Compétitivité de la plasturgie française dans l`Union européenne
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Compétitivité de la plasturgie française dans l`Union européenne
Etudes Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Des enjeux prioritaires pour un développement durable NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Etude stratégique comparative réalisée par NODAL CONSULTANTS pour le compte de la DiGITIP / SIM Rapport final Louis Berreur Bertrand de Maillard Bertrand Vergne Antoine Prestat Frank Wittendal Louis Gimbert 2 5 mars 2003 NOTE DE SYNTHESE NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne En France, comme dans le reste de l’Europe, la plasturgie doit faire face à de très importantes mutations qui sont plus d’ordre économique et réglementaire que d’ordre technologique. Les grandes avancées technologiques sur les procédés de transformation des matières plastiques semblent être maintenant bien assimilées par les entreprises et l’on n’aperçoit pas, à court terme au moins, de tendance à des ruptures technologiques qui pourraient remettre en cause l’équilibre de la filière. Mais d’autres menaces se profilent à l’horizon. Ce sont essentiellement les conséquences de la mondialisation des échanges, de l’accession à ces technologies des pays nouvellement industrialisés et les conséquences des nouvelles politiques en matière d’environnement et de développement durable qui passe par la maîtrise de l'ensemble du cycle de vie du produit, de la conception au recyclage des produits. Le plastique est présent dans tous les secteurs de la société. Les progrès de ces 30 dernières années n’auraient pas été possibles sans ces matériaux qui sont fondamentaux dans des secteurs tels que l’industrie, le transport, l’alimentation, la médecine, les télécommunications ou l’agriculture. Ils sont modulables, durables, ont une bonne relation coût/efficacité, sont sûrs et légers, et toutes ces qualités les ont convertis en l’option choisie par les fabricants de différents secteurs. Parmi les exigences actuelles, on inclut aussi la nécessité de maintenir l’équilibre entre ces avantages et la protection de l’environnement. En effet, la consommation mondiale de matériaux plastiques est passée de 7 millions de tonnes en 1960 à 153 millions de tonnes en 2000, accusant un taux de croissance de l’ordre de 8% par an. Cette forte croissance s’est, en grande partie, effectuée au détriment des matériaux traditionnels tels que l’acier, l’aluminium ou même le bois. Les prévisions de croissance de 7% conduisent à estimer, à l’horizon 2010, une consommation mondiale de matériaux plastiques d’environ 300 millions de tonnes qui sera portée par la croissance de la population, ainsi que par les innovations dans les nouveaux plastiques, les nouvelles applications et par la demande accrue de la nouvelle « civilisation du plastique » dans les pays émergents. Face à ces perspectives encourageantes, l’étude de Nodal Consultants a, cependant, identifié cinq handicaps majeurs de ce secteur industriel qui devront, quelque soient les scénarios de développement envisagés, être corrigés : • La structure du secteur industriel : la filière est dominée par les fournisseurs de matières premières et les donneurs d’ordres qui, sans s’impliquer réellement dans le métier de la transformation, exercent de fortes pressions sur l’équilibre financier des transformateurs, avec pour conséquences des marges insuffisantes ne permettant pas aux industriels d’engager des ressources pour le développement de l’innovation. Cette faible implication d’une partie de la profession conduit à un déséquilibre des structures, un manque de leadership, et une absence de vision stratégique. • L’analyse des facteurs de compétitivité de la plasturgie conduit à identifier deux positionnements stratégiques possibles : celui des avantages concurrentiels par les coûts, c’est le cas des PECO ou de l’Espagne, et celui des avantages concurrentiels par les spécificités et l’innovation, c’est le cas de l’Allemagne ou des Etats-Unis. La France, le Royaume-Uni et l’Italie se caractérisent par un positionnement stratégique médiocre, intermédiaire entre ces deux extrêmes, peu favorable à la recherche de facteurs de différenciation permettant de structurer une démarche marketing et commerciale efficace. • La plasturgie, dans l’ensemble, a un faible pouvoir d’attraction qui limite le recrutement de ressources qualifiées. L’industrie des plastiques véhicule une image peu valorisante, floue et remplie de perceptions qui ne lui sont pas toujours favorables : environnement et conditions de tra- 3 • vail, qualité des produits, faible valorisation des emplois, faibles possibilités d’avancement, rémunération non concurrentielle, et des entreprises de petites tailles insuffisamment capitalisées. La prise en compte de la qualité de l’environnement est devenue une des préoccupations majeures de la société qui se traduit par un foisonnement réglementaire. Les directives européennes environnementales sont généralement transposées de manière stricte en droit français et elles sont appliquées de manière encore plus stricte. Contrairement aux pays du nord de l’Europe où l’application des normes est plus pragmatique, la plasturgie française est totalement soumise à cette réglementation, qui handicape, à court terme, la compétitivité des industriels. Pour mémoire, un centralisme franco-français et des lourdeurs administratives. • NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Ces handicaps et difficultés rencontrés par la profession se traduisent par des tendances à long et moyen terme, parmi lesquelles les plus marquantes sont la perte des avantages compétitifs de la plasturgie française, l’internationalisation des marchés dont la plasturgie française n’a pas réussi à transformer les effets pervers en avantages concurrentiels, le développement insuffisant des technologies et des nouveaux procédés et, d’une manière générale, de l’innovation, les difficultés pour intégrer de nouveaux services, avec comme conséquence globale la dégradation de la rentabilité de la quasi-totalité des entreprises de la filière. □ □ Pour les industriels de la transformation : • choisir une stratégie de croissance pérenne, • améliorer leur valeur ajoutée par leur aptitude à réaliser des opérations de croissance externe, à mener des actions internationales pour élargir la base de leur marché et à développer des stratégies d’intégration vers l’aval, • améliorer l’organisation interne de leurs activités industrielles. Pour les organisations professionnelles : • faire évoluer les structures professionnelles et favoriser l’élévation du niveau technologique des transformateurs, • mettre en place ou développer des dispositif de veille, et jouer un rôle de catalyseur de l’innovation en favorisant et soutenant les rapprochements ou les partenariats de R&D, • promouvoir la profession par des actions de communication externe, • améliorer les relations au sein de la filière, • agir au sein des organisation internationales pour réduire la discrimination réglementaire avec les produits importés. Pour l’administration et les collectivités : • accroître l’attractivité de l’environnement économique du site France et accompagner les entreprises en mettant en place l’environnement favorable à leur développement international, • promouvoir l’intégration industrielle comme facteur de développement, • mettre en place une réflexion pour améliorer la capacité financière des transformateurs, • faciliter et catalyser l’innovation et améliorer la diffusion de l’information scientifique et des opportunités de participation à la R&D publique. □ La nécessité d’accroître la productivité des entreprises du secteur est incontournable, mais elle ne constitue ni la base du développement futur des entreprises, ni même le moyen principal pour contrecarrer les effets conjoints de la pression sur les prix exercée par les producteurs de matières premières et les donneurs d’ordres. Pour préserver l’existence de ce secteur d’activité, des actions doivent être menées conjointement par les transformateurs, les organisations professionnelles et les pouvoirs publics ; ces actions devraient essentiellement porter sur les grands axes suivants : 4 Sommaire Chapitre 1 SOMMAIRE NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Objectifs & contexte de l’étude de Nodal Consultants....... 8 Les matières plastiques....................................................................................................... 9 1.1 Les premières matières plastiques .............................................................................. 9 1.2 Les avantages des matières plastiques ...................................................................... 10 1.3 Les inconvénients des matières plastiques................................................................ 11 2 Typologie des matériaux plastiques ................................................................................. 11 3 Les applications des matières plastiques.......................................................................... 13 3.1 Emballage ................................................................................................................. 13 3.2 Bâtiment et travaux publics ...................................................................................... 14 3.3 Transport & automobile............................................................................................ 16 3.4 Electricité et électronique ......................................................................................... 18 3.5 Médical ..................................................................................................................... 18 3.6 Jeux & jouets et sports & loisirs ............................................................................... 19 4 Prospective de croissance des plastiques ......................................................................... 20 5 Objectifs de l’étude ........................................................................................................... 22 Vue d’ensemble & positionnement de la plasturgie ........23 Chapitre 2 1 Importance économique de la plasturgie......................................................................... 24 2 Typologie des entreprises de transformation ................................................................... 26 2.1 La plasturgie des entreprises de volume ................................................................... 27 2.2 La plasturgie des entreprises de spécialités .............................................................. 27 2.3 La plasturgie des petites entreprises indépendantes : ............................................... 28 3 Les secteurs d’activité....................................................................................................... 28 1 Chapitre 3 Analyse des indicateurs quantitatifs de compétitivité......32 Introduction ...................................................................................................................... 33 2 Thème 1 : Contraintes structurelles nationales............................................................... 34 2.1 Les coûts de la main-d'œuvre,................................................................................... 34 2.2 Les délais de paiement handicapent les plasturgistes français.................................. 36 2.3 Externalisation et sous-traitance ............................................................................... 39 2.4 Coût des investissements .......................................................................................... 44 2.5 Coût du transport ...................................................................................................... 45 2.6 Fiscalité des entreprises ............................................................................................ 46 2.7 Synthèse des contraintes structurelles nationales ..................................................... 48 1 Thème 2 : Poids de la profession ..................................................................................... 49 3.1 Chiffre d'affaires de la plasturgie.............................................................................. 49 3.2 La plasturgie dans l’emploi industriel ...................................................................... 50 3.3 Contribution de la plasturgie au produit intérieur brut ............................................. 51 3.4 Consommation apparente de matières plastiques ..................................................... 52 3.5 Synthèse du poids de la profession ........................................................................... 53 3 5 Sommaire NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Thème 3 : Structure de la filière ...................................................................................... 54 4.1 Influence de la structure de la filière ........................................................................ 54 4.2 Equipement des moules et outillage ......................................................................... 59 4.3 Synthèse de la structure de la filière ......................................................................... 60 5 Thème 4 : Performances de la plasturgie ........................................................................ 61 5.1 Chiffre d'affaires par entreprise ................................................................................ 61 5.2 Chiffre d’affaires par salarié ..................................................................................... 61 5.3 Part de la valeur ajoutée dans le chiffre d’affaires.................................................... 62 5.4 Valeur ajoutée par salarié ......................................................................................... 64 5.5 Excédent brut d’exploitation rapporté au chiffre d’affaire ....................................... 66 5.6 Echanges commerciaux ............................................................................................ 67 5.7 Part des investissements dans le chiffre d'affaires .................................................... 71 5.8 Synthèse du thème performances de la plasturgie .................................................... 73 Chapitre 4 4 Analyse des indicateurs qualitatifs de la compétitivité ....74 Intégration de services...................................................................................................... 75 1.1 Offre globale des plasturgistes.................................................................................. 75 1.2 Intégration de fonctions ............................................................................................ 75 2 Régionalisation et districts industriels ............................................................................. 77 2.1 Les clusters ou districts industriels : ......................................................................... 77 2.2 Les pôles de plasturgie en France ............................................................................. 79 2.3 Les pôles de plasturgie à l’étranger : ........................................................................ 82 3 Partenariats transfrontaliers............................................................................................ 84 4 L’innovation, moteur de la valeur ajoutée....................................................................... 86 4.1 Partenariats de R&D ................................................................................................. 86 4.2 Nouveaux procédés et matériaux.............................................................................. 87 4.3 Produits et procédés à haute valeur ajoutée .............................................................. 89 4.4 Importance du « design » des produits ..................................................................... 92 5 Rôle des pouvoirs publics dans la R&D........................................................................... 93 5.1 Relations entre recherche publique et recherche privée............................................ 93 5.2 Le Réseau National Matériaux et Procédés (RNMP) ............................................... 94 5.3 Financement de la recherche publique en Europe .................................................... 96 5.4 Centres de ressources technologiques (CRT) et CRITT........................................... 98 6 Formation et emploi ....................................................................................................... 100 6.1 La formation à la plasturgie en France. .................................................................. 100 6.2 La structure des emplois ......................................................................................... 101 6.3 Les problèmes du recrutement................................................................................ 102 6.4 Une comparaison avec l’Allemagne : ..................................................................... 103 1 Spécificités de quelques pays.......................................................................................... 104 8 Impact de la réglementation environnementale ............................................................ 107 8.1 Préoccupations environnementales sociétales ........................................................ 109 8.2 Innovations pour l'environnement .......................................................................... 110 8.3 Réglementation environnementale européenne ...................................................... 113 8.4 Valorisation des déchets plastiques ........................................................................ 114 7 6 Sommaire Chapitre 5 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Analyse prospective & Scénarii de développement........118 Classement par pays et par indicateur ........................................................................... 119 2 Les tendances d’évolution de la plasturgie française.................................................... 121 2.1 Tendances à long terme .......................................................................................... 121 2.2 Tendances à court terme ......................................................................................... 121 2.3 Principales incertitudes ........................................................................................... 122 2.4 Enjeux à anticiper ................................................................................................... 122 3 Analyse en composantes principales.............................................................................. 123 3.1 Indications méthodologiques .................................................................................. 123 3.2 Interprétation du nuage d’indicateurs ..................................................................... 124 3.3 Interprétation de la position des pays ..................................................................... 125 3.4 Interprétation combinée entre les indicateurs et les pays........................................ 126 3.5 Les enseignements pour des choix stratégiques...................................................... 128 4 Analyse structurelle ........................................................................................................ 128 4.1 L’analyse structurelle ou l’approche-système ........................................................ 128 4.2 Recensement des indicateurs .................................................................................. 129 4.3 Matrice d’influence................................................................................................. 130 4.4 Eléments pour une stratégie.................................................................................... 133 5 Esquisses de scenarii pour l’avenir de la plasturgie ..................................................... 133 5.1 Présentation des scenarii......................................................................................... 134 5.2 Description des paramètres des scénarii ................................................................. 134 5.3 Maintien du statu quo et néo-protectionnisme........................................................ 135 5.4 Renforcement de l’économie libérale et de la mondialisation................................ 137 5.5 Société axée sur la priorité sociétale....................................................................... 138 Chapitre 6 1 Recommandations de Nodal .............................................140 Axes de développement de la plasturgie......................................................................... 141 1.1 Les contraintes de la filière..................................................................................... 141 1.2 Les perspectives économiques et techniques.......................................................... 141 1.3 Les principaux axes d’actions................................................................................. 143 2 Les orientations de la profession.................................................................................... 143 2.1 Les industriels de la transformation........................................................................ 143 2.2 Les organisations professionnelles ......................................................................... 145 3 L’administration et les collectivités................................................................................ 148 3.1 Le Minefi ................................................................................................................ 148 3.2 Les actions régionales............................................................................................. 150 3.3 Les actions de soutien à la R&D............................................................................. 150 1 4 Vivre avec les tendances écologiques............................................................................. 153 Annexes ..............................................................................................154 Annexe 1 : Composition du Comité de pilotage.................................................................. 155 Annexe 2 : Liste des contacts réalisés en 1ère et 2ème phases............................................... 156 Annexe 3 : Bibliographie .................................................................................................... 159 Annexe 4 : Méthodologie & déroulement de l’étude Nodal................................................ 166 Annexe 5 : Elasticité de la croissance de la plasturgie par rapport au PIB ...................... 168 7 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne CHAPITRE 1 OBJECTIFS & CONTEXTE DE L’ETUDE DE NODAL CONSULTANTS 8 Objectifs & contexte de l’étude LES MATIERES PLASTIQUES 1 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Au cours des millénaires, les matériaux de base, durables tels la pierre, le bronze, le fer, mais également plus éphémères tels le bois, le cuir, le lin, la laine…, ont joué un rôle important dans les activités humaines. Afin de répondre à la demande croissante de certaines de ces matières « éphémères », afin, aussi, d’améliorer leurs propriétés, la science et l’industrie des 19ème et 20ème siècles ont conçu et développé de nouveaux matériaux : les matières plastiques. Elles ne proviennent ni de l’agriculture, ni de l’élevage mais, en définitive, d’activités minières. Elles résultent des progrès spectaculaires permis par l’application de la chimie aux ressources minières essentiellement constituées par le charbon et le pétrole. Et, en définitive, les matières plastiques, devenues de plus en plus élaborées, sont désormais utilisées aussi bien dans des produits à courte durée de vie que pour des applications durables, à l’instar des productions de la métallurgie, voire même des matériaux de construction. Par leurs uniques propriétés, les matières plastiques offrent, selon Nodal Consultants, des solutions irremplaçables. L’industrie de la construction et de l’automobile, l’industrie alimentaire et le monde médical sont parmi les plus grands consommateurs de ces matériaux. Les matières plastiques ont remplacé avantageusement quantité de « produits naturels » dans diverses applications, ce qui représente souvent un avantage pour l’environnement. Sans les matières plastiques, les habitudes de consommation, les modes de vie, retourneraient au début du 20ème siècle et les ressources naturelles de l’environnement, notamment les ressources renouvelables, seraient bien davantage mises à contribution pour subvenir aux besoins humains. 1.1 Les premières matières plastiques Nodal a résumé l’historique du développement des matières plastiques depuis son début dans les années 1840, lorsqu'on mit au point un caoutchouc artificiel à l'aide de nitrate de cellulose. En 1870, l'Américain Hyatt synthétisa du celluloïd à partir du camphre et du nitrate de cellulose, en y ajoutant un solvant à base d'alcool. En 1909, Leo Hendrik Baekeland fut le premier à fabriquer une forme de bakélite, à partir de dérivés phénoliques et de formol. D'autres matières plastiques apparurent au même moment, comme la rayonne fabriquée à partir de la cellulose. Au cours des années 1920 et 1930, un grand nombre de nouveaux produits firent ainsi leur apparition : l'acétate de cellulose, utilisé dans le moulage des résines et dans les fibres, le chlorure de polyvinyle (PVC), bon isolateur électrique, les résines urée formol, utilisées dans la vaisselle et les installations électriques, la résine acrylique, employée comme liant pour le verre feuilleté, le polyméthacrylate de méthyle (plexiglas) qui a d'excellentes propriétés optiques, le nylon, synthétisé en 1930, premier plastique technique à hautes performances, les résines de polystyrène, commercialisées vers 1937, caractérisées par une grande résistance aux agressions chimiques et mécaniques à basse température, utilisées dans les équipements de réfrigération et les avions volant à haute altitude, le polytétrafluoroéthylène (téflon), apparu en 1938, qui offre une grande résistance à l’usure, à la corrosion et à la chaleur. • • • • • • • • 9 Objectifs & contexte de l’étude NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Les recherches sur de nouvelles matières plastiques se poursuivirent au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le nylon devint rapidement la base de nombreux textiles tandis que les polyesters servirent à fabriquer des blindages et d'autres matériels de guerre. L'élan scientifique et technologique insufflé à l'industrie des matières plastiques s’est poursuivi après la guerre. On mit au point des matières plastiques telles que les polycarbonates, les acétals et les polyamides. En 1953, le chimiste allemand Karl Ziegler réussit la synthèse du polyéthylène, et, un an plus tard, le chimiste italien Giulio Natta mit au point le polypropylène. Ces deux matières plastiques, polyéthylène et polypropène, sont parmi les plus utilisées à l'heure actuelle. Selon l’analyse de Nodal Consultants, les matériaux plastiques présentent de multiples avantages, parfois contradictoires, et quelques inconvénients. 1.2 Les avantages des matières plastiques 1. La liberté des formes : la diversité des techniques et des procédés de transformation des matières plastiques autorise des formes variées et infiniment complexes. Le fait que des stylistes trouvent une nouvelle liberté de créer, est déjà un résultat appréciable, mais ce peut être aussi un avantage technique déterminant (recherche du meilleur Cx d’un véhicule). 2. Des prototypes peu coûteux : les matières plastiques ont acquis depuis longtemps la réputation de matériaux peu coûteux dans les petites séries et les prototypes, place qui leur est toujours reconnue. 3. Une large gamme d'utilisation : la multiplicité des matières mises en œuvre conduit à l'obtention de matériaux fort différents en aspect, caractéristiques et usage final. On les retrouve en matériaux extérieurs de décoration ou d’aménagement, comme en pièces internes de structure ou de mécanique. 4. La protection contre la corrosion : les plastiques ne rouillent pas ! Leur inertie chimique partielle les rend précieux à plus d'un titre : ils résistent à beaucoup d’environnements agressifs, aux attaques climatiques, à la pollution atmosphérique, à l’emploi du sel sur les routes enneigées. Cette qualité se révèle pourtant un problème lorsque les matières plastiques sont abandonnées dans la nature. Il leur faut alors plusieurs décennies pour se décomposer. 5. La réduction du nombre de pièces : les méthodes de moulage autorisent l'obtention en une seule opération de formes complexes et, d'autre part, la multifonctionnalité permet à une seule pièce de jouer plusieurs rôles à la fois. Le nombre de pièces à assembler est plus faible qu'avec les matériaux traditionnels, ce qui entraîne une simplification du montage et du démontage. Ces gains de temps entraînent des économies de production et de maintenance. 6. La lutte contre le bruit : les matériaux plastiques ne sont pas source de vibrations, au contraire ils atténuent les bruits et absorbent les vibrations. 7. Des coûts compétitifs : les coûts des matières plastiques sont devenus compétitifs sous l'influence de plusieurs facteurs : • le perfectionnement des matières et des procédés et l’augmentation des séries fait baisser le prix du produit fini ; • la multifonctionnalité et le moulage de formes complexes entraînent de sérieuses économies de fabrication et d'assemblage. 10 Objectifs & contexte de l’étude NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 1.3 Les inconvénients des matières plastiques Avant de faire le choix de telle ou telle matière plastique, Nodal préconise de mieux connaître certaines de leurs limites : 2 1. Toxicité des gaz de combustion : les produits de la combustion de certaines matières plastiques (opacité des fumées, corrosivité et toxicité ) doivent faire l'objet de nombreux essais ; 2. Résistance à la chaleur : chaque matériau est caractérisé par une plage de température d'utilisation, mais pour chaque application, cette plage doit être vérifiée sur pièces ; 3. Résistance aux produits chimiques : certains matériaux plastiques sont sensibles à certains produits chimiques ; 4. Electricité statique : les matériaux plastiques peuvent se charger en électricité statique ; toutefois, il existe des additifs et des traitements susceptibles de réduire ces effets ; 5. Rayures : les matériaux plastiques présentent des résistances plus ou moins prononcées à l'abrasion ; 6. Le vieillissement est influencé par de nombreux facteurs, à la fois internes, dus à leur composition, et externes, que l'on classe en deux catégories : • les conditions de service : contraintes mécaniques, thermiques et chimiques, • les conditions atmosphériques : oxygène, ozone, intempéries, rayons ultraviolets, • ces facteurs agissent séparément mais surtout se combinent pour entraîner une dégradation de la matière qui s’ajoute à leur auto-dégradation. TYPOLOGIE DES MATERIAUX PLASTIQUES Dans l’univers des matières plastiques, il est difficile de trouver une méthode de regroupement de matières premières très différentes. On identifie toutefois quelques points communs qui permettent de classer ces produits en grandes familles. C’est ainsi qu’il est courant de distinguer : • Les plastiques courants ou de « grande diffusion », dits « commodities » qui sont notamment caractérisés par un marché spéculatif ; ils réunissent les grandes familles de thermoplastiques (polyoléfines, vinyliques et styréniques), les polyuréthannes, le PET (bouteilles et films), le polychlorure de vinyle (PVC). • Les plastiques techniques, ou « haute performance », ou technopolymères, destinés à des applications précises en raison de leurs propriétés, en général des thermoplastiques, qui regroupent les cinq grandes familles : polyamides (PA), polycarbonates (PC), polyoxyméthylène (POM), polyphénylène-éther (PPE), polybutylène téréphtalate (PBT) et PET moulable, ainsi que les polymères à cristaux liquids (LCP). • Les plastiques spéciaux, ou d’engineering, regroupent les polysulfones, les polyimides, ainsi que les fluoropolymères (PVDF, FEP, PFA, PTFE). Ils sont dotées de caractéristiques physiques, mécaniques et de résistance à la chaleur élevées et peuvent remplacer les métaux dans des emplois considérés autrefois de leur ressort exclusif. Par exemple, les polyimides soumis à des températures de l'ordre de 300°C restent stables. Ces résines donnent une idée du niveau de performances atteint par les matières plastiques en matière de résistance mécanique, thermique et à la fatigue. • A ces trois principales catégories, il convient d’ajouter les matériaux composites qui sont constitués par l’association intime d’une matrice polymérique (résine), thermoplastique ou thermodurcissable, et d’une structure de renforts fibreux ; ceux-ci peuvent être de verre, de carbone, d’aramide ou de fibres naturelles (lin, chanvre, sisal). 11 Objectifs & contexte de l’étude NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne La limite entre matériaux plastiques « chargés » et matériaux composites est difficile à préciser ; en effet, doit-on assimiler les résines chargées de fibres courtes de verre à de « simples » matériaux plastiques ou les inclure dans la famille des matériaux composites ? sur ce point, les opinions divergent et conduisent à des différences d’estimations des quantités produites. • Il faut également citer l’apparition des alliages de polymères et des mélanges polymèresadditifs qui offrent une infinité de solutions et permettent d’obtenir des caractéristiques « sur mesure » pour chaque application spécifique : réduction de la perméabilité aux gaz ou aux essences aromatiques, amélioration de la tenue en température, du module d’élasticité, du coefficient de frottement, aussi bien que l’aspect, la couleur ou le « toucher ». Ces distinctions ne font pas l’unanimité et il est courant de rencontrer dans la littérature une seule catégorie de plastiques « haute performance » regroupant les plastiques techniques et spéciaux. Parmi les plastiques courants, un certain nombre d’entre eux ont des applications spécifiques, tels les PVC destinés à la fabrication des tuyauteries industrielles ou aux composants électriques, les PEhd (PE haute densité) pour la fabrication de cuves de stockage de gaz. D’autres polymères ont des applications qui peuvent être soit de grande diffusion, soit de haute performance. Venus plus tard sur le marché, les plastiques « d’engineering » et des plastiques spéciaux ont une croissance beaucoup plus rapide que celle des plastiques courants ; ils réunissent en commun quelques caractéristiques particulières : • Leurs propriétés mécaniques ou chimiques sont en général supérieures à celles des plastiques courants, en particulier dans le domaine de leurs températures d’utilisation ; • Leur production est concentrée entre les mains d’un nombre limité de fournisseurs de matières premières dans le monde, qui sont plus des « chimistes » que des pétrochimistes ; • Leurs principales applications se situent dans des domaines techniques, notamment l’automobile et l’électricité/électronique. Quelques termes, couramment utilisés dans l’industrie de la plasturgie, sont précisés ci-dessous : • Les thermoplastiques sont des polymères, comme le polyéthylène, le polypropylène, le polychlorure de vinyle et le polystyrène, formables à chaud sans modification chimique. En France, 81% de la production de matières plastiques porte sur les thermoplastiques dont 71% sur les trois thermoplastiques de grande diffusion, PVC, PE et PP. • Les thermodurcissables (7% de la production française), phénoplastes, aminoplastes et résines époxydes, sont formables à chaud avec modification chimique. • Les catalyseurs constituent un paramètre essentiel du contrôle de la synthèse des polymères en permettant de jouer sur la configuration des chaînes polymériques. Une nouvelle classe de catalyseurs, les métallocènes, ouvre des perspectives dans la synthèse de plastiques techniques « simples », des polyoléfines (PE, PP) qui possèdent, du fait de leurs caractéristiques structurelles, des propriétés spécifiques permettant des applications dites « techniques ». • Les additifs : sous sa forme brute, un polymère n'a pas toujours les qualités requises pour l'application à laquelle il est destiné. Les additifs (charges) jouent un rôle essentiel sur l'esthétique, la stabilité (chimique, UV, chaleur et longévité) et la plasticité. Les additifs confèrent, par exemple, leur transparence aux produits finis (bouteilles...). Une de leurs fonctions essentielles est de freiner l'oxydation des polymères (jaunissement, perte de transparence, apparition de craquelures) qui joue sur les propriétés mécaniques en diminuant la flexibilité ou la résistance à la traction. 12 NODAL CONSULTANTS Objectifs & contexte de l’étude MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Les différentes familles de matériaux plastiques se distinguent également par le niveau de prix de la matière première ; ainsi, on trouve : Tableau 1-1 : Positionnement relatifs des matières plastiques par les prix Fourchette de prix Ordre de grandeur de la consommation mondiale Plastiques courants de 1 à 2 €/kg 150 millions de tonnes Plastiques techniques de 2 à 5 €/kg 5,5 millions de tonnes Plastiques spéciaux de 5 à 20 €/kg 200.000 tonnes Matériaux composites de 3 à 38 €/kg de 80 à 300.000 tonnes Type de matériaux Estimations Nodal, d’après SPMP et Pardos Marketing LES APPLICATIONS DES MATIERES PLASTIQUES 3 3.1 Emballage Selon les sources de Nodal, le poids de l'industrie française de l'emballage est d'environ 18 milliards d’euros, dont 35% proviennent du secteur « papier-carton » et 26 % des plastiques (3ème au plan européen), avec 3 milliards d’euros pour le plastique rigide et près d’un milliard pour les films et leurs applications. On note une progression continue de la part de marché du plastique, le maintien de celles du papier-carton, de l’aluminium et du verre, et le déclin de la plupart des métaux. Selon la Chambre Syndicale des Emballages en Matières Plastiques, « le secteur agroalimentaire constitue le premier débouché de l'emballage plastique avec 65% de ses applications dont 35% dans l'alimentaire non liquide et 30% dans l'alimentaire liquide ». Les matières plastiques emballent plus de 50% des produits alimentaires ; pourtant, en poids, ils ne constituent que le troisième matériau d’emballage, ce qui démontre l’avantage que constitue leur légèreté. Le développement de la portion individuelle, de la restauration rapide et du grignotage accélère la croissance du secteur de l'emballage alimentaire (+7% par an depuis 10 ans). Les enjeux sont élevés, notamment en raison des évolutions permanentes qui concernent la substitution des matières et les exigences de valorisation et de recyclabilité qui se renforcent (impact de la législation très en amont de la filière et du marché). Une des caractéristique du secteur de l'emballage est la recherche constante d'innovations en raison de la concurrence active entre matériaux d'une part, entre produits emballés d'autre part : 77% des PMI du secteur innovent et plus de 16% des entreprises du secteur réalisent un tiers de leur chiffre d'affaires avec les produits innovants. Toutefois, la faible valeur relative des emballages agroalimentaires unitaires exacerbe la concurrence internationale sur ce segment, d’où l’importance des innovations. De nombreuses propriétés spécifiques rendent les plastiques incontournables pour le stockage, le transport ou la conservation des produits : L’emballage (packaging) joue un rôle important comme vecteur de vente ; il constitue le premier média marketing ; La versatilité des matières plastiques permet une infinie variété d’emballages – épais ou minces, rigides ou souples – permettant d’assurer une protection optimale avec une quantité minimale de matière, alors même que le volume des emballages ne cesse de croître ; La production – et le transport - d’emballages en matières plastiques nécessite une moindre quantité d’énergie que les autres matériaux d’emballage ; • • • 13 NODAL CONSULTANTS Objectifs & contexte de l’étude • • • • • Les emballages en matières plastiques sont souvent plus économiques à fabriquer dans leur forme définitive ; leur durée de vie offre une meilleure protection aux produits périssables et réduit la production de déchets et la dépendance aux agents de conservation ; Les qualités de protection des matériaux plastiques permettent de réduire sensiblement le tonnage total d’emballage requis pour une application ; En protégeant les produits sensibles tels que denrées alimentaires ou médicales, les matériaux plastiques permettent d’éviter les contaminations par des germes microbiens pendant la fabrication, la distribution ou le transport ; Leur transparence permet au consommateur de voir les produits sans les toucher, réduisant ainsi les contaminations et autres dommages ; Leur caractère incassable – voire infrangible – permet de réduire les accidents corporels, en particulier ceux causés aux enfants ; L’emballage plastique apporte une contribution positive à la préservation des ressources naturelles et de l’environnement ; une récente étude démontre que sans les plastiques, nous aurions à faire face à un accroissement important du poids, de la consommation d’énergie et du volume de déchets liés à l’utilisation des emballages. • MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne non plastique Emballage plastique 258% 351% 100% Poids de l’emballage 205% 100% 100% Energie requise Volume des déchets Sources : British Plastics Federation Les avancées dans les technologies de fabrication et dans les matériaux plastiques ont permis de réduire leur poids jusqu’à 80% de ce qu’il était il y a 20 ans. Cette réduction de poids a pour conséquence de diminuer d’autant la consommation d’énergie et les émissions de pollutions gazeuses associées, y compris pendant les transports. 3.2 Bâtiment et travaux publics Selon les sources de Nodal, le secteur de la construction est le second utilisateur de matières plastiques après l’emballage. En raison de leur grande versatilité, elles sont utilisées dans un nombre croissant d’applications ; elles combinent une bonne résistance mécanique pour un poids réduit, une grande durabilité, un coût attractif, une maintenance minimale, une bonne résistance à la corrosion, un ensemble de propriétés qui en font d’excellents matériaux de construction. Dans le bâtiment, selon le Syndicat des Producteurs de Matières Plastiques (SPMP), la consommation de matières plastiques dans l’Union européenne devrait atteindre 8 millions de tonnes d'ici à 2010. Ce secteur représente donc très large débouché des marchés d’application. 14 Objectifs & contexte de l’étude NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 3.2.1 Dans le secteur de la construction, les plastiques sont principalement utilisés comme profilés (portes et fenêtres), canalisations, tuyauteries, gaines de câbles, revêtement de sols et isolation (thermique et sonore), membranes d’étanchéité et de couverture. Au delà de ces applications traditionnelles, les plastiques peuvent trouver d’autres utilisations du fait de leur capacité à être mis en forme et leur faible poids qui permet de les manipuler facilement sur les chantiers. Domaines d’applications Les plastiques sont principalement utilisés dans la construction en raison de leurs propriétés fonctionnelles de résistance mécanique, de durabilité, de légèreté, d’isolation thermique et acoustique, de souplesse et, sur le plan, décoratif, les possibilités qu’ils offrent de réaliser des « peaux composites » qui constituent une génération de matériaux proposant une grande variété d’aspects de surface, de couleur ou de transparence (vérandas, voûtes translucides). • L’avenir des plastiques dans le bâtiment 3.2.2 Les canalisations, tubes et leurs accessoires constituent la principale application des plastiques dans le bâtiment et consomment près de 35% de la production de ce segment : gaines de câbles, gouttières et descentes de toit, conduites de grand diamètre pour eaux potables et usées, réseaux de chauffage ou de refroidissement sont constitués de PVC et de polyoléfines. • Les profilés pour portes et fenêtres sont fabriqués en PVC en raison de leur usinabilité et de l’isolation de ce matériau, tandis que les revêtements extérieurs en résines phénoliques remplacent progressivement les revêtements en bois ou résines classiques plus sensibles au feu. • L’isolation est généralement réalisée à partir de mousse rigide de polystyrène incorporée dans des panneaux ou des « sandwichs » pour la construction des toits ou des murs. Les mousses de polyuréthane sont également d’un emploi croissant. L’isolation doit réunir les propriétés de légèreté et de résistance et, en même temps, être simple à installer et permettre aux entrepreneurs de respecter les normes d’isolation thermique. Un nouveau créneau se développe, celui des sanitaires. Absents du marché au début des années 80, les appareils sanitaires en plastique et composites sont de plus en plus nombreux. En France, la baignoire en acrylique représente 46 % du marché et les éviers en matériau de synthèse constituent le quart des pièces installées. Le développement des plastiques dans le bâtiment a été longtemps freiné par la tendance des concepteurs à utiliser les matériaux traditionnels et des méthodes qui leur étaient familiers. Malgré cette réserve, le développement des matières plastiques dans cette application offre d’importantes opportunités d’innovation pour de larges marchés de masse. L’avenir de la construction a toujours été très dépendant de l’environnement économique ; on constate dans ce secteur une tendance forte au changement sous la pression d’exigences croissantes de normalisation qui concernent notamment les économies d’énergie, la gestion des déchets, et la prise en compte de la gestion du cycle de vie des produits. L’avenir proche verra l’avènement de constructions intelligentes et le développement de méthodes de préfabrication qui déplaceront la fabrication des éléments vers des sites industriels éloignés des sites de construction. Les nouveaux matériaux et notamment les matériaux plastiques renforcés de fibres de verre (matériaux composites) joueront un rôle accru dans les structures, une des principales qualités des matériaux plastiques étant leur capacité à s’adapter à une gamme étendue d’applications. Leur résistance à la corrosion, leur légèreté et leur résistance permettent d’envisager de les utiliser dans des structures porteuses à la place des architectures traditionnelles (par exemple, le pont « Vetrotex » au Royaume-Uni ou l’immeuble « Eyecatcher » de Fiberline Composites au Danemark). En outre, l’utilisation des matériaux plastiques permet le déploiement de nouvelles formes architecturales où les courbes dominent et qui se prêtent particulièrement bien aux exigences d’une construction rapide. 15 Objectifs & contexte de l’étude NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne A l'inverse des matériaux traditionnels qui sont « passifs », les polymères peuvent être actifs, c'est-à-dire réagir à leur environnement. En architecture, on imagine donc des applications qui pourraient évoluer en fonction de la luminosité, de la transparence, de l'humidité ou même du bruit. Ainsi commencent à voir le jour des vitrages organiques à transparence variable. Certains imaginent des applications avec des plastiques à mémoire de forme. 3.3 Transport & automobile La rentabilité économique et la sûreté des transports des personnes et des marchandises constituent des contraintes essentielles de notre système économique. Les exigences croissantes de sécurité, de protection de l’environnement et de rapidité ont entraîné un accroissement important de l’utilisation des matières plastiques dans la construction des moyens de transport modernes. En 1998, par exemple, près de 400.000 tonnes de matières plastiques ont été utilisées au Royaume-Uni dans des applications liées aux transports. Tout transport nécessite de l’énergie et les carburants constituent la majeure partie des coûts d’exploitation de cette industrie. Réduire le poids des voitures, des avions, des navires et des trains représente une manière efficace – et substantielle – de réduire ces coûts de fonctionnement ; par exemple, dans une voiture de 1.000 kg, 100 kg de matières plastiques permettent de remplacer, pour les mêmes fonctions, 2 à 3 fois plus de matériaux traditionnels. L'économie de poids qui en résulte entraîne une réduction de la consommation de carburant de l’ordre de 7,5% (évaluée à 750 litres par véhicule pour une durée de vie de 150.000 km). En Europe de l'Ouest, cela concerne une économie de pétrole de 12 MT/an, et une diminution des rejets de CO2 dans l'atmosphère d'environ 30 MT. En usage externe, les matières plastiques sont durables, ne se corrodent pas et n’exigent que peu d’entretien. Elles permettent une grande liberté de formes et des méthodes de conception et de fabrication rapides et économiques. A l’intérieur, les accessoires en matières plastiques, tels que tableau de bord, revêtements de sols, sièges et portières permettent de donner à faible coût une esthétique, du confort et sont faciles à nettoyer. Automobile 3.3.1 Le potentiel des matières plastiques dans l'automobile est exploité depuis de longues années. Ce sont les petites pièces de l'habitacle qui, les premières, ont adopté ces matières. Mais les applications les plus spectaculaires ont débuté en carrosserie. Tout d'abord réservées aux véhicules produits à faible cadence, les matériaux plastiques, notamment les composites, sont maintenant utilisés sur des véhicules de grande diffusion. En volume, une automobile moderne contient plus de matières plastiques que de métal ; en poids, elle peut inclure plus de 120 kg de matières plastiques. Dans les véhicules en fin de vie (VHU), les composants plastiques peuvent être recyclés ou, au moins, leur énergie thermique peut être récupérée par incinération. La versatilité des matières plastiques permet à l’industrie automobile d’atteindre des objectifs chaque jour plus difficiles de performance économique, de sécurité, de confort et de préservation de l’environnement. Les matériaux plastiques jouent un rôle important dans la construction des autobus et des camions qui permettent le transport des passagers et marchandises à des coûts de plus en plus réduits. 16 Objectifs & contexte de l’étude 3.3.2 Aéronautique & aérospatial NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Pour les équipements destinés à l’aéronautique et à l’aérospatial, les critères aérodynamiques exigent une grande flexibilité de design et un poids minimum. Les formulations des matières plastiques peuvent s’adapter à un très large éventail de spécifications techniques et possèdent des propriétés idéales pour la fabrication de pièces aux courbes arrondies. Les matériaux composites – qui constituent une des branches des matériaux plastiques – sont très largement utilisés aussi bien dans les avions militaires que dans les aéronefs civils pour la fabrication de revêtements d’ailes, de nacelles, de volets et de pales d’hélicoptères. Les matériaux plastiques sont également largement répandus dans la fabrication des revêtements intérieurs comme, par exemple, les cloisons, les « galleys », les passerelles d’embarquement, les sièges et revêtements de sol. Certains polymères - les polyimides - ont remplacé les métaux spéciaux dans la production d'aubes de turbines d'avions et d'autres parties des moteurs des avions à réaction. Les polymères sont également très largement utilisés dans la technologie aérospatiale pour la fabrication, par exemple, des boucliers thermorésistants à des températures pouvant atteindre 2.800 °C, qui empêchent la désintégration lors du retour dans l'atmosphère terrestre. Les vêtements des astronautes sont également dotés de dix couches de matières plastiques afin d'offrir une protection contre d'énormes fluctuations de températures. Une mousse spéciale est aussi utilisée pour l'isolation des réservoirs de carburant, et, sur la station spatiale internationale ISS, une très mince couche de film composite de polyéthylène insérée dans les parois extérieures sert de barrière d'oxygène à la fois légère et fiable. 3.3.3 Sur les véhicules spatiaux, la consommation de combustible a été considérablement réduite grâce à l'utilisation accrue des matières plastiques et à l'économie de poids qu'elles entraînent. Industries ferroviaires Les matériels de traction, les voitures et les dispositifs roulants utilisés dans les chemins de fer subissent des contraintes élevées d’usure et des efforts de traction importants. La longévité de ces matériaux est l’un des facteurs qui rend leur utilisation très intéressante pour les panneaux d’habillage des voitures et machines, les revêtements de sols, les sièges, les casiers à bagages. Une des fonctions particulièrement prisée dans la construction ferroviaire est la résistance au feu de certains matériaux plastiques. Les plastiques renforcés de fibres de verre ou de fibres de carbone sont largement utilisés dans la mise en œuvre des structures portantes des trains à grande vitesse, et permettent, en outre, l’utilisation de formes complexes (nez de TGV). 3.3.4 Marine Dans la construction navale, notamment pour les bateaux inférieurs à 40 mètres, les matériaux plastiques ne doivent pas être considérés comme des ersatz bon marché, car leur utilisation présente de nombreux avantages. Les développements et la démocratisation qu'ont connus ces dernières années les sports nautiques n'auraient par exemple pas été possibles sans ces matériaux. Les bateaux en matériaux plastiques possèdent des propriétés remarquables : il sont résistants aux intempéries, étanches, insensibles 17 Objectifs & contexte de l’étude NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne au froid et à la chaleur, ils ne pourrissent pas, ne rouillent pas et ne sont pas sujets à la corrosion, ils demandent très peu d'entretien, sont plus légers que l'acier ou même, souvent, que le bois, ils se caractérisent enfin par une remarquable rigidité d'ensemble. En cas de dégâts, les réparations sont en général limitées et réparables. Leurs inconvénients sont notamment la moindre longévité par rapport aux bateaux en bois et l'apparition d'osmose si l'entretien n'est pas adéquat. Pour le constructeur naval, l'utilisation de matériaux synthétiques signifie un changement radical de ses techniques de fabrication. La fabrication de la coque et du pont demande moins de temps (la coque forme en elle-même un structure portante) et les formes de coque possibles sont multiples et ne posent pas de problèmes particuliers (surfaces courbes, arrondis à faible rayon). 3.4 Electricité et électronique L’innovation dans le secteur électricité/électronique s'est traduite par de nombreuses nouvelles applications. De nouveaux matériaux et procédés ont permis à cette industrie des réalisations dans les domaines des courants forts, le design et la construction d'appareils électroménagers, les techniques d'éclairage, l'électronique et les télécommunications, jusqu'alors impensables avec les moyens traditionnels. Aujourd’hui, les matériaux plastiques sont couramment utilisés pour la réalisation de prises de courant, de connecteurs, de relais, de commutateurs, de fiches et couvercles, de circuits et supports de puces, de plaques de connexions, de boîtes de disjoncteurs, de revêtements et isolants de câbles, de bâtis de téléphone et d’ordinateurs. Les plastiques ne conduisent pas l’électricité et ne réfléchissent pas la lumière. Une vision qui s’est trouvée contrariée en 1975, lorsque le chimiste japonais H. Shirakawa a obtenu, par hasard, une couche brillante argentée formée à la surface d’une solution de réactif . C’était le polyacéthylène, le premier membre de la famille des polymères conjugués. On a qualifié ces polymères de « conducteurs » et ils ont répondu aux attentes des chercheurs dans des domaines aussi divers que l’électrochimie, l’optique ou l’électronique. Les chercheurs ont découvert que l’introduction d’une faible quantité d’impureté – le « dopage » dans ce polymère peut transformer cet isolant en bon conducteur. Au cours des décennies suivantes, d’autres polymères conducteurs ont vu le jour : le polypyrrole, le polyphénylène vinylène et d’autres encore. Ils font partie des métaux synthétiques, matériaux conducteurs synthétisés sur la base de composants chimiques complexes, en particulier de polymères. A l’aide des polymères conducteurs, toutes les propriétés des semi-conducteurs ont pu être reproduites et les dispositifs principaux réalisés comme les jonctions de redressement, les transistors à effet de champs, les diodes électroluminescentes. Les dispositifs polymériques promettent d’être si bon marché qu’on parle « d’électronique jetable » dans un futur proche où les écrans en matières plastiques seront aussi banals que des sacs en plastiques dans un super marché. 3.5 Médical Le secteur pharmaceutique est en croissance de 7,8% par an dans le monde (contre 5,8% en Europe) et connaît une augmentation importante de l'utilisation du plastique, grâce à ses propriétés fonctionnelles, sur les produits finaux du secteur (unicité de l'usage, aseptisation, recyclabilité). Les applications du secteur médical sont multiples et comprennent aussi bien des produits très basiques et simples à fabriquer (compte-gouttes, cathéters, drugs delivery systems) que des dispositifs de haute technologie tels les implants en plastiques bio-assimilables dans le corps. Dans ce secteur, le marché des plastiques comprend trois applications principales : 18 Objectifs & contexte de l’étude • • L’ensemble des contenants et emballages pour l’industrie pharmaceutique et médicale ne représente qu’une faible part de la consommation totale de matières plastiques dans l’emballage (moins de 1%) ; les plastiques sont bien adaptés à cette application en raison de leurs propriétés : inertie chimique, inaltérabilité, souples ou rigides suivant les besoins, incassables. Les blisters, en particulier, obtenus à partir d’une technique simple de thermoformage, pourraient constituer une opportunité de développement pour les plasturgistes et devenir pour eux une source de valeur ajoutée puisqu’ils sont fabriqués sur mesure selon les besoins des laboratoires. Le marché des dispositifs médicaux à usage unique est appelé à fortement se développer. Le souci d’asepsie et la lutte contre les transmissions de maladies rendent leur utilisation de plus en plus courante. Le geste « jetable » devient d’autant plus naturel que les normes de sécurité deviennent de plus en plus sévères ; les dispositifs jetables apportent un avantage pratique indéniable et une sécurité maximale pour le patient comme pour les professionnels de la santé. Le secteur est vaste et les potentialités de développement sont importantes partout dans le monde (par exemple, les polycarbonates sont utilisés pour les lentilles cornéennes). La progression du marché, tous dispositifs confondus, se situerait, selon Nodal, aux alentours de 10 à 15% par an. Le plastique présente des avantages incontestables pour la fabrication de prothèses implantables : il joue un rôle d’amortisseur et c’est un matériau souple. Les normes de fabrication sont très contraignantes en termes de conditions de fabrication, de traçabilité et de bio-compatibilité. L’intérêt pour les fabricants est de se spécialiser sur un produit hautement technique plutôt que de fabriquer une gamme de produits diversifiés ; les investissements de départ sont élevés (machines, salle blanche, formation du personnel), mais les fabricants peuvent tirer avantage de leur spécialisation et travailler sur l’innovation et les améliorations de leur produit. Elles peuvent ainsi se différencier de leurs concurrents. • NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 3.6 Jeux & jouets et sports & loisirs Les deux univers des jeux et jouets d'une part, et articles de sports et de loisirs d'autre part, ont en commun le souci de garantir la sécurité de l’enfant ou du sportif ; dans ce secteur, l'innovation passe par la prise en compte d'une réglementation étendue destinée à protéger les utilisateurs du maximum de risques. Ces deux secteurs bénéficient d'un marché en plein expansion, dans lequel les plastiques ont une place importante. Leur rôle est déterminant pour améliorer les performances, garantir le confort et la sécurité, et surtout ils autorisent une grande liberté dans la conception et l'innovation. En France, ces deux industries sont concentrées dans le quart Sud Est de la France : 61 % des effectifs du secteur « fabrication d'articles de sport » sont en Rhône-Alpes, et 47% de ceux de l'industrie du jouet en Franche Comté et Rhône-Alpes. Elles subissent une concurrence mondiale très sévère : le taux de couverture du commerce extérieur pour les « articles de sport, jeux et jouets » se dégrade d'année en année : 74% en 1995, 71% en 1996 et 65% en 19971. L’industrie du jouet et celle de la fabrication d'articles de sport sont soumises aux mêmes contraintes que d’autres secteurs producteurs de biens de consommation : diminution de la durée de vie des produits et des délais de conception, exigence accrue de la qualité des produits et de leurs fonctionnalités, maîtrise des coûts. 1 Statistiques des Douanes. 19 NODAL CONSULTANTS Objectifs & contexte de l’étude MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne La croissance de la pratique sportive a dopé le secteur des article de sport qui connaît depuis plusieurs années un fort développement et, comme le secteur du jouet, bénéficie largement de l'extraordinaire percée des plastiques : ceux-ci ont démontré leur rôle déterminant dans l'amélioration des performances (légèreté, maniabilité, résistance thermique et aux chocs). Peu de sports échappent à la plasturgie, soit parce que les produits nouveaux sont conçus en utilisant une gamme de plus en plus spécialisée de polymères, soit parce que des articles « traditionnels » sont fabriqués à partir de matières plastiques, par exemple, pendant la saison 98/99, près de 100.000 raquettes à neige ont été vendues en France, pour un montant d'environ 5 millions d’euros, alors que les raquettes métalliques ne représentent plus que 5% du marché. Enfin, la plasturgie est de plus en plus présente autour du produit ; facteur de valeur ajoutée supplémentaire, l'emballage de l'article de sport joue un rôle pratique et promotionnel : housses réutilisables, produits sous blisters, mallettes qui facilitent le transport et le rangement. PROSPECTIVE DE CROISSANCE DES PLASTIQUES 4 Depuis le début des années 60, la consommation mondiale de matériaux plastiques est passée de 7 millions de tonnes en 1960 à 153 millions de tonnes en 2000, accusant un taux de croissance de l’ordre de 8% par an. Toutefois, cette croissance a été plus faible pour les plastiques courants que pour les plastiques techniques et spéciaux (respectivement 12,5% et 11,3%). Comparaison des indices de production de différents matériaux (indice de production du tonnage, base 100 en 1970) 500 Indices de production (tonnages) Cette forte croissance s’est effectuée, en grande partie, au détriment des matériaux traditionnels comme l’acier ou l’aluminium comme le montre le graphique ci-contre. 400 Plastique 300 Aluminium Pour la période 2000200 2010, les prévisions Acier s’établissent à près de 100 7% pour les plastiques courants et à 8% pour les plastiques 0 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 techniques et spéSources Nodal, d'après SPMP & CIPAD ciaux. Cette prévision conduit à estimer, à l’horizon 2010, une consommation mondiale de matériaux plastiques d’environ 300 millions de tonnes. Elle sera portée par la croissance globale de la population, ainsi que par les innovations dans les nouveaux plastiques, les nouvelles applications et par la demande accrue de la nouvelle « civilisation du plastique » dans les pays émergents. Tableau 1-2 : Estimation de la croissance des familles de plastiques (en millions de tonnes) 1960 1974 1979 1989 2000 2010 (Est) Courants 7 000 43 000 60 000 85 000 148 000 287 000 7,9% 6,9% Techniques 50 600 900 12,5% 2 000 5 500 12 000 8,1% Spéciaux 3 25 40 11,3% 100 213 470 8,3% Total 7 053 43 625 60 940 87 100 153 713 299 470 8,0% 6,9% Sources Nodal, d’après Pardos Marketing 20 NODAL CONSULTANTS Objectifs & contexte de l’étude MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Prospective de production mondiale de matières plastiques transformées 1960 - 2010 (en tonnage) 350 250 200 200 2004 159 150 101 100 1992 49 50 25 13 7 0 1960 1970 1965 1970 1976 Production (en millions de tonnes) 299 300 1980 1990 2000 2010 Sources Nodal, d'après F. Pardos et EuPC Au cours de cette même période, l’industrie européenne de la transformation des matières plastiques a également connu une forte croissance, notamment, en Europe de l’est ; la progression globale de la consommation de plastiques transformés, pour la période 2000-2010, est estimée à 50% en Europe occidentale, en Amérique du Nord et au Japon, à 70% en Amérique latine, à 100% en Asie du Sud-Est et à 110% en Europe centrale et orientale. Le graphique ci-dessous illustre les consommations des différents types de plastique par application. La comparaison des niveaux de production des matériaux plastiques montre que la consommation des plastiques courants (environ 150 millions de tonnes) est sans commune mesure avec celle des plastiques techniques (environ 200.000 tonnes). La consommation des trois principaux polymères, PVC (26 millions de tonnes/an), polyéthylène (PEHD, LD et LLD, 54 millions de tonnes) et le polypropylène (30 millions de tonnes), représente ensemble 75% de la consommation des plastiques courants. Ces valeurs sont à comparer avec celles des matériaux spéciaux tels que le polycarbonates 21 Objectifs & contexte de l’étude NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne (PC, 1,5 million de tonnes), le polyoxyméthylène (POM, 600.000 tonnes), le polyphénylène éther (PPE, 310.000 tonnes) ou les polymères à cristaux liquides (LCP, 18.000 tonnes). D’ici à 2010, les croissances moyennes annuelles respectives devraient être observées : − +5% pour le polyéthylène, − +5% pour le polystyrol et le polystyrène expansé, − +6% pour le polypropylène, − +4% pour le PVC. 32% de la production mondiale des matières plastiques viennent d’Europe, dont 27% d’Europe occidentale et 5% d’Europe orientale. Mais l’Europe devrait perdre ce rôle de leader en faveur de l’Asie du Sud-Est qui détient déjà 21,5% de la production mondiale. 5 OBJECTIFS DE L’ETUDE Le Service des Industries Manufacturières de la DiGITIP souhaite disposer d’informations stratégiques actualisées permettant d'orienter et de dimensionner ses actions de soutien et d'aide auprès du tissu industriel français de la plasturgie, dans les 5 ans à venir. Au-delà d’une connaissance statistique des différents marchés européens, l'étude confiée à Nodal Consultants doit permettre d'identifier et de comparer les facteurs clés de succès (notamment structurels), ainsi que les initiatives prises par chacun des pays concernés en faveur du développement de leur industrie de la transformation des matières plastiques pour les prochaines années. 1. L’étude examine les principales caractéristiques des marchés actuels des secteurs d’application de la plasturgie, au niveau mondial (USA, Japon) et européen (UE, PECO) et développe une vision prospective de l'évolution des marchés en valeur et en volume, en tenant compte de l'évolution technique et réglementaire (notamment en ce qui concerne la gestion du cycle de vie des produits). Le secteur géographique concerné est constitué des 4 grands acteurs européens (Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Espagne) qui, avec la France, représentent plus de 80% de la production (en valeur) de la plasturgie européenne. 2. Les très nombreux facteurs clés de la compétitivité structurelle et industrielle sont classés et hiérarchisés en un certain nombre de thèmes quantitatifs et qualitatifs. A partir des indicateurs retenus, Nodal a réalisé une étude prospective suivant une analyse en composantes principales et une analyse structurelle qui permettent d’identifier des scénarii de développement du secteur de la transformation des plastiques. 3. A partir de la synthèse des pratiques constatées chez nos partenaires européens, et en comparaison avec la situation actuelle en France, Nodal propose, pour améliorer la compétitivité de la plasturgie française, des recommandations destinées aux industriels de la transformation, aux organisations professionnelles et aux pouvoirs publics. La plasturgie désigne l'ensemble de l’industrie de la transformation des matières plastiques en produits finis ou semi-finis ; elle est subdivisée en 5 groupes de la nomenclature française (codes NAF) : • 25.2A : Fabrication de demi-produits en plaques, feuilles, tubes et profilés en plastiques ; • 25.2C : Fabrication d’emballages en matières plastiques ; • 25.2E : Fabrication d’éléments en matières plastiques pour la construction ; • 25.2G : Fabrication d’articles divers en matières plastiques ; • 25.2H : Fabrication de pièces techniques en plastiques (notamment les matériaux composites). Le secteur industriel de la plasturgie présente une grande complexité et l’exercice de cette activité requiert le concours et la participation d’un ensemble de métiers, situés en amont ou en aval, relevant des secteurs secondaires ou tertiaires. L’ensemble de ces métiers constitue, au sens large, la « filière plastique ». 22 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne CHAPITRE 2 VUE D’ENSEMBLE & POSITIONNEMENT DE LA PLASTURGIE 23 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS IMPORTANCE ECONOMIQUE DE LA PLASTURGIE 1 Vue d’ensemble & positionnement de la plasturgie EuPC (European Plastics Converters) est l’organisation professionnelle européenne des transformateurs de plastiques. Elle regroupe plus de 40 organisations professionnelles en Europe, notamment la Fédération (Française) de la Plasturgie, et représente environ 30.000 entreprises, principalement des PME, opérant dans le secteur de la transformation des matières plastiques, et employant près de un million de salariés. L’activité totale de transformation de ces entreprises dépasse les 30 millions de tonnes de plastiques par an pour un chiffre d’affaires de 95 milliards d’euros. Mais ces chiffres ne représentent pas la totalité de l’activité des industries de la transformation des matières plastiques. En effet, ils ne prennent pas en compte l’activité d’un nombre important d’entreprises transformatrices intégrées, dont la transformation n’est pas l’activité de base, telles que l’automobile, l’industrie électrique et électronique, la construction, l’agroalimentaire (notamment, tout le secteur de l’embouteillage plastique) ou les sports et loisirs. De ce fait, leur activité de transformation des matières plastiques n’est prise en compte dans les statistiques qui recensent les productions de la plasturgie que lorsqu’elles sont vendues en tant que telles sur le marché, et non pas lorsqu’elles sont directement incorporées à d’autres productions. La transformation des matières plastiques peut représenter une part importante de leur activité ; on considère que la production des « intégrés » représente de l’ordre de 25 à 30% de la branche. Par exemple, 20% des pièces techniques en matières plastiques destinées à l’industrie automobile sont directement fabriquées par les constructeurs. Tableau 2-1 : Importance de la plasturgie dans le monde Union européenne (15) Etats-Unis Japon Nombre d’entreprises 25.300 16.000 980.000 Chiffre d’affaires (en milliards d’euros) 118.674 1.400.000 201.500 Employés 25.241 454.000 82.392 Sources : EuPC/CIPAD, Eurostat & estimations Nodal A ces acteurs directs de la transformation des plastiques, il faut ajouter tout l’ensemble des activités « annexes » qui concourent au fonctionnement de la filière, parmi lesquels : 1. Les activités directement liées à la transformation : • Les fabricants de matières premières appartenant à l’industrie chimique (tels Atofina, BASF, Bayer, DSM, General Electric, Mitsubishi, Solvay, Rhodia ou Dupont) ou pétrochimique (TotalFina Elf, BP Amoco, Shell) ; ils élaborent : − les polymères constituant les résines de base, − les colorants, les additifs, les pigments, les charges, − dans le domaine des composites, les renforts (verre, carbone ou aramide) ; • Les compoundeurs et « masterbatcheurs » (fabricants de mélanges maîtres) réalisent des mélanges de polymères en fonction des besoins de la transformation. Fabricants de matières premières et compoundeurs sont parfois réunis en une seule entité industrielle. • Les industriels qui assurent le parachèvement des produits finis (marquage, peinture, soudure, métallisation) ou l’assemblage et le montage ; ces activités sont souvent directement réalisées par les transformateurs eux-mêmes. 24 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Vue d’ensemble & positionnement de la plasturgie SCHEMA ORGANISATIONNEL DE LA FILIERE PLASTIQUE Producteurs de Matières Premières (Pétrochimie) FORMATIONS INTEGRATION DE FONCTIONS RECHERCHE Laboratoires de recherche Charges, additifs, adjuvants, colorants diplomante, alternée, ingénieurs & techniciens Compoundeurs TECHNOLOGIES PERIPHERIQUES Recherche appliquée CRITT Transformateurs Assemblage ensembles et sous ensembles Parachèvement Marquage, peinture, soudure, métallisation extrudeurs, injecteurs, souffleurs, rotomouleurs, thermoformeurs, enducteurs, Moulistes Prototypage Fabricants de machines et périphériques Bureaux d'études Maintenance Donneurs d'ordres constructeurs automobiles, bâtiment, cosmétologie, électronique, conditionneurs MARKETING DESIGN Distribution Utilisateur Final Sources Nodal Consultants, d’après La Plasturgie en Normandie, 2002 Recyclage incinération, régénération, retraitement 25 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Vue d’ensemble & positionnement de la plasturgie 2. Les activités périphériques de fourniture d’équipements ou de services sont le plus souvent réalisées par des entreprises extérieures, mais quelques unes sont intégrées à la plasturgie : • Les désigneurs qui proposent des choix esthétiques et pratiques en fonction des usages des produits envisagés ; • Les bureaux d’études qui contribuent à l’élaboration et à la conception des produits, • Les laboratoires d’analyse et de recherche publique (CRITT, CRT, Ecoles, Universités) et privée, • Les constructeurs de machines de transformation (machines de moulage, lignes de soufflage, extrudeuses, extrudeuses-souffleuses, broyeurs) et l’équipement périphérique (lignes de refroidissement, systèmes de dosage, alimentation, granulation, lignes de recyclage, machines à vide, machines d'emballage et de conditionnement, banc de tirage), • Les outilleurs et fabricants de moules, indispensables à la transformation des plastiques, • L’industrie informatique, la robotique, la productique et les systèmes NTIC, • La maintenance industrielle, • Les organismes de formation professionnelle. 2 L’organigramme présente les principaux acteurs de la « filière plastique ». A cette organisation qui regroupe les industriels, il convient, bien évidemment, d’ajouter les cinq principales organisations professionnelles de la filière : • la Fédération de la Plasturgie qui regroupe 26 syndicats nationaux et régionaux de la plasturgie, • UCAPLAST : Union des Industries de la distribution des Plastiques et du Caoutchouc, • le SPMP : Syndicat des Producteurs de Matières Plastiques, • l'AFIM : Association Française des Industries du Moule, Modèle, Maquette, • le SYMACAP : Syndicat des Constructeurs Français de Matériel pour le Caoutchouc et les Matières Plastiques. A ces organisations nationales, il faut également ajouter les organisations professionnelles européennes EuPC (European Plastics Converters) et APME (Association of Plastics Manufacturers in Europe). TYPOLOGIE DES ENTREPRISES DE TRANSFORMATION Les entreprises de volume ; Les entreprises de spécialités (entreprises disposant d’un avantage technologique) ; Les petites entreprises indépendantes. • • • Nodal Consultants classe les entreprises de transformation des matières plastiques en trois grandes catégories : 26 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS 2.1 La plasturgie des entreprises de volume Vue d’ensemble & positionnement de la plasturgie • • Elle s’est constituée autour des grands consommateurs de résines. Disposant de marges de valeur ajoutée intrinsèquement étroites, elles doivent avant tout chercher de vastes marchés et jouer sur la taille de leurs besoins pour affronter le secteur très concentré des fournisseurs de matières premières. On trouve essentiellement ce type d’entreprises sur les marchés : du bâtiment : extrudeurs de profilés et de tubes, et fabricants d’accessoires tels les raccords ; de l’emballage à faible valeur ajoutée, essentiellement destiné à l’agroalimentaire : films, corps creux thermoformés, applications du polystyrène (qui, dans ce domaine, peuvent être à la fois dans le packaging et dans les produits d’isolation pour le bâtiment). A cette catégorie peut également se rattacher celle des entreprises spécialisées dans les produits de second œuvre du bâtiment (revêtements de murs et de sols), qui ont connu de fortes mutations structurelles au cours des dernières années (illustrée, par exemple, par la recomposition de l’activité de Sommer Alibert au sein du groupe Tarkett-Sommer). Le relatif morcellement des marchés du bâtiment en Europe a conduit les fournisseurs plasturgistes, à l’origine structurés sur la base de marchés nationaux, sur lesquels ils ont constitué de vastes capacités de production, à étendre leurs débouchés hors de leur pays d’origine, plutôt à partir de l’Allemagne et de l’Europe du Nord où l’utilisation des matières plastiques dans la construction fut plus précoce que dans les pays du Sud. Cette tendance a évidemment été accentuée par la fusion des normalisations nationales dans le système CEN1 européen (auparavant, les différents standards créaient, de facto, un certain cloisonnement des marchés des pays membres de l’Union européenne). La taille et les compétences techniques acquises leur permettent d’aborder d’autres marchés (Rehau dispose d’une division industrie). La maîtrise des débouchés incite aussi à aller vers d’autres matériaux que le plastique. Dans le secteur des emballages flexibles (films et dérivés), la condition indispensable de survie semble désormais être la taille, et, dans ce domaine, les français ont du retard. D’autant que les marchés sont devenus planétaires, et que les producteurs de résines se sont désengagés de la filière (exemple : Petrofina-Elf a revendu Soplaril à Pechiney), donc, se sont libérés de la contrainte de cohérence de leurs politiques de prix vis-à-vis des clients transformateurs. 2.2 La plasturgie des entreprises de spécialités Elle est constituée d’un ensemble d’entreprises ayant acquis une excellente maîtrise de certaines techniques de transformation et une bonne connaissance de leurs marchés. Cette maîtrise leur permet de développer des spécialités. Ainsi peuvent-elles, à la fois, accroître leur valeur ajoutée et s’abriter de la concurrence – du moins à court terme. Les exemples sont nombreux sur toute la palette des métiers de la plasturgie et de leurs marchés, mais, dans le cas français, avec une certaine prédilection pour les domaines de l’emballage haut de gamme destiné à la cosmétologie ou à la pharmacie (illustrations : galvanoplastie chez Auriplast ou pompes de dispensation médicale chez Valois) et pour les pièces techniques destinées à l’industrie automobile (Inergy Automotive) ou aux industries électriques-électroniques (groupe Plastivaloire). Ce tissu d’entreprises a connu une phase de mutation qui se poursuit encore. Notamment, les entreprises performantes de l’emballage ont, pour la plupart, été absorbées par des groupes couvrant un large éventail de solutions-packaging (Auriplast fait désormais partie des 1 Comité Européen de Normalisation 27 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Vue d’ensemble & positionnement de la plasturgie compétences proposées par le groupe Qualipac), souvent – très souvent – dans des groupes étrangers opérant à l’échelon planétaire (Valois a rejoint le groupe Aptar – ex-Seaquist). Chez les fournisseurs de pièces techniques destinées à l’industrie, la tendance à la concentration des sous-traitants de premier rang oblige les plasturgistes à monter en taille avec, trop fréquemment, le handicap de ressources financières insuffisantes, pour des sociétés souvent à caractère familial, et parfois aussi confrontées aux problèmes de succession. Sur le marché de l’automobile, à l’échelle européenne, on compte aujourd’hui moins d’équipementiers que de constructeurs automobiles. Ainsi, peu après avoir acquis SMPI, Bailly-Comte passe chez Illinois Tool Works Inc. Ainsi, Plastic Omnium achète Reydel en 1995, puis revend sa division composants intérieurs en 1999, avant d’entrer en joint-venture avec Solvay sur les réservoirs d’essence. La course à la taille se combine avec une redéfinition des portefeuilles de compétences. Certains groupes parviennent à se placer sur les deux segments de la pièce pour l’industrie et du packaging à valeur ajoutée, ainsi Plasthom qui dispose de sites de production non seulement en France, mais également en Allemagne, en Italie, et au Royaume Uni, exception à suivre. 2.3 La plasturgie des petites entreprises indépendantes : Elle est formée d’un tissu industriel diffus, pouvant travailler pour l’ensemble des besoins finals. Toutefois, du fait de la concentration de la demande sur les trois plus importants débouchés (emballages, industrie et bâtiment), les petites entreprises ont souvent été exclues de l’accès direct à ces marchés et contraintes à des rôles de sous-traitants de deuxième, voire de troisième rang. A l’exclusion de celles qui se sont spécialisées sur des marchés de niche, une grande partie de ces PMI est soumise à une forte concurrence internationale ; leur pérennité est menacée si elles ne se structurent ou ne se spécialisent pas. 3 Ce rapide panorama serait incomplet si n’était évoquée l’activité de transformation des matières plastiques réalisée de manière « intégrée », c’est-à-dire chez les utilisateurs, industriels (ou les sous-traitants) de l’automobile, de l’électroménager, de l’électronique dont le périmètre peut varier au gré des stratégies d’externalisation ou d’internalisation des groupes (cf. ci-avant en page 24). LES SECTEURS D’ACTIVITE Les secteurs d’activités ne manquent pas pour les plasturgistes : on les regroupe, habituellement, en un certain nombre de secteurs tels que l’emballage, y compris les emballages à haute valeur ajoutée, les transports (automobile, aéronautique, ferroviaire), le bâtiment et les travaux publics ; l’électricité et l’électronique, la cosmétologie, l’électroménager, le médical, l’agroalimentaire sont autant de secteurs fortement consommateurs de matières plastiques, moulées, thermoformées, extrudées et de matériaux composites qui nécessitent la maîtrise de technologies fortement évolutives. Les statistiques disponibles ne permettent pas, en général, de faire une classification par secteur d’activité ; en effet, les statistiques officielles analysent les 4 ou 5 grandes familles de produits : demi-produits, emballage, éléments pour la construction, pièces techniques et divers. Cette classification est peu représentative des utilisations industrielles des plastiques transformés, car pratiquement tous ces produits peuvent se retrouver dans différentes applications ; par exemple, les demi-produits, feuilles et plaques, sont utilisées pour les emballages thermoformés ; on retrouve, également, les pièces techniques aussi bien dans le transport que dans l’emballage, l’électricité, les sports et loisirs et le médical. 28 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Vue d’ensemble & positionnement de la plasturgie Ainsi, Nodal a évalué les perspectives d’évolution des différents produits transformés en Europe ; cette analyse est présentée dans le graphique ci-dessous. On note, en particulier, la croissance des 3 secteurs de l’industrie, des demi-produits et des emballages, avec une légère dominante pour les produits industriels. Par contre, les éléments pour le bâtiment ont tendance à stagner ; le ralentissement de la construction en Allemagne tire la tendance vers le bas, malgré les bonnes perspectives de cette activité en France et au Royaume-Uni ; en effet, une enquête menée au niveau européen indique que leur consommation devrait atteindre 8 millions de tonnes d'ici 2010. Le graphique ci-dessous évalue la croissance de la consommation des matières plastiques pour chaque application entre 2000 et 2010. ce sont les transports (+75%) et les biens de consommation (+58%) qui devraient avoir la plus forte progression, l’agriculture (+35%) la plus faible. La progression globale en Europe de l’Ouest devrait s’établir à +52% Progression de la consommation de matières plastiques en Europe de l'Ouest par marché utilisateur (2000 - 2010 en tonnage) 16,0 12,0 11,4 2000 2010 10,7 8,0 8,7 7,3 6,4 5,3 5,5 4,7 4,0 (milliers de tonnes) 16,2 4,2 3,0 2,4 2,2 1,6 0,0 Emballage Bât. TP Transports Electricité Electronique Agriculture Biens consommation Divers Sources Nodal, d'après Pardos Marketing, 2000 29 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Vue d’ensemble & positionnement de la plasturgie Dans les différents pays européens, les secteurs d’activité ont une importance variable qui est caractéristique de la spécialisation de leur industrie de transformation. En France, on trouve : • L'emballage plastique est le premier débouché des plastiques en France (38%), consomme 2 millions de tonnes et enregistre une croissance de 1,6% en rapport avec la consommation des produits manufacturés et qu’ils sont présents dans tous les secteurs de l’emballage (agroalimentaire, produits d'entretien, hygiène, santé, beauté, industrie).. • 24% des matières plastiques sont utilisées dans le bâtiment et travaux publics, soit une croissance de 2,7% par rapport à 1999, mais ils ne représentent que 1% des matériaux consommés par le secteur. • Les transports utilisent 13% des matières plastiques produites. Au cours des 20 dernières années, le poids moyen des matières plastiques dans une voiture européenne est passé de 70 à 100 kg qui remplacent plus de 200 kg de matériaux traditionnels. • Dans le secteur de l’électricité/électronique, chaque année, les matières plastiques facilitent le transport de près de 500 milliards de kWh d'énergie par plus d'un milliard de km de lignes et de câbles. Les isolants de ces câbles, mais aussi les millions d’appareils électroménagers, le multimédia et la téléphonie, consomment 7% des matières plastiques. • 278.000 tonnes de matières plastiques, 5% du total, trouvent des débouchés dans les sports et loisirs. Le développement des sports de glisse y contribue largement, comme la navigation de plaisance, domaine qui utilise 8.000 tonnes de matières plastiques par an. • Le médical, l’ameublement, l'agriculture, la maroquinerie, la chaussure, les vêtements, la décoration, la papeterie utilisent 12% des plastiques. Si certains secteurs utilisent de faibles quantité de plastiques, ils permettent de dégager de fortes valeurs ajoutées (comme le médical). En Allemagne, les industries du bâtiment (27%) et de l’emballage (27%) représentent les plus importants débouchés en terme de volume ; mais la croissance de la demande en produits plastiques est à mettre au compte des bonnes performances de l’exportation, car la récession qui a affecté l’industrie du BTP et la faible demande interne en matériaux d’emballage ont freiné la croissance. En effet, l’industrie allemande des plastiques est confrontée à des difficultés importantes liées aux coûts élevés des matières premières et subit, elle aussi, une forte pression de la part des constructeurs automobiles qui cherche à maintenir les prix des produits plastiques à la baisse. Au Royaume-Uni, la progression du marché des produits plastiques a été de 24,3% sur les cinq dernières années (1996-2001) ; la demande en résines et matières plastiques a été stimulée par l’augmentation de la consommation des emballages plastiques qui représente 36% de la consommation de matières plastiques, par une forte demande provenant du secteur de l’électronique et par les nouvelles tendances de l’industrie automobile désireuse de trouver des produits plus légers pour réduire la consommation de carburant (8% de la consommation). Le bâtiment et le génie civil restent des secteurs importants pour l’industrie des plastiques, notamment pour les matériaux composites qui sont couramment utilisés (poutres en matériaux pultrudés, par exemple, pour la réfection des ponts) ; ils représentent 24% du marché total. En Italie, c’est de loin l’emballage qui tire la consommation des matériaux plastiques ; ce secteur représente 46% de la consommation totale de matières plastiques. Il est suivi, loin derrière, par le bâtiment qui représente 14% de la consommation. Dans l’Union européenne, le secteur de l’emballage plastique destiné à l’agroalimentaire et aux boissons continue de montrer des signes de croissance ; elle devrait être de 5,5% par an jusqu’en 2007, passant de 5,8 milliards d’euros à 8,4 milliards d’euros. cette croissance est la conséquence de la substitution croissante des matériaux plastiques aux matériaux traditionnels. La croissance des bouteilles en PET devrait se situer aux alentours de 9,2% par an. 30 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Vue d’ensemble & positionnement de la plasturgie France Allemagne 27 24 Emballage Autres 5 7 Autres Espagne 19 0 8 Sports & Loisirs Emballage 35 Autres 25 5 Electronique Transport EU 15 Bâtiment 50 24 Emballage Autres 25 36 7 Emballage 31 0 8 3 9 Electronique Transport 31 23 25 0 Sports & Loisirs Electronique Transport Sports & Loisirs 50 16 5 8 Bâtiment 50 0 8 Royaume-Uni Bâtiment 27 Electronique 46 Transport Transport 25 15 8 Electronique Sports & Loisirs 10 Emballage 25 14 27 8 13 10 50 0 0 Autres Emballage 25 20 39 12 Sports & Loisirs Bâtiment 50 50 25 Italie Bâtiment Bâtiment Autres Comparaison des secteurs d’activité des 5 principaux pays de l’Europe de l’Ouest Sports & Loisirs 9 9 Electronique Transport MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité CHAPITRE 3 ANALYSE DES INDICATEURS QUANTITATIFS DE COMPETITIVITE 32 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS INTRODUCTION 1 Analyse thématique des indicateurs de compétitivité D’après la récente enquête du World Economic Forum, la compétitivité de la France se serait complètement effondrée par rapport à ses partenaires, passant du vingtième au trentième rang dans le classement mondial. Ce classement tient compte de nombreux critères et il est réalisé à partir de deux outils permettant de mesurer, l’un, le potentiel de croissance de l’économie d’un pays au cours des cinq prochaines années et, l’autre, sa productivité actuelle. La France serait, notamment, handicapée par le poids des dépenses publiques dans le PIB, la mauvaise qualité des relations entre salariés et employeurs, le niveau élevé des impôts sur les sociétés et sur le revenu. Des reproches lui sont faits sur l’accès trop difficile au crédit, à une mollesse dans l’innovation technologique et une pression administrative excessive qui pénalise la création d’entreprises. La perception est négative sur les 35 heures, sur le niveau de développement technologique et sur la qualité de l’environnement de l’investissement. Les atouts reconnus à la France concernent la qualité de sa recherche, les infrastructures routières et ferroviaires, le niveau de qualification des ingénieurs et des scientifiques et la qualité des écoles de management, sans oublier son incomparable situation géographique. Les Etats-Unis prennent la première place, dominant leurs concurrents en raison de leur avance technologique et d’un environnement favorable à l’investissement ; ils sont suivis, en Europe, par la Finlande, la Suède et la Suisse. D’autres européens, Danemark, Royaume-Uni, Allemagne et Pays-Bas font partie du groupe des 15 premiers. Toutefois, une étude sur la compétitivité des entreprises réalisées par KPMG1 pour le compte du Gouvernement canadien modère ce jugement. Cette étude qui compare les coûts des entreprises en Amérique du Nord, en Europe et au Japon prend en compte : • La situation géographique de villes comparables dans chaque pays ; pour la France, il s’agit de Toulouse, Valenciennes et Grenoble ; • Une comparaison des coûts d’investissement, de main-d’œuvre, de transport, d’électricité, de télécommunication, les intérêts, les amortissements, les impôts, les taxes ; • Enfin, la méthode de comparaison est appliquée à neuf secteurs industriels, dont la plasturgie. Entre 1999 et 2002, la baisse du cours de l’euro par rapport au dollar a renforcé la capacité concurrentielle des pays de la zone euro ; aujourd’hui, la plupart des pays européens ont une compétitivité, en termes de coûts Plasturgie Total Industrie supportés par les entreprises, 1999 2002 1999 2002 supérieure à celle des Etats-Unis. Royaume-Uni 93,2 86,4 94,8 86,9 100,7 87,9 104,2 88,6 En Europe, pour l’ensemble des Italie France 101,3 91,1 104,2 92,2 industries étudiées, comme pour la Etats-Unis 100 100 100 100 plasturgie, la France se classe au Allemagne 107,9 100,4 108,8 101,9 troisième rang, derrière le Royaume141,4 121,7 121,9 117,8 Uni et l’Italie, mais devant Japon Sources, Etude KPMG 2002 l’Allemagne. Globalement, sa situation concurrentielle semble s’être légèrement améliorée, par rapport à l’Allemagne et au RoyaumeUni, mais légèrement dégradée par rapport à l’Italie. Et pourtant, l’analyse des indicateurs, retenus par Nodal Consultants, ne semble pas accorder une position aussi forte à la plasturgie française par rapport à ses homologues européens. 1 KPMG – Les choix concurrentiels, Editions du G7 33 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité THEME 1 : CONTRAINTES STRUCTURELLES NATIONALES 2 2.1 Les coûts de la main-d'œuvre, 2.1.1 La France a des coûts de main d'œuvre élevés L’étude KPMG (2001) Ventilation du coût moyen des salaires donne la ventilation des par employé et par pays coûts salariaux moyens, 43% 4% 12% calculés sur la base de 40 Royaume-Uni postes de travail dans 12 38% 13% 7% Italie entreprises industrielles et de services. L’Italie a les 42% 18% 11% France niveaux de salaire les plus faibles, mais les coûts 51% 8% 29% Allemagne sociaux obligatoires sont 60% 5% 14% importants et lui font Etats-Uni dépasser les coûts du 73% 10% 18% Japon Royaume-Uni. Les salaires français sont bien 0% 20% 40% 60% 80% 100% Salaires et traitements Cotisations obligatoires Cotisations facultatives placés, mais cet avantage Sources : Nodal Consultants, d'après KPMG, 2001 est pratiquement annulé, face à l’Allemagne, par le coût des charges sociales. Les salaires aux Etats-Unis sont plus élevés qu’en Europe, mais la faiblesse des charges sociales obligatoires les rend compétitifs avec les coûts européens. Au Japon, malgré des coûts sociaux faibles, les salaires très importants rendent cette destination peu compétitive. L’étude montre également les distorsions entre les salaires des cadres et ceux du personnel ouvrier ; l’écart observé est le plus important aux Etats-Unis. En Europe, les différences de coûts salariaux entre les pays comme l’Allemagne et la France, d’une part, avec les pays méditerranéens, d’autre part, s’expliquent, en partie, par le nombre d’employés qualifiés qui demandent des salaires élevés. En milliers d'euros par employé et par an On constate, toutefois, que les coûts salariaux moyens annuels de la plasturgie (31.000 € par employé et par an en France) sont sensiblement inférieurs à la moyenne des industries prises en compte dans l’étude KPMG (40.000 € par employé et par an en France). Evolution du coût de la main d'œuvre dans la plasturgie 40 Ces informations d’ensemble confirment les valeurs obtenues à partir des bases de données d’Eurostat pour la plasturgie. Allemagne France 30 Italie Royaume Uni 20 Espagne 10 PECO 0 1995 1996 1997 1998 1999 Sources Eurostat, 2002 & Estimations Nodal 34 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 2.1.2 En Europe, la plasturgie française a les coûts de main d'œuvre les plus élevés (31.000 € par employé et par an), juste derrière la plasturgie allemande1 (35.000 € par employé et par an) et loin devant celles des pays méditerranéens. Il est généralement admis que le coût de la main d'œuvre des pays germaniques, scandinaves et français est élevé tandis que ceux des pays méditerranéens est largement moins élevé. L'attraction des faibles coûts de main-d’œuvre des pays de l'Est devrait progressivement s'estomper Les coûts de main d'œuvre des pays de l'Europe centrale et orientale représentent, au maximum, 25% des coûts français et 15% des coûts allemands ; à qualification égale, un ingénieur hongrois coûte la moitié d’un ingénieur français. Cet écart constitue pratiquement l’unique cause de l'attractivité de ces pays. Il explique la vague actuelle de délocalisation – considérée, par certains, comme imprudente - vers ces pays des industries de l'Europe de l'Ouest, phénomène qui n’est pas spécifique au secteur de la plasturgie. Les différences de coût avec les pays de l'Est s'expliquent principalement par la chute du bloc communiste et elles devraient progressivement s’estomper avec l’entrée de ces pays dans l’Union européenne. Mais cet avantage par les coûts n’est pas le seul atout : l’implantation de longue date, d’industries technologiques a permis aux pays de l’Europe de l’est de développer une main-d’œuvre, ingénieurs et techniciens, très qualifiée : les tchèques avaient un constructeur automobile et les hongrois ont un bon tissu de sous-traitants. La RTT devrait faciliter la flexibilité de la main d'œuvre, mais sa gestion pose des problèmes 2.1.3 L’une des contreparties de la réduction du temps de travail est en principe l’introduction d’une plus grande flexibilité des horaires effectifs de travail dans un cadre annuel. La « RTT » permettrait, en principe, une meilleure réactivité des entreprises aux fluctuations de leurs carnets de commandes, donc la diminution du recours à la main d'œuvre intérimaire, souvent moins qualifiée et une meilleure répartition de la charge de travail en fonction de la saisonnalité de la production. Les entreprises n'ont pas toujours su saisir l'opportunité de cette loi et se sont retrouvées en difficulté en ne parvenant pas à gérer la flexibilité imposée par le saut organisationnel requis (si l’on fait abstraction des surcharges assumées par les cadres). 1 Dans l’industrie, le coût du travail d’un employé à plein temps a atteint 43.700 € en 2000, en progression de 7,1% par rapport à 1996. Durant la même période, la productivité du travail n’a augmenté que de 6% (Le Figaro du 28 novembre 2002). 35 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 2.2 Les délais de paiement handicapent les plasturgistes français La Commission européenne estime que 450.000 emplois sont perdus chaque année, surtout dans les PME à cause des retards de paiement. Si l’on considère l’industrie dans son ensemble, en France, comme en Italie et en Espagne, les délais de paiements pèsent lourdement sur la trésorerie des entreprises manufacturières, particulièrement celle des PME/PMI. Dans ces trois grands pays, les délais de paiement sont excessifs. En Italie, les délais de paiement sont encore plus élevés qu’en France, mais ils sont, dans l’ensemble, respectés. Par contre, la France Poids des créances clients cumule délais de paiedans le total des bilans de l'ensemble de l'industrie (en %) ment élevés (théorique40 ment entre 60 et 90 jours), comme l'Italie, et Italie retards de paiement fré- 30 quents relativement aux France Espagne dates initialement convenues ; ce qui pèse princi- 20 Japon palement sur les USA PME/PMI. En France, 10 Allemagne les habitudes de lenteur, les retards, se sont érigés 0 en coutumes, jusqu’à un 1989 1991 1993 1995 1997 1999 point tel que les recommandations européennes et nationales, les NRE (nouvelles réglementations économiques) visant à définir des usages professionnels plus courts n’ont de facto pas été suivies d’effet. Bien que les dispositions de la loi NRE du 15 mai 2001 prévoient que, à défaut de fixation d'un délai de paiement, passé un délai de 30 jours après réception de facture, le créancier peut exiger le paiement de pénalités de retard fixées à 10,25%, les plasturgistes, surtout les PME, hésitent à l’appliquer. Dans le contexte concurrentiel, les préoccupations commerciales l’emportent évidemment et conduisent le plus souvent à renoncer à la revendication des intérêts de retard. Dans une certaine mesure, les mêmes motifs peuvent aussi conduire à ne pas inscrire la clause de réserve de propriété dans les contrats. Bulletin de la Banque de France - n°96 - décembre 2001 Poids des dettes fournisseurs dans le total des bilans de l'ensemble de l'industrie (en %) Italie 46,8% des entreprises françaises ont payé leurs achats en retard 25 au premier semestre 2002. D’une manière générale, la France est le 20 seul pays européen ayant une tendance à 15 l’augmentation des délais de paiement. En outre, une enquête de la 10 Commission européenne révèle que seulement 5 23% des retards sont liés 1989 à des difficultés financières et 35% sont dus à la mauvaise foi des débiteurs. Espagne France Japon USA Allemagne 1991 1993 1995 1997 1999 Bulletin de la Banque de France - n°96 - décembre 2001 36 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Dans la plasturgie française, une rapide évaluation permet de montrer qu’au cours des cinq dernières années, les délais effectifs de paiement ne se sont pas raccourcis, mais allongés ; au fil des ans, les créances clients sont passées de 78 jours de chiffre d’affaires en 1995 à 88 jours en 2000. Et cette dérive est d’autant plus préoccupante, que, parallèlement, il semble que ces délais tendent à se raccourcir en Italie (de 92 à 85 jours), et restent malgré tout plus stables en Espagne (de 102 à 105 jours). Dans tous les cas, le contraste est fort avec l’Allemagne (de 28 jours en 1995 à 21 jours en 2000). L'automobile et la grande distribution sont les deux seuls secteurs « bénéficiaires nets » du crédit inter-entreprises. Dans l’industrie, hors automobile, les entreprises sont d’autant plus pénalisées que leur taille est petite, et qu’elles se trouvent en position de sous-traitance. La plasturgie cumule à un haut degré ces facteurs de handicap. Les entreprises qui la composent sont en effet généralement de petite taille, et elles interviennent très fréquemment en position de sous-traitance, en particulier sur les marchés de l’industrie et de l’emballage à valeur ajoutée. Et dans ces deux derniers cas, face aux plasturgistes de taille modeste, voire petite, les donneurs d’ordre appartiennent à des secteurs concentrés : constructeurs d’automobiles et leurs fournisseurs de premier rang (secteur même plus concentré que celui de l’automobile), fabricants d’appareillages électriques et électroniques de grande consommation, et clients d’envergure mondiale du packaging tels que les grandes entreprises de la cosmétologie-parfumerie, de l’agroalimentaire, de la pharmacie. A contrario, du côté des matières premières, le haut niveau de concentration des fournisseurs ne permet pas aux transformateurs de négocier des délais aussi longs que ceux auxquels les contraignent leurs clients. Réduire les délais de paiement implique, pour financer les encours de production, une augmentation de l’intermédiation bancaire que l’on peut estimer à 200 milliards d’euros. Mais le problème des sûretés bancaires demeure. En France, le transfert de propriété se fait par l’échange des consentements, alors que dans les autres pays, ce transfert n’a lieu que par l’exécution réciproque des obligations et du règlement (droit allemand par exemple) ; restant la propriété du cédant, elle sert de garantie à la banque (qui, par exemple, a financé le « crédit acheteur »). Pour que ce soit le cas en France, il faut inscrire, dans le contrat de vente, une clause de « réserve de propriété » qui n’est pas toujours acceptée par le client. La position vulnérable du plasturgiste français se traduit ainsi par un déséquilibre important entre les conditions qu’il accorde à ses clients (de l’ordre de 88 jours de chiffre d’affaires) et celles que lui consent son fournisseur (de l’ordre de 73 jours d’achats). A titre comparatif, l’entreprise allemande de plasturgie est en moyenne à 21 jours de créances clients, et à moins de 10 jours pour les délais de paiement à ses fournisseurs. De ce fait, ses besoins en fond de roulement d’exploitation sont considérablement moins élevés que ceux de son concurrent français. Ainsi, lors de reprises conjoncturelles, le français doit « investir » bien davantage que l’allemand pour répondre à la nouvelle commande. Seule une action généralisée des plasturgistes pourrait permettre l'application effective de la loi NRE et de raccourcir les usages de paiement des clients. Les enjeux sont cruciaux pour réduire les besoins en trésorerie et permettre une ré-allocation des ressources de l’entreprise sur l'investissement productif et le développement de toute la filière. Rappelons que l'ensemble des dettes fournisseurs et créances clients représentent dans les entreprises françaises près de 50% du bilan contre environ 15% pour les entreprises allemandes. Le déséquilibre des délais de paiement et la position vulnérable de la plasturgie française se trouvent aggravés par une importante contradiction de la législation française sur les échanges de biens et services. En effet, celle-ci stipule que le fait générateur de la taxe sur la valeur ajoutée est constitué par la livraison de la marchandise. Or les activités de la plasturgie requièrent souvent la fabrication ou l’acquisition d’outillages spécifiques qui n’ont pas de valeur hors de ce marché. Le paiement des outillages intervient, en général, au prorata de la livraison des pièces qui en sont issues. La logique économique voudrait donc que le fait générateur de la TVA coïncide avec la livraison de ces pièces (qui génère les rentrées de l’entreprise) et non avec celle de l’outillage, 37 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité moule de fabrication par exemple. En effet, la livraison de l’outillage n’est que la concrétisation de prestations d’études et de conception et l’outillage spécifique se trouve sans aucune valeur intrinsèque. Les besoins en fonds de roulement des entreprises de plasturgie françaises sont accrus de ces avances substantielles de TVA. L’avance consentie par l’entreprise pèsera d’autant plus que la livraison de l’outillage se situe, dans la majorité des cas, en amont de celle des pièces, surtout si l’on prend en compte la phase de prototypage (cf. arrêt du Conseil d’Etat SA Charrrier, 5 juin 2002) Les fournisseurs de Daewoo font la grève des livraisons En Corée, les fournisseurs de Daewoo poursuivent leur boycott. Protestant contre les délais de paiement trop longs, un groupe de 191 équipementiers a cessé toute livraison à destination du constructeur et ce jusqu'au 4 septembre. La production de Daewoo est maintenant à l'arrêt depuis trois jours, car son principal fournisseur, Delphi Corée, a lui interrompu ses livraisons depuis le 27 août. Le litige porte sur 726,8 millions d'euros d'impayés et sur des délais de paiement passés de deux à cinq semaines. Les banques créancières de Daewoo ont proposé de réduire à deux semaines les délais de paiement et de rembourser 60 milliards de wons (51 millions d'euros). Mais les 191 fournisseurs ont repoussé cette offre, la jugeant insuffisante. Toutefois, un responsable du groupe des fournisseurs s'est voulu plus rassurant : « Si les créanciers reviennent avec une nouvelle offre d'ici peu, nous pourrions nous arranger », a-t-il déclaré. Cependant, « le boycott pourrait bien continuer jusqu'à mercredi prochain, car nous avons besoin de l'approbation de l'ensemble des entreprises », a-t-il prévenu. Malgré ce conflit, General Motors a réitéré son intérêt pour Daewoo et a confirmé le création d'une joint-venture avec Daewoo comme prévu en septembre. D’après le Site des Professionnels de l’Automobile, 30 août 2002 38 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS 2.3 Externalisation et sous-traitance Les origines de l’externalisation systématique 2.3.1 Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Depuis 1990, le marché européen de la sous-traitance industrielle s'est accru de 75 % en volume. Cette évolution s’explique par le mouvement d'externalisation observé dans l'ensemble des entreprises industrielles et notamment dans les grands groupes. Chez ces derniers, on observe une baisse marquée de la part des valeurs ajoutées dans le chiffre d'affaires. En France par exemple cette proportion est passée, en 20 ans, de 37,5 à 28 % dans les comptes des entreprises de 500 personnes et plus. Des tendances identiques sont enregistrées dans tous les pays européens. Il s'agit donc d'une évolution fondamentale et puissante qui transforme à la fois le fonctionnement et le mode de gestion des entreprises. On peut lui attribuer trois origines principales : 1. L’origine économique Entre les années 60 et 70, le mouvement d'externalisation a été amorcé par le passage progressif d'une économie « tirée par la demande » à une économie « poussée par l'offre ». Dans une économie tirée par la demande, la concurrence joue sur les prix plus que sur la qualité. On cherche à vendre moins cher pour vendre plus ; la concurrence passe par la capacité à produire davantage et gérer la croissance pour prendre des parts de marché. Dans ce cas, l’intérêt stratégique est de posséder ses propres moyens de production pour les mobiliser : d’où la tendance au tout intégré. Dans une économie poussée par l'offre, la concurrence se durcit. Elle joue encore sur les prix mais surtout sur les produits, c'est à dire sur la qualité et sur l'innovation qui permettent de créer de nouveaux marchés et de « forcer » la vente. Dans ce cas, les ressources financières disponibles sont en priorité mobilisées dans des tâches « amont » (R&D, marketing, conception) ou « aval » (commercialisation, promotion). L'investissement dans l'appareil de production passe après et, d'un certain point de vue, devient une charge. D'où son transfert progressif vers des partenaires spécialisés. Peu à peu, les entreprises se concentrent sur leurs métiers de base, sur leurs savoir faire stratégiques, et tendent à externaliser tout le reste, y compris certaines fonctions tertiaires. C'est une situation classique de redéfinition de la spécialisation du travail ; les industries qui forment la base de la sous-traitance y ont pris une part active qui a assuré leur croissance en volume. 2. La robotisation. Le développement, puis la banalisation, des nouvelles techniques fondées sur la robotique et la productique intégrée ont révolutionné non seulement les manières de travailler mais également les conditions d'exploitation et de gestion de l'outil de production. Ces systèmes présentent en effet deux caractéristiques : ils sont fortement productifs et ils sont flexibles. Les grandes entreprises ne sont pas forcément les mieux placées pour les rentabiliser. Très souvent, les sous-traitants, en additionnant les commandes de plusieurs donneurs d'ordres, peuvent plus facilement « charger » les nouveaux équipements, et donc produire à meilleur prix. 3. La sophistication croissante des produits. L'intensification de la concurrence et, parallèlement, l'évolution des techniques, ont abouti à une complexification sans précédent de la conception des produits. Il est rare qu'un bien de consommation, un objet, un appareil ou un équipement soit issu d'une seule technologie. L'exercice est difficile, voire impossible. Personne ne peut plus aujourd'hui prétendre tout maîtriser. D'où la nécessité de faire appel, au cas par cas, à des partenaires possédant les savoir faire complémentaires. 39 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Les trois causes évoquées ci dessus ne semblent pas devoir disparaître dans un avenir proche. Il faut donc s'attendre à ce que le mouvement d'externalisation se prolonge. S’il est probable que les volumes des marchés de sous-traitance vont continuer leur progression, il n'est pas certain, en revanche, que cette croissance s'opère entièrement dans les limites de l'Union européenne. La mondialisation de l'économie, et la pression générale sur le niveau des prix qui en résulte, a déjà amorcé une tendance aux importations de substitution dont on peut prévoir le renforcement. Il faut aussi tenir compte des effets secondaires de l'externalisation. La mise sur le marché d'activités précédemment intégrées fait disparaître les liens entre filiale et ancienne maison-mère : l’autonomie risque d’accroître la vulnérabilité. Les donneurs d’ordre peuvent acheter ailleurs qu’en Europe et ce danger s'applique sur un secteur dont l'importance s'est beaucoup développée (près de 15% de l'activité industrielle, 7 millions d'emplois sont directement en jeu en Europe). 2.3.2 La sous-traitance sous la dictature des prix On constate depuis de nombreuses année, dans tous les pays de l'Union européenne, une tendance à la limitation - voire à la baisse - des prix pratiqués sur les marchés de la sous-traitance. Cette tendance s’est renforcée au cours des dernières années, comme le montrent les courbes ci après. Bien que les situations économiques soient différentes, elles permettent de vérifier qu’un important décalage s'est creusé entre les niveaux de prix enregistrés par l'ensemble des industries manufacturières d'une part et les secteurs de sous-traitance d'autre part, au détriment de ces derniers. Cette évolution est préjudiciable à la rentabilité des entreprises de sous-traitance et constitue une menace directe pour l'emploi dans cette activité. Certes, la plasturgie, industrie innovante et inventive, a souvent démontré sa capacité à sortir de cet étau en allant au devant des besoins de son client, en lui proposant des solutions nouvelles qui lui permettent d’accroître sa propre valeur ajoutée, dans une stratégie de type « gagnant-gagnant ». Ce fut notamment le cas dans le domaine du packaging à valeur ajoutée avec le développement des « emballages fonction », voire des emballages services, tels que les pompes de dispensation dans le domaine médical (Valois), les sur-emballage (Mayet), voire même les emballages de vente (Roskoplast en seconde transformation). Mais ces stratégies trouvent aujourd’hui leurs limites face à une demande de plus en plus concentrée. Et les entreprises les plus inventives n’ont souvent plus d’autre choix que de s’intégrer dans des groupes capables de proposer au client des solutions complètes, réunissant en bloc toute une gamme de compétences, et des portefeuilles de savoir-faire sur un large éventail de métiers de la plasturgie, voire bien au-delà (groupes Rexam, Péchiney-Cebal), comme ce fut le cas pour toutes celles que nous venons de citer. La sous-traitance automobile avait ouvert la voie en hiérarchisant les fournisseurs par un système de rangs, ne laissant qu’au premier d’entre eux l’apanage du partenariat gagnant-gagnant. La compétitivité de la sous-traitance européenne est en jeu. La dégradation des termes de l'échange extérieur (c’est-à-dire la capacité à exporter des produits à haute valeur ajoutée), notamment en ce qui concerne la France, est porteuse de sous-développement pour le secteur de la sous-traitance. C'est, à terme, la solidité du tissu industriel européen qui peut s'en trouver menacé et le potentiel technologique de l’industrie européenne qui risque de disparaître. Cette érosion est expliquée par des rapports de force chroniquement défavorables aux soustraitants. Cette analyse ne permet pas d’expliquer entièrement la dégradation des prix. Deux causes supplémentaires doivent être prises en compte : Les courbes ci dessous ont été réalisées par Nodal Consultants sur la base des données publiées par Eurostat et traitées par Daniel Coué. Il s'agit de séries d'indices de prix (base 100 = 1995). En vert = industries manufacturières. En rouge = sous-traitance (moyenne de la transformation des métaux, des plastiques et du caoutchouc). 40 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS 10/01 12/00 06/00 12/99 06/99 12/99 06/00 12/00 06/01 10/01 12/99 06/00 12/00 06/01 10/01 06/99 12/98 06/99 08/98 10/01 ESPAGNE 12/98 08/98 10/01 06/01 06/01 12/00 06/00 12/99 06/99 12/00 06/00 12/99 06/99 12/98 ROYAUME UNI 12/98 12/98 08/98 10/01 06/01 12/00 06/00 06/99 12/98 08/98 12/99 ITALIE ALLEMAGNE 08/98 06/01 FRANCE UE 15 08/98 Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Etude sur la sous-traitance européenne Daniel Coué 1. La mondialisation débridée des marchés La libéralisation des échanges mondiaux a ouvert de nouveaux et larges débouchés à l'industrie européenne, en faisant la première puissance commerciale mondiale, mais elle accroît du même coup les pressions concurrentielles et donne des armes aux donneurs d'ordres dans les négociations avec leurs fournisseurs. La pression sur les prix se fait d'autant plus forte que les possibilités de transfert de commandes vers les pays à bas salaires sont plus aisées. Il faut noter que les secteurs à faible niveau technologique ne sont plus les seuls menacés par cette tendance. Le développement des nouvelles techniques d'échanges de données informatiques ouvre la possibilité de transferts dans pratiquement tous les domaines (par exemple, dans le montage de cartes électroniques, dans la mécanique de précision, dans la réalisation de moules pour la plasturgie ou d'outillages de presse). La connaissance et l'expérience des hommes jouent un rôle de moins en moins important, car les savoir faire et l'intelligence se trouvent consignés dans les systèmes électroniques de commande des machines. Certains donneurs d'ordres n'hésitent pas à profiter de cette situation : à partir d’une première pièce ou d’une pré-série commandée à un fournisseur européen, ils confient la 41 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité réalisation des séries à un sous-traitant « exotique ». Ce comportement constitue un véritable vol par détournement de savoir-faire et dépossède les sous-traitants européens des seuls atouts qui leur restent face à la concurrence internationale. 2. Le système des prix objectifs La nécessité de renforcer leur compétitivité sur des marchés mondiaux de plus en plus concurrentiels incite les donneurs d'ordres à développer de nouvelles techniques d'achats. Auparavant, elles étaient basées sur le système des appels d'offres orientés vers la recherche et la sélection d'un « moins disant » ou d'un « mieux disant » en fonction d'un certain nombre de critères. Ce principe permet d'établir un « juste prix » correspondant aux prestations demandées. Dans ce système, l’initiative de la proposition des prix revient au vendeur et sert de régulateur entre l'offre et la demande. 2.3.3 La technique des « prix objectifs » a été adoptée par de grands groupes internationaux ; elle consiste à déterminer le prix d'achat maximum de chaque pièce ou sous ensemble par décomposition du prix de vente du produit final défini par les études de marketing. Le résultat, néfaste et dangereux, est double : • Le système autoritaire aboutit inévitablement à une pression à la baisse des prix. • Le vendeur est privé de toute initiative ; c’est l'acheteur qui affiche le prix et détermine la valeur des prestations. Dans ce type d'économie dirigée virtuelle, la libre formation des prix n'existe plus ; le risque de sclérose est important et pourrait se révéler préjudiciable au bon fonctionnement des marchés de sous-traitance et à la vitalité de l'industrie européenne. C'est un facteur de fuite d'activités, d'emplois et de technologies vers des régions où les entreprises peuvent systématiquement trouver des conditions de coûts d'exploitation inférieures aux coûts européens. Effectifs affectés à la production sous-traitée Effectifs affectés à la sous-traitance industrielle rapportés au nombre total d'employés dans l'industrie, par pays Pour apprécier l’importance globale du secteur de la sous-traitance en Europe (EU-15), il convient de rappeler que cette activité emploie plus de 4 millions de salariés, soit 9% de la population active employée dans l’industrie et, avec 362 M€ de chiffre d’affaires, c’est environ 14,6% de la production industrielle de l’Union européenne. 7,3% Royaume-Uni 7,4% Allemagne 9,2% Italie 10,1% France 13,3% Espagne 9,4% Autres 0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% 14% Parmi les pays européens, le Royaume-Uni et l’Allemagne sont peu dépendants de la sous-traitance. La France, avec un taux de 10,1% d’employés dans la sous-traitance, est fortement dépendante de cette activité, à un moindre degré, toutefois, que l’Espagne (13,2%) et subit, de ce fait, le plein effet des handicaps indiqués ci-dessus. Sources Nodal, d'après Eurostat & Midest, Daniel Coué, 2002 42 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité En France, le principal marché de la sous-traitance est l’automobile : en 2000, les secteurs spécialisés dans la sous-traitance ont réalisé un chiffre d’affaires de 70,8 M€, dont 58,1 (82%) pour les entreprises de Ventilation des activités des entreprises de sous-traitance plus de 20 salariés. Autres 21% Automobile 36% Aéronautique, armement 13% Construction électrique et électronique 15% 2.3.4 Chimie, pharmacie, industrie alimentaire 7% par secteurs clients Spécifiquement, la part de la transformation des matières plastiques sous-traitée s’élève à 8 M€ (14% de la sous-traitance). En 2000, le secteur automobile a représenté 36% de l'activité de la soustraitance, loin devant la construction électrique/électronique et l’aéronautique. Matériel ferroviaire et de travaux publics 8% Midest, Daniel Coué, 1999 Les risques de l’externalisation dans les PECO Le mouvement d’externalisation des plasturgistes dans les pays de l’Europe orientale et centrale ne fait qu’augmenter avec la perspective de l’entrée de ces pays dans l’Union européenne ; les allemands et les autrichiens n’ont qu’un pas à franchir pour retrouver, de l’autre côté de la frontière, une culture proche de Comparatif des salaires mensuels moyens la leur. Il en va de entre Union européenne et PECO même pour les italiens 185 Roumanie en Roumanie. Les français sont plus 260 Lettonie réticents, mais Paris 285 Slovaquie est plus proche de 300 Lituanie Varsovie que de la 430 Chine ! Hongrie 465 Le premier avantage République tchèque que les industriels 800 Pologne européens vont 1780 Union européenne chercher dans les 0 400 800 1200 1600 2000 Peco, ce sont, bien (valeurs en euros) évidemment, les coûts Sources Industries & Technologies, d'après UBI France et Dree, novembre 2002 salariaux qui peuvent être jusqu’à dix fois moins élevés que les coûts européens, avec une haute qualification du personnel ouvrier et cadre, mais une productivité moindre. Cet avantage doit être, toutefois, fortement modulé car l’écart de salaire diminue rapidement avec le niveau de compétences. En outre, l’entrée programmée des Peco dans l’Union européenne devrait atténuer cet écart. Il faut également noter que le coût des investissements, les machines et les robotisations notamment, est identique en France et dans les Peco ; aussi, pour une production très automatisée, l’avantage lié au coût de la main-d’œuvre peut devenir marginal par rapport à l’investissement. Enfin, une externalisation dans les Peco devra tenir compte d’inconvénients majeurs tels que délais de livraison aléatoires, qualité irrégulière, méthodes et organisation inférieures aux standards de l’ouest, manque de flexibilité. 43 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 2.4 Coût des investissements Selon l’étude KPMG citée plus haut, les coûts moyens d'investissement pour une entreprise de fabrication dans les pays européens, présentés ci-dessous sont largement supérieurs en Allemagne et au Royaume Uni qu'en France, Italie et Espagne. Cette observation s'explique en majeure partie par les coûts d'acquisition des terrains. Les coûts de construction, dans les pays indiqués, sont basés sur les coûts de construction d’installations industrielles clés en main. L’investissement initial comprend le coût d’achat du terrain sur lequel l’usine est construite, la propriété des installations industrielles, la construction des bâtiments, ainsi que les coûts d’investissement (outillage et équipements dont les coûts suivent, en règle Moyenne des coûts d'investissement de sept types générale, des cours d'entreprises de fabrication mondiaux). 15 833 16 000 4 167 14 583 12 500 12 083 2 917 1 667 12 000 3 750 (milliers d'euros) 2 917 8 000 2 083 8 750 4 000 8 750 C’est en Espagne et Italie que les coûts d’ensemble des implantations industrielles sont les plus bas. Vient ensuite, la France, assez proche de l’Italie. Le Royaume-Uni et l’Allemagne sont largement au-dessus. Il est intéressant de constater que, en France, c’est le coût des terrains qui représente le facteur différenciant. 833 8 750 11 542 1 750 1 667 8 750 1 042 8 750 0 Allemagne Royaume Uni Investissement constant Terrain France Construction Italie Espagne Source Nodal Consultants d'après KPMG, 2001 A titre de comparaison, il faut noter que le coût d’investissement correspondant aux Etats-Unis se situe à une valeur proche de celui de la France, le coût des terrains y étant légèrement supérieur à celui de la France, mais celui de la construction un peu inférieur. Au Japon, par contre, les coûts des terrains sont douze fois plus élevés qu’aux Etats-Unis et le coût de la construction près de trois fois plus élevé. • La France tient une position importante pour le nombre des installations plutôt que sur la valeur de ces implantations ; les plus stratégiques (centres décisionnels ou unités de R&D) se dirigent plus volontiers vers le Royaume-Uni ou l’Allemagne. Pour la première fois depuis 1997, les principaux pays d’Europe centrale et orientale (République tchèque, Hongrie, Pologne et Roumanie) dépassent, avec 281 implantations, le total de la France sur la même période (264 implantations, dont 159 industrielles et 105 tertiaires). • L’étude « Attractivité du site France »1 indique que la France demeure encore un site privilégié d’implantations industrielles avec 159 implantations en 2001, soit 16,9% du total des implantations européennes. Les secteurs d’activités sont liés aux logiciels, à l’automobile (+9%), à l’électronique, à la chimie et à la pharmacie (+18%). On note, toutefois, que : 1 Baromètre 2002 « Attractivité du site France », étude Ernst & Young, édition 2002 44 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 2.5 Coût du transport Les études sur le transport des produits industriels montrent que les produits du plastique sont majoritairement transportés par voie routière et, dans une moindre mesure, par voie maritime ou fluviale. Pour les entreprises de transformation des matières plastiques, l’importance relative des coût de transport s’établit à 14% des coûts totaux ; ce chiffre est à comparer avec les 9% pour les composants métalliques et les produits alimentaires, les 5% pour les pièces de précision ou les produits pharmaceutiques et le 1% pour les produits chimiques. Le handicap pour l’industrie de la plasturgie traduit par ces chiffres est lié à la nature même des produits transportés, à leur faible valeur ajoutée, jointe à leur encombrement important. Coût moyen des transports routiers de sept types d'entreprises manufacturières 400 (milliers d'euros) 400 300 290 285 280 280 250 200 L’Italie et le RoyaumeUni sont proches et devancent la France dont les coûts sont environ 40% plus élevés. A titre de comparaison, on notera que les coûts élevés du transport aux Etats-Unis et Canada sont représentatifs des longues distances que les marchandises doivent parcourir. Au Japon, les coûts élevés sont liés aux tarifs pratiqués pour les transports de voisinage. L’histogramme1 ci-dessous compare les coûts du transport routier nécessaire à la livraison des produits de l’industrie à ses marchés ; dans le calcul des coûts, on a donc tenu compte de l’éloignement de l’entreprise de ses marchés principaux. Les résultats de l’étude montrent que le coût du transport est fortement lié à ce dernier facteur ; en effet, les coûts de transport les plus bas sont observés aux Pays-Bas, suivis de près par ceux de l’Autriche et de l’Allemagne. 100 France Royaume Uni Italie Allemagne Espagne PECO Source Nodal Consultants, d'après KPMG, 2001 La situation difficile de la France est mise en avant par la Lettre du Transport et de la Logistique2 qui indique que « pour une même prestation, les prix pratiqués par les transporteurs routiers allemands du Bade-Wurtemberg sont inférieurs de 15 à 20% à ceux de leurs homologues alsaciens, situés sur l’autre rive du Rhin ». Les écarts de coûts observés seraient essentiellement dus, d’après cette étude, aux différences d’interprétation des réglementations sociales européennes relatives aux temps de travail. Chaque mois, pour un même coût salarial, le conducteur allemand effectue 1.200 à 1.800 km de plus que son homologue français. Ces résultats doivent être considérés comme un indicateur général des coûts de transport dans chaque pays pour l’industrie manufacturière et, notamment, pour celle de la transformation des plastiques qui est handicapée par la nature des produits transformés. Il convient toutefois de noter que cette comparaison doit être modulée en fonction des types de produits fabriqués ; l’impact du coût des transports sera, bien évidemment, plus faible pour des produits à haute valeur ajoutée (électricité et électronique, par exemple) que pour des produits de consommation courante, mais qui représentent les plus gros marchés des plasturgistes français. 1 2 Etude KPMG Lettre du Transport et de la Logistique, n°175 – 23 octobre 2002 45 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 2.6 Fiscalité des entreprises En Europe, le développement de la nouvelle économie, l'organisation en réseau et le commerce électronique permettent une re-localisation qui renforce la concurrence fiscale. La globalisation des marchés met les Etats en concurrence ce que certains pays ont immédiatement compris comme les hollandais et les belges qui ont eu une créativité fiscale compétitive exceptionnelle. Pour un chef d'entreprise, la France présente quelques avantages indéniables. La valeur ajoutée par personne y est une des meilleures du monde. Le handicap français se situe au plan de la fiscalité, tant pour les taux que pour les modalités. Si l'on veut garder en France les Etats-majors et les centres de décisions et attirer les industriels, le site français doit être attractif. Au-delà des taux d'imposition, la complexité du système est rebutante : le taux global de la fiscalité, la taxe professionnelle qui frappe les investissements et grève les coûts, l'impôt sur le revenu et les cotisations sociales élevées rendent difficiles le maintien des centres de production en France. Avec la loi sur la Evolution prévisible du positionnement de la fiscalité réduction des impôts des pays européens entre 2000 et 2003 adoptée par le parlement en juillet 2000, l’Allemagne a Royaume-Uni lancé un ambitieux Allemagne programme de réducEspagne tion des taux d’imposition sur les revenus Belgique avec pour objectif de Portugal faire passer le taux de prélèvement obligaItalie toire en-dessous de la France barre des 40% de la richesse nationale. 0 20 40 60 80 100 Pour les entreprises, Situation prévue en 2003 Situation en 2000 Etude Medef 2000, Les Nouveaux champions le plan prévoit un taux d'impôt sur les sociétés de 25 %, inférieur de douze points au taux français, une quasi-absence d'imposition sur les plus-values, une fiscalité du patrimoine moitié moins lourde qu'en France et un taux normal de TVA à 16 %. Pour réussir cette baisse, le gouvernement allemand a planifié près de 75 milliards d’euros d'économies budgétaires pour les quatre prochaines années. Cet effort considérable devait permettre à l’Allemagne de combler son écart de compétitivité fiscale qui la sépare du Royaume-Uni, voire des Etats-Unis. Mais un certain nombre d’événements sont venus contrarier ces projets. Les inondations, juste avant la réélection des partis soutenant le chancelier Schröder, ont été un premier motif pour retarder l’application de certains allègements fiscaux. L’examen de l’équilibre des retraites en est un autre pour accroître les cotisations sociales. De plus, dans le domaine de l’environnement, où l’on aurait pu espérer que les mesures « positives » d’incitation aux économies d’énergie et à la lutte contre le gaspillage, prendraient le pas sur les mesures dissuasives, il apparaît désormais que l’avenir passe par un développement des « éco-taxes ». Il est ainsi vraisemblable que l’ensemble des prélèvements obligatoires va progresser, et non pas se réduire, en dépit de la diminution de l’impôt. Avant ces évènements dont il est difficile d’anticiper les conséquences, l’étude du Medef à l’horizon 2003, d’après la comparaison européenne de sept impôts essentiels, montre que la France demeurera la lanterne rouge de l'Europe, même après les réformes en cours. Pour rester dans la compétition, la France n'a plus le choix : elle doit engager une réforme en profondeur de sa fiscalité. 46 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Le classement a été réalisé en établissant la moyenne de chaque Etat au regard de sept critères : impôt sur les sociétés, taxation des plus-values de cession de titres, impôt sur la fortune, droits de succession sur une entreprise, imposition des dividendes perçus par les personnes physiques, impôt sur le revenu, rémunération nette d'un salarié. Les impôts locaux sur les activités économiques ne sont pas pris en compte car leurs assiettes et leurs modes de calcul sont différents (les taux d'imposition retenus sont les taux en vigueur pour 2003 au terme de la réforme fiscale française, mais avant la mise en œuvre complète de la réforme allemande prévue pour 2005 ; pour les autres pays, ce sont les taux existants). La taxe professionnelle, facteur spécifique du handicap français La fiscalité française sur l’outil de production pèse sur les entreprises de plasturgie. Certes, de tels impôts, destinés à alimenter les recettes des collectivités locales, existent aussi chez les principaux concurrents de la France, mais les ordres de grandeur diffèrent. En France, la « taxe professionnelle », assise sur la valeur d’acquisition des immobilisations, pèse d’autant plus sur la plasturgie qu’elle s’applique à l’outillage de production (moules, filières d’extrusion, formes), dont la courte durée d’utilisation ne dépasse généralement pas celle d’un marché. Au delà du marché pour lequel il a été conçu, l’outillage perd toute valeur, mais doit être conservé pour servir en cas de reprise de séries, de séries complémentaires ou pour garantir un suivi de fabrication (cosmétologie, pharmacie, automobile, industries électriques et électroniques). Pourtant, cet outillage, inactif pendant de longues années, continue de supporter la taxe. C’est pourquoi, bien souvent, les sous-traitants de la plasturgie essaient de faire passer ces acquisitions d’outillage spécifique dans les actifs de leurs donneurs d’ordres, mais, alors, ils risquent de perdre la maîtrise de leur outil et, à terme, celle de leurs marges, car le client peut très bien confier l’outil à la concurrence. Les tentatives de réforme de la taxe professionnelle, pour corriger son caractère anti-économique, ont tourné court ou furent suivies d’un retour en arrière, comme ce fut le cas après que les collectivités locales aient constaté le manque à gagner résultant de la prise en compte, lors d’un rachat ou d’une fusion, de la « valeur de rachat » au lieu de la valeur d’acquisition de l’équipement dans l’assiette de la taxe. Du côté des donneurs d’ordre, la mondialisation et la mode de la « valeur pour l’actionnaire » ont entraîné une plus grande réticence à accepter de faire entrer les outillages dans leurs propres actifs. Ce n’est donc que lorsqu’il y voit un avantage stratégique, notamment celui de pouvoir plus aisément changer de fournisseur, que le donneur d’ordre prendra en charge l’outillage, avec les conséquences fiscales liées, mais là encore, le plasturgiste français perdra de son potentiel compétitif. L’Allemagne se dirige vers une croissance zéro Depuis la parution de l’étude du Medef, début 2002, la situation a bien changée en Allemagne. Elle semble condamnée à une croissance pratiquement nulle pendant plusieurs mois compte tenu de la dégradation du climat des affaires observée en novembre qui intervient sur fond de hausses d’impôts multiples pour tenter de réduire les déficits. Les commandes manufacturières étrangères ont chuté de 2,7% au 3ème trimestre 2002 par rapport au second ; la croissance pourrait être zéro pour l’ensemble de l’économie, négative pour l’industrie. … et au Royaume-Uni Dans le contexte déprimé actuel, l’économie du Royaume-Uni est celle qui croît le plus vite au taux le plus élevé de tous les pays développés : 0,8% au troisième trimestre 2002 ; le taux de chômage y est inférieur à ceux des Etats-Unis, du Japon et des pays de la zone euro. Cependant, le gouvernement travailliste s’est engagé à moderniser les services publics et les économistes s’interrogent sur sa capacité à financer ces investissements sans une hausse de la pression fiscale. L’Institut national de la recherche économique et sociale estime qu’il devra accroître les impôts de 20 milliards de livres à l’horizon 2006 s’il veut équilibrer les comptes de la nation. D’après Le Figaro du 20 novembre 2002 47 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 2.7 Synthèse des contraintes structurelles nationales L’analyse des six facteurs de compétitivité nationale – qui pourraient, également, s’exprimer en termes d’attractivité pour les investisseurs étrangers – permet de brosser un tableau assez contrasté de la position de la France face à ses principaux concurrents européens. 1. Coûts de main-d’œuvre : la France a une position favorable en ce qui concerne les coûts des salaires, mais cet avantage est annulé par le coût des charges sociales ; les coûts les plus élevés sont observés aux Etats-Unis et au Japon, tandis que les PECO bénéficient–pour combien de temps encore – d’une situation très favorable. 2. Délais de paiement : la France cumule délais de paiement élevés et retards de paiement ; les habitudes sont telles que l’on constate un allongement des délais plutôt qu’un raccourcissement, malgré les règles édictés par l’Union européenne. Les pays anglo-saxons et le Japon ont des habitudes, dans ce domaine, beaucoup moins laxistes que les pays méditerranéens. 3. Externalisation & sous-traitance : la position de la France est directement affectée par le poids de la sous-traitance – notamment, en direction du marché automobile - qui représente une part importante de l’activité du secteur. L’Espagne demeure le principal destinataire de l’activité de sous-traitance, tandis que le Royaume-Uni n’affecte que 7,3% de sa population active à la sous-traitance. 4. Coût des investissements : la France demeure encore un site privilégié d’investissement en raison, surtout, du faible coût des terrains, mais elle perd des places, au profit du RoyaumeUni, en matière de centres de décision et d’unités de R&D. 5. Coût des transports : pour diverses raisons, dont l’éloignement de ses marchés, la France a une très mauvaise position en matière de coût des transports ; le coût des salaires et la législation du travail (effet des 35 heures ?) ne sont sans doute pas étrangers à cette situation. Il faut toutefois noter que l’Allemagne semble interpréter d’une manière plus souple les directives sociales européennes relatives au temps de travail. France Allemagne Espagne Italie UK PECO USA Japon 6. Fiscalité des entreprises : dans ce domaine encore, la France, malgré ses efforts, reste la « lanterne rouge » de l’Europe en matière de compétitivité fiscale ; proche de l’Allemagne en 2000, les efforts de ce pays devrait accentuer l’écart à l’horizon 2005. 1 Coût main d'œuvre, -1 -1 +2 +1 +1 +2 -2 -2 2 Délais de paiement -1 +2 -1 -2 +2 -2 +1 +1 3 Dépendance de la sous-traitance -1 +1 -2 -1 +1 -2 +2 +2 4 Coûts des investissements +1 -1 +2 +1 -1 +2 -2 -2 5 Coût du transport -1 +1 +2 +1 -1 +2 -2 -2 6 Fiscalité des entreprises -1 -2 +1 +1 +2 +2 -1 -2 Indicateurs des contraintes structurelles nationales Sources Nodal Consultants, 2002 En matière de contraintes structurelles nationales, la France est très désavantagée par le coût des transports, dont elle n’est pas entièrement maîtresse (effet de la distance des marchés) et par sa fiscalité dont la situation va s’aggraver, en position relative, au cours des années à venir. 48 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS THEME 2 : POIDS DE LA PROFESSION 3 Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 3.1 Chiffre d'affaires de la plasturgie CA en millions d'euros En 2000, la France ocChiffre d'affaires de la plasturgie, par pays, en 2000 cupe la second position européenne en chiffre 50 000 d’affaires de la plasturgie, avec 24 milliards d’euros, 42 093 40 000 loin derrière l'Allemagne (42 milliards), mais avant 30 000 tous les autres pays euro24 390 péens. Elle a le quatrième 23 392 20 000 rang mondial derrière les 17 517 Etats-Unis avec plus de 10 000 10 365 200 milliards d’euros et le Japon avec 109 milliards 0 d’euros de chiffre d'afAllemagne France Royaume Uni Italie Espagne faires. Les 5 pays européens de la cible réalisent ensemble un chiffre d’affaires de 117 milliards d’euros, équivalent à celui du Japon. Sources Fédération de la Plasturgie, 2002 Pour sa part, la France a Evolution du chiffre d'affaires de la plasturgie française réalisé une croissance de 39% entre 1996 et 2001, soit une croissance annu2001 elle moyenne de 8,6%, pour atteindre 25,6 mil2000 liards d’euros en 2001, comparable à la crois1999 sance italienne de 8,7%. Mais ces bons chiffres ne 1998 doivent pas cacher le ralentissement observé 1997 depuis 1999 et l’écart important de croissance 0 10 20 (CA en milliards d'euros) observé face au Royaume-Uni (11,%) et à l’Espagne (10,3%). La croissance allemande est la plus faible avec 5,4% annuelle. 25,6 24,39 21,65 20,43 18,6 Tableau 3-1 : Evolution 1996/2000 du chiffre d’affaires de la plasturgie (en millions d’euros Allemagne France Royaume Uni Italie Espagne 1996 30 Sources Fédération de la Plasturgie 2002 2000 Taux 2000/1996 Croissance annuelle 5,4% 34 149 42 083 23,2% 8,6% 17 532 24 390 39,1% 11.6% 15 092 23 392 55,0% 8,7% 12 566 17 517 39,4% 10.3% 7 013 10 365 47,8% Sources Fédération de la Plasturgie et estimations Nodal 49 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS 3.2 La plasturgie dans l’emploi industriel Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Nombre d'employés Bien que second Evolution de l'emploi dans la plasturgie trans-formateur de 300 000 matériaux plastiques en Europe, la France se situe au 3ème rang pour le nombre 200 000 d’employés, loin derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni ; ce décalage entre chiffre 100 000 d’affaires et nombre d’employés traduit la bonne productivité des salariés français 0 dans la plasturgie, 1995 1996 1997 1998 1999 mais cet écart peut également s’expliquer par la différence de nature des produits transformés. Allemagne Royaume-Uni France Italie Espagne 2000 Sources Eurostat 2002 L’Allemagne est le seul pays à avoir perdu des emplois dans la plasturgie entre 1996 et 1999, date à laquelle elle a atteint, de nouveau, son niveau de 1995. Dans l’ensemble, l’emploi dans la plasturgie y est particulièrement stable, malgré les augmentations sensibles de la production. En France, comme en Italie et en Espagne, l’emploi évolue régulièrement, d’une manière comparable à celle de la production. Ce n’est pas le cas au Royaume-Uni où l’on constate une dégradation sensible de la productivité : l’emploi augmente plus rapidement que la production. Les Etats-Unis ont une place largement dominante avec 1,4 millions d’employés, c’est à dire plus que toute l’Union européenne (1,3 millions d’employés). Le Japon emploie 448 000 salariés. Le rapport du nombre d’employés de la trans-formation de la plasturgie par rapport à la population active permet de mesurer l’importance de cette industrie dans le tissu industriel. Dans ce secteur, la France emploie moins de main d’œuvre que l’Allemagne et le Royaume Uni, à un niveau proche de celui de l’Italie. Part des salariés de la plasturgie dans la population active 6,9 6,4 5,6 5,5 5,0 4,3 3,0 Allemagne Royaume Uni France Italie Espagne Source Nodal, d'après Eurostat & OCDE, 1999 en ‰ de la population active 7,0 La plasturgie française emploie 150 000 salariés en 2001, ce qui représente près de 5,8‰ de la population active française. L’effectif global de la profession est en constante progression depuis 5 ans (+25%). Des évolutions similaires sont observées dans les autres pays européens, caractéristique de ce secteur en plein développement. 50 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 3.3 Contribution de la plasturgie au produit intérieur brut En moyenne, dans les pays de l’Union européenne des 15, la plasturgie participe pour 5,5‰ à la formation du PIB européen. Les pays méditerranéens, France (5‰), Espagne (4,3‰) et Italie (4‰) se situent dans une fourchette basse, en dessous de la moyenne européenne ; l’Allemagne (7,7‰) et le Royaume-Uni (7,4‰) sont largement au-dessus Les Etats-Unis et le Japon présentent des valeurs très proches de celles de la France, avec respectivement 5,1‰ et 5,7‰. Cet indicateur mesure la capacité du secteur à transformer du chiffre d’affaires en valeur ajoutée ; il mesure l’enjeu de cette industrie en termes d’emplois et la participation du secteur dans l’économie nationale. Il donne, également, une mesure de la densité du marché national et caractérise l’existence de donneurs d’ordres d’une certaine taille qui intègrent les produits de la transformation dans des produits finis (par exemple, en Allemagne, l’électroménager et le bâtiment). Au vu de ces valeurs, on peut estimer que les industries de la plasturgie en Allemagne et au Royaume-Uni produisent, globalement, des pièces à plus forte valeur ajoutée que celles des autres pays européens. 51 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 3.4 Consommation apparente de matières plastiques Ecarts entre production et consommation apparente 3 000 2 470 2 000 1 391 1 098 1 030 1 000 Entre 1998 et 1999, la consommation apparente n’augmente que très peu en Allemagne (+4%) et en France (+1%), et diminue dans les autres pays. En volume, l’Allemagne et la France produisent plus de matières plastiques qu’elles n’en consomment, contrairement à leurs homologues italiens, espagnols et britanniques. La consommation apEvolution de la consommation apparente (en milliers de tonnes) parente de matières plastiques en tonnage 12 070 est égale à la producAllemagne 11 630 tion totale augmentée 6 325 de l’importation et Italie 6 585 diminuée de 4 530 l’exportation ; elle Royaume-Uni 4 638 donne une estimation du marché intérieur 3 573 Espagne 1999 1998 3 922 inter-industriel (B to B) et du marché grand 4 902 France 4 859 public (B to C), mais elle ne tient pas 0 4 000 8 000 12 000 16 000 compte de la producMilliers de tonnes Sources EuPC, Economic report 2001 tion intégrée, autoconsommée par certains secteurs industriels comme l’automobile ou l’électroménager. La consommation apparente de la France vient en 3ème position, après celles de l’Allemagne et de l’Italie, et devant celles de l’Espagne et du Royaume-Uni. 0 (1 000) (313) 1998 (443) 1999 (2 000) (2 430) (2 675) (2 089) (1 906) (3 000) France Allemagne Italie Espagne Royaume-Uni (en milliers de tonnes) Sources EuPC, Economic Report 2001 Tableau 3-2 : Consommation apparente des principaux pays européens en tonnage Production France Allemagne Italie Espagne Royaume-Uni 1999 6 250 14 100 3 910 3 479 2 732 1998 6 000 13 100 3 895 3 260 2 441 Import 1999 3 621 6 000 4 175 2 379 3 273 1998 3 499 6 280 3 885 1 965 3 297 52 Consommation Apparente 1999 1998 1999 1998 5 012 4 597 4 859 4 902 8 470 7 310 11 630 12 070 1 500 1 455 6 585 6 325 1 936 1 652 3 922 3 573 1 367 1 208 4 638 4 530 Sources Nodal Consultants, d’après Eurostat 2000 Export MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 3.5 Synthèse du poids de la profession L’analyse des quatre facteurs mesurant le poids de la profession donne une image assez claire de l’importance de la profession dans les 5 pays concernés par l’étude. 1. Chiffre d’affaires de la plasturgie : la France a la seconde place en Europe, derrière l’Allemagne, mais elle est talonnée par le Royaume-Uni dont la croissance en 1999/2000 l’a dangereusement rapproché de la France. 2. La plasturgie dans l’emploi industriel : la France n’a pas une place dominante dans ce domaine, mais elle semble mieux équilibrée que celle de ses homologues, en particulier par rapport au Royaume-Uni. 3. Contribution de la plasturgie au produit intérieur brut (PIB) : la France se situe dans la moyenne des pays développés, mais largement dépassée par l’Allemagne et le Royaume-Uni. France Allemagne Espagne Italie UK PECO USA Japon 4. Consommation apparente de matières plastiques : la plasturgie n’est pas encore une industrie très bien implantée en France, comparée à la place qu’elle occupe en Allemagne. 1 Chiffre d’affaires de la plasturgie +1 +1 -2 -1 -1 -2 +2 +2 2 Part de la plasturgie dans l’emploi +1 +2 -2 -1 +1 -2 +2 -1 3 Contribution de la plasturgie au PIB -1 +2 -1 -2 +2 -2 +1 +1 +1 +2 -1 -1 -2 -2 +2 +1 Indicateurs du poids de la profession 4 Consommation de matières plastiques Sources Nodal Consultants, novembre 2002 Sans avoir une excellente position, le poids de la plasturgie en France se situe au second rang en Europe, loin derrière l’Allemagne. 53 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS THEME 3 : STRUCTURE DE LA FILIERE 4 Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 4.1 Influence de la structure de la filière 4.1.1 Répartition des établissements selon leur effectif Le tissu économique Répartition des établissements du secteur en fonction de leur effectif de la plasturgie française est caractérisé France par une grande dispersion des sites in- Royaume Uni dustriels ; il est comAllemagne posé de nombreuses Italie PME de taille réduite, Espagne souvent inférieure à 100 employés et qui, en outre, disposent de Japon > à 499 employés plusieurs sites. 96% Etats-Unis des établissements de 0% 20% 40% 60% 80% 100% la plasturgie française Source Estimations Nodal & Economic Report EuPC, 2001 comptent moins de 250 employés en 2001 et emploient 68% des salariés. L’industrie de la plasturgie est plus concentrée en Allemagne (presque 50% des entreprises ont plus de 50 employés) qu’en France. de 10 à 49 employés de 1 à 9 employés 50 à 99 employés 100 à 499 employés Tableau 3-3 : Structure des établissement du secteur par tranche de nombre d’employés 1à9 3 440 16 952 4 960 7 531 Etats-Unis Japon 10 à 49 Espagne Italie Allemagne Royaume Uni France 3 096 3 445 83 4 575 1 844 656 1 007 1 247 759 1 655 50 à 99 100 à 499 3 344 1 102 108 477 568 361 344 3 680 656 Plus de 499 576 26 Nombre moyen 16 000 88 26 267 17 Total 3 860 18 318 53 5 300 24 790 83 2 771 100 283 42 6 020 31 335 13 4 190 35 Sources EuPC Economic Report, 2001 Le marché étant désormais européen ou mondial, la majorité des entreprises françaises n'ont pas la taille critique suffisante pour permettre une bonne projection internationale (le nombre moyen d’employés dans les établissements françaises est de 35 salariés), principalement par rapport à son concurrent européen l'Allemagne (en moyenne 100 employés par établissement) qui présente beaucoup plus de grandes entreprises. De plus, l'entrée en phase de maturité du marché européen de la plasturgie impose des investissements de R&D importants qui deviennent trop lourds pour pouvoir être assumés par de petites structures. Les entreprises françaises risquent donc, à terme, de souffrir de l'absence d’avantage concurrentiel du fait de l'impossibilité de développer des programmes de R&D suffisants. Afin de pouvoir survivre, les entreprises françaises sont désormais dans l'obligation de recourir aux partenariats et collaborations inter-entreprises ou de réaliser des fusions. Cette structure morcelée est caractéristique de l’absence de leaders dans la profession plasturgie en France. Le Royaume-Uni présente un réservoir de jeunes entreprises (près de 80% des établissements ont moins de 10 salariés et une taille moyenne de 31 employés par entreprise). Cette structure est très 54 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 4.1.2 comparable à celle de l’industrie au Japon, Nombre moyen d'employés par établissement mais le nombre moyen d’employés 17 Japon dans ce dernier pays 88 Etats-Unis est très faible, de l’ordre de 17 employés par entreprise. 18 Espagne Deux stratégies peu24 Italie vent expliquer cette 31 structure : d'une part, Royaume Uni l’externalisation des 100 Allemagne tâches est une prati35 France que fréquente au Royaume-Uni. Les 0 40 80 120 entreprises de moins Nombre moyen d'employés par établissement Sources Plasturgie Monde 1999, EuPC, CIPAD de 10 salariés seraient donc maintenue « artificiellement en vie » par les donneurs d'ordre qui ont tout pouvoir. D'autre part, il semble que dès que ces sociétés atteignent une certaine maturité, elles sont aussitôt cédées aux grands groupes du secteur par les capitaux-risqueurs qui avaient initialement investi dans ces jeunes sociétés innovantes. Poids des leaders dans la « profession » En France, la taille Nombre moyen d'employés par entreprise moyenne des entre(entreprises de plus de 20 salariés) prises se situait à 96 employés entre 1995 20 et 1999 ; il s’est accru Espagne en 2000 et 2001 pour 55 atteindre 109 emItalie ployés. L’Espagne reste handicapée par France la faible taille de ses entreprises, mais il Royaume-Uni faut noter que nombre d’entre elles ne dispoAllemagne sent que d’un seul site, ce qui n’est pas 0 40 80 le cas en France où le Nombre moyen d'employés nombre moyen d’employés par établissement tombe à environ 35. 96 99 117 120 Sources Eurostat En Allemagne, ces deux valeurs sont relativement plus proches, puisqu’elles sont respectivement de 101 employés par établissement et de 117 par entreprises. Selon Eurostat, l'Allemagne n’a qu’un nombre très limité de petits entreprises de moins de 10 salariés. Hormis le fait que les statistiques allemandes négligent souvent de prendre en compte les établissements de moins de 20 employés, il semble qu'en Allemagne, par rapport aux autres pays européens, il ne se crée plus de jeunes entreprises innovantes ; l’explication pourrait en être que le secteur de la plasturgie allemande est entré en phase de maturité, ce qui est révélé par le nombre important d'entreprises de plus de 100 salariés, résultat d’une concentration déjà bien avancée, mais qui peut également receler, à terme, une certaine faiblesse. 55 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Bien que les entreprises de la plasturgie en France et au Royaume-Uni soient beaucoup moins concentrées que leurs homologues en Allemagne et, surtout, aux Etats-Unis, ces trois derniers pays disposent, par rapport à la France, d’un nombre important de leaders dans la profession. En France, en 1999, le total des entreprises de plus de 500 salariés n’était que de 24 entreprises, dont 9 de plus de 1.000 salariés ; et encore, les deux plus importantes ne réunissaient, pour Visteon que 2.326 employés et pour Allibert Industries 2.999. Par ailleurs, les 14 plus importantes entreprises françaises de plasturgie ne réalisent, ensemble, que 12% du chiffre d’affaires de la profession. Tableau 3-4 : Structure des entreprises françaises de 20 salariés et plus en France Entreprises de plus de 20 salariés 4.1.3 2001 2000 1999 Nombre d'employés 148 384 144 384 134 692 Nombre d'entreprises 1.372 1.322 1.280 Employés par entreprises 109 108 105 Sources SESSI 2000 Implication des producteurs matières premières Les transformateurs n’ont aucune alternative de substitution de matériau et sont donc contraints de subir de plein fouet la « loi » des producteurs et les fluctuations du prix de la matière première qu’ils utilisent. Toutefois, ce jugement doit être nuancé en fonction des matériaux utilisés ; en effet, parmi les producteurs de matières premières, il faut distinguer entre les pétrochimistes, producteurs de résines courantes (polyoléfines, vinyliques, styréniques) à caractère très spéculatif, et les chimistes (Solvay, DSM, Dupont) qui produisent les matériaux techniques ou spéciaux. Le secteur de la fabrication des matières plastiques est fortement concentré ; 13 entreprises de plus de 250 salariés réalisent plus de 60% du chiffre d’affaires sectoriel et emploient près de 58% des effectifs, mais leur implication dans l’aval de la filière apparaît relativement faible et la tendance à long terme de leur stratégie est de se désengager de la transformation. Au contraire, les seconds conservent une activité importante dans la transformation. La globalisation des échanges offre aussi quelques surprises dans les politiques de prix pratiquées par les fournisseurs de matières premières. Les écarts de prix entre les régions peuvent atteindre plus de 30% ; par exemple, le PEhd vendu en Chine, par un même producteur, a été, à certaines époques récentes, de près de 30% moins élevé que le même matériau vendu en Europe. L’exemple de Solvay Récemment, Solvay a cédé BP Amoco sa production de polyoléfines (100% du polypropylène et 50% du polyéthylène) ; en échange, Solvay a acquis l’ensemble des polymères d’engineering (ou hautes performances) d’Amoco et vient de racheter tous les polymères fluorés d’Ausimont qui appartenait au groupe Edison (ex-Montedison). Avec ces acquisitions, Solvay devient le numéro 2 mondial, après Dupont, pour les polymères fluorés. L’activité de transformation de Solvay représente 20% de son chiffre d’affaires ; elle se développe sur des créneaux très ciblés, toujours en « joint venture » avec des partenaires qui sont eux-mêmes parmi les leaders de leur secteur : Les réservoirs d’essence, réalisés en extrusion-soufflage de multicouches de PE et de polymères fluorés (7 couches pour une épaisseur de 2 mm). Ces équipements sont réalisés dans le cadre d’une JV, Inergy, avec Plastic Omnium qui était déjà le numéro 2 du secteur : Inergy est aujourd’hui le leader mondial de ce marché avec 40% de parts de marché. Les sites Inergy sont systématiquement installés à proximité des sites de production des automobiles (en particulier en Allemagne et dans les PECO) ; La fabrication de feuilles industrielles destinées aux piscines et à la construction industrielle ; • • 56 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS • Les feuilles PVC à usage médical, destinées à la fabrication de poches à sang, d’équipements de dialyse ; ce secteur, qui ne représente qu’une faible part du chiffre d’affaires de Solvay, est à très haute valeur ajoutée dans la mesure où ces produits exigent une très grande pureté, exempte de tous défauts de surface et, par conséquent, demandent une très grande technicité ; Depuis 1989, les tuyaux PVC sont fabriqués par une JV entre Solvay et Wienerberger (Autriche). • Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Sources Nodal, juin 2002 En France, les deux seules entreprises membres de l’APME (Association of Plastics Manufacturers in Europe) sont TotalFina Elf et Rhodia ; le premier est un pétrochimiste peu impliqué dans la transformation, malgré l’importance stratégique de ses deux filiales Atofina et Cray Valley qui sont des producteurs de matières premières et non des transformateurs. Atofina s’est au reste récemment désengagé de Soplaril qui est passée chez Péchiney. Cray Valley, chimiste, développe une stratégie de producteur de matières premières. 4.1.4 En comparaison, dans les filières papier-carton ou textile, voire la métallurgie, les producteurs de matières premières sont impliquées dans l’ensemble de la filière. Dans la plasturgie, les chimistes, producteurs de matières premières, sont moins impliqués dans l’aval de la filière. Aussi, la filière ne dispose pas de force structurante. Implication des donneurs d'ordre Dans les relations, de plus en plus inégales, entre donneurs d’ordres et transformateurs, les soustraitants des industries automobile et électrique/électronique risquent de perdre le contrôle, à la fois, du choix des matières premières utilisées (celui-ci est fait en aval, par le donneur d’ordres, qui peut ainsi conserver un droit de regard sur l’ensemble du processus de fabrication) et sur les contrats d’approvisionnement de matières premières qui sont de plus en plus souvent négociés directement par le donneur d’ordres lequel s’assure ainsi un meilleur contrôle des coûts ; la marge de manœuvre des transformateurs dans le choix de leur fournisseur et du coût de leurs approvisionnement est réduite à sa plus simple expression (cf. Albys-Bayer et le Groupe Arnaud). Les donneurs d’ordres exigent de leurs sous-traitants plasturgistes le respect de cahiers des charges de plus en plus lourds et complexes et répercutent l’ensemble des contraintes sécuritaires, réglementaires et de maîtrise de la qualité sur les plasturgistes. (L’Oréal) : • Les prototypes des produits finals doivent être agréés par le donneurs d’ordre, • La marge d’initiative des plasturgistes est limitée pour la conception du produit, • La matière première est, bien souvent, choisie – voire fournie - par le donneur d’ordre (les donneurs d’ordres se basent sur l’index Plast pour fixer le prix des matière premières). Au cours des dernières années, les grands donneurs d’ordre, tout en cherchant à conserver une certaine diversité de tailles, ont réduit le nombre de leurs fournisseurs, mais au delà de la taille critique permettant au fournisseur d’être implanté dans plusieurs pays afin de pouvoir répondre à une demande mondiale. Ils reconnaissent les qualités d’innovation, de flexibilité et de réactivité de nombreuses PME, mais estiment que le « turn-over » des dirigeants des grands transformateurs rend difficile le développement de relations de partenariat, basées sur des stratégies de services. Ils souhaitent susciter l’établissement de partenariats entre PME de même métier, comme les accords commerciaux sur quelques niches technologiques existent en Allemagne et au Royaume-Uni. La dynamique de spécialisation s’impose à l’ensemble de la plasturgie ; soucieux de ne pas disperser leurs forces, les leaders accentuent leur recentrage sur les marchés phares. Une envergure mondiale est plus que jamais nécessaire pour décrocher les contrats auprès des grands donneurs d’ordre, notamment dans le domaine des pièces techniques ou dans celui de l’emballage. Le poids des groupes de la plasturgie française est amené à se renforcer face à la pression offensive des plasturgistes américains. Les transformateurs souhaitent, également, se développer pour atteindre une taille critique pour augmenter leur capacité de négociation auprès des donneurs d’ordre. 57 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Au cours des dernières années, le secteur de l’équipement automobile français a été marqué par de profonds bouleversements concernant son organisation, sa gestion et sa structure, avec, notamment, un nombre important de cessions et d’acquisitions. La relation constructeur-équipementier a beaucoup évolué, passant du stade de relation de sous-traitance à celui de partenariat ; mais ce nouveau type de relation entre constructeurs et équipementiers, sous-traitants de 1er rang, se rencontre beaucoup moins souvent dans les relations entre sous-traitants de second rang et équipementiers. Au contraire, de plus en plus, les PME perdent le contact avec les constructeurs et deviennent des fournisseurs de second rang. Aussi, un effort important devrait-il être réalisé de la part des équipementiers pour transcrire dans leurs relations avec les plasturgistes de nouvelles relations de partenariat. Les donneurs d’ordres souhaitent que les transformateurs se positionnent en amont de la filière afin d’éviter les problèmes qui peuvent survenir pendant le développement de la pièce plastique. Ce qui rejoint la stratégie développée par certains transformateurs qui tentent de se positionner comme développeurs, par la création d’une cellule de développement (La Précision Plastique) en partenariat avec le client, ou comme co-designer : un échange sur la conception du produit peut être envisagé entre les plasturgistes et les donneurs d’ordres (L’Oréal). Toutefois, cette analyse ne rend pas entièrement compte des relations entre plasturgistes et donneurs d’ordre dans la mesure où les informations ne tiennent pas compte du niveau important d’intégration aval des sous-traitants de 1er rang, voire des donneurs d’ordres. Des accords entre fournisseurs de matières premières et transformateurs En Belgique, les compounders et les transformateurs se sont entendu avec les fabricants de matières premières pour fixer leurs prix par référence, notamment, à l’index Harryman (indique le prix moyen du PVC et reflète les variations du marché) et à répercuter les variations aux donneurs d’ordres ; les transformateurs utilisent assez fréquemment les achats groupés. Sources Nodal, juin 2002 Dépôts de bilan chez les plasturgistes Après Neyr, sauvé par le monégasque Mécaplast en juillet 2002, la filière plastique française connaît trois dépôts de bilan en 2 mois : Moll Europe, puis Péguform et, enfin, Aries. Profil type des malades : plasturgistes de taille intermédiaire, sous-traitants de 1er rang de l’industrie automobile (Aries est l’une des grosses entreprises du secteur avec 290 millions € de chiffre d’affaires en 2002, dont 60% en direct avec Renault ou PSA). Ces dépôts de bilan illustrent la difficulté de travailler avec les constructeurs automobiles : d’un côté, la pression incessante sur les prix, imposée par les constructeurs, de l’autre, les transferts de compétences qui ont poussé les sous-traitants à investir pour élargir leurs prestations (études, développement, intégration de fonctions). « Le besoin de fonds de roulement moyen a doublé en un an, tandis que la rentabilité est tout juste au-dessus de zéro » annonce Jean-Luc Brillanceau, délégué général du GPA (Groupement de la Plasturgie Automobile). Pourtant le chiffre d’affaires respecte à peu près le budget prévu, mais les entreprises sont obligées de se financer sur fonds propres, déjà fortement réduits. En 5 ans, Aries n’a obtenu que 9,15 millions € de financements bancaires pour 64,5 millions € d’investissements ; la prise de nouveaux marchés a obligé cette entreprise à investir 23 millions € l’an dernier et 12 millions cette année. Les fournisseurs de matières premières, méfiants, exigent le paiement comptant. Mais les plasturgistes ont commis des erreurs : politique d’expansion internationale imprudente, course à la taille, concurrence acharnée sur les mêmes marchés. Pour rester en lice, les sous-traitants doivent se rendre indispensables à leur clients, mais il est peu probable que les constructeurs revoient leur politique d’achat, sauf à assurer la pérennité de fournisseurs considérés comme stratégiques parce qu’ils évitent de laisser le champ libre au monopole d’un autre fournisseur. D’après L’Usine Nouvelle – n°2850 du 5 décembre 2002. 58 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Les moules Les moules et les équipements de production associés sont les principaux outils nécessaires à l’industrie de la plasturgie et les performances de ces machines (vitesse de changement de moules, réglage) conditionnent, en grande partie la productivité des plasturgistes. Répartition de la production de moules pour plastiques en Europe 4,5% Espagne 5,1% Portugal 12,7% Italie 16,5% Royaume Uni 23,5% France Allemagne 0% 4.2.1 4.2 Equipement des moules et outillage 10% 20% 30,2% 30% Les moules représentent donc un investissement indispensable et une immobilisation considérable dans le bilan des plasturgistes. L’amélioration du retour sur investissement ne peut donc se faire, pour les pièces simples, que sur les quantités produites et par l’amélioration des marges de production pour les pièces de plus en plus techniques. Les moules sont Sources Sessi, 1999 généralement produits à façon ou en très petites séries. Ils sont dédiés à une application spécifique et à un seul produit. A chaque nouvelle production, l’acquisition d’un nouveau moule est nécessaire. Les prix sont très élevés, entre 20 000 € pour des moules simples pour de petites pièces et jusqu’à 500.000 € pour de grandes pièces techniques telles que des pare-chocs. L’acquisition d’un moule est rendue onéreuse du fait de la part importante de main d’œuvre dans le coût du moule (près de 80%). Une fois la production en série de la pièce terminée, le moule ne peut être réutilisé ; il est stocké en attente. Or, la durée de vie des produits sur les marchés des plastiques transformés se réduisent fortement en raison des exigences croissantes de renouvellement des consommateurs finaux et les séries produites sont de plus en plus courtes ; pour les plasturgistes, la conséquence immédiate est la difficulté croissante d’amortir leurs investissements. 59 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS 4.2.2 Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Les équipements annexes Le secteur des machines et des équipements périphériques pour la transformation devrait constituer un levier d’amélioration de la compétitivité de la plasturgie française. La réactivité des plasturgistes pour mettre sur le marché de nouvelles pièces plastiques procure un avantage concurrentiel majeur grâce à l’amélioration du volume de pièces produites. Le développement du prototypage rapide et la CAO permettent des gains considérables de productivité (entre 25% et 70% de gain de coûts) et de délais (entre 25% et 60% des délais). L’acquisition rapide de ces outils permettra aux plasturgistes français de pouvoir être beaucoup plus réactifs face à la concurrence et leur permettra de se différencier et ainsi d’améliorer leurs marges. L’industrie française des machines pour la transformation du plastique a pratiquement disparu. Par ailleurs, les rares constructeurs de machines encore présents en France, tels Clextral et Deka, doivent souvent, pour la fourniture des périphériques nécessaires au fonctionnement de leurs machines, faire appel à des sous-traitants allemands ou italiens avec lesquels il est plus difficile de faire jouer des synergies commerciales, et de bénéficier d’une certaine complémentarité et d’un échange d’informations. 4.3 Synthèse de la structure de la filière 1. Influence de la structure de la filière : la France est handicapée par l’absence de leaders dans la profession et par le poids excessif des donneurs d’ordres sur les transformateurs ; sa position pourrait s’améliorer si la profession exploitait d’une manière plus efficace son poids tant auprès des grands donneurs d’ordres que des fournisseurs de matières premières. 2. Moules et outillages des plasturgistes : la position française, bonne pour les moules, est très mauvaise pour les machines et équipements périphériques dont toute l’industrie a disparu, alors que la position italienne est inversée. Allemagne Espagne Italie UK PECO USA Japon 1 Influence de la structure de la filière +1 +2 -1 +1 -2 -2 +2 -1 2 Moules et outillages des plasturgistes +1 +2 -1 +2 -2 -2 +1 -1 France Tableau 3-5 : Structure de la filière Indicateurs de la structure de la filière 60 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS THEME 4 : PERFORMANCES DE LA PLASTURGIE 5 Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 5.1 Chiffre d'affaires par entreprise (CA par entreeprise en millions d'euros) Le chiffre d'affaire réalisé par entreprise de plasturgie est relativement stable depuis 1995 pour les entreprises allemandes et italiennes. Les entreprises du Royaume-Uni ont connu une forte augmentation dans les Evolution du chiffre d'affaires moyen réalisé années 1995 et 1996, par entreprise de plus de 19 salariés 20 qui semble quelque Allemagne peu s’atténuer auFrance 16 jourd’hui. Les entreRoyaume-Uni prises françaises ont une croissance régu12 lière depuis 1995 et Italie l’Espagne a encore de 8 gros efforts à faire pour atteindre les ni4 veaux de ses homoloEspagne gues européens. 0 Les entreprises de la 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 plasturgie française Sources Eurostat & estimations Nodal semblent posséder une assez bonne dynamique puisque le chiffre d’affaires par entreprise (de plus de 19 salariés) se rapproche régulièrement de celui de l’Allemagne. Ces résultats sont assez cohérents avec la répartition des effectifs dans les entreprises. 5.2 Chiffre d’affaires par salarié En France, le chiffre Chiffre d'affaireréalisé par salarié en 1999 d’affaires réalisé par (entreprises de plus de 19 salariés) employé était de 149.000 € par an, de102 vant l’Allemagne Royaume Uni (129.000 €) et 109 l’Espagne (124.000 €), Italie et loin devant l’Italie 124 Espagne (109.000 €) et le Royaume-Uni 129 Allemagne (102.000 €), mais moins élevé qu’en 149 France Belgique (ce qui reflète l’importance de 0 40 80 120 160 l’import/export de ce (milliers d'euros par salarié et par an) Source EuPC, Economic Reportc,1999 pays) et qu’aux EtatsUnis et au Japon, du : • au différentiel de volume de production, plus élevé dans ces deux pays, • à la taille importante des secteurs (par exemple, « resilient floor coverings » aux Etat-Unis), 61 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité • à la part, difficile à cerner, des transformations de plastique « intégrées », directement réalisées par les donneurs d’ordres. Par contre, ce bon positionnement de la plasturgie française ne semble pas être le résultat de l’utilisation de procédés de fabrication plus efficients, ni d’une meilleure technologie. En outre, on observe Evolution, en France, du chiffre d'affaires par salarié au cours des années (en milliers d'euros, entreprises de plus de 20 salariés) 1998/2001 une augmentation de la pro156,6 duction par employé 2001 d’environ 3,3% par an (9,66% pour 153,5 2000 l’ensemble de la période). Il est, cepen146,4 dant, difficile de préci1999 ser la raison exacte de cette bonne perfor142,8 1998 mance ; elle peut avoir plusieurs significa135 140 145 150 155 160 tions : une bonne pro(milliers d'euros) Sources Fédération de la Plasturgie, 2002 ductivité par employé, par exemple. Mais elle peut aussi signifier que l’industrie de la transformation des matières plastiques française est active dans des domaines de « faible valeur ajoutée » dans lesquels on transforme beaucoup de matières premières par personne employée, mais dans des opérations relativement simples, telles que l’extrusion de film. Si cette explication était confirmée, cela signifierait que, malgré la bonne performance apparente, les marges sont faibles et les industries particulièrement vulnérables aux fluctuations des cours des matières premières. Cela aurait également comme signification que l’industrie de la transformation française fait preuve d’un dynamisme faible et d’un manque inquiétant de capacité d’innovation. 5.3 Part de la valeur ajoutée dans le chiffre d’affaires (en % du chiffre d'affaires) La France, a un chiffre Evolution de la valeur ajoutée rapportée au chiffre d'affaires d’affaires par salarié 45 plus élevé que celui de ses principaux concurrents de l’Union Royaume-Uni européenne, et 40 pourtant, elle ne se Allemagne situe qu’à l’avant dernier rang, dès lors Espagne que l’on considère la 35 valeur ajoutée France rapportée au chiffre d’affaires. On observe, Italie en effet, une 30 dégradation continue 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 Sources Eurostat 2001 & Estimations Nodal du taux de valeur ajoutée sur le chiffre d’affaires au cours des deux derniers exercices, qui tombe à 31,5% en 2000, après avoir atteint près de 35% en 1999. Cette tendance semble, malheureusement, être confirmée par les résultats estimés pour l’année 2001 au cours de laquelle cet indicateur continue à se dégrader pour atteindre 30,7%. 62 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Ce constat est caractéristique de la combinaison d’un positionnement de la plasturgie française sur des productions à faible valeur ajoutée, issues de l’industrie de l’extrusion, et d’une structure industrielle morcelée, avec prédominance des petites entreprises. Plus que le taux de Evolution de la valeur ajoutée par rapport au chiffre d'affaires de la plasturgie française marge brute, ces résultats montrent la dif38% ficulté pour les entre36,5% prises françaises de fi36,1% nancer l’innovation, 36% qui constitue, pour34,1% tant, le moteur indis34,0% pensable au dévelop33,3% 34% pement de leur activité. En effet, sur les 31,5% 32% Est. segments de transfor30,7% mation à faible valeur ajoutée (films d’une 30% 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 part, tubes et profilés Sources Eurostat 2001 & Estimations Nodal de l’autre), c’est essentiellement l’effet de dimension qui permet d’obtenir les meilleurs taux de valeur ajoutée. Les grandes entreprises se trouvent dans un rapport de force plus favorable vis-à-vis de leurs clients et fournisseurs, pour dégager de la marge brute en jouant sur les volumes pour faire baisser le coût unitaire des matières premières, et pour conserver cette marge brute en évitant de payer des prestations extérieures pour Part de la valeur ajoutée dans le chiffre d'affaires sectoriel (valeurs satisfaire totalement la 2001) demande du client. Or ce type d’entreprise de 32,3% volume prévaut sur les CA = 8 730 2 820 Pièces techniques marchés du bâtiment, 35,0% secteur dans lequel la CA =1 700 Valeur ajoutée sectorielle 595 Articles divers France a accumulé du Chiffre d'affaires sectoriel 31,9% Valeur ajoutée / chiffre d'affaires retard dans l’utiCA = 3 420 1 088 lisation des éléments Eléments construction 32,5% en matières plastiques, CA = 5 810 1 888 Emballage notamment en ce qui 26,1% concerne les profilés CA = 3 630 947 Demi-produits et fenêtres PVC, mais également pour les tu0 2 000 4 000 6 000 8 000 10 000 (chiffre d'affaires et valeur ajoutée HT en millions euros) bes et canalisations. Sources Fédération de la Plasturgie, 2001 Dans ces deux domaines, on trouve peu de très grandes entreprises françaises ; l’Europe du Nord domine. En Europe, sur les 50 plus gros producteurs de tubes et canalisations, il ne se trouve guère que trois français, Alphacan, Etex et Wavin (en incluant les opérations de Wavin et de Etex en France), alors que l’Allemagne aligne des concurrents tels Rehau, Frankische Rohr Werke, Drossbach, Hegler, Simona, Sendenhorst, Georg Fisher, le Royaume-Uni dispose de Polypipe, Glynwed, Duraline, Valley, Brett Martin, Mainetti, l’Italie est présente avec Del Gres, Dalmine, Inset,, Martoni, Sirea (sans compter les filiales des allemands et britanniques précités), l’Espagne avec Uralita, Plasticos Ferro. Les petits pays abritent les plus grands intervenants du secteur : Wavin (Pays-Bas), Pipelife (Autriche), Uponor (Finlande), LVM (Belgique). Configuration semblable en ce qui concerne les fenêtres et profilés pour le bâtiment où Lapeyre, venu sur le tard à la plasturgie, doit affronter Veka 63 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité et Kömmerling alors même que ces derniers, cherchent par la croissance externe et par l’exportation, à compenser le marasme des marchés du bâtiment en Allemagne et en Europe du Nord. Dans l’autre segment de la plasturgie de volume, celui de l’extrusion de film, la structure de production française, pourtant ancienne, reste trop morcelée par rapport aux autres pays de l’Union où les regroupements se sont effectués plus tôt, à l’initiative des groupes britanniques, qui ont trouvé les financements nécessaires sur la place financière de la City ; au même moment, les entreprises de Sainte Sigolène n’avaient même pas accès au second marché, et devaient se débattre avec les financements court-terme liés aux délais de paiement, avant de songer aux investissements. De fait, les britanniques, les allemands, les nordiques, les italiens ont déjà constitué des grands groupes dans le secteur du film : BPI, Pactiv, Trioplast, Sengewald, Manuli, éventuellement en intégrant le film et ses dérivés dans une palette d’offres dans le domaine du packaging (Linpac). Certes ces mouvements de concentration n’ont pas résolu tous les problèmes de structure, mais ils permettent un dialogue plus fort avec fournisseurs et clients (chimistes d’un côté, groupes de l’agroalimentaire, voir de la grande distribution de l’autre), tandis que les initiatives de regroupement menées en France n’ont pas encore pris cette ampleur. Elles viennent essentiellement d’autres filières que la plasturgie (Pechiney reprend Soplaril du groupe TotalPetrofina, Bolloré se positionne sur les films techniques), ou de l’initiative de groupes étrangers (BPI, Linpack, Autobar, Amcor, Rexor, Trioplast, AEP, Sealed Air). Nodal Consultants applique le même raisonnement au segment des alvéolaires, où des grands groupes étrangers, tels Knauf ou Synbra, dominent le marché européen, même si le français Guillin Emballage a aujourd’hui atteint la taille critique pour figurer parmi les fournisseurs des grands de l’agroalimentaire et des chaînes de restauration d’envergure planétaire. Dans le domaine de la plasturgie de volume la France, par son retard à constituer des grands groupes n’est pas parvenue à faire monter ses taux de valeur ajoutée de manière aussi significative que ses concurrents de l’Union. La plasturgie française à valeur ajoutée, malgré son excellence, ne parvient pas à compenser ces faiblesses. Son importance relative reste insuffisante. Et sans doute, au cours des années à venir, cette part relative ne devrait pas augmenter, car la plupart des entreprises à valeur ajoutée sont désormais intégrées dans des groupes, qui tendent à répartir la production sur tout le territoire de l’Union sans considération spécifique pour telle ou telle nation, sans considération autre que le marché, (la localisation des clients), et, évidemment, l’environnement législatif, social et fiscal. Il est même logique de s’attendre à ce que les créations de nouvelles capacités se fassent chez les nouveaux entrants dans l’Union, chez lesquels les coûts de main-d’œuvre resteront, pour encore quelques années, au-dessous des valeurs observées dans les pays d’Europe de l’Ouest, les subsides et autres incitations à investir sont et seront généralement tout à fait attrayants. Malgré ses bonnes performances en matière de valeur ajoutée, l’Italie n’a pas une position très favorable, tandis que l’Espagne est encore handicapée par son rôle de sous-traitant au service des industriels des autres pays européens. 5.4 Valeur ajoutée par salarié Le ratio clé de la valeur ajoutée par salarié synthétise deux caractéristiques : d’une part le volume de matière première transformée par salarié, et d’autre part, la valeur ajoutée réalisée par l’entreprise relativement à ce volume. Il constitue un indicateur du rendement de la main-d’œuvre. La bonne productivité apparente de la plasturgie française (chiffre d’affaires par salarié) n’est malheureusement pas confirmée par la valeur ajoutée créée par salarié : de la première place pour le chiffre d’affaires par employé, la France régresse à la 3ème place pour la valeur ajoutée, derrière l’Allemagne et l’Italie, mais assez proche du Royaume-Uni ; il faut noter la convergence des productivités apparentes pour ces pays, qui se situent tous trois entre 45.000 et 47.000 euros par employé. L’Espagne, de son côté, a réalisé d’importants progrès au cours des années 95/99. 64 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Pour l’ensemble des Evolution de la valeur ajoutée par salarié pays étudiés, on (entreprises de plus de 19 salariés) constate, jusqu’en 55 1999, une tendance Allemagne générale à la hausse de 50 cet indicateur. En Italie France France, cette tendance 45 Royaume-Uni semble se poursuivre Espagne 40 pendant les deux derniers exercices, puis35 que, malgré la chute de la valeur ajoutée 30 qui passe à 31,5% du chiffre d’affaires en 25 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000, puis à 30,7% (milliers d'euros) Sources Eurostat 1999 et Estimations Nodal (valeur estimée) en 2001, et la croissance continue des effectifs, cet indicateur présente une légère augmentation, passant à 48.300 € en 2000 et à 48.100 € en 2001. Valeur ajoutée par salarié en milliers d'euros L’analyse de la valeur Valeur ajoutée par salarié ajoutée par salarié par activité sectorielle et par taille d'entreprise (valeur en milliers d'euros) pour chacun des 5 65 secteurs et par tranche Demi-produits Emballages de taille d’entreprise Eléments pour la construction 61 60 61 Articles divers ne permet pas de tirer 58 Pièces techniques 58 de conclusions bien 55 54 54 54 tranchées. On cons54 tate, cependant, que : 50 49 49 48 1. la valeur ajoutée 46 45 45 46 46 par salarié est 45 44 42 42 42 fortement liée à la 41 40 40 nature des pro35 duits transformés. 20-49 50-99 100-199 200-499 > 500 Cet indicateur est (nombre de salariés par tranche) Sources Fédération de la Plasturgie & Estimations Nodal maximum pour les demi-produits(de l’ordre de 54 k€ par salarié) ; il décroît en passant de l’emballage aux éléments pour la construction, puis aux articles divers. Il est minimum pour les pièces techniques (de l’ordre de 43 k€ par salarié). 2. la valeur ajoutée par salarié est globalement directement fonction de la taille de l’entreprise. Cet indicateur est minimum pour les plus petites entreprises (de l’ordre de 42 k€ pour les entreprises de 20 à 49 salariés). Il croît avec la taille, pour atteindre un maximum de 52 k€ pour les entreprises de plus de 500 salariés. 3. la valeur ajoutée moyenne par salarié s’établit, pour les pièces techniques, à environ 43 k€ ; cette valeur particulièrement faible s’explique, sans doute, par la très forte pression qui s’exerce sur ce secteur de la part des donneurs d’ordres, notamment les équipementiers de la construction automobile et les constructeurs d’équipements électriques/électronique, pour lesquels le secteur des pièces techniques est un sous-traitant de 2ème ou 3ème rang. 4. les secteurs qui dégagent la plus forte valeur ajoutée par salarié sont ceux dans lesquels les transformateurs ont réussi à se positionner sur des « produits propres », notamment les demiproduits, une partie au moins de l’emballage et les éléments pour la construction. 65 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 5.5 Excédent brut d’exploitation rapporté au chiffre d’affaire 12% 10% 8% 6% 1992 Le Royaume-Uni, pour lequel les données récentes ne sont pas disponibles, paraît conserver un avantage concurrentiel important, avec des taux se situant aux environs de 15%. (excédent brut d'exploitation sur chiffre d'affaires) En France, l’excédent brut d’exploitation dégagé par rapport au chiffre d’affaire, de l’ordre de 9%, est largement inEvolution de l'excédent brut d'exploitation férieur à celui de ses rapporté au chiffre d'affaires homologues européens ; elle le seul 18% pays dans lequel cet 16% Royaume-Uni indicateur, sur le long terme, a une tendance 14% à décroître. 1993 1994 1995 1996 1997 1998 Espagne Italie Allemagne France 1999 Sources Eurostat 1999 et Estimations Nodal Evolution de l'excédent brut d'exploitation par salarié (valeurs en milliers d'euros) 23 (valeurs en milliers d'euros) 21 Royaume-Uni 19 Italie 17 En France, l’excédent brut d’exploitation par salarié a une légère tendance à l’amélioration, sur le long terme, mais la France reste, dans ce domaine également, la lanterne rouge de l’Europe. Depuis 1995, elle a été dépassée par l’Allemagne et par l’Espagne. C’est le Royaume-Uni qui enregistre la plus forte progression. L’Espagne et l’Italie ont des taux qui convergent de l’ordre de 11 à 12%. Celui de l’Allemagne a une croissance régulière, sur le long terme, entre 8 et 10%. Espagne 15 Allemagne 13 France 11 9 7 1993 1994 1995 5 1992 1996 1997 1998 1999 Sources Eurostat 1999 et Estimations Nodal Malgré les bons résultats français en matière de chiffre d’affaires, ces résultats constituent un handicap important pour la France, qui ne dispose pas des moyens financiers pour financer ses investissements et sa R&D, par conséquent, l’innovation. 66 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 5.6 Echanges commerciaux Echanges commerciaux en volume 5.6.1 L’Allemagne, troisième transformateur mondial de plastique, est le seul grand pays européen exportateur et celui qui Importations et Exportations des pays européens présente des échanges (en tonnage) de matières les plus importants en volume, 3 273 Importations loin devant tous les Royaume-Uni 1 367 autres pays européens. 4 175 La France a une baItalie 1 500 lance commerciale en 2 379 volume négative de Espagne 1 936 1.400.000 tonnes de Exportations 6 000 plastiques. Une plus 8 470 Allemagne grande concentration 5 012 de la plasturgie franFrance 3 621 çaise permettrait peutêtre de « réduire » ce 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 Sources EuPC Economic Report 2001 (en kilotonnes) déficit. 5.6.2 Il faut noter que la balance commerciale de l’Italie, en volume, est fortement négative. Echanges commerciaux en valeur Importations et Exportations de plastiques transformés (en valeur) Royaume-Uni En valeur, l’Allemagne et l’Italie sont fortement excédentaires, bien que ce dernier pays ait une balance commerciale en volume fortement déficitaire. La France, l’Espagne et le Royaume-Uni ont tous trois une balance commerciale fortement déficitaire. Italie Espagne 4 004 4 961 Importations 5 691 2 725 1 544 2 099 Exportations 11 307 Allemagne 6 891 4 772 France 5 937 En 1999, 41% des 0 2 000 4 000 6 000 8 000 10 000 12 000 exportations et 36% (en millions d'euros) Sources Eurostat, 1999 des importations françaises de produits industriels ont été échangés entre entreprises d’un même groupe et localisés dans des pays différents. Ces structures réalisent les trois-quarts de leurs échanges intra-groupes avec des pays de l’Union européenne. Ces échanges intra-groupes sont en forte croissance. Hors Union européenne, les plus grands déficits commerciaux se retrouvent avec la Chine et les Etats-Unis. La Chine est la principale source d'importation de produits transformés en France avec 28% des importations et sa position se renforce ; les Etats-Unis viennent en seconde position avec 23%. Par contre, la balance est positive avec les pays de l’Est, en particulier la Pologne. 67 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Balance commerciale de la plasturgie (en milliards d'euros) 4 000 (Balance en millions d'euros) 6 000 Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 4 416 2 966 2 000 Espagne France 0 (555) Allemagne (1 165) Royaume-Uni (2 000) Italie (957) 5.6.3 Source Eurostat, 1999 Echanges commerciaux avec l’Europe Avec ses principaux partenaires européens, la balance commerciale de la France est globalement négative et le déficit ne cesse de se creuser ; ainsi, il est passé de 1.047 millions d’euros en 1999 à 1.547 millions d’euros en 2001. La balance commerciale française est négative avec la quasi-totalité des pays de l’Union européenne. Si l’on considère l’ensemble des pays de l’Union européenne, les importations s’établissent à 5.577 millions d’euros, les exportations à 3.875 millions d’euros, soit un déficit de 1.702 millions d’euros, valeurs à comparer avec celles du tableau ci-dessous qui indique les échanges avec nos principaux partenaires. Tableau 3-6 : Balance commerciale avec les principaux pays européens (en millions d’euros) 1999 Allemagne Italie Royaume-Uni Espagne Belgique Pays-Bas Total 2001 (487) (610) 108 180 (87) (151) (1 047) (641) (729) 144 80 (242) (159) (1 547) Ecart (154) (119) 36 (100) (155) (8) (500) Tableau 3-7 : Echanges commerciaux par type de produits (en millions d’euros) Demi produits 1999 Allemagne Italie Royaume-Uni Espagne Belgique Pays-Bas Total (407) (344) 7 21 (37) (101) (861) 2001 Emballages 1999 2001 Construction 1999 2001 Pièces techniques & divers 1999 2001 (388) (113) (146) 52 5 (19) (112) (370) (89) (87) (40) (55) (137) (217) 6 68 74 (2) 20 35 44 (25) 8 (30) 2 (13) 149 148 (217) 1 10 (16) (52) (35) 17 (67) 8 (62) (21) (18) (37) (12) (1 061) (117) (241) (25) (113) (44) (132) Sources Nodal Consultants, d’après la Fédération de la Plasturgie, 2002 68 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Les principaux contributeurs au déficit de la balance commerciale sont, à niveau égal, l’Italie et et l’Allemagne, suivi de près par la Belgique et les Pays-Bas ; le seul pays avec lequel la balance est positive est le Royaume-Uni. Les demi-produits représentent à eux seuls 69% du déficit commercial (1.061 millions d’euros), notamment en provenance de l’Allemagne, de l’Italie et, en 2001, de la Belgique. Ils sont suivis de l’emballage (16%), des pièces techniques (9%) et des éléments pour la construction (7%). L’excédent d’exportations vers l’Espagne, principalement des pièces techniques, n’est pas une surprise dans la mesure où cette destination est spécialisée dans la sous-traitance, en particulier dans le domaine automobile. Par rapport à l’année 1999, le déficit de la balance s’est accru dans tous les secteurs. Echanges commerciaux de la France avec les principaux pays européens par famille de produits en 2001 Demi produits Emballages Construction Pièces techniques & divers Pays-Bas Pays-Bas Espagne Espagne Italie Italie Belgique Belgique Allemagne (800) Royaume-Uni (400) Royaume-Uni Allemagne 0 400 Commerce déficitaire Commerce excédentaire (Valeurs en millions d'euros) Concurrence internationale 5.6.4 Sources Fédération de la Plasturgie, 2002 La concurrence de la production plastique des pays émergents à faible coût de main d’œuvre est en plein développement. La Pologne, par exemple, élabore un plan de développement stratégique (investissements de 8 Mds USD) qui vise à développer le secteur de la plasturgie, ce qui risque de porter atteinte aux exportation allemandes en direction de la Pologne (voir ci-après la création d’un « cluster » avec le PEP) : • 80% des importations polonaises proviennent de l’UE et essentiellement de l'Allemagne ; • la balance exportation/importation est très déficitaire (-898,6 Mds USD pour les matières première, -846,4 Mds USD pour les produits transformés) ; • un projet d'investissement concerne une installation de production de 300.000 tonnes d'éthylène et l'accroissement de la capacité de production du principal producteur de PVC polonais à 400.000 tonnes. Beaucoup de grands transformateurs choisissent de s’implanter ou de délocaliser leur production dans les pays émergents de l’Europe de l’Est en suivant leurs donneurs d’ordres ; par exemple, depuis 1996, Plastivaloire (391 presses à injecter en France et 59 en Europe de l’Est) a construit deux usines en Pologne en collaboration avec Philips et une en Roumanie (les coûts de main d’œuvre en Roumanie sont 6 fois moins élevés qu’en France, soit un gain de 25 à 30%, en particulier sur les phases du procédé à fort taux de main d’œuvre, comme l’assemblage). Ces délocalisations ont des conséquences sur la balance commerciale française. 69 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Pays-Bas Belgique Espagne Demi produits 2001 Demi produits 1999 Royaume-Uni Pays-Bas Belgique Emballages 2001 Emballages 1999 Italie Détail des échanges commerciaux par type de produits Espagne Royaume-Uni Italie Allemagne Allemagne (500) (400) (300) (200) (100) 0 100 200 (500) (400) (300) (200) (100) 0 Pays-Bas Construction 2001 Belgique Construction 1999 Belgique Pièces techniques 2001 Pièces techniques 1999 Espagne Royaume-Uni Royaume-Uni Italie Italie Allemagne Allemagne (400) (300) (200) (100) 0 200 Pays-Bas Espagne (500) 100 100 200 (500) 70 (400) (300) (200) (100) 0 100 200 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité Mais certaines contraintes limitent fortement les exportations et ont pour conséquence une délocalisation plutôt que des exportations : • certains procédés de transformation permettent de produire des pièces techniques de grande taille qui les rend difficiles à transporter, ce qui limite leur exportation ; • certains produits finis ne peuvent pas être exportés pour des raisons de taille, de poids et de coût de transport (L’Oréal paie 20 % de coût supplémentaire pour le transport de flacons) ; • la gestion en flux tendus limite l'exportation de produits à des pays lointains ; • les donneurs d’ordres ont tendance à privilégier les fournisseurs qui disposent de plusieurs sites de production répartis dans les pays de l’Europe de l’Ouest et dans ceux de l’Europe de l’Est. Toutefois de nombreux transformateurs considèrent que la délocalisation de leur activité en Europe de l’Est pour suivre un client représente encore un risque trop grand, mais une des stratégies de développement de nombreux transformateurs consiste à rechercher de nouveaux secteurs d’applications afin de renforcer leur présence à l’exportation. Valois : un loupé pour la politique industrielle française Faute de trouver des financements ou des partenaires européens pour son développement mondial, Valois (créée en 1947), le leader des systèmes de dispensation de précision (applications : médical et parfumerie-cosmétologie) est passé dans le groupe APTAR (ex Seaquist) en 1993. Conséquence : les nouvelles capacités de production reposant sur le savoir-faire de la société française sont désormais installées sur le territoire des Etats-Unis. Un nouveau site sur une surface de 5 ha est en déploiement à Congers, Etat de New York, afin « de réduire la dépendance du marché américain vis-à-vis de la production française » et de développer une stratégie du « made in America ». Ce site abritera quatre lignes d'assemblage de pompes des plus innovantes, les séries VP3 et VP4. Source : communiqué de presse du 14 décembre 2001 Investissements Evolution du taux d'investissement des entreprises entre 1995 et 1999 20 19,2 19,2 Depuis 1995, les français ont, avec les italiens, les taux d’investissements rapportés à la valeur ajoutée les plus élevés en Europe. taux d'investissement (% de la VA) 5.7.1 5.7 Part des investissements dans le chiffre d'affaires 15,6 14,6 15 Malgré le ralentissement des programmes de production, les 10 donneurs d’ordres, notamment dans l’automobile, deman1995 1999 1995 1999 1995 1999 1995 1999 dent aux plasturgistes 5 d’augmenter leur caFrance Italie Espagne Allemagne Sources Eurostat pacité de production et d’agrandir leurs moules. Les transformateurs ont été amenés à adapter leur outil de production pour répondre à cette demande. Il faut, en particulier, noter la forte croissance de la robotisation adaptée à 71 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité l’industrie de la transformation plastiques, phénomène lié à la nécessité, pour cette industrie, de réduire ses coûts de production, d’améliorer ses marges et sa valeur ajoutée. • • • • A titre d’exemple, pour la France, en 1999, les investissements (en millions d’euros) de la plasturgie se décomposaient de la manière suivante : Investissements bruts en bâtiments : Investissements bruts en biens corporels Investissements bruts en transformation de bâtiments Investissements bruts en machines et équipements 52 M€, soit : 1,8% 1 424 M€, soit 50,3% 151 M€, soit 5,4% 1 203 M€, soit : 42,5% En 2001, les investissements français dans la plasturgie se sont maintenus à un niveau élevé de 5,2% du chiffre d’affaires hors-taxes, supérieur à la moyenne de l’industrie. 5.7.2 Investissements de R&D Il n’existe pas de données chiffrées exhaustives sur la R&D dans le secteur de la plasturgie ; on ne peut donc que citer des données générales. Le tableau ci-dessous donne les valeurs disponibles pour les investissements de R&D réalisés directement par les entreprises. Tableau 3-8 : Dépenses totales de R&D des entreprises (millions d'euros) 1997 France 1998 72 Royaume-Uni Italie 38 Allemagne 1999 88 91 69 81 41 42 357 Sources Eurostat 2002 En Europe, l’investissement recherche est de 1,9% du PIB comparé à 2,5 à 3% du PIB aux USA. L’objectif de la DG Recherche de la Commission européenne est de faire passer le montant des investissements R&D à 3% du PIB. Cet accroissement des budgets de recherche devrait permettre de disposer d’une masse critique pour renforcer la capacité d’innovation de l’Europe dans 3 domaines essentiels pour le futur : les nanotechnologies et les biotechnologies, domaines qui concernent directement la plasturgie, et la maladie et le vieillissement de la population. En Europe, l’industrie chimique (production de matières premières) et ses dérivés investissent environ 6% de leur chiffre d’affaires dans la recherche. En 2000, le chiffre d’affaires de cette profession était de 400 milliards d’euros et de 24 milliards d’euros en recherche. Il faut noter que parmi les dix premières sociétés chimiques mondiales, c’est à dire celles qui ont la capacité d’investir des masses critiques en R&D, huit sont européennes : 3 allemandes (Bayer, BASF, ), 2 anglo-saxonnes (BP, Shell), 2 italiennes (ENI, Repsol), mais une seule française (TotalFina Elf). Les entreprises françaises dépensent en R&D deux fois plus que les britanniques, mais deux fois moins que les allemandes. 40% des PME/PMI n'ont pas de R&D, car elles n'ont pas les moyens financiers de développer seules une stratégie de R&D ; en effet, le financement de l'innovation est basé à 80% sur de l'autofinancement et n'est donc pas accessible aux petites PME, et, d’un autre côté, la concertation entre industriels n'est pas encore suffisamment développée pour généraliser la mise en commun de la R&D (voir ci-après, l’analyse concernant les clusters). 72 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse thématique des indicateurs de compétitivité 5.8 Synthèse du thème performances de la plasturgie 1. Chiffre d'affaires par entreprise : il traduit un assez bon positionnement française par rapport à ses homologues européens, avec une taille d’entreprise qui se rapproche de celle de l’Allemagne, au même niveau que le Royaume-Uni ; cette tendance traduit, sans doute, l’amorce d’une concentration de la plasturgie française. Mais celle-ci se distingue, encore, de la plasturgie allemande par l’extrême dispersion des sites de production qui semble nuire à la rentabilité globale de la filière française. 2. Chiffre d’affaires par salarié : la position de la France est excellente dans ce domaine qui constitue un des points forts de ce secteur ; elle est, sans doute, liée à la qualification et à la formation de la main-d’œuvre, mais traduit, peut-être, aussi la nature des produits transformés (production de masse à faible valeur ajoutée avec une exploitation fortement automatisée). 3. Valeur ajoutée par rapport au chiffre d’affaire : la position française est caractérisée par ses mauvaises performances et elle tend à se dégrader au cours des dernières années. Bien que les comparaisons récentes ne soient pas disponibles, la formation de valeur ajoutée demeure un des points faibles de la plasturgie française, peut être liée à la faible structuration de la filière. 4. Valeur ajoutée par employé : la valeur ajoutée par employé reste trop faible, en France, bien qu’elle ait fortement augmentée en 1998/99, comme celle de l’Espagne ; l’Italie et l’Espagne se situent sur des paliers. 5. Excédent brut d’exploitation par rapport au chiffre d’affaire : l’ensemble des facteurs structurels de compétitivité pèse sur le taux de marge brute de la plasturgie française ; la nature des produits transformés (produits à faible marge) amplifie cette tendance et donne à la France la dernière position sur ce critère. 6. Balance commerciale : la plasturgie française dispose de quelques atouts non négligeables dans sa politique de commerce international, par exemple le volume de ses échanges commerciaux et le rôle des implantations industrielles régionales, nombreuses et présentant des spécificités intéressantes. Elle est cependant handicapée par la nature des articles qu’elle produit dont la valeur unitaire est généralement faible. Il faut noter la balance commerciale lourdement déficitaire avec les pays européens. Chiffre d'affaires par entreprise Chiffre d’affaires par salarié Valeur ajoutée de la plasturgie Valeur ajoutée par employé Marge brute d'exploitation Balance commerciale Investissements dans chiffre d’affaires Japon USA PECO UK Italie Espagne +1 +2 -2 -1 +1 -2 +2 +2 +2 +1 -1 -2 -2 +1 -1 +1 -2 +2 +1 -2 +2 -1 +1 -2 +2 +1 -2 +2 -2 -1 +1 +2 +2 -1 +1 -2 +2 -1 +1 -1 -2 +2 +1 -1 -1 +1 -2 -2 +2 Sources Nodal Consultants, novembre 2002 1 2 3 4 5 6 7 France Indicateurs de performances de la filière Allemagne 7. Investissements insuffisants pour assurer le développement de l’innovation. -1 -1 -1 -1 -2 +1 +2 La France occupe une position intermédiaire avec quelques points forts dans la formation du chiffre d’affaires, mais elle est handicapée par ses mauvais résultats en termes de résultats d’exploitation et de formation de la valeur ajoutée. Ces deux points devraient constituer des axes privilégiés d’action pour améliorer la compétitivité de la plasturgie française. Cette amélioration passe, sans doute, par une réflexion approfondie sur les moyens à mettre en œuvre pour augmenter, encore, l’intégration de services aux clients, avec les réserves qui ont été énoncées plus haut. 73 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne CHAPITRE 4 ANALYSE DES INDICATEURS QUALITATIFS DE LA COMPETITIVITE 74 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité INTEGRATION DE SERVICES 1 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 1.1 Offre globale des plasturgistes Pour améliorer la rentabilité des entreprises de la plasturgie française, une solution consiste à élargir la gamme des services rendus. Ainsi, les transformateurs de la plasturgie tendent à développer des offres globales de solutions pour diminuer la vulnérabilité liée à leur positionnement de sous traitant : • L'offre globale multiplie les bras de levier pour permettre la réduction des coûts ; • L'élaboration d'une offre globale nécessite : − un bureau d'étude et des compétences diversifiées, − la multiplication des certifications industrielles, − une logistique industrielle hautement développée. Une stratégie industrielle d’offre globale ou d’intégration de services réduit la part de la transformation de matière dans le prix du produit de 20 à 30% et permet d’augmenter les budgets R&D qui peuvent, dans certains cas, passer de 1% à 6% - voire à 15%. Ainsi, pour contourner les barrières de référencement à l’entrée de la grande distribution, le secteur de l’emballage a du investir dans du matériel de production sophistiqué et proposer de nouveaux services ; pour MSF Emballages, cette nouvelle offre peut concerner des domaines aussi variés que : • De nouvelles plate-formes de distribution qui améliorent la distribution, • Des produits recyclables à 100 % (développement de produits biodégradables), • Des axes d’innovations et de différenciation : − des sacs plastiques parfumés, − des emballages plus compacts qui prennent moins de place et permettent de mettre plus de produits en rayons, − des sacs à pizza avec soufflets, plus pratiques, − l’utilisation d’additifs ou de films filtrant les gaz pour augmenter la durée de vie des aliments. 1.2 Intégration de fonctions De nombreux domaines d’application de la plasturgie tendent vers une intégration progressive vers l’aval de la filière ; on notera, en particulier les domaines ou activités suivantes : • Dans la sous-traitance automobile, la profession évolue vers la conception et la réalisation de « sous-ensembles » : boucliers avant incluant le dispositif d’éclairage (phares), hayons arrière complets avec feux et essuie-glace, systèmes complets d’alimentation en carburant, comprenant le réservoir proprement dit, les jauges et le pompage du carburant. Cette évolution est particulièrement sensible dans le secteur des matériaux composites (hayon arrière de Class A, arrière des camionnettes légères américaines (pick-up), tablier multifonction de Microcar) ; le groupe Sotira propose, par exemple, des fonctions spécialisées d'habillage extérieur et de structures pour les plus grands constructeurs européens d'automobiles et des fonctions techniques et industrielles pour les secteurs ferroviaire, électricité et bâtiment. 75 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité • NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Les sous-traitants de la cosmétologie se sont engagés avec les « designers » dans la mise au point de prototypes mode pour des entreprises clientes telles que L’Oréal, Estée-Lauder. L’intégration de fonctions par les entreprises de transformation de la plasturgie conduit à une évolution de leur positionnement par rapport à leur métier d’origine, avec pour conséquence : • Le passage d’un positionnement donné à un positionnement aval, plus intégrateur, impose la prise en compte par l’entreprise de nouveaux savoir-faire et une évolution de ses compétences ; par exemple, le passage de la maîtrise techniques des procédés, qui correspond au métier de sous-traitant de process, à celui d’ensemblier, nécessite une prise en compte accrue des métiers du management, orientés sur le développement ou l’anticipation des évolutions du marché. • Plus l’entreprise intègre des fonctions en aval de son métier, en évoluant vers le profil de fabricant intégré, moins elle est dépendante de son métier initial, la plasturgie ; la part de cette dernière dans son chiffre d’affaires peut devenir marginale, d’où la nécessité d’intégrer de nouvelles compétences. Le risque de cette évolution vers l’aval est justement que l’entreprise ne puisse ou ne sache pas faire l’apprentissage de ces nouveaux métiers ; dans d’autres domaines, tels ceux des machinesoutils ou des équipements industriels, les exemples sont nombreux d’entreprises florissantes dans leur domaine d’origine qui ont disparu pour n’avoir pas su opérer cette mutation. L’intégration de fonctions chez PLASTIVALOIRE Plastivaloire n’utilise qu’un seul procédé de transformation, l’injection, mais ce procédé est accompagné de toute une gamme de process d’assemblage (soudure ultra-sons, assemblage mécanique). Les procédés intégrés comprennent la peinture, la sérigraphie, la tempographie (mais les additifs – colorants - ne sont pas encore très au point pour la décoration). L’injection bi- ou tri-matières permet d’intégrer les fonctions de décoration. L’injection-compression permet d’obtenir des pièces en polycarbonate de très grande précision. Plastivaloire utilise le procédé IML (In Mould Labelling : surmoulage d’étiquettes) depuis trois ans ; ils fabriquent 7.000 pièces par jour avec des étiquettes dont le coût unitaire est encore élevé ; toutefois, le gain global sur le process est important et permet de réaliser des objets personnalisés. L’injection séquentielle, utilisée pour les grosses pièces, évite les lignes de soudure. La stratégie de Plastivaloire consiste principalement à accompagner le client dans sa croissance géographique (par exemple,par la construction d’un site Plastivaloire à côté de l’usine Philips à Dreux, ou la construction d’un site polonais dans l’usine Philips). Cette stratégie permet une logistique « juste à temps » et réduit les coûts de transport de 5 à 10% (ils sont généralement estimés à 10% du prix total). Accompagner les clients dans leur développement permet d’être plus proche du produit fini, d’intégrer une proportion plus importante de services et de participer en amont à la conception des pièces en détachant des techniciens dans les BE des clients ; à terme, l’objectif est de devenir maître d’œuvre et de fournir des sous-ensembles. La R&D est limitée au développement des procédés utilisés pour abaisser le coût des opérations de transformation en collaboration avec les fournisseurs de matières premières et les donneurs d’ordre. (Nodal Consultants – mai 2002) 76 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité REGIONALISATION ET DISTRICTS INDUSTRIELS 2 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne La spécialisation des territoires (théorie de Ricardo), apparue au début du XXème siècle, donne une chance supplémentaire de survie aux entreprises industrielles des pays développés, même en les comparant aux pays à faible coût de main-d’œuvre, leur environnement technico-économique permettant de compenser, en partie, le coût des facteurs. 2.1 Les clusters ou districts industriels : Le processus de création des districts industriels a une importante composante historique ; un district industriel ne se crée pas « ex nihilo » par la seule volonté des pouvoirs publics ; il doit préexister une tradition, un tissu industriel ou artisanal qui soit cohérent avec le projet de développement envisagé. Ce n’est pas un hasard si la plasturgie s’est développée dans des zones, telles Oyonnax, Rhône-Alpes, Annecy, qui ont une tradition industrielle forte (déclin de l’industrie du décolletage à Cluses par exemple). En Europe et en Amérique du Nord, les systèmes productifs locaux (SPL), qui se sont développés sous différentes formes et vocables, proches des districts industriels, créent des emplois, innovent et affrontent avec succès les marchés internationaux. En France, toute une variété de SPL s’est développée depuis le système fédératif du Nord, spécifique de firmes familiales, jusqu’à la papeterie d’Annonay ou à la coutellerie de Thiers en passant par les centres textiles des Vosges, la petite métallurgie et l’horlogerie de Franche Comté et le système de soie de Lyon. Ces systèmes ont disparu, pour une large part, durant la période de croissance d’après-guerre mais, avec les mutations économiques des années 80, les SPL reviennent à l’ordre du jour. Le SPL est un phénomène mondial, adapté au processus de globalisation et mettant l’accent sur la création de valeur (avantages comparatifs durables par la concentration de compétences, de savoirfaire sur une région, un pays). Il se constitue autour de PME d’un même secteur d’activité qui se regroupent face à une baisse de leur activité due à une mutation du secteur (industrialisation, innovation technologique, concurrence étrangère, délocalisation de la production). Le SPL se défini comme un ensemble caractérisé par la proximité géographiques d’unités (entreprises industrielles, de services, centres de recherches et de formation) qui entretiennent entre elles des rapports formels, informels, matériels, immatériels, marchands et non marchands. Ces rapports peuvent porter sur des flux matériels, de services, de main d’œuvre, de technologie ou de connaissance. Les entreprises entretiennent à la fois des rapports de concurrence et de compétition autour d’activités fédératrices. Le SPL est constitué autour des éléments suivants : • Une concentration spatiale de PME, qui appartiennent à un secteur d’activité spécifique (spécialisation autour d’un métier ou d’un produit), • Des relations inter-entreprises fortes (coopération/concurrence), • L’accès à un ensemble de services marchands et non marchands, • Le partage d’une culture commune. L’intervention des pouvoirs publics dans les SPL se manifeste de différentes manières : en Catalogne, le gouvernement régional a eu un rôle de catalyseur dans le renforcement de la compétitivité des « clusters », en Italie, les municipalités s’impliquent dans l’action locale, en France, divers partenaires interviennent (Drire, préfecture, conseil régional, chambre des métiers, CCI, mairie). Un district industriel correspond à une culture, à une histoire, à des traditions, à des métiers et ne correspond ni à une stratégie d'aménagement du territoire, ni de développement de zones 77 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne industrielles ou de technopôles ; c'est le rassemblement de petites unités non dominées par une grande unité, chacune de ces unités étant spécialisée dans des opérations bien précises. Il y a ainsi une étroite interpénétration entre l'activité industrielle et l'activité socio-économique. Le développement des SPL dépend de la capacité des acteurs à organiser un partenariat et à gérer leurs rapports entre concurrence et collaboration. Dans de nombreux cas, c’est la nécessité d’alliance face aux fournisseurs de matières premières ou aux grands donneurs d’ordre qui a joué un rôle de déclencheur du SPL et de la transformation de rapports de compétition en coopération. Le SPL est un lieu de diffusion technologique et la réussite des entreprises qui le constituent dépend du partage de l’information entre elles, ainsi que des dispositifs de veille stratégique et de transferts de technologie mis en place. Quel sera le rôle joué par les technologies de l’information (NTIC) qui, en permettant la délocalisation des échanges et le travail à distance, risquent de transformer la solidarité territoriale et l’économie de proximité des SPL ? Les districts industriels en Italie Dans la plasturgie, quelques éléments favorables sont liés au système de district industriel : • Le regroupement des clients (transformateurs) favorise une meilleure négociation sur les prix des matières premières, • La disponibilité de main-d’œuvre qualifiée pour la maintenance et le SAV et pour l’utilisation de périphériques disponibles localement, • L’existence de fournisseurs locaux d’équipements et, en particulier, de moulistes. Une des caractéristiques des PME-PMI italiennes est leur concentration par secteur dans des zones géographiques bien déterminées : les districts industriels. En Italie on estime à 130 le nombre de districts industriels avec une forte concentration en Vénétie, Emilie-Romagne, dans les Marches et la Toscane et le phénomène se développe dans le Sud. Le concept de district industriel représente une forme spécifique de l'expansion industrielle en Italie. Son succès provient largement de ce qu’il permet de réduire les coûts de transactions et crée un modèle décentralisé par opposition au modèle hiérarchisé de l'entreprise intégrée. La plupart des facteurs favorables à la croissance du district ont été identifiés dans les districts italiens et peuvent être considérés comme nécessaires à ce type d’industrialisation. Il nécessite la présence de conditions naturelles favorables : proximité des matières premières, facilités de communication, aptitude de la population locale, esprit d'entreprise, disponibilité de main-d'œuvre que les mutations économiques régionales ont libéré des emplois précédents, présence de capital disponible. Cette liste de facteurs suggère que les districts sont difficilement transposables ou reproductibles. Le mélange de facteurs culturels, géographiques et économiques joue un rôle prépondérant dans la réussite du modèle organisationnel, ce qui explique à la fois l'expansion du phénomène en Italie et certains échecs rencontrés dans d'autres pays. Une fois le district implanté, d'autres facteurs rentrent en compte ; la proximité des entreprises rend possible une division progressive du travail et favorise la spécialisation entre les entreprises tout en renforçant la circulation de l'information et la qualification de la main-d'œuvre. La vitalité des petites entreprises dépend de leurs capacités à exploiter les avantages découlant de la division du travail entre les entreprises et à profiter des opportunités offertes par les économies externes. Ces deux facteurs compensent les inconvénients des petites unités comme l'impossibilité d'atteindre les niveaux de production nécessaires pour réaliser des économies d'échelle. Les PMI italiennes se sont développées en acquérant des spécificités telles que leur structure flexible, prête à innover, à percevoir tous les changements technologiques et à s’adapter aux variations du marché. La plupart de ces PMI sont des entreprises familiales, constituées autour 78 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne d’une équipe unie et motivée ; elles peuvent réaliser d’importantes économies sur le coût du travail tout en réussissant à atteindre un très bon niveau de qualité capable de battre la concurrence. La complémentarité des entreprises réunies dans un district industriel permet à chacune d’elles de se spécialiser dans une phase précise du travail de la conception du produit à la réalisation des machines, aux innovations de ces machines, à l’entretien, à l’organisation des structures logistiques et de s’équiper de moyens techniques adaptés afin d’obtenir un bon niveau de qualité à un prix compétitif sur tous les marchés. Ainsi, ces districts industriels sont en mesure de satisfaire les donneurs d’ordres en « volume » aussi bien que les exigences haut de gamme des industries du luxe. Sources Nodal Consultants, novembre 2002 2.2 Les pôles de plasturgie en France Les pôles industriels de plasturgie français ne sont pas tout à fait comparables aux districts italiens, dans la mesure où, parmi les quatre critères qui permettent de constituer un district industriel, celui des relations fortes inter-entreprises de coopération/concurrence est peu cohérent avec les relations habituelles entre les entreprises françaises. 11.074 4184 5747 8.643 5715 8.646 6281 28.986 4134 Le seul vrai dis9.846 tricts industriels – voire le plus connu et le plus ancien - dédié à la transformation 3548 9.132 des matières 9.473 plastiques est sans nul doute 7130 11.662 celui d’Oyonnax, connu aujourd’hui sous le 15.033 nom de « Plastics Vallée » qui représente 4,3 milliards € de chiffre d’affaires sur 500 et 2,2 km2 4324 milliards € sur le seul territoire du département de l’Ain. Première concentration de plasturgie en France, la PlasLes effectifs de la plasturgie par région en 2001 tics Vallée représente 12% de la production nationale de cette industrie. La plasturgie donne lieu aujourd'hui à une filière complète regroupant tous les métiers de la plasturgie : conception, fabrication des presses à injecter, réalisation des outillages, design, transformation, décoration. L'effet filière se traduit par la complémentarité des activités, la maîtrise des technologies et la spécialisation de la main-d'œuvre. 79 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne La Plastics Vallée est active dans tous les domaines d'application de la plasturgie : pièces techniques pour l'automobile, l'électronique, la bureautique, l'électroménager, les éléments pour le bâtiment, le mobilier de jardin, l'emballage, la lunetterie, les ornements de coiffure, le jouet. Pour mieux résister à la pression sur les prix, sept PME de la Plastics Vallée, représentant un potentiel d’achat de 17.000 tonnes de polymères, soit 35 millions d’euros par an, ce qui les place parmi les premiers acheteurs français, se sont réunies dans le GIE Ronax créé en 1996. Sa première mission est de négocier avec les fournisseurs de polymères l’achat des matières premières de ses adhérents ; cette négociation groupée a permis de réduire les coûts jusqu’à 20% sur certaines familles de polymères. De leur côté, les fournisseurs gagnent plus d’efficacité avec la globalisation des volumes et la rationalisation du traitement logistique. La force de la Plastics Vallée repose sur la qualification et le savoir-faire de sa main-d’œuvre. La présence des formations initiales du technicien à l'ingénieur (Lycée Arbez Carme et Ecole Supérieure de Plasturgie) et des formations continues contribuent au développement de ses entreprises. Par ailleurs, le Pôle Européen de Plasturgie, créé et géré par les industriels de la profession, réalise quatre mission fondamentales pour le développement des entreprises : recherche et développement, essais industriels, veille technologique et formation. En Normandie, toutes les activités composant la profession plastique sont présentes, du fabricant de matières premières au recycleur : une dizaine d'établissements travaille à la production de résines et au compoundage (Atofina à Serquigny), la fabrication de machines est limitée à deux établissements Sidel (machines à souffler les bouteilles en plastique) employant près de 900 salariés, une soixantaine d'outilleurs, généralement des PME, consacrent leur activité à la plasturgie et rassemblent environ 500 emplois. Parachèvement, bureaux d'études, designers sont également présents. De grandes entreprises, Acome, Legrand-Normandie, Cinram Optical Disc, S.N. Aéracem, Télémécanique et Schneider, Coupatan, concernent des secteurs aussi variés que l'électronique, l'électroménager, l'automobile, la plaisance, le matériel électrique. Elles représentent environ 5.000 emplois, malgré la disparition de Moulinex. En 2001, les établissements industriels spécialisés dans la transformation de matières plastiques comptaient en Haute & Basse Normandie 12.680 salariés (hors intérim et entreprises intégrées), répartis entre 244 établissements. Ainsi, la Normandie (unifiée) se classe au troisième rang des régions françaises dans le domaine de la plasturgie derrière Rhône-Alpes et Pays de la Loire. La plasturgie affiche des besoins de formation particulièrement importants. Consciente de cet enjeu, la profession a anticipé les besoins multiples de ce secteur de production et mis en place des contrats d'objectifs, des plans de formation individualisés et d'engagements de développement de la formation tant pour la formation initiale que pour la formation continue et par alternance. Tous les niveaux, du BEP ou diplôme d'ingénieur sont représentés. Il faut souligner le rôle essentiel joué par l’ISPA (Institut Supérieur de Plasturgie d'Alençon), dont la dimension dépasse largement les limites régionales. Il a joué, pour le développement et l'implantation des industries de la plasturgie en Normandie, le rôle d’un outil structurant et d’un véritable atout. Créé en 1985, il s'est étoffé en 1990 avec l'ouverture du CIFAP (Centre Interrégional de Formation Alternée de la Plasturgie), la création en 1993 d'une école d'ingénieurs et en 1995 d'une formation de chargé d'exploitation en plasturgie industrielle (CEPI). La croissance de la plasturgie en Normandie s'est appuyée sur des dispositifs de recherche publiques et privés qui mettent en oeuvre des structures de transferts de technologies, sur un réseau interrégional Matériaux, Polymères et Plasturgie (MPP), sur le CRT ISPA d’Alençon et le CRITT Analyse et Surfaces, ainsi que sur une recherche privée principalement présente à l’ISPA et dans de grandes entreprises. Le réseau MPP, qui rassemble une douzaine de laboratoires universitaires, a pour objet de permettre aux demandes des industriels de remonter jusqu'aux laboratoires de recherche fondamentale des matériaux polymères et de la plasturgie. 80 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne D’autres pôles industriels, non encore structurés en districts industriels, existent en France : • Lyon et sa région : enduction, puis produits pour l’industrie, injection et matériaux composites ; • Sainte Sigolène : extrusion de films avec une production de 400.000 tonnes de film ; • Chambéry : conversion d’une partie de l’industrie du décolletage, des moulistes vers la plasturgie ; • Bassin d’Aurillac spécialisé sur les produits pour le secteur parfumerie-pharmacie ; • La Picardie, dans le prolongement du bassin industriel belge, est caractérisé par une taille d’entreprises supérieure à la moyenne française ; • La plasturgie des Pays de Loire s’est développée dans le sillage de l’industrie automobile ; • Celle de la Bretagne, sur le développement des débouchés dans l’agroalimentaire. Curieusement, la Région Parisienne ne semble pas très « structurée » dans le domaine de la plasturgie. La plasturgie en Picardie : les métiers se regroupent Quelques mois après la filière mécanique, l'industrie plasturgiste picarde, désireuse de surmonter ses faiblesses, structure la filière qui regroupe tous les métiers de la plasturgie présents en Picardie : transformateurs indépendants ou intégrés, producteurs, formulateurs, moulistes, fabricants de machines et d'outillage, ainsi que donneurs d'ordre, utilisateurs et recycleurs. Elaboré dans le cadre du contrat de plan Etat/Région 2000/2006, le contrat de filière plasturgie, assorti d'un budget de 2,74 M€ sur six ans, a été signé le 24 janvier 2001 par l'Etat (Drire et DRCE), le conseil régional de Picardie, la CCI, le Groupement des industriels de la plasturgie Picardie (GIP), le Critt Polymères de Picardie et la délégation régionale de l'Anvar. Il a pour objectif de définir une stratégie de développement pour les entreprises du secteur en les sensibilisant à la création de produits à valeur ajoutée, à la mise en place d'outils de gestion, à la qualité, aux nouvelles technologies et NTIC, et de préserver la compétitivité des entreprises picardes en les préparant aux nouvelles contraintes qui pèsent sur le secteur : normes environnementales draconiennes, relations clients-fournisseurs caractérisées par une grande implication des sous– traitants dans les tâches industrielles et pression pour toujours plus d'innovation technologique, domaine dans lequel la Picardie est légèrement en dessous des taux nationaux. Les métiers de la transformation, notamment, l'extrusion, l'injection, le thermoformage et la mise au point de composites sont bien représenté dans la région, mais la plasturgie picarde dépend pour une part importante de centres de décision situés hors de la région. C'est le cas des plus grandes entreprises du secteur – Allibert, Delsey, Plastic Omnium, SFP, Usiplast, Colgate ou Tergal. Plusieurs formations-actions collectives ont été développées afin de déterminer leur positionnement concurrentiel et de définir une méthode de pilotage de l'entreprise. Quinze entreprises y ont d'ores et déjà participé. Autres opérations menées via le contrat de filière : l'aide au développement de projets Internet, domaine où les entreprises de plasturgie picarde sont en retrait, une réflexion sur la rationalisation des achats, un projet pour renforcer les relations commerciales entre transformateurs et moulistes, enfin un transfert de technologie pour aider au pilotage numérique de lignes d'extrusion. Avec 322 entreprises et près de 36 000 salariés, la Picardie occupe le cinquième rang des régions plasturgistes françaises. Les PMI de moins de 20 salariés y ont un poids relativement moins important que dans le reste du pays, mais restent majoritaires. Un quart d'entre elles emploient moins de 10 personnes. La région accueille 2 des 13 grandes entreprises plasturgistes françaises de plus de 500 salariés, Faurecia et Plastic Omnium. Les entreprises plasturgistes picardes se sont implantées au sud de l'Oise où elles constituent un pôle important (35,8 % des effectifs), et sur deux pôles plus modestes, l'un entre Amiens et Abbeville, et l'autre en Thiérache, au nord de l'Aisne. 81 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité 2.3 Les pôles de plasturgie à l’étranger : MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Bien qu'ayant effectué son décollage économique 10 ans plus tard que les autres régions industrielles, la Vénétie, qui dispose de capitaux en provenance des émigrés, a connu un rythme de croissance supérieur à celui de l'Italie, tout en subissant les mêmes soubresauts économiques. Même si le différentiel de croissance tend à stagner, les indicateurs restent favorables : • Le revenu moyen en Vénétie est de 120 pour un niveau de 103 en Italie et 110 en Rhône Alpes, • Le niveau de consommation est 3 fois supérieur au niveau moyen italien, • Le taux de chômage est inférieur à 5% (3% pour les hommes et 7,5% pour les femmes) et, depuis 1990, le taux des emplois industriels se maintient constant à 42%, malgré la perte de 20.000 emplois, compensée par la croissance dans la mécanique et dans la plasturgie, • La démographie est toutefois préoccupante avec une baisse de population de 20.000 habitants malgré l'apport d'une population immigrée de 130.000 personnes. Autre exemple, Marinha Grande au Portugal était inconnu dans le monde. Les autorités locales ont mis en place un cluster volontariste à partir de l'action du Pacte territorial de l'emploi qui vise à assurer la restructuration de la verrerie et de la RNCUVWTIKG et à diversifier l'économie locale. Aujourd'hui, la coopération s'effectue entre Mairie, Conseil économique et social, industriels, écoles, office de tourisme et syndicats. L'emploi se consolide par la création d'un centre de formation et technologique afin de transmettre la tradition et le savoir-faire. Des nouveaux investissements sont attirés par une agence de développement locale qui assure la promotion de la commune. Les districts industriels en Europe centrale Dans le cadre d’un programme d’études et d’innovations sur le développement local et la création d’entreprise, une étude a été réalisée sur les « districts industriels » des pays d’Europe centrale constitués par les PME italiennes en délocalisant leurs activités. On a notamment cité l’exemple du district de Timisoara, en Roumanie, où 1.200 PME du nord-est de l’Italie se sont implantées dans des secteurs variés En Roumanie, au total, 12.000 entreprises italiennes se sont implantées, créant plus de 100.000 emplois ; cette étude montre, s’il était nécessaire, que les PME jouent un rôle important dans l’élargissement économique et commercial de l’Union européenne. Sources Le Figaro, 31 décembre 2002 Un cluster « Matières Plastiques » à Linz (Autriche). Depuis 1998, 6 clusters (réseaux) ont été créés en Haute-Autriche (une des régions autrichiennes les plus industrielles), avec comme mot d'ordre commun « l'innovation par la coopération » pour développer la compétitivité des entreprises grâce à une coopération étroite au sein des clusters ; parmi ceux-ci, un cluster matières plastiques. Une réflexion conceptuelle forte a présidé à cette création sur la compétitivité des nations. Le réseau « matières plastiques » (Kunststoff), créé en 1999, s'appuie sur un tissu industriel dense qui regroupe tous les métiers : fournisseurs de matières premières (10% des membres), transformateurs (45%), équipementiers (13%), moulistes (8%), services et assistances aux industriels (10%), centres de ressources R&D (14%). Le cluster regroupe 203 entreprises (132 de Haute-Autriche, 57 du reste de l'Autriche, 14 de pays limitrophes : Allemagne, Tchéquie et Slovaquie). Les entreprises, en majorité de petite taille, regroupent au total plus de 27.000 salariés : • 56% des entreprises ont de 1 à 50 salariés • 14% de 251 à 999, • 28% • 2% plus de 1.000 salariés de 51 à 250, Le chiffre d’affaires des partenaires est de 5,33 milliards d’euros, dont 3,68 en plasturgie. La part de l'export s'élève à 58,6% du chiffre d’affaires et l'effort de R&D est évalué à 2,3%. 82 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Le cluster est animé par une équipe de 6 permanents et 2 consultants extérieurs avec un conseil de surveillance, composé d’industriels et d’universitaires, qui pilote et évalue les activités. L'inscription des entreprises est volontaire et payante (500 € /an pour les PME1, 1.000 € pour les plus grandes) et donne droit à certains services : accès à des bases de données sur Internet, journal trimestriel avec assistance technique, accès aux moyens de recherche et aide au montage des projets, tarif réduit aux évènements du cluster, inscription sur le catalogue du cluster. Le cluster assure des actions dans 5 grands domaines : • Information et communication sur les partenaires, données de R&D, présentation Internet, bourse de coopération, actions de sensibilisation vers les étudiants et enseignants. • Valorisation du cluster : positionnement au niveau national et international, offres d'emploi, annonces et organisation de séminaires, conférences. • Qualification du personnel (son importance est justifiée par le relatif isolement de la région) : mise en place de formations ciblées, séminaires, formation continue, enquêtes sur les besoins de formation, liaison avec les centres de compétences, transfert de technologies. • Soutien à l'action coopérative (action prioritaire du cluster, sur laquelle est basée en partie son évaluation) : identification des besoins, motivation, développement et montage de projets2 suivant 3 axes prioritaires : organisation des entreprises, technologie des matériaux et procédés (2/3 des projets), qualification du personnel. • Développement des coopérations internationales, soutien des entreprises à l’international, analyse des questions internationales pouvant affecter les partenaires. Les projets sont soutenus financièrement par le gouvernement régional selon les règles suivantes : • Les projets doivent faire intervenir au moins 3 partenaires du cluster, dont au moins une PME, • Seules les entreprises basées en Haute Autriche sont subventionnées, • Les projets sont évalués par le réseau avant financement, • Les coûts directs (main d'œuvre, sous-traitance, consultance, voyages) sont financés à hauteur de 40% du coût total, avec un maximum de 36.336 € par partenaire du projet, • Le montant total de la ligne budgétaire est de 1.090.000 € pour 2001-2002. La part de financement privé dans le fonctionnement du cluster et des projets, aujourd'hui de 30%, est appelée à croître jusqu'à 40-45%. Le retour d'expérience du réseau est encore relativement faible, mais plusieurs indicateurs peuvent être retenus pour apprécier le succès de la démarche : le nombre d'entreprises inscrites et l'ouverture à des entreprises étrangères (Bavière, Tchéquie, Slovaquie), le nombre de projets de collaboration et le nombre de partenaires impliqués, le nombre de partenaires impliqués dans les actions de formation ou communication, l'évolution de la contribution privée au fonctionnement du réseau. D'après M.Pamminger, responsable du cluster, ces indicateurs vont dans la bonne direction, et il porte un regard très positif sur l'effet de levier du réseau pour les entreprises locales. Toujours d'après lui, le cluster n'a pas vocation à se substituer aux organismes professionnels (dont il semble pourtant reprendre quelques responsabilités…). Il n'intervient pas en particulier dans les problèmes d'hygiène et sécurité, de normalisation ou de réglementation. Il privilégie - comme annoncé dans la description du contexte - l'innovation par la coopération. Hervé Chalaye, entretien du 26 juin 2002 avec M. Werner PAMMINGER, Portail d'accueil : http://www.clusterland.at/ et http://www.kunststoff-cluster.at/ 1 PME = <250 salariés, chiffre d’affaires <40 M € CA, participation d'un grand groupe < 25%. Ces 3 critères doivent être respectés simultanément. 2 32 projets ont été traités, dont 21 terminés. 82 partenaires du réseau ont été impliqués, pour un montant total de 7,6 M€ : 7 projets concernaient l'organisation, 22 les développements technologiques et 3, la qualification. 83 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité PARTENARIATS TRANSFRONTALIERS 3 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne La coopération transfrontalière et interrégionale s’est développée en Europe durant les années 80 sous l’impulsion de la Commission européenne qui a favorisé des initiatives impliquant des régions ou des parties de région appartenant à des états différents. Tout en gommant progressivement les frontières internes de l’Union européenne, les coopérations transfrontalières permettent de développer des projets communs dans des domaines aussi divers que l’économie, les technologies, la formation, l’emploi, l’environnement. 3.1.1 Le territoire régional se révèle le plus pertinent en tant qu'espace de réflexion, de synergie et de cohérence. La région se situe entre des centres que l’on peut percevoir comme bien éloignés (Europe, Etat) et des lieux de décision et d'action locale (départements, communes, pays) plus proches du terrain et des individus. Cette position intermédiaire la rend plus accessible à ces nouveaux enjeux, d'autant plus que les politiques nationales ou européennes n'ont pas toujours permis de résoudre le problème des inégalités territoriales. Les programmes INTERREG Avec le renforcement de l’intégration économique et sociale entre les Etats de l’Union européenne, les coopérations trans-européennes sont à la fois une réalité et une perspective. L’outil Interreg a été créé pour accompagner et impulser ces coopérations. Il s’agit d’un mode de financement qui ne définit pas un projet de territoire, mais, par la mobilisation qu’il engendre, peut être un vecteur de réflexion et de production de projets transfrontaliers. Interreg III est l'un des 4 programmes d'initiative communautaire mis en place pour 2000-2006. Doté de 4,875 milliards d'euros, il offre, par le biais de cofinancements de projets collectifs, de nouvelles possibilités de coopération aux régions. Il crée, en effet, des possibilités de développement et de projets à l'échelle transnationale et trans-régionale. Par exemple, le programme Interreg III France/Suisse réuni les régions de Franche-Comté et de Rhône Alpes avec les cantons de Berne, de Genève, du Jura, de Neuchâtel, du Valais, de Vaud. Toutefois, les porteurs de projet sont surtout des organismes publics ou parapublics (57 %). Les associations sont plus représentées en France qu'en Suisse (33% contre 24%). Par contre, pour les deux pays, les acteurs privés, en tant que porteurs de projets, sont faiblement représentés. Deux exemples de partenariat transfrontalier Un programme de recherche transfrontalier France (Rhône-Alpes)/Suisse porte sur la mise au point d’une nouvelle famille de capteurs « thermofluxmétriques » pour obtenir une meilleure maîtrise des échanges de chaleur dans l’outillage de la plasturgie. En effet, les procédés de transformation exigent un contrôle précis de la température du moule, dans la mesure où la qualité des pièces en dépend. Cette recherche de la maîtrise des calories peut être une source de gains d’énergie substantiels et par là même d’économies. Cette coopération transfrontalière entre la SIS (Static Input System SA), spécialisée dans la fabrication de capteurs, et le PEP (Pôle Européen de Plasturgie) qui testera ces nouveaux capteurs, notamment par des essais machines, pourra avoir des effets bénéfiques sur les PME de la plasturgie tant françaises que suisses. Cette coopération est née d’une prise de contact entre ces deux partenaires à l’occasion des journées franco-suisse. Dans le cadre d’un projet financé, en partie, par les fonds européens Interreg, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bayonne Pays Basque met à disposition des entreprises un assistant technique spécialisé chargé de dynamiser les partenariats transfrontaliers avec le nord-ouest de l’Espagne. Parmi les secteurs prioritaires, la plasturgie. 84 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne La fabrication des moules, l’injection de pièces plastiques et l’outillage se délocalisent en Espagne et au Portugal pour des raisons de coûts de main d’œuvre (Les Plastiques Décorés). Les services proposés par cet organisme sont les suivants : • Assister les entreprises dans la clarification de leur stratégie transfrontalière, • Aider à la recherche de partenaires dans les régions transfrontalières de l’Espagne, • Assister les partenaires pour la mise en oeuvre de ces partenariats. Sources Nodal Consultants, novembre 2002 Une filiale française du groupe italien FLO Spa Spécialiste de la vaisselle jetable, le groupe italien FLO Spa, entreprise certifiée ISO 9002, Tüv et CE, qui a réalisé un chiffre d'affaires 1999 de 31 millions d'euros pour 135 salariés, investira 6,5 millions d'euros dans la construction de sa première usine française à Ruitz. Le site nordiste était en compétition avec les régions Lorraine et Normandie. Tous les produits FLO sont fabriqués à partir de polystyrène vierge, un matériel atoxique et recyclable à 100%. Cette nouvelle unité de 2 800 m² sera construite sur un terrain d'une superficie de 2,5 hectares. Prévue pour septembre 2003, la mise en service de l'unité s'accompagnera de la création de 43 emplois. L'unité nordiste commercialisera sa production auprès de la grande distribution, des distributeurs automatiques et de la restauration collective. Avec une capacité de production de 800 millions de pièces par an, le site de Ruitz devrait permettre au groupe italien de mieux desservir sa clientèle d'Europe du Nord, notamment l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France. Cette nouvelle usine vient renforcer le pôle plasturgie du Béthunois qui rassemble déjà un quart de la plasturgie régionale avec une quarantaine d'entreprises employant 3 300 salariés. 3.1.2 D’après la Note d’information du Nord-Pas de Calais, mars 2002 Le CLFA : Coopération Laser Franco-Allemande La mise en commun des moyens techniques et le rassemblement d’équipes pluridisciplinaires ont permis de créer, en 1997, un pôle de compétence, né du regroupement des activités R&D d’organismes publics (CEA, DGA, CNRS) et de fabricants français de systèmes laser (Sopra, Quantel, Seso, Afma Robot) avec un centre allemand, leader dans le domaine du transfert de technologie laser, le Fraunhofer Institut für Lasertechnik (Fraunhofer-ILT) d’Aix la Chapelle. Les atouts du CLFA sont une gamme complète de lasers industriels, des moyens importants de mise en oeuvre des procédés (robot, CN), une connaissance approfondie des problèmes industriels, des relations privilégiées avec de grands organismes publics et un contact permanent avec la recherche. La synergie du savoir-faire et l'expérience pratique, scientifique et industrielle du CLFA sont appliqués directement au développement de procédés de production adaptés au marché : • Transfert de technologie : le CLFA est un centre technique dédié au transfert des technologies laser. Il a pour objectif de développer et de proposer aux industriels les moyens d’intégrer les technologies laser dans les procédés industriels (assemblage et décor des pièces plastiques). • Recherche et formation : le CLFA héberge un laboratoire de recherche du CNRS, le LALP (Laboratoire pour l'Application des Lasers de Puissance, UPR 1578) qui réalise des travaux de recherche dans ces domaines et assure la promotion de la formation correspondante. L’intégration de la technologie laser permet de donner aux pièces une plus grande valeur ajoutée et, à ce titre, devrait intéresser les transformateurs soucieux d’accroître leurs marges et d’améliorer la qualité. L’investissement est élevé, mais permet un gain important des temps de soudage qui s’adresse, notamment, aux fabricants de pièces pour l’automobile (réservoirs de carburant) et l’électronique. Les français semblent plus réticents que les allemands à l’utilisation de cette nouvelle technologie ; ils attendent que le procédé soit complètement au point. 85 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité 4 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne L’INNOVATION, MOTEUR DE LA VALEUR AJOUTEE La transformation des matières plastiques est en pleine expansion au niveau mondial, mais la forte concurrence des pays de l’Est et du Sud-Est asiatique nécessite de créer toujours plus de valeur ajoutée pour maintenir la production en France ; cet croissance de la valeur ajoutée peut être obtenu en intégrant dans les entreprises de transformation de nouvelles compétences de R&D et en offrant aux donneurs d’ordre des services non maîtrisés par les pays en développement. 4.1 Partenariats de R&D Les efforts de R&D de la plasturgie sont actuellement concentrés sur le développement de nouveaux procédés de transformation (optimisation de l’outil de production) pour abaisser les coûts de production, mais ils sont largement insuffisants pour permettre aux transformateurs de dégager de nouveaux moyens d’améliorer leur rentabilité (par exemple, Plastivaloire ne dispose que d’un budget de 150.000 € de R&D pour un chiffre d’affaires de plus de 150 millions €). Pour éviter qu’à terme, la France n’ait plus qu’un rôle de négociation et d’ingénierie, mais plus de transformation (comme la tendance se profile au Royaume-Uni), les centres de compétences techniques insistent sur la nécessité de mettre en place des action nationales et européennes d’innovation pour faire face au développement de la concurrence asiatique (transformateurs, moulistes) et éviter les délocalisations de la production. Alors qu’en Italie, les universités d’ingénierie et de physique/chimie sont des partenaires techniques pour de nombreux projets innovants (développement de nouveaux matériaux et de nouvelles applications), en France, pour orienter et optimiser leurs efforts de recherche et développement, les transformateurs s’appuient sur des collaborations avec leurs fournisseurs et leurs clients, et encore assez peu sur des collaborations avec des écoles. Historiquement, la Plasturgie n’a jamais bénéficié de l’existence d’un Centre Technique financé par taxes parafiscales. Il est vrai que pour l’essentiel, les efforts de R&D étaient assurés par les grandes entreprises amont fournisseurs de matières premières (grands groupes chimistes). L’évolution technologique était suscitée essentiellement voire éventuellement financée à partir des matières premières. Ce temps est en partie révolu et les PMI de la profession bénéficient moins de ce soutien des industries amont. D’autant qu’innovations aidant, les procédés de transformation se sont considérablement complexifiés : surmoulage, soudage, assemblage, revêtements, traitements de surface, etc. … en bref, les technologies ont largement évolué et font appel non seulement à des technologies matières, mais aussi aux outillages, machines, technologies limitrophes : textiles, charges minérales, etc. L’organisation professionnelle de la Plasturgie (en collaboration avec les pouvoirs publics) a de ce fait suscité la création : de l’Ecole des Mines de Douai, du Pôle Européen de la Plasturgie (PEP), de l’Institut Supérieur de Plasturgie d’Alençon (ISPA), du Pôle Plasturgie de l’Est (PPE). D’autres centres ont développé, sui generis, et ont su générer des activités de R&D dans le domaine de la plasturgie : ENSAIS, Compositec, Ceremap, Creacol, G3F. Tous ces centres fonctionnent aujourd’hui de façon plus ou moins autonome voire concurrentielle. La Fédération a donc initié la création d’un véritable réseau technologique national par la mise en place de son Comité Scientifique et Technique regroupant dans une réflexion commune les Grandes Ecoles, les Universités, les Centres techniques et les industriels de la profession. A fin 2002, en sont membres : le Pôle de Plasturgie de l’Est, l’Ecole Supérieure de Plasturgie et le Pôle Européen de Plasturgie (oyonnax), Apollor, l’ENSAIS à Strasbourg, l’Ecole des Mines de Douai, l’ITECH de Lyon, l’ISPA d’Alençon, le CRITT polymères de Rochefort. 86 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Le Comité scientifique et technique permettra : • d’assurer une meilleure interface entre centres et PMI, • de fédérer et de capitaliser les connaissances et compétences de la profession quelle qu’en soit l’origine : − centres de ressources techniques et scientifiques (écoles, centres …) − industriels recherchant des partenariats technologiques, • d’optimiser, par recherche de complémentarités, les ressources technologiques de la profession, • de créer une plate-forme multipolaire d’échanges entre PMI /centres scientifiques/acteurs ressources • de susciter des projets de recherche collaborative permettant de faire bénéficier la profession de financements nationaux et/ou européens, • d’assurer la compétitivité des PMI de la profession par la valeur ajoutée et l’innovation, 4.2 Nouveaux procédés et matériaux Les principaux centres d’intérêt de la DG Recherche (Sustainable Growth) de la Commission européenne concernent le développement durable vu à travers : • les « matériaux du futur » qui cherchent à imiter ce qui existe dans le monde du vivant, • les additifs pour les polymères et, notamment, les dendrimères qui permettent de produire des matériaux fonctionnels destinés à la biotechnologie (biomatériaux, veines artificielles biocompatibles), électronique et hydrogels ; • les nanotechnologies ; • les matériaux à très haute valeur ajoutée (à titre de comparaison, le PVC de base coûte moins de 1 €/kg, certains nouveaux matériaux peuvent atteindre plusieurs centaines d’euros/kg). Dans le 5ème PCRD, la France participe aux différents programmes de recherche à hauteur de 15% du budget global (2ème rang des contributeurs, derrière l’Allemagne et devant le Royaume-Uni), à travers des organismes tels que l’INRA, le CNRS et des écoles (Ecole des Mines) ; une grande partie de sa participation concerne la recherche relative aux nouveaux matériaux destinés à l’aéronautique et, notamment, aux polymères. Il faut noter que la France se situe au 2ème rang des contributeurs dans les projets d’innovation industrielle du 5ème PCRD avec une spécialisation marquée dans le champ des matériaux et technologies industrielles, et devance l’Allemagne dans le champ de l’environnement. Toutefois, même si les petites et grandes entreprises forment un ensemble de recherche assez soudé, les PME sont marginalisées, même sur les projets à finalité industrielle et elles sont encore plus éloignées de la recherche publique que ne le sont les grandes entreprises1. Face à la prise de conscience du public et du politique que le « tout pétrole » a des limites, les pétroliers sont amenés à se pencher sur la production de matières premières à partir de l’agrochimie (« green chemistry ») qui ont les mêmes propriétés que les produits issus de la pétrochimie. Dans la plasturgie, les innovations se situent plutôt dans l’amélioration des procédés (temps de cycle, constitution de bases de données statistique pour optimiser les procédés de transformation L’Oréal) que dans les produits innovants. Ainsi, certains procédés niches se développent en Europe et ils pourraient être adaptés, à l’exportation, aux pays en voie de développement qui recherchent des produits simples : 1 Sources : Analyse des participations françaises au 5ème PCRD – Etude réalisée pour le Ministère de la Recherche (septembre 2001). 87 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Le roto-moulage qui ne représente que 2% des procédés de transformation, permet de réaliser la plupart des formes simples ou complexes sans collage ni soudure. Ses principaux avantages : − un coût d'amortissement plus faible : les petite et moyenne séries sont rendues plus compétitives en raison du nombre de moules qu’il est possible d’installer sur la machine, − une plus grande souplesse dans le procédé de transformation : l'adaptation du moule aux modifications demandées par le marché, le styliste, le bureau d'étude ou la technologie se fait rapidement et à des coûts acceptables. • Le thermoformage est adapté aux petites séries (de l’ordre de 100 unités) et peut fournir des bulles plastiques de grande taille (bulle télésiège) : − l’investissement en outillage est moins élevé, mais les pièces plastiques obtenues par ce procédé ont un coût supérieur à celles obtenues par l’injection, − est en développement pour les applications automobile (parebrise), aéronautique, sport, médical et à la recherche de nouvelles applications. La technologie de bi-orientation a permis de multiplier la résistance des tuyaux par 2 ou 3, ce qui permet, notamment, d’utiliser les tuyaux en PVC à des pressions plus élevées et, ainsi, de prendre quelques parts de marché aux tuyauteries en fonte. L’injection-eau fait son apparition sur le marché en permettant des réductions importantes de temps de refroidissement, pouvant aller jusqu’à 70%. Ce procédé a été initialement développé par IKV (Institut für Kunstoffverarbeitung) pour la production de pièces creuses à parois épaisses. De nombreux transformateurs se sont lancés dans des études d’adaptation de leurs machines à ce procédé innovant, avec des résultats inégaux. Hutchinson utilise ce procédé pour la fabrication d’une rampe pour circuit de refroidissement de la Citroën C3. • • • D’autres procédés à forte valeur ajoutée se développent en Europe et pourraient être mis en œuvre par les transformateurs, par exemple, la bi- et multi-injection et l’injection à gaz optimise la consommation de matières et réduit les temps de cycle, le micro cellulaire. Une évolution possible de la technologie concerne la suppression de l’étape « granulation ». Le procédé, développé il y a de quelques années - sans résultat - par Clextral, concerne l’extrusion directe et l’association d’une extrudeuse et d’une presse à injecter (procédé Exmo, c’est à dire EXtrusion-MOulage). La réduction des coûts résultant de la suppression d’une étape intermédiaire permettrait d’élargir son marché. PSA/Faurecia est intéressé par cette solution, mais le financement est difficile à trouver. Le système est maintenant repris et proposé par les allemands. La transformation du caoutchouc est moins automatisée que celle des plastiques et ses propriétés n’ont, semble-t’il, plus le même intérêt pour les utilisateurs ; aussi, sur les pièces qui n’ont qu’une fonction esthétique, le plastique prend des parts de marché au caoutchouc (par exemple, les pièces intérieures des automobiles, l’électroménager), d’autant que certains plastiques permettent d’allier les propriétés du plastique et celles du caoutchouc. Pour améliorer leur taux de valeur ajoutée, de nombreux transformateurs choisissent différentes stratégies de différenciation : • Se spécialisent dans la production de produits techniques à haute valeur ajoutée, notamment la production de pièces plastiques pour l’industrie médicale (Enki, filiale de RIMOS en Italie, s’est spécialisé dans l’extrusion de micro-composants : cathéters, micro-tubes) et peuvent consacrer jusqu’à 40% de leur activité aux prestations de bureau d’étude ; • Se diversifient dans d’autres domaines, notamment l’aéronautique, l’électronique et la chimie ; • Se positionnent sur des produits plus chers, de meilleure qualité et qui sont soumis à des caractéristiques et des contraintes plus importantes. 88 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne D’autres transformateurs spécialisés dans la fabrication de produits à faible valeur ajoutée (tel Pöppelmann) cherchent à réduire leurs coûts de production par des stratégies de production et de communication qui concernent principalement : • La concentration sur un nombre restreint de sites et l’extrême automatisation de leurs moyens de production ; • La mise en place et l’utilisation intensive d’outils logistiques performants (production et communication) qui permettent de compenser en partie l’éloignement du client ; • La délocalisation partielle de la production dans les pays de l’Est (République Tchèque) n’est prise en considération qu’en dernier ressort.. 4.3 Produits et procédés à haute valeur ajoutée Une tendance de la plasturgie française est la perte de ses avantages compétitifs à long terme et la réticence des clients à accepter l’innovation ; elle se traduit par une érosion de la valeur ajoutée des plasturgistes. Pour résister aux pressions conjointes des producteurs de matières premières et des donneurs d’ordres, l’accroissement de la productivité est incontournable, mais il ne constitue ni la base du développement futur, ni même le principal moyen pour contrecarrer l’effet de ciseaux. C’est en se positionnant sur le marché des pièces à haute valeur ajoutée (pièces techniques, emballages de luxe) et en se diversifiant sur des marchés de haute technicité (aéronautique, électronique, santé) que les plasturgistes peuvent reprendre l’initiative des prix. Face à aux donneurs d’ordres, le potentiel d’accroissement de la valeur ajoutée des transformateurs réside essentiellement dans : • le développement de la R&D avec le soucis permanent d’innover et de maintenir un parc de machines modernes (entre 1997 et 2000, l’investissements rapporté au chiffre d’affaires a cru de 18%, mais cet investissement porte davantage sur les bâtiments que sur l’appareil productif), • la proximité géographique (et sans doute culturelle) avec les clients, • leur capacité à conseiller le client final dans ses choix de transformation et la définition du cahier des charges du produit final. • la co-conception et le co-développement en association avec les donneurs d’ordres (grâce au rôle de plus en plus importante des bureaux d’études chez les plasturgistes) pour développer les pièces techniques, doit se traduire par : − des partenariats avec les industriels pour « designer » le produit finis, − des transferts de certains process à d’autres secteurs d’activités, − l’utilisation d’additifs et d’alliages conduisant à de « nouvelles » matières premières, • le développement de procédés encore peu connus des donneurs d’ordres, tels que le soufflage, qui n’ont pas encore eu l’attention dont à bénéficié l’injection, • la nécessité de mieux prendre en compte les problèmes d’environnement et de transformer ce handicap en atout. Le développement des procédés de soufflage ne s’opposent pas à l’injection et permettent la réalisation de pièces particulières (intérêt pour l’ergonomie, le double face). La méconnaissance de cette technologie empêche la réalisation de nombreuses pièces actuellement réalisées par injection. Depuis le début de la téléphonie mobile, les demandes des donneurs d’ordre pour la réalisation de pièces comportant une décoration est en plein développement (Les Plastiques Décorés) ; le gain de marge obtenu pour des pièces décorées peut être estimé à 50%. Le développement de ces technologies doit s’appuyer sur la recherche de nouveaux marchés (nouveaux secteurs d’activités intéressés par la décoration), de nouvelles zones géographique (l’export représente 12% du chiffre d’affaires, en forte croissance) et sur la promotion, auprès des bureaux d’études des donneurs d’ordres, des nouvelles possibilités d’association de matières. 89 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Certains transformateurs comme Injextru (Belgique), qui dispose d’un parc de machines modernes important lui permettant de répondre à des demandes très variées, évoluent vers des réalisations de produits finis intégrés directement utilisables par le client final ; l’activité de soustraitance, qui était prédominante à l’origine de la société en 1970, a évolué vers l’élaboration de produits finis, entièrement conçus sur mesure. Enfin, de nombreux transformateurs sont actuellement en cours de validation/certification suivant la norme ISO 14 000, qui prend en compte les contraintes environnementales des sites de production, ou la norme ISO TS, créée par les équipementiers automobiles, ou encore la certification QS 9 000. Mais, aujourd’hui, pratiquement tous les transformateurs de taille comparable étant certifiés, la certification n’est plus un critère différenciant. Les transformateurs doivent s’orienter vers la réalisation d’offres techniques mieux ciblées et de pièces complexes suivant des spécifications précises afin de répondre à une demande plus large ; dans leurs offres, les transformateurs doivent prendre en considération les possibilités permises par le développement des procédés et matériaux, mais également le développement des moyens de contrôle et de mesure, ainsi que celui des logiciels de caractérisation des matériaux, notamment : • La réalisation d’essais avec les fabricants de matière première ou les donneurs d’ordres, pour la mise en oeuvre de nouveaux matériaux (comme le Taïko, mélange de PVC et de PC), le développement d’innovations sur la texture des plastiques (essais de nouveaux additifs excluant l’utilisation des phtalates) ; en effet, les industriels des secteurs de l’automobile et de l’électronique exigent un niveau de précision des pièces finies de plus en plus élevé (par exemple, Renault met au point des freins imités de ceux des avions) ; • La possibilité de réaliser un spectre plus large de produits plastiques à une incidence sur le prix de revient ; en effet, le prix de conception et de mise en place du process est très élevé (pour un chiffre d’affaires de 10 millions €, la conception du moule peut atteindre 500.000 e ; • Le développement de nouvelles applications et l’anticipation des besoins du marché (apport de solutions aux problèmes que les transformateurs appréhendent, mais qui ne sont pas exprimés sous forme de besoins par les donneurs d’ordres), par exemple : − proposition par les transformateurs et les concepteurs de moules de réaliser des prototypes permettant de visualiser le produit avant l’ordre d’achat, − offre, par exemple, de remplacement des palettes en bois par des palettes en plastique antidérapant pour des raisons d’hygiène et de sécurité (Coca Cola), − développement, pour les donneurs d’ordres japonais, de profilés spéciaux, de coût élevé, pour la décoration d’intérieur (« plastiques de luxe »). • La veille technologique internationale permet d’identifier des technologies innovantes (extrusion d’un mélange bois/plastique, technologie identifiée aux Etats-Unis qui associe les propriétés du bois et des plastiques, notamment un même « touché » que le bois) ; • La rhéologie est en plein développement (I3S Conseils) et des bureaux d’études et d’ingénierie se développent et proposent leurs prestations à des grandes entreprises de transformation (conseil, calcul via le logiciel Molflow pour des mesures rhéologiques) ; • L’utilisation généralisée de matières recyclées, sauf lorsque l’aspect visuel intervient et que l’utilisation de matières premières vierges est exigée par les donneurs d’ordres. Toutefois, il apparaît clairement que l’industrie de la transformation des plastiques ne traverse pas une période de rupture ou de révolution technologique ; il s’agit plutôt d’évolution de procédés (robotisation), de développements de grades de matériaux déjà connus et utilisés, qui peuvent apporter une contribution à l’amélioration de la productivité. On citera, par exemple, en Allemagne, les petits compounders qui produisent des mélanges spéciaux pour répondre à des besoins spécifiques (produits anti-chocs, anti-UV, anti-grêle), qui permettent aux transformateurs d’améliorer leurs marges, car le prix des produits finis peut être multiplié par deux. 90 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité L’exemple de Sincoplas NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Sincoplas est une entreprise familiale de plasturgie qui s’est décentralisée dans l'Aisne en 1958. Elle produit des emballages de luxe pour la parfumerie tels les poudriers haut de gamme et les coffrets en plexiglas pour Chanel, les capots d'atomiseurs de parfum ou les présentoirs destinés à la PLV, combinant verre, métal et plastique. Disposant de moules rotatifs, de robots, de machines ultra-sophistiquées, elle a tout d'une entre-prise high-tech ; sa dernière acquisition est un tunnel de séchage rapide à UV couplé à une machine de sérigraphie haute cadence, qui lui permet de fabriquer, en un temps record, des quantités très importantes de pièces. Au départ, Sincoplas s'est spécialisée dans le moulage de pièces techniques, utilisant les techniques de l'injection et de la compression. En misant sur les technologies les plus avancées, Sincoplas a construit son développement, en jouant, notamment, de son avance technologique sur les Etats-Unis pour fabriquer les premiers cache-culbuteurs des moteurs de tracteurs John Deere. A présent, la parfumerie et les cosmétiques haut de gamme représentent plus de la moitié de son chiffre d’affaires. Le reste de la production se répartit entre les présentoirs publicitaires et les pièces techniques pour l’industrie (l'électroménager et l'automobile) ainsi que des cendriers et des pièces pour des sièges d'avions. Le dynamisme de Sincoplas se traduit dans la progression de son chiffre d’affaires qui est passé en deux ans de 7,6 à 10,7 M€. Son avance technologique, le savoir-faire des techniciens picards et la position stratégique de l'usine au cœur de l'Europe sont les clefs de sa réussite, que le contrat de filière plasturgie ne fera que renforcer. Pour pérenniser les points forts de la région, la PMI a choisi d'épauler les formations à la plasturgie, du CAP au BTS, dispensées par le lycée professionnel de Chauny dont elle reçoit une dizaine de stagiaires par an. Sources : Nodal Consultants & Cahier Industrie n°78 – juin 2002 Une technologie en pleine expansion : la métallisation des polymères La métallisation des matières plastiques est devenue un procédé couramment utilisé. Elle permet, en effet, d'allier les performances de légèreté, de flexion et de prix d'un polymère avec les fonctions décoratives, de dureté et de résistance à la rayure d'un revêtement métallique. Ainsi, la métallisation électrolytique sur matières plastiques présente de nombreux avantages pour l'automobile. Elle offre une grande souplesse dans le chromage de formes complexes, autrefois réalisées en métal, une diminution notable du poids des pièces, une simplification des systèmes d'assemblage et un large éventail de revêtements, en particulier, la finition satinée façon aluminium. Des débouchés concrets pour les nanotechnologies Si les applications des nanotechnologies font encore partie du domaine de la fiction, certaines sont néanmoins sur le point d'aboutir. Ainsi, des scientifiques de l'Armée américaine du Massachusetts prévoient, d'ici deux ans, l'utilisation d'uniformes à base de nano-fibres qui laissent circuler l'air tout en empêchant le passage des produits toxiques émanant d'armes chimiques ou biologiques. Pour sa part, Hybrid Plastics, une entreprise de Californie, produit des plastiques enrichis possédant les qualités de céramiques hyper-résistantes, déjà testés par la NASA comme revêtement des stations spatiales, des missiles ou des fusées. Un nouveau matériau polymère à haute conductivité thermique Hitachi a développé un matériau polymère qui possède une conductivité thermique cinq fois plus élevée que les matériaux plastiques conventionnels. Il permettra aux équipementiers électriques de fabriquer des générateurs de puissance plus compacts et des dispositifs semi-conducteurs dissipatifs d'énergie moins volumineux. Il permettra également que les bobines magnétiques soient refroidies seulement par air. Ces améliorations devraient faire chuter les coûts de production, compensant ainsi très largement le surcoût du polymère, aujourd'hui dix fois plus onéreux que les matériaux analogues actuels. Il sera commercialisé d'ici 2005. 91 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité 4.4 Importance du « design » des produits NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Le design industriel est devenu pour les entreprises de la plasturgie - grandes entreprises, pionnières dans ce domaine, ou PMI - un outil de développement stratégique à part entière. Il permet d’accroître dans les produits la part d’innovation et de qualité et, en principe, la valeur ajoutée, car la « valeur d’estime » s’ajoute, alors, à la valeur d’usage. L’Institut Supérieur de Valenciennes définit le design comme étant « la démarche qui consiste à concevoir tout objet, produit ou système fabriqué en série industrielle, en prenant en compte les valeurs socioculturelles, les enjeux économiques et les contraintes de fabrication. Les critères justifiant le recours au design sont variés : • Des exigences commerciales : demande des distributeurs, souci de faire évoluer l’image de l’entreprise, demande des consommateurs, • Des enjeux techniques : recherche d’améliorations techniques ou logistiques, la recherche d’intégration de nouvelle technologie, • Des nécessités économiques : recherche de la marge ou de la valeur ajoutée. Près de 40% des entreprises de chimie, caoutchouc et plastique ont déjà fait appel à un designer, mais il est difficile d’évaluer la part qui revient à la plasturgie. Dans ce secteur, les PMI sont, en général, peu ou mal outillés pour la conception du design ; elle est confiée à des bureaux d’études externes ou, lorsqu’ils existent, aux services R&D et privilégie souvent la technique et la fonctionnalité. La pratique du design par les PMI augmente avec la taille et le chiffre d’affaires de l’entreprise ; les plus petites entreprises n’utilisant que rarement des designers. La pratique du design est encore essentiellement le fait des grosses PMI. La chimie, le caoutchouc et la plasturgie se distinguent des autres PMI pour le nombre de produits modifiés (96 contre 26 en moyenne)1. Les procédés de mise en œuvre des matières plastiques offrent de nombreuses possibilités de design. Par exemple, la fonction première du Optique de phare Peugeot 406 vitrage, qui est de protéger le conducteur et les passagers des intempéries, est presque devenue secondaire ; c'est le design qui prime, façonnant l'apparence de la voiture et la différenciant des autres véhicules. Or il est plus facile de réaliser des formes complexes en matière plastique qu'en verre, de même pour les possibilités de montage comme la fixation « clip in » ou « pop out ». Ce qui freine le plus, aujourd'hui, l'utilisation de la matière plastique, c'est son aspect auquel les designers sont sensibles. Depuis l’arrivée sur le marché de la téléphonie mobile, la demande pour la décoration des pièces plastiques est en forte augmentation, mais peu de sociétés sont en mesure d’intégrer cette nouvelle fonction car il est nécessaire d’atteindre une taille critique pour pouvoir, à la fois, faire face aux exigences des donneurs d’ordre et assumer des investissements élevés ; par contre, le gain attendu sur le prix de vente peut atteindre 50%. Le secteur de la décoration recherche de nouvelles applications et de nouvelles zones géographiques pour maintenir un taux élevé d’exportations de l’ordre de 12%. 1 Voir l’étude Les pratiques du design en PMI – DARPMI, novembre 2002 92 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité ROLE DES POUVOIRS PUBLICS DANS LA R&D 5 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 5.1 Relations entre recherche publique et recherche privée La R&D est porteuse d’enjeux importants pour la compétitivité des entreprises de plasturgie et se caractérise par l’orientation vers le client et l’intégration des activités de recherche, développement et innovation au sein d'équipes projets, souvent d'ailleurs plurinationales. S’agissant du marché européen, la France est attractive, notamment sur la base de ses grandes écoles à même de produire les ressources humaines adaptées aux besoins, mais il faut souligner la montée des compétences d’innovation de la zone Asie-Pacifique, élément qui est d’autant plus à prendre au sérieux que l’attraction exercée par les Etats-Unis contribue au développement et au transfert de compétences dans cette zone. Aussi, la baisse d’attractivité des filières scientifiques est préoccupante et souligne la nécessité de revaloriser en France l’image de la science, du chercheur et plus largement de l’innovation, en particulier dans l’industrie. Pour sa part, Philippe Busquin, Commissaire européen en charge de la recherche, a appelé les secteurs publics et privés à jouer un rôle dans l’accroissement des investissements de R&D en Europe : « la politique industrielle devrait davantage tenir compte de la qualité et de la quantité des connaissances, ce qui accroît la croissance et la compétitivité ». Dans les entreprises, les compétences de R&D se renouvellent et se développent, pour partie, à travers les échanges et les collaborations établis avec les organismes de recherche publique ; les expériences de ce type sont positives et il est nécessaire de favoriser et valoriser la mobilité entre les deux secteurs afin d’offrir aux chercheurs des conditions de travail, de carrières et de rémunération qui soient internationalement attractives. De nombreuses entreprises – en général les plus grandes - développent des collaborations avec la recherche publique (actions de recherche concertées, intégration dans des CNRT ou réseaux nationaux de recherche technologique, établissement de contrats cadres, développement de laboratoires mixtes) et étrangères (collaboration avec des laboratoires étrangers, participation à des programmes européens ou bilatéraux et à Euréka). Cette expérience donne des éléments de comparaison internationale sur les conditions de collaboration avec la recherche publique et montre qu’il est nécessaire, à l’instar des Etats Unis et de certains autres pays européens (comme l’Allemagne, les pays Nordiques ou même l’Italie), de sensibiliser davantage les laboratoires de recherche publique français aux besoins des industriels, pour faciliter les projets communs et organiser des échanges de chercheurs entre secteur public et privé, mais le système de fonctionnement de la recherche publique ne facilite pas les flux de chercheurs allant du public vers l’entreprise ou inversement. Les collaborations et les relations avec la recherche publique se sont largement développées et diversifiées, grâce à des initiatives comme les CRITT, les réseaux nationaux ou les CNRT, par exemple. Les entreprises qui ont établi des collaborations avec des laboratoires étrangers soulignent qu’il faut de toutes façons du temps pour développer les compétences appropriées aux objectifs du développement industriel, parce que ces compétences ne reposent pas seulement sur des connaissances fondamentales mais aussi sur la capacité de travailler en interdisciplinarité, avec des objectifs concrets et dans un délai imparti. L’innovation est facilitée par une organisation en cluster, l’agglomération, sur un même pôle, des compétences et des acteurs privés et publics à même de coproduire des connaissances et de démontrer leur faisabilité économique. L’interaction entre recherche publique et entreprises, et l’allocation des moyens nécessite la définition d’une politique de propriété intellectuelle appropriée et des investissements publics suffisants pour constituer un outil d’innovation. 93 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne La globalisation passe par le développement de projets transversaux internationaux ; un marché mondial des projets R&D se développe, sur lequel les entreprises doivent se positionner, d’autant que les nouvelles technologies permettent d’agréger des compétences d’innovation dans n’importe quel lieu. Mais le développement de l’innovation est lié à la capacité des pouvoirs publics d’accompagner ce processus d’agrégation (ou « clusterisation ») en créant les infrastructures et en facilitant des coopérations permettant à ces pôles d’être attractifs. 5.2 Le Réseau National Matériaux et Procédés (RNMP) Le RNMP est un réseau de recherche et d'innovation technologique dont la création a été annoncée par le Premier Ministre lors des Assises de l'Innovation. Il a pour but de favoriser, dans le domaine des matériaux et procédés, la collaboration entre recherche publique et recherche industrielle. Cette recherche doit s'inscrire dans une logique de demande, c'est-à-dire satisfaire les besoins économiques ou sociétaux à moyen terme. Elle doit contribuer à la création et/ou à la croissance d'entreprises innovantes, et peut bénéficier de financements incitatifs. Conception, élaboration et caractérisation des matériaux, Procédés de mise en œuvre et de mise en forme et leur optimisation, Traitements de surface et assemblages, Comportement, durabilité, fiabilité et contrôles associés, Procédés et matériaux respectueux de l'environnement et recyclabilité. • • • • • Le RNMP labellise des projets de recherche et développement stimulant la recherche technologique pour conduire au développement de produits et services nouveaux, répondant aux besoins du marché, avec une attention particulière pour les innovations de rupture, et permettant une coopération plus étroite entre le monde de l'industrie et celui de la recherche (création de consortium résultant de la mise en réseau des compétences d'entreprises et de laboratoires), dans les 5 grands domaines suivants : Entretien avec Michel Mussino, DiGITIP, chef de la division « matériaux avancés » • Quels sont les objectifs du Réseau national matériaux et procédés ? Le but est de favoriser une coopération technologique plus étroite entre le monde de l'industrie et celui de la recherche, notamment dans cinq grands domaines : conception, élaboration et caractérisation des matériaux; procédés de mise en oeuvre et de mise en forme; traitements de surface et assemblage; comportement, durabilité, fiabilité et contrôles associés; procédés et matériaux respectueux de l'environnement-recyclabilité. • Comment sont sélectionnés les projets de R&D industrielle ? L'appel à projets est ouvert en permanence. Les décisions de labellisation de ces projets sont prises par le comité d'orientation après évaluation de leur intérêt scientifique, technologique et économique, au cours de 3 réunions annuelles. Selon la nature de leurs objectifs et leur partenariat, les projets seront orientés vers l'une des administrations ou agence (ministère de la Recherche, ministère chargé de l'Industrie, Direction Générale de l'Armement ou ANVAR) qui en dernier ressort décidera de son soutien. La DiGITIP soutiendra les projets pré-compétitifs à vocation directement industrielle. • Quelle est la mission de la DiGITIP ? Pour chaque projet, nous rencontrons tous les partenaires afin de passer en revue l'état de l'art, les enjeux du projet, ses aspects scientifiques et techniques, le rôle des partenaires, les retombées économiques attendues et enfin le budget. Cette revue de projet est très importante pour assurer sa cohérence, la qualité de son déroulement et le maximum d'impacts positifs pour l'ensemble des partenaires. Si au terme de cette réunion, le projet paraît éligible à un soutien, le chargé de mission 94 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne sectoriel établit un dossier dont il sera le rapporteur devant le Comité de gestion des aides à l'industrie (CGAI), présidé par Jeanne Seyvet. • Quel est le rôle du chargé de mission ? En fait, le chargé de mission joue un rôle essentiel de conseil auprès des entreprises pour la constitution des partenariats. Il n’est pas seulement le coordinateur de toute la procédure, il est l’interlocuteur permanent du porteur du projet. Nous veillons particulièrement à la solidité et à l’équilibre des partenariats. Cela signifie par exemple que nous examinons avec nos interlocuteurs la façon dont les actions seront coordonnées au cours des projets. Ou encore, nous nous assurons que le partage de la propriété industrielle entre tous les partenaires a été prévu dès l'origine du projet. Les chercheurs et les techniciens sont rarement familiers de ces domaines, et notre expérience peut leur être utile. L’examen des projets n’est donc pas seulement une formalité administrative, C’est une démarche de dialogue constructif qui aboutit souvent à les améliorer et contribue à leur succès. La décision de financement se traduit dans une convention signée par les partenaires du projet. Dès lors, il y a engagement de l'Etat. Pendant la durée du projet, le chargé de mission s'assure que les travaux se déroulent conformément aux décisions qui ont été prises. • Vos façons de travailler sont-elles amenées à évoluer ? Depuis la création du réseau, des contacts directs ont été établis avec plus de 200 partenaires (laboratoires publics, PME, groupes industriels) dans le cadre de la trentaine de projets labellisés. Ce qui implique une forte réactivité de notre part, un travail de groupe très étroit entre administrations et une amélioration constante de notre façon de travailler avec nos partenaires. Sources : http://www.industrie.gouv.fr/biblioth/docu/dossiers/digitip/pdf/dossierdigitip5.pdf Le Réseau Industriel d’Innovation Textile-Habillement (R2ITH) Le RI2TH, auquel participent, autour de l’Institut Français du Textile et de l’Habillement (IFTH), tous les acteurs concernés a été installé le 22 janvier 2002 ; il inaugure la création d’un nouveau type de réseau, les réseaux industriels par filière, appelés à compléter le tissu de réseaux de recherche et d’innovation technologique R2IT) créés dans divers domaines technologiques. Il s’agit du premier réseau qui intègre l’ensemble des préoccupations d’une filière industrielle et associe à la fois les industriels, les centres de recherche, les laboratoires de recherchedéveloppement, les écoles, les instances professionnelles et les services de l’état (DiGITIP, Drire et Anvar). L’objectif principal de ce réseau sera de soutenir l'innovation et la création sous toutes leurs formes - technologique, mais aussi managériale, commerciale, organisationnelle, environnementale, sociale - et de permettre le développement de produits, de services et de procédés nouveaux. Le ministère de l’industrie a attiré l’attention des professionnels sur l’importance particulière de la création industrielle, du design et du marketing stratégique, qui doivent permettre aux entreprises françaises de se différencier de la concurrence désormais internationale. Le RI2TH disposera d’un très fort ancrage régional. Les huit premières régions de cette filière sont présentes au sein du réseau : Alsace, Champagne-Ardenne, Ile de France, Lorraine, MidiPyrénées, Nord-Pas de Calais, Pays de Loire, Rhône-Alpes. Les trois principaux objectifs du RI2TH doivent concourir à l’amélioration de la compétitivité de l'industrie française au plan international, et pour cela de : stimuler l'innovation et la création, créant ainsi les conditions favorables au développement et à la mise sur le marché de produits, services et procédés nouveaux ; renforcer la coopération entre les différents acteurs de la filière par la mise en réseau des entreprises, des différents centres de ressources et des pôles de compétences, faire émerger des orientations stratégiques à destination des pouvoirs publics afin de leur permettre de concentrer leur soutien financier sur des actions prioritaires. • • • 95 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité A cet égard, une organisation en réseau a été privilégiée afin : • d’optimiser la coordination de l’ensemble des acteurs de la filière, qui seront structurés en pôles d’excellence, à vocation nationale et européenne, sur des thèmes jugés prioritaires, pour conforter notre industrie face aux enjeux et aux évolutions auxquels elle est confrontée ; • de susciter des projets d’innovation collectifs réunissant industriels, écoles, centres de recherche et centres techniques (IFM, IFTH, CTTN). Le réseau a pour mission de relever 4 enjeux prioritaires : une nouvelle ingénierie de la chaîne de production et de la qualité par l’intégration progressive des acteurs via les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) et l’optimisation matières/machines, la fonctionnalisation des produits grâce à l’utilisation de matériaux actifs, interactifs, intelligents, la gestion des savoirs, le développement durable. 5.3 Financement de la recherche publique en Europe En 2001, les pays de l’Union européenne ont alloué près de 67,5 M€ de crédits budgétaires à la R&D. Entre 1990 et 2000, les crédits budgétaires publics alloués à la R&D de l’Union européenne n’ont que peu évolué en dix ans, avec un taux de croissance annuel moyen de 0,47%. En réalité, ils ont légèrement diminué entre 1990 et 1995, pour croître à nouveau entre 1995 et 2000 avec un taux annuel moyen de 1,5% (+3,84 % entre 2000 et 2001). Cette croissance est essentiellement due aux efforts de quelques pays, tels que l’Espagne, l’Irlande, la Grèce et le Portugal ; les crédits budgétaires des grands pays, tels l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni, n’ont quasiment pas évolué sur cette période ou ont légèrement diminué. Tableau 4-1 : Croissance annuelle moyenne des crédits budgétaires 1990-1995 1995-2000 2000-2001 EU-15 -0,6 1,5 3,8 France -2,9 0,0 3,7 Allemagne 1,2 -0,5 3,1 Espagne -0,4 10,2 Italie -2,3 3,2 7,4 Royaume-Uni -0,9 0,4 3,0 Sources : Eurostat, Les crédits budgétaires publics alloués à la R&D en 2001 Par comparaison, en 2000, les crédits budgétaires affectés à la recherche publique sont de 0,75% pour l’Union européenne (UE-15), de 0,64% au Japon et de 0,80% aux Etats-Unis de leur PIB respectif. En 2001, seuls quatre États membres, la Finlande, la France, la Suède et l’Allemagne affichent un ratio crédits budgétaires/PIB supérieur à la moyenne communautaire (0,77 %). 96 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Le tableau ci-dessous présente les crédits budgétaires affectés dans chaque pays aux deux domaines qui concernent la plasturgie : les production et technologie industrielles, et pollution et protection de l'environnement. La «Production et technologie industrielles» comprend, notamment, les recherches sur les nouveaux matériaux et procédés de la plasturgie ; il a connu une légère régression au cours de la période 1991-2001, descendant sous la barre des 10% des crédits budgétaires de l’UE. L’Espagne, l’Italie et, dans une moindre mesure, l’Allemagne restent les leaders dans ce domaine, tandis que la France et, surtout, le Royaume-Uni n’apportent qu’une très faible contribution à la recherche. Tableau 4-2 : Crédits budgétaires par objectif en % des crédits budgétaires totaux par pays 1991 2001 Production et technologie industrielles Pollution et protection de l'environnement EU-15 France Allemagne Espagne Italie RoyaumeUni 9,7 6,3 12,1 15,8 14,8 0,6 2,8 2,9 3,1 2,7 2,3 2,6 Sources : Eurostat, Les crédits budgétaires publics alloués à la R&D en 2001 Le réseau Faraday au Royaume-Uni Le réseau Faraday est l’une des initiatives prises par le gouvernement afin de soutenir l’industrie de la transformation des plastiques au Royaume-Uni ; ses principaux objectifs sont : • de promouvoir les partenariats entre l’industrie et les organismes publics et privés de recherche, • d’accélérer les transferts de technologies entre recherche et industrie, • d’améliorer la compétitivité des industries de transformation. Le réseau Faraday Plastics, créé en juin 2000 avec un budget initial est de 2.3 millions de livres (environ 3,4 millions d’euros) pour une première période de 2 ½ ans, il rassemble autour de la DCI (équivalent britannique de la DiGITIP) et de la BPF (British Plastics Federation), des universitaires, des industriels de la transformation, des fabricants de matières premières, des fabricants d’outillages, de moules et d’instruments de mesure et de contrôle, ainsi que des industries utilisatrices. Il imite, dans une certaine mesure, les Frauenhoffer Institut allemands. L’axe principal d’action du réseau Faraday est la production industrielle considérée sous l’angle du développement durable et de la compétitivité industrielle dans une économie globalisée. Les projets qui sont soutenus par le réseau Faraday sont la résultante directe des besoins exprimés par l’industrie et le rôle principal du réseau est de s’assurer que les résultats du projet concourent réellement à l’amélioration de la productivité dans l’industrie. Le réseau Faraday est notamment impliqué dans la conception des produits, la durée de vie, les procédés de fabrication et la recyclabilité. Les secteurs prioritaires sont l’emballage et l’industrie des transports (notamment l’automobile et l’aéronautique). La filière « Polymères » Les contacts étroits qui existent depuis plusieurs années, notamment au sein du FIRTECH-Matériaux, entre la recherche de base et d'application (Laboratoire de Chimie Macromoléculaire - URA CNRS 351 - l'Equipe Polymère du Laboratoire SPES - URA CNRS 234) et une recherche d'applications et de transfert (Laboratoire Technologique des Polymères et Composites de l’Ecole des Mines de Douai, Département Matériaux et Technologies Nouvelles –ICAM, Laboratoire GEMTEX -ENSAIT, ITF Nord) constituent un exemple presque unique en France d'un pôle de recherche cohérent couvrant, de la mise en forme aux caractérisations, le domaine des matériaux polymères et composites. C'est un atout très important de la Région Nord - Pas de Calais, où l'industrie des transformateurs de matières plastiques tient une place essentielle (4ème ou 5ème région en France). Ce regroupement de chercheurs (35 chercheurs, 13 ITA, 31 thésards) concentre ses coopérations sur 4 projets prioritaires de façon à atteindre dans ces spécialités une place de leader national. 97 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 5.4 Centres de ressources technologiques (CRT) et CRITT La procédure de qualification des structures d'appui technologique aux entreprises a été mise en place en 1996 conjointement par le ministère chargé de la recherche et le ministère chargé de l'industrie. Elle a pour but de fournir aux PMI la garantie que la structure à laquelle ils s'adressent est capable de leur apporter des prestations technologiques adaptées et de qualité. La qualification de Centre de ressources technologiques (CRT) est attribuée aux structures généralement des CRITT (Centre régional d'innovation et de transfert technologique) - les plus aptes à répondre de manière professionnelle aux besoins des PMI. Un cahier des charges, établi en relation avec l'AFNOR, définit les conditions minimales requises pour l'obtention de ce « label ». Il met l'accent sur trois caractéristiques principales des CRT : • Professionnalisme dans l'exécution des prestations, notamment en termes de résultats, de coût, de délai et de confidentialité, • Réalisation de prestations pour les PMI sur les projets innovants des entreprises, • Compétence confirmée par une actualisation permanente des connaissances au contact des laboratoires de recherche. Les Centres d'appui technologique reconnus CRT peuvent bénéficier de financements sur projets dans le cadre des contrats de plan Etat-région, au même titre que tous les CRITT. Plusieurs centres techniques de la Plasturgie ont déjà le label CRT : Pôle Plasturgie de l'Est, Apollor, ISPA, CRITT Matériaux Poitou Charente, CRITT Polymères Picardie. Toutefois, de nombreux industriels – notamment les petits transformateurs spécialisés sur des procédés de transformation peu développés – hésitent encore à faire appel à ces centres techniques : • Certains transformateurs, qui revendiquent un savoir faire particulier peu connu des centres techniques, restent encore soucieux des risques de divulgation de leur savoir-faire ; • D’autres estiment ne pas trouver auprès des centres techniques une aide adaptée à leurs besoins (par exemple, Straplast, spécialisé dans le thermoformage, considère qu’il n’a pas trouvé une aide adéquate pour développer son procédé de transformation), ou ne les estiment pas assez spécialisés par secteur (par exemple, la Précision Plastique a eu recours aux CRITT pour des interventions ponctuelles, mais regrette qu’aucun CRITT ne soit spécialisé sur le secteur automobile qui représente 75% de son activité) ; • D’autres, encore, estiment que les CRITT et les pôles de technologie ont des délais de réponse trop longs et que les prestations fournies ont un coût trop élevé ; aussi, préfèrent-ils s’appuyer sur des partenariats avec les producteurs de matières premières, notamment pour les essais sur les nouveaux matériaux (MTS). Ces difficultés de communication rencontrées avec les CRITT s’étendent, également, aux relations entre transformateurs et organismes professionnels, comme le CSTB ou le LNE, qu’ils considèrent comme insuffisamment réactifs et freinant la substitution du plastique à d’autres matériaux traditionnels (bois, béton). L’identification de l’ensemble des compétences disponibles en France, le renforcement du travail en réseau entre les différents centres et la réalisation de programmes collectifs de R&D (avec des PME/PMI) est donc nécessaire, comme le prévoit le Comité Scientifique et Technique récemment créé au niveau de la Fédération de la Plasturgie. Il semble qu’en France l’organisation des centres techniques soit moins efficace que celle que l’on peut rencontrer chez certains de nos homologues européens : • en Europe, des centres techniques soutiennent le montage de projets de développement de technologies collectifs avec des PMI auprès des instances européenne, • en Espagne, trois personnes travaillent en permanence à l’ASCAMM pour la prospection et le montage auprès des PMI de projets R&D afin de solliciter une aide européenne. 98 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne En Allemagne, il existe de nombreux centres de transfert de technologies : • les centres de transfert de technologies ont été créé par les pouvoirs publics et sont maintenant devenus autonomes : par exemple, le centre de transfert de technologies sur le laser (CLFA) est, à l’origine, une initiative allemande qui a ensuite été reprise en France sur un modèle identique ; • « Les transformateurs allemands sont plus demandeurs d’innovation que les français » (CLFA) et cherchent à remplacer, par exemple, les techniques classiques d’assemblage par des technologies plus élaborées telles que l’ultrason, le collage, les adhésifs. En Italie, la plasturgie ne reçoit que peu d’aides de l’état, même s’il existe des aides à l’industrie chimique et à la R&D (par exemple, une loi incite les transformateurs à la modernisation de leur parc de machines). Dans une certaine mesure, les universités d’ingénierie et de physique/chimie, qui sont les partenaires du transfert technologique pour de nombreux projets innovants (développement de nouveaux matériaux et de nouvelles applications), peuvent être considéré comme des centres de compétences. La région Rhône-Alpes compte plusieurs Centres de compétences, parmi lesquels : • • • • • • ARAMM : installée sur le technopôle Savoie Technolac, l'Agence Régionale pour la Maîtrise des Matériaux apporte un appui technologique aux entreprises pour le choix des matériaux, l'accroissement des performances, tout en tentant de réduire les coûts de fabrication. BIRD : spécialisé en Recherche et Ingénierie sur les produits techniques en matériaux composites et plastiques, le Bureau d'Ingénierie de Recherche et Développement étudie et conçoit des pièces techniques industrielles et des produits de grande consommation. Les compétences de ce bureau d'études, implanté sur le technopôle Savoie Technolac, s'appliquent aux thermodurcissables et aux thermoplastiques. COMPOSITEC : le centre de ressources pour le développement des matériaux composites, propose de nombreuses prestations aux entreprises. Son laboratoire travaille, tout spécialement, sur la caractérisation des polymères et des composites, sur les calculs et les dimensionnements de pièces et de structures. CIMU : le Centre Interprofessionnel de Métrologie permet aux PME-PMI de disposer d'instrument de mesure et de compétences nécessaires à leur évolution et relatifs aux démarches de qualité ISO 9001 et 9002. Il participe notamment à l'amélioration de la qualité des produits aux cotés de l'industrie avec un savoir-faire dans le domaine de la Métrologie dimensionnelle. SAINT-GOBAIN VETROTEX INTERNATIONAL : ce centre unique en Europe, issu de la branche isolation et renforcement du groupe Saint-Gobain, emploie 120 chercheurs. A la pointe de la recherche, Vetrotex International a déjà déposé 60 brevets et poursuit sa politique de développement et d'innovation. POLE EUROPEEN DE LA PLASTURGIE : le PEP possède un centre de R&D avec 10 ingénieurs s’appuyant sur les principaux groupes de transformation et d’autres centres de compétences, en France et à l’étranger. Le PEP poursuit l’objectif ambitieux de constituer un réseau de compétences qui soit en mesure d’aborder les dossiers de R&D dans une dimension européenne en mutualisant les technologies, en cherchant à développer des ruptures de technologie, en profitant des ressources et des spécialités de chaque centre du réseau, et en abordant les dossiers dans leur intégralité (de la recherche documentaire jusqu’à la réalisation de la pièce, en particulier grâce aux moyens de prototypage rapide). ITECH se caractérise par sa spécialisation dans la Chimie des Polymères et les applications industrielles que cette science génère. Etablissement privé d’enseignement supérieur reconnu par l’Etat, ITECH forme des Ingénieurs dans quatre spécialités : Chimie des formulations (peinture, encres, adhésifs, cosmétiques), Matériaux Plastiques, Textile, Cuir. L’Institut propose aux entreprises de réaliser des études spécifiques et de les appuyer en recherche. • 99 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité 6 FORMATION ET EMPLOI MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Le savoir-faire et les compétences des ressources humaines sont le moteur essentiel du développement des entreprises. La formation constitue une des principales composantes de la compétitivité de la filière, la qualification du personnel lui donnant accès à l’innovation et lui permettant d’accroître sa productivité. La France dispose d’une palette complète de formations spécifiques à la plasturgie, tant en formation initiale que continue. La profession doit cependant faire face à un manque de main d’œuvre qualifiée, qui ne fera que s’accentuer dans les années à venir. 6.1 La formation à la plasturgie en France. 6.1.1 Formation initiale Une soixantaine d’établissements de formation délivrent les diplômes de niveaux I à V de l’Education Nationale : • CAP plasturgie, CAP composites et plastiques chaudronnés, • BEP plastiques et composites, • Baccalauréat Professionnel Plasturgie, • BTS Plasturgie, • Diplôme d’ingénieur. En 2001, 1.600 jeunes ont été diplômés en plasturgie, dont 160 ingénieurs. La création d’écoles d’ingénieurs plasturgistes est fréquemment intervenue sous la pression de l’industrie en panne d’ingénieurs (ISPA - Institut Supérieur de Plasturgie d’Alençon, PEP - Pôle Européen de Plasturgie d’Oyonnax). Cinq écoles sont spécialisés en plasturgie : ENSAIS à Strasbourg, Ecole des Mines de Douai, ISPA à Alençon, ESP à Oyonnax et ITECH à Lyon. Il existe également une voie universitaire, avec des licences professionnelles récemment créées, et le CNAM (en formation continue). Ecoles Mines de Douai ISPA Alençon ESP Oyonnax ENSAI Strasbourg ITECH Lyon CNAM Paris Nombre d’ingénieurs par an 20 40 40 20 20 10 - 15 Sources ISPA - 2001 Environ 460 jeunes sont actuellement en formation par apprentissage du CAP au BTS. Conscientes de l’importance de cette expérience en entreprise en vue de l’insertion des jeunes, les écoles d’ingénieurs, telle l’ISPA d’Alençon, développent des formations en alternance. Ce mode de formation en alternance et par apprentissage conduit à une plus grande symbiose des enseignements théoriques et pratiques, et amène les ingénieurs à une meilleure connaissance du terrain, à une meilleure adaptation aux équipes opérationnelles dans les entreprises surtout lorsqu’il s’agit des PMI qui forment l’essentiel du tissu de la plasturgie. Pour compléter ce dispositif, la profession a également mis en place des UDA (Unités Décentralisées d’Apprentissage), qui permettent de répondre à certains besoins locaux, sans entraîner de lourds investissements. 6.1.2 Formation continue La formation continue en plasturgie a aussi fait l’objet d’importants efforts de développement, ce qui a permis de passer en 15 ans d’un taux de non qualification de 70% à 30% en 2000. 100 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité La formation technologique s’appuie essentiellement sur deux organismes : le CFP présent à Lyon, Paris, Oyonnax et Héricourt et l’ISPA présent à Alençon et Paris. NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Sources Plastifaf 2000 En 2000, 67 M € ont été dépensés dans les plans de formation des entreprises. Les priorités actuelles de la formation portent sur les axes : qualité, sécurité, management en complément des formations techniques et informatiques (CAO, GPAO). L’Organisme Paritaire Collecteur Agréé (OPCA) de la plasturgie, PLASTIFAF, qui gère les fonds de la formation continue, de l’alternance et du CTF (capital temps formation) a également développé pour la profession différents dispositifs : • outils multimédia de formation, • tutorat, • CQP (Certificats de Qualification Professionnelle), • ADC (Actions de développement des compétences). De nouveaux projets sont actuellement menés sur l’EAPP (évaluation des acquis professionnels plasturgie) et FOAD (formation ouverte à distance via internet). 6.2 La structure des emplois Sur les 163 000 salariés, 2/3 des actifs sont des ouvriers. Si la part des ouvriers qualifiés se situe dans la moyenne de l’ensemble de l’industrie, on observe une sous-représentation des catégories employés, professions intermédiaires et cadres (33% contre 43% pour l’industrie manufacturière non compris énergie et IAA). Le développement de la part des cadres représente un enjeu majeur de progression pour les entreprises de plasturgie. Tableau 4-3 : Répartition des emplois de la plasturgie selon les qualifications Cadres Professions intermédiaires Employés Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés et apprentis Total Industrie manufacturière 8,80% 14 344 13,10% 16,80% 27 384 20,90% 7,70% 12 551 9,00% 34,90% 56 887 36,30% 31,80% 51 834 20,70% 100,00% 163 000 100,00% Source : Sessi & CEP Plasturgie selon DADS 99 Plasturgie Les données du tableau et du graphe ci-dessus concernent l'effectif salarié moyen. Par conséquent sont exclus le personnel intérimaire qui représente, pour la plasturgie, plus de 12% de l'effectif employé. Dans le domaine des plastiques, plus de 30% des emplois de production sont des postes d’opérateurs de machines ; l’extrusion-soufflage emploie la plus forte proportion d’opérateurs avec 47% de la main-d’œuvre ; pour l’injection, cette proportion est de 32%. 101 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité Répartition selon les qualifications des emplois dans la plasturgie et l'industrie manufacturière 40% 35% Plasturgie Industrie manufacturière 30% 32% 21% 21% 20% 17% 13% 10% 36% Pour les composites, la finition des pièces reste encore une activité qui requiert une part importante de main-d’œuvre qualifiée ; la proportion des postes techniques est plus importante dans ce secteur que dans celui des plastiques proprement dits. MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 9% 9% 8% En 2001, la plastur0% giste française compCadres Professions Employés Ouvriers qualifiés Ouvriers non intermédiaires qualifiés et tait moins de 4.000 inapprentis génieurs pour plus de 150.000 employés, soit un ingénieur pour 40 salariés. Compte tenu de ce que la majorité des entreprises emploient moins de 20 salariés, la majeure partie d’entre elles ne dispose même pas d’un ingénieur, d’où un sous-encadrement qui peut avoir comme origine la faible valeur ajoutée dégagée par les plasturgistes. Source : Sessi & CEP Plasturgie selon DADS 99 Le récent CEP (contrat d’étude prospective) réalisé dans la plasturgie, qui note un besoin croissant d’autonomie et de polyvalence pour l’ensemble des opérateurs, relève 5 fonctions en fort développement dans les entreprises : • la fonction qualité (produits et modes de production), • la fonction commerciale, • la fonction logistique, • la fonction management, • la fonction conception. 6.3 Les problèmes du recrutement L’observation de la pyramide des âges fait ressortir que la période 2000/2009 est susceptible de générer un flux de départs en retraite d’environ 13.500 personnes et, probablement, le double au cours de la décennie suivante. Faire face au vieillissement de la population salariée est donc un enjeu majeur pour la plasturgie, alors qu’elle connaît déjà actuellement des difficultés pour attirer de nouvelles compétences, notamment auprès des jeunes. Dans l’ensemble, la plasturgie a un faible pouvoir d’attraction qui limite le recrutement de ressources qualifiées. L’industrie des plastiques véhicule une image floue, remplie de perceptions qui ne lui sont pas favorables : environnement et conditions de travail (chaleur, poussière, bruit, odeurs), valorisation des emplois, possibilités d’avancement, rémunération peu concurrentielle, et des entreprises de petites tailles insuffisamment capitalisées. Ce manque d’attractivité s’explique par la mauvaise image de l’industrie et la faible connaissance de la plasturgie par le grand public. La profession a mené de nombreuses actions de communication auprès des jeunes (une plateforme mobile « destination plasturgie », des accueil de jeunes en stage « voyage dans la plasturgie » …), mais la capacité des établissements de formation n’est toujours pas remplie. Il conviendra donc de développer la communication en valorisant l’image de la plasturgie, en élargissant les cibles et en privilégiant les actions de proximité, mais aussi de renforcer l’attractivité en améliorant encore les conditions de travail et les rémunérations. 102 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité L’évolution du recrutement Dans la plasturgie, le recrutement des cadres met en évidence une évolution de la politique de ressources humaines qui fait désormais appel à des cadres expérimentés : le recrutement de ces derniers et les promotions internes sont en constante augmentation depuis 1999. Par contre, le recrutement des cadres et jeunes diplômés est en forte régression. NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Aussi, les responsables d’entreprises sont-ils amenés à faire quelques constats : • L’industrie des plastiques est peu connue du grand public en général ; • L’emploi dans le secteur nécessite une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée qui, à son tour, est de plus en plus difficile à trouver ; • La pénurie de main-d’œuvre qualifiée freine le développement de l’industrie et a un impact financier important sur les entreprises ; • La formation initiale de la main-d’œuvre reste une nécessité et la formation en entreprise ne peut, à elle seule, répondre aux besoins de qualification de cette industrie. 6.4 Une comparaison avec l’Allemagne : Nombre d’universités allemandes ont créé leurs propres écoles professionnelles des techniques de la plasturgie et se sont associées, dès 1999, dans un cercle scientifique de formation sur les techniques des matières plastiques, le WAK (Wissenschaftlicher Arbeistkreis Kunststofftechnik), ayant vocation de coordonner les formations en plasturgie dans l’ensemble de l’Allemagne. On dénombre aujourd’hui 11 universités membres du WAK (Aachen, Chemnitz, Clausthal-Zellerfeld, Erlangen, Essen, Halle-Wittenberg, Hamburg-Harburg, Kassel, Kaiserlautern, Paderborn et Stuttgart). A côté de ce dispositif universitaire, une grande part de la formation technologique supérieure est assurée par les Fachhochschule, qui regroupent une bonne vingtaine de grandes écoles professionnelles et d’instituts de formation privés ou semi-publics telles les Fachhochschule de Allen, Nürnberg, Osnabrück, Rosenheim, Würzburg ; ces instituts opèrent, selon la tradition allemande, dans le cadre décentralisé des Länder, ce qui leur confère une large autonomie décisionnelle, parfois dans la mouvance de l’industrie tels les instituts de la VDI – l’association allemande de l’industrie – de Düsseldorf, le DKI, (Deustches Kunststoff Institut de Darmstadt), avec une certaine continuité dans les nouvelles initiatives (TU Clausthal, sur la transformation des polymères). Mais ce foisonnement de centres de formation de haut niveau repose en grande partie sur l’implication des fabricants de machines de transformation, industrie particulièrement puissante outre Rhin, beaucoup plus faible de ce côté-ci. La chimie allemande s’est en outre, dès l’origine, engagée dans le filière de transformation bien davantage que la chimie française, et donc dans la création des centres de formation, comme en témoigne la fondation en 1953, à l’initiative de BASF et des grands de la chimie des matières plastiques, du DKI de Darmstadt. D’une manière générale, les formations sont plus spécialisées sur des thèmes très précis et les formations sont diversifiées. 103 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité SPECIFICITES DE QUELQUES PAYS 7 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Les investisseurs européens et les américains ne perdent pas de vue les pays d’Europe centrale et orientale dans lesquels l’industrie des matières plastiques prend une part croissante ; la capacité d’innovation de l’industrie de la transformation des matières plastiques y est soutenu par une croissance durable et par une capacité d’adaptation exceptionnelle. Les États membres de l'Union européenne ont été les principaux investisseurs directs étrangers dans les pays candidats depuis 1996 ; ce chiffre a atteint 76% en 1999, et 86 % en République tchèque et 80 % en Pologne. 7.1.1 En général, les investisseurs de l'Union européenne ont préféré les pays candidats géographiquement proches de leur propre pays. Les investisseurs suédois, finlandais et danois sont présents dans les pays baltes ; les investisseurs autrichiens et allemands en Slovénie et République slovaque. En Pologne, les investisseurs néerlandais viennent en tête, suivis par les Allemands et les Français. Fin 1999, plus de la moitié des investissements directs étrangers dans les pays candidats provenait de trois pays : les Pays-Bas (22%), l'Allemagne (20%) et les ÉtatsUnis (9%), suivis des investisseurs autrichiens et français (7% chacun). La Pologne La plasturgie polonaise compte environ 4.000 entreprises de transformation des matériaux plastiques, dont une cinquantaine emploient plus de 300 salariés et un millier de taille moyennes, le reste employant au maximum une dizaine de personnes. La politique du gouvernement est de privatiser toutes les entreprises du secteur ; une majorité des PMI a été transformée en société anonyme dont le capital est réparti entre des investisseurs privés, les employés, les communes et/ou le Trésor. Tableau 4-4 : Transformation des matières plastiques (en milliers de tonnes) 1994 1996 1998 1999 2000 Production matières plastiques 652 792 915 1.005 1.100 Import 267 544 847 1.000 1.130 Export 131 244 259 260 300 Transformation matières plastiques 788 1.092 1.504 1.745 1.930 Sources ME en Pologne, d’après l’Association des Plasturgistes, 2002 L’importation en Pologne –ou la fabrication locale sous licence - de nombreux produits haut de gamme tire vers le haut les exigences des consommateurs. Soumises à cette concurrence, les entreprises doivent s'adapter : elles abandonnent la fabrication de certains produits bas de gamme et concentrent leurs activités sur certains métiers. La sous-traitance plastique est donc amenée à se développer. Le développement rapide de la plasturgie polonaise présente les caractères suivants : • Au cours des 10 dernières années, la plasturgie polonaise s’est accrue de 80% ; elle représente aujourd’hui un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars réalisé. L’industrie de la transformation est tirée par la hausse de la consommation locale et par les implantations étrangères, encore attirées par le faible coût de la main d’œuvre. La balance commerciale est fortement déséquilibrée ; en 2000, la Pologne a importé pour 1.170 millions US$ de matières premières, contre 274 millions US$ d’exportations ; les importations proviennent à 80% des pays de l’Union européenne et les exportations sont principalement destinées à l’Union européenne (63% en valeur) et aux pays d’Europe centrale et orientale (28%). La plasturgie polonaise importe en quantité des additifs et des résines pour suppléer à la production locale de matières premières, insuffisante tant en quantité qu’en qualité. L’état se désengage des anciennes entreprises nationalisées : une quinzaine d’entreprises d’état (ERG) se sont regroupées en association de transformateurs de matière plastiques depuis 1975. • • 104 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité • La « nouvelle » plasturgie polonaise s’est développée sur un tissu industriel ancien qui avait déjà une tradition de la plasturgie et formé une main-d’œuvre qualifiée ; ces ouvriers ont, à leur tour, créé leur propre atelier de production. C’est l’une des raisons qui explique le très grand nombre de PME de moins de 5 personnes. La demande pour des machines allemande ou italienne qui sont la référence est importante. • NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Compte tenu des coûts salarial et industriel faibles par rapport aux pays de l’Europe de l’Ouest, la Pologne ouvre des opportunités d’internationalisation pour tous les acteurs de la plasturgie : • des possibilités d’implantation d’acteurs de la plasturgie : − pour les donneurs d’ordres, équipementiers ou producteurs de matières premières : Valeo, Faurecia, PSA, Toyota, Volkswagen, Skoda, AtoFina ; − pour les plasturgistes : Wavin (tuyaux, gouttières), Uponor (tuyaux, raccords), Vox (revêtement de sols et murs, décoration), notamment les français (Plastivaloire possède déjà 3 sites en Pologne, Deltaplast) ; − pour les moulistes : Semo. • depuis 6 ans, l’industrie des matériaux composites commence à se développer, • la prise en compte de l’environnement devient un thème de préoccupation des industriels polonais qui doivent se mettre en conformité avec les normes européennes pour préparer leur entrée dans l’Union ; • les donneurs d’ordres incitent les transformateurs et moulistes à se délocaliser en Pologne pour bénéficier des écarts de coûts (Thomson, Philips à Varsovie ou l’industrie automobile). La République Tchèque 7.1.2 En partenariat avec l’Agence de Développement Economique d’Oyonnax, le Tarnow Industrial Cluster, société anonyme créée en 1999, développe une « Plastics Valley » pour offrir des conditions favorables à l’implantation d’entreprises de transformation du plastique, basées sur un tissu industriel local existant associé à des incentives fiscales. Les principales fonctions de cette organisation concernent l’organisation technique, fiscale et juridique, des facilités administratives, la formation du personnel et la mise à disposition de terrains. L’industrie de la transformation du plastique est l’un des secteurs les plus dynamiques de l’industrie tchèque, mais son principal point faible est la part réduite des produits à haute valeur ajoutée ; cette situation est, logiquement, la conséquence de l’évolution lente de la demande intérieure et du faible niveau de spécialisation. L’offre locale de produits plastiques transformés est encore faible, d’où un taux d’importations élevée ; elle présente quelques exceptions notables : Péguform qui a installé des une unité de peinture de pièces en plastique, Semperflex produit des tuyaux industriels pour l’exportation en Europe de l’ouest. Les activités d’investissement soutenues par des capitaux étrangers accélèrent le processus de modernisation et de restructuration. La République Tchèque produit annuellement 450.000 tonnes d’articles en plastique qui représentent environ 8% de la production industrielle tchèque. Parmi ces articles plastiques, il faut mentionner les 16 à 20.000 tonnes de revêtements de sols, les 25.000 tonnes de produits pressés pour l’industrie automobile et 29.000 tonnes pour l’industrie électronique. La privatisation du secteur est terminée ; les années 1990-2000 ont été marquées par la transformation progressive des entreprises nationales en sociétés anonymes. L’apport de capitaux étrangers a permis l’entrée des nouvelles technologies et procédés de production. L’industrie de transformation des plastiques, qui emploie environ 45.000 salariés répartis dans 350 entreprises, ne parvient pas, malgré son développement rapide, à satisfaire entièrement à la demande. 105 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité 7.1.3 La Russie NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne En Russie, depuis 1998, c’est la croissance de l’industrie agro-alimentaire qui entraîne celle des biens de consommation courants, notamment celle de l’industrie de l’emballage (implantation de Sidel). Le marché russe est caractérisé par la consommation de produits à faible valeur ajoutée et la difficulté d’importer des produits à plus haute valeur compte tenu du faible pouvoir d’achats de la population. Toutefois, le marché intérieur russe a un potentiel de croissance de 5% par an et les industriels russes cherchent à établir des partenariats avec les grands donneurs étrangers afin d’attirer, dans leur sillage, des transformateurs. Les matières premières sont disponibles en grande quantité, mais les moyens de les valoriser sont encore inexistants. Solvay envisage de créer, en joint-venture avec Vladimir Chemical Plant (VCP), une unité de production de PVC sous le nom de Solmit. Ultérieurement, Solvay et VCP envisagent de créer une unité de compounds rigides destinés à la fabrication de châssis de fenêtres et d’éléments d’habillage de façades et une unité de compounds de PVC souples destinés à l’automobile. 7.1.4 La présence française, comparée à celles de l’Allemagne et de l’Italie est jugée trop faible par la Mission Economique qui note que UbiFrance a beaucoup de difficultés à motiver les industriels français à participer aux salons et autres manifestations commerciales organisées en Russie. La Turquie Le Brésil 7.1.5 La transformation du plastique en Turquie représente environ 5.000 entreprises - essentiellement des PMI - employant près de 100 000 salariés. La croissance importante de ce secteur est principalement portée par la croissance de la consommation interne et le développement industriel des dix dernières années. La croissance de la consommation, le boom industriel, ont entraîné une forte expansion du marché. L'augmentation de la production ne suffit plus à satisfaire ce marché en pleine croissance. Mais la plasturgie turque devra faire un effort important de qualité de ses produits ; elle devra relever la qualification de ses personnels, car il n’existe pas, en Turquie, d’organismes de formation pour les techniciens et ingénieurs spécialisés dans ce domaine. L’industrie de la transformation du plastique au Brésil représente un marché important en développement, caractérisé par : • L’implantation de nombreux acteurs internationaux de la plasturgie qui amènent avec eux des technologies de transformation éprouvées en Europe ; dans l’industrie automobile, les transformateurs suivent leurs donneurs d’ordre : aujourd’hui, 17 constructeurs automobiles sont présents au Brésil, accompagnés par des équipementiers et des transformateurs, notamment Plastic Omnium, Faurecia, Valeo, Michelin, MGI Coutier ; • Les capitaux des industries de la transformations sont détenus à 70% par des entreprises étrangères. Les investissements étrangers représentent 3 milliards d’euros par an ; la France compte parmi les plus gros investisseurs et participe à ces investissements à hauteur de 500 millions d’euros. Les applications de l'emballage sont particulièrement porteuses : entre 1998 et 2005, la consommation d’emballages en PET devrait passer de 269.000 à 558.000 tonnes, soit une croissance en volume de près de 107 % ; de même, d'ici à 2005, les perspectives de croissance de l'emballage souple, tirées par la forte croissance de l’industrie agroalimentaire, sont de 60 %. Deux Centres de Recherche dédiés à la plasturgie ont été créés à Sao Paulo et Rio de Janeiro, avec une orientation vers les matériaux composites, en partenariat avec les entreprises de transformation. 106 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité IMPACT DE LA REGLEMENTATION ENVIRONNEMENTALE 8 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Indispensables au développement des produits industriels et de ceux destinés au grand public, les matières plastiques constituent, en même temps, une source problématique de déchets. Les efforts consentis pour récupérer, recycler ou éliminer ces matériaux s'intensifient, poussés par l'évolution des réglementations et la pression croissante d’une demande sociétale et associative pour la préservation et la qualité de l’environnement. En 1986, le Conseil franco-allemand pour l’Environnement est créé, mais jusqu’à aujourd’hui les actions de ce Conseil se sont limitées à son acte de naissance. En France, les produits plastiques en « fin de vie » représentent annuellement 3.000.000 de tonnes, soit entre 6,5 et 7,5% du poids des « déchets ménagers » ; 5% seulement d’entre eux sont actuellement recyclés, car le recyclage nécessite un tri minutieux des matériaux plastiques et 37% à 40% sont valorisés par récupération d’énergie (incinération), par recyclage matière (thermolyse, traitements par solvants) ou recyclage mécanique (broyage). Les plastiques présentent, en effet, l’avantage d’un nombre important de modes de valorisation : • La valorisation par recyclage mécanique consiste à broyer les matériaux plastiques et à les regranuler pour en faire une nouvelle matière première pour de nouveaux produits, dans de nouvelles applications, notamment pour les matériaux thermoplastiques ; • La valorisation chimique regroupe un ensemble de techniques (thermolyse, traitement par solvants) qui permet soit de casse la chaîne polymérisée pour revenir aux matériaux de base, soit de dissoudre le matériau plastique, puis par précipitation de récupérer la matière plastique qui possède, en outre, l’avantage d’être purifiée (procédé Vinyloop de Solvay pour le PVC) ; • La valorisation énergétique permet de récupérer par incinération l’énergie thermique « stockée » dans le matériau plastique; il faut noter que l’ensemble des matériaux plastiques produits ne représente que 4% des produits pétroliers consommés ; • Les matériaux plastiques biodégradables, encore peu développés, sont dégradés par l’action des micro-organismes aérobies ou anaérobies directement sous forme d’eau, de méthane, de CO2 et, éventuellement, d’une nouvelle biomasse non toxique pour l’environnement. • Enfin, les matériaux plastiques peuvent être directement réutilisés dans la même application (caisses, palettes, fûts, conteneurs) ou après rénovation (équipements automobiles). Ils peuvent être également réemployés ; c’est la cas des sacs de supermarché réutilisés comme sacs poubelles. L’apparition de nouvelles contraintes environnementales des sites de production, de la valorisation des déchets et des produits délivrés sur le marché, notamment sur les marchés de l’automobile (directive VHU - véhicule hors d’usage - qui impose qu’en 2005, 85 % du véhicule soit recyclable et 95 % en 2015), de l’électronique et de l’emballage (directive en application depuis 1994) implique la prise en compte, par les entreprises, de l’aspect environnemental ; en particulier : • la valorisation des déchets, • la mise en place de la norme ISO 14000 pour les entreprises ayant des clients à l’étranger, • la conception de produits plus respectueux de l’environnement. Les nombreuses PMI de la plasturgie ne disposent ni des moyens financiers, ni des compétences techniques leur permettant de faire face aux nouvelles contraintes environnementales (le recyclage peut être considéré comme un surcoût pour l’entreprise). 107 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Certains plasturgistes modèles recyclent une grande partie – voire, la totalité – de leurs déchets : Plastic Omnium et sa filiale Plastic Omnium Recycling travaillent en cycle fermé et elles se sont transformées en entreprise de service pour le recyclage des produits plastiques. Toutefois, les donneurs d’ordres exigent, de leurs sous-traitants, la même qualité, la même esthétique, et n’acceptent aucune différence ce qui ne favorise pas l’utilisation de matières recyclées. Les contraintes environnementales doivent désormais être considérées, non plus comme une simple économie potentielle d’énergie, mais comme un outil de communication marketing (argumentaire commercial). Les dépenses de protection de l’environnement en UE Selon la DG Entreprises, les actions en faveur de la protection de l'environnement ont concouru dans les années 90 à un important effort de l'industrie manufacturière, notamment en ce qui concerne les émissions de substances acidifiantes telles que le dioxyde de soufre et les oxydes d'azote. Les activités de protection de l'environnement ne sont pas uniquement génératrices de coûts supplémentaires. Elles peuvent avoir d'importantes retombées bénéfiques sur la société pour la santé humaine et de l'amélioration de l'environnement. Elles créent également de nouveaux marchés pour les biens et les services environnementaux. La DG Environnement a défini le secteur des technologies de l'environnement comme un acteur essentiel du développement durable, en ce sens qu'il peut stimuler la croissance économique et aider à protéger l'environnement. Dans la majorité des États membres de l'UE, l'industrie consacre chaque année entre 1,5 % et 2,5% de la valeur ajoutée brute industrielle (VAB) à la protection de l'environnement. C'est en Autriche et en Allemagne que les dépenses de l'industrie dans ce domaine sont les plus importantes: plus de 2,5% de la VAB ou presque 0,6% du PIB. Les chiffres sensiblement inférieurs relevés pour l'Italie, l'Espagne et l'Irlande pourraient signifier que les dépenses réelles ont été sous-estimées dans les déclarations de données. Les industries chimiques, du caoutchouc et des plastique, qui sont l’une des branches d'activités les plus importantes en termes de dépenses de protection de l'environnement (DPE), occupent la première place pour le niveau des dépenses en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en France et en Espagne et la deuxième place dans tous les autres États membres, à l'exception de la Suède, du Portugal et de la Grèce. C'est en Suède et au Royaume-Uni que l'industrie investit le plus dans la protection de l'environnement : environ 5% de la formation brute de capital fixe (FBCF). D’après Eurostat – Environnement & Energie, décembre 2002 Il n'est pas rare que des entreprises ou des branches d'activités spécifiques investissent massivement dans la protection de l'environnement une année, par exemple à la suite d'un renforcement des exigences des pouvoirs publics ou de l'introduction de nouveaux standards technologiques, et diminuent leurs investissements les années suivantes. 108 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 8.1 Préoccupations environnementales sociétales L’industrie des produits en matières plastiques fait face à un certain nombre de pressions d’ordre écologique de la part de la société civile et surtout des matériaux concurrents qui risquent de limiter son expansion. Les matériaux plastiques sont omniprésents dans notre vie quotidienne et ont généralement une image environnementale négative. Les principales préoccupations concernent la gestion des déchets et les impacts sur la santé et, notamment, la gestion des déchets issus des emballages plastiques. En effet, les sachets plastiques, disséminés dans notre environnement, ont à cet égard un impact médiatique très négatif. De plus, les plastiques sont culturellement plus souvent associés à la chimie des substances dangereuses qu’à un matériau de construction comme le bois ou les métaux. La mise en évidence des risques pour la santé, surtout liés à l’usage du PVC, a altéré durablement et profondément l’image sociétale des matières plastiques. Cette image très négative du plastique est aussi entretenue par les autres matériaux particulièrement en Espagne ou les plasturgistes sont largement exclus du débat environnemental. La pression sociale est d’autant plus forte que la filière n’est pas aussi bien structurée que des filières traditionnelles comme celles des métaux et du bois. En effets, les pétrochimistes, producteurs de matières plastiques sont avant tout des pétroliers et l’activité plastique ne représente qu’une faible partie de leur chiffre d’affaires (les plastiques ne représentent que 4% de la consommation mondiale de produits pétroliers). Ils ne sont donc pas intégrés dans la filière plasturgie et ne se sentent pas concernés par les problèmes environnementaux du plastique. Les enjeux du développement de la plasturgie sont donc généralement très mal perçus par la société civile, malgré le rôle essentiel de ce matériaux dans le développement durable (gains de poids donc gain d’énergie et… économie de pollution !) ; cette perception erronée peut à elle seule nuire au développement de la plasturgie toute entière. Ils est donc essentiel pour les plasturgiste d’informer le public des avantages du plastique sur les autres matériaux en terme de développement durable. Ce mouvement d’information et de sensibilisation est actuellement mené par la Fédération de la Plasturgie et cet effort doit s’accentuer et impliquer plus fortement les producteurs de matières premières. Il ne faut pas oublier que le PVC contribue à la valorisation des déchets chlorés. Pour la Fédération européenne, EuPC, les principaux enjeux du développement de la plasturgie sont liés à l’accroissement des contraintes environnementales qui concernent les exigences d’hygiène et de sécurité des travailleurs comme celles des consommateurs, ainsi que les réglementations de la Commission européenne. La dégradation de l'environnement fait partie des préoccupations croissantes des consommateurs, qu'ils soient en France ou dans les autres pays européens. Les garanties écologiques demeurent un critère incitatif à l'achat pour bon nombre de personnes interrogées. Dans des domaines comparables à celui de la plasturgie, une enquête du Credoc dans 4 pays européen montre, néanmoins, des différences de comportement assez sensibles : l’Allemagne est plus concernée par l’environnement que la France, le Royaume-Uni et l’Italie. Tableau 4-5 : L’achat de produits écologiques (En % de réponses affirmatives) France Allemagne Des produits de l’agriculture biologique Des produits biodégradables pour le ménage Des éco-recharges Du papier recyclé 44,4 72,0 67,1 70,9 70,0 84,6 87,4 82,8 109 RoyaumeItalie Uni 49,6 53,8 62,8 85,0 72,2 73,9 72,8 60,6 Enquête Crédoc 1998 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité 8.2 Innovations pour l'environnement NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Les producteurs de plastique ont une démarche proactive sur l'écologie et ils ont défini un « livre vert » en 2000 avec l'Union européenne. Les transformateurs de plastiques allemands et anglais multiplient les innovations afin d'atteindre l'objectif de 90% de plastiques recyclés, fixé par l'Union européenne en juillet 1992. La Commission européenne soutient des programmes « Sustainable Production » de synthèse des matières plastiques en atmosphère de CO2 super-critique, base de la nouvelle pétrochimie « propre ». Dans l’Union européenne, les plastiques recyclés représentent, en moyenne, 23% de la consommation totale, mais elle n’est que de 12% au Royaume-Uni. La problématique des véhicules en fin de vie est un sujet particulièrement important en Europe. Les chiffres parlent d’eux même : 9 millions de véhicules par an multipliés par 1.000 kg de véhicules en fin de vie. La Directive « VHU » (Véhicules Hors d’Usage) prévoit l’augmentation de la « recyclabilité » des VHU et par conséquent une réduction du volume mis en décharge à 16% en 2005 et 5% en 2015. La réglementation sur la recyclabilité des véhicules pourrait, dans une certaine mesure, représenter un frein important au développement de nouvelles matières plastiques dans ce secteur. Certains constructeurs, par exemple, estiment ne pas croire à l’augmentation de l’utilisation des composites dans les automobiles. En moins de dix ans, le nombre de plastiques différents utilisés est passé de plusieurs dizaines à moins de dix. Par le programme EDIT, la FPA (Fédération Plasturgie Activités) souhaite mettre en oeuvre une approche intégrée d’éco-conception des produits. Cette approche s’appliquerait à tous les paramètres environnementaux, à tous les stades du cycle de vie du produit, et devrait permettre de répondre de façon efficace et autonome aux nouvelles exigences environnementales. EDIT vise le développement d’une méthodologie s’inscrivant dans une approche de filière impliquant tous les acteurs : constructeurs automobiles, équipementiers, fournisseurs de matières premières. Ce programme devrait aboutir à la construction d’un système applicable à d’autres produits : emballages, composants électriques et électroniques, déchets de construction et de démolition. Au delà de la conception, de l’élaboration et de la validation des instruments, un des objectifs du programme est d’inciter 300 fournisseurs, essentiellement des PME, à intégrer ces instruments dans leur processus organisationnel et décisionnel. Le résultat visé réside dans l’amélioration des performances environnementales des produits réalisés. Par l’action d’associations environnementales telles que Greenpeace, l'image du PVC était pratiquement détruite à cause des CVM. Aujourd’hui, ce jugement est à reconsidérer compte tenu de la mise au point par Solvay du procédé « Vinyloop » de recyclage chimique du PVC qui permet d’obtenir une nouvelle matière première débarrassée de ses impuretés (par exemple, le cadmium). Certaines sociétés développent des produits recyclables à 100 % (MSF emballage) dont les déchets plastiques de la transformation sont réinjectés dans le process. 8.2.1 L’environnement, moteur de l’innovation L’environnement est un formidable moteur d’innovation qui peut procurer un avantage concurrentiel essentiel ; actuellement, seule l’Allemagne profite réellement de cette voie de différenciation. En effet, elle est le principal moteur de la politique environnementale européenne, pour des raisons structurelles (85,4% des Allemands vivent dans des villes de plus de 500.000 habitants et sont donc plus sensibles à l’environnement) et politique (les écologistes sont fortement représentés au gouvernement). La France, ainsi que les autres pays européens, sont relativement éloignés de ce débat environnemental. C’est ainsi que certains plasturgistes travaillant sur le PVC investissent dans des équipements afin d’acquérir des compétences plurimatériaux pour parer à l’éventualité de l’interdiction du PVC. 110 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Le poids des écologistes allemands conduit la plasturgie allemande à réduire la quantité de plastique produite et à multiplier les innovations (par exemple, Ecoflex de BASF) favorisant l’utilisation des plastiques recyclés. Cette stratégie a l’avantage de satisfaire les écologistes, mais conduit aussi les plasturgistes allemands à développer des produits innovants à plus haute valeur ajoutée. Ainsi, de nouvelles technologies permettent la transformation des bouteilles PVC en mousse pour l’industrie du BTP et celle des produits d’emballage en plaques et feuilles destinées aux panneaux d’isolation. Sur le marché anglais, le développement du secteur de l'emballage est très fortement limité par les réductions volontaires dans la chaîne de l'emballage. Les efforts d’innovation dans ce domaine tel que l’intégration de métaux dans les sacs plastiques favorisant la dégradabilité des produits pour répondre au refus des sacs plastiques qui est très développé. Aux Etats-Unis, Ford a demandé à ses fournisseurs de produits plastiques d’utiliser un maximum de produits recyclés ; la protection de l’environnement devient désormais un critère de sélection des fournisseurs. Ford vient d’innover en lançant en Floride la première usine entièrement consacrée au démontage des véhicules, ce qui permet au groupe de récupérer des matériaux et de recycler certaines pièces ou parties de pièces. Ainsi, le groupe peut contrôler l’ensemble du cycle de vie d’un véhicule, de sa phase de production jusqu’à son recyclage. Ford estime que cette politique de réduction des déchets plastiques constitue, en outre, une opportunité de croissance générant des profits additionnels tout en réduisant les coûts de fabrication de certaines pièces. De son côté, General Motors s’est fixé comme objectif de quadrupler ou quintupler la proportion de matériaux non métalliques recyclés dans ses voitures ; les éléments concernés seront, en priorité, les tableaux de bord, les revêtements de panneaux de portes et des consoles. Les plastiques biodégradables 8.2.2 Les difficultés rencontrées – souvent d’ordre économique plus que technique - dans le recyclage des matières plastiques ont favorisé l'émergence de matériaux plastiques biodégradables. Un matériau plastique est dit « biodégradable » s’il peut être dégradé, par les micro-organismes, en eau, gaz carbonique ou méthane et une nouvelle biomasse non toxique pour l’environnement. Les technologies de production, les utilisations et les marchés des plastiques biodégradables sont en pleine évolution , si la volonté de promouvoir les matériaux biodégradables existe réellement, des solutions techniques devraient être rapidement trouvées. En effet, la substitution des plastiques par les biomatériaux constitue une solution qui permet, en principe, de protéger les ressources et l’environnement, d’optimiser la gestion des déchets, d’économiser l’énergie. Outre leur biodégradabilité, ces matériaux offrent d’incontestables avantages : • Recyclables et incinérables, ils permettent d’obtenir du compost, • D’origine agricole, ils constituent des matières premières renouvelables, • Ils ont des caractéristiques comparables à celles des polymères traditionnels, • L’énergie nécessaire à leur création est 3 à 4 fois inférieure à celle nécessaire à la fabrication des matières plastiques issues de la pétrochimie, • Ils sont bien perçus par le public et répondent aux attentes sociétales, • Les procédés de biotechnologie devraient révolutionner la production des matériaux biodégradables pour leur permettre d’être concurrentiels avec les plastiques d'origine pétrolière. Les emballages biodégradables sont déjà présents sur le marché, mais leur coût élevé (2 à 3 fois supérieur à celui des matériaux traditionnels, soit 0,15 €/m2 contre 0,05 €/m2), même si l’on considère le coût complet de leur cycle de vie, ne leur permet pas de remplacer les emballages traditionnels. La production mondiale qui représentait 14.000 tonnes en 1996, pourrait atteindre 500.000 tonnes en 2005. Ce chiffre doit néanmoins être relativisé en le comparant à la production mondiale de plastiques traditionnels qui devrait dépasser les 200 millions de tonnes à cette même date. 111 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Le Cemagref coordonne, depuis septembre 1998, un programme européen SMT (Standards, Measurements and Testing) qui regroupe des partenaires scientifiques et industriels, pour la mise au point de nouvelles méthodes de mesure de la biodégradabilité des matériaux afin de leur accorder un label. L'ensemble des acteurs concernés par la biodégradabilité s'est regroupé, depuis 1997, au sein du Comité Français pour la Biodégradabilité (COBIO), qui fédère les industriels, les centres de recherches et les professionnels de l'agriculture. L'Ademe assure la gestion de Agrice, créé en 1994, qui compte, parmi ses objectifs, la mise au point et le développement de matériaux biodégradables. Les programmes de recherche démontrent la faisabilité technologique de certains produits qui pourraient être exploités dans des conditions économiques raisonnables, notamment : • au Royaume-Uni, les plastiques biodégradables (moins de 2% du marché) devraient se développer avec des produits tels le Biopol, utilisé pour l’emballage, • en Australie, le Cooperatif Research Centre for International Food Manufacture & Packaging Science (CRC IFMPC) teste des mélanges d'amidon de blé, produit très économique, pour fabriquer des emballages en plastiques rigides et flexibles, • au Japon, Fujitsu développe des technologies permettant de fabriquer les boîtiers d’ordinateurs portables en plastique biodégradable et de les recycler. Dans l’automobile, des garnitures internes de portière de voitures sont fabriquées en fibre de lin et on envisage de fabriquer des pare-chocs en composites à matrice biodégradable en fibres végétales. Dans l’agroalimentaire, des matériaux biodégradables sont utilisés pour le calage, le film et les barquettes alimentaires, les pots de yaourt (Danone et Mac Donald). Dans le secteur médical, de nouvelles applications des matériaux bio-assimilables voient le jour. La compétitivité chez ID DALLES : ID DALLES, PME de 4 personnes installée à Dompcevrin (55) utilise 50% de matières premières recyclées (solvants, caoutchoucs, polyuréthanes) pour fabriquer des dalles de sol synthétiques. Travailler avec des résines neuves serait beaucoup plus simple, mais tellement plus cher ! « les matières premières coûtent 90% moins cher, mais l’économie tombe à 30% si l’on tient compte du surcroît de main-d’œuvre nécessaire à leur utilisation ». Il faut en effet trier les matières premières entrantes, adapter et suivre la production. ID Dalles a testé près de vingt échantillons avant de trouver le bon fournisseur ; la qualité était trop irrégulière. (d’après Industrie et Technologies, n°838-juin 2002) … et chez Plastyl Plastyl est une PME de 25 personnes spécialisée dans la fabrication de feuilles en polystyrène destinées au thermoformage de produits cosmétiques (flaconnage), d’emballages agroalimentaires (pots de yaourts), d’emballages pour l’industrie pharmaceutique et de produits multicouches avec une fonction « barrière ». Elle assure un haut niveau de qualité, matérialisé par la norme ISO 9001. L’unité de production comporte 6 lignes d’extrusion-soufflage qui permettent de fabriquer des laizes de 25µ jusqu’à 2.000µ d’épaisseur. Outre le recyclage des chutes en tête de chaque ligne, l’unité comprend un atelier de regranulation dans lequel toutes les chutes de production sont recyclées ; Plastyl ne produit aucune chute, mais achète à bas prix des déchets d’autres unités de production ; ces achats de matières premières recyclées participent pour une grande part à l‘amélioration de son équilibre financier. La capacité actuelle de recyclage est de 240 à 300 tonnes/an et elle devrait être portée à 400 tonnes/an lorsqu’elle sera équipée d’un laboratoire de caractérisation afin de mieux connaître la qualité des matières premières qu’elle recycle ; les matières premières recyclées représentent actuellement environ 10% de sa production. (Nodal Consultants – mai 2002) 112 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 8.3 Réglementation environnementale européenne La prise en compte de la qualité de l’environnement est devenue une des préoccupations majeures de la société. Le plastique jouit d’une très mauvaise image, principalement du fait de l’omniprésence de ce matériau « artificiel » chimique face à la concurrence de matériaux naturels comme le bois et les métaux qui sont psychologiquement mieux acceptés. La plasturgie française est totalement soumise à la réglementation environnementale, ce qui handicape, à court terme, la compétitivité des plasturgistes. En effet, les directives européennes environnementales sont généralement transposées de manière stricte en Droit français et elles sont appliquées de manière encore plus stricte. En Allemagne, l’évolution des normes prend en compte l’évolution des techniques et des innovations. Des contraintes réglementaires sont ainsi élaborées à partir d’un cadre environnemental général, des technologies disponibles et des enjeux environnementaux. L’Allemagne a une approche plus pragmatique de l’environnement et du développement durable. L’approche allemande intègre orientations de la politique environnementale, impacts économiques, techniques disponibles ou facilement accessibles et application des normes. Les directives européennes environnementales, dans lesquelles l’Allemagne joue un rôle majeur, sont généralement transposées de manière plus souple. L’organisation fédérale permet une large adaptation en fonction des risques et des enjeux spécifiques locaux. Conscients des enjeux économiques, les pouvoirs publics allemands tolèrent certaines pratiques et sont beaucoup plus souples qu’en France quand à l’application des normes environnementales. Les déchets de la production des matières plastiques sont depuis toujours réutilisés par les entreprises de transformation et des projets, et des essais, ont été lancés depuis longtemps pour favoriser l’utilisation des matières plastiques récupérées. 8.3.1 Les directives européennes La DG Environnement met en place les directives concernant le recyclage des matières plastiques : • Directive pour les déchets (discutée au Conseil) : le taux de recyclage de 20 (ou 22)% sera imposé à partir de 2004 ; le marché du recyclage devrait alors devenir un marché porteur ; • Directive PPW : Packaging and Packaging Waste ; la nouvelle version porte de 20 à 22% le taux de recyclage (SCADPIus: Emballages et déchets d'emballages) ; • Directive ELV (VHU) : existe déjà, entre en application en 2005 (SCADPIus: Gestion des véhicules hors d'usage) ; • Directive WEEE : Waste Electronic and Electrical Equipment (SCADPIus: Déchets d'équipements électriques et électroniques). En Belgique, le Ministère de l’Environnement et des membres de l’association des industriels de la chimie, Fedichem, en partenariat avec Solvay et d’autres transformateurs, favorisent les matériaux recyclés (financement du broyage, des frais logistiques) : essai de table ronde pour partager le savoir faire des extrudeurs du Benelux. En Allemagne, le projet de recyclage du PET a mis en place un dispositif de consigne imposé par l’Etat (point vert -) obligeant tout importateur étranger à payer une contribution au point vert (écotaxe sur l’emballage). Cette consigne des bouteilles plastiques est une idée ancienne qui prévoit que si la consommation dépasse un certain taux, la directive s'applique automatiquement. Il s'agit, en fait, d'une taxe pour financer le recyclage. A noter que le système français « eco-emballage » est bénéficiaire alors que le « grüne punct » allemand est déficitaire. 113 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 8.3.2 Un certain nombre d’initiatives similaires existent dans d’autres pays : • les boîtes en aluminium sont déjà soumises à ce type de règlement en Australie, • au Danemark, les boîtes en aluminium sont interdites. Les études montrent que le PET a un cycle de vie plus favorable que celui du verre, d’où la tendance actuelle au remplacement du verre par des matériaux plastiques, plus économes en énergie de production, et qui peuvent, généralement, être recyclés. Application de la réglementation En France, le nombre de directives communautaires en attente de transposition dans le droit national depuis plus de 2 ans atteint 14, contre 11 pour l’Allemagne ; au total, ce sont 56 directives qui attendent d’être transposées dans le droit français. Le taux de transposition est passé, en France, de 3,1% en début d’année 2002, à 3,8% au 1er janvier 2003 ; pour l’ensemble de l’Europe, ce taux est également en augmentation de 1,8% en mai à 2,1% au 1er janvier 20031. L’environnement est l’un des dossiers importants du programme d’élargissement qui sera discuté à Copenhague en décembre 2002. La DG Environnement chiffre à 100 milliards d’euros le coût de la mise en conformité des pays candidats à la législation et aux normes de l’UE. L’application des directives européennes devrait permettre d’améliorer le traitement des eaux usées, réduire la pollution de l’air et mettre en place une gestion plus efficace des déchets. Bien qu’il ne touche que très indirectement la plasturgie, un exemple montre la différence d’interprétation entre la France et ses homologues européens. La « directive gaz » prévoit la libéralisation totale du gaz naturel à usage industriel pour 2004 et à usage domestique pour 2007. en fait, le marché français du gaz est plus ouvert en France que chez nos partenaires. L’Allemagne, qui est pour la libéralisation, a ouvert son marché à hauteur de 2%, alors que la France , censée s’y opposer, l’a ouvert de 20 à 30%. La prise en compte du recyclage dès la conception des produits permet d’espérer des avancées significatives dans les prochaines années, mais le recyclage a surtout progressé dans les milieux industriels parce que les entreprises sont tenues par la législation européenne de récupérer les produits en fin de vie qu’elles mettent sur le marché et parce que ces produits sont relativement homogènes, ce qui facilite la collecte et le recyclage. 8.4.1 Stratégies européennes de valorisation des déchets Taux de valorisation énergétique 8.4 Valorisation des déchets plastiques 100% Choix stratégiques des pays européens (situation en 1998) Suisse Danemark 50% Suède Pays-Bas Belgique France Norvège Italie Royaume-Uni Finlande Espagne Grèce Allemagne Autriche Les déchets plastiques peuvent être valorisés sous deux formes : la valorisation par le recyclage ou la valorisation énergétique. Sur ce point 0% Taux de recyclage 25% Sources : TN Sofres Consulting 15-06-2000 les stratégies des pays européens diffèrent : certains choisissent le recyclage (Allemagne, Autriche), d’autres la valorisation énergétique (Danemark et Suisse). La France, pour sa part, a une position intermédiaire. Ces orientations stratégiques ont bien évidemment de lourdes conséquences sur les innovations environnementales. 1 Le Figaro Economique, 12 novembre 2002 114 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne La réutilisation des déchets est une des meilleurs voies de prise en compte du développement durable. La recyclabilité des matériaux a été et est donc actuellement la priorité en terme de gestion du développement durable. Les taux de recyclabilité sont maintenant définis par des normes de plus en plus strictes. C’est ainsi que les VHU (véhicules hors d’usage) devront atteindre des taux de recyclabilité de l’ordre de 95% en 2015. Peu développée en France Sources : IPEC (Plastiques & Environnement du Canada) La recyclabilité des matériaux est depuis longtemps prise en compte à l’intérieur même des sites de production, principalement pour des raisons économiques. La plus grande partie des chutes (des matériaux thermoplastiques) peut, en effet, être regranulée et réinjectée dans le process. Ainsi, aucun déchet plastique n’est produit sur le site de production. En France, le recyclage pose des problèmes et accuse un retard par rapport à l’Allemagne, surtout en ce qui concerne le tri sélectif des déchets. La France a cependant réussi le pari d’organiser le recyclage des déchets et de rattraper son retard, notamment, grâce au rôle joué par l’Ademe pour sensibiliser les industriels à ces problèmes. Cependant, le manque d’implication des producteurs de matières premières freine l’essor du développement de la filière recyclage. Les producteurs de matières premières restent, en France, hors du processus de recyclage, contrairement à l’Allemagne qui les intègre mieux et où ils jouent un rôle central dans toute l’organisation. Outre les effets bénéfiques environnementaux, la mise en place d’une filière recyclage développée a un intérêt économique pour les plasturgistes. En effet, la présence d’une deuxième source de matière première, même réduite, ne peut avoir qu’un effet stabilisateur sur les prix des matière première, qui est un problème majeur pour les plasturgistes Le prix des déchets plastiques est très variable selon le type de plastique utilisé. Les prix sont bien évidement en relation directe avec le développement de la filière. Les déchets de polystyrène et d’ABS qui ont des prix de ventes positifs peuvent permettre des gains de marge brute d’exploitation allant jusqu’à 5% - voire 10 % dans certains cas. Le tableau ci-dessous donne les prix moyens de vente à la tonne des déchets plastiques (valeurs début 2002 ; les prix négatifs indiquent que le producteur doit payer pour l’enlèvement de ses déchets). 115 NODAL CONSULTANTS Indicateurs qualitatifs de la compétitivité Polypropylène Déchets à broyer : +2 € Films couleurs imprimés : -50 € Films naturels : +30 € PVC Polystyrène ABS Menuiserie blanc : Déchets à broyer : Couleur : +30 € +25 € +50 € Menuiserie Blanc : +60 € couleurs : +7 € Souple : -100 € Rigide tube : -80 € Thermoformage : -40 € Sources Plastiques et Elastomères Magazine – Mars 2002 Polyéthylène Films mélangés étirables : -110€ Films agricoles : -120€ Films étirables naturels : -40€ Déchets neufs basse densité : +50€ Déchets neufs haute densité : 0€ MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne De fait, le prix des déchets plastiques est très variable selon le type de plastique utilisé. Les prix sont bien évidement en relation directe avec le développement de la filière. Les déchets de polystyrène et d’ABS qui ont des prix de ventes positifs peuvent permettre des gains de marge brute d’exploitation allant jusqu’à 5% - voire 10 % dans certains cas. Mais pour l’heure, la concurrence du prix de la « résine vierge » constitue une menace pour la pérennité des entreprises de recyclage. D’autant que les prix des matières premières d’origine « producteurs de la chimie » fluctuent selon de grandes amplitudes ; des variations de l’ordre de 20% en l’espace de quelques mois ne sont pas rares. Les pays de l’Europe du Nord et l’Allemagne, où les populations sont encore plus sensibles qu’en France aux problèmes de l’environnement, bénéficient d’une structure de grandes entreprises, beaucoup plus forte dans la plasturgie de volume, essentiellement dans l’extrusion de produits pour le bâtiment. Ces grandes entreprises traitent des quantités suffisamment importantes de matières pour organiser leurs propres filières de recyclage, telles Wuppi au Danemark, Re-Window en Allemagne, Öakf en Autriche, les extrudeurs s’engageant à reprendre les déchets et à le réutiliser en co-extrusion par exemple. Mais hormis ces cas, qui au reste fonctionnent en grande partie avec un approvisionnement de chutes de l’industrie, il faut dire que le recyclage, pour les plus gros volumes de matières plastiques, reste encore à l’état de virtualité dans la plupart des pays de l’Union1. L’argent va à la collecte, et le déchet est « poussé » hors de la vue du consommateur, mais le véritable problème commence alors, car le recyclage, comme toute activité économique ne peut fonctionner sans un débouché, c’est à dire une demande de produits recyclés, et un prix suffisant pour ces produits. L’activité économique doit être « tirée » par la demande, et ne saurait fonctionner sous la seule « poussée » du refus et de la taxation des déchets. Au contraire, la taxation sur le produit final, de post-consommation, joue contre le recyclage, car en donnant une valeur négative au déchet, elle détruit toute la construction économique qui pourrait se fonder sur sa transformation : stockage, séparation, transformation, chacune de ces opérations a un coût. A chacune de ses étapes, n’en déplaise aux chantres de l’écologie, il est nécessaire que « la matière première » déchet ait une valeur positive et non pas négative, pour entrer dans les circuits de valorisation. A défaut, le recyclage devient une entreprise à haut risque, seulement justifiée par les besoins des sociétés de service qui font la collecte, mais qui peuvent trouver, de toute façon, des moyens moins coûteux de se débarrasser de stocks à valeur négative. Le cas du PVC : Le PVC reste un produit indispensable, bien qu’il soit rendu dangereux par l’utilisation d’additifs (cadmium, aujourd’hui interdit, et phtalates, plastifiants qui donnent à la matière un aspect et un toucher plus fluide, qui sont pratiquement interdits, en particulier dans les jouets). En Europe, le PVC est principalement produit par Solvay, AtoFina, Monsanto, Dow et Dupont. 1 Cette remarque et celles qui suivent s’appliquent tout autant à d’autres types de matériaux, ceux de construction par exemple. 116 Indicateurs qualitatifs de la compétitivité NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Dans les années 1970/80, le PVC rigide (plus résistant) a été largement utilisé dans les tuyauteries, descentes de gouttières, tuyaux de construction, piscines, fenêtres ; sa durée de vie étant de l’ordre de 30 à 50 ans, on va se trouver, vers 2015, devant un pic de déchets pour lesquels il faudra bien trouver des solutions alors que, actuellement, le taux de recyclage n’est que de 3%. La chaîne de l'industrie du PVC a créé Vinyl 2010, qui gère l'engagement volontaire de la profession ; c’est un programme sur 10 ans, avec révision à mi-parcours en 2005, et définition de nouveaux buts en 2010, afin de prendre en compte les progrès techniques et l'élargissement de l'UE. Sa mise en œuvre sera strictement contrôlée et fera l'objet de rapports annuels certifiés. Il regroupe toutes les parties intéressées qui apporteront une contribution financière s'élevant à 250 millions d'euros sur les 10 années du programme, notamment en faveur des technologies et projets de recyclage nouveaux. Les actions et engagements de Vinyl 2010 concernent : • En 2010, le recyclage de 200.000 tonnes de déchets PVC. Cet objectif viendra s'ajouter aux volumes de recyclage post-consommation de 1999 et à tout recyclage de déchets post-consommations comme l'exige l'application après 1999, des directives européennes sur les déchets d'emballages, les véhicules en fin de vie et les déchets des équipements électroniques et électriques. • Le recyclage de 50% des déchets de PVC disponibles provenant des profilés de fenêtres, tubes et raccords, ainsi que des membranes de toitures en 2005 et des revêtements de sols en 2008. L'industrie du PVC étudiera comment les schémas de recyclage opérationnels dans certains pays européens (par exemple, le recyclage des châssis de fenêtres en PVC en Allemagne ainsi que plusieurs systèmes de recyclage des tuyauteries) pourraient être étendus à d'autres pays de l'UE. • Un programme de recherche et développement sur les nouvelles technologies de recyclage et de récupération, y compris le recyclage des matières premières et la technologie utilisant des solvants (Solvay a mis au point un procédé de recyclage chimique par dissolution et précipitation – Vinyloop - et a construit une unité de traitement à Ferrare). • Un partenariat avec les autorités locales au sein de l'Association des communes et des régions pour le recyclage (ACRR), l'APME et l'association européenne des recycleurs de matières plastiques, afin de promouvoir les meilleures pratiques ainsi que des projets pilote de collecte et de recyclage à l'échelle locale (voir Vinyl 2010: L'industrie du PVC s'engage résolument sur la voie du recyclage - 24/05/2002 et Vinyl 2010 - Progress Report 2002). Dans le domaine du recyclage du PVC, après la mise au point par Solvay de son procédé Vinyloop, le danois Industrimiljo effectue des essais sur un procédé d’hydropyrolyse et de pyrolyse des déchets de PVC et, aux Pays-Bas, le projet Redop développe une technique de déchlorhydratation des plastiques ménagers dont la teneur en chlore est relativement faible. Le marché japonais du recyclage dans l’industrie automobile Avec 70 millions de véhicules en circulation, le Japon se place en seconde position mondiale, après les Etats-Unis, pour le parc automobile. Sur ce total, environ 5 millions arrivent en fin de vie chaque année. Si l’on compare ce chiffre avec celui de l’ensemble de l’Union européenne, 9 millions de véhicules en fin de vie, on voit à quel point la question du recyclage se pose avec acuité pour l’industrie automobile japonaise. Le taux de recyclage est actuellement de 75%, mais des directives très strictes édictées par le MITI ont porté ce taux à 90% en 2000 et il devrait atteindre 95% en 2015. les entreprises japonaises développent actuellement toutes sortes de techniques pour le recyclage et la réutilisation des produits recyclés pour atteindre ces objectifs. Mission économique au Japon 117 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne CHAPITRE 5 ANALYSE PROSPECTIVE & SCENARII DE DEVELOPPEMENT 118 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS CLASSEMENT PAR PAYS ET PAR INDICATEUR 1 Analyse prospective & scénarii de développement Pour réaliser l’analyse en composantes principales, Nodal a classé les pays pour chaque indicateur étudié. Un premier classement simple, présenté dans le graphique ci-dessous, a été réalisé en fonction de la note totale obtenue ; la France se situe en 4ème position après l’Allemagne, l’Italie et les Etats-Unis, devant le Royaume-Uni et le Japon. Classement global des pays selon leur compétitivité PECO PECO Espagne Espagne Japon Japon Royaume-Uni UK France France Etats-Unis USA Italie Italie Allemagne -50 Allemagne -40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40 Sources Nodal Consultants, décembre 2002 Ce positionnement intermédiaire de la France est le résultat d’un ensemble de notes moyennes dans presque tous les domaines. Cette analyse, bien que très élémentaire, semble montrer que, dans l’ensemble, la stratégie industrielle de la plasturgie française est « molle » : pas de gros handicaps, mais pas de domaines dans lesquels elle se démarque de ses homologues européens. Cette situation est à comparer avec celle de l’Italie qui fait jeu égal avec les Etats-Unis, et se distingue par ses résultats en commerce extérieur et profitabilité. Le Royaume-Uni, qui se classe juste après la France, présente une industrie plus personnalisée dans quelques domaines, faisant bénéficier l’industrie d’une position positive sur la fiscalité, les coûts et la valeur ajoutée. Un examen plus approfondi des thèmes analysés permet d’identifier certaines faiblesses françaises qui pèsent lourd sur la compétitivité des entreprises : 1. Les contraintes structurelles nationales donnent une mauvaise place à la France, en raison, principalement du coût de la main-d’œuvre, de la fiscalité et des délais de paiement. L’Allemagne a une position sensiblement meilleure en raison de ses délais de paiement raisonnables, bien qu’elle fasse jeu égal avec la France pour le coût de la main-d’œuvre et la fiscalité. Ce sont le Royaume-Uni et les pays d’Europe de l’Est qui obtiennent la meilleure compétitivité en raison du coût de la main-d’œuvre et, pour le Royaume-Uni, de sa longue tradition de délais de règlement très courts, le fameux « payment against shipping documents ». 2. L’évaluation du poids de la profession est caractérisée par la faible place qu’occupe la plasturgie dans l’économie française et, dans une certaine mesure, par les relations conflictuelles qui existent au sein de la filière ne permettant pas à la plasturgie française d’apporter à notre pays une contribution économique à la hauteur de son potentiel. 3. La France obtient également une position intermédiaire dans l’évaluation de la structure de la filière qui traduit l’absence de stratégie de croissance de la profession, de l’absence de leaders et d’une concentration industrielle insuffisante. 119 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement 4. Sur le thème des performances et de l’internationalisation, la France n’est pas mieux placée ; toujours derrière l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Italie. Un de ses points forts est constitué par l’existence de districts industriels, mais, faute d’une incitation suffisante, ils ne donnent pas les résultats que l’on pourrait en espérer. La balance commerciale, fortement négative, constitue le principal challenge que doit relever la plasturgie française. Les investissements matériel et immatériel ne sont pas quantifiés faute d’indicateurs représentatifs. Mais la position de la plasturgie française est handicapée par l’insuffisance, dans la gamme des produits transformés, de produits à haute valeur ajoutée, par le faible développement des nouveaux procédés et matériaux et par le manque d’efficacité des partenariats de R&D, tant avec les organismes de recherche publics qu’avec les laboratoires privés. C’est la conséquence directe des choix stratégiques des dirigeants qui privilégient l’investissement matériel, dont les résultats peuvent être immédiats, au détriment d’une stratégie d’innovation à long terme ; ces choix sont eux-mêmes la conséquence d’une dépendance forte de la sous-traitance qui oblige les entreprises à mettre en place les moyens de répondre aux demandes des donneurs d’ordre, et qui ne permet pas de dégager les marges d’autofinancement nécessaires à la R&D. La position française par rapport à l’impact de l’environnement, derrière l’Allemagne, est relativement favorable ; il semble que, dans ce domaine, la France soit assez dynamique et que la protection de l’environnement soit, désormais, devenue une préoccupation majeure pour l’ensemble des acteurs. Des efforts restent à faire pour mieux intégrer cette dimension comme un atout et non comme un handicap. 1 2 3 4 1 2 1 2 3 4 5 6 7 Japon USA PECO Royaume-Uni Italie Espagne Contraintes structurelles nationales Coût main d'œuvre, -1 -1 +2 +1 +1 +2 -2 -2 Délais de paiement -1 +2 -1 -2 +2 -2 +1 +1 Dépendance de la sous-traitance -1 +1 -2 -1 +1 -2 +2 +2 Coûts des investissements +1 -1 +2 +1 -1 +2 -2 -2 Coût du transport -1 +1 +2 +1 -1 +2 -2 -2 Fiscalité des entreprises -1 -2 +1 +1 +2 +2 -1 -2 Poids de la profession Chiffre d’affaires de la plasturgie +1 +1 -2 -1 -1 -2 +2 +2 Part de la plasturgie dans l’emploi +1 +2 -2 -1 +1 -2 +2 -1 Contribution de la plasturgie au PIB -1 +2 -1 -2 +2 -2 +1 +1 Consommation de matières plastiques +1 +2 -1 -1 -2 -2 +2 +1 Structure de la filière Influence de la structure de la filière +1 +2 -1 +1 -2 -2 +2 -1 Moules et outillages des plasturgistes +1 +2 -1 +2 -2 -2 +1 -1 Performances de la filière Chiffre d'affaires par entreprise +1 +2 -2 -1 +1 -2 +2 -1 Chiffre d’affaires par salarié +2 +2 +1 -1 -2 -2 +1 -1 Valeur ajoutée de la plasturgie -1 +1 -2 +2 +1 -2 +2 -1 Valeur ajoutée par employé -1 +1 -2 +2 +1 -2 +2 -1 Marge brute d'exploitation -2 -1 +1 +2 +2 -1 +1 -2 Balance commerciale -2 +2 -1 +1 -1 -2 +2 +1 Investissements dans chiffre d’affaires +1 -1 -1 +1 -2 -2 +2 +2 Sources Nodal, décembre 2002 1 2 3 4 5 6 France Indicateurs par thèmes Allemagne Tableau 5-1 : Classement comparatif des pays par indicateur 120 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS LES TENDANCES D’EVOLUTION DE LA PLASTURGIE FRANÇAISE 2.1 Tendances à long terme 2 Analyse prospective & scénarii de développement 1. Le prix et la qualité ne constituent plus les seuls facteurs clés de la concurrence ; les transformateurs doivent désormais se différencier par d’autres critères concurrentiels, notamment leur capacité à accompagner et anticiper les besoins du client. 2. L’internationalisation des marchés conduit les grands donneurs d’ordres à s’implanter à l’étranger où ils entraînent leurs fournisseurs ; l’offre de matières premières s’internationalise et entraîne des différences fortes entre les sources d’approvisionnement des différents pays (différences de stratégie de chaque fournisseur entre les pays) ; arrivée sur les marchés nationaux de nouveaux transformateurs issus des pays de l’Est ou des pays du Sud-Est asiatique (Chine, Thaïlande) ou de l’Afrique du Nord (Tunisie). 3. Le développement insuffisant des technologies et des nouveaux procédés ne permet pas d’espérer « d’innovation de rupture » ; par contre, les transformateurs doivent, en permanence, se tenir au courant des améliorations de procédés. La pression des écologistes incite au développement des matériaux biodégradables. Quelques nouveaux marchés s’ouvrent avec le développement des nano-composites, des matériaux à mémoire de forme ou à propriétés spéciales (conducteurs) et des matériaux réactifs ou actifs, dits « intelligents » et des biomatériaux. 4. La prise en charge de plus en plus marquée d’intégration de services annexes, contraint les transformateurs au développement vertical et les besoins de financement de densité croissante imposent une concentration des acteurs et la recherche de partenariats. 5. La pression sur les prix exercée sur les plus petites entreprises, peu ou pas spécialisées, dégrade leur rentabilité ; elle accélère les tendances au regroupement des entreprises autour de celles qui disposent d’un atout technologique ou commercial. 6. Le différentiel de productivité de la main d’œuvre, provisoirement défavorable à l’Europe de l’Ouest, mais qui tendra à s’atténuer. 7. Les différences s’accentuent entre les transformateurs de « volume » (secteurs de l’emballage traditionnel et de la construction) qui utilisent des matières premières courantes dont les prix sont spéculatifs, et les entreprises qui travaillent sur des technologies plus rares, utilisant des matières premières techniques ou d’engineering, et qui peuvent bénéficier d’une plus grande valeur ajoutée. 2.2 Tendances à court terme 1. La pression croissante des mesures de protection de l’environnement se traduit par des réglementations de plus en plus lourdes et complexes de l’Union européenne ; ces nouvelles réglementations sont difficiles à mettre en application d’autant que les modalités et les délais de transposition dans les législations nationales sont inégaux et que les nouveaux arrivants extra-européens n’ont pas encore les mêmes contraintes. 2. Les sous-traitants sont soumis à une pression croissante de la part des donneurs d’ordre qui développent de nouvelles techniques d’achats ; la technique des « prix objectifs », adoptée par de grands groupes internationaux, aboutit inévitablement à une baisse des prix de vente du produit fini et prive le sous-traitant de toute initiative. Il constitue un facteur supplémentaire de délocalisation de l’activité dans des régions à bas prix de revient. 121 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement 3. Le développement, puis la banalisation, de nouvelles techniques fondées sur la robotique et la productique intégrées transforment les manières de travailler mais également les conditions d'exploitation et de gestion de l'outil de production grâce à l’augmentation de leur productivité et de leur flexibilité. 4. L'évolution des techniques et leurs combinaisons permet une complexification sans précédent de la conception des produits qui rend difficile la réunion, au sein d’une même unité, de l’ensemble des compétences nécessaires, nécessitant de faire appel à des partenariats possédant les savoir faire complémentaires. 2.3 Principales incertitudes 1. Le manque de visibilité statistiques des effets économiques de l’innovation ne permet pas, aujourd’hui, d’anticiper les modifications qu’ils devraient entraîner dans les relations au sein de la filière entre producteurs de matières premières, transformateurs et donneurs d’ordres. 2. Les marchés de sous-traitance devraient continuer leur progression et il est à craindre que cette croissance ne s’opère pas dans l'Union européenne. La mondialisation de l'économie, et la pression générale sur le niveau des prix qui en résulte, a déjà amorcé le développement des importations de substitution dont on peut craindre le renforcement. 3. Pour résister à la diminution des marges de fabrication, les transformateurs essaient de se différencier en augmentant leur valeur ajoutée par l’intégration de la conception de sousensembles et une diversification vers les services de post-production qu'ils jugent à forte valeur ajoutée. 4. Les NTIC ne semblent pas encore avoir modifié sensiblement les comportements d’achat ou de vente de la plasturgie européenne. Ce n’est pas le cas aux Etats-Unis et l’on peut s’attendre, à moyen terme, à une importante modification des stratégies commerciales des transformateurs ; quels en seront les premiers bénéficiaires : les groupes déjà structurés ou les PME/PMI ? 2.4 Enjeux à anticiper 1. Les transformateurs doivent pouvoir contrôler et/ou anticiper la double pression sur les prix exercée par les producteurs de matières premières et les donneurs d’ordres, au risque de voir leurs marges continuer à se dégrader et à ne plus disposer des capacités financières leur permettant d’assurer leur développement (investissements matériels et immatériels). 2. Certains transformateurs de petite taille , souvent des sous-traitants de second ou de troisième rang travaillent en étroite collaboration avec un équipementier, leur seul et unique client dont ils sont dépendants ; ces industriels sont dans une zone de risque importante en cas de crise de certains marchés qui poussera les équipementiers à rapatrier la production sous-traitée dans leurs propres ateliers ou à la délocaliser. 122 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS 3 Analyse prospective & scénarii de développement ANALYSE EN COMPOSANTES PRINCIPALES1 3.1 Indications méthodologiques L’analyse multicritères en composantes principales est construite sur un tableau croisé (dit « tableau de contingence ») dont tous les éléments sont quantifiés. Il s’agit ici du tableau formé par la France et ses sept concurrents, objet de la comparaison de cette étude, et les indicateurs de la compétitivité de la plasturgie étudiés dans chacun de ces pays. La méthode consiste à dresser une carte des pays (les individus) en fonction de leur proximité typologique sur la carte des indicateurs (les variables, parfois aussi dénommées les caractères), elle-même établie en fonction des corrélations entre ces variables. Cette méthode est essentiellement due à Harold Hotteling (1933) et Jean Paul Benzecri (Analyse des données – Dunod 1973). Elle requiert un appareillage mathématique sophistiqué, mais n’en demeure pas moins, aujourd’hui, accessible grâce, notamment, aux logiciels spécialisés qui se chargent de la plupart des traitements. 60 HisHtiosg mmeeddes iinneertrie tises torgarm am 45 Pour la constitution d’une typologie de 8 pays selon 32 critères, l’analyse combine les indicateurs en différentes composantes, dites « axes factoriels », de la plus représentative à la moins. NB. Sans entrer dans le détail des conditions permettant une interprétation correcte des graphiques, précisons qu’il importe de calibrer de manière appropriée les données quantifiées (à défaut d’utiliser la méthodologie moins répandue dite des « correspondances multiples »). C’est pourquoi avant de procéder aux calculs proprement dits, les classements ont été transformés en notations disposées symétriquement de –3,5 (le moins bon, c’est à dire, classement 8ème) à +3,5 (le meilleur, c’est à dire, classement 1er). On respecte ainsi les hiérarchies de l’étude et le pas du classement. Ce calibrage permet, d’une part, d’éviter la dissymétrie dans les pondérations selon que l’on est en bas ou en haut de l’échelle, et, d’autre part, de restaurer la logique intuitive d’une notation croissante, du moins bon au meilleur. Ensuite, sur cette base, tous les calculs sont effectués sur des données centrées réduites. 30 En l’espèce, la première 15 composante rend compte de 52% de la variance de tous les indicateurs, avec une dominante des 0 7 4 6 5 « contraintes et des 1 2 3 performances économiAxes ques », la deuxième de 20%, avec une dominante des indicateurs politico-administratifs, la troisième 10%. A la 4ème composante, on a épuisé au total 90% de la variance totale. Chacune de ces contributions est dénommée « inertie de la composante ». Pour l’analyse ci-dessous, on pourra se contenter des deux premières composantes expliquant 72% de la variance totale. 1 Cette analyse multicritères en composantes principales a été réalisée sur la base de l’évaluation des indicateurs de compétitivité établie par Nodal Consultants (voir ci-avant « Classement par pays et par indicateur » Chapitre 51.) 123 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement 3.2 Interprétation du nuage d’indicateurs • • Le cercle des corrélations permet de présenter les indicateurs de façon visuelle (donc sans recourir à l’interprétation du résultat chiffré des calculs) : d’une part, en fonction de leur contribution effective au système d’axes choisi : ils sont d’autant mieux représentés qu’ils se trouvent proches du bord du cercle ; ainsi, par exemple, les indicateurs « moules et outillages », « intégration de services », « formation-qualification », mais aussi ceux du « coût de la main d’œuvre », des « investissements », de « l’implication des pouvoirs publics dans la filière » ; d’autre part, en fonction du niveau de corrélation entre eux qui est d’autant plus élevé qu’ils se trouvent proches ; ainsi trouve-t-on une forte corrélation entre « valeur ajoutée par salarié » et « valeur ajoutée de la plasturgie » (car, il se trouve un large degré de recouvrement des concepts eux-mêmes), ou, entre « formation-qualification » et « partenariat R &D ». Partenariats transfrontaliers Cercle des corrélations des indicateurs Implication des pouvoirs publics dans la filière Intégration de services Préoccupations environnement Valorisation des déchets plastiques Réglementations européennes Coût des investissements Coût du transport Marge brute d’exploitation Coût de la main d’oeuvre VA par salarié VA plasturgie Structure de la filière Balance comm. Partenariats R&D CA/Entreprise Emploi plasturgie Délais de paiement Part de la plasturgie Cons matière Ech. volumes dans le PIB Nouveaux procédés et matériaux Produits à VA Investissements CA plasturgie Fiscalité des entreprises Moules et outillages Innovation environement CA par salarié Dépendance de la sous-traitance Composante verticale - Inertie: 19.9% ”Environnement politico-administratif” Districts industriels Composante horizontale - Inertie: 52.3% ”Contraintes et performances 124 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement 1. L’axe horizontal oppose essentiellement les indicateurs de performances économiques « chiffre d’affaires », « chiffre d’affaires par entreprise » et « emploi plasturgie » à ceux de contraintes économiques « fiscalité des entreprises » et « coût de la main d’œuvre ». Ces deux groupes de variables sont proches de l’axe et du cercle (ils rendent, donc, bien compte de la signification de l’axe), mais ils sont situés en opposition symétrique. 2. L’axe vertical est surtout défini sur la base des variables de l’environnement policoadministratif, telles que : « implication des pouvoirs publics dans la filière », « existence de districts industriels », « partenariats transfrontaliers », voire même, « valorisation des déchets plastiques ». 3. On relève de fortes corrélations entre « valeur ajoutée », « formation-qualification », « balance commerciale », « emploi dans la plasturgie », voire même, « délais de paiement », « consommation de matières premières », « échanges en volume ». Mais ces trois derniers indicateurs, se situent aussi sur le second axe, en opposition par exemple à l’indicateur « marge brute d’exploitation ». On retrouve ici, un certain nombre d’éléments qui caractérisent la vulnérabilité de la plasturgie allemande, illustrés, par exemple, par la position des entreprises sur des gros volumes de transformation, avec de fortes pression sur les marges, de la part des fournisseurs ainsi que des clients. 4. Les indicateurs liés à l’écologie (« préoccupations environnementales », « valorisation des déchets plastiques », « innovation environnement »), rendent assez bien compte des deux premiers axes, mais ils partagent ce rôle avec celui de « l’intégration des services », des « moules et outillages ». On pourrait résumer cet ensemble par le terme de modernité, voir de dynamisme. Il est logique que le développement de la plasturgie passe en partie par l’intégration de services, et la symbiose avec l’industrie des moules et de l’outillage. De la même façon, dans cette présentation, l’innovation pour faire face aux défis de l’environnement apparaît comme un facteur dynamisant, une opportunité pour la profession. 3.3 Interprétation de la position des pays 4 3 2 1 Composante 2 – Inertie 19,9% « Environnement politico-économique » 5 Plan factoriel (composantes 1-2) & contribution de la première composante Italie Allemagne France Espagne 0 Royaume-Uni -1 PECO -2 Etats-Unis -3 -4 -5 -10 Japon -8 -6 -4 -2 0 2 4 Composante 1 - Inertie 52,3% ”Contraintes et performances économiques” 125 6 8 10 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement Dans ce graphique, la taille des bulles représente le niveau de la contribution du premier axe au placement du pays sur la carte. On voit que cette contribution est forte pour l’Allemagne et les Etats Unis, d’un côté, et pour les PECO et l’Espagne, de l’autre, révèlent les fortes identifications suivantes : • PECO et Espagne sur le couple favorable des coûts et de la fiscalité ; • Allemagne et Etats-Unis sur la combinaison emploi / valeur ajoutée ; Les indicateurs de l’Italie, de la France et du Royaume-Uni ont une plus faible contribution dans l’axe principal de l’analyse, d’où, aussi, leur plus grande proximité du point origine. 3.4 Interprétation combinée entre les indicateurs et les pays Le « bi-plot factoriel » superpose les deux cartographies, celle des indicateurs et celle des pays. L’échelle représente la contribution de chacun des pays en pourcentage sur chacun des deux premiers axes. Le graphique oppose essentiellement les pays sur des indicateurs de valeur ajoutée et de coûts. Allemagne et Etats-Unis combinent les bénéfices des procédés et matériaux, des produits à valeur ajoutée, des volumes transformés, des investissements. Les PECO et l’Espagne n’ont pas ces avantages, mais ils jouent par contre sur les coûts (salaires, investissements, transports), et également sur la fiscalité. Dans cette opposition, établie sur la base d’une étude spécifique de l’industrie de la plasturgie, se retrouve celle, plus générale, des pays d’industrialisation ancienne, par rapport à ceux pour lesquels elle est de création plus récente avec une économie plus ouverte et moins réglementée. La différenciation entre Allemagne et Etats-Unis se fait sur le second axe : les Etats Unis n’ont pas le même degré de dépendance vis-à-vis de la sous-traitance, ce qui traduit chez eux par une plasturgie de nature différente, caractérisée par le poids important du secteur des revêtements de sols et de murs (peu de sous-traitance en ce domaine) et un type de relations contractuelles interentreprises très différent lui aussi, lié non seulement à une pratique des affaires, mais aussi à la dimension du marché intérieur (le marché intérieur de l’Union européenne n’a pas encore atteint le même niveau de conformité que celui des Etats-Unis). Les autres éléments positifs pour les EtatsUnis relativement à l’Allemagne sont ceux des investissements, des nouveaux procédés et matériaux, des produits à valeur ajoutée. A l’inverse, l’Allemagne se situe bien davantage que les Etats-Unis sur la sphère des « moules et outillages » (encore le reflet d’une part plus faible de l’enduction-calendrage, et relativement plus forte de l’injection), de « l’innovation & environnement », de la « qualification de la maind’œuvre » et de la « structure de la filière », avec une incidence sur la « balance commerciale ». Un positionnement d’ensemble qui reflète un excellent couplage de la plasturgie avec une industrie des machines de transformation, particulièrement puissante et développée, ce que l’on ne connaît plus depuis longtemps en France. Dans la cartographie, la France apparaît plutôt en position neutre, pour ne pas dire molle, et avec le Royaume-Uni, près du centre. Le Royaume-Uni plutôt du côté des avantages « fiscalité-coût »s, et la France, plutôt du côté de la « politique industrielle » ; mais de toute façon ces variables sont peu déterminantes sur la position de ces deux pays. 126 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Analyse prospective & scénarii de développement Composante 2 – Inertie 19,9% « Environnement politicof Biplot factoriel (composantes 1 &2) : indicateurs et pays Composante 1 – Inertie 52,3% « Contraintes et performances économiques » 127 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement 3.5 Les enseignements pour des choix stratégiques Le graphique bi-plot ci-dessus est révélateur. Les pays à faibles coûts, représentés par les PECO et par l’Espagne, ne peuvent pas servir de modèle pour une dynamique stratégique. Ils mettent en évidence toute l’ambiguïté du terme compétitivité, mauvaise traduction de l’anglais competitiveness qui ne signifie, en fait, que la capacité concurrentielle à caractère économique, une capacité qui se déploie et se transforme dans le temps (au contraire de l’aptitude à la performance et à la compétition). D’un côté, les pays à faibles coûts se caractérisent par des stades d’industrialisation moins avancés que celui de la France, et pour cette raison leur plasturgie finira, au fil du temps, par migrer vers la partie droite de l’axe principal. D’un autre côté, ils ne sont pas encore suffisamment ancrés sur les socles de la valeur ajoutée, de la formation, de la qualification qui ont une dimension humaine dépassant largement le cadre de la pure activité économique de l’industrie manufacturière. Ces socles, ces atouts, participent en effet du niveau de vie général de la population en même temps qu’ils le conditionnent. Le handicap de la plasturgie française (tout comme en partie celui du Royaume-Uni et de l’Italie) est toutefois de n’être clairement assise, ni sur les coûts, ni sur la dynamique de la valeur ajoutée. Et dans cette dynamique, l’Allemagne a déjà pris une longueur d’avance dans le couplage des contraintes et des opportunités liées à l’environnent : « innovation-environnement », « intégration de services », voire même « structure de la filière ». A défaut de pouvoir migrer sur les segments forts de l’innovation pure et de l’investissement (à l’instar des Etats Unis, qui bénéficient depuis longtemps déjà de l’effet de dimension d’un vaste marché intérieur et de l’abondance de ressources financières), la fenêtre d’opportunité de la France reste étroite : celle des « innovations liées à l’environnement », des « synergies dans les districts industriels », des « partenariats transfrontaliers », un ensemble qui donne effectivement un poids encore important à la politique industrielle nationale, même si elle doit désormais, nécessairement, s’intégrer dans le compromis de l’Union européenne. 4 La politique nationale française peut aussi peser, et de manière quasi-autonome, sur un ensemble de facteurs handicapants spécifiques qui résultent d’une dysharmonie dans ses pratiques et habitudes par rapport à celles de ses concurrents à succès : délais de paiement interentreprises abusifs, formation-qualification « jacobine », nouveaux matériaux et procédés stagnants. ANALYSE STRUCTURELLE 4.1 L’analyse structurelle ou l’approche-système Née, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de la rencontre de la biologie, de la cybernétique et de la théorie des systèmes, analyse les éléments d’un processus complexes comme des composants d'un ensemble dans lequel ils sont en relation de dépendance réciproque. L'objectif de l’approche-système est de schématiser un ensemble complexe pour aboutir à une modélisation qui permette d'agir sur lui, après que l'on a compris sa configuration matérielle et sa structure dynamique. Elle est utilisée comme outil de prévision dans des domaines variés : psychologie sociale, urbanisme, économie politique, épidémiologie, écologie, logistique, technologie. L'approche-système implique une simplification et une modélisation ne représente jamais l'exacte réalité des choses ; comme une représentation graphique, elle reste une abstraction. 128 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement Un système peut être généralement défini comme un ensemble d'éléments en interaction (la plus générale) ; c’est à dire tout objet structuré, composé d'éléments abstraits ou concrets en interaction, et ouvert sur un environnement. Le système considéré peut être la circulation automobile dans une ville, le marché de la plasturgie ou l'écosystème d'une forêt. Alors que l’analyse en composantes principales permet de comparer la position des différents pays par rapport aux indicateurs de compétitivité, l’analyse structurelle ne concerne que les relations entre les différentes variables et leur influence sur la variabilité du système. Elle permet d’identifier les variables clés sur lesquelles il est possible d’agir pour faire évoluer le système. Dans le cas du secteur français de la plasturgie (et non plus de l’ensemble des pays étudiés), Nodal Consultants a utilisé cette méthode d’analyse pour fournir une représentation du secteur de la plasturgie et étudié et identifier les variables clés pour la prise de décision, ainsi que pour la réflexion prospective. L’analyse structurelle comprend deux étapes : • le recensement des variables, • le repérage des interactions entre les différentes variables dans la matrice d’analyse structurelle (matrice d’influence). 4.2 Recensement des indicateurs La première étape consiste à recenser l’ensemble des indicateurs et facteurs, internes et externes, caractérisant le système. Elle permet de construire un référentiel commun afin de croiser les perspectives techniques, réglementaires, économiques et commerciales. Les indicateurs ont été choisis dans l’ensemble des indicateurs de compétitivité étudié préalablement, regroupés de telle sorte que leur nombre ne dépasse pas 16 (ce qui correspond déjà à 256 relations). Indicateurs décisionnels : Fiscalité, Formation et qualification de la main-d’œuvre, Aides de l’Etat : recherche et innovation, aides à la création d’entreprises, Réglementation : environnement, réglementation du travail, hygiène et sécurité, Charges sociales : conséquences sur le coût de la main-d’œuvre et les transports, − − − − − Indicateurs de contraintes : − Evolution du marché français : maturité, développement d’applications, prise de parts de marché, − Perspectives de croissance des marchés : mondial, européen, national, − Evolution des coûts : matières premières, équipements, frais annexes, − Innovation : développement de nouveaux matériaux, procédés, R&D, − Acceptabilité des matériaux plastiques par la société, − Poids de la profession par rapport à l’industrie française et dans les autres pays, − Structure de la filière : leaders, donneurs d’ordres, fournisseurs de matières premières, − Degré d’internationalisation : échanges internationaux, concurrence, − Investissements matériels et immatériels, − Partenariat avec des producteurs et des donneurs d’ordres et partenariats horizontaux. Indicateur de résultat (objectif) : − Compétitivité et développement économique de la filière. 129 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement 4.3 Matrice d’influence La méthode consiste à mettre en relation les variables dans un tableau à double entrées – la matrice d’analyse structurelle - les lignes et les colonnes de cette matrice correspondant aux variables issues de la première étape. Pour remplir cette matrice, il convient de s’interroger sur l’existence de relations directes d’influence entre les variables considérées deux à deux. Le remplissage de la matrice s’effectue ligne par ligne. Par exemple pour la ième variable (prise dans l’axe vertical), on se pose la question de son action sur chacune des autres variables (prises dans l’axe horizontal). Il faut remarquer qu’il ne s’agit pas d’une matrice symétrique car si la ième variable agit sur la jème, rien ne prouve que la réciproque soit vraie. Ainsi, pour une matrice de 16 facteurs, il faut se poser 256 questions. Cette procédure d’interrogation permet d’éviter les erreurs mais aussi d’ordonner et de classer les idées. La notation retenue par Nodal Consultants utilise une échelle d’intensité de 1 (absence d’influence) à 5 (influence maximum). A ce stade, chacune des variables est identifiée par un couple de valeurs. Les 16 couples de valeurs [Influence – Dépendance] peuvent être reportée sur les axes x (dépendance) et y (influence) d’une représentation graphique du système « plasturgie française ». La position des variables par rapport à la première bissectrice du graphique permet de distinguer les groupes de variables suivants : Les indicateurs maîtresses constituent les clés d’entrée dans le système : elles ont la dimension d’une hypothèse et représentent le passé. Ce sont les forces qui permettent d’agir sur le système : − les perspectives de croissance économique et des marchés, − la réglementation, − la formation ; Les indicateurs « peloton », dont on ne peut rien dire a priori, sont peu importantes ; ce sont des faux-problèmes qui agissent dans l’instant et relèvent de la communication ou du discours : − les aides de l’Etat, − la fiscalité, − les charges sociales − et même, l’acceptabilité des matériaux plastiques par la société ; Les indicateurs relais constituent les menaces ou les opportunités et sont, en même temps, des facteurs d’instabilité ; elles agissent dans le présent et représentent l’action et les enjeux : − les coûts des facteurs (matières premières, équipements, frais annexes par exemple), − le rôle des partenariats, − la structure de la filière (leaders, donneurs d’ordres, fournisseurs de matières premières), − le poids de la profession par rapport à l’industrie française, − l’innovation (développement de nouveaux matériaux, procédés, R&D), − l’internationalisation (échanges internationaux, concurrence, − les investissements matériels et immatériels, − l’évolution du marché français : maturité, nouvelles applications, prise de parts de marché, Les indicateurs de résultats ou objectifs sont les variables sensibles ; elles sont représentatives du futur, mais aussi des faiblesses et permettent de porter un jugement sur l’ensemble, comme, par exemple, la productivité ou la compétitivité. 130 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement Sources Nodal, décembre 2002 131 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Analyse prospective & scénarii de développement Sources Nodal, décembre 2002 132 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement Ainsi, on note, par exemple, que la compétitivité se situe aux coordonnées de dépendance 88 et d’influence 43, ce qui signifie que la compétitivité présente une forte dépendance par rapport à l’ensemble des autres variables, mais qu’elle n’a qu’une influence limitée sur lui. 4.4 Eléments pour une stratégie 5 L’examen de la représentation graphique permet de préciser l’importance relative des leviers stratégiques de la plasturgie française. Ainsi, l’analyse structurelle de la plasturgie française appelle les commentaires suivants : • la répartition de la plupart des indicateurs sur un fuseau axé sur la première bissectrice est le signe d’une forte instabilité du secteur. Les sources de cette instabilité sont les indicateurs relais (innovation, coûts, structure, internationalisation, investissements). La position élevée sur la bissectrice du facteur « innovation » signifie que l’équilibre de la profession reste à la merci d’une innovation majeure ou de rupture ; en outre, fortement dépendante, mais aussi fortement influente, elle constitue un levier stratégique majeur de la compétitivité pour agir sur l’ensemble du système. • les variables maîtresses sont constituées par la croissance des marchés (en relation avec la croissance du PIB), la formation et la réglementation. Les deux dimensions sur lesquelles l’influence des Pouvoirs Publics peut principalement s’exercer sont bien évidemment les deux dernières. On retrouve dans ces indicateurs la forte corrélation observée entre le taux d’accroissement du PIB et celui de la plasturgie1. • les aides publiques se situent dans le groupe des variables regroupées, dites en « peloton », sur la première bissectrice à proximité de l’origine. Il est intéressant de noter que « l’acceptabilité », qui apparaît souvent comme un indicateur essentiel de la croissance des marchés tels que celui de la plasturgie, appartient à cette dernière catégorie et qu’à ce titre, son influence semble peu importante. • la variable « compétitivité » apparaît bien comme un indicateur d’objectif ou de résultat. ESQUISSES DE SCENARII POUR L’AVENIR DE LA PLASTURGIE Les esquisses de scenarii présentées par Nodal Consultants sont des images caricaturales et simplifiées a priori, construites dans une logique de cohérence, censées représenter la situation de la plasturgie sur une longue période (à plus de 5 ans). Elles ont été établies à partir de combinaisons vraisemblables des principales variables lourdes du secteur de la plasturgie choisies en fonction de trois critères : • Leur nette influence sur le système, • leur niveau élevé d’incertitude, • leur faible degré de maîtrise par la plasturgie. Dans le cadre de cet exercice, Nodal a retenu les deux variables suivantes : • la croissance économique du PIB, • l’impact des réglementations. 1 Voir en annexe n°5, une évaluation de l’élasticité entre la croissance du PIB et celle du chiffre d’affaires de la plasturgie. 133 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Scénarii de développement et analyse systémique Ces variables sont sous-tendues par d’autres macro-facteurs, tels que le style de vie et les états socio-politiques futurs pour la zone et la période considérée. 5.1 Présentation des scenarii Ainsi, les atouts structurels ou culturels (qui font la différence de fond entre la France et les autres pays) doivent être pris en compte dans les scenarii : 1. l’économie française est l'une des économies les plus dynamiques parmi les grands pays européens, 2. la main d'œuvre française est qualifiée, hautement productive, créative et intègre rapidement les évolutions technologiques, 3. l’industrie française est internationalisée, diversifiée et de haut niveau technologique, 4. le pays est doté d'infrastructures de communication, de production et distribution d'énergie complètes et performantes, 5. la France propose la meilleure qualité de vie en Europe, 6. sa situation géographique et économique est centrale dans la « zone Euro » et l'Union européenne. Nodal a envisagé trois axes prospectifs possibles : 1. L’attitude conservatrice et néo-protectionniste découlant du statu quo social actuel à l’égard de la mondialisation et des tendances libérales correspondrait à une stagnation économique, une inertie institutionnelle et une incapacité des acteurs de la transformation à se rassembler et à coopérer pour améliorer leur compétitivité. 2. Le renforcement, en France, de l’économie libérale et de la mondialisation se traduirait par une mobilisation accrue des acteurs dans leurs organisations professionnelles en vue de déterminer des axes stratégiques pertinents de développement ; ce mouvement endogène des acteurs serait accompagné des pouvoirs publics par de forts allègements réglementaires et fiscaux. 3. Le développement économique « post-industriel » donnant une priorité sociétale accrue aux préoccupations environnementales risquerait de se traduire, à court terme, par un accroissement des tensions concurrentielles vis à vis des importations extra-européennes ; à moyen/long terme, ces tensions se transformant en atouts de compétitivité de la profession. 5.2 Description des paramètres des scénarii Dans l’étude de la compétitivité des entreprises, les indicateurs caractérisant chacun des scénarii envisagés sont les suivants : • l’influence des contraintes structurelles nationales (facteur exogène à la plasturgie) qui caractérise l’économie générale du pays (main-d’œuvre, fiscalité, droit du travail) ; • le poids de la profession qui caractérise l’importance et les enjeux économiques et sociaux de l’industrie de la transformation des matières plastiques dans l’économie du pays considéré ; • la structure de la filière qui indique l’influence de l’organisation de la filière, aval-amont et latérale, sur la compétitivité dans chaque pays ; elle inclut l’ensemble des relations entre les différents types d’acteurs concernés par le fonctionnement de la filière et définit la capacité des transformateurs à négocier leurs prestations et leurs achats ; • les performances internationales des entreprises du pays constituent un indicateur du dynamisme international de la profession et donnent une indication de l’impact de la mondialisation sur l’activité du secteur national ; 134 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS • les investissements matériels et immatériels permettent de mesurer la capacité d’amélioration et d’innovation de la filière et, par conséquent, ses perspectives de développement à long terme ; elle caractérise l’avancée technologique des transformateurs sur leurs homologues étrangers ; la préservation de l’environnement, dans le contexte actuel de sensibilisation des populations à ces problèmes, peut constituer soit un handicap, soit un avantage, suivant la manière dont elle est prise en compte ; elle représente le niveau d’application des contraintes réglementaires environnementales entre les produits fabriqués dans le pays et ceux des autres pays. • Scénarii de développement et analyse systémique Les trois scénarii ont, à court terme, un impact fort sur les principaux indicateurs caractérisant l’ensemble du secteur de la plasturgie. Le tableau ci-dessous indique le choix du sens probable d’évolution à court terme de chaque indicateur pour chacun des scénarii. Néoprotectionnisme et stagnation Economie libérale et mondialisation Priorité sociétale Evolution du PIB inférieur à 2.3% de l’ordre de 2.5 à 3% stagnation de 0 à 1,5% + dirigiste + libérale + contraignante ⇑ ⇓ ⇑ ⇔ ⇑ ⇓ Structure de la filière ⇓ ⇑ ⇓ Performances internationales Investissements matériel et immatériel Prise en compte de l’environnement ⇓ ⇑ ⇓ ⇓ ⇑ ⇑ ⇓ ⇔ ⇑ Réglementation Contraintes structurelles nationales Poids de la profession Paramètres des scénarii Indicateurs caractéristiques Variables lourdes Tableau 5-2 : Impact à court terme des scénarii sur les indicateurs Sources Nodal Consultants, décembre 2002 L’échéance de l’impact des scénarii envisagés est 2005 (3 ans), mais l’analyse prospective générale qualitative porte sur 8 ans (jusqu’en 2010). 5.3 Maintien du statu quo et néo-protectionnisme Dans ce scénario pessimiste, les variables maîtresses évoluent de la manière suivante : • La croissance du PIB tend vers des valeurs inférieures à 2,3%, • La réglementation et, surtout, son corollaire, l’application de la réglementation deviennent plus stricte, limitant considérablement les marges de manœuvre des industriels. Dans une Europe élargie à 30 pays, ces tendances se traduisent par : • un renforcement coûteux de l’Etat Providence et, par conséquent, le développement d’une économie sociale européenne contraignante, • l’apparition d’un protectionnisme réglementaire et normatif européen, • la fermeture d’une Europe « forteresse » vis à vis des échanges avec les autres continents. Les inconvénients de ce repli sur une société de garantie sociale sont la remise en cause de la croissance, accentuée par les délocalisations financières et industrielles, le repli sur soi de l’Union 135 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Scénarii de développement et analyse systémique 5.3.1 européenne, le ralentissement du processus d’élargissement, la substitution des coopérations gouvernementales aux progrès de l’intégration européenne, le développement d’un néoprotectionnisme qui isole l’Europe en matière internationale. Conséquences pour la plasturgie française L’évolution envisagée de ces indicateurs a un effet fortement négatif sur l’ensemble des paramètres de la plasturgie française : • les contraintes structurelles deviennent plus sévères et se traduisent par une augmentation de la pression fiscale et du coût de la main-d’œuvre, conséquence du renforcement du poids de l’Etat Providence ; • le poids de la profession devrait rester à peu près stable, avec, peut-être, une tendance à décroître. Les marchés protégés permettront, sans doute, la survie à court terme de quelques entreprises et le néo-protectionnisme européen tentera de limiter l’absorption des entreprises qui resteraient performantes par les groupes extra-européens et le transfert des centres de décision hors de l’Europe ; • faute d’un consensus entre les transformateurs, la structure de la filière aura tendance à se dissoudre un peu plus : pas de possibilité de faire émerger des leaders et, au contraire, atomisation des entreprises. Les tensions à l’intérieur de la profession devraient s’accroître, notamment entre donneurs d’ordres et transformateurs ; en effet, ces derniers seront dans l’impossibilité de répercuter l’augmentation des charges et des coûts auprès des donneurs d’ordres qui, de leur côté, devront faire face à un rétrécissement de leurs marchés hors Europe. • les performances de la profession seront, bien entendu, en forte régression, tant sur le marché intérieur qu’à l’international. Le scénario devrait se traduire par une contraction des marges et une baisse de la valeur ajoutée dégagée par l’industrie de la transformation ; à l’international, le néo-protectionnisme européen entraînera une réduction des échanges à l’extérieur de l’Europe et une concurrence accrue des échanges intra-européens ; • la contraction des marges et la baisse de la valeur ajoutée auront pour conséquence la réduction des investissements matériels et l’abandon presque total de la recherche privée ; • la réglementation environnementale européenne deviendra encore plus contraignante et continuera à être un handicap supplémentaire sur des marchés protégés au lieu de devenir un avantage concurrentiel sur des marchés ouverts. Le scénario néo-protectionniste conduit inévitablement à la stagnation de la plasturgie ; faute de moyens, elle est incapable de développer de nouveaux procédés et/ou de nouveaux matériaux. Sans doute, la protection des marchés lui permet-elle de se survivre à elle-même ; mais la moindre tentative d’ouverture sur l’extérieur, la laissera comme une proie facile pour les entreprises étrangères, nord-américaines notamment, peut-être également, du Sud-Est asiatique, qui pendant cette période de fermeture auront su développer de nouvelles activités et de nouveaux marchés et les utiliseront pour pénétrer le marché européen grâce à des acquisitions locales. 5.3.2 Actions à entreprendre : Dans une telle hypothèse, on voit mal quelles pourraient être les voies d’une survie à long terme de la plasturgie française et même européenne. Il resterait, sans doute et, par nécessité, aussi longtemps que se prolongerait l’isolement, quelques applications techniques spécifiques aux marchés d’application européens, comme l’automobile, le médical et les sports et loisirs, mais avec une faible innovation et une faible productivité. Mais aussitôt qu’un brèche serait ouverte dans le dispositif protectionniste, les marchés européens seraient envahis non seulement par les produits à bas coûts, mais aussi par les produits élaborés hors Europe par les pays qui auraient mis à profit l’absence d’une concurrence européenne pour innover. 136 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Scénarii de développement et analyse systémique 5.4 Renforcement de l’économie libérale et de la mondialisation Dans un tel scénario, les deux indicateurs maîtres devraient évoluer de la manière suivante : • le PIB pourrait connaître un taux de croissance de 2,5 à 3% et, éventuellement, dépasser cette dernière valeur ; • la réglementation environnementale et sociale, d’une manière générale, devient plus libérale, notamment dans l’environnement où le nombre de directives de la Commission européenne se stabilise et s’assoupli (sans pour autant impliquer un retour en arrière). Ce scénario devrait conjuguer un accroissement de l’effort communautaire de R&D et une amélioration de son efficacité (éviter tout saupoudrage), une conception systémique de la compétitivité (relations universités-entreprises-territoires, promotion de « clusters »), un renforcement des incitations à l’innovation et un décloisonnement des services publics entre les états européens. Conséquences pour la plasturgie française : 5.4.1 Pour la plasturgie française, l’évolution de ces deux indicateurs devrait entraîner des modifications importantes des paramètres qui sous-tendent l’évolution de l’industrie de la plasturgie : • les contraintes structurelles pourraient s’alléger pour se rapprocher des contraintes existant actuellement dans le système anglo-saxon. Il pourrait se traduire par une diminution de la pression fiscale et une plus grande flexibilité du droit du travail, notamment une plus grande souplesse dans l’adaptation des horaires et des effectifs aux besoins fluctuants des entreprises ; • les organisations professionnelles seraient contraintes, pour partie, de se substituer aux pouvoirs publics dans l’accompagnement de la profession. Celle-ci devrait donc disposer d’un poids accru par rapport à l’ensemble de l’industrie et, notamment, dans le jeu triangulaire entre fournisseurs de matières premières, plasturgistes et donneurs d’ordres. Toutefois, cet accroissement de poids ne préjuge pas des bénéficiaires finals de ces améliorations ; • la structure de la filière devrait se trouver renforcée par l’apparition de leaders significatifs dans la profession en raison, notamment, des regroupements que la mondialisation devrait permettre. Toutefois, ces regroupements devraient s’accompagner de la disparition de tout un pan de la plasturgie française, celui des plus petites entreprises non spécialisées ; • globalement, les performances de la plasturgie française pourraient se trouver sensiblement améliorées. Le chiffre d’affaires de la profession devrait continuer à se développer sur un rythme soutenu, proche de deux fois la croissance du PIB ; malgré l’accroissement de la concurrence intra-européenne, les industriels devraient, avec la maîtrise de leurs prix, récupérer une part non négligeable de la valeur ajoutée ; • à la faveur de l’amélioration des marges, les investissements matériels et immatériels pourraient s’accroître d’une manière importante ; si les industriels acceptent de coopérer ensemble, on pourrait espérer voir repartir l’innovation ; • le poids des directives européennes sur l’environnement devrait décroître, laissant une plus grande marge de liberté aux industriels, notamment vis à vis de la concurrence extraeuropéenne. Ainsi, le renforcement de l’économie libérale et de la mondialisation devrait se traduire, à terme, par un paysage unique européen et la France ne pourra compter que sur ses spécificités intrinsèques comme atouts différenciant par rapport à ses homologues européens. Pratiquement, ce scénario se traduit, pour la plasturgie française, par : • un renforcement de la concurrence entre les entreprises françaises, d’une part, et entre les entreprises françaises et leurs homologues européens, 137 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS • • l’accélération de la disparition du tissu des petites entreprises (par exemple, disparition à brève échéance, de l’industrie du film non spécialisée), l’absorption des entreprises à forte valeur ajoutée (telles le packaging pour la cosmétologie et la santé, les pièces automobiles) par les grands groupes multinationaux ; l’absence de leaders se traduit par la reprise des groupes à capitaux français par des leaders étrangers Le transfert des centres de décision et de la R&D hors de l’Hexagone. 5.4.2 • • Pour freiner l’exode des centres de décision, la France doit accroître son attractivité, à travers l’environnement économique et législatif de l’entreprise, et, surtout, décentraliser les procédures ; c’est le rôle des pouvoirs publics dans le cadre des contraintes structurelles. Faciliter la mobilité de la main d’œuvre, notamment en renforçant la formation permanente en alternance dans le domaine de la plasturgie. Les entreprises devront nécessairement choisir entre trois stratégies possibles : − une stratégie de niches technologiques sur des productions à haute valeur ajoutée : développement de l’innovation et de la recherche technologique, en partenariat obligé avec les donneurs d’ordres et les fabricants de matières premières, − une stratégie de croissance du volume transformé, par élargissement du marché, de façon à préserver, voire accroître le rapport de force vis-à-vis des fournisseurs et des clients (passer à une plasturgie de volume) ; développer les métiers de l’extrusion et de la pultrusion de profilés et de tubes, notamment pour la construction, renforcer la filière film pour l’agroalimentaire, industrie leader en France, − une stratégie de développement de produits « propriétaires » qui implique le développement de produits propres et la recherche systématique de facteurs de différenciation en relation avec une démarche d’étude, de marketing et de commerciale élaborée. • Actions à entreprendre : • Scénarii de développement et analyse systémique Cette stratégie suppose, de toute façon, à terme, l’entrée dans des groupes réunissant des portefeuilles de compétences complémentaires. Donc, faciliter les financements et les synergies d’entreprises, de façon à ce que ces groupes puissent se constituer directement à partir du tissu industriel actuel de PME/PMI, notamment à l’occasion des transmissions d’entreprises, avec une simplification des transmissions d’entreprises en France. Dans tous les cas, elle implique de développer les stratégies de proximité avec les clients, afin de constituer des aires de coopération économique stable, abritées d’une concurrence erratique, et de préserver le savoir faire des PME de plasturgie en évitant qu’elles ne soient contraintes de livrer leurs savoir-faire à leurs donneurs d’ordres, notamment à l’occasion de la mise en place des marquages matériaux, en vue du traitement des produits en fin de vie. 5.5 Société axée sur la priorité sociétale Ce scénario « post-industriel » est principalement marqué par la décroissance inéluctable de l’ère du pétrole et la fin prévisible de l’économie basée sur l’abondance énergétique. La compétition et la croissance ne sont plus le principal objectif de l’industrie, d’autant que l’augmentation importante du prix des ressources énergétiques ne permet plus le gaspillage. La civilisation post-industrielle est, avant tout, une civilisation hédoniste, allant de pair avec la société de consommation. L’hédonisme a une relation forte au temps : il est important de faire ce dont on a envie, pas ce qui est urgent. Les maîtres-mots qui caractérisent ce scénario sont : égoïsme, individualisme, dématérialisation, ressources immatérielles, mais aussi : confort, cocooning, jouissance des matières et des formes (le toucher, la chaleur), le politiquement correct. 138 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Scénarii de développement et analyse systémique 5.5.1 Les variables maîtresses évoluent de la manière suivante : • le PIB a tendance à stagner entre 0 et 1,5% ; • la réglementation de l’environnement et des apparences est plus contraignante, mais plus ouverte et laxiste sur les comportements individuels. Conséquences pour la plasturgie française La plasturgie, en tant qu’industrie indépendante, disparaît au profit d’une industrie plus largement ouverte, qui traite de l’ensemble des nouveaux matériaux, principalement orientée sur les composites et les matériaux hétérogènes au sens large. Faute de pouvoir les recycler ou les réutiliser, certains plastiques disparaissent, mais d’autres se développent fortement, notamment tous les plastiques biodégradables, les résines thermoplastiques plus facilement recyclables, les renforts et les résines à base de produits d’origine végétale. La recherche et l’innovation se sont concentrées sur les méthodes de recyclage et une meilleure utilisation des matières premières. Par exemple, dans l’agriculture, les paillis sont exclusivement biodégradables et se transforment sur place en compost ; les sacs plastiques repassent au papier ou deviennent eux-aussi biodégradables et directement traités avec les déchets urbains. 5.5.2 • • • Eviter les distorsions de concurrence résultant du manque de progressivité de l’application des directives environnementales plus stricte en France que chez nos partenaires et plus strictes en Europe que dans les pays hors de la zone. En France, l’application de la législation environnementale relève du Ministère de l’Intérieur, et non pas de celui de l’Economie (et de l’Industrie), et les mesures sont centralisées, alors que dans la plupart des pays concurrents européens, l’application de la législation, décentralisée, est plus souple. Impliquer toute la filière sur l’environnement, et notamment les producteurs de matières premières et pas seulement les pétro-chimistes. Pour rester en phase avec les nouvelles contraintes sociétales, les transformateurs et, surtout, les donneurs d’ordres doivent savoir s’ouvrir aux nouveaux matériaux issus de l’agrochimie et combiner des matières et des états de surfaces hétérogènes. Imposer le respect de l’environnement par les procédés de fabrication des producteurs extraeuropéens des produits importés en Europe. Assurer la viabilité de la filière du recyclage, soit par une implication totale des producteurs de résines, de façon à ce qu’ils ne concurrencent pas les matériaux issus du recyclage en déplaçant les taxes écologiques du « pollueur-payeur », qui stérilisent l’aval de la filière et empêchent les déchets de remonter en tête de la transformation, vers le haut de la filière. Le système pollueur-payeur permet de développer la collecte, mais freine le recyclage, et l’innovation technologique du recyclage. • Actions à entreprendre : exploiter les opportunités environnementales • On assisterait d’abord à une amplification jusqu’à 5 ans des tendances négatives, mais ensuite des opportunités apparaissent dans une refondation de l’industrie. Les jeux sont faits dans le packaging de luxe où les meilleures entreprises françaises sont maintenant contrôlées par des groupes anglo-saxons. Après cinq ans (la traversée du désert pour le design français), les contraintes sont absorbées avant de rebondir sur une nouvelle créativité qui réponde aux nouvelles exigences des consommateurs, tout en respectant mieux les contraintes sociétales. 139 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne CHAPITRE 6 RECOMMANDATIONS DE NODAL 140 Recommandations de Nodal AXES DE DEVELOPPEMENT DE LA PLASTURGIE 1 NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 1.1 Les contraintes de la filière La situation de subordination des sous-traitants - au premier degré vis-à-vis des donneurs d'ordres et au second degré vis-à-vis des équipementiers, position dans laquelle se trouve un nombre considérable d'entreprises de la plasturgie - se traduit par d'importantes contraintes - délais de livraisons draconiens et encyclés avec le process du client, qualité et traçabilité exigées (au risque de fortes pénalités), prix tirés sans prise en compte des surcoûts. Certaines de ces contraintes, à court ou à moyen terme, peuvent mettre en cause la pérennité même des entreprises françaises concernées, notamment l'emballage et la fabrication de pièces techniques. Ainsi, la hausse considérable, ces dernières années, du coût des matières premières (de 40 % à 100% pour certaines résines) n'a pas pu être répercutée sur les prix des produits transformés. Elle est, en outre, aggravée par le jeu triangulaire entre fournisseurs de matières premières, donneurs d'ordres et plasturgistes – les premiers faisant auprès des seconds, la promotion de nouveaux matériaux dont le surcoût devra être assumé par le troisième. Les industriels les plus « banalisés » de la plasturgie, comme la majorité des métiers de soustraitance sans spécialité, sont confrontés à une forte pression sur les prix exercée par leurs clients. La diminution des marges engendrée par des baisses récurrentes et imposées de façon autoritaire dégrade la rentabilité des PMI de ce secteur d'activité et met en péril leur pérennité. Malgré les efforts de formation accomplis par la profession française, celle-ci subit une pénurie de personnel qualifié, due notamment à la hausse du niveau d’activité en 2000 et à l'entrée en application progressive des 35 heures. Cette dernière mesure affecte mortellement la compétitivité des PME sur des marchés très internationalisés, fortement concurrentiels et à très faible marge. L’utilisation intensive des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) devient une nécessité pour les industriels de la plasturgie. Elle conditionne la capacité des soustraitants à répondre dans de brefs délais aux exigences des donneurs d'ordres et devient un impératif de développement. La possibilité pour les industriels de communiquer en hauts débits apparaît indispensable pour maintenir des relations techniques et commerciales de qualité avec la clientèle. L’insuffisance des réseaux et de leur débit dans les régions, et la maîtrise insuffisante de ces technologies en France deviennent des handicaps face à des pays mieux équipés ou offrant des prestations à moindre coût. 1.2 Les perspectives économiques et techniques Le recours aux matières plastiques, tant pour les produits courants que sophistiqués ira croissant, ce qui est en soi une garantie de large expansion des marchés de la plasturgie. Certains marchés comme l'automobile et l'électronique devraient connaître un développement important, d'autres sont moins prometteurs ou pourraient être dangereusement affectés par la concurrence étrangère. La croissance des marchés, amplifiée par l’externalisation croissante, et l’émergence de nouvelles zones géographiques de consommation (Europe de l'Est, Amérique du Sud, Chine), ouvre également la perspective d’un accroissement important du marché mondial, qui entraînera, vraisemblablement, le prolongement de la tendance actuellement observée des entreprises françaises – et de leurs homologues européennes – à fortement s’implanter à l'étranger. Cette perspective doit être considérée comme la meilleure opportunité de création de nouvelles bases de développement industriel et commercial pour les entreprises françaises. 141 Recommandations de Nodal NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Les mouvements de concentration de nombreuses PME françaises, déjà largement engagés, devraient se poursuivre dans une optique de croissance et de présence à l'international. Il existe cependant un risque que cette concentration ne se réalise au bénéfice de groupes étrangers, avec le passage sous contrôle de groupes étrangers spécialisés, des entreprises françaises les plus innovantes ou les plus productives, et, comme corollaire, le transfert des centres de décision ou de R&D dans des pays européens plus attractifs. L'innovation constitue le paramètre essentiel du développement de cette industrie en France. L’exploration technique du champ des résines traditionnelles de base est pratiquement terminée. Seules sont aujourd’hui produites celles qui offrent des avantages concurrentiels – surtout vu sous l’angle du producteur de matières premières. Les développements actuels de produits de masse portent beaucoup plus sur la réalisation d'alliages de plusieurs polymères et/ou de mélanges avec des additifs, afin de conférer aux matières premières de nouvelles propriétés : durabilité, tenue à des contraintes spécifiques, stabilité des propriétés dimensionnelles et résistance aux agents extérieurs, vieillissement, recyclabilité aspect, toucher, transparence, souplesse, dureté. Les matériaux organiques présentent des propriétés spécifiques qui devraient leur permettre de nouvelles avancées scientifiques et technologiques qui constitueront, au profit de la plasturgie, un facteur incontestable de développement ; ces progrès auront un impact important sur les technologies de mise en oeuvre et sur les métiers des plasturgistes, mais également sur leurs marchés et sur leur rôle dans la filière : • les polymères biodégradables, déjà utilisés en agriculture, pourraient être promis à un très fort développement dans le secteur de l’emballage. • les alliages de polymères et des mélanges polymères-additifs offrent une infinité de solutions parmi lesquelles il est possible de trouver des réponses à de nombreux problèmes ou d’obtenir les caractéristiques désirées pour le produit final (par exemple, la réduction de la perméabilité aux gaz, aux essences aromatiques, aux parfums, l'amélioration de la tenue en température, du module d'élasticité, du coefficient de frottement). • l'électronique et l'informatique utiliseront bientôt des polymères conducteurs comme diodes, pour des puces qui permettront de multiplier la capacité des puces actuelles, des connecteurs de la taille de l'angström, de blindage électromagnétique. • les polymères à mémoire de forme (développés, par exemple, par Mitsubishi Heavy Industries au Japon), qui reprennent leur forme initiale par simple variation de température, trouveront des applications potentielles principalement dans le médical (organes artificiels, vaisseaux sanguins, stent), l'électronique (joints, contacteurs), la mécanique (bagues, joints), les produits de grande consommation (jouets, textiles) et l'amortissement des vibrations. • les nano-polymères et nano-composites s'inscrivent dans la famille des nano-matériaux (dont au moins un des composants est de la taille « sub-microscopique » de 1 à 10 angströms) ; ils participeront à l’allègement et à l’amélioration de la sécurité des automobiles, au stockage d’hydrogène, et les nano-technologies au secteur médical (puces bio, lab on chip). • les matériaux actifs dits « intelligents » réagissent à une information donnée et agissent en fonction du signal perçu, tels les piézo ou rhéologiques ou à changement de phase. Le développement de ces polymères permettra de produire des matières de plus en plus réactives, ouvrant de vastes applications en mécatronique, notamment en biologie. La prise en compte de l’environnement par l’industrie de la plasturgie représente un enjeu stratégique prioritaire dans lequel ce secteur s'investit déjà. La mise en place des programmes Ecoemballages ou Edit, dans le secteur automobile, illustre cette prise en considération qui, au-delà des simples questions de coûts, peut constituer un atout incontournable pour l’industrie de la plasturgie des pays développés face à la concurrence des pays asiatiques. La valorisation des produits après usage, la promotion et le développement de la recherche sur la collecte et le recyclage doivent être poursuivis et amplifiés, notamment grâce aux actions de soutien de l’Ademe. 142 Recommandations de Nodal 1.3 Les principaux axes d’actions NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne LES ORIENTATIONS DE LA PROFESSION 2 La réactivité et la capacité d'évolution, de structuration et de renforcement des transformateurs constituent des facteurs stratégiques essentiels au maintien de leur activité économique Pour préserver l’existence de ce secteur d’activité et assurer son développement, plusieurs actions devraient être menées conjointement par les pouvoirs publics, les organisations professionnelles, et les transformateurs eux-mêmes, notamment, afin de : • améliorer la compétitivité de la main d’œuvre (formation et contraintes sociales), • élever le niveau technologique des transformateurs par des actions de promotion des formations spécifiques et des aides au recrutement, et le renforcement des liens entre les centres de formation et la profession (gestion des ressources humaines), • promouvoir l’intégration de métiers complémentaires et de produits propres comme facteur de développement de l’activité des transformateurs, d’autonomie stratégique et d’amélioration de leurs marges (partenariats et alliances), • améliorer la capacité financière des transformateurs (délais de paiement, financement, amortissements), • renforcer la capacité de négociation des transformateurs avec les donneurs d’ordre (par exemple, en favorisant la création de réseaux d’achats dans le cadre de « districts industriels »), • réduire la discrimination réglementaire avec les produits importés en Europe par des actions conjointes entre organisations professionnelles nationales et européennes et pouvoirs publics nationaux européens (Ministère de l’Environnement, Ministère délégué à l’Industrie, Ministère du Travail, Commission européenne), • promouvoir les investissements immatériels pour l’innovation (R&D, design, NTIC, marketing, commercial). 2.1 Les industriels de la transformation 1. Choisir une stratégie de croissance pérenne : Au cours des années à venir, assurer l’accroissement de la productivité sera incontournable, mais ne constitue pas une base suffisante pour le développement futur des entreprises de la plasturgie, ni même le moyen principal pour contrecarrer l’effet de ciseaux entre producteurs de matières premières et donneurs d’ordres. Or, le manque de visibilité actuelle peut conduire une partie de la profession à une impasse stratégique. Aussi, les industriels, sous-traitants de la transformation des matières plastiques, devront nécessairement choisir entre trois stratégies : • Une stratégie industrielle d’innovation de niche technologique, spécialisée sur des productions à haute valeur ajoutée, qui devra être sous-tendue par des investissements permanents de recherche et de développement permettant à l’entreprise de conserver le leadership qu’elle aura développé dans son domaine d’activité. Cette stratégie ne peut être mise en œuvre que dans le cadre d’un partenariat obligé avec des donneurs d’ordres ou des fabricants de matières premières (cf. l’exemple de Solvay et de Plastic Omnium pour la réalisation des réservoirs de carburant). Cependant, la combinaison de l’accélération des innovations technologiques et de l’intensification de la concurrence sous l’effet de la mondialisation peut avoir des conséquences 143 Recommandations de Nodal NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne défavorables sur la pérennité d’une telle stratégie en raison du rythme d’obsolescence élevé des technologies et le raccourcissement du cycle de vie des produits. Une stratégie industrielle de croissance par le volume transformé, à forte intensité capitalistique, de manière à élargir le marché, pour préserver, voire améliorer, le rapport de force vis-à-vis des fournisseurs et des clients ; cette stratégie peut s’appliquer notamment aux métiers de l’extrusion de profilés et de tubes et à la filière de film pour l’agroalimentaire, industrie leader en France. En effet, sur ces segments de transformation à faible valeur ajoutée, l’effet de taille permet d’obtenir les meilleurs taux de marge. Cette stratégie suppose, à terme, l’entrée dans des groupes réunissant des portefeuilles de compétences. Il serait donc nécessaire de faciliter les financements et les synergies d’entreprises afin que ces groupes puissent se constituer directement à partir du tissu industriel existant de PME/PMI françaises, notamment à l’occasion des transmissions d’entreprises, sans qu’il soit indispensable de passer par une dépendance de groupes étrangers. Ce dernier point implique en particulier une simplification des transmissions d’entreprises. • Une troisième voie de développement de produits « propriétaires » passe par l’adoption, par les transformateurs, d’une stratégie commerciale impliquant le développement de produits propres en OEM (Original Equipment Manufacturer) pour les marchés industriels (« stratégie « B to B ») ou de marques propriétaires brevetées ou protégées avec son propre réseau commercial (stratégie « B to C »). Elle implique la recherche systématique de facteurs de différenciation en relation avec une démarche marketing et commerciale élaborée. Les stratégies de diversification par la recherche de nouveaux produits ou de nouveaux marchés d’application sont également possibles, mais le risque d’échec est important si le secteur choisi est trop loin du métier d’origine. Sur des procédés très techniques, une trop grande diversification peut, également, engendrer des baisses de rentabilité par dispersion des moyens. • Dans tous les cas, les transformateurs se doivent de développer des stratégies de proximité avec leurs clients, afin de constituer des aires de coopération économique stable, abritées de la concurrence erratique et de préserver leur savoir faire en empêchant qu’ils soient contraints de le livrer aux donneurs d’ordres, notamment à l’occasion de la mise en place des marquages matériaux, en vue du traitement des produits en fin de vie. 2. Améliorer la valeur ajoutée des transformateurs : Bien que la France ait le chiffre d’affaires par salarié le plus élevé en Europe, la valeur ajoutée reste loin des valeurs qui permettraient à cette industrie de dégager les marges nécessaires pour assurer un auto-financement de croissance. Ce constat, caractéristique de la combinaison d’un positionnement de la plasturgie française sur des productions à faible valeur ajoutée, et d’une structure industrielle morcelée avec prédominance des petites entreprises, caractérise fortement la fragilité structurelle de la profession française. L’accroissement de la productivité ne se décrète pas ; plus qu’une démarche de produire plus, c’est une démarche de produire mieux qui ne peut être que le résultat de la mise en place d’une stratégie globale de gestion, caractérisée par : • l’aptitude des dirigeants à envisager et à mettre en œuvre des opérations de croissance externe par regroupement, rachat ou cession ; • leur capacité à mener des actions commerciales et de marketing internationales pour élargir la base de leur marché qui n’impliquent pas nécessairement une politique systématique de délocalisation, mais qui peut en constituer un des éléments. • la capacité des dirigeants à développer des stratégies d’intégration vers l’aval, à condition qu’ils sachent maîtriser les nouvelles compétences nécessaires pour ce type de développement. 144 Recommandations de Nodal NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Quelque soit la stratégie choisie et la compétence des dirigeants, le problème majeur auquel ils devront faire face reste le besoin en fonds propres leur permettant les investissements indispensables. Aujourd’hui, en France, contrairement à d’autres pays européens – Allemagne, Royaume-Uni, voire Italie - les sources de financement pour ce type d’industrie sont difficilement accessibles et il ne semble pas que les capitaux-risqueurs soient tentés de prendre des risques sur une industrie à faible retour sur investissement. 3. Améliorer l’organisation interne des activités des transformateurs : • • Par la mise en place de systèmes d’information : − en interne : l’intranet, passerelle entre les achats, la production et la logistique (de livraison en particulier) est un moyen d’optimiser l’allocation des ressources et ainsi d’améliorer la productivité du site industriel, − en externe : l’extranet améliorera la commercialisation, la gestion des commandes, des approvisionnements et des livraisons en temps réel ; le donneur d’ordres pourra suivre l’avancement de sa commande. Par des partenariats forts qui pourraient renforcer l’organisation interne des PMI en mutualisant leurs moyens d’études (hors production) afin d’accroître les capacités de développement de nouveaux procédés et d’améliorer les fonctions de conception et de design. Le développement d’outils logistiques communs permettra de réduire l’effort financier de chaque industriel (car peu dépendant du nombre de sites). Une meilleure diffusion des méthodologies d’organisation, d’achat, de commercial et marketing devrait permettre aux transformateurs une amélioration sensible de leur activité opérationnelle et, ainsi, contribuer à l’accroissement de la valeur ajoutée produite. Compte tenu de la faible capacité d’investissement des transformateurs de petite taille, un soutien au financement du conseil, de la formation et des outils informatiques, leur permettant d’améliorer leurs performances, semble nécessaire. • 2.2 Les organisations professionnelles L’évolution des structures professionnelles 2.2.1 Dans les domaines économiques et techniques, aujourd’hui, la pertinence résulte manifestement des organisations par marché, et les entreprises expriment le besoin d’un renforcement des structures de coordination européennes. Les français ont pris un retard en ce domaine. Les organisations professionnelles devraient accroître leur présence auprès des organisations européennes et mieux accompagner les entreprises, en particulier sur toutes les questions touchant à l’environnement. Les organisations de branches françaises (tubes, profilés, emballages, produits pour la construction d’automobiles, films), au delà des actions réalisées au niveau fédérale, devraient s’impliquer davantage pour approfondir les questions liées à l’Europe. Elles sont déjà engagées dans des groupes sectoriels européens - quelques grandes entreprises multinationales étant très impliquées sur ces domaines (produits pour le bâtiment et sécurité alimentaire par exemple) – mais il semble qu’elles aient pris du retard sur leurs homologues européennes, les entreprises allemandes et celles d’Europe du Nord ainsi que leurs représentants professionnels s’étant beaucoup impliqués dans les activités européennes avec le soutien de leurs fédérations nationales. Les enjeux de la plasturgie française dépassent largement le marché national et ne peuvent plus se traiter uniquement en termes de politique industrielle française. Les organisations professionnelles, qui, historiquement, se sont structurées sur des thèmes nationaux, doivent mieux intégrer les dimensions européennes, même en ce qui concerne le social, où l’harmonisation européenne ne se réalise que progressivement. 145 Recommandations de Nodal NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Les organisations professionnelles doivent développer de nouvelles activités d’information des entreprises françaises, des pouvoirs publics et des médias sur la réalité de l’environnement administratif et social des entreprises de plasturgie comparée à celle des pays concurrents et voisins. Dans le domaine de l’environnement par exemple, les différences sont considérables, d’un pays à l’autre, dans la manière dont la même directive, en phase finale, se traduit par une contrainte ou, parfois, une opportunité pour l’entreprise. Les allemands, les belges, les hollandais, les nordiques, les britanniques ont souvent été à l’origine de réglementations très contraignantes en « lobbying montant » vers la Commission de Bruxelles et le parlement européen, de réglementations que l’influence française n’a pas pu contrecarrer. Bien souvent, au moment de l’application de ces réglementations dans les Etats membres, nos voisins savent aménager les accommodements que leur sens économique et pratique - et les nécessités de la concurrence - leur suggèrent, au cas par cas, dans un système décentralisé, alors que les français s’en tiennent à la lettre des textes, que les préfets et les Drire, représentants locaux du pouvoir centralisé, ont pour charge de faire appliquer uniformément et en toute rigueur, parfois même, les Ministères français apportent leur propre « valeur ajoutée » en intégrant quelques contraintes additionnelles aux directives européennes. Les organisations professionnelles pourraient, sans doute, mieux anticiper les défis et les difficultés, et défendre leurs adhérents en étant particulièrement vigilantes sur les distorsions de concurrence qui résultent d’importantes différences dans l’application d’une règle du jeu, à l’origine, commune. 2.2.2 Cette analyse de Nodal Consultants est complétée par EuPC et certains membres de la Commission européenne qui estiment que les organisations professionnelles françaises ne sont pas suffisamment impliquées dans les organisations professionnelles fédérales et, d’une façon générale, qu’elles sont peu présentes auprès de la Commission européenne à Bruxelles, et nettement moins que leurs homologues italiennes, allemandes ou danoises. La promotion du secteur de la plasturgie 1. Dispositif de veille La multiplication des marchés, des technologies et des sites de production de la plasturgie nécessite de disposer d’une vision d’ensemble ouverte et prospective. En outre, l’évolution rapide et permanente des réglementations communautaires, touchant notamment à l’environnement et à l’hygiène et sécurité (limitation des taux de COV, par exemple), impose une réactivité et une adaptation continue des industriels. Les organisations professionnelles de la plasturgie française devraient intégrer le concept d’intelligence économique au bénéfice des acteurs industriels de la filière ; à cet effet, il serait nécessaire d’élargir les moyens de veille technologique et commerciale, notamment à l’international, et de développer les outils permettant à leurs adhérents de disposer de ces informations. De la même manière, le rôle de ces organisations pourrait être étendu à une veille économique et stratégique d’information, d’alerte et de conseil sur le marché intérieur, afin d’anticiper les mouvements de concentration ou de regroupement pour faire bénéficier de cette information, au premier chef, les entreprises françaises. Enfin, ces organisations devraient jouer un rôle accru d’interface entre les organismes publics de recherche, les centres techniques ou pôles de compétences et les bureaux d’études des transformateurs, des producteurs de matières premières et des donneurs d’ordre. Elles pourraient assumer un rôle de catalyseur de l’innovation en favorisant et soutenant les rapprochements ou les partenariats de R&D : « la Fédération française pourrait avoir une action de sensibilisation des transformateurs à l’innovation et favoriser ainsi le transfert de nouvelles technologies à la plasturgie » (CLFA – Catherine Busser). La mise en place du Comité Scientifique et Technique et la création de la base de données Vivaplast, développée en partenariat avec le Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, apporte une première réponse à ce besoin. 146 Recommandations de Nodal 2. Promotion & communication externe NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Tous les industriels de la matière plastique, fédérés au sein d’associations professionnelles nationales et européennes, doivent faire partie d’un même réseau global incluant les structures d’information, de conseil sur le marketing/design et les supports techniques afin de soutenir l’industrie du plastique auprès des institutionnels et participer à leurs décisions. Un plan de communication et de promotion pour l’emploi pourrait être mis en place par les organisations professionnelles pour accroître la visibilité de l’industrie dont les objectifs seraient : • positionner les plastiques et les composites comme secteur porteur d’emplois et de carrières technologiques, • sensibiliser les intervenants des réseaux d’aide aux chercheurs d’emploi sur les possibilités de carrière offertes dans la plasturgie, • poursuivre les efforts de promotion des carrières de la plasturgie par des actions de sensibilisation destinées aux étudiants et aux conseillers d’orientation qui devraient faire connaître et apprécier cette industrie, ses métiers et professions et ses possibilités de carrière. L’élaboration de ce plan de communication, en concertation avec les différents intervenants du secteur devrait permettre d’améliorer la visibilité et l’image du secteur. Les entreprises, tout autant que les institutions d’enseignement et les associations du secteur, devront donc s’investir dans le développement de l’image de l’industrie des plastiques pour assurer une meilleure réponse aux besoins de main-d’œuvre des entreprises. Il est aussi important, pour ces différents acteurs, d’évaluer les points forts et les points faibles de l’emploi dans le secteur. La rémunération et les conditions de travail, mentionnées à de nombreuses reprises comme étant des freins au recrutement, nécessitent d’être précisées et mises en perspective face à d’autres secteurs industriels qui ne bénéficient pas toujours de potentiels de développement aussi prometteurs. 3. Améliorer les relations au sein de la filière : Pour améliorer les relations clients-fournisseurs et renforcer la capacité de négociation des transformateurs avec les donneurs d’ordre, les organisations professionnelles pourraient inciter les transformateurs à établir leurs contrats de fourniture suivant des contrats-types dans lesquels, en particulier, les responsabilités, les devoirs et les garanties de chacune des parties seraient clairement précisées ; cette mesure pourrait être complétée par la création d’une cellule de soutien juridique qui aiderait les transformateurs à identifier les difficultés résultant des clauses, ou de l’absence de clauses, des contrats proposés par le donneur d’ordres. A cet égard, le « Guide du Plasturgiste », élaboré par la fédération, est un outil insuffisamment exploité par les plasturgistes. La création, dans le cadre régional, par exemple, de plate-formes d’achat de matières premières permettrait aux transformateurs de regrouper leurs besoins afin d’accroître leur pouvoir de négociation et, ainsi, de limiter les conséquences des relations conflictuelles entre vendeur et acheteur, telle qu’elles existent en France. La plate-forme de données Matierplast, développée en collaboration avec le Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, ouvre, dans ce domaine des perspectives et permettra d’apporter des éléments de réponse. Les organisations professionnelles pourraient également créer un portail extranet de place de marché pour la mise en relation des transformateurs, particulièrement les plus petits, avec les donneurs d’ordres ; une telle plate-forme permettrait aux transformateurs : • d’avoir une meilleure visibilité de leurs marchés par une meilleure connaissance et l’appréciation des conditions de la demande des donneurs d’ordres, • de suppléer aux moyens commerciaux des transformateurs de petite taille en leur permettant de faire facilement et rapidement connaître leurs spécificités auprès des donneurs d’ordres. 147 Recommandations de Nodal NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 4. Favoriser le perfectionnement technologique des transformateurs : Faire mieux connaître aux petits transformateurs les mesures de soutien institutionnel telles que les aides à l’embauche de techniciens, de chercheurs et de cadres (aides au recrutement pour l’innovation de l’Anvar, Arc des DRIRE, conventions industrielles de formation par la recherche CIFRE, conventions pour les diplômes de recherche technologique - DRT), permettrait de favoriser le recrutement de personnel de haut niveau de formation. Les industriels de la transformation participent peu aux programmes nationaux ou internationaux de recherche (Eurêka, PCRD) ; en effet, les procédures d’accès à ces programmes sont souvent jugées lourdes et coûteuses en nombre d’homme/jours pour des petites structures et leur capacité de R&D est encore insuffisante pour pleinement bénéficier des retombées de ces programmes. La simplification de leur accès devrait permettre une participation plus importante des PME. D’autres programmes, faisant une part plus large aux problèmes directement liés aux activités de production, permettraient de mieux impliquer les transformateurs dont la très grande partie de l’activité est exclusivement consacrée à la production. Une meilleure information permettrait aux transformateurs de suivre les avancées technologiques des grands fabricants et, éventuellement, de participer à leurs projets de R&D. 5. Réduire la discrimination réglementaire avec les produits importés : 3 Les organisation professionnelles nationales et européennes (APME, EuPC) devraient renforcer leurs actions auprès de la Commission européenne afin de faire respecter les normes et directives qui s’appliquent aux produits fabriqués en Europe aux produits importés, notamment les réglementation liée à l’environnement, au marquage, à l’hygiène et à la sécurité du travail. L’ADMINISTRATION ET LES COLLECTIVITES 3.1 Le Minefi 1. Accroître l’attractivité de l’environnement économique : L'amélioration de l’attractivité du territoire français devrait constituer un des axes majeurs de la politique économique ; dans son dernier rapport, l'OCDE observe que « de nombreux Etats multiplient les procédures favorisant la mobilité du travail qualifié et hautement qualifié pour pallier la pénurie sectorielle de main d’œuvre ». • Pour accroître l'attractivité de la France, les pouvoirs publics peuvent intervenir directement sur les paramètres qui influencent les décisions d'implantation et promouvoir des politiques structurelles garantissant la compétitivité internationale. Ils peuvent promouvoir plusieurs indicateurs fondant les décisions d'implantation ou, le cas échéant, de transfert de centres de décision (sièges sociaux, unités industrielles, centres de R&D) : la taille du marché et son dynamisme, l'existence de sources d'approvisionnement en matières premières et la qualité des infrastructures ; • des indicateurs fiscaux, juridiques et sociaux : fiscalité des entreprises et des personnes, charges sociales, stabilité du cadre réglementaire, attitude des administrations, flexibilité du marché du travail, productivité de la main-d’œuvre ; • des critères subjectifs, liés à l'image que véhicule le pays (style de vie, environnement). La compétitivité se joue sur un large ensemble de critères qui affectent la performance globale de l’économie ; les pouvoirs publics doivent donc, dans la mesure où ils peuvent maîtriser ces facteurs, à la fois, assurer un cadre juridique et macro-économique stable, des coûts salariaux 148 Recommandations de Nodal NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne compétitifs, des systèmes de financement abondants, des infrastructures performantes, un marché du travail flexible, une main d’œuvre qualifiée et formée. 2. L’intégration industrielle comme facteur de développement : Sous les réserves mentionnées ci-dessus, concernant, notamment, la nécessité de réunir les compétences de direction indispensables, l’intégration, par acquisitions ou partenariats, de métiers complémentaires est une nécessité pour les entreprises de transformation. Cette intégration pourrait s’envisager à travers le développement, soutenu par les pouvoirs publics, de Systèmes Productifs Locaux (SPL) ou districts industriels. La Digitip pourrait mener une réflexion sur le soutien à leur mise en oeuvre pour développer les synergies entre entreprises sur un territoire donné et optimiser les structures régionales ou interrégionales existantes qui pourraient constituer les éléments moteurs de ce développement. La dimension des unités industrielles, leur relative concentration dans certaines zones géographiques, leur réactivité, sont autant d'atouts pour favoriser le regroupement d'entreprises et ne pas subir les processus de déconcentration ou de délocalisation qui ne pourraient qu'aggraver le degré de dépendance et d’appauvrissement du secteur. Dans une économie globalisée, il paraît également souhaitable à Nodal Consultants qu’une réflexion internationale, au moins européenne, soit engagée sur la compétitivité des infrastructures, des ressources humaines et de l'innovation, pas seulement technologique mais aussi sur l'innovation du milieu socio-économique (coordination, implication) sur les territoires qui ont développé, en France, une activité de transformation. Cette réflexion, sur un thème donné comme la plasturgie, constituerait, en même temps, une contribution importante à la politique actuelle de régionalisation et de décentralisation. Elle devrait principalement concerner les 7 ou 8 régions françaises qui ont déjà développé un important secteur de la transformation des matières plastiques. 3. Améliorer la capacité financière des transformateurs : Les petits transformateurs se plaignent du manque de soutien des organismes publics pour contrer la forte pression des grands donneurs d’ordres qui agissent, comme les acteurs de la grande distribution, en réduisant au minimum les prix d’achat des produits plastiques transformés et en leur appliquant des clauses et conditions d’achat incompatibles avec leur survie. Les pouvoirs publics doivent reconnaître formellement l’industrie des plastiques comme un secteur déterminant pour l’industrie et l’emploi. Cette reconnaissance, permettrait une prise en compte plus stratégique de l’industrie des plastiques comme secteur national à forts enjeux économiques et contribuerait à accroître sa notoriété. Les transformateurs français – comme l’ensemble des professions dépendantes de la soustraitance – ne disposent que d’une très faible marge de manœuvre sur les coûts de main d’œuvre, qui ne pourront jamais s’aligner sur ceux des pays à bas coût ; face à une situation, nationale et internationale, aussi fortement concurrentielle, une réflexion devrait être engagée entre pouvoirs publics et organisations professionnelles pour tenter de trouver des solutions permettant aux transformateurs d’améliorer la compétitivité d’une main d’œuvre compétente, mais à coûts élevés. Il revient aux pouvoirs publics de faire respecter la loi NRE sur les délais de paiement, ainsi que les clauses contractuelles afin de réduire les besoins en fonds de roulement des entreprises Il leur revient également de réfléchir aux conséquences économiques de l’accroissement des besoins en fonds de roulement comme conséquence des avances substantielles de TVA imposées aux transformateurs au titre des outillages et cela bien en amont de la livraison des premières pièces fabriquées avec ces moyens. Toutefois, ces questions, essentielles pourtant pour les PME, ne pourront être résolues que dans le cadre plus large des réserves de propriété. 149 Recommandations de Nodal 3.2 Les actions régionales NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne La plasturgie s’est considérablement développée dans 7 à 8 régions françaises et dispose d’une réelle capacité de croissance si un certain nombre d’hypothèques sont au préalable levées ; les régions, dans le cadre de leurs nouvelles compétences, auront un rôle éminent à jouer dans l’accompagnement de ces entreprises pour mettre en place l’environnement économique local favorable à leur développement, notamment en matière de formation, de recherche et d’innovation, et sur les moyens d'intégrer les évolutions rapides que connaît ce secteur. Les missions qui leur seront dévolues pourraient être de : • développer l’appareil régional de formation spécialisée, • poursuivre la mise en place et l’organisation vers plus d’efficacité des dispositifs de recherche, de transferts de technologies et d'innovation locaux, • d’accompagner les entreprises de plasturgie dans leur développement, c’est à dire leur permettre, entre autres, de mieux prendre en compte les mouvements de concentration et de rachat par des groupes étrangers. Dans le domaine de la formation, les structures locales en place répondent en grande partie aux besoins actuels ; mais des mesures ponctuelles doivent être encouragées pour absorber les pics de croissance des besoins en main-d’œuvre qualifiée et anticiper les nouvelles exigences des industriels, notamment dans leur démarche d’intégration de nouvelles fonctions de gestion. Un effort local doit être entrepris pour la formation d'outilleurs avec une meilleure connaissance de ce métier par les jeunes et une amélioration des capacités de formation des lycées professionnels pour mieux répondre aux attentes des entreprises. Une meilleure information sur les nombreuses aides régionales ou locales existantes (aides aux programmes d’investissement créateurs d’emplois permanents, fonds européen de développement régional, programmes d’investissement de mise à niveau technologique s’inscrivant dans un projet de développement global) permettrait d’améliorer l'accès des entreprises à ces sources de financement. La recherche, l'innovation et les transferts de technologies doivent bénéficier d'une attention particulière ; les spécificités des entreprises de transformation de matières plastiques nécessitent la présence d'interfaces de transfert de technologies industrielles pour diffuser l'innovation. Compte tenu des caractéristiques de cette profession très liée à la mondialisation, il est souhaitable que les régions et les collectivités locales confortent et renforcent leurs actions d'internationalisation. Les dispositifs actuels d'accompagnement des entreprises, d'aide à l'implantation, à la création ou au développement (exportation, aides au conseil, recrutement de cadres) devront être renforcés, notamment par de nouveaux modes de financement des investissements productifs, quelle que soit la taille des entreprises concernées. La présence accrue des grands donneurs d'ordres français (constructeurs et équipementiers de premier rang) sur les marchés étrangers impose aux PMI susceptibles de les accompagner des contraintes administratives, techniques et financières difficiles. La mise en place par les régions de mécanismes de soutien de cette démarche d'expansion internationale serait de nature à compléter les dispositifs actuels en faveur du développement économique local des entreprises. 3.3 Les actions de soutien à la R&D Dans le secteur des plastiques, l’innovation a un rôle essentiel à jouer dans la croissance économique et la qualité de la vie en Europe. Les pouvoirs publics, qu’ils soient nationaux ou locaux, peuvent faciliter et catalyser cette innovation et améliorer la diffusion de l’information scientifique et des opportunités de participation à la R&D publique. 150 Recommandations de Nodal NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne L’apport de la R&D appliquée représente un enjeu majeur pour le renforcement et le développement de l’industrie de la transformation des plastiques. A titre d’illustration, on peut citer l’exemple de l’industrie textile : il y a quelques années, l’industrie textile française (et européenne) était au plus bas ; aujourd’hui, la France et l’Italie produisent des textiles à haute valeur ajoutée qui ne sont pas en concurrence directe avec les pays à bas coût de main d’œuvre, tels que les textiles du futur destinés à l’électronique, aux matériaux composites, au domaine médical (tissu de greffage), grâce au rôle d’un centre technique exemplaire, l’IFTH. L’Europe doit se maintenir dans une position de leader par la connaissance scientifique et l’innovation technologique pour conserver son bien-être et sa croissance économique à un niveau élevé. Actuellement, la recherche en Europe se situe à 1,8% du PIB comparée à 2,8% aux EtatsUnis et 2,9% au Japon. De plus, en Europe, seulement 0,25% des employés de l’industrie sont concernés par la recherche comparé aux 0,67% aux Etats-Unis et 0,6% au Japon. La recherche appliquée sur les polymères pourrait se développer dans les domaines suivants : • Etat de l’art : l’Europe est contrainte à prendre une position dominante dans la connaissance scientifique et le développement technologique des nouveaux matériaux et procédés ; des études sur « l’état de l’art » mondial sont indispensables ; le développement des centres d’excellence devrait être élargi à l’Europe. Matériaux de base, notamment les bio-polymères à haute performance (actuellement, presque aucun bio-polymère n’est utilisé dans l’industrie de la transformation), les méthodes de production à partir de souches génétiquement modifiées et de micro-organismes. L’objectif premier de la recherche sur les matériaux de base doit se concentrer sur l’amélioration de la qualité environnementale des polymères plus que sur les économies d’énergies fossiles (pétrole et gaz naturel) dans la mesure où l’industrie des polymères ne représente que 4% de la consommation d’énergie fossile et la réduction de la consommation de ces matières premières, de production fatale du raffinage, ne constitue pas un objectif prioritaire de R&D. • La catalyse est l’outil important de la synthèse des polymères ; elle forme la base des futures avancées des polymères et présente un aspect multidisciplinaire. L’amélioration de la catalyse constitue un moyen puissant de rendre les procédés plus économes et efficaces. • L’ingénierie des procédés devrait se concentrer sur la modélisation, la simulation et le contrôle des procédés. Cette recherche donnera à l’industrie de la transformation des outils puissants pour la conception, la mise au point et la conduite des opérations de transformation. En particulier, le devenir des PMI de la transformation dépend d’un niveau élevé d’innovation et d’amélioration des procédés. L’innovation dans les procédés en matière de sécurité, de coûts et d’environnement devrait permettre à l’industrie européenne de la transformation de rester compétitive face à l’industrie des pays asiatiques. • L’automatisation flexible des procédés permet une meilleure qualité et variété des produits, des conditions de travail des employés plus sûres, la réduction des coûts (énergie et matières premières), la réduction des émissions polluantes (COV). Propriétés des polymères et copolymères : l’étude systématique des relations entre la composition des polymères et leur architecture permettra de mieux comprendre les propriétés au niveau moléculaire et les propriétés macroscopiques du matériau final et de créer de nouveaux produits à hautes performances. Composites et nouveaux matériaux : l’innovation dans ce domaine constitue une des plus importantes contributions à la prospérité de l’Europe et la recherche doit en couvrir un nombre important de domaines tels que : − développement et application de nouveaux matériaux, matrices et renforts ; les opportunités commerciales existent pour de nouvelles applications économiques avec des propriétés mécaniques et de durabilité accrues, et de résistance aux hautes températures. • • • 151 Recommandations de Nodal − développement de nouvelles technologies mécaniques de production : moulage par compression, moulage-injection, extrusion, RTM, RIM, pultrusion, enroulement filamentaire. − les applications potentielles des composites sont nombreuses dans des domaines tels que les transports, l’électricité/électronique, le bâtiment et la construction, les sports et loisirs, l’industrie chimiques, l’énergie (pales d’éoliennes), les bateaux, les plate-formes de forage. Procédés de transformation : l’industrie de la transformation est largement constituée de PMI. Pour survivre ces sociétés doivent relever le défi de la concurrence des pays asiatiques ; ceci n’est possible que si ces entreprises peuvent s’adapter aux changements avec une innovation continuelle et une augmentation de la valeur ajoutée produite. Les projets de recherche devraient se concentrer sur le développement de nouveaux produits et de nouveaux procédés donnant une atout économique concurrentiel important. • NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne • Récupération : ce terme recouvre à la fois le recyclage et la récupération énergétique. Une récente étude de l’APME montre que l’augmentation au delà de 15% du recyclage des emballages plastiques n’a pas d’influence en terme d’éco-efficience. Si le taux de recyclage est porté de 15 à 50%, les coûts augmenteront par un facteur de 3 tandis que l’impact sur l’environnement restera comparable. La récupération des matières plastiques, au delà de 15%, doit être considérée en termes de récupération d’énergie : − développement de méthodes normalisées pour déterminer le comportement à long terme des matériaux recyclés, méthodes d’analyse pour déterminer la composition et la dégradabilité des composants recyclés, taux de stabilisants et d’impuretés, toxicité éventuelle ; − détermination des propriétés physiques et du comportement en machine des produits recyclés pour la production de pièces à partir de matériaux recyclés ; − formation des concepteurs des bureaux d’études et des usagers à l’utilisation des matériaux recyclés ; − intégration de fonction : lorsque cela est possible, le recyclage devrait être considéré comme partie intégrante du procédé de production ; − réduction des coûts des procédés de recyclage ; − création d’outils de mesure et d’indicateurs pour l’évaluation de l’impact sur l’environnement et pour l’analyse socio-économique. Développement technique, normalisation, méthodes de contrôle sont tous des domaines de recherche nécessaires au développement des nouveaux matériaux légers. De nouvelles technologies sont exigées : outils de conception, prototypage rapide et virtuel, machines à cadence de production élevée, outils et procédés d’assemblage (collage), modèles informatiques et procédures d’essais. Les programmes CRAFT donnent aux PMI l’opportunité de faire de la recherche et du développement technologique à travers des coopérations avec les universités, la recherche publique ou les grandes entreprises. Toutefois, de nombreuses PMI hésitent encore à participer à ces programmes dans la mesure où ils nécessitent des investissements considérables en temps, efforts et ressources financières avec seulement une faible chance de réussite en fin de parcours. Pour que les PMI soient réellement impliquées en grand nombre, la Commission européenne devrait proposer des mesures de simplification et d’accélération des procédures de présentation de projets. De plus, les PMI orientées vers la technique estiment que, dans les programmes CRAFT, la composante socio-économique a un poids trop important et qu’une part plus importante devrait être accordée aux aspects techniques, aux innovations technologiques et aux nouveaux produits, qui représentent mieux leur domaine de compétences. 152 Recommandations de Nodal NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 4 L’existence même des PMI de la transformation des plastiques dépend essentiellement de leur faculté d’adaptation ; elles doivent donc se trouver en première ligne de la technologie. L’innovation peut les rendre compétitives face aux producteurs à bas coûts de l’Asie. Toutefois, la recherche scientifique et le développement technologique ont des coûts trop élevés pour les PMI. Les centres régionaux d’excellence avec leurs compétences scientifique et technique et leurs moyens en recherche et formation devraient être mieux utilisés pour permettre aux PMI locales d’accéder à l’innovation à des coûts supportables. VIVRE AVEC LES TENDANCES ECOLOGIQUES Au cours des années à venir, les propriétés et les avantages des matériaux plastiques vont leur permettre de pénétrer encore plus profondément sur les marchés grand public. Mais, dans le public, l’image des plastiques est, en général, mauvaise. Il considère ces matériaux comme nocifs pour l’environnement - attitude qui conduit à une réduction du nombre d’étudiants en chimie et génie chimique et, corrélativement, à une diminution de la capacité d’innovation. L’image des matériaux plastiques doit donc être améliorée. La Commission européenne devrait mettre en place des programmes pour développer la réceptivité du public à ces matériaux et faire disparaître certaines idées fausses, largement répandues, sur le caractère polluant des matériaux plastiques. La DG Recherche incite les PME à s’orienter vers des produits de haute technologie, à haute valeur ajoutée, conçus à partir des économies de ressources ; c’est à dire vers la fabrication de produits non pas basés sur la disponibilité et la consommation des ressources, mais sur l’accroissement des connaissances (thèmes de la Conférence de Johannesburg). La prise en compte des contraintes environnementales par les PMI de la transformation des plastiques doit donc intégrer : • une approche globale de la filière par l’« éco-conception », politique intégrée dès la phase de conception de nouveaux produits, qui implique tous les acteurs de la filière et la « recyclabilité » du produit (notamment, dès l’amont) ; • l’amélioration de l’image environnementale négative du plastique ; • la professionnalisation de la filière recyclage : comme la notion de qualité, il y a quelques années, le respect de l’environnement doit être considéré comme une qualité indispensable des plasturgistes ; • une meilleure communication : l’Ademe dispose de crédits, qui pourraient être plus largement utilisés par les plasturgistes, pour la prise en compte des contraintes environnementales afin de favoriser la recherche et l’innovation sur l’environnement ; • la mise en place d’une politique locale de sensibilisation des plasturgistes à l’environnement par l’action des chambres de commerce, notamment par la création de clubs d’échange ; • les inspecteurs de la Drire pourraient jouer le rôle de conseiller auprès des PMI pour favoriser une meilleure prise en compte positive et non répressive des contraintes environnementales. De leur côté, les pouvoirs publics et les organisations professionnelles doivent faire en sorte de : • limiter les distorsions de concurrence avec les fournisseurs étrangers résultant d’une application unilatérale trop stricte des directives environnement, • conforter la viabilité de la filière du recyclage par une plus grande implication des producteurs de résines, chimistes mais surtout pétroliers. 153 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement ANNEXES 154 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Annexes Annexes 1 Liste des membres du comité de pilotage de l'étude Nom Organisme DiGITIP - Observatoire des Stratégies Industrielles Grégoire Postel-Vinay Hervé Chalaye DiGITIP / Sim Rémi Donneger Marc Durand DiGITIP / Spic Pascal Brocard DiGITIP / Sessi Bernard Hyon DARPMI Ronan Jourdain CFCE Sylvie Dumartineix Robert Moreau Lise Deguen Anvar Ispa Alençon Claude Wolff CNAM Alain Vielvoye Fédération de la Plasturgie Sylvie Domenech Patricia Lexcellent Louis Berreur Bertrand de Maillard Antoine Prestat Bertrand Vergne Nodal Consultants 155 Annexes Annexes 2 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Liste des Contacts réalisés en 1ère et 2ème phases Nature de l'acteur Nom de l'organisme Pöppelmann MTS Plastiques du Val de Loire Kerpont Plastique Strarplast LPP (La précision plastique) Les plastiques décorés Knauff Plastics Dedienne Group Apnyl Les Forges Samsonite MSF ENKI S.A. Ets Glory 32 Minnesota Rubber and QMR Plastics TRANSFORMATEURS Plastyl Alphacan-Soveplast Plastiques GRM Etablissements Glory La Française des Plastiques Knauf Plastics Injextru Plastics Ri.Mos Veka Isola Mipa Chemfab Kurz MMCZ Plasteurofilm Logoplaste 156 Pays All Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Tun It Fr Usa Fr Fr Fr Fr Fr Fr Bel It All All It Usa All Hongrie Fr Port Annexes Nature de l'acteur INSTITUTIONNELS Mission Economique Pologne ME Italie ME Bresil CFCE ME Allemagne ME Russie ME Japon ME Royaume-Uni ME Espagne ME Etats-Unis CE- Direction Industrie CE – Direction recherche Sessi Caen Ademe Appolor Agence de développement économique d’Oyonnax Cetim Plasturgie Picardie Ecole Supérieure de Plasturgie d’Oyonnax Critt Polymères Picardie Pôle de Plasturgie de l’Est 16 Pôle Européen de la Plasturgie CENTRES ISPA DE COMPETENCES Institut Supérieur du Moule SSEC IKV (Aix la Chapelle) Critt Matériaux Poitou Charentes CLFA (coopération laser Franco-Allemande) I3S Conseil NPL 6 Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr USA All Fr All Fr Ang Fr All Fr Groupe Arnaud Albis/ Bayer A. Schulmann GE Plastics Solvay AtoFina Fr All Usa Nederl. Bel Internat. FABRICANTS MATIERES PREMIERES Pol It Bre Fr All Ru Ja Ang Esp USA Internat. Internat. Fr Fr Clextral Krauss Maffei MSI - moule soufflage injection 3 EQUIPEMENTIERS Pays 14 Nom de l'organisme MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 157 Annexes Nature de l'acteur Nom de l'organisme MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Fr Fédération de la plasturgie - Valorisation produits plastiques Fédération de la plasturgie - Secteur environnement Fédération de la plasturige - responsables sectoriels Fédération de la plasturgie - Réglementation/ Normes Fédération - Emballage Fédération - Construction Fédération plastique Rhône Alpes Plasti-Ouest 19 APME ORGANISATION EuPC PROFESSIONNELLE Groupement pour l'automobile British Plastics Federation SETEP/ANAIP GKV (Plasturgie) VKE (matière plastique) Centro Espanol de plasticos CEP Society of Plastics Engineers Unionplast Pays Internat. Internat. Internat. Internat. Internat. Internat. Internat. Internat. Internat. Internat. Pardos Marketing European Plastics News Louis Gimbert Frank Wittendal RU Int Int DONNEURS D'ORDRES Danone L'Oréal Bouygues PSA Valeo Plastic Omnium Faurecia Phillips Alcatel Schneider 10 4 DIVERS Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Internat. Internat. Fr Ang Esp All All Esp Esp Bel It Nombre total d’entretiens 158 Fr 104 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Analyse prospective & scénarii de développement Annexes 3 Bibliographie 1. Sources Pays Pays Panorama de la Plasturgie 2001 Rapport économique de la Fédération de la Plasturgie www.laplasturgie.fr http://www.knowings.com/plasturgie/bcpresse. nsf/HomePage?ReadForm Industrie française de la plasturgie en chiffres Site de fa Fédération de la plasturgie Site Espace Technologie et Economie Plasturgie (site généraliste avec de nombreuses fiches et communiqués de presse) Etude SESSI, édition 2001 Industrie française de la plasturgie en chiffres La sous-traitance en chiffres ( métaux, plastiques, électronique) La Plasturgie Etude SESSI, édition 2002 La plasturgie française à l’horizon 2005 Etude réalisée pour la DiGITIP (janvier 1998) Fédération Allemande, Gesamtverband kunststoffverarbeitende Industrie Données statistiques complètes. Fiche de synthèse de la ME de Düsseldorf (novembre 2001) : Rolf Cuypers www.gkv.de La plasturgie en Allemagne Etude SESSI – Marc Duthoit et Cécile Le Corroller – édition 1995 IK Industrieverband Kunststoffverpackungen e.V. Le marché des plastiques Le marché des plastiques a réalisé une bonne année 2000 La plasturgie sauvée de justesse par les exportations Transformation allemande : faible progression Veilles internationale du réseau des PEE et du CFCE (septembre/octobre 2001) Veilles internationale du réseau des PEE et du CFCE (mai/juin 2001) : segmentation des ventes) Le marché de la plasturgie au Royaume-Uni Fiche de synthèse de la ME au Royaume-Uni (juin 2000) : Véronique Chapman www.statistics.gov.uk National Statistics Royaume-Uni Etude SESSI – édition 2000 www.kunststoffverpackungen.de Allemagne Remarques France Sources Article de la ME de Düsseldorf (mars 2002) : Rolf Cuypers Plastiques & Elastomères (mars 2002) www.bpf.co.uk British Plastics Federation (BPF) – Données statistiques complètes Le marché des plastiques Veilles internationale du réseau des PEE et du CFCE (septembre/octobre 2001) Aperçu sur la plasturgie au Royaume Uni 159 Annexes Espagne USA République Tchèque www.plastica.it Quelques données statistiques sur la transformation des matières plastiques. Plasturgie, la transformation des matières plastiques Fiche de synthèse de la ME de Milan (juillet 2000) : Chantal Violet en Italie Données statistiques et organisation de la plasturgie italienne www.unionplast.org National Union of the Plastics Processing Industry (UNIONPLAST) , La transformation des matières plastiques en ME en Espagne - Nicolas Puluhen - Novembre 2000 Espagne Veilles internationale du réseau des PEE et du CFCE (mai/juin 2001) : industrie, consommation L’industrie de la plasturgie de PVC et recyclage des déchets http://www.socplas.org Society of the Plastics Industry http://www.americanplasticscouncil.org American Plastics Council (plutôt orienté matières premières) http://www.plastics.org/ Le secteur des matières plastiques Article Veille Internationale mars/avril 2002 Brésil Canada Fiche de synthèse de la ME à Osaka (août 2001) : Aurélien de Valence Matières plastiques & caoutchoucs La plasturgie en Pologne & Le secteur des plastiques en Pologne Les matières plastiques en Pologne Fiche de synthèse de la ME à Bruxelles (mai 2000) Le marché brésilien de la plasturgie L’industrie des produits en matière plastique canadienne - Table of Contents - PLASTIC PRODUCTSave;re de plastique Economic Report, december 2001 Plasturgie Europe-Monde Fiche de synthèse de la ME à Varsovie (juin 2002) Fiche de synthèse de la ME à Varsovie (mai 2001) Point sectoriel du CFCE (avril 2002) Pologne Matières plastiques, caoutchouc, plasturgie Etude Ministère de l’Industrie Canada (décembre 2001) EuPC : European Plastics Converters ; rapport de Frank Widdental. Fiche de synthèse sectorielle du CFCE (février 2001) : principaux marchés mondiaux, la France dans le monde The Plastics Network – Plastics Converting in Etude EuPC (mai 2000) Europe Perspectives d’évolution des marchés des plastiques Article Veille Internationale mars/avril 2002 Analyse sectorielle des activités industrielles : Statistiques Eurostat transformation des matières plastiques Belgique MITI (Min. Economie Japonais) Fédération de la Plasturgie JAP Japon NODAL CONSULTANTS Italie MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 160 2. Matières premières Pays Allemagne Italie Espagne USA Remarques Matières premières – Statistiques et marchés SMPM - 2001 Matières plastiques : vers le rebond Communiqué de presse du SPMP le 13 mars 2002 http://www.vke.de German Association of Plastics Manufacturers (VKE), www.plastica.it Données statistiques sur la production de matières premières en Italie Aperçu sur la plasturgie en Espagne et en Italie Site Espace Technologie et Economie Plasturgie Le marché des matières plastiques en Espagne ME en Espagne - Nicolas Puluhen - Novembre 2000 Aperçu sur la plasturgie en Espagne et en Italie http://www.americanplasticscouncil.org/ benefits/economic/economic.html Evolution des matières premières plastiques destinées à l’emballage The USA plastic material and resins market Veilles internationale du réseau des PEE et du CFCE (mars/avril 2001) Compilé par Euromonitor en juillet 2001:cfontient quelques informations sur la transformation et la repartition des activités. Veilles internationale du réseau des PEE et du CFCE (mai/juin 2001) : orévisions de croissance mondiale, place de l’Europe, matériels, transformation, septembre/octobre 2001) Françoise Pardos (sans date) : permet de montrer le rôle et l’importance des plastics spéciaux dans la plasturgie Documentation APME L’industrie des matières plastiques, perspectives à long terme Engineering & specialty plastics in the world 20002010 Multi-clients study, plastic supply in the world 2000Françoise Pardos (sans date) 2010 Les plastiques, le monde, l’Europe, la France, la Conférence de Françoise Pardos – Apollor – 25 mai 2000 Lorraine, Présent & perspectives Les plastiques dans le monde 1999-2020 Exposé Françoise pardos du 6 mai 1999 Monde Site Espace Technologie et Economie Plasturgie Données statistiques sur la production et la consommation de matières premières aux USA avec segmentation et définition de la segmentation France Titre NODAL CONSULTANTS Annexes MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Divers APME 161 Annexes Pays Titre NODAL CONSULTANTS 3. Données sectorielles MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne Remarques L’industrie française de l’emballage en chiffres Enquête SESSI – édition 2000 L’industrie de l’emballage plastique – Croissance & 4-Pages SESSI – mai 1996 Participations françaises au 5 France Allemagne ème PCRD Ministère de la Recherche - Direction de la Technologie – (septembre 2001) La plasturgie appliquée au secteur de la santé Etude ADIT pour le Conseil régional d’Aquitaine (novembre 2000) Luxe et Plastiques Article Plastiques & Elastomères (décembre 2000) L’emballage : www.uic.fr Le plastique roi des matériaux Le marché de l’automobile en Allemagne : les équipementiers Veille Internationale (janvier/février 2001) La revue de l’emballage en Allemagne Revue sectorielle de la ME – septembre 2002 Pays France 4. Environnement Titre www.valorplast.com Informations sur la valorisation des emballages plastiques ménagers A propos d’Enviroplast Outil de l’organisation professionnelle de la Plasturgie Recyclage chimique du PVC USA www.plasticsresource.com http://www.plasticsresource.com/databases Veilles internationale (mai/juin 2001) : autre procédé que le Vinyl loop de Solvay. Ressources sur l'industrie plastique et l'environnement : le recyclage, protection de Base de données de producteurs et consommateurs de plastique recyclé Danemark Le recyclage des matières plastiques dans l’automobile (case study Ford) Sécurité des produits Veilles internationale (mai/juin 2001) : délai pour se conformer à la directive 92/59 portant sur Les plastiques, acteurs du développement durable Brochure éditée par l’APME et le SPMP (juillet 2000) : voir la croissance relative de la Le plastique, matériau de choix du 21 PVC alternative database ème siècle Green paper on environmental issues of PVC Veilles internationale du réseau des PEE et du CFCE (septembre/octobre 2001) Article du Dr Werner Prätorius, Président APME (2 septembre 2002) Article Greenpeace International DG Entreprises European Plastics Recyclers EuPR – European Plastics Recyclers Sources of european legislation GPRMC (directives sur le recyclage) Europe Remarques 162 Annexes Pays Titre 5. Machines outils & moules MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Remarques France Solutions alternatives & prototypage rapide Documentation CETIM (sans date) Royaume-Uni http://www.pmmda.org.uk/ Polymer Machinery Manufacturers & Distributors Association http://www.assocomaplast.com Espagne http://www.amec.es Portugal L’industrie des moules Site de l’association italienne des fabricants de machines pour la plasturgie ASSOCOMAPLAST Veilles internationale du réseau des PEE et du CFCE (mai/juin 2001) : place du matériel italien dans le monde. Voir le site Imapc (maquinaria para caucho y plástico) de l’industrie espagnole des fabricants de machines pour la plasturgie Veilles internationale du réseau des PEE et du CFCE (mars/avril 2001) Monde Machines d’emballage en croissance Demande en machines d’emballage dans le monde – Plastiques & Elastomères (mars 2002) Italie Le matériel destiné aux plastiques et caoutchoucs Pays Titre www.poleplasturgie.com www.ispa.asso.fr www.ensm-douai.fr ISPA (Alençon) Ecole des Mines de Douai ITECH (Lyon) www-ensais.u-strasbg.fr www.esp-oyonnax.fr www.ppe.asso.fr ENSAIS (Strasbourg) Ecole Supérieure de Plasturgie (Oyonnax) www.itech.fr Remarques Pôle Européen de Plasturgie (Oyonnax) France 6. Organismes Scientifiques et Techniques Pôle Plasturgie de l'Est (Saint Avold) 163 Annexes Pays Titre Remarques Fédération de la Plasturgie : données statistiques générales SNEP, Syndicat national de l'extrusion plastique, profilés et compounds : Le SNEP en chiffres: Chiffre d'affaires représenté :environ 4 milliards de francs Effectif : plus de 3.500 personnes Tonnage profilés (2000) : 140 000 tonnes Tonnage compounds (2000) : 270 000 tonnes Représentativité : nationale : 39 entreprises adhérentes dont 21 extrudeurs de profilés, 6 sociétés compoundeurs, 12 sociétés extrudeurs-gammistes CSEMP, Chambre syndicale des emballages en matière plastique PACKPLAST, Emballages plastiques PROPLAST : Profession plastique (enseignement en plasturgie en France) Profession Plastique est une association qui a pour vocation de promouvoir l'ensemble de la profession et l'image des matières plastiques. Elle réunit et représente l'ensemble des organisations professionnelles de la filière plastique en France : les producteurs de matières plastiques les transformateurs de matières plastiques (2 organisations) les fabricants de moules, les fabricants de machines et équipements. FILMPLASTIQUE : Syndicat professionnel des fabricants de films plastiques, http://www.laplasturgie.fr/ www.snep.org www.packplast.org France www.proplast.org www.filmplastique.org GIPRA :Groupement des Industriels de la Plasturgie Rhône Alpes Auvergne Bourgogne www.gipra.com http://www.plastibase.com/ www.apme.org www.eupc.org Europe www.cipad.org Site du GIPRA fournit de très nombreuses statistiques sur France, Japon, Italie, Espagne. Plastibase : plus de 3500 entreprises sont référencées dans cet annuaire: transformateurs et fournisseurs de matières, d'équipements, d'outillages et de services CIPAD : Council of International Plastics Associations Directors. http://www.plasticway.com International NODAL CONSULTANTS 7. Organisations professionnelles MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne APME : Association of Plastics Manufacturers in Europe EuPC : European Plastics Converters 164 Annexes Pays Titre Remarques Plasturgie : innovation & prospective Plasturgie : exemples d’innovation Pour une meilleure coopération RechercheIndustrie Future Research Needs for Polymer Materials France Europe 9. Régional, Plastics Valley & pôles Pays Titre USA Général Plasturgie – une activité en pleine croissance Conseil Economique et Social Régional de Basse-Normandie – Michel Rapeaud (juin 2001) Article de Chambre de Commerce et d’Industrie du Mans et de la Sarthe Diapositive PPT Etude Franche-Comté The Tarnow Industrial Cluster Plastics valley Compte rendu de l’entretien avec Werner Pamminger, responsable du cluster de Linz Les « clusters » en innovation : l’exemple de San Diego Industry cluster Literature review Article de la ME à Varsovie Cluster formation and cluster climate Article 10. Méthodologie & économie générale France Général Hervé Chalaye (juin 2002) Mission pour la Science et la Technologie – Consulat général de San Francisco – Stéphane Roy (octobre 2001) Article de Jessica LeVeen (mars 1998) Titre Remarques Les facteurs et indicateurs de la compétitivité des entreprises de services rendus à l’industrie Industrie mondiale : la compétitivité à tout prix CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales) Les grandes tendances de la recherche française La lettre de l’OST (printemps 2002) L’avantage concurrentiel des nations Michael Porter Pays Etude E3T Consult (Hollande) en mai 2001 Autriche Cahier Industries (février 2002) Pologne Exemples d’innovation : ANVAR 21 juin 2002 ANVAR à EUROPLAST juin 2002 Remarques La Plasturgie en Normandie France NODAL CONSULTANTS 8. Recherche & Innovation MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne MINEFI/DiGITIP : rapport Pricewaterhouse (sans date) Competitive strategy and real estate development Article de Michaël E. Porter Délais de paiement et solde du crédit interentreprises Bulletin de la banque de France n°84 (décembre 2000) de 1989 à 1999 165 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Annexes Annexes 3 Méthodologie & déroulement de l’étude Nodal Nodal Consultants a réalisé l’étude stratégique des matériaux plastiques avec l’appui d’un comité de pilotage dirigé par Hervé Chalaye et Marc Durand, Digitip/Sim, chargés de mission auprès du sous-directeur matériaux, responsable de l'étude, et réunissant des intervenants institutionnels (Sessi, CNRS, Anvar, CFCE, Drire Aquitaine, DARPMI) ou liés au secteur (CNAM, Fédération de la Plasturgie, ISPA1). L'étude stratégique sur le secteur français des matériaux plastiques a été réalisée en trois phases avec la consultation de nombreuses sources internationales et d’intervenants de la filière : □ La démarche suivie par Nodal repose principalement sur des consultations directes avec des acteurs internationaux de la transformation des plastiques, industriels et acteurs sélectionnés de l’environnement technico-économique. Dans cette démarche, Nodal s’est adjoint les compétences d’un expert en plasturgie, Frank Wittendal. Déroulement de l’étude Nodal Concepts Pays UE PECO USA, Japon • • • • 7 thèmes déterminants 45 indicateurs • • • Sources Données Professionnels GRILLE D’ANALYSE ET D’EVALUATION COMPARATIVES France Handicaps Allemagne Handicaps Autres pays Atouts Handicaps Atouts • indicateur 1 -2 -2 -1 +1 +2 -2 -1 -1 +1 +2 -2 -1 +1 +1 +2 • Indicateur 2 -2 -1 +1 +2 -2 -1 +1 +2 -2 -1 -1 +1 +2 Test & validation Comité Fédération Assises • • • 1 Atouts Indicateurs Synthèse Recommandations • • COMPETITIVITE Analyse multicritères en composantes principales Initiatives Plan d’action Analyse structurelle des critères de dépendance et d’influence La liste des participants du Comité de Pilotage est donnée à l’annexe 1 166 Annexes Le volet prospectif de l’étude a permis, à partir de l’analyse des grandes évolutions des besoins et des enjeux sociétaux, environnementaux, industriels et technologiques à 5 ou 10 ans, de proposer à la Digitip des recommandations stratégiques pour le développement de l’industrie française de la plasturgie. Pour cela, Nodal a fait appel à un expert en prospective, Louis Gimbert. □ NODAL CONSULTANTS MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne 1. Première étape : Connaissance du marché mondial de la plasturgie La première étape a été consacrée à la recherche bibliographique et documentaire mondiale, et aux premiers entretiens, notamment lors du Salon Europlast en juin. □ Des entretiens complémentaires avec les membres du comité de pilotage ont permis d’approfondir les objectifs, attentes et priorités. □ Le recueil des informations statistiques a permis de structurer la réflexion, de recueillir des cas d’étude particulièrement pertinents, notamment par les statistiques sectorielles du Ministère de l'Industrie (SESSI), de la Commission européenne EUROSTAT et les informations disponibles auprès du CFCE et de l’OCDE. □ Des entretiens avec les organisations professionnelles en Europe : Association of Plastics Manufacturers in Europe (APME), EuPC, GKV. 2. Deuxième étape : Consultations externes & Assises de la Plasturgie □ La deuxième étape a consisté à analyser les informations recueillies auprès des acteurs de la plasturgie (industriels, centres de recherche, …) pour évaluer les atouts et handicaps de l’industrie française de la plasturgie en la comparant. Ces informations ont été structurées et hiérarchisées en plusieurs thèmes regroupant les indicateurs quantitatifs et qualitatifs de compétitivité. L’accent est mis sur une prévision de l’évolution de la plasturgie dans les cinq ans à venir à partir d’une vision sociétale prospective à long terme. □ Cette deuxième étape a permis de compléter les informations statistiques, d’identifier l’impact des réglementations nationales ou communautaires, existantes ou en projet, particulièrement dans le domaine de l’environnement, sur le potentiel de développement de l’industrie française de la plasturgie, de dégager une vision prospective de l’ensemble du secteur. □ Nodal est intervenu au cours 4ème Assises de la Plasturgie, organisées par la Fédération de la Plasturgie, en présentant les premiers résultats de l’étude. 3. Troisième Etape : Synthèse de la prospective & recommandations La troisième étape a essentiellement consisté à rédiger le rapport final, en précisant la prospective des marchés de la plasturgie liée aux facteurs de compétitivité et les conclusions, outils de travail et recommandations d’actions pour les différents acteurs de la plasturgie. □ Nodal a réalisé une analyse prospective de l’industrie de la plasturgie structurée à partir de la liste des indicateurs de compétitivité sous la forme d’une analyse en composantes principales et d’une analyse structurelle, dans laquelle la compétitivité est considérée comme systémique. □ Ces deux analyses ont ensuite permis de dérouler des scénarii d’évolution probable de la plasturgie française en face de plusieurs types d’évolution sociétale et politique. □ Enfin, elles ont permis à Nodal d’élaborer des recommandations pour les acteurs de la plasturgie (transformateurs et organisations professionnelles) et les pouvoirs publics. 167 MINEFI / DiGITIP / SIM Compétitivité de la plasturgie française dans l’Union européenne NODAL CONSULTANTS Annexes Annexes 4 Relation entre la croissance du PIB et celle de la plasturgie française Nodal a vérifié la corrélation entre la croissance du PIB et celle de la plasturgie française ; en effet, il est habituel de dire que le taux de croissance de la plasturgie est deux fois plus élevé que celui du PIB. Pour cette vérification, Nodal a utilisé une formule simplifiée de la mesure de ∆CA CA , dans laquelle : l’élasticité d’une variable, soit E = ∆ PIB PIB - ∆ PIB est l’écart du PIB entre l’année n et l’année (n-i) ; PIB est la valeur du PIB de l’année n, corrigée pour tenir compte du fait que le PIB est indépendant de l’inflation. Elasticité de la croissance du CA par rapport à la croissance du PIB 2,8 2,6 2,52 2,4 2,2 - ∆CA est l’écart de chiffre d’affaires entre l’année n et l’année (n-i) ; CA est le chiffres d’affaires de l’année n; E= ∆CA CA ≅1,95 PIB ∆ PIB 2,07 2,0 2,00 1,99 1,99 1,97 1,80 1,8 1,95 1,94 1,90 1,69 1,6 - 1,4 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 Sources : Estimations Nodal janvier 2003 Le calcul réalisé sur une période allant de 1 an (1991-1992) à 10 ans (2001-1991) montre que le ratio de la croissance du chiffres d’affaires par rapport à la croissance du PIB (corrigé) tend vers une valeur de 1.95, soit pratiquement 2. (en millions d'euros) CA de la plasturgie En fonction des Perspectives de croissance du CA de la plasturegie hypothèses de en fonction de la croissance du PIB croissance du PIB 30 000 retenues dans les Hypothèse haute 29 703 28 016 de croissance 28 000 scénarios, on peut du PIB de 3% 26 424 26 425 estimer que le 26 000 24 924 25 663 chiffre d’affaires 24 924 24 000 24 206 Hypothèse basse de la plasturgie 23 508 de croissance 22 000 du PIB de 1,5% 22 397 devrait tendre, en 20 000 2005, vers : 19 881 18 732 18 000 • 30 milliards 17 106 d’euros dans le 16 000 14 132 15 472 15 617 cas d’une 14 000 12 521 11 950 hypothèse 12 000 12 656 élevée de 10 567 10 000 croissance du 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 Sources Eurostat & estimations Nodal PIB de 3% par an ; • 26 milliards d’euros, dans le cas d’une hypothèse basse de croissance du PIB de 1,5% par an. 168