spider-man : les fondements du mythe

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Steve Ditko
spider-man : les fondements du mythe
par Tristan Lapoussière
[janvier 2010]
Près d’un demi-siècle après leur parution originale, les Spider-Man de Steve Ditko et Stan Lee restent
exemplaires pour leur savant mélange d’action, d’humour et de sentiment. Amazing Fantasy 15
(daté d’août 1962) avait déjà planté le décor, et la série The Amazing Spider-Man (n°1 daté de mars
1963) n’allait pas tarder à gagner en intensité dramatique. Pourtant, si la série est caractérisée dès
ses débuts par de solides scénarios, ceux-ci paraissent parfois secondaires au regard des thèmes
que Ditko introduit par le moyen du dessin.
Les dix premiers numéros de la série présentent des histoires complètes, dont la continuité d’un
numéro à l’autre repose sur la construction de relations telles que celles de Peter Parker (alias SpiderMan) avec ses camarades de lycée, dont certains émergent bientôt pour constituer des archétypes.
Ainsi, Flash Thompson, brute épaisse un peu simple d’esprit, saisit la moindre occasion pour
dévaloriser Peter et glorifier sa propre force physique tout en étant, ironiquement, le plus grand
admirateur de Spider-Man. Il représente la gent masculine, toujours prête à prendre Peter comme
victime facile. La gent féminine est représentée par Liz Allan, que Peter finit par s’aliéner du fait de
son incapacité chronique à honorer ses rendez-vous, trop accaparé par ses devoirs de redresseur de
torts. L’intérêt de ces relations est qu’elles sont en constante évolution, en dépit de la fixité
archétypale et des répétitions qui renforcent en réalité la cohérence narrative. Liz Allan, à mesure
qu’elle connaît mieux Peter, en vient à l’apprécier et prend même sa défense contre Flash. Elle
devient d’autant plus intéressée qu’elle n’est pas seule en lice, puisque Peter noue une relation
sérieuse avec Betty Brant, la secrétaire de J. Jonah Jameson, patron du Daily Bugle auquel Peter
vend les photos de ses propres combats. Le ballet féminin qui s’anime peu à peu autour de Peter se
complique encore lorsque sa tante May insiste pour lui présenter la fille de la voisine, Mary Jane
Watson. Le lecteur ne put apprécier toute la beauté de celle-ci qu’avec l’arrivée de John Romita sur
la série, car Ditko entretint le suspense en dissimulant toujours son visage.
Le second nœud de relations qui se met en place est celui des rapports de Peter au Daily Bugle, en
particulier avec le patron de presse, J. Jonah Jameson, qui mène campagne sur campagne pour
discréditer Spider-Man aux yeux du public. Jameson devient obsédé par la menace que constitue
selon lui un héros qui a choisi de faire justice lui-même en dissimulant son identité, à tel point qu’il
versera dans le crime malgré lui en favorisant, grâce à la biochimie, la création du maléfique
Scorpion, donnant ainsi naissance à un monstre dont il perd aussitôt le contrôle. Ce faux-pas le
hantera toute sa vie. L’originalité du personnage de Jameson est qu’il va au-delà de son rôle de
patron de presse pour se dresser en parangon d’intégrité et en défenseur de la morale publique,
tout en ayant recours à des moyens qui trahissent son manque de scrupules et de conscience
professionnelle. Peter Parker le soupçonnera même de cacher son jeu et d’être en réalité un chef de
la pègre.
L’un des atouts majeurs de Steve Ditko réside dans sa capacité à créer pour son héros des superennemis dont la réussite ne se dément pas au fil du temps et qui représentent une menace toujours
crédible après de multiples exploitations. Au fil des trente-huit premiers numéros de The Amazing
Spider-Man, Ditko en créa dix-neuf, dont seize firent par la suite de nombreuses réapparitions dans la
carrière du personnage, tels l’Homme de Sable (The Sandman), Dr. Octopus, le Lézard (The Lizard), le
Vautour (The Vulture), Electro, le Bouffon Vert (The Green Goblin), Kraven ou Mysterio. Six d’entre
eux, les plus dangereux, se groupèrent même sous le nom des Sinister Six dans un Annual
mémorable, constituant sans doute l’une des plus graves menaces auxquelles Spider-Man dut faire
face. Par comparaison, le successeur de Ditko sur la série, John Romita, ne créa, sur une durée
égale, que trois super-vilains (The Shocker, The Rhino, et The Kingpin), dont seul le Caïd (Kingpin)
conserva plus tard quelque importance.
La pérennité des super-vilains de Ditko pourrait s’expliquer en grande partie par le fait que nombre
d’entre eux sont réductibles à de la matière brute, à un matériau, ou à une partie du corps qui les
résume et leur imprime une dynamique propre. Toutes ces caractéristiques, constitutives de la
conception des personnages, sont redoublées et mises à profit par le talent de Ditko lorsqu’il les met
en action. Ce n’est pas tant à des super-ennemis que Spider-Man doit faire face qu’à des ailes qui
l’étourdissent de leur battement frénétique, des tentacules qui l’étouffent de leur étreinte
oppressante, du sable vivant qui file entre les doigts ou se durcit comme la pierre, des écailles au
contact rugueux, un déchaînement de décharges électriques, la boucle serpentine d’un lasso, des
vapeurs laiteuses qui lui obstruent la vue, ou sulfureuses, qui lui piquent la gorge, une crinière à
l’odeur fauve, de l’or lisse et presque sensuel au toucher, ou encore un dard d’une précision
mortelle. Pour emprunter au vocabulaire de la stylistique, on peut dire que les super-vilains de Ditko
fonctionnent selon le procédé de la synecdoque, figure de rhétorique qui consiste notamment à
prendre la matière pour l’objet et la partie pour le tout. Pour certains de ces personnages, nul besoin
de costume, puisque leurs pouvoirs leur font une seconde peau. Les transformations qu’ont subies
certains d’entre eux sont irréversibles, ce qui les rend d’autant plus tragiques.
Dès le premier numéro d’Amazing Spider-Man apparaît le Caméléon, maître du maquillage au
visage doté de traits neutres (un nez inexistant, une bouche et des yeux réduits à des fentes),
comme un patron de couture sur lequel il est possible d’ajouter n’importe quelle déclinaison
morphologique. Le Caméléon prend l’apparence de Spider-Man pour lui faire endosser la
responsabilité du vol des plans d’un missile. La deuxième histoire du second numéro introduit The
Tinkerer (le Bricoleur), en réalité un extra-terrestre qui a pris l’apparence d’un vieux réparateur de
postes radio pour préparer l’invasion de la Terre. À la fin de l’histoire, Peter Parker se retrouve avec le
masque flasque et hideux du Tinkerer pour tout souvenir de cette aventure, comme s’il ne s’agissait
que de mettre bas les masques pour rétablir l’ordre du monde. Dès le début, la maîtrise de l’illusion
ou du déguisement est donc représentée comme une menace, d’autant plus insidieuse qu’elle fait
jouer des ressorts psychologiques plus subtils que ceux auxquels ont recours les super-vilains
clairement identifiés comme malfaisants.
L’illusion va ainsi prendre une part de plus en plus importante dans la série. Le n°10 est important en
ce sens, puisqu’il introduit le premier d’une longue lignée de truands décidés à organiser la pègre de
New York, The Big Man. Son masque, apparemment fait de cuir, présente des traits déformés, à la
limite du grotesque, reflétant le changement radical de la personnalité de celui dont il dissimule le
visage, Frederick Foswell, reporter gringalet et timide en charge des affaires criminelles au Daily
Bugle. Pour achever la transformation, il a recours à des souliers surélevés, un costume rembourré et
un modulateur vocal. Autant dire que Foswell est bien le dernier suspect aux yeux de Spider-Man,
qui soupçonne plutôt J. Jonah Jameson d’être le Big Man.
Au fil des numéros suivants, Ditko atteint le sommet dans la création de super-vilains dont les
costumes bigarrés ne cachent pas moins une réelle menace. Le premier est Mysterio, ancien
ingénieur en effets spéciaux passé maître de l’illusion. Comme le Caméléon, Mysterio commet ses
crimes en laissant dans son sillage l’illusion que Spider-Man en est le responsable, mais avec l’affront
supplémentaire de se faire engager comme seul recours contre la menace qu’est censé représenter
Spider-Man. Le stratagème fonctionne si bien que Peter Parker doute de sa santé mentale et
manque consulter un psychiatre. Le n°14 poursuit dans cette voie, avec l’apparition du Bouffon Vert
(Green Goblin). Celui-ci, assisté des Enforcers, tente de supprimer Spider-Man sous le prétexte de
tourner un film. Spider-Man se laisse prendre au jeu avant de déceler le piège. Ironiquement,
l’irruption de la force brute (en la personne de Hulk, caché dans une grotte des alentours) met un
terme à la confrontation, faisant ainsi échouer le stratagème du Bouffon Vert. Mais cette irruption
signale aussi l’échec de Spider-Man qui, victorieux contre les Enforcers, ne parvient cependant pas
à capturer le Bouffon. Le personnage principal apparaît du même coup d’autant plus ambigu, pris
entre l’illusion dont il use lui-même (par son masque et son costume) et la force brute (sa force
arachnéenne). Quant au Bouffon, la question de son identité restera sans réponse jusqu’au n°39, où
l’on découvre qu’il est Norman Osborn, père du colocataire de Peter Parker et industriel dans le
secteur de la chimie. La version Lee-Romita du Bouffon Vert porte la dissimulation à son comble,
mais également l’auto-dissimulation symptomatique de la schizophrénie, puisque lui-même, frappé
d’amnésie, ne sait pas qu’il est le Bouffon. La question de son identité demeura non seulement un
mystère pour les lecteurs, mais fut également source de tensions entre Stan Lee et Steve Ditko. Le
n°15 voit l’introduction de Kraven, un aventurier déterminé à capturer Spider-Man pour l’ajouter à
son tableau de chasse. Il se fait assister en cela par le Caméléon. La force et l’illusion sont donc
cette fois réunies dans une alliance redoutable. Le Caméléon, prenant l’apparence de Kraven, fait
office d’appât et de leurre. Les scènes se déroulant dans l’appartement du Caméléon offrent
également un aperçu de la collection de masques qui tapisse les murs de son intérieur.
Au n°23, le Bouffon Vert fait irruption pour la troisième fois dans la carrière de Spider-Man, en même
temps que Jameson rembauche Foswell tout juste sorti de prison. Le Bouffon donne toutes les
apparences d’aider la police en démantelant des gangs, mais il le fait en réalité dans l’intention
d’en reprendre le contrôle et de devenir un chef de la pègre. Cette histoire, qui se poursuit et se
dénoue aux numéros 26 et 27, transporte Spider-Man dans des milieux qu’il n’avait jusque-là que très
peu fréquentés, ceux de la pègre. Au cours de ces numéros, la thématique des masques, des
fausses apparences et de la crise identitaire reprend ses droits. Le titre du n°26 (« The Man in the
Crime-Master’s Mask ») suggère, tout comme le titre de l’histoire de Dr. Strange dans Strange Tales
136, qu’un masque est un réceptacle qui, plus qu’un visage, cache tout un homme. L’identité du
Crime Master, rival du Bouffon dans la conquête de la suprématie des gangs, demeure inconnue du
lecteur jusqu’au n°27, où l’on découvre qu’il n’était qu’un truand de moindre importance, Nick «
Lucky » Lewis. Comme Spider-Man le fait remarquer, les coupables ne sont pas toujours ceux que
l’on suspecte. Tout au long de cette aventure, les soupçons pèsent en effet lourdement sur Frederick
Foswell, dont on peut tour-à-tour penser qu’il est le Bouffon Vert et le Maître du Crime. Il n’use
cependant d’aucun de ces masques, mais d’un troisième, celui de Patch (qui tire son nom du
bandeau qu’il a sur l’œil), une personnalité qui lui sert à infiltrer les bas-fonds pour informer la police.
En utilisant un déguisement pour se procurer des renseignements qu’il ne pourrait obtenir par la voie
habituelle, il préfigure le personnage de The Question. En faisant de Foswell un vrai repenti, Ditko
atteste également qu’il pense qu’un individu peut se racheter aux yeux de la société après avoir
payé pour ses méfaits, un aspect qui réapparaîtra plus tard dans une histoire de Mr. A.
Le thème de l’illusion est porté encore plus loin avec le n°24, où Spider-Man se croit devenu fou
lorsqu’il est confronté aux apparitions fugitives de ses anciens ennemis. Cette histoire fait écho au
n°13, où il avait failli consulter un psychiatre. Il va cette fois jusqu’au bout de sa démarche et
consulte le Dr. Ludwig Rinehart, qui le conforte dans l’idée qu’il est schizophrène et manque lui faire
avouer son identité au moment où Jameson fait une entrée providentielle. L’ironie veut que ce soit
Jameson, qui se plaît à affubler Spider-Man de fausses apparences qui sorte Spider-Man des illusions
dans lesquelles l’avait plongé Rinehart. En effet, celui-ci est en réalité Mysterio, qui s’est fait passer
pour un éminent psychiatre aux yeux de Jameson et dont la préférence pour l’affrontement sur le
terrain psychologique ne s’est pas démentie. En le dénonçant comme charlatan, Jameson lui fait
mettre bas les masques, mais à son propre désavantage. J. Jonah Jameson est pris entre son besoin
d’illusions (l’image d’homme généreux qu’il veut donner en rembauchant Foswell, les « micro trottoirs
» dont il ne retient que les avis hostiles à Spider-Man, l’illusion qu’une menace telle que le Scorpion
peut supprimer Spider-Man sans se retourner contre la société, etc.) et une certaine quête de la
vérité propre à sa fonction de journaliste (l’aide apportée à la police grâce aux renseignements
obtenus par Foswell, et dans ce cas la révélation que Rinehart est un imposteur).
Au numéro suivant, subtilité et doigté l’emportent encore sur la force brute, puisque Spider-Man,
emprisonné par l’étreinte implacable d’un robot programmé pour le détruire (inventé par le
professeur Spencer Smythe et télécommandé par Jameson), doit mobiliser les connaissances
scientifiques de Peter Parker pour le désactiver. Lorsque Jameson et Smythe se précipitent sur les
lieux de la confrontation, ils trouvent Spider-Man toujours à la merci du robot. Cette illusion (que le
lecteur partage, puisqu’il n’a pas vu le personnage se libérer) est dissipée aussitôt que Jameson
retire le masque : ce n’est qu’un costume vide, que Peter manipulait d’en haut à l’aide de fils de
toile, tel un marionnettiste. Et pour rester dans le domaine de l’illusion ou de la dissimulation, ce
numéro voit également l’introduction de Mary Jane Watson, dont le visage est chaque fois dissimulé
par quelque élément au premier plan (de la même façon que celui du Bouffon Vert était caché par
la porte de son coffre mural dans les numéros 14 et 17). Dans une série où tant de personnages ont
deux, voire trois visages, Mary Jane est la seule à n’en avoir aucun. Lorsqu’il rentre chez lui, Peter est
accueilli par tante May qui lui présente son costume de rechange, qu’elle a trouvé dans ses affaires
! Il se justifie en ces termes : « ce n’est qu’un déguisement ». Les apparences sont sauves.
Après l’aventure du Crime Master se succèdent trois numéros où l’on assiste tour-à-tour à la
naissance du Molten Man, au retour du Scorpion, et à la menace du Chat. Ce dernier numéro, le 30,
offre un exemple du manque de communication qui s’était déjà instauré entre Stan Lee et Steve
Ditko. Dans cette histoire, Spider-Man combat en effet deux menaces distinctes : un cambrioleur de
petite envergure qui s’appelle lui-même The Cat Burglar, ou The Cat, et un petit groupe d’hommes
en uniforme qui volent un chargement radioactif et qui font allusion à leur chef comme étant… The
Cat. En réalité, ces hommes sont ceux du Master Planner, alias Dr. Octopus, et préparent le terrain
pour les trois épisodes suivants. La confusion fut telle que de nombreux lecteurs ne manquèrent pas
de la signaler. Le manque de cohérence dans les dialogues provint de ce que Ditko, qui avait
entièrement pris les rênes pour le scénario depuis le n°18 (situation officialisée avec les crédits du
n°25), s’était totalement immergé dans la série et n’avait plus avec Stan Lee, cantonné au rôle de
dialoguiste, que des contacts ponctuels. Un autre dérapage de ce genre arrive au n°33, où SpiderMan se fait cette réflexion : « Cela confirme mes soupçons sur Foswell. Il doit être le Maître du Crime !
», alors que l’identité du Crime Master avait été révélée au n°27.
Le chant du cygne de Ditko sur la série est sans conteste l’histoire qui se développe au fil des trois
épisodes suivants, les numéros 31 à 33. Après avoir reçu son diplôme au n°28, Peter vient d’entrer à
l’Empire State University, et un nouveau réseau de relations commence à se nouer, notamment
avec l’introduction de Gwen Stacy et Harry Osborn. Mais Peter est trop préoccupé par l’état de
santé de sa tante, qui est au plus mal : son sang se détériore à cause d’une transfusion antérieure
faite avec le sang radioactif de Peter. Spider-Man s’attache l’aide précieuse du Dr. Curtis Connors,
alias le Lézard. Le seul remède est un isotope, l’iso-36, mais celui-ci est volé par les hommes du
Master Planner. Spider-Man se déchaîne alors comme on ne l’a jamais vu, menant une course
désespérée contre la montre pour récupérer l’isotope. Le moment le plus poignant intervient au
cours des cinq premières pages du n°33, où Spider-Man, enseveli sous une masse de débris après
qu’il a vaincu Dr. Octopus (le Master Planner) et détruit en partie sa base sous-marine, parvient à se
dégager au prix d’efforts surhumains, et à la pensée des deux êtres qui lui sont les plus chers au
monde, sa tante May et son oncle Ben. Ces cinq pages (dont la dernière, un pleine page, est
fortement évocatrice du style de Gil Kane) sont restées gravées dans la mémoire de nombreux
lecteurs, et résument à elle seules toute l’essence du personnage, tout ce qui le motive : la volonté
inaltérable de faire front, de continuer à lutter en dépit des obstacles insurmontables, pour ceux qu’il
aime ou pour une société qui ne lui en est pas toujours reconnaissante mais dont la protection fait
partie des responsabilités incombant à celui qui détient un pouvoir qui le place au-dessus de cette
société. Pour Ditko, déjà imprégné de la philosophie d’Ayn Rand, cette dignité et cet idéalisme font
toute l’étoffe des héros.
Par comparaison avec cette saga mémorable, les épisodes suivants paraissent un peu ternes.
Kraven fait son retour au n°34, où il agresse Jameson à plusieurs reprises en se faisant passer pour
Spider-Man afin d’attirer celui-ci. Au n°35, le Molten Man fait lui aussi son retour, et prend plusieurs
déguisements pour commettre ses vols. Il semblerait que le goût du déguisement soit devenu une
seconde nature pour tous les super-vilains de la série. Enfin, dans les trois derniers numéros, SpiderMan est confronté à trois ennemis de moindre envergure, The Looter (le Pilleur, dont les pouvoirs
proviennent d’une météorite), puis le professeur Stromm et ses deux robots, et finalement un boxeur
raté qui se retrouve accidentellement doté de pouvoirs alors qu’il tourne dans un film. Comme toute
série, The Amazing Spider-Man connaît ses moments forts et ses accalmies, et les derniers numéros
de Ditko devaient précéder la confrontation décisive avec le Bouffon Vert. Mais le départ précipité
de Ditko allait donner à la série son second artiste en la personne de John Romita. Celui-ci lui imposa
sa marque au même titre que Ditko, et reste pour certains la référence obligée, en particulier pour
l’esprit résolument sixties qu’il insuffla à la série et sa capacité (héritée des nombreuses histoires de
romance qu’il dessina chez DC puis Marvel) à dessiner les personnages féminins, notamment ceux
de Mary Jane Watson (il fut le premier à lui donner un visage) et de Gwen Stacy. Quoi qu’il en soit,
on ne peut nier l’importance, l’originalité et la valeur fondatrice de la contribution de Ditko aux trois
premières années de la série. Il n’est qu’à voir le nombre d’éléments et de thèmes qui s’y trouvent
déjà et qui furent par la suite réutilisés pour constituer autant de jalons décisifs dans la vie de SpiderMan.
Article publié dans neuvièmeart 2.0 en janvier 2010.
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