ANALYSE DE DOCUMENT Les chemins de fer et la

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ANALYSE DE DOCUMENT Les chemins de fer et la
ANALYSE DE DOCUMENT
Les chemins de fer et la croissance économique : Vous utiliserez le document proposé pour dégager le sens
général de ce document, montrer en quoi il se rattache au sujet et montrer ses limites.
GRILLE DE CORRECTION
Présentation du document
La nature du document et les destinataires sont identifiés [211]
L’absence de date est relevée ; une estimation est proposée [211]
Le contexte est précisé [112]
L’absence d’auteur est notée ; la source est identifiée [211]
La fiabilité du document est questionnée [214]
Le sujet du document est mis en évidence [211]
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Thème 1 : Le développement des chemins de fer permet une croissance économique fondée sur l’industrialisation
Un moyen de transport nouveau, plus rapide et plus puissant
A relever : « accéléré » ; quantité de marchandises transportée ; nom des compagnies
A mettre en relation avec : innovation ; révolution industrielle (machine à vapeur / charbon) ;
grandes compagnies capitalistes
Un moyen de transport qui fait « tourner » l’industrie
A relever : locomotive construite en métal tout comme les rails ; pas de dispositif de
réfrigération dans les wagons
A mettre en relation avec : sidérurgie, métallurgie ; première révolution industrielle
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Thème 2 : Les chemins de fer ont favorisé la croissance à travers d’autres activités
La naissance du commerce moderne
A relever : nature des produits transportés : villes mises en relation
A mettre en relation avec : développement d’un commerce international portant sur des
produits de plus en plus diversifiés
Un impact sur tous les secteurs d’activité
A relever : abondance des produits agricoles sur l’affiche ; personnes chargées de charger et
décharger
A mettre en relation avec : un secteur primaire qui profite du progrès (machinisme agricole)
pour accroître ses productions ; naissance de nouveaux métiers faisant augmenter le secteur
tertiaire
Méthode de l’analyse documentaire
Des informations sont prélevées dans le document et apparaissent dans la réponse sous forme de
descriptions [212]
Le sens général du document est compris [214]
La réponse apporte des connaissances qui explicitent le contenu du document et permettent l’analyse
[215]
Conclusion et limites
Les grandes idées issues de l’analyse sont synthétisées [227]
Les limites du document (absence d’informations [auteur, date] ; document à vocation publicitaire donc
non fiable ; rapport incomplet à la question posée…) sont montrées [214]
Présentation / Expression / Orthographe
Le devoir est bien présenté (écriture, lignes séparant les différentes parties...) [411]
Le devoir est correctement exprimé [412]
Le devoir est correctement orthographié [413]
Présentation
Le document proposé est une affiche publicitaire provenant des compagnies ferroviaires de
l’Ouest et de Brighton qui présente un nouveau service permettant le transport rapide de produits délicats
(fruits, fleurs, légumes) de Paris vers Londres. Ce service, destiné exclusivement à des professionnels, a été
mis en place à une époque que l’affiche ne permet pas de dater avec précision mais qui s’inscrit dans la
période d’industrialisation et de croissance économique de la fin du XIXème siècle et du début du XXème
siècle.
Corps principal de la réponse
Le développement des chemins de fer a permis dans le courant du XIXème siècle de lancer, ou
du moins de soutenir, une croissance économique fondée sur l’industrialisation. L’affiche présentée axe
l’essentiel de son message sur la vitesse qui apparaît être le principal argument publicitaire (« accéléré » est
écrit en majuscules dans le petit texte en bas à droite de l’affiche). Le chemin de fer apporte en effet la
possibilité de dépasser les vitesses « animales » pour effacer au plus vite les distances. C’est là l’effet du
couple constitué par la machine à vapeur et le charbon (dont on devine la présence dans le tender derrière la
locomotive sur l’affiche). Cette puissance de la machine permet certes une augmentation des vitesses mais
elle permet aussi – et l’affiche ne l’évoque pas aussi clairement – de transporter beaucoup plus grâce à la
force de la traction à vapeur. Le fait que le service proposé soit présenté comme « accéléré » indique aussi
qu’il y a en permanence des progrès dans ces domaines ; on est entré clairement dans une période
d’innovation continue où les performances se trouvent sans cesse améliorées.
Le développement de ce moyen de transport nouveau n’aurait pas été possible sans le progrès
technique mais il n’aurait pas non plus existé sans l’existence de grandes compagnies pouvant prendre en
charge la construction des voies, l’achat du matériel et l’exploitation des réseaux. L’affiche se place clairement
sous le « patronage » de deux compagnies privées pour le coup associées dans le projet présenté, la
Compagnie des Chemins de fer de l’Ouest (compagnie française) et la Compagnie des Chemins de fer de
Brighton (compagnie britannique). Il apparaît ainsi que le développement des chemins de fer, et la croissance
qu’ils vont accompagner, s’inscrit dans le cadre d’un capitalisme libéral fondé sur la propriété privée et sur la
loi de l’offre et de la demande.
Le développement des chemins de fer n’enrichit pas seulement les grandes compagnies
ferroviaires, il contribue également au dynamisme du secteur industriel (et donc à la croissance économique)
par les commandes qui lui sont passé. En effet, la locomotive à vapeur – pratiquement située au centre de
l’affiche – est construite entièrement en métal tout comme les rails ou les ponts qu’elle utilise. Ce nouveau
moyen de transport se rattache donc au premier âge industriel, celui qui se fondait notamment sur
l’augmentation de la production de produits issus d’usines métallurgiques et notamment sidérurgiques. Le fait
qu’on ait sur l’affiche une locomotive à vapeur encore un peu sommaire ou qu’on ne dispose pas de dispositif
de réfrigération dans les wagons (qui semblent, eux, être majoritairement en bois) semble prouver que le
service proposé intervient à une période où ce qu’on appelle deuxième révolution industrielle n’est pas
encore pleinement lancé.
Les chemins de fer n’ont cependant pas eu d’effet sur la croissance uniquement par le biais du
développement des activités industrielles. On peut noter que le document étudié repose sur une activité
commerciale puisqu’il s’agit d’un transport de « marchandises » en l’occurrence des fruits, des fleurs et des
légumes. La période de croissance est en effet marquée par une explosion du commerce. Celui-ci, longtemps
local (sauf pour quelques produits de grande valeur), connaît une expansion importante que le train – mais
aussi le bateau à vapeur – explique. Sur l’affiche, il s’agit même d’un commerce international (« entre Paris
Saint-Lazare et Londres »), commerce rendu possible par la réduction des temps de parcours grâce à la force
motrice de la machine à vapeur.
Ce commerce porte ici sur des produits très particuliers puisqu’il s’agit de produits frais et rapidement
périssables. Le fait qu’on prenne la peine de les transporter sur de longues distances grâce à la vitesse des
trains prouve une évolution des pratiques commerciales (on ne craint pas les pertes de ces produits en route)
mais aussi des habitudes alimentaires. Pour proposer de tels produits sur les marchés de Londres, il faut être
certain qu’il y aura une demande et que les prix pratiqués permettront la vente. On voit ainsi que le
développement des chemins de fer s’accompagne d’une baisse des prix et donc d’une amélioration des
niveaux de vie moyens des populations.
Le développement du commerce, largement facilité par les chemins de fer, va concerner
également les autres secteurs d’activités.
L’affiche des deux compagnies ferroviaires présente en bas à gauche une quantité importante de
productions agricoles diversifiées. Il s’agit bien sûr d’indiquer que le train mis en place pourra transporter de
grandes quantités de ces fruits, légumes ou fleurs mais c’est aussi un moyen d’attirer l’attention sur les
progrès considérables de l’agriculture (ici, sans doute, dans le Bassin parisien). La possibilité de pouvoir
vendre sa production agricole au-delà d’un espace limité traditionnel, couplée à l’amélioration des techniques
agricoles et au développement du machinisme, a sans aucun doute incité de nombreux exploitants à accroître
leur production. On voit donc que les possibilités offertes par les chemins de fer ne profitent pas seulement
au secteur industriel mais aussi à une partie du secteur agricole.
De même, la création de lignes nouvelles ou de services nouveaux par les compagnies ferroviaires
s’accompagne du recours à du personnel de service (des manutentionnaires occupés à charger les wagons sur
l’affiche). On peut donc dire que le développement des transports ferroviaires est un des éléments qui
contribue au début de croissance du secteur des services : les compagnies doivent aussi bien engager des
personnes pour l’entretien des voies que pour conduire les trains ; l’encadré sur fond noir en bas de l’affiche
évoque aussi l’existence de « bureaux », donc d’une administration propre à la compagnie qui ne peut que se
développer en même temps que les nouveaux services offerts.
Conclusion et limites
L’affiche créée pour les Compagnies de l’Ouest et de Brighton ne permet pas d’apprécier tous
les aspects des relations entre la croissance économique et les chemins de fer. Elle semble par exemple
supposer que le nouveau service mis en place profite de trains plus rapides entre Paris et Londres alors qu’il
s’agit peut-être seulement de bateaux plus rapides dans la Manche. Elle apporte également une information
fragmentaire car elle n’évoque que le transport de marchandises (et encore des marchandises très
particulières) sur un trajet également très particulier ; on n’apprend donc rien sur les échanges nationaux ou
le transport de voyageurs. Cette affiche est également très datée (même si, justement, on ne connaît pas sa
date exacte) et ne permet visiblement que de nous informer sur la situation au tournant XIXème-XXème
siècle.
Cette affiche n’est pas non plus exempte de critiques ce qui tend à en réduire fortement la fiabilité.
Affiche publicitaire, elle ne peut prétendre présenter une vision objective des choses puisque son objectif est
de convaincre des exploitants agricoles ou des commerçants de faire affaire avec la compagnie. Cela se traduit
par des exagérations manifestes (quantité et diversité des produits agricoles visibles) ou une construction
allégorique (le blason de Paris émerge d’un ensemble floral).
Toutefois, au-delà de ces problèmes, il apparaît que les chemins de fer jouent un rôle important
dans la naissance et la poursuite de la croissance économique. L’affiche étudiée montre qu’ils ont un effet sur
tous les aspects de la vie économique : il favorise en premier lieu le commerce mais profite aussi, directement
ou indirectement, à tous les secteurs d’activité.