Le Prix Nobel au service de la vie

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Le Prix Nobel au service de la vie
« Le Prix Nobel au service de la vie »
Paris, le 4 décembre 2003
« Le Prix Nobel au service de la vie »
4 décembre 2003
Cette rencontre exceptionnelle intitulée « Le Prix Nobel au service de la vie »,
qui a lieu ce jour dans le Grand Amphithéâtre du Muséum national d’Histoire naturelle,
rassemble, en présence de S.A.R la Princesse héritière Victoria de Suède, des
personnalités scientifiques et médicales de premier plan, dont plusieurs Prix Nobel.
La conférence, dont l’objectif est de montrer quel a été l’impact des Prix Nobel dans la vie quotidienne,
se compose de deux tables rondes : « L’éveil des vocations scientifiques et le Prix Nobel »
et « Prix Nobel et santé ».
Le Directeur général de la Fondation Nobel, M. Michael Sohlman, introduit la séance du matin et la Ministre
déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies, Mme Claudie Haigneré, ouvre la session de l'aprèsmidi.
La conférence est accessible en direct sur le site Internet du Ministère de la Recherche et
des Nouvelles Technologies (www.recherche.gouv.fr).
Dans le cadre des célébrations du Centenaire du Prix Nobel de Pierre et Marie Curie, et d’Henri Becquerel,
cette manifestation est placée sous le Haut Patronage de Monsieur Jacques Chirac, Président de la République.
Elle est organisée par l’Ambassade de Suède, le Ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies,
l’Institut Curie, le Muséum national d’Histoire naturelle et AstraZeneca.
Les invités sont les responsables de grandes institutions scientifiques et médicales, des personnalités du
monde de la recherche et de la médecine, des responsables industriels, politiques et économiques.
Avec les interventions de
Anita Aperia : Présidente de l’Assemblée Nobel de l’Institut Karolinska en 2001
Sir James W. Black : Prix Nobel de physiologie ou de médecine 1988
Frank Belfrage : Ambassadeur de Suède en France
Per Carlson : Comité Nobel de physique
Claude Cohen-Tannoudji : Prix Nobel de physique 1997
Robert Dahan : Président d’AstraZeneca France
Jean Dausset : Prix Nobel de physiologie ou de médecine 1980
Bertrand-Pierre Galey : Directeur général du Muséum national d’Histoire naturelle
Pierre-Gilles de Gennes : Prix Nobel de physique 1991
Astrid Gräslund : Comité Nobel de chimie Claude Huriet Président de l’Institut Curie
François Jacob : Prix Nobel de physiologie ou de médecine 1965
Axel Kahn : Directeur de l’Institut Cochin de génétique moléculaire
Hélène Langevin-Joliot : Directeur de recherche émérite au CNRS
Daniel Louvard : Directeur de la Section Recherche de l’Institut Curie
Jan M. Lundberg : Directeur de la recherche d’AstraZeneca
Contacts presse
• Marie-Ange Folacci : Ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies / Tél. : 01 55 55 83 28/
Fax : 01 55 55 83 47 / [email protected] • Geneviève Giraud-Boulinier : Muséum
national d’Histoire naturelle / Tél. : 01 40 79 54 40 - 06 88 38 01 20 (mob.) / Fax 01 40 79 38 00 /
[email protected] • Catherine Goupillon : Institut Curie / Tél. : 01 44 32 40 63 - 06 09 56 08 69 (mob.)
Fax 01 44 32 41 67 / [email protected] • Jean-Yves Mairé : AstraZeneca France /
Tél. : 01 41 29 40 19 - 06 14 61 65 52 (mob.) / Fax : 01 41 29 40 01 / [email protected]
Jan Nyberg : Ambassade de Suède / Tél. : 01 44 18 88 44 - 06 11 74 64 46 (mob.) / Fax : 01 44 18 88 21
[email protected]
Anita APERIA
Anita Aperia (née en 1936), Professeur en pédiatrie à l’Institut Karolinska, Stockholm. Présidente
de l’Assemblée Nobel de l’Institut Karolinska en 2001 (Membre depuis 1987), Membre du Comité Nobel
de physiologie ou de médecine 1991-1996, Vice-Présidente de la classe Médecine de l’Académie Royale
des Sciences de Suède depuis 2002. Membre notamment de la Société européenne de la recherche en
pédiatrie et de l’Académie des Sciences de New York. Approx. 260 publications surtout dans la domaine
Na+,K+-ATPase.
Sir James W. BLACK
Né en 1924 à Uddingston, James W. Black devient docteur en médecine en 1946 à la faculté de Saint Andrews
en Ecosse. Après dix ans d’enseignement dans diverses universités, il rejoint l’industrie pharmaceutique en
1958. Jusqu’en 1964, période pendant laquelle il mène les recherches qui le rendront célèbres, il travaille
pour le compte des laboratoires ICI Pharmaceuticals à Alderley Park (UK). Après cette date, il devient
directeur de la recherche en biologie des laboratoires Smith Kline and French, puis de la recherche
thérapeutique des laboratoires Wellcome. A partir de 1984, il est nommé professeur de pharmacologie
analytique au King’s College de Cambridge. En 1972, il accède au poste de président de l’université
de Dundee en Ecosse.
Lorsqu’il débute son étude de l’action des catécholamines sur le muscle cardiaque, James Black cherche à
mettre en évidence qu’il existe deux types de récepteurs cellulaires à ces produits ayant des effets inverses.
Il est le premier à comprendre que le blocage des récepteurs bêta constituerait un traitement de l’hypertension artérielle et de l’angine de poitrine. En 1964, il parvient à mettre au point le premier bêtabloquant,
le propanolol. Les études cliniques conduites avec ce médicament confirment son intuition. En 1972,
il conçoit la cimétidine, premier médicament capable de neutraliser les récepteurs H2 de l’histamine
et indiqué dans le traitement de l’ulcère d’estomac.
Anobli en 1981 par la Reine, Sir James W. Black reçoit le Prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1988
pour ses travaux sur le propanolol, conjointement à Gertrude Elion et George Hitchings.
Frank BELFRAGE
Né le 13 mars 1942, Frank Belfrage est licencié de l'Ecole des Hautes Etudes Economiques de Stockholm
et Commandeur de la Légion d'Honneur. Il a commencé sa carrière diplomatique au Ministère suédois des
Affaires étrangères en 1965. Après des postes à l'étranger, à Vienne, à New York (ONU) et à Londres il a
été nommé Ambassadeur en Arabie Saoudite en 1984. De retour en Suède, il a été d'abord Directeur des
Affaires européennes en 1987, ensuite de 1991 à 1994 Secrétaire d'Etat et négociateur en chef pour
l'adhésion de la Suède à l'Union Européenne. De 1994 à 1999 il a été Ambassadeur, Représentant
Permanent de la Suède auprès de l'Union Européenne à Bruxelles. De retour à Stockholm il a préparé
la présidence suédoise de l'Union Européenne au premier semestre 2001. Depuis décembre 2001 il est
Ambassadeur de Suède à Paris.
Per CARLSON
Per Carlson (né en 1938), Professeur en physique des particules élémentaires à l’École Polytechnique
Royale (KTH) à Stockholm, Président de la classe Physique de l’Académie Royale des Sciences de Suède,
Membre du Comité Nobel de physique depuis 1999. Recherche en physique des particules élémentaires
et en astrophysique. Il a travaillé dans plusieurs domaines au CERN à Genève avant de s’orienter vers
les expériences d’astrophysique.
Claude COHEN-TANNOUDJI
Né à Constantine en 1933, Claude Cohen-Tannoudji est admis à l’Ecole Normale Supérieure en 1953 où il
obtient une agrégation en sciences physiques. Il rejoint le laboratoire d’Alfred Kassler, lui-même prix Nobel
en 1965, et de Jean Brossel. Il est reçu à son doctorat en 1962. De 1960 à 1964, il est attaché au CNRS,
puis devient maître de conférence et professeur à la Faculté des sciences de Paris. En 1973 il est nommé
professeur au Collège de France où il occupe la chaire de physique atomique et moléculaire.
Les travaux de Claude Cohen-Tannoudji sont à la fois théoriques et expérimentaux. Ils concernent plus particulièrement l’optique quantique, et d’une manière plus générale les interactions entre les photons et les
atomes. Il met au point un système à base de lasers pour refroidir les atomes à des températures proches
du zéro absolu ou zéro Kelvin, les ralentir et les manipuler. Le dispositif permet de piéger ces atomes dans
de petites régions d’espace vide où se croisent différents rayons lasers. Il est l’auteur de la théorie de
l’atome « habillé » qui permet de rendre compte des interactions des systèmes atomiques avec des rayonnements électromagnétiques de haute intensité modifiant leurs propriétés.
Claude Cohen-Tannoudji reçoit le Prix Nobel de physique en 1997, conjointement à Steven Chu et William D. Phillips.
Robert DAHAN
Le Docteur Robert Dahan est Président d’AstraZeneca en France. Gastro-entérologue, ancien interne des hôpitaux de Paris et chef de clinique assistant, spécialiste des maladies digestives, le Dr Dahan a commencé sa
carrière dans l'industrie pharmaceutique en 1984 a la Direction médicale des laboratoires Cassenne, puis
du laboratoire Léo en 1987 avant de rejoindre Astra France en 1991. Après la constitution du groupe
AstraZeneca, il est nommé Directeur médical et scientifique puis Président en 2002.
Jean DAUSSET
Né le 19 octobre 1916 à Toulouse, Jean Dausset fait ses études secondaires au lycée Michelet à Paris
et devient docteur en médecine de la faculté de médecine de Paris en 1945. Après la défaite de la France,
il s’engage dans l’armée du Maroc en 1941 et rempli le rôle de transfuseur pendant la campagne de Tunisie
et de Normandie. A la libération, il se consacre à la recherche au Centre National de Transfusion Sanguine.
Il participe activement avec le Pr Robert Debré à la réforme hospitalière et à la création des centres hospitalo-universitaires. De 1968 à 1984 il dirige une unité de recherche de l’Inserm. Il fonde France-Transplant
en 1969. En 1983, il se lance dans l’aventure du séquençage du génome humain en créant le Centre d’étude
du polymorphisme qui obtiendra, dans les premières années, des résultats qui surprendront le monde.
L’œuvre scientifique majeure de Jean Dausset est la découverte des groupe HLA ou complexes majeurs
d’histocompatibilité. Ces groupes HLA dont il découvre l’existence à la surface des globules blancs du sang
jouent un rôle de premier plan dans les phénomènes de compatibilité et de rejet au cours de la transplantation.
C’est pour cette découverte qu’il reçoit le Prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1980, conjointement à
Baruj Benacerraf et George D. Snell.
Bertrand-Pierre GALEY
Bertrand-Pierre Galey, administrateur civil, ancien élève de l'Ecole nationale d'administration (ENA),
diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, est directeur du Muséum national d’Histoire naturelle
depuis Octobre 2002.
Né en 1958, Bertrand-Pierre Galey a occupé, depuis 1984, divers postes au ministère de la Culture. Il a
ensuite été rapporteur au Conseil d'Etat, délégué auprès de la Chambre de commerce puis conseiller aux
ministères des Affaires sociales et de la Défense. Depuis lors, M. Galey a été directeur de la Caisse
nationale des monuments historiques, devenue en 2000 Centre des monuments nationaux.
Pierre-Gilles de GENNES
Né en 1932 à Paris, il suit des études à l’Ecole Normale Supérieure et travaille comme ingénieur au
Commissariat à l’Energie Atomique de 1955 à 1959. Il devient docteur ès science en 1957 avec une thèse
portant sur les aspects théoriques de la diffusion des neutrons dans les milieux magnétiques. De 1961 à
1971, il est maître de conférence puis professeur à la Faculté des sciences d’Orsay. Au terme de ces dix
années d’enseignement, il est nommé professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de physique de
la matière condensée. Il entre à l’Académie des sciences en 1979. Fortement impliqué dans l’enseignement
des disciplines scientifiques, il dirige l’Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de la ville
de Paris de 1976 à 2002.
Les travaux de Pierre-Gilles de Gennes ont abordé divers aspects de la physique. Il est toutefois
particulièrement reconnu pour ses recherches sur les modifications d’état d’ordre dans les milieux
complexes. Il s’est particulièrement intéressé aux phénomènes survenant dans des gels, des polymères et
des cristaux liquides en montrant comment les transitions d’un état de désordre à un état d’ordre pouvait
être modélisé mathématiquement comme l’organisation d’une multitude de dipôles électriques. Il reçoit
le Prix Nobel de physique en 1991. Aujourd’hui, il travaille sur les problèmes d’adhésion et de friction,
en particulier sur l’adhésion entre cellules vivantes au sein de l’Institut Curie, où il est également conseiller
du Président Claude Huriet.
Astrid GRÄSLUND
Astrid Gräslund (née en 1945), Professeur en biophysique à l’Université de Stockholm, Professeure en
biophysique médicale à l’Université de Umeå, Vice-Présidente de l’Institut de biophysique et de biochimie
de l’Université de Stockholm, Deuxième Vice-Présidente de l’Académie Royale des Sciences de Suède,
Secrétaire du Comité Nobel de Chimie depuis 1996. Approx. 220 publications scientifiques dans le domaine
de la biophysique moléculaire.
Claudie HAIGNERÉ
Ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies depuis juin 2002, Claudie Haigneré est
Docteur ès sciences, option neurosciences, et médecin rhumatologue, spécialiste en médecine aéronautique.
Elle a exercé son activité médicale à la clinique de rhumatologie du service de réadaptation de l’hôpital
Cochin à Paris. Au laboratoire de physiologie neurosensorielle du CNRS à Paris, elle a préparé des expériences
scientifiques dans le domaine de la physiologie humaine et effectué des recherches sur l’adaptation des
systèmes sensori-moteurs en microgravité.
Astronaute, Claudie Haigneré a été responsable des programmes de physiologie et de médecine spatiale
à la Division sciences de la vie du CNES à Paris. Elle a par ailleurs assuré la coordination scientifique de
la mission franco-russe « Antarès » pour les expériences des sciences de la vie.
1996 : vol de 16 jours à bord de la station orbitale russe Mir dans le cadre de la mission franco-russe
« Cassiopée ».
1998 : cosmonaute suppléante pour la mission « Perseus ».
1999-2001 : astronaute à l’Agence Spatiale Européenne (ESA).
2001 : 10 jours de vol à bord de l’ISS (International Space Station) pour la mission « Andromède »
Membre de l’Académie des Technologies, Claudie Haigneré est Officier de la Légion d’Honneur et Chevalier
dans l’Ordre National du Mérite.
Claude HURIET
Le Professeur Claude Huriet, Conseiller d’Etat, est Président de l'Institut Curie depuis décembre 2001.
Professeur à la Faculté de médecine de Nancy, chef du Service de néphrologie du Centre Hospitalier
Universitaire de Nancy, il a, en 1970, créé le Centre d’hémodialyse de Nancy où il a réalisé les premières
transplantations rénales.
Sénateur de Meurthe-et-Moselle (1983-2001), membre du Comité Consultatif National d’Ethique pour les
Sciences de la Vie et de la Santé (1995-2001), et de la Commission de Génie Génétique (1997-2001),
il est, depuis 1996, Vice-président de la Fédération Hospitalière de France et préside depuis sa création,
en 2002, l’Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux.
Claude Huriet, dont le nom est associé à la loi relative à la protection des personnes se prêtant à des
recherches biomédicales, à la loi de Sécurité sanitaire et aux lois dites de bioéthique, a conduit depuis 1983
de nombreux travaux parlementaires liés aux questions de santé et de recherche biomédicale.
François JACOB
Né le 17 juin 1920, il entreprend des études de médecine qui seront interrompues par la guerre. Engagé dès
la première heure dans les Forces Françaises Libres, il est grièvement blessé en Normandie en 1944.
Il devient médecin en 1947, mais la carrière de chirurgien dont il rêvait lui est interdite pour cause de santé.
En 1950, il entre à l’Institut Pasteur dans le service d’André Lwoff. Il devient chef du service de génétique
cellulaire en 1960 et est nommé professeur de génétique cellulaire au Collège de France en 1964.
Ses premiers travaux portent sur les bactériophages, c’est-à-dire des virus capables d’infecter les bactéries.
Il s’intéresse plus particulièrement aux mécanismes de la lysogénie par lesquels les bactéries échappent
à la destruction. Avec Jacques Monod, il découvre les ARN messager, sorte d’estafette moléculaire
qui transporte l’information génétique entre l’ADN et les protéines. Ils établissent par ailleurs le modèle
de l’opéron lactose, premier modèle de régulation de l’expression des gènes qui leur vaudra le prix Nobel
de médecine en 1965.
Axel KAHN
Le Professeur Axel Kahn est Directeur du Laboratoire de Recherches en Physiologie et Pathologie
Génétiques et Moléculaires (U129.l'INSERM) à la Faculté de Médecine Cochin à Paris. Président, depuis
l’an 2000, du Groupe des Experts de Haut Niveau sur les Sciences de la Vie auprès de la Commission
Européenne, le Pr Axel Kahn est un spécialiste international des questions d’éthique et de génétique.
Auteur de plus de 380 publications scientifiques et de nombreux ouvrages (La médecine du XXI ème siècle
des gènes et des hommes - Et l'Homme dans tout ça ? Plaidoyer pour un humanisme moderne), le Pr Axel
Kahn est membre de l’Académie des sciences et des plus importantes sociétés savantes dans le domaine
de la génétique et de la biologie moléculaire (EMBO, ASBMB, Royal society of biochemistry, Société de
génétique humaine, Société française de biologie…). Défenseur de la dignité humaine, il rappelle sans
cesse que le destin humain n'est pas déterminé par sa dimension biologique. « La vie humaine, c'est ce que
nous allons aimer, les gens que nous allons aimer, ou haïr, ce qui va nous arriver. Et tout cela n'est d'aucune
manière inscrit dans les gènes. »
Hélène LANGEVIN-JOLIOT
Hélène Langevin-Joliot, née en 1927 à Paris, fille de Frédéric et Irène Joliot-Curie, petite fille de Pierre et
Marie Curie, est ingénieur de l'Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de la ville de Paris
(ESPCI), docteur es-sciences, physicienne nucléaire à l'Institut de Physique Nucléaire d'Orsay et directeur
de recherche émérite au CNRS.
Daniel LOUVARD
Le Professeur Daniel Louvard est Directeur de la Section de Recherche de l’Institut Curie depuis 1993,
où il dirige par ailleurs une équipe de recherche au sein du pôle de biologie cellulaire.
Depuis plus de vingt ans, ses travaux sont consacrés à l’étude du fonctionnement normal et pathologique
des cellules épithéliales digestives. Ses recherches actuelles concernent le développement de nouvelles
approches diagnostiques et thérapeutiques des cancers colorectaux.
Après avoir été vice-président de la Commission d’orientation sur la lutte contre le cancer, il est depuis mai
2003 membre du Comité permanent d’orientation de la Mission interministérielle de lutte contre le cancer.
Docteur ès-Sciences Physiques, Professeur associé à l’Institut Pasteur et Directeur de recherche au CNRS,
il a été Chef de groupe à l’European Molecular Biology Laboratory (Heidelberg, Allemagne) puis a rejoint
l’Institut Pasteur où il a notamment dirigé le Département de Biologie Moléculaire de 1988 à 1990.
Membre de l’EMBO, de l’Académie des Sciences et de l’Academia Europa, il est Président du Conseil
Scientifique de Temasek Life Sciences Laboratory (Singapour) et a été Président du Conseil Scientifique
de Human Frontier Science Program.
Il a publié plus de 200 publications dans le domaine de la biologie cellulaire et moléculaire. Il est Chevalier
de l’Ordre du Mérite et Chevalier de la Légion d’Honneur.
Jan M. LUNDBERG
Jan M. Lundberg (né en 1953) est Vice président exécutif et directeur de la recherche du groupe
AstraZeneca. Il est diplômé de la Faculté de médecine de Göteborg (Suède), du Département de pharmacologie de l’Institut Karolinska à Stockholm et du Département de chimie du GA College, Minnesota (EtatsUnis). Ancien Professeur au département de pharmacologie de l’Institut Karolinska, Jan M. Lundberg a publié plus de 500 articles dans des revues scientifiques concernant notamment les mécanismes cellulaires liés
au système nerveux central, au système cardio-vasculaire et au domaine respiratoire. Il a été membre du
Comité suédois de recherche médicale et a fait partie du Bureau exécutif d’enregistrement des médicaments à l’Agence suédoise des produits de santé. En janvier 2003 il a été nommé docteur honoris causa en
pharmacologie de l’Université d’Uppsala.
Michael SOHLMAN
Michael Sohlman (né en 1944), Directeur Général de la Fondation Nobel à Stockholm depuis mai 1992.
Membre de l’Académie Royale des Sciences de Suède et de l’Académie Royale des Sciences de l’ingénieur
(IVA). Diplômé en sciences économiques et sciences politiques des Universités d’Uppsala et de Stockholm.
Auparavant en poste au Ministère de l’Industrie, au Ministère des Finances, au Ministère de l’Agriculture
(Secrétaire d’État) et au Ministère des Affaires étrangères (Secrétaire d’État au commerce extérieur).
Un marchand d’explosif poète et pacifiste
Devenu riche grâce à l’invention de la dynamite, Alfred Nobel était un pacifiste convaincu
mais incompris.
S
i le nom d’Alfred Nobel est associé à la dynamite qui fit de lui l’un des hommes les plus
fortunés de son époque, ce fils d’un marchand d’armes, fait montre, dès le plus jeune âge,
d’un insatiable appétit d’invention. Au cours de sa vie, il dépose pas moins de 355 brevets
de nature très variés parmi lesquels on trouve bien sûr des explosifs (la gélatine explosive,
la balistite) mais également des bateaux, des réfrigérateurs, un vélo et même un avion.
C’est son acharnement à mettre au point de nouveaux procédés qui, après sept ans de travail, lui permet
de maîtriser le pouvoir dévastateur de la nitroglycérine en la mélangeant avec un sable poreux et absorbant.
Profondément marqué par la faillite de son père, l’inventeur qui se double d’un chef d’entreprise hors pair,
se met rapidement à l’abri du besoin. Emil, son plus jeune frère, y perd en revanche la vie, dans une explosion
survenue en 1864 à Helenborg tandis qu’Alfred multiplie ses expériences sur la nitroglycérine.
Dès l’âge de 9 ans, alors que la famille Nobel s’installe à Saint Pétersbourg où le père vend des mines navales
de son invention aux armées du Tsar, Alfred parle couramment cinq langues : le Suédois, le Russe, l’Allemand,
le Français et l’Anglais. Et à 17 ans, il part pour une série de voyages d’études en Europe et aux Etats-Unis.
C’est sans doute cette ouverture précoce au monde et ses obligations à la tête d’un empire international
qui feront de sa vie une suite ininterrompue de voyages. Le long du chemin, le millionnaire itinérant jalonne
son parcours de résidences dans lesquelles il vient chercher le repos : Ardeer (Ecosse), Paris, San Remo
(Italie) et Karlskoga (Suède). Inventeur, gestionnaire, voyageur, Alfred Nobel est un homme à facettes.
Epris de littérature et de philosophie, il écrit des poèmes, des nouvelles et même une tragédie. A sa mort,
sa bibliothèque compte plus de 1 500 ouvrages, généralement des éditions dans leur langue originale.
Personnage discret, fuyant les honneurs et les dîners officiels, Alfred Nobel est un solitaire qui ne fondera jamais
de famille. On ne lui connaît que quelques amours qui tourneront vite court. A Paris en 1876, il emploie
comme secrétaire personnelle une jeune autrichienne, Bertha Kinsky, dont il s’éprend. Bien qu’il conserve
toute son existence une correspondance régulière avec cette ardente militante de la paix, la jeune femme
le quitte pour de se marier avec le Baron von Suttner. « Je suis un misanthrope, écrit-il, avec pourtant la
meilleure volonté du monde(…) je suis un superidéaliste qui digère la philosophie mieux que tout autre nourriture ».
Dans les yeux de ses contemporains, Alfred Nobel est un marchand de mort, mais lui est convaincu du contraire.
C’est la violence des ses explosifs qui permet, plus sûrement que n’importe quel mouvement idéaliste, d’arrêter
les guerres par l’équilibre de la terreur. Qui peut, un siècle avant la guerre froide, entendre un tel discours ?
Au crépuscule de sa vie, cet homme seul et sans enfant, s’interroge sur le devenir de son empire. Comme
toujours, ses opinions tranchent avec celles de son temps : « Je considère que l’héritage de grandes fortunes
est un malheur qui ne sert qu’à inciter l’humanité à la paresse ». L’idée de prix visant à améliorer le sort de
l’humanité germe progressivement dans son esprit. Le testament définitif est rédigé le 27 novembre 1895
au club suédo-norvégien à Paris. Alfred Nobel meurt le 10 décembre 1896 dans sa villa de San Remo en
laissant à la Suède, et au monde entier, un héritage dont lui-même aurait eu peine à apprécier la portée.
Les arcanes de la paix
Dans son testament, Alfred Nobel désigne le Storting, autrement dit le Parlement norvégien, comme l’institution
chargée d’attribuer le prix de la Paix. Il s’agit de la seule organisation habilitée à décerner un prix Nobel qui ne soit pas
suédoise. La récompense est également remise chaque 10 décembre, jour anniversaire de la mort d’Alfred Nobel,
mais à l’hôtel de ville d’Oslo et non à Stockholm. Autre particularité de ce prix, le fait qu’il puisse être décerné à une
organisation, comme ce fut le cas de Médecins Sans Frontières en 1999, et que son attribution ne soit pas restreinte
à 3 personnes au maximum. Enfin, on entend parfois dans les couloirs de la Fondation de dignes représentants de
l’institution maugréer contre ces drôles de pratiques qui consistent à faire connaître l’identité des candidats nominés.
Car à la Fondation Nobel, on ne badine avec le secret.
Quant au prix d’économie, il a été créé en 1968, à l’occasion du tricentenaire de la Banque de Suède. Depuis, chaque
année, la Sverifes Riksbank met à la disposition de la Fondation une somme égale au montant des autres prix.
Une république intellectuelle
Depuis leur création en 1901, l’attribution des prix Nobel suit un protocole immuable.
À
sa mort en 1896, Alfred Nobel laisse une immense fortune et un testament. Par défiance
vis-à-vis des hommes de loi, le document rédigé sur une simple feuille de papier n’a pas été
enregistré officiellement. Au regard des sommes en jeu, commence alors un difficile combat
principalement mené par Ragnar Solhman, l’un des assistants de Nobel, pour réaliser
les dernières volontés du pacifique marchand de dynamite. Après quatre ans d’âpres négociations
avec les membres de la famille et les diverses institutions désignées dans le testament, des structures
et une procédure sont mises en place pour attribuer les prix. A quelques aménagements près, elles n’ont
pas été modifiées à ce jour.
« Les institutions Nobel forment une petite république intellectuelle en Suède ; vous êtes ici dans son ambassade ».
L’homme qui prononce ces mots sous le regard vigilant du portrait d’Alfred n’est autre que Michael Solhman,
le petit-fils de l’exécuteur testamentaire. Avec un conseil d’administration constitué de sept personnes,
il dirige aujourd’hui la Fondation Nobel chargée de faire fructifier l’argent légué par l’inventeur de la dynamite.
Les fonds servent d’abord à rétribuer les lauréats. A leur création en 1901, les prix équivalaient à 15 ou 16 ans
de salaire d’un professeur d’université. Malgré quelques fluctuations, le niveau de rétribution est resté très
élevé, 1 300 000 dollars étant actuellement attribués dans chacune des six disciplines : physique, chimie,
physiologie ou médecine, littérature, économie et paix. Le capital permet également d’assurer le fonctionnement des institutions Nobel et en particulier celui des comités. Bien que leur rôle soit essentiel dans
’attribution des prix, les comités n’ont jamais eu le pouvoir de désigner les heureux élus. Sur ce point,
les dernières volontés d’Alfred Nobel ne prêtent pas à discussion : les prix de physique et de chimie sont
décernés par l’Académie Royale des Sciences, le prix de physiologie ou médecine par le Karolinska
Institute, celui de littérature par l’Académie Suédoise et le prix Nobel de la paix par le Parlement norvégien.
Mis à part cette dernière récompense qui suit une procédure particulière, le rôle des comités est d’adresser
chaque année au mois de septembre des lettres dites d’invitation à des universités, des institutions,
des spécialistes étrangers ainsi qu’aux lauréats des années précédentes, pour leur demander de désigner
un candidat digne d’intérêt. Trois à quatre mille lettres sont envoyées et environ 15 % de réponses parviennent
avant la date limite du 1er février. Dans un premier temps sont éliminés les prétendants dont les travaux
ne méritent pas un examen plus approfondi. Un rapport détaillé, précis et minutieux, généralement rédigé
par l’un des membres du comité, est établi pour les concurrents restant en lice. Au terme d'une série de
réunions de travail, le contenu de l’ensemble des enquêtes est synthétisé dans un rapport final généralement
signé du président de chaque comité et qui conclue en recommandant un nom. Bien que les assemblées
ne soient pas tenues de suivre l’avis du comité, il est rare qu’un autre candidat soit élu. Pour éviter toute
pression sur les membres de la Fondation et des assemblées, les institutions Nobel entretiennent une
culture du secret d’ailleurs inscrite dans les statuts. C’est également pour cette raison que les archives
ne sont accessibles que 50 ans après l’attribution du prix.
Comment gagner le prix Nobel ?
Il existe des cas célèbres de scientifiques proposés à de multiples reprises qui n’ont jamais obtenu un prix. Citons par
exemple le mathématicien et physicien Henri Poincaré nominé à 51 reprises ou le chimiste Gilbert Newton Lewis qui,
bien que dans la liste des candidats, a échoué 47 fois de suite. Car il ne suffit pas d’être un grand savant pour entrer
dans le cercle très fermé des nobelisés, encore faut-il passer les différentes étapes de la sélection avec succès :
•
•
•
•
réaliser une avancée, une découverte ou une invention qui bénéficie à l’ensemble de l’humanité ;
être désigné par ses pairs ;
résister à l’enquête réalisée par les comités ;
être élu au cours du dernier vote de l’assemblée.
Le Nobel en chiffres
Montant du prix :
150 782 couronnes en 1901
10 000 000 couronnes en 2003
Nombre de lauréats depuis 1901 : Physique : 171
Chimie : 143
Physiologie ou médecine : 180
Littérature : 100
Paix : 111
Economie : 49
Total : 754
Nombre de femmes ayant reçu le prix :
Physique : 2
Chimie : 3
Physiologie ou médecine : 6
Littérature : 9
Paix : 11
Total : 31
Ceux qui l’ont reçu deux fois :
Marie Curie : Physique en 1903, Chimie en 1911
John Bardeen : Physique en 1956 et 1972
Frederick Sanger : Chimie en 1958 et 1980
Comité international de la Croix-Rouge : Paix en 1917, 1944 et 1963
Le Haut Comité aux Réfugiés des Nations Unies : Paix en 1954 et 1981
Linus Pauling : Chimie en 1954 et Paix en 1962
Le plus jeune lauréat :
William L. Bragg qui reçut le prix Nobel de Physique à l’âge de 25 ans
Les familles Nobel :
Père et fils :
William H. Bragg et William L. Bragg
Niels Bohr et Aage N. Bohr
Hans von Euler-Chelpin et Ulf von Euler
Manne Siegbahn et Kai M. Siegbahn
Joseph J. Thomson et George Paget Thomson
Père et fille :
Pierre Curie et Irène Joliot-Curie
Mère et fille :
Marie Curie et Irène Joliot-Curie
Mari et femme :
Marie Curie et Pierre Curie
Irène Joliot-Curie et Frédéric Joliot
Gerty Cori et Carl Cori
La science en marche
Au travers des noms qui figurent au palmarès du prix Nobel on peut suivre la progression
des grands mouvements de pensée qui ont fondé la science du XXe siècle, notamment
la physique quantique et la biologie moléculaire.
D
ans son testament, Alfred Nobel stipule que les prix récompenseront des « personnes qui,
durant l’année précédente, auront apporté le plus grand bénéfice à l’humanité ». Si les
comités ont rapidement compris l’impossibilité de primer une découverte réalisée au cours
de l’année précédente, ne serait-ce que parce que les grandes avancées scientifiques mettent souvent plus d’un an à s’imposer, la deuxième partie de la phrase pose également un
problème qui prête à controverse. Dans l’esprit de l’ingénieur Alfred Nobel, on peut imaginer que la notion
de bénéfice pour l’humanité fait plus référence à une technologie prête à être utilisée par le plus grand
nombre qu’à une découverte fondamentale dont les retombées se font jour beaucoup plus tard. Mais qu’est-ce
qui, de l’invention technique ou de l’abstraction théorique, est le plus utile à l’humanité ? L’examen des prix
montre que les deux aspects du progrès scientifique n’ont pas été négligés et que les théoriciens sont loin
d’avoir été oubliés.
Dès 1901, le prix Nobel de physique remis à Wilhelm C. Röntgen pour sa découverte des rayons X consacre
à la fois le formidable outil capable d’explorer le corps humain in vivo et le point de départ d’un bouillonnant
travail expérimental et théorique sur la matière. La découverte de la radioactivité par Henri Becquerel et les
travaux de Pierre et Marie Curie viennent renforcer l’idée que l’atome n’est pas la plus petite particule existante.
D’où la première représentation de l’atome fournie par Ernest Rutherford (prix Nobel de chimie 1908) avec
son noyau et ses orbites électroniques. Niels Bohr (Prix Nobel physique 1922) modifiera le modèle en
lui appliquant la notion de quantum introduite par Max Planck (prix Nobel physique 1918). Bien que
l’importance de cette nouvelle physique théorique soit perçue dès la fin de la première guerre mondiale par
nombre d’experts, de vifs débats animeront le comité qui ne récompensera Albert Einstein qu’en 1921, pour
son explication de l’effet photoélectrique publiée en 1905 et non pour sa théorie de la relativité (1915).
A partir de ce moment, la nouvelle école va peser de tout son poids. Entre 1920 et 1949, 14 des 18 chercheurs
proposés par Niels Bohr ont été récompensés.
Pour les sciences du vivant, Alfred Nobel précise dans ses dernières volontés que le prix peut être attribué
pour une découverte en physiologie ou en médecine. En d’autres termes, il honore aussi bien l’inventeur
d’une nouvelle méthode diagnostique ou thérapeutique, que l’auteur d’une découverte fondamentale en
biologie. Dès le début du siècle, les lauréats appartiennent aux deux catégories, la physiologie faisant son
apparition en 1904 avec les travaux d’Ivan Pavlov sur la digestion. Pour autant, les grandes avancées ayant
une application immédiate, comme la découverte de l’insuline par Frederick Banting et John J.R. Macleod
(prix Nobel 1923) ou l’électrocardiogramme de Willem Einthoven (prix Nobel 1924), ne sont pas négligées.
Au cours des années 30, l’hérédité fait son apparition d’abord avec les recherches de Karl Landsteiner (prix
Nobel 1930) sur les groupes sanguins, et surtout celles de Thomas H. Morgan (prix Nobel 1933) sur les
chromosomes de la drosophile. C’est sur ce terreau que la génétique et la biologie moléculaire vont prospérer à partir des années 50. George W. Beadle et Edward L. Tatum reçoivent le prix Nobel de physiologie en
1958 pour leur hypothèse associant un gène à une enzyme, tandis que l’année suivante Severo Ochoa et
Arthur Kornberg sont récompensés pour leurs travaux sur la synthèse des acides nucléiques. Francis H. C.
Crick, James D. Watson et Maurice H. F. Wilkins font le déplacement à Stockholm en 1962 pour l’élucidation
de la structure de l’ADN, tandis que François Jacob, Jacques Monod et André Lwoff les suivront en 1965
pour leur modèle de régulation de l’expression des gènes connu sous le nom d’opéron lactose.
Comme si elles étaient gravées dans le marbre, la révolution quantique et la biologie moléculaire sont
inscrites dans la mémoire des prix Nobel. Avec leur système d’enquête sur l’ensemble des travaux scientifiques d’intérêt, les archives des comités Nobel constituent en effet une source précieuse et inépuisable
pour l’historien des sciences.
L’aventure de la radioactivité
Par leurs travaux sur la radioactivité, Henri Becquerel d’abord, puis Pierre et Marie Curie
ensuite, ont participé à l’élaboration de la physique moderne et suscité des applications
dans la plupart des disciplines scientifiques.
C’
est à Henri Becquerel, fils d’Edmond, lui-même chercheur, membre de l’Académie
des Sciences et titulaire de la chaire de physique au Muséum national d’Histoire naturelle,
que l’on doit cette découverte inattendue sur laquelle toute une génération de physiciens
s’appuiera pour révolutionner la discipline. En 1896, alors qu’il mène des expériences
sur la fluorescence des sels d’uranium, il constate que des cristaux laissés dans un tiroir
impressionnent une plaque photographique rangée au même endroit. On a souvent dit que cette découverte
était le fruit du hasard, comme pour minimiser son mérite. Encore fallait-il être capable de voir et d’interpréter le phénomène. Car tout le génie de Becquerel a été de comprendre immédiatement qu’il était
en présence d’une manifestation inconnue et importante : les sels d’uranium émettaient naturellement
des rayons, sans excitation préalable par la lumière. Il présente son observation le lundi 2 décembre 1896
à l’Académie des Sciences, peu de temps avant Sylvanus Thompson qui avait fait les mêmes observations
au Royaume-Uni. Par la suite, Becquerel poursuit ses expérimentations en montrant en particulier que
la fluorescence n’est pas nécessaire à l’émission de la radiation.
Baptisée radioactivité naturelle par Pierre et Marie Curie, la découverte de Becquerel sera le point de
départ d’une collaboration entre les trois scientifiques. Malheureusement, Pierre Curie meurt prématurément
en 1906 suivi par Henri Becquerel en 1908 et Marie Curie poursuit seule les recherches.
Jamais une femme aura tant marqué la physique contemporaine, science « dure » par essence et par là
même réservée aux hommes. D’ailleurs, la reconnaissance de son mérite n’a pas été immédiate. Il suffit
pour s’en convaincre de consulter le Larousse illustré édité en 1929 pour constater que Pierre occupe
l’essentiel de l’article consacré aux Curie.
Marya Salomea Sklodowska voit le jour le 7 novembre 1867 à Varsovie. Ses parents enseignants, ainsi que
toute la famille, sont confrontés aux brimades et vexations de l’occupant russe. Marya se réfugie dans les
études et le travail, à une époque où les femmes ne sont pas toujours admises à l’Université polonaise.
Après avoir exercé la fonction d’institutrice pendant 5 ans, elle parvient à économiser assez d’argent pour
rejoindre sa sœur Bronya à Paris. Là, elle commence un cursus universitaire à la Sorbonne et prend le nom
de Marie. C’est en 1893 qu’elle rencontre Pierre Curie, physicien déjà réputé à l’âge de 35 ans. Le jeune
couple se passionne déjà pour la découverte des rayons uraniques.
En 1897, après la naissance d’Irène, Marie Curie se consacre, avec Pierre, à l’étude de la radioactivité, sujet
auquel sa thèse est dédiée. L’une des questions est alors de savoir si le radium est seul à produire cet effet
ou si d’autres corps possèdent également cette propriété. En 1898, le couple découvre les radiations de la
pechblende, un minerai d’uranium. Par l’analyse de ce composé, ils mettent en évidence deux principes actifs,
le polonium, ainsi baptisé en l’honneur des origines de Marie, et le radium. Tout au long des complexes
réactions chimiques mises en œuvre pour séparer ces deux éléments, la quantité de radioactivité n’a pas
changé. Marie en conclut que les radiations sont émises par les atomes eux-mêmes et confirme de la sorte
qu’ils ne sont pas indivisibles comme on le croyait jusqu’alors.
A la mort de Pierre en 1906, Marie Curie est invitée à lui succéder et à occuper la chaire de physique, fait
sans précédent dans l’histoire de la physique. Elle poursuit ses travaux sur les éléments radioactifs et
parvient à isoler la chlorure de radium ainsi que le radium lui-même. Marie Curie est alors convaincue que
les rayons X et le rayonnement des corps radioactifs peuvent soigner le cancer. Mais pour le démontrer,
il faut des chercheurs, un hôpital et de l’argent. Avec le Dr Claudius Regaud, elle parvient à obtenir l’appui
de l’Université de Paris, de l’Institut Pasteur et de nombreux mécènes pour créer une fondation, qui deviendra
l’Institut Curie. Rapidement, les traitements aux rayons X et au radium – la radiothérapie – connaissent
leurs premiers développements.
En 1914, lorsque la guerre éclate, elle décide de mettre les progrès de la science au service des blessés.
Elle équipe des camions avec des appareils de radiographie, les « petites Curie » et part sur les champs
de bataille avec sa fille Irène, alors âgée de 17 ans.
C’est également ses travaux qui montreront que les émanations du radium peuvent être à l’origine de cancers.
Elle en fait malheureusement le constat trop tard puisqu’elle décède le 4 juillet 1934 des suites d’une leucémie.
Lorsque Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie reçoivent le prix Nobel de physique en 1903,
Pierre Curie déclare « Je suis de ceux qui pensent avec Nobel que l’humanité tirera plus de bien que de mal
des découvertes nouvelles ».
Marie Curie recevra le prix Nobel de chimie en 1911 pour sa découverte du radium et du polonium.
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Physique • Chimie
L’homme qui photographiait les atomes
En découvrant un procédé pour explorer la matière avec des rayons X, Max von Laue ouvre
un champ d’investigation qui profitera autant à la physique qu’à la biologie.
N
é en 1879 à Pfaffondorf près de Koblenz, Max von Laue suit pendant ses jeunes années l’existence itinérante d’un père militaire. Lorsqu’on lui demandait les raisons qui l’avaient poussé
à embrasser une carrière de physicien, le savant citait Boltzmann, l’un de ses illustres
prédécesseurs qui, attaqué pour ses théories atomistes, s’était suicidé en 1906 : « Sans
Schiller, il aurait pu y avoir un homme avec mon nez et ma barbe, mais cet homme n’aurait
pas été moi ». Sans les « humanités », terme sous lequel on désignait à cette époque l’étude de la pensée
grecque et latine, le jeune étudiant attentif ne se serait pas orienté vers la « science pure », selon sa propre expression. C’est à l’université de Strasbourg, sous l’influence de professeurs qui le marqueront profondément, que von Laue commence à s’intéresser aux mathématiques, pour lesquels il fait preuve d’un
goût très modéré, à la physique et la chimie. En 1905, il entre au célèbre Max Planck Institute et devient
professeur de physique en 1912 à l’université de Zurich. C’est à cette époque qu’il formule l’hypothèse
selon laquelle des radiations électromagnétiques de courtes longueurs d’ondes, en l’occurrence des rayons
X, projeter sur un cristal doivent créer des interférences spécifiques. Grâce à cette idée lumineuse qui sera
confirmée par l’expérimentation, il démontre de façon irréfutable que les cristaux ont une structure périodique, en même temps qu’il livre aux scientifiques du monde entier une méthode pour explorer la matière
inerte et vivante. Son procédé a en effet trouvé des applications en physique de la matière condensée, en
chimie minérale et organique, en géologie en métallurgie, en pharmacologie, en biochimie, en biologie
moléculaire, etc. et la liste n’est pas exhaustive.
Au cours de la première guerre mondiale, il participe à l’effort national en menant des travaux sur le vide
qui devaient servir à la conception de matériel de communication. En 1917, il devient sous directeur d’un
institut de physique établi à Berlin-Dahlem et dirigé par Albert Einstein. Il exercera au cours de ces années
une influence considérable sur ses confrères qui participeront à l’extraordinaire essor de la physique des
particules en Allemagne. Au cours des années sombres du nazisme, il continuera à défendre la théorie quantique
et la relativité pourtant interdites par le parti. Il sera également le seul à protester, au péril de sa vie,
au moment de la démission d’Einstein de l’Académie des sciences, alors que les membres de l’institution
accueillent cette annonce comme une bonne nouvelle. Le considérable travail de cet infatigable scientifique
a largement contribué à l’avènement de la physique moderne dont il reste l’un des grands noms.
Il reçoit le prix Nobel de physique en 1914 pour sa découverte de la diffraction des rayons X par les
cristaux. Amateur de motos et de conduite automobile, Max von Laue trouve la mort à l’âge de 81 ans dans
un accident de la route.
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Physique
La fée ECG
Grâce à ses travaux sur l’enregistrement de l’activité électrique du cœur, Willem Einthoven
a profondément amélioré nos connaissances sur les maladies cardiaques et propulsé
la cardiologie au rang de science moderne.
Q
uoi de plus naturel aujourd’hui que la réalisation d’un électrocardiogramme ? Un examen simple
et parfaitement indolore qui demeure, pratiquement un siècle après sa mise au point et malgré
le développement des techniques modernes d’investigation (échographie, scintigraphie, etc.),
la première méthode d’exploration du cœur. Et qui peut, aujourd’hui, imaginer les trésors
d’ingéniosité qui se cachent dans cette petite boîte devenue si familière ?
Lorsqu’il se penche sur l’enregistrement de l’activité électrique du cœur en 1893, Willem Einthoven (1860-1927)
a déjà fait la preuve de ses talents de chercheurs avec des publications remarquées sur la vision et la
respiration. Ce fils de médecin vit le jour en 1860 à Samarang, sur l’île de Java. Il commence par utiliser
l’électromètre de Lippman, comme l’avait fait avant lui le physiologiste britannique August D. Waller
qui avait réussi, en 1887, à enregistrer le premier électrocardiogramme de l’histoire. Bien qu’homme de
laboratoire, Einthoven est d’abord médecin. En ce sens, il connaît l’importance de la clinique et cherche à
mettre au point un examen fiable et reproductible capable d’orienter le diagnostic. L’autre qualité qui lui
permettra d’aboutir est sa capacité à se consacrer entièrement à un travail et à ne jamais abandonner tant
que le problème n’est pas résolu. Malgré les perfectionnements qu’il apporte au dispositif de Lippman,
les tracés ne parviennent pas à satisfaire les critères de qualité et de reproductibilité requis. Einthoven se
tourne alors vers un autre appareil, le galvanomètre à corde, mis au point par Clément Ader et utilisé pour
les lignes télégraphiques sous-marines. Grâce à ses connaissances en physique et en électricité, il améliore
le procédé en multipliant sa sensibilité par 10.
En dépit de ce pas décisif, le savant n’est pas au bout de ses peines. Porté par sa persévérance légendaire,
il perfectionne sa machine de mille systèmes plus ingénieux les uns que les autres jusqu’à obtenir des
enregistrements d’une qualité presque inégalée à ce jour. Il lui reste encore à démontrer que le tracé est
un reflet fidèle de l’activité cardiaque et que ses altérations traduisent de façon spécifique la souffrance
du cœur au cours de certaines maladies. Pour cela il multiplie les enregistrements chez des sujets sains et
malades afin de faire progresser la connaissance de cet organe vital. En même temps, il établit un premier
atlas des relations entre les perturbations du tracé et les maladies cardiaques.
Willem Einthoven reçoit le prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1924 pour ses travaux
sur l’électrocardiogramme, terme qu’il a lui-même introduit en 1893. Modeste en plus d’être génial, le physiologiste
allemand mettra alors l’accent sur les recherches de ses prédécesseurs sans lesquels son invention aurait été
impossible.
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Physiologie ou Médecine
Sa majesté des mouches
A une époque où la structure de l’ADN est inconnue, Thomas Hunt Morgan démontre, par
ses expériences sur la mouche du vinaigre, que les gènes sont portés par les chromosomes.
N
ommé professeur de biologie expérimentale à l’université de Columbia (New York) en 1904,
Thomas H. Morgan, qui s’était d’abord orienté vers l’embryologie, décide d’entreprendre
des études sur la transmission des caractères de génération en génération. Son premier
trait de génie va tenir dans le choix du modèle expérimental. Pour observer les effets de
différentes manipulations sur la descendance, il lui faut un animal dont le cycle de reproduction est court. Par son faible encombrement, sa facilité d’élevage et son matériel génétique formé de
seulement quatre chromosomes, la mouche du vinaigre ou drosophile finira par emporter son choix. Il établit
alors son atelier dans une petite pièce où, selon la description de François Jacob, « s’entassaient tables,
bureaux, microscopes et bouteilles où l’on élevait les mouches ». Les bocaux qui pullulent d’insectes vont
rapidement s’accumuler et Morgan embauche trois jeunes scientifiques pour l’aider dans son travail : Alfred
Sturtevant, Hermann J. Müller et Calvin Bridges. Ici encore, son choix se révélera des plus judicieux car,
dans cette pépinière de futur prix Nobel, chacun va apporter sa pièce à l’édifice pour bâtir une extraordinaire
œuvre collective.
C’est là, dans ce laboratoire passé à la postérité sous le nom de « chambre des mouches », qu’à force de
patience, d’ingéniosité et de rigueur scientifique, se construit pas à pas une première ébauche de la génétique
moderne. Avant Thomas Hunt Morgan, la discipline a du mal à trouver son autonomie par rapport à
l’embryologie. Et personne ne peut encore dire où se situent les fameux « facteurs héréditaires » décrits par
Mendel et auxquels le Danois Johansenn donne le nom de gènes au début du siècle. Non seulement la
petite équipe va démontrer qu’ils sont localisés sur les chromosomes de la drosophile, mais encore ils vont
réussir à préciser l’emplacement de plus de 2 500 d’entre eux le long du matériel génétique de l’animal.
Ces « locus », établis grâce à la réalisation de mutations et l’observation de leurs effets dans la descendance,
seront tous confirmés au moment du séquençage du génome de la drosophile. Après Thomas Morgan,
la génétique est devenue une discipline à part entière, une spécialité si prometteuse qu’elle attirera les plus
brillants biologistes de leurs générations. Les écrits de Morgan sont un exemple de rigueur scientifique
et leur évolution témoigne d’une rare honnêteté intellectuelle.
Il reçoit le prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1933, une distinction qu’obtiendra également Hermann J. Müller pour avoir mis en évidence les effets mutagènes des rayons X.
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Physiologie ou Médecine
La chimie par les plantes
Récompensé pour ses travaux sur la structure des alcaloïdes, les travaux de Robert
Robinson ont eu de nombreuses applications en pharmacologie.
N
é en 1886, Robert Robinson est le fils d’un fabricant de matériel chirurgical qui invente luimême ses machines de production. En 1902, il commence des études de chimie à l’université
de Manchester où il obtient son doctorat en 1909. Trois ans plus tard, il est nommé professeur à l’université de Sidney où il demeure jusqu’en 1915. Revenu en Angleterre, il occupe
successivement la chaire de chimie organique de plusieurs universités jusqu’en 1930 où il
s’installe à Oxford. Il ne quittera les lieux que pour prendre sa retraite, en 1955.
Son début de carrière itinérant ne l’empêche pas de s’intéresser à la structure des pigments végétaux, les
anthocyanines, un sujet qui lui tiendra à cœur toute sa vie. La créativité de Robert Robinson s’est exercée
dans de multiples domaines de la chimie organique, mais le travail qui l’a rendu célèbre est celui qu’il a mené
sur les alcaloïdes. Ces composés azotés d’origine végétale tirent leur nom de leur propriété de réagir avec
les acides comme une base ordinaire, en formant des sels. Recherchés pour leurs effets sédatifs,
hallucinogènes ou toxiques, ils sont connus depuis l’antiquité. La ciguë qu’ingurgite Socrate est un
alcaloïde, poison aussi violent que la strychnine qui appartient à la même famille. Au cours du XIXe siècle,
on a commencé à isoler le principe actif de ces substances, comme ce fut le cas de la morphine extraite
de l’opium. Pour autant, la structure de la plupart de ces composés demeurait obscure, bien que leur
composition soit connue. Robert Robinson parvient d’abord à synthétiser la tropanone en laboratoire
à partir de trois éléments simples, ce qui l’amène à proposer une théorie de la biogenèse des alcaloïdes
à l’état naturel. En 1925, il détermine la structure de la morphine, puis celle de la strychnine qui comporte
sept cycles azotés. Ces travaux ont ouvert la voie à une série de recherche sur des substances qui ont
aujourd’hui intégré la pharmacopée. Citons parmi ces alcaloïdes, la quinine dans le traitement du paludisme,
l’atropine issue de la belladone, les dérivés de l’ergot de seigle utilisés dans la prise en charge de
la migraine ou encore certaines chimiothérapies extraites de la pervenche (vincristine).
Par la suite, Robinson s’intéresse à la synthèse des stéroïdes qui entrent dans la composition de
nombreuses hormones. Pendant la guerre, il dirige un groupe chargé d’étudier la structure de la pénicilline,
mais son esprit d’indépendance l’oriente plus vers un travail solitaire. Il est l’auteur de plus de 500 publications
et de divers ouvrages, parmi lesquels un traité sur le jeu d’échec. Dans sa biographie écrite en 1976,
il considère que son travail majeur concerne ses hypothèses générales sur les mécanismes électroniques
des réactions organiques, hypothèses reprises ensuite par Linus Pauling et d’autres chimistes.
Sir Robert Robinson reçoit le prix Nobel de chimie en 1947 pour ses investigations sur
les plantes, et plus particulièrement pour ses travaux sur les alcaloïdes.
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Chimie
Le mandarin de la paix
Seul homme à avoir reçu deux fois un prix Nobel à titre personnel, Linus Pauling laisse une
œuvre scientifique considérable dont la variété est à l’image de sa vie à facettes.
N
é en 1901 dans l’Orégon, Linus Pauling fait rapidement preuve d’aptitudes intellectuelles peu ordinaires. Son père, Herman Henry William Pauling, était un petit droguiste originaire du
Missouri. Peu de temps avant sa mort, il passe une annonce à la recherche de livres pour satisfaire l’appétit de lecture de son fils Linus à peine âgé de 9 ans. Dès l’âge de 11 ans, le jeune
garçon se lance dans des expériences de chimie et décide de devenir ingénieur. Il oblique par
la suite vers une carrière universitaire qui le conduit, en 1925, en Allemagne pour un séjour post-doctoral
de deux ans. C’est là, notamment au contact d’Arnold Sommerfeld, qu’il découvre la nouvelle mécanique
quantique. De retour aux Etats-Unis, il transpose les acquis de cette mécanique dans le domaine de la
chimie et propose une théorie des liaisons chimiques qui permet de comprendre les raisons de la stabilité
ou de l’instabilité d’un édifice moléculaire. Cette théorie, qu’il applique tant en chimie organique qu’inorganique, demeure l’un des fondements de la chimie moderne.
En 1925, Linus Pauling obtient une chaire de professeur au California Institute of Technology où il restera
35 ans. Avec ses connaissances en mathématiques, en physique et sa maîtrise de la cristallographie acquise
pendant ses années de doctorat, il élucide, au cours des années quarante et cinquante, la structure
de plusieurs protéines, décrit leurs motifs en hélice et en feuillets. Il met également en évidence certains
mécanismes de l’immunité et étudie l’évolution des espèces à l’échelle moléculaire en comparant la structure
de certaines protéines, et notamment celle de l’hémoglobine, dans différentes espèces. Il détermine aussi
l’architecture hélicoïdale de l’ADN sur laquelle Watson et Crick se baseront pour proposer leur modèle.
Mais déjà à cette époque, cet exceptionnel chimiste doit faire face aux tourments de l’administration américaine.
Horrifié par les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, Pauling est devenu, après la guerre, un infatigable
militant de la paix. Son engagement entier au service de sa conscience morale lui vaudra les foudres du
sénateur Mac Carthy, qui l’accuse d’être un sympathisant communiste. On lui retirera son passeport et il
se verra même menacé de prison, mais à aucun moment il ne fera marche arrière ou ne reniera sa cause.
A la fin de sa vie, Pauling mènera une croisade d’une toute autre nature, en faveur de la vitamine C cette
fois, dont il vante les mérites dans des pathologies variées allant du rhume à la prévention du cancer.
Ce dernier combat recevra un accueil très hostile des médecins.
Avec pas moins de 350 publications à son actif, Linus Pauling a bâti une œuvre d’une rare richesse qui a
révolutionné la chimie moderne et pour laquelle il reçoit un prix Nobel de chimie en 1954.
Son activisme en faveur du désarmement est récompensé par le prix Nobel de la paix en 1962.
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Chimie • Paix
La recherche dans le sang
C’est à force de ténacité et de travail que Max F. Perutz parvient à élucider la structure
spatiale de l’hémoglobine, première protéine complexe à livrer ses secrets.
À
la fois symbole de vie et de mort, pur et impur, bienfaisant et maléfique, le sang a toujours
fasciné les hommes. Non sans raison d’ailleurs puisque c’est grâce à l’oxygène et aux nutriments
qu’il transporte que nos organes fonctionnent. Mais pour Max Ferdinand Perutz, il est impossible
de bien comprendre la fonction d’une molécule organique sans en connaître la structure.
C’est cette certitude qui le conduit, en 1937, à entreprendre l’étude de l’hémoglobine en
s’aidant de la diffraction par les rayons X. Sans doute n’avait-il pas prévu les années de travail qui lui serait
nécessaire sans quoi il aurait peut-être abandonné avant même de commencer. Il ne lui fallut en effet pas
moins de sept ans de « vaches maigres », selon sa propre expression, pour mettre à jour la complexe structure.
A certains moments de désespoir, Perutz envisage de tout laisser tomber et de passer à autre chose.
Comme ce jour où, croyant avoir trouvé la solution à son problème, son modèle ne résiste pas longtemps
aux critiques d’un jeune étudiant du nom de Francis H. C. Crick, futur co-découvreur de la double hélice d’ADN.
Formée de quatre chaînes identiques 2 à 2, chacune faite d’une partie protéique, la globine, et d’un atome
de fer ferreux (Fe++), l’hémoglobine constitue une structure appelée tétramère. A l’époque où Perutz
débute ses travaux, on connaît bien la fonction de certaines protéines mais on ne sait pratiquement rien de
leur structure. En revanche, le sang, qu’il soit humain ou animal, est disponible en grandes quantités et la
molécule a déjà été cristallisée. Car, pour mettre en œuvre l’étude d’une protéine par diffraction des rayons
X, il faut pouvoir la cristalliser. Ensuite, on projette un faisceau de rayons X sur le cristal et on recueille sur
une plaque photographique l’image du rayonnement qui a traversé la solution. La cristallographie présente
l’avantage de donner des informations sur la structure spatiale de la molécule par le recueil des indications
sur les distances intermoléculaires et leurs angles de liaisons. On établit ainsi des cartes de densité
électronique à trois dimensions par analyse des diagrammes de diffraction. Il fallut multiplier les incidences
des rayons X, répéter les analyses des clichés, noter soigneusement l’ensemble des données, examiner
les résultats, les ré-examiner pour parvenir enfin à percer les secrets de la molécule. Sept ans d’un travail
de laboratoire « routinier et ennuyeux » selon les termes de celui qui, après l’annexion de l’Autriche par
l’Allemagne nazie, préférera demeurer en Angleterre et poursuivre sa carrière au laboratoire Cavendish.
Mais au bout du compte, ses travaux permettront de mieux comprendre les propriétés de l’hémoglobine
et les mécanismes de certaines maladies sanguines.
Il reçoit le prix Nobel de chimie en 1962, conjointement à John C. Kendrew pour ses études
sur la myoglobine.
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Chimie
Surmonter ses handicaps
En isolant le premier facteur de croissance, Rita Levi-Montalcini ouvre une importante voie
de recherche sur la régulation de la croissance et de la différenciation cellulaire.
D
epuis 1903, à peine 4% des prix Nobel ont été attribués à des femmes. Et la sous-représentation
du sexe féminin dans les milieux scientifiques demeure une réalité en 2003 dont conviennent
tous les grands organismes de recherche. Dès lors, on imagine sans peine les difficultés
rencontrées par une petite fille éprise de science née au début du siècle précédent.
Rita Levi-Montalcini et sa sœur jumelle Paola voient le jour en 1909 à Turin. Leur père
Adamo, électricien de profession et mathématicien à ses heures, est un homme cultivé et ouvert à son
temps. Pourtant, il interdit à ses filles d’entreprendre des études de nature à entraver leur vocation de
femmes et de mères. Attirée par la peinture, Paola peut exprimer sans entraves ses talents qui ne vont pas
à l’encontre des consignes de son père. Rita en revanche devra attendre son vingtième anniversaire pour
imposer son entrée à la faculté de médecine. « J’ai fait médecine à l’image du Dr Schweitzer, écrit-elle dans
ses mémoires, avec l’idée de me dédier aux malades, en particulier aux lépreux d’Afrique ». Là, elle rencontre
Salvadore Luria et Renato Delbucco, deux futurs Nobel qui seront primés pour leurs travaux en biologie
moléculaire. Devenue médecin en 1936, elle exerce pendant deux ans dans un service de neuropsychiatrie
où elle hésite encore entre la clinique et le laboratoire. Mais en plus d’être une femme, Rita Levi-Montalcini
a un autre handicap, celui d’être juive. A partir de 1940, sa famille est obligée de se cacher pour échapper
aux persécutions. Avec des moyens de fortune, elle construit un laboratoire dans une petite chambre où elle
poursuit des études sur l’embryon de poulet. En 1941, fuyant les bombardements alliés, elle trouve encore
les ressources nécessaires pour installer un deuxième laboratoire clandestin. Lorsque les troupes angloaméricaines libèrent la région, elle se porte volontaire pour soigner les blessés qui affluent en masse
du nord où les combats font rage.
C’est en 1947 que Rita Levi-Montalcini se rend aux Etats-Unis sur invitation du Pr Viktor Hamburger avec
lequel elle pousse plus avant ses recherches en embryologie. En 1952, elle découvre le Nerve Growth Factor
(NGF) dont elle démontre le rôle crucial dans le développement et la différenciation de certaines cellules
nerveuses. Cette glycoprotéine, autrement dit cette molécule formée de protéines et de sucres, est la première
de la grande famille des facteurs de croissance. On connaît aujourd’hui des facteurs de croissances qui
augmentent la production de cellules sanguine par la moelle épinière, stimulent la réaction immunitaire ou
suscitent la prolifération de cellules épithéliales (EGF). Les malades ayant un déficit immunitaire secondaire
à une chimiothérapie bénéficient aujourd’hui, grâce aux travaux de Lévi-Montalcini, de traitements à base
de facteur de croissance qui garantissent une restauration rapide de leurs défenses naturelles. De nombreuses
recherches sont actuellement en cours sur ces glycoprotéines, notamment en cancérologie.
Rita Lévi-Montalcini reçoit le prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1986 pour sa
découverte du NGF, conjointement à Stanley Cohen qui a mis en évidence l’EGF. Elle est aujourd’hui
ambassadrice de la FAO (Food and Agriculture Organisation) pour laquelle elle mène un combat sans relâche
contre la faim dans le monde.
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Physiologie ou Médecine
Une réaction biologique en chaîne
L’invention de la Polymerase Chain Reaction (PCR) a non seulement bouleversé
la recherche en biologie moléculaire, mais a aussi profondément transformé le traitement
de nombreux malades.
N
ombre de penseurs et philosophes se sont penchés sur les processus de la création scientifique.
Comment l’intuition géniale, celle qui conduit aux grandes découvertes et aux inventions qui
marquent leur temps, germe-t-elle dans la tête des savants ? La plupart des réponses à
cette question font référence à un long processus hypothético-déductif où le hasard et la
spontanéité ne tiennent qu’une place subalterne. Pour ce qui le concerne, Kary B. Mullis a
une vision beaucoup moins formelle des choses. Décrivant par le menu la genèse de son idée qui conduisit
à la conception de la PCR, le chimiste met l’accent sur des détails plus triviaux. Nommé professeur
de chimie à l’université de Berkeley (Californie) en 1972, il mène d’abord des recherches en cardiologie
pédiatrique dans le Kansas. En 1979, il est embauché par l’entreprise Cetus Corporation où il débute des
travaux sur les constituants élémentaires de la molécule d’ADN, les nucléotides. Un soir d’avril 1983, alors
qu’il rentre à son domicile en compagnie d’un ami, Mullis réfléchit à une solution pour identifier un nucléotide
spécifique le long d’un brin d’ADN. Son esprit vagabonde au clair de lune, passant de la route qui serpente
dans les montagnes californiennes, au passager dont les paupières se font de plus en plus lourdes et à son
problème d’identification moléculaire. Soudain, une sorte de fulgurance le traverse. Mullis arrête brutalement
son véhicule, secoue son ami qui était en train de s’assoupir et lui explique, dans une langue bousculée
par l’enthousiasme, les principes de la PCR.
Sa technique est à la fois simple et géniale. Elle permet de reproduire un seul brin d’ADN à des millions
d’exemplaires en seulement quelques heures. La méthode nécessite plusieurs ingrédients : le brin d’ADN
étudié, un bain contenant des nucléotides et de courtes séquences connues d’ADN qui permettent
d’amorcer la réaction ; enfin, une enzyme polymérase qui, à l’état naturel, reproduit la molécule à l’identique.
Mullis perfectionne sa technique et dépose plusieurs brevets avant de la présenter à la communauté
scientifique qui en saisit immédiatement la portée. Ses applications sont aujourd’hui si variées qu’il serait
impossible d’en faire une liste exhaustive. La recherche en génomique ne pourrait plus s’en passer tant elle
y a quotidiennement recours. Les paléotonlogues se sont également saisis de la PCR pour analyser de rares
séquences d’ADN encore intacts dans des fragments osseux préhistoriques. Sans l’invention de Mullis, ils
n’auraient pas pu analyser le capital génétique de l’homme de Néanderthal pour l’exclure de la lignée
d’Homo sapiens sapiens. Dernier exemple et non des moindres, la PCR permet de doser la quantité de particules virales qui circulent dans le sang des malades infectés par le virus du Sida ou celui de l’hépatite C.
En 1993, Kary B. Mullis reçoit le prix Nobel de chimie pour son invention de la PCR, conjointement
à Michael Smith récompensé pour ses travaux sur la mutagenèse dirigée.
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Chimie
L’histoire d’un savant fou
Rendu célèbre par le film de John Howard qui retrace sa vie, John Forbes Nash Junior a
reçu le prix Nobel d’économie en 1994 pour ses travaux sur la théorie des jeux.
J
usqu’en 2002, John F. Nash Jr était un lauréat parmi d’autres et, mis à part quelques amateurs
éclairés, son nom n’éveillait pas particulièrement l’attention du public. Depuis, le nombre
d’internautes se connectant sur le site Nobel e-museum1 pour trouver des informations sur le
prix d’économie 1994 va croître à une vitesse vertigineuse. Aujourd’hui, environ 75 000 visiteurs
se connectent chaque mois pour mieux connaître la vie et l’œuvre de celui dont le cinéma, plus
que le prix Nobel, a fait une star internationale. Il faut dire que la sortie du long-métrage n’est pas passée
inaperçue puisqu’il a d’emblée raflé une moisson d’Oscars : prix du meilleur scénario pour Akiva Goldsman,
de la mise en scène à Ron Howard et de la meilleure comédienne à Jennifer Connelly. « A beautiful mind »
(le film est sorti en français sous le titre « Un homme d’exception ») retrace, d’après la biographie d’une
journaliste américaine, la vie de ce mathématicien né en 1928 dans l’état de Virginie.
Dès l’âge de 21 ans, avant même d’entrer à l’université de Princeton, John F. Nash Jr s’intéresse à la
théorie des jeux et rédige un premier article qui sera publié plus tard dans la revue Econometrical. Depuis
toujours, les jeux ont intéressé les mathématiciens. Pascal avait imaginé la combinatoire et les probabilités
pour résoudre le problème soumis par le chevalier de Méré et dans lequel il fallait déterminer les gains de
chaque joueur lorsque la partie était arrêtée d’un commun accord avant la fin. Mais ce que les scientifiques
désignent sous le terme de théorie des jeux n’apparaît qu’au début du XXe siècle avec les travaux du
Français Emile Borel et surtout à partir de 1944 avec ceux du Hongrois John von Neumann. Dans les années
cinquante, Nash étoffe ces acquis d’abord avec une solution axiomatique sur le marchandage, une situation
dans laquelle les protagonistes ont intérêt à s’entendre mais doivent négocier pour s’attribuer des gains
respectifs. Il définit par ailleurs un concept général qui recouvre la situation d’un marché avec de nombreux
acheteurs et vendeurs, aujourd’hui connu sous le nom « d’équilibre de Nash ». Ce concept a permis de
comprendre certaines situations économiques et d’éclairer les réglementations de non concurrence.
A l’âge de 30 ans, alors en pleine possession de son art, Nash sombre progressivement dans la schizophrénie.
On le croise sur le campus de Princeton dans de surprenants accoutrements, marmonnant dans sa barbe
et écrivant des messages sans queue ni tête sur les tableaux noirs. En proie à des hallucinations,
le mathématicien se sent persécuté et croit voir dans des signes anodins d’énigmatiques messages qu’il
s’ingénie à décrypter. Commence alors une sorte de descente aux enfers au cours de laquelle il enchaîne
les hospitalisations et, à une époque où les neuroleptiques voient à peine le jour, d’énergiques traitements
lui sont administrés. « J’ai subi des tortures » témoignera-t-il par la suite en se remémorant les comas
hypoglycémiques qu’on pratiquait alors. Nash devra en bonne partie son salut à la constance de sa femme
Alicia qui demeurera à ses côtés pendant ces années troubles.
Au début des années 90, John F. Nash Jr revient progressivement à la vie, comme s’il sortait d’un long sommeil.
Cette situation inhabituelle, de l’avis de tous les psychiatres, lui permettra de recevoir le prix Nobel
d’économie en 1994.
1
L’adresse du site est la suivante : www.nobel.se
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Economie
L’Institut Curie, la continuité
de la recherche et du soin
Depuis plus de 80 ans au service de la lutte contre le cancer, l’Institut Curie poursuit, selon la volonté
de ses fondateurs Marie Curie et Claudius Regaud, une mission de prise en charge des malades et
de recherche en cancérologie.
Fondation privée à but non lucratif, reconnue d’utilité publique depuis 1921, l’Institut Curie peut poursuivre
le développement de programmes de recherche et de traitements innovants et regrouper les meilleures
compétences médicales et scientifiques, grâce entre autres au soutien de ses donateurs.
La collaboration entre médecins et chercheurs, soit 1 700 personnes, constitue la culture
et le savoir-faire de l’Institut Curie :
L’hôpital, établissement privé participant au service public hospitalier, accueille chaque année 100 000 patients
en consultation dont 7 500 nouveaux malades. L’hôpital est un centre de référence pour les cancers du sein,
les tumeurs pédiatriques et les cancers de la prostate.
Le centre de recherche, le plus important en France dédié à la cancérologie, est composé de 53 équipes
associées au CNRS ou à l’INSERM, dont les travaux visent à comprendre le fonctionnement de la cellule,
qu’elle soit normale ou cancéreuse, avec pour objectif de faire progresser la prévention, le diagnostic et
le traitement des cancers.
Le pôle de transfert et de développement pré-clinique met au point des techniques diagnostiques et des
approches thérapeutiques nouvelles dont la conception s’appuie sur les avancées scientifiques.
L’Institut Curie, dont l’ambition est de mettre le plus rapidement possible les derniers progrès de la recherche à la disposition des malades, s’est fixé quatre objectifs prioritaires :
Améliorer de la qualité de la prise en charge globale des patients ;
Développer de nouveaux médicaments plus efficaces et mieux tolérés ;
Investir dans les programmes de recherche les plus novateurs ;
Favoriser le transfert et le développement pré-clinique pour faire bénéficier plus rapidement les patients
des dernières découvertes scientifiques.
La célébration du Centenaire du Prix Nobel
Le Comité de parrainage du Centenaire est présidé par le Pr Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel
de physique en 1991, qui a rejoint l’Institut Curie en qualité de conseiller du Président Claude Huriet,
et composé de nombreuses personnalités dont cinq prix Nobel.
1903, premier prix Nobel scientifique français et premier Nobel attribué à une femme
En novembre 1903, le prix Nobel de physique est attribué à Pierre et Marie Curie, et à Henri Becquerel,
pour la découverte de la radioactivité naturelle, ce qui constitue un événement marquant, tant pour la vie
des lauréats que pour l'évolution de leur discipline naissante.
L’Institut Curie entend saluer l’avancée scientifique majeure que constitua la découverte de la radioactivité
dans de nombreuses disciplines (chimie, biologie, géophysique, astrophysique…) et qui permit la naissance
de la radiothérapie, thérapeutique phare de la lutte contre les cancers.
2003, à l’Institut Curie, médecins et chercheurs tous héritiers des Curie
Fêter le premier prix Nobel scientifique français et le premier attribué à une femme, c’est réaffirmer, 100 ans
après, ce qui fait toujours la modernité de l’Institut et qui reste le modèle Curie, voire celui de la cancérologie moderne, alliant la prise en charge des patients et la recherche, basée sur la pluridisciplinarité
entre la physique, la chimie, la biologie et la médecine.
Institut Curie 26, rue d’Ulm 752548 Paris cedex 05
Relations Presse : Catherine Goupillon – Céline Giustranti Tél. : 01 44 32 40 63 / 64
Cécile Charré (iconographie) Tél. 01 44 32 40 51 – [email protected] – www.curie.fr
MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
En accueillant cette rencontre exceptionnelle : « Le Prix Nobel au service de la vie », en présence de cinq
prix Nobel et de personnalités internationales, le Grand Amphithéâtre, nouvellement restauré, du Muséum
national d’Histoire naturelle, renoue avec un passé prestigieux.
Avec plus de 200 ans, ce nouvel outil à la disposition de la mission de diffusion des connaissances
de l’Institution, a connu bien des discours scientifiques et notamment, la séance d’ouverture, en 1795,
de l’Ecole normale. Fourcroy et Brongniart, titulaires des deux chaires de chimie du Muséum, y avaient
installé leurs laboratoires. En 1841, Antoine César Becquerel, grand père du prix Nobel, titulaire de la chaire
de Physique appliquée créée au Muséum en 1838, s’y installa à son tour. Chevreul le découvreur de la
bougie stéarique suivit, puis Frémy y développa un laboratoire public d’enseignement gratuit de la chimie
expérimentale.
Juste à côté de l’amphithéâtre, au premier étage d’un petit bâtiment du Jardin des Plantes, Henri Becquerel
professeur au Muséum, spécialiste de la luminescence comme l’avait été son père, découvre en 1896
les « rayons uraniques » qui lui permirent de partager le prix Nobel de physique en 1903 avec Pierre et Marie
Curie pour la découverte de la radioactivité.
Aujourd’hui, à l’aube du XXI ème siècle, avec de nouvelles structures et dans le même esprit d’excellence
qu’autrefois, le Muséum relève le défi de la modernité. Avec ses cinq missions statutaires que sont
la recherche fondamentale et appliquée, la conservation des collections, l’enseignement, l’expertise et
la diffusion des connaissances dans les sciences de la nature et de l’Homme, l’Etablissement s’inscrit
au cœur du dispositif clé des stratégies nationales du développement durable.
contact presse : [email protected]
Tél : (33) 01 40 79 54 40
Fax : (33) 01 40 79 38 00
AstraZeneca est un Groupe pharmaceutique anglo-suédois issu de la fusion en avril 1999
de Zeneca Pharmaceutical et d’Astra AB.
Dans les premiers rangs de l’industrie pharmaceutique mondiale, AstraZeneca dispose d’une large gamme
de médicaments souvent leaders dans leur domaine thérapeutique.
AstraZeneca est ainsi le n° 1 mondial en gastro-entérologie et en anesthésiologie et occupe également
une position de référence en cancérologie, cardiologie, pneumologie et dans le traitement de la migraine.
Avec 58 000 collaborateurs dans une centaine de pays, AstraZeneca consacre chaque jour 11 millions de
dollars à la recherche et au développement (plus de 16% du chiffre d’affaires par an). Cette part prépondérante
consacrée à la recherche s’illustre par son rôle de créateur et d’initiateur de nouveaux concepts thérapeutiques.
La France est la 1ère filiale européenne du Groupe AstraZeneca et la 2ème dans le monde après les Etats-Unis.
La filiale française emploie 2400 personnes et intervient à toutes les étapes de la vie du médicament :
recherche, développement, production, commercialisation.
AstraZeneca en France est implanté sur plusieurs sites :
Le siège social est situé à Rueil-Malmaison (Hauts-de Seine)
Le centre de recherche de Reims est spécialisé en cancérologie 100 brevets originaux et plus de
1000 équivalences internationales en sont issus.
Le site de Dunkerque comprend une unité chimique et une unité pharmaceutique où sont notamment
réalisées pour le Groupe la synthèse de molécules et la fabrication d’un dispositif d’inhalation pour les
asthmatiques.
Le site de production de Monts, en Touraine, est spécialisé dans la fabrication et le conditionnement
de médicaments et la production d’anesthésiques.
Le site de production de Reims, spécialisé dans les formes sèches destinées aux marchés internationaux,
assure la production de comprimés et de gélules pour la gamme cardio-vasculaire.
AstraZeneca France
1, place Renault
92844 Rueil Malmaison Cedex
Direction de la communication : 01 41 29 40 20