DAD-6 - DIU MA2

Transcription

DAD-6 - DIU MA2
Synthèse
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014 ; 12 (3) : 247-60
DAD-6 : version abrégée de la DAD
(disability assessment for dementia)
Outil de détection d’une perte
d’autonomie précoce
DAD-6: an abbreviated version of the DAD scale
(disability assessment for dementia)
An instrument for detection of loss of autonomy
at an early stage
Jocelyne de Rotrou
Ya-Huei Wu
Leila Djabelkhir
Marie-Laure Seux
Laurence Hugonot
Anne-Sophie Rigaud
Olivier Hanon
Jean-SÉbastien Vidal
CMRR, Hôpital Broca (AP-HP) & EA
4468, Université Paris Descartes, Paris,
France
<[email protected]>
doi:10.1684/pnv.2014.0476
Tirés à part :
J. de Rotrou
Résumé. Cet article présente la version française de la DAD-6, un outil validé dans
l’évaluation des capacités à réaliser les IADL (instrumental activities of daily living) ou activités intentionnelles et complexes de la vie quotidienne. L’évaluation du degré de perte
d’autonomie demeure un critère majeur de différenciation entre trouble cognitif léger,
démence et sujets normaux. Il existe plusieurs échelles évaluant les IADL, mais la vérification de leurs propriétés psychométriques s’est souvent révélée insuffisante. C’est dans
un contexte d’amélioration du diagnostic précoce de la démence que la DAD-6 a été conçue.
Cet outil est fondé sur la mise en exergue des fonctions cognitives requises dans la réalisation des IADL et essentiellement les fonctions exécutives. Le travail actuel montre la
fidélité de l’outil. Une utilisation du questionnaire avec les mêmes informants par un neurologue et deux neuropsychologues, séparément, ont montré une excellente concordance
entre les différents évaluateurs (alpha de Krippendorff > 0,80). Le présent travail a aussi
permis d’identifier et de classer les principaux biais inhérents aux évaluations subjectives.
Les auteurs proposent de clarifier les liens théoriques entre fonctions cognitives et IADL
et suggèrent une définition précise des IADL. Ils soulignent l’intérêt d’une évaluation des
IADL par des professionnels formés à la neuropsychologie.
Mots clés : fonctions exécutives, IADL, activités de vie quotidienne, perte d’autonomie
Abstract. This paper presents the French version of DAD-6, a validated instrument for
the assessment of IADL (instrumental activities of daily living) considered as intentional
and complex activities. A loss of autonomy remains a major criterion in the diagnosis of
dementia. In addition, IADL assessment is recommended as a primary outcome in dementia drug trials. Since the publication in 1969 by Lawton and Brody of an IADL scale, many
instruments have been developed. However, their psychometric properties remain to be
improved. The need for improving the early diagnosis yielded to the design of DAD-6, an
instrument allowing capturing subtle difficulties in IADL management. The DAD-6 scale
emphasizes the role of the cognitive function, mainly the executive function in early IADL
impairment. DAD-6 requires the participation of an informant (a patient’s proxy). Relative to
patients’ self-reports or performance-based methods, informant-based questionnaires are
the most common and practical methods used in memory clinics. In previous work, DAD-6
score gradually decreased with increasing severity of the cognitive status. The present work
shows the inter-rater reliability of DAD-6. The use of the scale with the same informants by
one neurologist and two neuropsychologists, separately, indicated a high agreement between raters (alpha of Krippendorff > 0.80).This work also highlights the main sources of
bias in the context of evaluation based on subjective judgement. The authors stress the
necessity of: 1 – a clarification of the relationship between cognitive function and IADL; 2
– the measurement of IADL performance in a routine neuropsychological assessment by
experienced professionals.
Key words: executive function, IADL, daily living activities, loss of autonomy
Pour citer cet article : de Rotrou J, Wu YH, Djabelkhir L, Seux ML, Hugonot L, Rigaud AS, Hanon O, Vidal JS. DAD-6 : version abrégée de la DAD
(disability assessment for dementia) Outil de détection d’une perte d’autonomie précoce. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014; 12(3) :247-60
doi:10.1684/pnv.2014.0476
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J. de Rotrou, et al.
Intérêt de l’évaluation des activités
instrumentales de haut niveau
dans la détection
du déclin cognitif précoce
La perte progressive de l’autonomie dans les activités
de vie quotidienne, associée à la détérioration progressive des fonctions cognitives, demeure un critère majeur
dans le diagnostic clinique de la maladie d’Alzheimer et des
maladies apparentées [1]. De plus, un intérêt croissant est
porté à l’évaluation de l’impact des interventions médicamenteuses et non médicamenteuses, du point de vue non
seulement de l’évolution de scores aux tests cognitifs mais
aussi du point de vue de la signification clinique de cette évolution de scores. Ce point soulève une question : l’évolution
positive, nulle ou négative de scores cognitifs peut-elle être
authentifiée dans la vie quotidienne ? Autrement dit : quelle
est la signification dans la vie réelle d’une augmentation ou
d’une perte de X points aux tests ? Nous n’avons pas de
réponse précise. Mais poser cette question, c’est aborder
le problème du fonctionnement des personnes dans leur
environnement réel et leur vie quotidienne et pas seulement dans les tests. La perte d’autonomie pouvant conduire
à une perte de l’estime de soi et de la qualité de vie pour la
personne elle-même et pour son entourage, il est pertinent
de faire de l’évaluation de l’autonomie instrumentale un critère de jugement majeur. Ce point a été souligné dans les
recommandations de la Food and drug administration [2].
De fait, la nécessité de disposer d’outils rigoureusement validés et susceptibles de documenter sur l’état des
personnes de ce double point de vue, psychométrique
en termes de scores aux tests, et fonctionnel en termes
de capacités à réaliser des activités courantes, s’impose
aujourd’hui.
Cependant, si l’évaluation des troubles de la mémoire
et du langage ou des troubles psycho-comportementaux se
révèle globalement satisfaisante par les examens de routine des consultations mémoire, il n’en est pas de même
pour les fonctions exécutives et pour l’autonomie fonctionnelle. Le fonctionnement exécutif est un concept générique
qui recouvre plusieurs composantes, telles que la flexibilité mentale, les capacités à inhiber des interférences et à
entreprendre des activités dirigées vers un but ainsi que la
capacité d’anticipation [3]. Au sein de ce système exécutif, on trouve des fonctions distinctes avec des corrélations
assez modérées entre elles [4]. Les fonctions exécutives
sont souvent très précocement touchées dans un processus dégénératif [5-7]. Elles sont cependant méconnues et
généralement sous-évaluées.
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De même, l’autonomie fonctionnelle demeure un
concept imprécis et également trop souvent sous-estimé.
Pourtant le rôle des fonctions exécutives est prépondérant dans les activités élaborées de vie quotidienne [8-10].
La gestion autonome de ses finances personnelles ou la
planification d’activités dans le temps et l’espace en sont
des exemples. Dans la publication en 1969 de l’échelle
IADL (instrumental activities of daily living) de Lawton et
Brody sur l’évaluation de l’autonomie [11], les activités
instrumentales sont différenciées des activités dites « de
base » (BADL). Celles-ci correspondent aux tâches routinières, sur-apprises et automatisées, telles que se laver
ou s’habiller. Depuis cette approche, aujourd’hui courante,
nous constatons que les AVQ sont encore décrites, en
termes d’opposition IADL versus ADL. Décrire n’est cependant pas définir. Dans une recherche bibliographique, nous
n’avons pas trouvé de définition précise du terme « instrumental ». Ce terme n’apparaît pas dans la publication
de Lawton et Brody. Dans la littérature, ce terme apparaît
dans le contexte du développement mental pour désigner
les capacités qui permettent les apprentissages par conditionnement [12]. Dans les domaines de l’orthophonie et
de l’ergothérapie, les fonctions instrumentales renvoient
aux activités phasiques, gnosiques et praxiques [13]. Dans
une revue récente, Sikkes et al. proposent une définition
des IADL, acceptée par un groupe d’experts : « Les IADL
sont des activités complexes impliquant peu les aptitudes
automatisées, et pour lesquelles de multiples processus
cognitifs sont nécessaires » [14]. Dans cette revue, le terme
instrumental n’est pas défini, et le terme « complexe » est
assez peu explicité. À défaut de pouvoir définir le terme
instrumental, nous pensons que la définition du terme
« complexe » pourrait ajouter de la précision à la compréhension des IADL et à leur évaluation. Il nous a semblé
pertinent de cibler les fonctions cognitives qui sous-tendent
les IADL, notamment les fonctions exécutives mises en
œuvre dans les comportements intentionnels. Toute activité élaborée implique l’interaction de multiples fonctions
cognitives, mais aussi la détermination explicite ou implicite
d’un but, une prise de décision, un plan d’action, un contrôle
de l’adaptation de l’activité par rapport au but déterminé.
Ces activités exécutives, sont dites de haut niveau car elles
impliquent le cortex frontal, nécessitent la gestion de stratégies et une organisation hiérarchisée, dans la mesure où
la réalisation d’une étape dépend du contrôle des autres [4].
De fait, sont dites complexes, les activités qui relèvent
de multiples processus cognitifs incluant des processus
de haut niveau, les processus contrôlés, c‘est-à-dire la
gestion d’opérations de prise de décision, d’organisationplanification, de sélection-inhibition (fonction exécutive
cardinale). Les activités de haut niveau désignent celles
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
DAD-6 : version abrégée de la DAD
qui mettent en œuvre l’intégration d’informations nouvelles
et/ou complexes, sélectionnées et contrôlées, en réponse
à un but. Il s’agit de fait d’activités intentionnelles, nécessitant une gestion « top-down » et « bottom-up » [15-17] sous
le contrôle d’un large réseau neuronal incluant le cortex
pré-frontal.
En conséquence, la prise en compte de données
publiées et notre pratique clinique et de recherche nous
ont incités à compléter la définition de Sikkes. Nous suggérons la définition suivante : « Les IADL sont des activités
intentionnelles et complexes, nécessitant des processus
contrôlés de haut niveau, en réponse aux besoins des individus, principalement liés aux situations nouvelles et/ou
exigeantes en termes de ressources cognitives ». Dans
un travail commun avec Sikkes [18], compte tenu de la
proximité des deux définitions, nous avons opté pour
une définition commune : « Les IADL sont des activités
intentionnelles et complexes pour lesquelles de multiples
fonctions cognitives sont nécessaires, particulièrement les
processus contrôlés de haut niveau ».
Depuis la publication de Lawton et Brody, de nombreux
travaux ont été publiés sur les IADL [19, 20] et ont fait émerger une conception actuelle plus sophistiquée et fondée sur
la mise en exergue des fonctions exécutives dans la réalisation des AVQ. Cette conception a servi de support théorique
à l’échelle DAD (disability assessment for dementia » [21].
Par ailleurs, dans une revue de l’état de l’art sur les
échelles d’évaluation de l’autonomie fonctionnelle, plusieurs auteurs ont pointé la faiblesse des caractéristiques
métrologiques de la plupart de ces outils [20]. La DAD et la
Bristol ADL [22] ont été cependant classées comme étant
les deux échelles répondant le mieux aux critères métrologiques de validation. Depuis sa parution, la DAD a été
largement sélectionnée comme critère d’évaluation dans
les études pharmacologiques et non pharmacologiques
[23, 24]. Cependant, la DAD est un outil long, peu pratique
pour une utilisation en consultation mémoire et susceptible
d’amélioration par rapport à l’objectif d’un diagnostic aux
stades les plus précoces des démences.
Dans le contexte des consultations mémoire, la pauvreté de l’évaluation du système exécutif et la faiblesse
métrologique des échelles d’autonomie nous ont semblé
constituer des freins au diagnostic précoce de la démence.
Le souci d’améliorer ce diagnostic précoce a été à l’origine
d’un travail sur la DAD, qui a consisté en la validation d’une
version abrégée : la DAD-6 [25]. Les résultats de la validation de la DAD-6 étant publiés, nous n’en donnons ici qu’un
bref résumé. Le présent travail complète le précédent qui
portait sur la validité discriminante, la vérification de la sensibilité et de la spécificité de DAD-6, et inclut les résultats
de l’étude de la fidélité inter-juges de l’échelle.
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
Description de la DAD-6
La DAD-6 a été réalisée à partir de l’échelle DAD avec
l’autorisation des auteurs. La DAD évalue 10 domaines
d’activités : basiques, instrumentales et psychosociales.
Cet outil a retenu notre attention parce qu’il mettait
l’accent sur les fonctions exécutives sous-jacentes à la
réalisation des activités de vie quotidienne. Notre objectif initial étant d’améliorer le diagnostic précoce des
démences, nous avons adapté la DAD à la détection
d’une perte d’autonomie précoce, en ne conservant que
les activités instrumentales, les activités de base étant
généralement tardivement préservées dans les démences
neurodégénératives. De plus, nous avons simplifié la
cotation dans le but de faciliter la standardisation de
l’utilisation.
On trouvera en annexe l’échelle en version française et
les instructions de passation et cotation (Annexe 1).
Comme pour la DAD, la DAD-6 est un questionnaire
d’hétéro-évaluation (informant-based questionnaire), d’une
durée de 5 à 10 minutes. Le questionnaire est rempli au
cours d’un entretien structuré avec un informant (conjoint,
enfant, proche). En l’absence d’informant, le questionnaire
peut être rempli par téléphone. Il est important d’évaluer
ce que fait le patient actuellement et effectivement, et non
ce qu’il serait capable de faire. Ce que fait le patient sans
aide ni rappel fournis par l’entourage. Ce qu’il fait ou ne
fait plus comme il le faisait auparavant (avant l’expression
des difficultés). Les questions sont formulées de la manière
suivante : « est-ce que votre époux (se), père, mère. . . sans
aucune aide et sans rappel, comme il (elle) le faisait auparavant, entreprend de téléphoner ou de gérer son courrier,
par exemple, à un moment opportun? ».
Les modifications faites pour la DAD-6 sont résumées
comme suit :
1) La DAD-6 évalue 6 domaines d’activités complexes : alimentation, communication, déplacements, finance/
correspondance, prise de médicaments, loisirs/travaux
domestiques.
2) L’évaluation de chacune des activités comporte 3
séries de questions correspondant aux 3 facteurs exécutifs
de la DAD : prise de décision-initiation, planificationorganisation, réalisation adaptée. Dans la DAD-6, chacune
des questions est détaillée. Des exemples sont proposés
à l’informant de façon à accroître la possibilité de donner
la réponse qui correspond le mieux à l’état du patient. Par
exemple, pour l’activité « alimentation », si le patient n’a
jamais cuisiné ou ne cuisine plus, l’évaluateur peut poser
des questions sur ses capacités à :
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J. de Rotrou, et al.
et permettent ainsi de différencier l’apathie de la dépression. Concernant les réponses « non S/M », l’évaluateur les
prend en compte comme cela est fait avec les tests.
L’avantage de la distinction des réponses « non » introduite dans la DAD-6 est donc précisément de permettre à
l’évaluateur de faire la différence entre un trouble cognitif,
psycho-thymique, et un handicap sensoriel ou moteur. Une
personne peut ne pas pouvoir prendre ses médicaments à
cause d’une DMLA par exemple tout en demeurant capable
de gérer cette activité en s’organisant en conséquence.
Lorsque le patient présente les deux types de troubles (sensoriel et cognitif), l’évaluateur essaye avec l’informant de
cerner le trouble dominant.
6) Le temps de passation de la DAD-6 est d’environ
5 minutes pour un évaluateur expérimenté. Certains informants peuvent souhaiter des informations sur les difficultés
de leur proche ou des conseils, ou être rassurés. Dans ce
cas, le temps passé avec l’informant peut être plus long.
En l’absence de temps disponible, l’évaluateur peut proposer un entretien, en dehors du contexte de l’examen du
patient, ou orienter vers un psychologue pour un soutien
psychothérapique ou vers un programme psycho-éducatif
d’accompagnement des aidants.
– se procurer de quoi s’alimenter en l’absence du conjoint
(plats cuisinés, produits surgelés, restaurant, commande
par téléphone pour une livraison à domicile) ;
– utiliser en toute sécurité un micro-onde, un four ou autres
appareils électroménagers, etc. Les questions doivent être
formulées principalement en fonction des habitudes, de
l’âge-génération, du sexe, du niveau socioculturel, des
centres d’intérêt et de l’histoire de vie de chaque patient.
Pour les 3 facteurs de chacune des 6 activités,
l’évaluateur arrive la plupart du temps à obtenir une réponse.
De fait, l’option « non applicable » de la DAD devient quasiment improbable dans la DAD-6. Lorsque l’informant ne sait
pas répondre, l’évaluateur l’encourage à fournir la réponse
la plus appropriée, en lui disant par exemple : « c’est plutôt
oui ou c’est plutôt non ». Si l’informant n’arrive toujours pas
à donner une réponse, c’est à l’évaluateur de trancher sur
la réponse la plus plausible fondée sur les éléments du discours de l’informant ou sur ses réponses antérieures. Dans
le contexte d’un examen neuropsychologique, l’évaluateur
peut fonder son appréciation sur les résultats aux tests.
3) La référence aux deux dernières semaines, présente
dans la DAD a été supprimée dans la DAD-6. Cette référence
était adaptée pour les ADL du fait de leur caractère routinier,
mais semblait trop restrictive pour les IADL, en donnant
aux informants l’impression d’être contraints de se référer
avec précision aux deux dernières semaines. Dans la DAD6 les questions concernent la période actuelle, c’est-à-dire
les semaines récemment passées.
4) La réponse de l’informant est cotée « oui » ou « non ».
Chacune des réponses est cotée 1 point. Pour chacune
des activités, le score varie de 0 à 3 (correspondant aux
3 facteurs). Le score final le plus pertinent correspond à la
somme des « oui ». Le score maximum est de 18 (6 × 3),
correspondant à 18 réponses « oui ». Plus le score est
élevé, plus le patient est autonome. Outre le score global
(de 0 à 18), 3 sous-scores « exécutifs » (de 0 à 6 chacun)
peuvent être obtenus en additionnant séparément les 6
scores « initiation », « planification », « réalisation ». Plus
les sous-scores exécutifs sont bas, plus les composantes
exécutives sont altérées.
5) Les réponses « non » sont classées dans 3 catégories
qui permettent d’attribuer une étiologie à chaque incapacité : La personne peut avoir des difficultés pour des raisons
cognitives (COG), sensorielles ou motrices (S/M) ou liées à
un état dépressif (DEP). Lorsque l’informant a des difficultés à différencier une réponse « non COG » d’une réponse
« non DEP », l’évaluateur peut énoncer les critères de la
dépression (sentiment d’inutilité ou de culpabilité, autodépréciation, humeur triste, pleurs, fatigue, anticipations
négatives, ruminations d’idées noires, somatisation. . .). Ces
critères aident généralement à clarifier et à coter la réponse
Dans l’étude sur la validité de la DAD-6, nous avons
montré la pertinence de l’outil dans la détection d’une
perte d’autonomie précoce due à des troubles cognitifs.
Nous avions formulé l’hypothèse que la DAD-6 pourrait
discriminer le MCI exécutif du MCI multi-domaines, et
ce dernier, des patients souffrant de démence légère,
comparativement à des sujets normaux. Nous nous
sommes intéressés à une population de sujets présentant
un trouble cognitif léger ou une démence débutante, que
nous avons comparée à un groupe de sujets indemnes de
toute pathologie susceptible d’altérer le fonctionnement
cognitif et l’état psycho-thymique. Les résultats ont montré
que tous les sujets sains obtenaient le score maximal
de 18 et que le score baissait au fur et à mesure que la
sévérité des troubles cognitifs augmentait. Nos résultats
sont concordants avec certains travaux effectués sur la
DAD [26, 27]. Pour un score seuil à 14, la DAD-6 différencie
des patients MCI des patients atteints d’une démence
débutante, avec une sensibilité à 0,83 et une spécificité
à 0,84. Un score seuil à 15 différencie des patients MCI
dysexécutif des patients MCI multi-domaines, avec une
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Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
La DAD-6 : validité discriminante
pour le diagnostic précoce
de la démence
DAD-6 : version abrégée de la DAD
sensibilité à 0,96 et une spécificité à 0,54. Ainsi, la DAD-6
s’est révélée un outil valide et pratique dans la détection
d’une perte d’autonomie précoce.
Étude de la fidélité de la DAD-6
En complément de l’étude de la sensibilité et de la
spécificité, nous avons entrepris l’étude de la fidélité de
la DAD-6. La vérification de la fidélité des tests, questionnaires ou échelles est une étape incontournable dans
leur élaboration car ce critère justifie de la stabilité et de
la fiabilité des résultats. La fidélité désigne la mise en
évidence de résultats similaires pour un même patient,
mais évalué à des périodes différentes ou par des évaluateurs différents à la même période. Il existe différents
types de fidélité et différentes méthodes d’évaluation de
ce critère. Le choix dépend de l’objectif et du contexte
d’utilisation de l’outil. Dans le contexte du diagnostic
des pathologies démentielles et de leur suivi dans les
consultations mémoire, il est impératif de vérifier la fiabilité
des résultats quels que soient les utilisateurs. Ce type de
fidélité garantit l’utilisabilité de l’échelle par des évaluateurs
différents et la reproductibilité des résultats.
L’objectif de l’étude de fidélité était de vérifier la stabilité
des résultats obtenus à la DAD-6, concernant les mêmes
patients et les mêmes informants, évalués par des investigateurs différents. Nous avons formulé l’hypothèse que
les résultats seraient similaires ou proches pour un même
patient dont l’informant a été interrogé par deux évaluateurs
différents.
consulté étaient informées du fait que les résultats de leurs
examens allaient être intégrés de façon anonyme dans une
base de données à des fins de recherche. Tous les patients
ont donné leur accord pour une interview avec leur informant et tous les informants ont donné leur consentement
écrit pour cette étude.
Procédure
La DAD-6 a été administrée auprès des informants par
deux neuropsychologues et un neurologue expérimentés
et formés à l’utilisation de la DAD-6. Chaque informant a
répondu deux fois aux items de la DAD-6. Ainsi, le questionnaire a été rempli par deux évaluateurs différents, dans
des lieux différents, consécutivement, dans un délai de 5 à
10 minutes.
Analyses statistiques
La concordance inter-évaluateur de la DAD-6 a été évaluée par le calcul de la corrélation intra-classe. Tous les
informants ont rempli la DAD-6 avec le neuropsychologue
n◦ 1, 25 l’ont remplie avec le neurologue et 25 avec le
neuropsychologue n◦ 2. Comme les informants n’avaient
pas été interviewés par les 3 évaluateurs différents, nous
avons utilisé l’indice alpha de Krippendorff [30] qui permet l’analyse de données avec des valeurs manquantes.
La corrélation intra classe a été calculée avec la fonction
kripp.alpha (incluse dans la suite logicielle ‘irr’) dans le logiciel statistique R [31].
Résultats
Méthodes
Participants
Il s’agit d’une étude observationnelle, effectuée auprès
de la population du CMRR de l’hôpital Broca. Nous avons
recruté 50 dyades patients-informants. Les patients ont
été soumis à un bilan gériatrique complet comprenant un
examen clinique, des analyses biologiques, une imagerie
cérébrale, et un bilan neuropsychologique. Le diagnostic
a été porté par un gériatre ou un neurologue. Les participants présentaient soit un fonctionnement cognitif normal,
soit un MCI (selon les critères de Petersen et al. [28]), soit
une maladie d’Alzheimer ou apparentée (selon les critères
du National institute of neurological and communicative
diseases and stroke – Alzheimer’s disease and related disorders association [29]).
L’étude s’étant déroulée dans un CMRR dont l’une des
missions est la recherche clinique, les personnes qui ont
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
Dans cette analyse, 50 dyades ont été incluses. Les
caractéristiques générales de la population de l’étude sont
présentées dans le tableau 1. Il y avait 46 % d’hommes
(N = 23) et la moyenne d’âge était de 79,2 (7,2) ans. Quarante pour-cent (N = 20) des patients avaient un niveau
baccalauréat ou supérieur, 34 % (N = 17) présentaient un
MCI et 66 % (N = 33) souffraient de démence d’Alzheimer
ou maladie apparentée, d’intensité légère à modérée.
L’échelle DAD-6 était complétée dans 48 % (N = 24) des
cas avec l’aide du conjoint, dans 38 % (N = 19) avec l’aide
d’un enfant et 14 % (N = 7) avec l’aide d’un proche. L’indice
alpha de Krippendorff pour les 3 évaluateurs était de 0.88.
Discussion
Ce travail avait pour objectif de présenter le questionnaire DAD-6 en version française, en résumant l’étude sur
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J. de Rotrou, et al.
Tableau 1. Caractéristiques générales des patients.
Table 1. General characteristics of the sample.
la validité discriminante, sensibilité, spécificité, complétée
par une étude sur la fidélité. Cette dernière étude avait
pour but de vérifier la fiabilité des résultats obtenus par
des évaluateurs différents. Une utilisation du questionnaire
avec les mêmes informants par un neurologue et deux
neuropsychologues séparément, ont montré une excellente concordance entre les différents évaluateurs, puisque
l’alpha de Krippendorff était supérieur à 0,80 [32].
Il est à souligner que dans cette étude, les évaluateurs
étaient expérimentés non seulement dans le domaine de
l’évaluation d’adultes âgés, mais avaient été également
intensément formés à l’utilisation de la DAD-6, particulièrement du point de vue des fonctions exécutives sollicitées
dans la réalisation des IADL évaluées par cet outil.
Les résultats sur la validité discriminante de DAD-6 étant
déjà discutés et publiés, nous nous limitons ici aux particularités inhérentes à la fidélité d’un outil fondé sur la
subjectivité.
L’évaluation des IADL s’effectue au moyen de différents types d’outils : l’interview structurée de patients
(self-report), les questionnaires avec un proche du
patient (informant-report), ou les mises en situation des
patients (performance-based assessment) [19]. Chacune
des méthodes d’évaluation a son intérêt et ses limites [18].
L’interrogation de patients souffrant de démence n’est pas
toujours fiable et les mises en situation sont difficilement
réalisables et sont de plus discutables en raison de leur
caractère artificiel. De fait, dans le contexte des consultations mémoire, la méthode la plus recommandée dans
la littérature est l’utilisation d’un questionnaire auprès d’un
proche [14]. Ce type de méthode présente l’intérêt majeur
d’obtenir des informations sur les activités des patients
auprès de personnes qui les connaissent le mieux dans
la vie quotidienne. Toutefois, les informations recueillies
peuvent se révéler biaisées. Il est de fait nécessaire de bien
connaître les sources de biais afin de les contrôler. L’étude
sur la fidélité de DAD-6 s’est révélée particulièrement instructive de ce point de vue.
À partir des données de la littérature et de notre expérience relative à l’utilisation de la DAD et de la DAD-6, nous
suggérons de classer les sources de biais à partir de 4 critères concernant respectivement : le patient, l’informant, le
questionnaire et l’évaluateur.
Concernant le patient, les dissociations du fonctionnement cognitif et la variabilité de l’état psycho-thymique,
inhérentes à la maladie et/ou à l’environnement, peuvent
être à l’origine de difficultés d’appréciation par l’informant.
Le fait que les patients réalisent certaines activités et
pas d’autres, qu’ils les réalisent complètement ou partiellement, à certains moments et pas à d’autres, ou
qu’ils les réalisent seuls, mais pas comme auparavant,
sont quelques exemples d’appréciation difficile par un
proche qui ne comprend pas la maladie ni l’impact de
l’environnement sur le patient. La difficulté la plus importante pour les informants serait de différencier l’apathie
de la dépression. Leur combinaison est fréquente dans
les stades débutants des maladies neurodégénératives.
Un patient qui a des difficultés à initier des activités peut
être perçu par son informant comme étant paresseux ou
déprimé. Il appartient à l’évaluateur de lever l’ambiguïté
en demandant à l’informant de répondre aux questions
correspondant aux symptômes de la dépression. Les
réponses permettent généralement de trancher en faveur
de l’apathie exécutive ou de la dépression.
Concernant l’informant, les données de la littérature
montrent que les perceptions subjectives sont corrélées à
l’état de santé physique et mentale [33] ; un mauvais état de
santé induisant des perceptions négatives. L’âge, le sexe,
le lien de parenté avec le patient, le niveau d’éducation, la
qualité des relations avec le patient antérieurement à sa
maladie font partie des sources de biais [34]. Les conjoints
les plus âgés, ayant longtemps partagé les mêmes tâches,
peuvent avoir du mal à répondre de façon fiable, ne sachant
pas ce que fait l’un sans la contribution de l’autre. Les
femmes sont plus impliquées que les hommes dans
certaines tâches domestiques. Toutefois, les différences
liées au sexe se sont nettement atténuées dans les pays
développés et ne constituent pas une réelle difficulté dans
la DAD-6. Les enfants sont généralement moins impliqués
affectivement que les conjoints. Ils peuvent avoir des
réponses plus objectives, mais peuvent aussi ignorer le
degré d’autonomie de leurs parents dans les IADL. Les
252
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
N = 50
N (%)
Age, M (DS)
79,2 (7,2)
Homme
Niveau d’éducation
Primaire
Secondaire
Baccalauréat ou >
MMSE, M (DS)
Lien de parenté de l’informant
Conjoint
Enfant
Proche
Diagnostic de trouble cognitif
MCI
Démence
23 (46,9)
15 (30,0)
15 (30,0)
20 (40,0)
22,5 (4,5)
24 (48)
19 (38)
7 (14)
17 (34.0)
33 (66.0)
M (DS) : moyenne (déviation standard).
DAD-6 : version abrégée de la DAD
sujets de faible niveau éducatif ont aussi davantage que
les « hauts niveaux » des difficultés à comprendre les
questions ou à exprimer leur jugement. D’un point de
vue psychologique, l’état dépressif, le déni de la réalité,
le fait de ne pas être prêt à entendre une réalité lourde
de conséquences, l’ambivalence, de faibles capacités de
résilience, de gestion du stress, font partie des entraves les
plus fréquentes à la fiabilité des réponses au questionnaire.
Comparativement aux tests qui permettent des
mesures objectives, les questionnaires d’hétéro-évaluation
sont des outils subjectifs, soumis comme nous l’avons vu
aux inévitables distorsions d’appréciation. À notre connaissance, il n’existe pas de modèles théoriques susceptibles
de cadrer les méthodes subjectives d’hétéro-évaluation.
La structure de personnalité de l’informant, dont le rôle
est primordial dans la perception et l’accompagnement
d’un patient dément, ne semble pas avoir fait l’objet
d’une grande attention dans les travaux de recherche.
Des méthodes d’exploitation scientifique des témoignages
des informants, pourraient aussi faire l’objet de travaux
de recherche. Ces recherches permettraient de mieux
identifier le profil des informants et de mieux contrôler
les sources d’erreurs dans les perceptions subjectives.
L’objectif final serait de documenter la notion de fiabilité
de l’informant. Le nombre d’heures passées avec le patient
est un critère quantitatif communément utilisé pour attester de la fiabilité de l’informant. L’étude sur la fidélité de la
DAD-6 nous incite à penser que cette approche quantitative
pourrait être complétée par un critère qualitatif, scientifiquement établi. La personnalité de l’informant et la qualité
des liens relationnels entre l’informant et le patient, avant
l’expression clinique de la maladie, seraient de bons marqueurs qualitatifs, et pourraient faire l’objet de recherches
futures.
La subjectivité n’épargne pas non plus l’évaluateur. La
formulation des questions concernant les mêmes activités
explorées, peut varier consciemment ou inconsciemment
d’un évaluateur à l’autre. Cette variation peut être la conséquence de réponses différentes de la part des informants en
fonction de souhaits conscients ou inconscients émanant
autant des informants que des évaluateurs. Les questionnaires d’évaluation sont des outils « à tiroirs », qu’on ouvre
ou pas, et plus ou moins complètement, en fonction des
réponses de l’informant qui elles-mêmes dépendent de sa
relation avec l’évaluateur.
En conséquence, la maîtrise des concepts neuropsychologiques sous-jacents aux IADL, la connaissance des
sources d’erreurs qui fragilisent l’objectivité des informants,
le contrôle de la subjectivité de l’évaluateur, sont des prérequis inhérents aux questionnaires d’hétéro-évaluation.
Ces derniers sont toutefois utiles et incontournables. La
L’étude sur la validité discriminante de la DAD-6 a
confirmé l’intérêt de ce questionnaire dans la détection précoce d’une perte d’autonomie liée à des troubles cognitifs.
L’étude de la fidélité montre la reproductibilité des résultats
d’un évaluateur à l’autre. Les études sur la fidélité de la DAD6 ont permis d’appréhender les sources de biais inhérentes
aux outils d’hétéro-évaluation et soulignent la nécessité
d’une formation préalable des utilisateurs, ou pour les professionnels les plus expérimentés, une lecture attentive des
consignes et des remarques préliminaires. Compte tenu
de l’importance du critère IADL dans le diagnostic des
démences et dans l’évaluation des traitements médicamenteux et non médicamenteux, ces études nous incitent à
recommander l’inclusion de l’évaluation des IADL dans un
bilan neuropsychologique et l’utilisation d’outils actualisés
et rigoureusement validés. Dans le contexte d’une contribution au diagnostic précoce des démences, la vérification
des propriétés psychométriques des tests ou échelles, en
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
253
Points clés
• La FDA (rapport 2013) recommande une évaluation
cognitive et fonctionnelle comme critère principal dans
l’évaluation des traitements anti-démence.
• Outre l’intégrité des fonctions sensorielles, motrices
et psycho-thymiques, les IADL requièrent l’intégrité de
multiples fonctions cognitives. Un consensus est établi
sur le rôle des fonctions exécutives et de façon prépondérante au stade débutant de la démence.
• Les propriétés psychométriques de certains outils
communément utilisés sont estimées insuffisantes
dans des revues récentes. Leurs auteurs suggèrent de
développer des outils mieux validés pour améliorer le
diagnostic précoce.
• La DAD-6, fondée sur la mise en exergue des fonctions
exécutives d’organisation-planification dans les IADL
s’est révélée un outil écologique fiable et rapide. Son
utilité a été démontrée dans le diagnostic des états
démentiels et pré-démentiels.
• L’évaluation des IADL doit faire partie de l’examen
neuropsychologique et doit être confiée à des professionnels expérimentés et formés en neuropsychologie.
nature de leurs contraintes impose de confier leur utilisation à des professionnels formés. Les neuropsychologues
sont les professionnels les plus susceptibles de gérer ces
difficultés. Ce sont autant de raisons qui légitiment aussi
l’inclusion de l’évaluation des IADL dans un examen neuropsychologique de routine.
Conclusion
J. de Rotrou, et al.
particulier la validité discriminante et la fidélité, est un prérequis. Les résultats des études sur la DAD-6 montrent
l’intérêt de son utilisation dans ce contexte.
Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien
d’intérêt en rapport avec cet article.
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254
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
DAD-6 : version abrégée de la DAD
Annexe 1.
DAD-6 : /18
NOM-Prénom :
INFORMANT (lien de parenté) :
Date :
NC : /7
NC : /7
Age :
Age :
Pour s’assurer que l’informant réponde toujours correctement, commencer l’évaluation des activités par :
« est-ce que votre époux (se), mère, père. . . prend seul (e) sans aide, ni rappel, comme auparavant (avant
l’apparition des difficultés) l’initiative de, ou la décision de, ou entreprend de. . .. »?
* Adapter les questions en fonction de l’âge, du sexe, des habitudes, des centres d’intérêt, de l’histoire de
vie du patient. Tous les items doivent être renseignés. En cas de doute sur un item, trouver un équivalent le
plus proche possible de l’item non adapté au patient, ou trancher en fonction des réponses aux autres items.
Alimentation* (0-3)
Initiation
Prend la décision de s’alimenter : plats,
produits surgelés, restaurant, livraison . . ...
Organisation
Planifie et organise son alimentation :
s’organise, anticipe, prévoit . . ..
Réalisation
S’alimente en toute sécurité : cuisinière /
plaques, four, micro-ondes, dates de
péremption
Utilisation de l’ordinateur, ou du portable
ou du téléphone * (0-3)
Initiation
Prend l’initiative d’utiliser un moyen de
communication. . ..
Organisation
Est capable de chercher et trouver une
information, de s’organiser en
conséquence. . .. . ..
Réalisation
Utilise de façon adéquate les moyens de
communication . . .
Déplacements à l’extérieur * (0-3)
Initiation
Entreprend de sortir à l’extérieur ou de se
déplacer dans un environnement familier ET
non familier (marche, visite, courses, voyage. . .)
à un moment approprié. . .
Organisation
Planifie et organise les déplacements de façon
adéquate : mode de transport, destination,
vêtements/météo ou circonstances, argent
nécessaire, liste d’achats, clés . . ..
Réalisation
Se rend à sa destination sans se perdre ou
utilise en toute sécurité un moyen de transport
approprié (voiture, autobus, taxi). Se rend à ses
rendez-vous.
Finances et correspondance * (0-3)
Initiation
Prend des initiatives pour ses affaires
personnelles, concernant ses finances
ou sa correspondance. . ..
Organisation
Planifie et organise ses finances pour payer ses
factures, tenir son budget : chèques, chéquier,
cartes bancaires, factures, ou sa
correspondance, (papier, adresses, timbres,
mails, recherche internet . . .) de façon
adéquate.
Réalisation
Utilise billets et pièces ou effectue sa
correspondance de façon adéquate
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
Oui
Non Cog
Non S/M
Non Dép
Oui
Non
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
255
J. de Rotrou, et al.
Annexe 1. suite
Prise de médicaments * (0-3)
Initiation
Décide de prendre ses médicaments au bon
moment
Organisation
Organise sa prise de médicaments (au bon
moment, respect du dosage,. . .)
Réalisation
Prend ses médicaments selon la prescription.
Loisirs et entretien domestique * (0-3)
Initiation
Prend des initiatives pour son loisir habituel ou
pour les travaux domestiques qu’il/elle avait
l’habitude d’effectuer dans le passé : suivre les
informations ou autres à la télé, radio, lecture,
couture ou bricolage, entretien de la maison,
meubles, plantes, jardin ou autre, repas familial
ou autre
Organisation
Planifie et organise de façon adéquate les
activités ou loisirs qu’il/elle avait l’habitude
d’effectuer dans le passé : manipulation de la
télécommande, ou autre matériel . . ..
Réalisation
Réalise les activités ou loisirs qu’il/elle avait
l’habitude d’effectuer dans le passé de façon
adéquate
Total Activités
SCORE GLOBAL
Oui
Non
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
Oui
Non Cog
Non SM
Non Dép
activités « oui »
/ 18
Score total initiation
/6
Score total planification /organisation
/6
Score total réalisation
/6
Perte d’autonomie :
aucune mineure modérée majeure 1. Précisions complémentaires concernant les activités
Etre autonome dans les IADL signifie être capable la plupart du temps, seul, sans aide, ni rappel de la part
d’un tiers d’effectuer des activités complexes de vie quotidienne, comme on avait l’habitude de les réaliser
auparavant, ou de façon adaptée à son âge :
– prendre des décisions-initiatives,
– anticiper-prévoir, organiser-planifier-programmer, dans le temps et dans l’espace,
– réaliser une activité en contrôlant qu’on a atteint son but, et en cas d’erreur, modifier son plan d’action.
Quelques exemples de questions complémentaires concernant :
a) L’alimentation
– Votre proche prévoit-il ce qui va être consommé par rapport aux menus, à l’équilibre alimentaire, (produits
disponibles, placés au bon endroit, dans le frigo, les placards, non périmés, adaptés aux circonstances :
repas quotidiens, repas de fêtes, de famille, avec les amis . . ...) ?
– Prend-il/elle en compte les temps de préparation, par rapport aux heures de repas, respecte les recettes
autrefois bien maîtrisées, les quantités (sel, poivre, sucre, farine . . .), se montre vigilant du point de vue
de la sécurité dans la cuisine (utilisation de gazinière, plaques électriques, appareils ménagers, s’adapte
aux nouveaux appareils) ?
– Comprend-il/elle un mode d’emploi, une nouvelle recette . . . ?
256
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
DAD-6 : version abrégée de la DAD
Annexe 1. suite
Pour ceux qui n’ont jamais eu l’habitude de préparer des repas
Comment fait votre proche en l’absence de la personne qui cuisine habituellement ? Se débrouille-t-il avec
des plats simples, surgelés, se fait-il livrer des plats cuisinés, va-t-il au restaurant, règle-t-il seul l’addition. . .. ?
b) La communication
Pour la personne qui en avait l’habitude :
– Continue-t-elle à utiliser l’ordinateur, le portable ou le téléphone, comme avant ?
– Lui est-il possible de :
• appeler des personnes non familières, de façon impromptue (plombier, notaire . . .)
• de prendre et noter les rendez-vous sur un agenda, au bon endroit ?
• de chercher des informations sur le net, dans un annuaire . . ..
• de prendre ou faire prendre par un proche des billets de train, avion, spectacles, loisirs
c) Les déplacements
Pour la personne qui en avait l’habitude :
– Peut-elle se rendre dans des lieux non familiers (à pied, en voiture, bus, taxi. . .)
– Peut-elle comprendre un plan, assimiler des instructions
– Organiser une sortie, un voyage, un rendez-vous
– Prévoir des vêtements adaptés au déplacement (conditions météo, circonstances. . .)
– Préparer une valise pour un voyage . . ..
d) Les finances et/ou la correspondance
Pour la personne qui en avait l’habitude :
– Conserve-t-elle un intérêt pour ses finances et/ou sa correspondance personnelle ?
– La gestion de l’argent et/ou du courrier est-elle adaptée ?
– Continue-t-elle à remplir sa déclaration d’impôts, à régler ses factures, à effectuer les opérations
bancaires habituelles. . . ?
Pour la personne qui n’avait pas l’habitude de gérer les opérations financières importantes :
– Les petits achats (légumes, pain, pharmacie, journal . . .) sont-ils effectués comme avant ?
– La valeur de l’argent est-elle conservée ?
e) La prise de médicaments
– Les médicaments sont-ils pris par la personne elle-même ou donnés par une infirmière qui passe ?
– Un proche contrôle-t-il les prises (bon moment, bonne posologie), les prépare à l’avance ?
– Un proche téléphone-t-il pour vérifier que les médicaments sont bien pris ?
– L’achat des médicaments est-il programmé pour qu’ils soient disponibles au moment des prises ?
f) Loisirs et/ou entretien domestique
– La personne continue-t-elle à « tenir » sa maison ou son appartement comme avant ? Prendre en compte
les notions d’hygiène et de sécurité dans la salle de bains, WC, cuisine, chambre, gestion des robinets
d’eau chaude et froide . . ..
– Si la personne a une femme de ménage, donne-t-elle des instructions adaptées pour l’entretien
domestique ?
NB : Pour les activités « et/ou » : interroger l’informant sur les 2 activités. Dans le cas où l’une des deux
n’a jamais été pratiquée, sélectionner l’activité qui correspond le mieux à la personne, la plus pratiquée
auparavant.
2. Consignes
Interroger l’informant pour évaluer les activités du patient. Pour s’assurer que l’informant réponde toujours
correctement, commencer pour chacune des activités par : «Est-ce que votre époux (se), mère, père. . . prend
seul (e) sans aide, ni rappel, comme auparavant (avant l’apparition des difficultés) l’initiative de, ou la décision
de, ou entreprend de. . .. » ?
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
257
J. de Rotrou, et al.
Annexe 1. suite
En l’absence d’informant lors de la visite, l’entretien peut être réalisé par téléphone, en prévenant le patient,
avec son autorisation, en expliquant la nécessité de compléter son dossier médical.
Cotation :
OUI = le patient réalise l’activité sans assistance ni rappel, comme auparavant.
NON = ne réalise pas l’activité ou la réalise avec de l’aide, pour des raisons :
– cognitives (Cog) : Il est incapable de « gérer » l’activité, du point de vue de la prise de décision-initiative,
de l’organisation-planification, de la réalisation adaptée.
– sensorielles ou motrices (S/M) : Il ne voit pas clair à cause d’une DMLA par exemple, ou il a un handicap
moteur.
– psycho-thymiques (Dep) : Il est dépressif.
Calcul des scores :
Chacune des réponses = 1 point (oui = 1, non Cog = 1, non S/M = 1, non Dep = 1).
Faire la somme des « oui », la somme des « non Cog », des « non S/M », « non Dep »
La construction de cette échelle permet de calculer plusieurs scores :
– un score global « oui » pour les activités. Plus le score « oui » est élevé, plus le patient est autonome.
– un score global « non Cog ». Plus le score « non Cog » est élevé, plus la perte d’autonomie est
importante pour des raisons cognitives.
– un score global « non S/M ». Plus le score « non S/M » est élevé, plus la perte d’autonomie est
importante pour des raisons sensorielles et/ou motrices.
– un score global « non dep ». Plus le score “non dep” est élevé, plus la perte d’autonomie est importante
pour des raisons psycho-thymiques.
– 3 sous-scores en facteurs : facteurs « initiation », « organisation », « réalisation ». Ces trois sous-scores
sont obtenus en faisant la somme des « oui initiative, « oui organisation », « oui-réalisation ».
Le score le plus pertinent, pour la clinique, est le score global « oui ». Il donne directement une appréciation
quantitative de l’autonomie. Les scores « non » et les sous-scores en « facteurs » donnent une appréciation
qualitative de la perte d’autonomie, sur l’origine de la perte d’autonomie.
Le score normal est de 18/18. La valeur-seuil différenciant MCI et démence est ≤ 14
DAD-6 et appréciation globale du degré de perte d’autonomie
L’investigateur apprécie le degré de perte d’autonomie, avec l’informant :
« Diriez-vous qu’il n’y a pas du tout de perte d’autonomie, ou que la perte est mineure, modérée, majeure ».
Cocher la case correspondante.
3. Remarques préliminaires à l’utilisation de la DAD-6
3.1. Comment présenter DAD-6 ?
« Votre conjoint, père, mère. . . est venu (e), consulter pour des problèmes de mémoire. Il /elle a passé (ou
va passer) des tests avec la psychologue. Ces tests nous renseignent sur les fonctions cognitives, comme la
mémoire, l’attention, le langage. . . etc.
Mais il est très important aussi pour nous de savoir comment les choses se passent dans la vie de tous les
jours. Et c’est vous qui le / la connaissez le mieux de ce point de vue.
Je vous demande de bien vouloir répondre aux questions que je vais vous poser, aussi spontanément, aussi
objectivement que possible. Ce sera quelquefois plutôt oui ou plutôt non et lorsque vous ne serez pas sur(e)
de vous, nous essaierons de trancher ensemble ».
258
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
DAD-6 : version abrégée de la DAD
Annexe 1. suite
« En ce qui concerne l’alimentation, la préparation des repas, est-ce que votre conjoint, (ou, père, mère . . .),
sans aucune aide, sans aucun rappel, comme il le faisait auparavant . . .. » etc.
Les exemples mentionnés dans l’échelle ne sont que des points de repère qui permettent d’étayer ce
qu’on demande. C’est la famille qui transmet ce qu’elle observe concernant l’activité évaluée et les exemples
diffèrent en fonction de l’histoire de vie de chaque personne, de ses habitudes . . ... Pour l’activité « loisirs
par ex », pour une personne, ce sera le bricolage, pour une autre : le jardinage, la couture, la collection de
timbres, la lecture, le bridge, regarder des émissions de télévision . . . ou rien. Mais quelle que soit l’activité,
une prise d’initiative, une organisation, un contrôle de l’activité sont nécessaires à un déroulement normal.
En revanche, à partir de ce que dit la famille, l’évaluateur doit simplement toujours faire préciser si la décisioninitiation est prise sans aide, sans rappel ? Idem pour la planification/organisation et la réalisation de l’activité
évaluée.
Ces précisions peuvent ne pas être utiles lorsque d’emblée, il est évident que l’activité n’est plus effectuée
du tout ou au contraire qu’elle l’est de façon totalement autonome.
Lorsque l’on n’arrive pas à coter une activité (assez rarement), on tranche à la fin, par rapport aux réponses
concernant les autres activités. Et si ce n’est toujours pas possible, on tranche en faveur de la personne (on
accorde le point).
3.2. Les réponses NA
Les réponses NA (non applicable ou non adapté) ont été supprimées car : 1 – elles rendent difficile l’exploitation
statistique des résultats. 2 – il y a toujours une réponse possible, lorsque l’informant a compris le sens de
l’évaluation, et lorsque les questions de l’évaluateur sont adaptées au patient (homme ou femme, jeune ou
âgé), et à ce que dit la famille.
Les questions diffèrent selon qu’il s’agit d’un homme ou d’une femme, d’un patient jeune ou âgé, dynamique
ou pas, etc, de ses habitudes avant la période actuelle.
4. DAD-6 et handicaps sensoriels ou moteurs
En cas de handicap, l’échelle est toujours cotée sur 18, par exemple 13/18, en mentionnant que les difficultés
sont liées au handicap visuel ou moteur. Un patient peut ne pas pouvoir se déplacer à cause de séquelles
de fracture, difficultés à la marche ou perte d’équilibre, vertiges, etc. Le handicap sera mentionné avec le
score.
5. DAD-6 et dépression ou apathie
L’apathie comporte une composante dysexécutive pouvant être à l’origine d’une perte d’autonomie fonctionnelle. Pour les familles ou proches, elle est quelquefois synonyme de fatigue, stress, ou paresse (« il/elle a la
flemme de . . . ») et peut être aussi confondue avec la dépression. La difficulté vient de la participation de ce
dysfonctionnement exécutif dans le comportement apathique et dans la dépression.
Cependant, si la personne n’entreprend pas ou ne planifie pas . . . etc, dans un contexte de dépression
et si la dépression est le diagnostic majeur (diagnostic principal), il faut coter « non » dans la colonne
« non dep ». Ce qui signifiera : « perte d’autonomie actuelle associée à une dépression».
Pour faciliter la cotation, on peut énoncer à l’informant les symptômes de la dépression (généralement non
retrouvés dans l’apathie) et lui demander ce qu’il en est concernant son proche.
Exemples :
« Est-ce que votre mère manifeste fréquemment un sentiment de tristesse, des idées noires, des ruminations
négatives, des anticipations pessimistes, voit la vie avec des lunettes noires, ressasse des idées d’autodépréciation, de culpabilité, de fatigue physique et mentale, de douleur, souffrance psychique, est-ce qu’elle
pleure. . .. »?
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014
259
J. de Rotrou, et al.
Annexe 1. fin
Expliquer, si nécessaire, la différence entre patient déprimé et patient apathique.
Le patient apathique prend moins de décisions et d’initiatives adaptées, montre moins d’intérêt pour
les choses, il se désinvestit des situations nouvelles ou difficiles, ou les évite sans sélection ou rumination de pensées négatives, sans autodépréciation ni anticipation pessimiste constantes, ni tristesse.
Spontanément, il ne se projette pas ou peu dans le futur.
Le patient dépressif initie également moins d’activités ou en initie trop (agitation, activisme), montre moins
d’intérêt pour. . ., mais souvent, est triste, s’auto-déprécie, se projette dans un avenir sans issue favorable pour lui, se culpabilise, etc.
Le dépressif broie du noir, tandis que l’apathique broie du vide.
6. Exemples de réponses d’informants, susceptibles d’attirer l’attention de l’évaluateur :
« Je ne suis pas sur(e) qu’il(elle) s’alimente normalement. Il/elle mange beaucoup de biscuits depuis quelques
mois »
« Oui, il/elle téléphone normalement, mais c’est moi qui appelle les inconnus »
« Oui, il/elle conduit sa voiture, mais je tremble ». Oui, Il/elle conduit tout à fait normalement, mais, il/elle se
trompe d’itinéraires ».
Oui, il/elle fait les courses tout(e) seul(e), mais les oublie dans la voiture ».
Oui, il/elle utilise la machine à laver le linge, mais confond les bacs (eau de javel, poudre de lessive, autres
produits) ».
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Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 3, septembre 2014