Le système « Nayda - Portail des Marocains du Monde

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Le système « Nayda - Portail des Marocains du Monde
Le système « Nayda »
« Si elle est « nayda » ? Il faut poser la question à ceux qui se font inviter aux festivals ! Pour
nous, elle n'est pas nayda du tout ! ». Saad, du groupe de rap Casasystem, est catégorique.
La «
nayda » aurait vécu. Il n'y aurait de « nayda » que
pour une poignée d'élus. Ainsi les festivals qui donnent leur chance aux débutants sont-ils
rares. Hormis au L'Boulevard, on retrouve toujours les même têtes d'affiche, à savoir des
groupes tels H-kayne, Bigg, Casacrew ou Fnaire. Qu'est-il advenu des autres ? Pourquoi
certains ont-ils percé et les autres non? C'est ce que Dimabladna.ma a cherché à comprendre.
Confidence d'un rappeur en mal d'un système juste
Casasystem fait partie des premiers groupes de rap à avoir émergé sur la nouvelle scène
musicale marocaine. La galère des premiers temps, ses musiciens l'ont expérimentée. Pour se
faire connaître, avec un budget réduit et sans maison de disque, le groupe a recouru à deux
outils : le système D et internet. Saad, leur porte-parole rencontré au concert
Rocki
ng Phoenix
, raconte les débuts : «
Internet nous a vraiment facilité les choses. Avec une petite caméra, des copains du quartier, et
une belle voiture en arrière fond, nous avons mis une vidéo « descente » en ligne. Du coup, les
jeunes qui nous découvraient sur le net, demandaient la diffusion de notre clip à la radio
». Le passage sur les ondes est le ticket d'entrée pour accéder à la notoriété. Mais ce ticket
n'est pas facile à décrocher. En effet, même si le public demande à entendre un groupe donné,
cela ne signifie pas que celui-ci en aura pour autant accès à la radio. Des étapes sont à
franchir. La première consiste à trouver l'interlocuteur qui servira d'intermédiaire. Or, à ce
niveau, il y a problème.
Au Maroc en effet, rares sont les artistes dotés d'un manager pour leur faciliter l'accès aux
maisons de disques et aux radios. Pourquoi ? Parce que, nous explique Saad, le milieu
artistique marocain n'en accepte pas encore le principe. Un artiste accompagné d'un agent
passe pour un prétentieux. Du coup, il faut tout gérer soi-même avec l'espoir de voir un jour
s'ouvrir une porte devant soi. Passent à la radio et sont invités dans les festivals les chanceux
qui ont signé des contrats avec de grosses boites de production. « Les maisons de production
font office d'agent. Elles servent d'intermédiaire avec les radios et la télévision et usent de leur
réseau pour passer leurs artistes dans les festivals. Pour les autres, les choses sont plus
difficiles, ce qui pousse une bonne partie d'entre eux à laisser tomber la musique pour revenir à
leur activité professionnelle
». Il est une option cependant, plus coûteuse certes, mais qui aide les chanteurs de rap à vivre
de leur art : celle de monter sa propre boite de production. Ainsi, plusieurs groupes se sont
autoproduits et assurent une autodiffusion sur internet. Le groupe Fnaire a même ouvert un
studio d'enregistrement.
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Le système « Nayda »
Le rap pour tout le monde
Casasystem, pour sa part, a choisi de rester accessible à tous. « Les jeunes de toutes les
classes sociales peuvent écouter nos chansons sur internet et les télécharger. On garde à
l'esprit que la majorité des jeunes n'ont pas les moyens d'acheter un CD à plus de 100 Dhs. Un
simple clic sur internet dans un cyber café leur permet de télécharger nos chansons
». Pour écouter leurs chanteurs préférés, les jeunes Marocains recourent dans leur immense
majorité au piratage ou au téléchargement illégal sur internet. Les artistes en sont conscients.
Mais ils savent qu'en l'état actuel des choses, cette réalité-là s'impose à eux.
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