La_Provence-du-10-juillet-2015

Transcription

La_Provence-du-10-juillet-2015
Exemplaire de salmi [Email:[email protected] - IP:2.4.8.130]
Municipales à Gardanne
Lepoittevin, candidat FN un
peu vert, croit en sa poussée
GARDANNE Le Front parie sur ses récents bons résultats électoraux dans la cité
G
rand capital (spoliateur),
nationalisations (d’Alteo,
rebaptisée Péchiney, de
la centrale E.On), glorieux passé minier (qui mériterait son
musée comme à Lens). Hier
soir à la Maison du peuple de
Gardanne, il y avait comme une
tentative de hold-up sur des éléments de langage que même Roger Meï, maire communiste sortant et en place depuis les années 70, ne dégaine plus si souvent. Clément Lepoittevin, jeune (22 ans) candidat du Front
national aux municipales de
Gardanne, si. Et sans complexe.
"Gardanne, c’est une terre à exploiter, confie-t-il, à quelques
minutes de monter sur
l’estrade de la Maison du peuple, hier soir. Y a du potentiel
parce qu’on trouve là un électorat ouvrier qui a longtemps voté
à gauche parce qu’on ne lui proposait pas de liste FN." Et que
pour Lepoittevin, "nos thématiques actuelles, avec Marine
Le Pen, sont proches de la gauche des années 50".
Discours peu rodé
et dynamique installée
L’étudiant en recherche
d’emploi ne théorise pas totalement dans le vide. Lors des derniers rendez-vous électoraux, à
me su re qu e l a f lam me de
l’indéboulonnable maire communiste semblait pâlir, celle du
FN progressait dans la commune. 25,98 % au premier tour de
la présidentielle de 2007 (Marine Le Pen virait en tête) ; 19,2 %
au premier tour et 15,6 au second des municipales de 2014 ;
Clément Lepoittevin en
meeting hier soir devant
quelque 80 personnes. / G.L.
48,76 % au premier tour des départementales de mars, à une
encablure du binôme écolo-communiste finalement gagnant. Dès lors, la tête de liste
de "Gardanne Bleu Marine"
peut bien délivrer un discours
un rien improvisé, voire contradictoire (en début de meeting :
trop chère, la police municipale, pour les pauvres finances
gardannaises et puis, un quart
d’heure plus tard, créons une
brigade de nuit...), l’important
n’est pas là, mais dans la dynamique parie le Front.
La guerre politico-médiatique, pour reprendre le vocabulaire
propre au FN, sans merci que se livrent actuellement les Le Pen
père et fille prend évidemment pas mal de place au sein du parti. "J’essaye de me tenir à l’écart d’une querelle qui tient plus de
la querelle familiale que politique", tente d’abord Stéphane Ravier, le sénateur FN marseillais, venu en soutien hier soir à Gardanne. Oui mais quand la famille s’appelle Le Pen, difficile de
n’y pas voir un peu de politique tout de même.
"C’est vrai que je regrette les manœuvres auxquelles se livre
Jean-Marie Le Pen pour tenter d’exister encore, concède Stéphane Ravier. C’est tellement injuste pour le mouvement qu’il a
créé et contribué à faire exister." Son conseil au toujours président d’honneur du FN ? "Qu’il écrive ses mémoires politiques,
qu’ils nous racontent ses histoires, ses expériences." Les bonnes histoires de tonton Jean-Marie au coin du feu. On sent que
l’intéressé va adorer l’idée…
G.L.
Meeting des Républicains:
qui sauvera le soldat Giusti?
Richard Mallié a soutenu le candidat de la droite à la mairie de Gardanne
Dans la salle du foyer 3e âge,
une cinquantaine de personnes
applaudissent mollement Alain
Giusti, tête de liste des Républicains pour la municipale partielle de Gardanne. De temps en
temps, les acclamations venant
de la Maison du peuple voisine
viennent gêner les discours.
"Nous n’avons pas eu le droit
d’être dans la grande salle", plaisante Richard Mallié, maire de
Bouc-Bel-Air, qui ouvre le meeting. Effectivement, la salle était,
mercredi, réservée à Jean-Brice
Garella, candidat à l’origine de
l’annulation de l’élection de Roger Meï.
Les annonces de la veille de
maires de droite du secteur, Maryse Joissains et Robert Dagorne,
sur leur soutien au maire communiste (lire ci-contre) ont mis
la pagaille : "Il y a eu des coups
bas", avoue Alain Giusti avant
son discours.
Bruno Gilles, sénateur marseillais et secrétaire départemental des Républicains et Martine
Vassal, présidente du Conseil départemental, tous deux soutiens
officiels du candidat, n’ont pas
pu se rendre au meeting. Seul Richard Mallié, pour qui Alain
Giusti travaille depuis 2002 à la
mairie de Bouc-bel-air, était présent.
Le rififi de la droite locale ne
l’intéresse pas. Il balaye d’une
phrase les polémiques de la
veille : "Le maire de Trets me l’a
confirmé ce matin au téléphone :
il n’a jamais soutenu Roger Meï."
Quand au soutien du maire
d’Aix-en-Provence, il était, selon
lui, antérieur à la candidature
9
AU FIL DE LA CAMPAGNE
La vie politique
c’est aussi du cinéma
Le collectif "Pour que vive le
cinéma 3 Casino" s’est invité
dans la campagne des municipales, en interpellant toutes
les têtes de liste sur l’avenir du
cinéma gardannais, promis à
la fermeture (qui pourrait
s’accompagner, selon la liste
Meï, d’une réouverture au sein
d’un pôle arts et loisirs encore
à construire). Le collectif, lui,
veut voir le cinéma rouvrir à
son emplacement actuel sur le
Cours. Et a donc adressé un
questionnaire à tous les candidats pour connaître leurs positions sur l’avenir du site, tant
en terme de maintien sur site,
de caractéristique (trois salles)
et de programmation dans "la
plus grande diversité d’œuvres
et de films".
Selon le collectif, le maire
communiste sortant, Roger
Meï ("Force d’agir Gardanne-Biver"), n’a pas répondu au
questionnaire. Chantal Cruveiller ("Liste d’intérêt communal Gardanne-Biver", divers
droite) non plus, considérant
le questionnaire trop orienté,
mais confirmant tout de même sa volonté "d’un maintien
d’un cinéma à Gardanne".
Les autres, sans trop de surprise en temps de campagne
où il est de coutume de ne fâcher personne, ont tous répondu favorablement au questionnaire du collectif. François-Michel Lambert ("Gardanne-Biver en avant", PS, Europe écologie-Les Verts et Génération écologie) a répondu favorablement à toutes les questions du
questionnaire, tout comme
Jean-Brice Garella ("Tous ensemble pour notre ville") et
Alain Giusti ("Agir pour Gardanne et Biver", Les Républicains). Clément Lepoittevin
("Gardanne bleu marine",
RBM-FN) a fait un petit pas de
côté répondant "non" à une
seule question : l’idée d’un cofinancement du 3 Casino avec
l’intercommunalité.
G.L.
LES MEETINGS
La guerre des Le Pen en toile de fond
Guénaël LEMOUÉE
Vendredi 10 Juillet 2015
www.laprovence.com
Jean-Brice Garella fait le plein dans la dernière ligne droite
Près de 500personnes se sont réunies à la Maison
du peuple, mercredi soir, pour le dernier meeting
d’avant-premier
tour de la liste
"Tous ensemble
pour notre ville".
●
/ PHOTO SERGE MERCIER
● François-Michel Lambert veut incarner le changement en douceur
Il sera ce matin, dès 6 h 30, sur le Cours, avant de faire le marché
du matin puis, à midi, d’offrir l’apéro à sa permanence, derrière
la mairie. Il sera surtout en meeting le soir
à la Maison du peuple. Et la tête de liste
de "Gardanne et Biver
en avant", député écolo de la circonscription y présentera ses
ambitions pour Gardanne, en terme
d’aménagement urbain, de relance économique, tant industrielle que commerciale, de circulation… "Notre état d’esprit, c’est d’apporter une nouvelle manière de faire de la politique dans cette ville, sans renverser la table si on est élu, mais dans la transition, sans chasse aux
sorcières. On travaillera avec tout le monde parce que cette ville
s’est endormie et qu’elle en a besoin", assure François-Michel
Lambert.
/ PHOTO G.L.
➔ "Gardanne et Biver en avant !" en meeting ce soir, à 18 h 30 à la Maison du peuple.
LE DROIT DE RÉPONSE
89747
Philippe Ardhuin, maire de Simiane, Richard Mallié, maire de Bouc-Bel-Air et Monique Robineau,
conseillère régionale sont venus soutenir Alain Giusti, le candidat des Républicains. / PHOTO SERGE MERCIER
d’Alain Giusti. Aujourd’hui Maryse Joissains soutiendrait donc
le candidat des Républicains. Un
vrai casse-tête (lire ci-contre).
Règlements de compte
Cela n’empêchera pas le maire boucain de tacler Maryse Joissains pendant son discours, comme il le fera avec chacun des candidats à la mairie de Gardanne.
Le candidat EELV, François-Michel Lambert, en prendra pour
son grade, puisque Richard Mallié l’accuse d’avoir "dépensé plus
de la moitié de sa réserve parlementaire en dehors de sa circons-
cription". Il laisse enfin la parole
au candidat qu’il soutient, le
seul "sans subterfuge" selon lui.
Alain Giusti, le grand inconnu
de la campagne, s’avance et déroule son programme, tête baissée sur ses notes et voix hésitante. Poussé dans la course des municipales par Richard Mallié à la
dernière minute, ce Gardannais
de 56 ans n’a jamais été élu. Cadre territorial à la mairie de
Bouc-Bel-Air, il se présente
lui-même comme "un homme
de l’ombre qui a toujours été derrière les autres". Il dit espérer dépasser les 15 %, mais sans grande
conviction : "Si on n’obtient pas
les 10 % d’inscrits, dimanche soir,
on s’en va vite de Gardanne et on
n’y remet plus les pieds", lâche-t-il. Éprouvé par la campagne éclair, le soldat Giusti semble déjà en garder un mauvais
souvenir : "On ne va pas dire que
c’était la galère, mais c’est quand
même très compliqué ici",
avoue-t-il.
S’il ne passe pas le premier
tour dimanche prochain, il est
déjà prévu que les Républicains
ne donnent aucune consigne de
vote pour le second.
M.B.
À la suite de notre article, intitulé "Meeting de Roger Meï, un soutien multicolore", paru le 8 juillet, Jean-Claude Féraud, maire de
Trets, répond : "Je n’ai jamais rien souhaité la réélection de Roger
Meï et même si j’ai de la sympathie et du respect pour l’homme
qui a effectué sept mandats à la mairie de Gardanne, en aucun
cas mes convictions et mon appartenance politique ne me permettent de soutenir le candidat communiste Roger Meï." NDLR :
l’équipe de la liste conduite par Roger Meï nous avait affirmé le
soutien, ou du moins, la sympathie apportée par de nombreux
maires de la communauté d’agglomération du pays d’Aix, quelle
que soit leur appartenance politique. Elle avait produit un écrit
en ce sens de la présidente de la CPA, Maryse Joissains (reproduit dans un document de campagne) et l’on ne pouvait que
constater la prise de parole à la tribune lors de cette réunion publique du maire d’Éguilles, Robert Dagorne (ex-UDI). Le nom de
Jean-Claude Féraud avait également été cité : ce dernier récuse
en bloc. Interrogée hier par La Provence, Maryse Joissains confirme qu’elle a bien écrit une lettre à Roger Meï lors de l’annulation
de l’élection dans laquelle "je ne lui apporte pas mon soutien car
nous n’avons pas les mêmes idées mais je lui souhaite bonne chance en l’état de l’engagement de mon parti". Comprendre Alain
Giusti a reçu "un soutien tardif des Républicains". "Donc je ne soutiens personne et je ne reviens pas sur ce que j’ai déjà dit : il ne faut
pas prendre les gens pour des imbéciles."
/ PHOTO SERGE MERCIER