprendre ce dont il s'agit pour pouvoir simplifier le texte
original et obtenir une traduction logique, idiomatique et fluide à la lecture. Il est en effet à
constater que dans de nombreux cas, une trop grande correspondance avec le texte source peut
donner lieu à une traduction lourde et artificielle.
On pourra donc, à partir de cette constatation, envisager la traduction suivante, qui éclaircit le
propos de départ :
3) Traduction les adjectifs par des substantifs
L'une des techniques les plus employées par les traducteurs de textes économiques et
financiers consiste à traduire les adjectifs présents dans le texte-source par des substantifs.
Cette technique, largement employée dans l'ensemble des domaines de traduction, s'avère en
effet très souvent indispensable pour rendre le texte traduit plus équilibré et plus naturel.
Cette technique de traduction présente de multiples avantages non seulement quand le
texte source comporte une succession d'adjectifs, mais également lorsque l'on est en présence
d'une forme comparative.
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4) La réorganisation du texte source
Si l'espagnol privilégie généralement les phrases courtes, il ne faut pas hésiter, dans la
traduction, à réorganiser le texte et à réunir des phrases au départ indépendantes, surtout si le
texte original comporte des répétitions qui nuisent au style.
Une autre technique qu'il est possible d'envisager dans le cadre de la réorganisation du texte
source est celle de l'inversion. Dans certains cas, il est en effet souhaitable, pour des raisons
de style notamment, de modifier, dans la traduction, la place qu'occupent certains éléments
dans la phrase de départ. Plusieurs raisons peuvent motiver le recours à cette technique : a) la
phrase originale se prête mal à une traduction linéaire compte tenu de sa construction
5) Problèmes liés à la polysémie de certains termes
Lors de la traduction du texte le traducteur peut se voir confronté à des problèmes de
polysémie. En effet, dans le texte 050600EF on rencontre le terme « trámites (de
constitución)», qui peut avoir un double sens, celui de « formalité » ou de « démarche ». Les
deux traductions seraient possibles et envisageables, or c’est l’usage qui décide dans ce cas de
comment traduire. A travers la recherche sur Internet, dans des textes parallèles mon choix
s’est porté sur « formalité de constitution (de l’entreprise) ».
6) Les faux amis
Les faux amis sont des mots appartenant à deux langues différentes, qui ont entre eux
une grande similitude de forme mais dont les significations sont différentes. Lorsqu'ils ont
certaines acceptions en commun, ce sont des faux-amis partiels.
Les faux-amis partiels ont dans certain cas un sens équivalent et dans d'autres un sens
différent. Ainsi, dans le texte 070201EF, le mot « competencia » revêt le sens de
« concurrence » → « Análisis de la demanda y análisis de la competencia » tandis que dans le
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texte 050600EF, ce même terme signifie « compétence » → « Su competencia se
extiende… ».
7) Anisomorphismes linguistiques
Un anisomorphisme linguistique est une asymétrie dans la langue cible, c'est-à-dire
qu’un terme et / ou une réalité existant dans une langue ne trouve pas d’équivalent direct dans
sa traduction et ne peut donc être traduit par la simple traduction littérale.
Exemple d’anisomorphisme linguistique :
« Sociedad Limitada Unipersonal » → « Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée »
« Oficiales de primera y segunda » → « Ouvriers qualifiés et spécialisés »
8 ) L’adaptation
L’adaptation, est étroitement liée à la métalinguistique telle que Vinay et Darbelnet la
définissent. Nous arrivons là, disent-ils, à la limite extrême de la traduction (ibid. : 52). En
prenant l’exemple des allusions figées par des facteurs socioculturels, Vinay et Darbelnet
affirment : « ces allusions portant sur des faits très particuliers, intimement liés à la vie d’une
nation, il faut renoncer à toute traduction et chercher simplement à faire comprendre au
lecteur de quoi il s’agit ». Prenons pour cela l’exemple de « Los suministros (luz,
teléfono....) » qu’il me semble nécessaire d’adapter en français « Les Abonnements
et
communications téléphoniques (électricité, téléphone….) ». En outre, cela correspond à une
catégorie existante dans les frais déductibles des entreprises.
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IX) Conclusion
Comment traduire ? Pour répondre à cette question, plusieurs champs de recherche, à la fois
différents et complémentaires, peuvent être convoqués. De même, de nouvelles approches
peuvent-elles être adoptées et apporter un autre éclairage à ce sujet qui peut sembler récurrent.
Ainsi, alors que pendant longtemps la plupart des réflexions théoriques sur la traduction ont
porté sur le texte source et sur le texte cible, la traduction apparaît aujourd’hui comme un
processus et lieu de l’« entre-deux », c’est-à-dire à la fois comme un élément-clé pour la mise
à jour conceptuelle et idéologique de certaines identités et, aussi, et cela rend compte de
l’importance de cette pratique commune et singulière, comme un élément-clé pour leur
réalisation via le langage. Parce que ce qui est en jeu aujourd’hui, ce sont les constructions
identitaires et la réflexion sur le rôle du traducteur va, elle aussi, au-delà de la dichotomie
entre texte source et texte cible. Ainsi, si le processus de traduction, au-delà des rapports de
force entre langues et cultures, demeure un processus de création exigeant des compétences
linguistiques, parce que la traduction joue un rôle majeur dans les constructions identitaires.
Elle exige aussi de la part du traducteur une conscience de la responsabilité de ce rôle ainsi
que l’élaboration et la mise en pratique d’une éthique. Cette exigence est d’autant plus vive
aujourd’hui que l’activité de traduction s’est professionnalisée entraînant des contraintes –
notamment de temps – qui s’accentuent. Il importe donc que tout traducteur, y compris de
textes économiques, tienne compte des enjeux de ce qu’il traduit. A chaque traducteur d’être
créatif en fonction d’une éthique qu’il aura su formuler auparavant, conscient de la
responsabilité qui incombe à son
rôle, d’autant que la traduction, par essence
interdisciplinaire, peut à son tour ouvrir de nouvelles pistes ou réflexions dans des domaines
autres que celui de la traduction.
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X) Glossaire économique Espagnol / Français
1) Texte 070201EF
● empresa-tipo → société-type
● Análisis del mercado → Analyse du marché
● Búsqueda de proveedores → Recherche de fournisseurs
● trabajo de campo → travail de terrain
● agencia de viajes → agence de voyage
● Plan de Empresa → Plan d’Entreprise
● área de competencia → secteur de concurrence
● persona física → personne physique
● persona jurídica → personne morale
● Agencia de viajes mayorista → Agence de voyage grossiste
● Agencia de viajes minorista → Agence de voyage détaillante
● Agencia de viajes mayorista-minorista → Agence de voyage grossiste- détaillante
● turoperador → tour-opérateur
● cartera de productos → portefeuille de produits
● viajes vacacionales → voyages de vacances
● emprendedor → entrepreneur
● Condición jurídica → situation juridique
● fianza → caution
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2) Texte 050600EF
● Sociedad Limitada (S.L.) → Société à Responsabilité Limitée (S.A.R.L.)
● Aportaciones al capital social → Contributions au capital social
● pérdidas y ganancias de la sociedad → pertes et profits de la société
● Sociedad Limitada Unipersonal → Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée
● patrimonio social → patrimoine social
● Sociedad Colectiva → Société en Nom Collectif (SNC)
● sistema de fundación simultánea → système de création simultanée
● escritura fundacional → écriture constitutive
● Registro Mercantil → Registre Marchand
● fecha del cierre del ejercicio social → date de clôture de l'exercice social
● domicilio social → siège social
● en un plazo de → dans un délai de
● derecho de tanteo → droit de rétractation
● Junta de socios → Assemblée des associés
● auditor de cuentas → commissaire aux comptes
● fusión y escisión de la sociedad → fusion et scission de la société
● orden del día → ordre du jour
● mayoría reforzada → majorité qualifiée
● informe de gestión → rapport de gestion
● Régimen de Autónomos → Régime des Indépendants
● Cuota líquida → Quote-part liquide
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● Oficiales de primera y segunda → Ouvriers qualifiés et spécialisés
● Oficiales de tercera y Especialistas → Agents de maitrise et spécialistes
● contrato de carácter temporal → contrat à durée déterminée
● contrato de interinidad → contrat d’intérim
● pluriempleo → cumul d’emplois
● Impuesto sobre Sociedades → Impôt sur les Sociétés
XI) Bibliographie
- HURTADO ALBIR, A. (1994) «Perspectivas de los Estudios sobre la traducción», en A.
- HURTADO ALBIR, A. (1996) «La traduction: classification et éléments d'analyse», Meta
vol.41, nº3, 366-377
- MAILLOT, J. La traduction scientifique et technique, Eyrolles, París, 1969
- MOUNIN, G. Les problèmes théoriques de la traduction, Gallimard, París, 1963 (Los
problemas teóricos de la traducción, Gredos, Madrid, 1971)
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