tabagisme chez les collegiens de la region de fes

European Scientific Journal March 2014 edition vol.10, No.9 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431
TABAGISME CHEZ LES COLLEGIENS DE LA
REGION DE FES-BOULEMANE (MAROC)
Louasté Bouchra
Boudine Latifa
Université sidi Mohammed Ben Abdellah,
Faculté des sciences, Laboratoire de Biotechnologie, Fès, Maroc
Louasté Majda
Université sidi Mohammed BenAbdellah, Faculté des Lettres et Sciences
Humaines, Laboratoire Esthétiques et Sciences de l’homme, Fès, Maroc
Eloutassi Noureddine
Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation, Laboratoire
des Sciences de la vie et de la terre, Fès, Maroc
Abstract
Smoking in Morocco especially among adolescents is a public health
concern. To further understand the attitudes, habits and smoking behavior of
Moroccan college students, a questionnaire was realized from September
2011 to May 2012, in five Moroccan colleges out of a total of 3396 students
aged 10 to 18. The results shows that the prevalence of smoking is 15% and
more than 50% of students surveyed were moderately to highly nicotine
dependent. Girls smoke significantly less than boys, in addition, use of other
psychoactive substances was reported in 67% of regular smokers. Several
environmental factors influence adolescent smoking behaviors such as
family, friends and the presence or absence of parents.
Keywords: Adolescent, Colleges, Survey, Smoking
Résumé
Le tabagisme au Maroc surtout chez les adolescents est une
préoccupation de santé publique. Pour mieux comprendre les attitudes, les
habitudes et les comportements tabagiques des collégiens marocains, un
questionnaire a été réalisé de Septembre 2011 à Mai 2012, dans cinq collèges
marocains, sur un effectif de 3396 élèves âgés de 10 à 18 ans. Les résultats
montre que la prévalence du tabagisme est de 15% et plus de 50% des élèves
interrogés sont moyennement à fortement dépendants de la nicotine. Les
filles fument significativement moins que les garçons, en plus la
consommation d’autres substances psychoactives a été signalée chez 67%
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des fumeurs réguliers. Plusieurs facteurs environnementaux influencent les
comportements tabagiques des adolescents comme la famille, les amis et la
présence ou l’absence des parents.
Mots-clés: Adolescent, Collèges, Enquête, Tabagisme
Introduction
Le tabagisme est l’un des problèmes majeurs de l’organisation
mondiale de la santé (OMS). Il est responsable d’un chiffre inquiétant de
décès et de plusieurs maladies graves. Ainsi, et selon l’OMS, le tabac tue
environ 6 millions de personnes chaque an, ce nombre qui pourrait atteindre
10 millions d’ici 2030. En plus, 80% de ces décès surviennent dans les pays
sous développés ou en voie de développement. Il constitue l’une des
principales causes de maladies respiratoires, cardiovasculaires et cancers
(Ezzati et al, 2003; Gandini et al, 2008). Fumer; rend les poumons un milieu
favorable aux infections pulmonaires et au cancer pulmonaire (Hecht, 2002;
Cornfield et al, 2009). Concernant les maladies cardiovasculaires, la nicotine
cause une tachycardie et une occlusion progressive des vaisseaux sanguins
provoquant une angine de poitrine, infarctus du myocarde ou accident
vasculaire cérébral (Teo et al, 2006; Boffetta et Straif, 2009). Pendant la
grossesse, le tabagisme est une cause directe de fausse couche, de
malformations, de mortalité périnatale et de mort subite du nourrisson
(Butler et al 1972; Feldman et al, 2006; Fleming et Blair, 2007; Dautzenberg
et Lagrue, 2001; Dubé et al, 2012).
Le Maroc est l’un des pays qui souffre de ce phénomène, et de ces
conséquences (Bensalah, 2010; M’Barek, 2011). Généralement, c’est à
l’adolescence que s’installe le tabagisme et perdure chez les adultes. La
présente étude est une enquête sur le tabagisme chez les adolescents, qui a
pour but d’évaluer la prévalence de ce phénomène et de mieux comprendre
les attitudes, les comportements et les conditions des élèves fumeurs.
Méthodologie:
1. Échantillonnage
Il s’agit d’une enquête descriptive transversale, portant sur un
échantillon de 3396 élèves âgés de 10 à 18 ans (52% des garçons et 48% des
filles). Ils appartiennent à cinq collèges choisis au hasard de l’académie FèsBoulemane. Ces collèges sont sociologiquement différents, mais ils se
caractérisent par la disponibilité de cigarette dans l’entourage extérieur direct
des établissements scolaire:
 Collège AlQods (422 élèves): Sud-West de la ville de Fès, région
commerciale et riche.
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 Collège Iben Zaydoun (632 élèves): Nord-Est de Fès, région marginale et
moins développée.
 Collège Ain Haron (974 élèves): Nord-Est de Fès, région marginale et
pauvre
 Collège Boulmane (659 élèves): Délégation de Boulemane, 90 Km au sud
de Fès, zone semi rurale de 45000 habitants et montagneuse (Moyen Atlas).
 Collège Charif Alidrissi (709 élèves): Délégation de Boulemane, village
Skoura, 100 Km au sud de Fès, zone rurale de 10000 habitants et purement
agricole.
2. Questionnaire
Le questionnaire utilisé dans ce travail est validé au niveau
international (Favresse et De Smet, 2008; Besser et al, 2008; Elton-Marshall
et al, 2011; Nanhou et Audet, 2012), nous l’avons auto-administré sous
surveillance et confidentialité des données. Son but est d’évaluer les
connaissances et les comportements des élèves fumeurs et leurs relations
avec l’environnement psychosocial.
3. Présentations et statistiques
Les résultats ont été analysés par le logiciel informatique SPHINX©.
Les variables qualitatives ont été comparées à l’aide du test statistique du
Chi2. La significativité statistique est fixée à p<0,05. Le degré de
dépendance à la nicotine est calculé par le score de Fagerström (tableau 1).
Ce score est limité entre 0 et 10 (Hastier et al, 2006).
Résultats
Plusieurs facteurs influencent les conduites tabagiques des
adolescents, notre étude a commencé par les effets des caractéristiques
individuelles (âge, sexe, estime de soi, etc) ensuite, le rôle de
l’environnement psychosocial (famille, amis, collège).
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1. Expérimentateurs précoces
Les analyses relatives à l’expérimentation précoce de tabac portent
sur les préadolescents de 10 à 12 ans appartenant aux classes 7ème et 8ème
d’un effectif de 451 élèves (figure 1) qui ont des caractères marginaux et
avancés. 8% de ces jeunes ayant expérimenté précocement le tabac (figure
2). Ils sont proportionnellement représentés auprès de ceux qui adoptent
d’autres conduites à risque comme le chicha (6%), les boissons alcoolisées
(2%) et le cannabis (moins 2%).
Plus encore, ces expérimentateurs figurent davantage au sein des
jeunes rapportant s’être battus ou avoir été provoqués plus d’une fois au
cours de la dernière année (figure 3). Le résultat exceptionnel sur les
expérimentateurs précoces de tabac est que la plupart de ces préadolescents
sont issus de familles où les deux parents ne sont pas présents, ou bien, le
père n’est pas professionnellement actif ou encore des jeunes qui s’expriment
mal ou difficilellement avec leurs parents (figure 3).
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Les expérimentateurs précoces sortent directement, après les cours,
avec leurs ami(e)s plus de deux fois par semaine pour fumer ou expérimenter
la cigarette (figure 3).
Ces résultats indiquent que l’expérimentation du tabac n’est pas un
acte isolé mais va bien souvent avec d’autres conduites à risque qui
menacent les jeunes expérimentateurs. En plus, l’initiation précoce du
tabagisme est facilitée par la structure familiale et le type de relations
maintenues entre les parents et leurs enfants.
2. Usage quotidien de tabac
Dans notre travail et sur un effectif de 2954 élèves âgé plus de 12 ans,
un adolescent sur dix consomme quotidiennement du tabac (figure 2 et 4).
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La consommation quotidienne s’accroît particulièrement avec l’âge.
6% des jeunes marocains âgés de 13 à 14 ans utilisent quotidiennement du
tabac, contre 9% des adolescents âgés de 15 à 16 ans. De manière similaire,
ce pourcentage augmente encore plus pour atteindre 16% chez les élèves
âgés de 17 à 18 ans (figure 4).
3. Consommation des fumeurs réguliers
Les fumeurs réguliers sont tous les jeunes ayant une consommation
de 20 cigarettes ou plus par semaine (Favresse et De Smet, 2008). Parmi les
fumeurs de plus de 12 ans consommant du tabac chaque semaine, 70%
consomment plus de 20 cigarettes par semaine chez les garçons et plus de
95% chez les filles consomment moins de 20 cigarettes par semaine (figure
5). Cette consommation chez les deux sexes, connaît une croissance continue
au cours de la période de l’adolescence.
4. Caractéristiques des fumeurs quotidiens
4. 1. Caractéristiques tabagiques
La consommation de tabac chez les collégiens varie entre les sexes.
Les garçons ont tendance à consommer à un âge plus jeune, une grande
quantité de cigarettes en comparaison avec les filles (figure 5).
Chez les fumeurs de 13 à 15 ans, 50% ont déclaré fumer plus de 35
cigarettes par semaine. Pour les filles du même âge, 5% ont déclaré fumer
plus de 35 cigarettes. Cette quantité s’accentue surtout à la fin de
l’adolescence.
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Aussi, d’après le score de Fagerström, 30% des fumeurs quotidiens,
déclarent avoir un besoin d’une cigarette endéans les trois heures
(dépendance moyenne à forte) et moins 20% rapporte ce besoin au bout de
plus d’une journée (dépendance faible). Ces proportions ont tendance à
augmenter avec l’âge (21% des garçons et 9% des filles de 12 à 14 ans
contre respectivement, 30% des garçons et 10% des filles de 15 à 18 ans).
Les fumeurs hebdomadaires non quotidiens sont les plus nombreux à
envisager un arrêt tabagique à long terme (79% de 12 à 18 ans). Par contre,
cette éventualité s’accroît avec l’âge (figure 6).
4. 2. Santé subjective et bien-être des fumeurs quotidiens
53% de fumeurs quotidiens de 12 à 18 ans se dépriment plusieurs fois
par semaine et plus de 60% déclarant se sentir nerveux (figure 7). Dans la
même pensée, les fumeurs quotidiens essayent autres drogues pour se sentir
mieux et êtres satisfaits, plus de 67% ont essayés les substances
psychoactives les plus fréquentes au Maroc comme l’alcool, le chicha ou le
cannabis.
4. 3. Environnement familialet amical des fumeurs quotidiens
L’étude des caractéristiques psychosociales a été standardisée pour
l’âge et le sexe (figure 7). Les collégiens fumeurs ont un membre proche de
leurs famille (père, mère, frère ou sœur) qui fument quotidiennement. Ce qui
montre le rôle de l’environnement familial et surtout l’influence des parents
sur le comportement de leurs enfants et leur déviation vers le tabagisme à
l’adolescence.
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L’aggravation de l’usage de tabac est influencée par la structure
familiale (figure 7). Les élèves fumeurs issus de parents divorcés,
recomposées ou monoparentaux sont plus dépendants au tabac que ceux
descendant de familles traditionnelles. Cette surreprésentation est encore
plus marquée auprès des jeunes qui vivent sans leurs parents.
Les jeunes fumeurs se distinguent également par le fait qu’ils sont
plus rapprochés entre eux. Ces jeunes ne tolèrent par les établissements
scolaire et abandonnent les cours au moins deux fois par mois, en plus, ils
sortent avec leurs ami(e)s plus de cinq fois par semaine après les cours
(figure 7). Ces résultats confirment l’importance du réseau amical et son rôle
primordial sur les conduites des adolescents. Ces derniers créent de
nouvelles relations amicales mais plus fréquement avec des fumeurs.
Discussion
Les études réalisées au Maroc montrent une variation des prévalences
du tabagisme d’une ville à l’autre et ce, selon les effectifs étudiés et les
périodes de l’enquête. En plus, on n’a pas pu suivre successivement
l’évolution du tabagisme d’une année à l’autre puisque peu d’études ont été
réalisées à l’échelle nationale. Cependant l’étude réalisée par El Biaze et al,
(2000) montre que la prévalence moyenne du tabagisme est de 24 % en
milieu scolaire avec 33% chez les garçons et 8,6% chez les filles. L’enquête
MARTA réalisée en 2006, a montré qu’il y a 18% de fumeurs dans la
population marocaine et qui sont âgée de 15 ans et plus (ElRhazi et al, 2008).
Mais d’autres enquêtes réalisées dans divers villes marocaines entre 2002 et
2010, montrent que ces prévalences varient de 8,8% à 15,4% (Achbouk,
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2002; Bensalah, 2010; El Mellaoui, 2013).Une autre enquête plus récente
affirme que 6,5% d’élèves fument, avec un pourcentage de 8,6% chez les
garçons contre 4,8% chez les filles (Kaoutar et al, 2012).
Dans notre travail, il s’est avéré que la prévalence du tabagisme sur
un effectif de 3396 élèves est de 15%. Les garçons fument plus que les filles
avec respectivement un pourcentage de 69% contre 31%. En plus, notre
étude montre que la consommation quotidienne du tabac s’accroît
particulièrement avec l’âge et d’une manière plus marquée, chez les jeunes
de 17-18 ans avec 19% contre 6% chez les jeunes de 13-14 ans.
L'association marocaine de lutte contre le tabagisme déclare d’après
une dernière étude que 13% des fumeurs au Maroc sont âgés de moins de 15
ans et souligne également que 48% des jeunes entre 15 et 19 ans fument.
Notre enquête montre aussi que la moyenne d’âge du début du
tabagisme est 11 ans et 8% des préadolescents de 10 à 12 ans ont
expérimenté précocement le tabac. Aussi, plus de 50% des élèves interrogés
sont moyennement à fortement dépendants de la nicotine. La consommation
d’autres substances psychoactives comme l’alcool, le chicha ou le cannabis a
été signalée chez 67% des fumeurs réguliers.
L`enquête mondiale sur le tabagisme chez les jeunes écoliers de 13 à
15 ans «GYTS» initiée par l’OMS, UNICEF et CDC Atlanta, qui a été
conduite dans 140 pays entre 1999 et 2007, a montré que le pourcentage des
jeunes consommant des produits du tabac allait d’un maximum de 30% à un
minimum d’environ 4,9% (Besser et al, 2008; Murnaghan et al, 2009).
Notre étude affirme qu’à 13 ans, 3% des jeunes marocains rapportent
un usage quotidien semblable à celui des jeunes de la moyenne
internationale. Par contre, à 15 ans, le tabagisme quotidien des jeunes
marocains est inferieur à la moyenne internationale (Currie et al, 2008;
Favresse et De Smet, 2008).
Nombreux facteurs influencent les conduites tabagiques des
adolescents, par exemple, les adolescents qui ont des parents séparés fument
significativement plus que ceux vivant avec les deux parents. En effet,
plusieurs études ont montré l’influence de l’environnement psychosocial
(famille et école) sur l’adolescent et son association avec le tabagisme
(Ledoux et al, 2000; Pokorny et al, 2004). Il faut aussi signaler la place
privilégiée que prennent plus fréquemment les ami(e)s auprès des jeunes
initiés prématurément au tabac (Bohrn et Fenk, 2003; Dubé et al, 2012). Le
tabac est aussi utiliser comme facilitateur de contacts sociaux Pokorny et al,
2004).
Concernant le tabagisme chez les filles, il est influencé par une faible
estime de soi alors que ce facteur est négligeable chez les garçons. Aussi, les
événements traumatisants et la maltraitance infantile ou le décès d’un proche
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accroît le risque de tabagisme à l’adolescence et augmente la quantité de
cigarettes consommées (Bohrn et Fenk, 2003 et Parslow et al, 2006)
D’autant plus, chez un bon nombre de fumeurs, le tabac est utilisé
pour gérer la nervosité et le stress (Obradovic, 2010).
D’un autre côté, 79% des fumeurs hebdomadaires non quotidiens
âgés de 12 à 18 ans envisagent un arrêt tabagique à long terme (figure 6). Il
est important de souligner que la majorité des jeunes, dans le monde,
expriment ce désir d’arrêt dans un futur indéfini plutôt qu’à brève échéance
(Piette et al, 2003; Favresse et De Smet, 2008). Mais, les adolescents
dépendants éprouvent par la suite à l’âge adultes plus de difficultés à arrêter
leur consommation (Currie et al, 2008; Obradovic, 2010).
Conclusion
Le tabagisme est devenu un fléau menaçant les jeunes adolescents au
Maroc, surtout que les interventions individuelles restent insuffisante et
difficiles pour aider à l’arrêt du tabac. Il est donc nécessaire de renforcer la
stratégie nationale de lutte antitabac par l’intervention des médias et
l’interdiction formelle de la publicité directe et indirecte, par la
sensibilisation sur les méfaits du tabagisme au niveau scolaire et familiale,
par l’instauration de séances d’aide au sevrage tabagique et des consultations
antitabac dans les structures écolières et sanitaires et par la révision de la loi
antitabac et l’ajout de textes qui protègent les jeunes surtout à l’entourage
directe des établissements scolaire.
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