Le littoral martiniquais dans la littérature scientifique
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Le littoral martiniquais dans la littérature scientifique
LE LiTTORAL MARTiNiqUAiS DANS LA LiTTéRATURE SCiENTifiqUE Introduction Bien qu’il soit particulièrement labile, le littoral est encore perçu par la population comme une entité relativement stable ; nombreux sont ceux qui estiment qu’il n’évolue quasiment pas à l’échelle de la vie d’un homme ! Cette affirmation est d’autant plus erronée que d’après les études réalisées par la commission internationale sur les risques littoraux, plus de 50 % des rivages du globe reculent. Les états-Unis seraient particulièrement menacés, puisqu’ils perdraient chaque année de 300 à 400 millions de dollars en raison du repli de leurs côtes. En france la situation est beaucoup plus préoccupante, car 80 % des côtes sont en phase de repli. Sur un linéaire de 3 300 km, 800 km reculent de plus d’un mètre par an, 1 000 km se replient de 0,5 m chaque année et 900 km régressent annuellement de 0,1 à 0,4 m. Parallèlement, quelques rares portions côtières sont soumises à des dynamiques d’engraissement ; c’est le cas des plages de Charente Maritime, de vendée et du Calvados, par exemple. La situation est encore plus préoccupante en Martinique, car l’exiguïté du territoire (1100 km2) limite les choix d’aménagement et le développement des activités. En outre, celles-ci sont de plus en plus menacées par l’érosion côtière, puisque de 1955 à 1994 certaines portions du littoral septentrional ont reculé de plus de 50 mètres, alors que les zones méridionales les plus confinées subissaient parallèlement un important envasement. Pour permettre aux aménageurs et plus généralement aux décideurs de prendre conscience des caractéristiques physiques du littoral martiniquais et de leur caractère labile, une présentation du milieu a été réalisée à partir des données recueillies dans la littérature scientifique du xviie siècle à nos jours. Tous les écrits n’ayant pu être utilisés, seuls les plus pertinents sont recensés dans cet ouvrage. La côte est d’abord décrite de façon générale, elle l’est ensuite par secteurs, puis sont présentés les baies et les culsde-sac, les récifs, les îlets et l’évolution du rivage de l’holocène à nos jours. En définitive, cet ouvrage offre au lecteur un véritable panorama susceptible de l’informer sur les caractéristiques physiques et les dynamiques du littoral martiniquais. il s’agit d’un excellent prélude à l’aménagement côtier. 11 LE LiTTORAL MARTiNiqUAiS DANS LA LiTTéRATURE SCiENTifiqUE Présentation générale de la côte Précisions importantes Labat (R.P. Jean Baptiste). 1741. Nouv eau Voy age aux Isles d’Amérique. Tome premier, page 65. « il est bon d’expliquer ici ce qu’on entend dans les isles par les noms de Cabesterre et de Basse-terre. Cabesterre est la partie d’une isle qui regarde le Levant, et qui est toujours rafraîchie par les vents alisez qui courent depuis le Nord, jusqu’à l’Est-Sud-Est. La Basse-terre est la partie opposée. Dans celle-ci les vents alisez se font moins sentir, elle est par conséquent plus chaude, mais en même-tems la mer y est plus unie, plus tranquille, et ainsi plus propre pour le mouillage et pour le chargement des vaisseaux. Les côtes y sont aussi pour l’ordinaire plus basses au contraire des Cabesterres, où les côtes sont hautes, composées pour la plupart de falaises escarpées où la mer roule sans cesse et se brise avec impétuosité, parce qu’elle y est continuellement poussée par le vent ». Jeudi quatrième février 1694 Thibault de Chanvallon (Jean-baptiste). 1763. Voy age à la Martinique contenant div erses observ ations sur la phy sique, l’histoire naturelle, l’agriculture, les mœurs et les usages de cette isle, faites en 1751 et dans les années suiv antes (lu à l’académie Royale des sciences de Paris en 1761). Paris : CL. J.B. Bauche, p. 10-11. « C’est un ufage ancien de diviser nos isles en deux parties ou par deux dénominations ; la plus directement expofée au vent s’appelle Cabefterre : l’autre, ou comme difent les marins, celle qui eft sous le vent, s’appelle la Baffe-terre. On ne fe fert plus de cette dernière dénomination à la Martinique, mais beaucoup encore de la première. Cependant fous ce terme de Cabefterre on ne comprend que la côte feptentrionale de l’ifle & une partie seulement de la côte orientale ; c’eft-à-dire, depuis le Macouba jusqu’au cul-de-fac Robert ; ainsi ce terme n’exprime pas exactement, fuivant la première origine, toute la partie de l’ifle exposée au vent ; car depuis le 13 PASCAL SAffACHE, J EAN-vALéRy MARC cul-de-fac Robert jusqu’à la pointe des Salines, tout le refte de cette côte orientale n’y eft pas moins expofé que la précédente ». Labat (R.P. Jean Baptiste). 1741. Nouv eau Voy age aux Isles d’Amérique. Tome premier, page 281. « La mer forme toujours sept grosses lames, ondes ou vagues, comme on voudra les appeler, qui viennent se briser à terre avec une violence étonnante, ce qui se doit entendre des cabesterres où les côtes sont pour l’ordinaire fort hautes, et où le vent pousse la mer continuellement. Les trois dernières de ces sept lames sont les plus grosses. Après qu’elles ont passé en venant se briser à terre, il se fait un petit calme qu’on appelle un Embeli qui dure environ autant de tems qu’il faut pour dire un ave maria, après quoi les lames recommencent, leur grosseur et leur impétuosité s’augmentant toujours jusqu’à ce que la septième se soit venuë briser à terre. Comme ce mouvement ne se remarque qu’aux cabesterres des isles, on peut croire que c’est le vent qui le produit, ou du moins qui aide à la mer à le former. il ne seroit pas indigne de l’attention d’un habile homme de chercher les causes et les periodes de ce mouvement, de voir si pendant toute l’année il est le même, et si les changements de lune, et les differentes positions du soleil y ont quelque part. Entre plusieurs choses que je m’étois proposé d’observer, si je retournois aux isles, celle-ci n’auroit pas été oubliée ». Saffache (Pascal). 2000. Le littoral martiniquais : milieux , dy namiques et gestion des risques. villeneuve d’Ascq : Presses Universitaires du Septentrion, p. 189. Table de conversion 1 mille 1852 m 1 pied 30,48 cm 1 encablure 200 m 1 brasse 1,83 m 14 LE LiTTORAL MARTiNiqUAiS DANS LA LiTTéRATURE SCiENTifiqUE Description générale Du Tertre (R.P. Jean-Baptiste). 1667. Histoire générale des Antilles françaises habitées par les français (Tome 1). Paris : Thomas Jolly, p. 21 à 27. « La Martinique que les Sauvages nommoient Madanina, est située à quatorze degrez trente minutes de Latitude Septentrionale : on luy donne communément seize lieuës de longueur, & quarante-cinq de circuit : mais ces lieuës m’on semblé si longues, que ie ne crois pas luy faire tort de luy en donner au moins dix-huit, & plus de cinquante de circuit, à cause des Caps qui s’avancent en quelques endroits deux & trois lieuës dans la mer. Elle a les plus beaux Culs-de-sacs de toutes les Antilles, le sieur d’Orange qui les visita l’an 1657 lors que feu M. Duparquet fit la paix avec les Sauvages, a plusieurs fois asseuré au R.P. fueillet, qui estoit pour lors à la Martinique, qu’il n’avoit rien veu dans ceux de la Guadeloupe, qui en approchât en beauté & bonté ; quoy qu’il les eut crû luy-même les plus excellents qui fussent dans les isles : mais depuis l’an 1658 que les françois ont entièrement chassé les Sauvages de la Capsterre, ils en découvrent tous les avantages & les beautez. […] Bien qu’il y ayt des habitations tout le long de la Basse-terre, elles se rapportent toutes à quatre quartiers principaux, à sçavoir le Prescheur, le fort Saint Pierre, le Carbet, & la Case Pilote. Je ne sçay sur quels memoires Monsieur de Rochefort a écrit, mais ie puis asseurer avec verité comme témoin oculaire, quà ce pretendu quartier de la Case Capot, dont il parle il n’y a ny fort, ny Eglise, ny poids, ny magazins, […]. il met l’islet du Diamant, entre la Case Pilote, & le Cul-de-sac des salines, aussi bien que le Crenage, qu’il place de mesme costé de ce Diamant. il n’avoit qu’à se regler sur la carte ; & il eût trouvé que le diamant est proche d’une pointe, éloigné de plus de quatre grandes lieuës du Culde-sac des Salines : & que le crenage est dans le Cul-de-sac Royal, a plus de six lieuës de la place où il le met. […] Au quartier du Prescheur, (ainsi appellé à cause, que vers cette pointe il y a une roche en mer, sur laquelle on en voit une seconde plus élevée, qui représente de loin la figure d’un Prédicateur en chaire) […]. Dans le Cul-de-sac Royal, du costé de la Case capot, & non pas de celuy de l’islet au Diamant, comme écrit le sieur de Rochefort, est ce fâmeux Crenage, si renommé chez toutes les Nations qui frequentent les isles, mais particulierement des Holandois, qui ont un ordre exprès de Messieurs les Estats (comme deux capitaines de cette nation m’ont assuré) de s’y retirer les mois de Juin, Juillet & Aoust, pour éviter la fureur des 15 PASCAL SAffACHE, J EAN-vALéRy MARC Oüragans, qui arrivent ordinairement dans l’un de ces trois mois. On ne sçauroit exprimer l’utilité de ce beau Havre, que par la perte des marchandises, & par le nombre des vaisseaux qui ont esté brisez aux costes, en divers temps, par la violence des orages, qui furent si grands en l’année 1650 […]. Mais depuis que Monsieur du-Parquet a convié les Capitaines de Navire de s’y venir retirer, & que par sa generosité naturelle, il l’a rendu cômun à toutes les Nations, sans avoir jamais rien exigé pour cela ; il ne se perd plus de vaisseaux par la violence des Oüragans, si ce n’est par l’opiniastreté des Capitaines, qui negligent de s’y mettre à l’abry ». Monnier (P.). 1828. Description nautique des côtes de la Martinique (Précédé de) un mémoire sur les opérations hy drologiques et géodésiques ex écutées dans cette île en 1824 et 1825. Paris : imprimerie Royale, p. 107-112. 16 « […] Si l’on part du morne du Diamant pour faire le tour de l’île en passant par le canal de la Dominique et revenant par celui de Sainte-Lucie, on suit jusqu’à La Perle, et de là jusqu’au environ de la Trinité, une côte élevée et saine, près de laquelle il est difficile de mouiller en raison des grandes profondeurs d’eau qui règnent à peu de distance du rivage. La baie du fort-Royal doit seule être exceptée ; elle renferme des mouillages et des passes resserrées entre des bancs d’une étendue considérable, et les côtes qui l’entoure ont généralement peu d’élévation. Les hauts fonds ne commencent, au vent de l’île, que dans les environs du havre de la Trinité ; ils forment devant ce havre une chaîne qu’on distingue à la couleur blanchâtre de l’eau, et sur laquelle existent plusieurs points dangereux où la mer brise quand le vent vient à fraîchir. Cette chaîne s’étend dans la direction de l’Ouest-Nord-Ouest à l’Est-Sud-Est, jusqu’à l’extrémité de la presqu’île de la Caravelle, et laisse un passage profond entre le rocher de ce nom et la presqu’île. A partir de ce passage, on côtoie la partie orientale de la presqu’île de la Caravelle, et l’on arrive à l’ouverture de la baie du Galion ; […] la côte montre successivement des falaises verticales et des anfractuosités où la mer s’engouffre avec violence et produit, par son choc contre les escarpements, des détonations qu’on entend de fort loin. A l’endroit où la côte orientale de la presqu’île se détourne tout-àcoup pour diriger vers le fond de la baie du Galion, on aperçoit une pointe remarquable, qui porte le nom de Caracoli. […] il existe, au large de ces divers mouillages, une longue chaîne de récifs qui semble, […], devoir interdire l’approche de la côte ; mais, en la considérant de plus près, on s’assure bientôt qu’elle ne peut apporter que de légers obstacles à la navigation, et qu’elle a le grand avantage, en brisant les efforts de la mer, de procurer des ports où les bâtimens peuvent trouver des abris sûrs dans toutes les saisons. Cette chaîne s’étend du Nord-Nord-Ouest au Sud-SudEst, dans une direction à peu près rectiligne, marquée par des récifs dont plusieurs sont à fleur d’eau. LE LiTTORAL MARTiNiqUAiS DANS LA LiTTéRATURE SCiENTifiqUE […] Ces récifs doivent leur existence à des madrépores, et sont dèslors susceptibles d’éprouver les changements auxquels on sait que donnent lieu les excroissances madréporiques ; ils s’élèvent quelquefois jusqu’au niveau de la mer, et y forment ordinairement des brisans qui occupent des espaces assez considérables ; tels sont ceux auxquels on donne le nom de cayes dans les Antilles, comme caye Mitan, caye Pinsonnelle, &c. Ces excroissances proviennent d’une espèce de végétation calcaire dont on peut observer les progrès rapides, principalement sur la côte orientale et dans quelques endroits de la baie du fort-Royal, où les fours à chaux sont alimentés par des fragmens de coraux que les nègres détachent des hauts-fonds lorsqu’ils viennent à fleur d’eau, et qui se reproduisent dans un temps assez court, […]. […] Depuis la presqu’île de la Caravelle jusqu’au vauclin, la côte est enveloppée de deux ceintures de récifs entre les quelles naviguent, avec sécurité et dans une mer tranquille, les batimens destinés à établir les communications de la partie orientale de l’île de Saint-Pierre et le fort-Royal. Après avoir dépassé le vauclin dans le Sud, la ceinture qui régnait au large n’existe plus, et celle qui est adhérente à la côte diminue de plus en plus de largeur, à mesure qu’on approche de la pointe des Salines ; de sorte qu’à cette pointe les brisans deviennent contigus au rivage, ou ne s’en écartent qu’à de très-petites distances. […] En dehors des récifs dont nous venons de parler, le fond est d’une blancheur très-remarquable ; on le voit, quand il fait calme, jusqu’à quatrevingt dix et cent pieds de profondeur ; […] Ces fonds blancs sont de nature madréporique et s’étendent jusqu’à la côte. ils entourent la pointe des Salines où leur blancheur se fait remarquer plus que partout ailleurs, et continue de régner jusqu’au morne du diamant, sans autres interruptions que celles qu’y opèrent les courans d’eau douce venant du cul-de-sac Marin, de la rivière pilote, des trois rivières, du Céron et du Marigot du Diamant. ils sont couverts, dans tout cet espace, d’une faible quantité d’eau et parsemés d’un grand nombre d’aspérités, […]. […] D’après ce qui précède, on voit que le contour de la Martinique peut se diviser en deux parties distinctes : l’une qui est entièrement dégagée de récifs, si l’on excepte la baie du fort-Royal, et qui s’étend depuis le morne du Diamant jusqu’à La Perle, et depuis ce rocher jusqu’aux approches de la Trinité ; l’autre au contraire qui est enveloppée presque partout, et qui s’étend depuis le havre de la Trinité jusqu’à la pointe des Salines, et depuis cette pointe jusqu’au morne du Diamant. […] Dans la première les chaînons de montagnes ont des pentes rapides jusqu’aux approches du rivage, et s’y terminent par de grands escarpements taillés à pic ; dans l’autre, les chaînons partent de mornes moins élevés et plus éloignés du rivage ; leurs croupes arrondies s’élargissent en avançant du côté de la mer ; vers quelques-uns des enfoncements de la côte, elles viennent se confondre, par des pentes douces, avec des plaines de peu d’étendue, qui ne sont élevées que d’un petit nombre de pieds au-dessus du niveau de 17 PASCAL SAffACHE, J EAN-vALéRy MARC la mer : dans d’autres endroits elles se terminent par des pointes généralement basses et peu escarpées ». Monnier (P.). 1828. Description nautique des côtes de la Martinique (Précédé de) un mémoire sur les opérations hy drologiques et géodésiques ex écutées dans cette île en 1824 et 1825. Paris : imprimerie Royale, p. 136-138. « […] Les profondeurs d’eau qui règnent près du rivage, entre la baie du fort-royal et la rade de Saint-Pierre, sont tellement considérables, qu’on ne trouve dans cet espace, que très peu d’endroits où l’on puisse jeter l’ancre. Depuis la pointe des Nègres jusqu’aux environs du bourg de CasePilote, […], la côte ne présente aucune sinuosité bien prononcée. On ne voit, jusqu’au-delà du bourg de Case-Navire, […], que des escarpements de médiocre élévation […] ; mais à mesure qu’on approche du bourg de Case-Pilote, l’élévation des terres augmente, et leurs pentes, couvertes de halliers dans le voisinage de la côte, […] se terminent, à la mer, par des escarpements d’une hauteur considérable, taillés à pic, et séparés par de petites anses de sable gris ou de galet, qui correspondent à des gorges étroites et profondes. […] Le bourg de Case-Navire, placé sur une pointe basse et peu saillante, sépare deux jolies plages de sable blanc […]. La plage du Nord, dont la longueur est de près d’un demi-mille, est bordée de falaises peu élevées ; celle du Sud termine un petit vallon orné de la plus belle végétation, et bien cultivé. Entre la rivière de Case-Navire et les environs de Case-Pilote, la sonde rapporte, à trois encâblures au large, 200 pieds d’eau, et 40 à quelques toises seulement du rivage. […] A partir du cap Enragé jusqu’au morne aux Bœufs, la côte se dirige vers le Nord 32 Ouest, puis s’infléchit un peu vers le Nord jusqu’à la pointe basse du Carbet, qui forme l’extrémité méridionale de l’enfoncement où se trouve la ville de Saint-Pierre, et de là elle court vers le NordNord-Est jusqu’à la pointe Sainte-Marthe. Les hautes terres de cette partie de l’île sont des chaînons de montagnes qui prennent naissance dans les pitons du Carbet, […]. Ces chaînons prolongent leurs pentes jusqu’à la côte, et s’y terminent brusquement par de grandes falaises taillées à pic. Les ravines qui les séparent s’élargissent à mesure qu’elles descendent vers la mer, et se changent, avant d’y arriver, en vallons de l’aspect le plus agréable, […]. Les plages de sable et de galet qui les limitent du côté de la mer s’étendent jusqu’aux escarpements de la côte, mais ne s’y interrompent pas toujours. Dans le Sud du morne aux Bœufs, il en existe quelquesunes au pied des falaises, et dans le Nord de ce morne elles se prolongent, presque sans interruption, jusqu’à la pointe Sainte-Marthe qui borne la ville de Saint-Pierre dans le Sud ». 18