pèlerinage sans couac
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pèlerinage sans couac
« Un journal c’est la conscience d’une nation ». Albert Camus Journal du Mali L’hebdo www.journaldumali.com N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Attaques au Sud Nécessaire coopération sous-régionale Modibo Keïta en RCI L’énergie au coeur des débats Ramadan Un mois de look jeûne HADJ 2015 Pèlerinage sans couac ? Après les nombreux désagréments subis par les pèlerins de la filière gouvernementale en 2014, les autorités ont modifié les modalités d’organisation du Hadj cette année et promettent la fin des couacs. Reste à convaincre. GRATUIT Ne peut être vendu Focus 2 l’Événement Journal du Mali - l’Hebdo Politique Économie Société Afrique & Monde Sports Culture & Détente N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Culture & Détente Sports Afrique & Monde Société Économie Politique A près avoir écumé le nord et le centre du Mali, les groupes armés islamistes radicaux, tels Ançar Eddine, entreprennent désormais de semer la terreur dans la partie sud du pays. Parmi leurs récents faits d’armes, les attaques de Misseni, près de la frontière burkinabé, et Fakola, à proximité de la Côte d’Ivoire. Outre une implication plus forte de ces pays dans la lutte anti-terroriste aux côtés du Mali, cette guerre asymétrique qui se déporte aura des conséquences à d’autres niveaux. Elle peut créer une véritable prise de conscience chez tous les Maliens qui pensaient que « le nord c’est loin » et que les problèmes d’insécurité liés au terrorisme ne les concernaient pas. Les autorités pourraient ainsi bénéficier d’une plus forte mobilisation de l’ensemble national autour de son difficile combat contre le terrorisme. Toutefois, si ces attaques venaient à se répéter, elles pourraient aussi entraîner une exaspération des populations occupées à combattre la misère en travaillant dur dans les champs, et qui se sentent délaissées au profit d’un nord instable concentrant presque toute l’attention des pouvoirs publics et des partenaires du Mali. Le prolongement de ce sentiment d’injustice, bientôt exacerbé par l’arrivée au gouvernement d’anciens rebelles, pourrait être, non pas une rébellion, mais des jacqueries, formes de révoltes populaires pour dénoncer à la fois l’insécurité et tous les autres maux dont souffrent ces populations. C’est un nouveau front qui s’ouvrirait pour le gouvernement. Mais ce scénario peut être évité grâce à une plus grande proximité de nos dirigeants avec le Mali profond, et davantage de lisibilité donnée aux actions en faveur du développement. Après l’accord de paix, cette nouvelle étape devient cruciale. Mahamadou Camara [email protected] Journal du Mali - l’Hebdo 1 757, 296 milliards de fcfa. C’est le budget de l’État 2015 après adoption du collectif par l’Assemblée nationale le 25 juin. Soit une augmentation de 42,764 milliards de francs CFA par rapport à 2014. ILS ONT DIT... RENDEZ-VOUS • « Le Mali vit des moments difficiles. Sous Modibo Keïta, voler l’État était une honte, sous la dictature de Moussa Traoré, les gens avaient peur de voler, et actuellement quand on ne vole pas on a honte. Il est temps qu’on se ressaisisse et qu’on s’organise pour changer la donne », dixit Ousmane Mahamane Touré, Nouvelle jeunesse africaine lors d’une rencontre avec les jeunes le samedi 27 juin. • « Si la réaction de la France, c’est de faire la politique de l’Autruche, cela envoie un mauvais signal aux États-Unis, à la Russie et à la Chine ». C’est le début d’une série. Les documents les plus importants sont à venir ». Julian Assange après les écoutes téléphoniques des exprésidents Chirac, Sarkozy, et de François Hollande. 1 Vendredi 3 juillet 2015 Live de Samba Kouyaté accompagné par un groupe de Sabar à l’espace culturel Berey. Kalaban Koro sur les berges du fleuve. 22h 2 Samedi 4 juillet 2015 Clubs des lecteurs « Fanta-Kin » rencontre autour du livre de maître Garba Tapo animée par Samantigui Doumbia. Institut Français Un jour, une date 2 juillet 2012 : les islamistes d’Ançar Eddine détruisent de nombreux mausolées et monuments de Tombouctou classés au patrimoine mondial de l’Unesco. UP Gare au front sud Focus Cessé Kome : L’homme d’affaires malien, patron du groupe Koira Hotel Investment, a procédé à la pose de la première pierre du futur Hôtel Sheraton-Bamako. À la clef, 200 emplois et de nouvelles capacités d’hébergement haut de gamme en vue du sommet Afrique-France de 2016. DOWN ÉDITO l’Événement L’Union Européenne veut imposer de nouvelles mesures drastiques au peuple grec en contrepartie de nouveaux prêts. En votant “non” au référendum du 5 juillet, la Grèce risque de sortir de la zone euro. LA PHOTO DE LA SEMAINE Le 26 juin 2015 un attentat terroriste fait 38 morts sur une plage de Sousse en Tunisie. N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 3 Focus l’Événement Politique Économie Société Afrique & Monde Sports Culture & Détente Hadj 2015 : Pèlerinage sans c Comme chaque année, le Mali enverra des pèlerins à La Mecque. Pris dans le maelström des critiques sur l’organisation du Hadj 2014, le ministère des Affaires religieuses et du Culte joue à l’apaisement et donne des garanties. Selon lui, le Hadj 2015 se passera dans de bonnes conditions. L e plus grand pays du Golfe, l’Arabie Saoudite, accueillera quelques dix millions de fidèles, comme chaque année, parmi lesquels trois millions sont des pèlerins. Le gouvernement du Mali, qui organise le Hadj depuis des décennies, a, lors du Conseil des ministres du jeudi 25 juin 2015, attribué le marché de la filière gouvernementale du Hadj 2015 au groupement Compagnie Flynas/ Agence malienne de services aériens (AMSA), qui devra assurer le transport des pèlerins maliens sur les lieux saints de l’Islam, la restauration, l’accès aux soins de santé, l’hébergement, ainsi que toutes les conditions nécessaires pour la bonne exécution du pèlerinage. Ce sont 1 500 pèlerins qui seront concernés, 500 de plus que l’année dernière, pour un coût global de plus de 2 milliards de francs CFA. Pour ce voyage, le pèlerin de la filière gouvernementale devra débourser 2 550 000 francs CFA contre 2 741 000 de francs CFA l’année dernière. Le prix est donc encore une fois en baisse, à comparer avec les 2 800 000 francs CFA que facturent les agences privées de voyage. Toutefois, le pèlerin aura également à sa charge le prix du mouton (70 000 francs CFA) et celui du passeport (50 000 francs CFA). Les inscriptions pour la filière gouvernementale ont commencé le 15 juin dernier et s’achèveront le 15 août, le départ étant prévu pour le 27 août prochain. Conflit entre l’État et les privés « Au Mali, nous avons le coût le plus cher par rapport aux autres pays de la sous-région, alors que les pèlerins maliens sont les plus mal traités », se lamente M. Touré, pèlerin en 2014. Pour remédier aux nombreux couacs, le ministère des Affaires religieuses et 4 Journal du Mali - l’Hebdo Chaque année, les pèlerins de la filière gouvernementale se plaignent des conditions difficiles de voyage. du Culte, gère depuis cette année toute un facteur qui les décrédibilise et renvoie l’organisation matérielle du voyage, en col- d’elles une image qu’elles ne veulent pas laboration avec celui de la Culture, de l’Ar- changer : « Je suis ce ministre de la Réputisanat et du Tourisme, auquel il a confié blique qui pense que le dernier mot revient 7 500 pèlerins répartis entre 140 agences à l’État. Et cela, je l’assumerai dans le de voyage privées. Du fait de l’état sinistré respect des agences sérieuses, crédibles du secteur touristique malien, elles sont de pour le rayonnement du secteur privé ». plus en plus nombreuses à se tourner vers le pèlerinage. Aussi, souhaitent-elles le re- Innovations pour éviter les déconvenues trait de l’État de la composante commer- Évènement spirituel mais aussi lucratif, ciale du voyage en terre sainte, estimant le Hadj est toujours l’objet des plaintes qu’il doit se limiter à un rôle de régulation, des pèlerins relatives à leurs conditions. de contrôle et d’accompaComme ce fut le cas en gnement : «Nous voulons 2014 lorsque ceux de la que l’organisation du Hadj Le pèlerinage n’est pas filière gouvernementale soit la seule affaire de la difficile, ce sont les condi- dénoncèrent les logements filière privée », déclare Mme tions dans lesquelles se insalubres et inadaptés. Cissé Fatimata Kouyaté, trouve le pèlerin qui le « Sur la liste de répartiPrésidente de l’Agence rendent dur. tion affichée au Centre malienne de voyage et de islamique de Bamako, on tourisme (AMAVT), qui représente la filière devait être quatre pèlerins par chambre. privée pour le Hadj 2015. « L’État ne fait Arrivés à Médine, nous étions 500 perpas du commerce, mais l’État régule (…) sonnes accueillies par un seul agent à la Pour que nous nous retirions, il faudrait réception de l’hôtel. Et là, il n’y avait plus quand même qu’elles (les agences pri- de protocole, nous avons été balancés vées) tamisent un peu leur semoule et que dans les chambres à 6, 7 et 8 ! Le pèlerinous soyons avec les bons grains pour le nage n’est pas difficile, ce sont les condibonheur des pèlerins », déclarait Thierno tions dans lesquelles se trouve le pèlerin Amadou Hass Diallo, ministre des Affaires qui le rendent dur », renchérit Moussa Ben religieuses et du Culte, dans une interview Deka Diabaté, assureur et pèlerin de la accordée à notre confrère Les Echos le 22 filière gouvernementale de 2014. Toutes juin 2015. Le manque de sérieux de cer- choses que le ministre Thierno Amadou taines agences est, aux yeux du ministre, Hasse Diallo n’a aucun mal à admettre : N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Culture & Détente Sports Afrique & Monde Société Économie Politique ouac ? REPÈRES 15 juin 2015 : Début des inscriptions pour le Hadj à la Mecque. 15 août 2015 : Clôture des inscriptions pour la filière gouvernementale. 27 août 2015 : Départ pour les lieux saints de l’Islam en Arabie Saoudite. “ Ô Salman, les hommes qui feront le pèlerinage de cette enceinte sacrée (la Mecque) seront: les rois, de manière négligée et pour se faire une respectabilité, les commerçants pour y faire du commerce, les indigents pour se livrer à la mendicité et les gens instruits du Coran par ostentation et pour faire parler d’eux. ». Le Prophète Mohamed (PSL) dans un hadith parlant des signes de l’Heure Journal du Mali - l’Hebdo l’Événement Focus 3 QUESTIONS À «Il faut dire que nous partons pour chercher Dieu, ce n’est pas pour être dans le confort. Je suis d’accord que lorsqu’on fait sortir les pèlerins, il faut bien les traiter. Nous n’allons jeter l’anathème sur personne. Cette année, nous ferons en sorte que cela ne se reproduise pas. C’est pourquoi il y a des innovations ». En termes d’innovations, contrairement aux autres années, le ministre explique qu’en plus du délégué, il y a deux adjoints issus du milieu religieux. Il a également été créé un poste de superviseur assisté du directeur de la maison du Hadj et d’un membre des agences de voyage, ceci pour garantir la fonctionnalité «des lieux d’hébergement », « les promesses tenues par les agences aux pèlerins, et la restauration ». Pendant les deux mois de la campagne du Hadj, le ministre a bon espoir que toutes les conditions seront réunies. En outre, poursuit Thierno Amadou H. Diallo, à la différence des autres années, ce n’est plus le ministère de l’Administration territoriale qui envoie le quota des pèlerins au département du Tourisme, et le transport ne sera pas non plus assuré par le ministère des Transports : « Cette année, nous avons tout centralisé ». Moussa Ben Deka Diabaté reste pessimiste malgré ces garanties. Pour lui, « le gouvernement envoie d’abord 100 à 200 personnes à La Mecque, gratuitement et qui seront prises en charge par les pèlerins qui ont payé ». Ensuite, il y a «ces guides qui n’apportent rien aux pèlerins, mais qui, logés confortablement, se prennent pour la projection orthogonale de Dieu sur terre ! ». « En 2014, 144 agences privées étaient impliquées, 110 n’avaient pas d’hôtels pour loger les pèlerins. Mais l’État gagne dans ça, c’est une manne financière », ajoute-il. Et de proposer qu’on ramène le pèlerinage à deux semaines au lieu d’un mois, « parce que le pèlerinage, ce n’est que Arafat ». Cette année, le ministère en charge de l’organisation du pèlerinage est déterminé à tout mettre en œuvre pour éviter le scenario catastrophique vécu par les pèlerins en 2014, et qui en gardent le souvenir comme une relique. On ne peut que le prendre au mot. Boubacar SANGARÉ Cissé F. Kouyaté « Nous sommes confrontés à la concurrence déloyale de l’État ». L’Agence malienne de voyage et du tourisme (AMAVT) est la première association professionnelle du secteu créée en 1990. Elle compte 107 agences de voyage, toutes agréées par l’État. Entretien avec sa présidente. JDM-L’hebdo : Comment votre association est-elle impliquée dans l’organisation du petit pèlerinage dit Omra ? Cissé Fatimata Kouyaté : L’AMAVT est l’initiatrice de la représentation de la filière privée pour le Hadj 2015, puisque c’est elle qui a obtenu de l’État d’exister à côté de la filière gouvernementale. L’objectif est de permettre aux agences de voyage et à la filière gouvernementale de s’occuper ensemble de l’organisation matérielle et commerciale du Hadj. Le point focal reste l’État car c’est la seule entité habilitée à le faire dans les textes de l’Arabie Saoudite. 1 Quels sont les problèmes d’organisation et quelles garanties offre la filière privée ? C.F.K : Nous avons toujours été confrontés à de nombreuses difficultés particulièrement la concurrence déloyale que nous livre l’État en s’appropriant des activités lucratives qui reviennent de droit aux agences de voyage. Il faudrait aussi que nous soyons informés des nouvelles dispositions prises dans l’organisation du Hadj. réformes proposez3 Quelles vous ? C.F.K : Chaque état doit se conformer aux dispositions en vigueur de la terre sainte. L’État malien ne saurait prendre des mesures en ce sens encore moins l’AMAVT. Cependant, quelques dispositions générales faciliteraient l’organisation comme le quota pour le Mali et la mise en informatique de tous les dossiers pour la délivrance de visas. 2 Propos recueillis par Moussa MAGASSA N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 5 Focus l’Événement Politique Économie Société Afrique & Monde Sports Culture & Détente Hadj 2015 : un vrai business pour les agences de voyage Pour les agences de voyage privées, la chasse aux clients a commencé et chacune rivalise de publicité pour convaincre les pèlerins. P our l’organisation du Hadj 2015, certaines agences de voyage sortent déjà le grand jeu en proposant des services variés aux clients. Danaya, Al Madina ou Benkadi ont pignon sur rue et mettent en place des services d’accueil et de renseignement, accompagnés de spots publicitaires à la télévision et sur les radios, d’affiches et de dépliants destinés à rendre leurs services plus attractifs pour les pèlerins. El Hadj Mohamed Toure, gérant de l’Agence Touré et frères, affirme avoir sa propre technique pour attirer les clients. Il propose 50 000 francs CFA de récompense à tout démarcheur qui lui amène un client. Cette méthode lui permettrait d’inscrire deux à trois personnes par jour. Parmi les prestations du pèlerinage, c’est surtout l’hébergement et la restauration qui font la différence. Cette année, ils seront assurés par des partenaires locaux. « Nos pèlerins auront ainsi l’occasion de découvrir des repas orientaux, sans oublier les chambres et cars climatisés », précise Touré. De plus, tous les pèlerins de la filière privée devront être soumis à une visite médicale, le critère de vali- Devanture de l’agence de voyage Danaya au centre-ville de Bamako. dation de leur inscription. Des formations théoriques sont même proposées par les agences aux clients. Formations, qui selon Mohamed Lamine Maïga, responsable à Al Madina Voyages, visent à édifier les pèlerins sur l’accomplissement des formalités et rites du pèlerinage. Al Madina garantit en outre une assistance médicale par trois médecins au lieu d’un seul, tout au long du pèlerinage. Les agences de voyage sont traditionnellement impliquées par le gouvernement. Mais pour 2015, leur quota a diminué, indique Cheick Tidiane Diarra de l’agence Benkadi. Sur les 9 000 pèlerins autorisés par l’Arabie Saoudite pour le Mali, l’État dispose d’un quota de 1 500 pèlerins. Le reste est dispatché entre les agences privées, qui prospèrent grâce à la mauvaise publicité souvent faite à la filière gouvernementale. Al Madina dispose, elle, de 410 pèlerins, à qui elle facture la prestation à 2,8 millions de francs CFA par pèlerin, contre 2,5 millions de francs CFA pour la filière gouvernementale. Cela garantie à l’agence un chiffre d’affaires supérieur au milliard, une manne qui ne manque pas de faire des jaloux et d’exacerber la concurrence. Anne-Marie KEITA LE DÉBAT Faut-il s’attendre à une meilleure organisation du Hadj ? Mohamed Maki Ba, POUR Président de l’Union des jeunes musulmans du Mali L’organisation du pèlerinage cette année est entièrement confiée au ministère en charge des Affaires religieuses et du Culte. Auparavant c’était le département de l’administration en collaboration avec le ministère des Transports qui organisaient le Hadj avec toutes les difficultés. L’année dernière, le ministère des Affaires religieuses a été associé et cela a contribué à l’amélioration de l’organisation. Le ministre Diallo a de la volonté. D’ailleurs, c’est bien Habib Kane, Délégué général de l’organisation secondé par Thierno Hady Thiam qui produiront de bons résultats In’challah. Une occasion pour moi de remercier le gouvernement pour avoir réduit le coût du pèlerinage à la Mecque. 6 Journal du Mali - l’Hebdo CONTRE Kassim Traoré, journaliste à Radio Klédu L’organisation du pèlerinage au Mali a toujours été un cafouillage. Les agences de voyages sont plus nombreuses que les pèlerins, et s’y ajoute une désorganisation totale à ce niveau. Aujourd’hui n’importe qui se lève pour créer une agence. Le ministre chargé des Affaires religieuses et la ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme doivent organiser ces agences en bonne intelligence. Mais ils se soucient peu de ce secteur laissé pour compte. On se demande qui fait quoi dans ce pays. Au finish, c’est le pèlerin qui est sacrifié. Chaque année, les mêmes problèmes se posent car beaucoup de pèlerins sont abandonnés. En réalité, le pèlerinage au Mali est une vraie traversée du désert. Il ne faut pas s’attendre à une meilleure organisation cette année. Modibo FOFANA N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Culture & Détente Sports Afrique & Monde Société Économie Politique Journal du Mali - l’Hebdo l’Événement N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Focus 7 Focus l’Événement Politique Économie Société Afrique & Monde Sports Culture & Détente EN BREF Un an de plus pour la Minusma au Mali Les Forces armées maliennes ont repris le contrôle de la localité de Fakola après l’attaque du 28 juin. Front terroriste au sud : la coopération sous-régionale s’impose Asymétriques, calculées, les dernières attaques terroristes au sud du Mali créent un sentiment de peur malgré la présence des forces Barkhane antiterroristes au Sahel et de la MINUSMA dans le nord. C es attaques illustrent l’élargissement d’un front terroriste dans le sud du Mali, même si la menace planait sur la région depuis longtemps. Pour rappel, Diabali, dans la région de Ségou, avait été le théâtre d’opérations en 2013, après le déclenchement de l’opération Serval, deux ans avant les attaques de Misséni (région de Sikasso) le 10 juin 2015, de Nara à la frontière mauritanienne le 27 juin et de Fakola, près de la frontière ivoirienne le 28 juin. Le mode opératoire de ces attaques asymétriques est presque toujours le même : entrée à l’aube, surprise des Forces armées du Mali (FAMas) dans les camps militaires, et des assaillants qui, lourdement armés, scandent le nom d’Allah. Pour Fakola, des bâtiments administratifs comme la mairie, la gendarmerie et le camp militaire ont été brûlés, avant l’arrivée de l’armée quelques heures après. « Le fait que ces attaques aient eu lieu à la frontière ivoirienne, montre tout l’enjeu de la coopération inter-États dans la lutte contre le terrorisme», souligne un éditorialiste. En la matière, le Niger et le Tchad, confrontés à Boko Haram, détiennent le leadership. Mais des pays comme la Mauritanie, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, qui a annoncé par la voix de Bruno Koné, des renforts près de la frontière malienne, et le Sénégal présent au sein de la MINUSMA, restent encore trop passifs et ont tout intérêt à renforcer la dynamique anti-terroriste avec le Mali. Cela avait été évoqué en décembre 2014, lors du 1er Forum Paix et Sécurité tenu à Dakar. Au Mali, nous voilà revenus à l’époque où l’ancien président Amadou Toumani Touré (ATT) appelait régulièrement ses pairs à collaborer face à la menace transfrontalière narco-djihadiste, qui s’est déplacée hors des régions nord du Mali. Ansar Eddine, mouvance islamiste, a revendiqué les attaques de Nara et Fakola. Pourtant, son leader Iyad Ag Ghaly, qui a fait allégeance à l’État islamique, se trouverait sur le territoire de l’Algérie, sans que cette puissance régionale dotée d’importants moyens, n’agisse pour le neutraliser. C’est par la voix d’Ismaël Khalil, un prédicateur radical malien, que les actes ont été revendiqués, promettant une multiplication des attaques « en Côte d’Ivoire, au Mali et en Mauritanie, des pays qui travaillent avec les ennemis de l’Islam ». L’urgence d’une coopération régionale accrue s’impose plus que jamais. Mame Diarra DIOP Le Conseil de sécurité des Nations unies, par sa résolution 2227, a décidé de proroger le mandat de la MINUSMA jusqu’au 30 juin 2016. L’effectif maximum autorise 11 240 militaires y compris 40 observateurs militaires chargés de surveiller et superviser le cessez-le-feu, et l’effectif des bataillons de réserve, ainsi que 1 440 policiers. Sur la mise en œuvre de l’accord, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations unies a expliqué aux députés le rôle prépondérant de la MINUSMA lors d’une rencontre ce 30 juin. Il s’agira surtout de soutenir le gouvernement malien dans la mise en œuvre des réformes institutionnelles, d’appuyer la réforme du secteur de la sécurité, le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des ex combattants rebelles, ainsi que la réforme de la justice. Dans le cadre de la réconciliation nationale, la MINUSMA devra s’investir sur la conférence d’Entente nationale et l’élaboration de la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale issue de l’Accord signé le 15 mai et le 20 juin 2015 à Bamako. Assemblée nationale : Le gouvernement sur la défensive Ce jeudi 2 juillet, deux ministres du gouvernement seront devant les députés pour répondre aux questions orales d’Oumar Mariko. Il s’agit de Sada Samaké, ministre de l’Intérieur, dont on ne compte plus les interventions dans l’hémicycle, et de Bocary Tréta ministre du 8 Journal du Mali - l’Hebdo Développement rural, interpelé pour la seconde fois. Les questions porteront sur l’affaire des intrants agricoles (ou engrais frelatés) et sur l’accaparement des terres à l’Office du Niger. Cette fois-ci, le ministre Tréta devrait saisir l’occasion pour apporter davantage d’éléments d’information et convaincre de sa bonne foi, surtout après le mémorandum accusateur du Parti pour la renaissance nationale (Parena) publié le 29 juin. Toutefois, ce parti présidé par Tiebilé Dramé ne compte aucun député à l’Assemblée nationale. Quant à Sada Sa- maké, il ne manquera pas d’être interrogé sur l’insécurité grandissante, qui touche désormais le sud du pays, et notamment les récentes attaques dans le cercle de Kolondieba, terre d’élection du député Mariko. Modibo FOFANA N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Culture & Détente Sports Afrique & Monde Société Économie Politique l’Événement Focus Dr Allaye Bocoum Héraut des luttes sociales au SADI Chargé des luttes sociales au sein du parti de la Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI), Dr Allaye Bocoum est un leader qui compte sur l’échiquier politique malien. P harmacien de formation, Allaye Boucoum tient une officine à Djélibougou en commune I où il passe l’essentiel de son temps. C’est à Niono qu’Allaye Bocoum s’est forgé une vocation de défenseur des démunis, de porteparole des sans-voix dans les associations caritatives, un peu à l’image d’Oumar Mariko, leader du SADI et député élu à Kolondiéba. Chargé des luttes sociales au sein du parti d’opposition historique, désormais proche du pouvoir, Allaye Bocoum juge la tâche ardue mais passionnante : « chaque jour que Dieu fait, je reçois des plaintes relatives à l’expropriation des terres et à des injustices flagrantes ». Après avoir débuté son cycle à Tombouctou, Allaye Bocoum rejoint Bamako pour effectuer la deuxième partie de son baccalauréat au lycée Bouillagui Fatiga. En 1987, il s’envole vers l’Union Soviétique pour y faire ses études. Détenteur d’un doctorat en Pharmacie de l’Université de Moscou obtenu en 1993, il rentre au pays et s’installe à Niono pour ouvrir une pharmacie. Au milieu des riziculteurs, Allaye Bocoum apprend l’agriculture et se forme à l’élevage : « J’ai immédiatement aimé le monde rural avec toutes ses potentialités économiques ». En 2007, Allaye Bocoum attrape le virus de la politique à la faveur de l’élection présidentielle comme observateur dans Journal du Mali - l’Hebdo les bureaux de vote. « Après ce scrutin, j’ai essayé de lire les textes des différents partis politiques maliens et c’est le SADI qui a répondu à ma vision », confie-t-il. La même année, il adhère au parti et figure sur la liste pour les élections législatives. Mais Allaye Bocoum doit renoncer à cette candidature précoce du fait des textes et statuts du parti pour choisir la voie indépendante. Classé 5ème dans le cercle de Niono, il soutient de fait la liste du SADI au second tour. Ce qui marque son retour définitif au sein de la formation politique. Aujourd’hui membre influent du bureau politique nationale de son parti, Allaye Bocoum reste proche d’Oumar Mariko, son mentor. Si sa position dans la majorité présidentielle est jugée ambiguë en raison des critiques virulentes envers le pouvoir actuel, Bocoum nuance : « Nous sommes certes de la majorité présidentielle, mais cela ne nous empêche pas de critiquer la gestion du pays ». Le cadre déplore surtout la corruption rampante, la sécurité défaillante et la justice partiale dans un pays où le Malien aspire au vrai changement. La cinquantaine, marié et père de 6 enfants, Allaye Boucoum redoute que l’Accord de paix signé entres les groupes armés et le gouvernement malien, ne porte à terme les germes d’une partition du Mali. M.F et MDD N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 9 Focus l’Événement Politique EN BREF Facebook installe ses bureaux à Johannesburg Le réseau social Facebook a annoncé cette semaine l’ouverture de son premier bureau en Afrique dans le souci de pousser les entreprises américaines à s’y développer localement et régionalement. Implanté à Melrose Arch, à Johannesbourg, ce nouveau bureau permettra à 120 millions d’utilisateurs actifs de développer leur entreprise personnelle sur la toile. Facebook souhaite en outre nouer des partenariats avec les gouvernements, opérateurs de téléphonie et agences publicitaires pour proposer des solutions, des indicateurs et des formats publicitaires sur-mesure, dans un contexte où le mobile prime. C’est l’objectif que veut atteindre Nunu Ntshingila, nouvelle responsable du bureau Afrique à Jo’burg. Économie Société Afrique & Monde Sports Culture & Détente GLAE : l’énergie, tremplin de la croissance ouest-africaine Aucune économie africaine ne peut se développer et impulser une croissance durable sans un accès adéquat à l’énergie. Après ce constat, le nouveau Groupe des leaders ouest-africains de l’énergie (GLAE) se penche sur les solutions. V éritable fer de lance du développement du continent, le secteur énergétique fait l’objet de nombreuses initiatives. Une nouvelle démarche vient de naître le 30 juin 2015 à la faveur d’une rencontre à Abidjan, impulsée par le Secrétaire général des Nations unies. Il s’agit du Groupe des leaders ouest-africains de l’énergie. « En Afrique, plus de 625 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité. Dans l’espace CEDEAO, 61% de personnes vivent sans électricité, tandis que le taux global d’électrification pour l’Afrique était de 42% en 2014 », souligne Daniel Kabla Duncan, Lancement du Groupe des leaders ouest-africains de l’énergie à Abidjan. le Premier ministre ivoirien. Le continent doit faire mieux, sous peine de freiner cette fabuleuse croissance à deux chiffres que lui prédisent les économistes du monde entier. L’objectif premier du groupe porté par des ambassadeurs de renom tels le chanteur Akon, initiateur du projet « Lighting Africa » est de « favoriser l’accès à l’énergie durable pour tous ». Se pose alors la question des sources de financements dans le domaine de la production d’énergie. Au Mali, qui participait à ce nouvel élan par la voix de Vers un rapprochement BRVM/Bourse de Casablanca un milliard de dollars levés par le fonds Africa50 Ce fonds de la BAD dédié au financement des infrastructures en Afrique se rapproche de son premier objectif : être doté de 3 milliards de dollars. Les gouvernements africains ont fait un important effort en contribuant à la constitution de cette somme importante d’un milliard de dollars au profit du fonds Africa50 que la Banque africaine de développement a créé en mai 2014. 10 Journal du Mali - l’Hebdo son Premier ministre Modibo Keïta, la question de l’énergie est « cruciale ». Alimenté principalement par le barrage de Manantali, l’hinterland malien doit résoudre sa question énergétique, au moyen d’une synergie continentale portée par des grands projets structurants tels le barrage de Félou, qui doit ravitailler le Mali, le Sénégal et la Mauritanie, mais aussi Kenie, afin de réduire la dépendance. Dans ce contexte, le GLAE reste une initiative à suivre de près. Mame Diarra DIOP Rencontre entre responsables de la BRVM et de la Bourse de Casablanca. L a Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) de l’UEMOA, malgré les progrès accomplis ces dernières années avec des volumes d’échanges quotidiens d’environ 500 000 euros en 2011 à plus de 1 million d’euros en 2014, reste encore trop peu animée pour attirer les grands fonds spécialisés sur les marchés émergents. En marge de la 17ème Conférence annuelle de l’African Securities Exchange Association (Asea) qui s’est tenue à Abidjan en décembre 2013, le directeur général de la BRVM, Edoh Kossi Amenounve, et le directeur général de la Bourse de Casablanca, Karim Hajji, avaient signé une convention de partenariat, dans le but de renforcer la coopération entre les deux places financières. Le 25 juin, une délégation composée des représentants du marché marocain est allée à la rencontre de ses homologues de la BRVM afin d’amorcer le rapprochement effectif entre les deux marchés. Objectif : intensifier les transactions, permettre les doubles cotations et créer une bourse commune pour les matières premières. Moussa MAGASSA N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Culture & Détente Sports Afrique & Monde Société Économie Politique l’Événement Focus Spirit MCann, la communication à 360° À l’heure où les agences de communication pullulent sur le marché malien, Spirit McCann a su tirer son épingle du jeu et figure aujourd’hui parmi les leaders. A ffiliée au groupe international McCann Erikson, premier réseau mondial avec 205 agences réparties dans 135 pays, c’est en 2003 que Spirit s’installe au Mali. Après 12 ans d’existence, l’agence est devenue l’une des leaders du conseil en communication et marketing, grâce à un portefeuille de clients très large et des compétences qui couvrent tous les métiers du secteur. Dotée d’équipements modernes, Spirit a pour activités principales la publicité, le conseil en communication et l’événementiel. Elle organise depuis quelques années le salon de l’agriculture (SIAGRI), et les journées de l’industrialisation. « Nous travaillons dans le Journal du Mali - l’Hebdo seul but de satisfaire notre clientèle », précise Sidi Dagnoko, directeur général et fondateur, qui peut se targuer d’un business florissant dans un contexte général de crise. Parmi les clients de l’agence, l’opérateur Sotelma Malitel, qui comme Orange Mali, génère une forte activité, mais aussi le groupement AMI, Fofy industries, Sapec, Assurances bleues, etc. Sans oublier les comptes internationaux comme Western Union, Nestlé, ou Canal+, dont certains sont apportés par le réseau McCann Erikson. Des institutions, notamment le Conseil malien des chargeurs (CMC) ou l’APCAM, font également confiance à Spirit, qui a accompagné les candidats de l’Adema lors des présidentielles de 2012 et 2013. « C’est la réputation et la notoriété qui font de Spirit McCann, un pool d’attraction de certaines grandes entreprises mais aussi des institutions », juge un client. Pour mener toutes ces activités de front, un leadership fort s’impose, basé sur une diversité de nationalités et de spécialités. « La clé du succès, c’est un management souple pour bien faire fonctionner l’agence et une certaine liberté pour les employés », ajoute Sidi Dagnoko. Avec 60 salariés permanents et une centaine de collaborateurs réguliers, Spirit attire surtout les jeunes actifs : « Je pense que nous contribuons à la lutte contre le chômage en donnant de l’emploi aux jeunes, indique M. Dagnoko. En 2014, Spirit a été classée meilleure entreprise au Mali par le magazine « Ecofinance ». Modibo FOFANA Retrouvez tous les entrepreneurs sur N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 11 Focus l’Événement Politique Économie EN BREF Expulsés maliens du Gabon : les autorités maliennes promettent leur réinsertion Beaucoup de Maliens tentent de rejoindre l’Europe par la voie clandestine. Souvent bloqués dans les pays de transit où ils finissent par rester, ils y subissent maltraitance et violence. Les derniers expulsés maliens sont au nombre de 83 et sont arrivés du Gabon le 27 juin dernier. Leurs préoccupations et leurs besoins ont été recensés par les autorités administratives qui envisagent dans les jours à venir leur prise en charge et leur réinsertion dans le tissu social et économique du pays. Mais certains éprouvent déjà le désir de retourner dans ce pays où ils ont tout laissé. Bientôt les inscriptions en ligne Ce pourrait être la fin du calvaire des étudiants avec l’introduction prochaine des inscriptions en ligne dans les universités. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique l’a annoncé le 25 juin 2015 lors d’une rencontre avec les responsables de l’AEEM. Cette innovation permettrait aux étudiants de s’inscrire où qu’ils soient à partir d’Internet et n’engendrera pas de frais supplémentaires. La procédure entrera en vigueur le 23 juillet prochain. 12 Journal du Mali - l’Hebdo Société Afrique & Monde Sports Culture & Détente Bintou Diakité : « S’il y a eu engrais frelatés, cela est inquiétant » Âgée d’une cinquantaine d’années et mère de deux enfants, Bintou Diakité est la présidente de l’association IDADE qui appuie les femmes rurales. Elle nous parle de ses objectifs, sans oublier d’évoquer l’affaire des engrais frelatés. dans les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou et Sikasso où se trouvent nos milliers de femmes paysannes dans leurs champs collectifs pour échanger avec elles. J ournal du Mali L’Hebdo: Comment est née l’association IDADE ? Bintou Diakité : L’association IDADE signifie en bambara « ne pleure pas ». Le nom de l’association m’est venu à l’esprit après avoir vu la souffrance des femmes en milieu rural qui supportent presque toutes les charges de la famille. À Bougouni, où résidait mon père, j’ai découvert la bravoure de ces dames qui cherchent constamment à joindre les deux bouts. Alors, j’ai pensé qu’il fallait les aider à s’organiser. D’où la création en 2006 de l’association qui vise l’entraide et la protection des enfants. C’est en 2011 que l’association a pris le nom IDADE. Quelles sont les objectifs visés par l’association ? B.D : Promouvoir les femmes paysannes et leurs enfants. Je suis sûre que le développement passe par l’autonomisation des femmes. Si la femme est aidée, son enfant en bénéficie pour le plus grand bonheur de son mari. Notre association compte 30 000 femmes dans les régions. Nous faisons des champs collectifs. Et pour cultiver ces champs de 5 hectares dans chaque localité, l’association fournit des engrais et semences par le biais de coopératives privées. Chaque trimestre, nous nous rendons Justement, que pensez-vous de l’affaire des engrais frelatés puisque votre association dote les femmes rurales en engrais et semences ? B.D : J’ai entendu parler des engrais de mauvaise qualité. Si cela est avéré, alors c’est inquiétant. Il faut que la lumière soit faite sur cette affaire, mais à notre niveau, nous ne sommes pas dans le circuit de ces engrais destinés aux paysans. C’est plutôt une coopérative qui nous fournit des engrais et après la récolte, on paye. Ce qui d’ailleurs nous occasionne pas mal de difficultés pour rembourser. Aucun partenaire ne finance ces braves dames, c’est pourquoi, nous avons demandé aux femmes dans chaque localité de cultiver un demi-hectare pour payer les semences en attendant de bonnes volontés pour nous aider. Propos recueillis par Modibo FOFANA ÉCHOS DES RÉGIONS Du rififi à l’IFM de Tombouctou Lundi 29 juin, cinq élèves-maîtres de l’Institut de formation des maîtres (IFM) Hégire de Tombouctou ont été arrêtés aux environs de 21h, pour avoir réclamé le paiement de leurs arriérés de bourse. Très en colère, d’autres élèves ont pris d’assaut le commissariat de police et la mairie pour obtenir la libération de leurs camarades. Ces derniers mettent en cause un certain Issa Coulibaly, économe à l’IFM, accusé d’avoir détourné depuis le mois de février la somme de 21 millions de francs CFA. Pour Bassirou Diawara, élève en 4ème année, « la bourse n’est pas tombée depuis le début de l’année 2015 ». Les élèves-maîtres pointent également du doigt la direction de l’établissement, qui fermerait les yeux sur l’affaire. Fatouma HARBER, Tombouctou N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Culture & Détente Sports Afrique & Monde Société Économie Politique l’Événement Focus Ramadan : un mois de look jeûne ! En période de Ramadan, les habitudes vestimentaires changent. Un véritable remaniement est effectué dans les garde-robes des hommes, mais surtout des femmes. L e mois de Ramadan a débuté et avec lui le changement des habitudes. Pendant la durée du jeûne, les fidèles se plieront au respect des préceptes de l’Islam. En observant une nouvelle attitude. L’un des changements les plus marquants durant ces trente jours de prières et de bénédictions est le style vestimentaire. On assiste à un renouvellement des garde-robes autant chez les hommes que chez les femmes. Délaissant jeans et costumes sur mesure, le fidèle jeûneur développe un faible pour les boubous et les Journal du Mali - l’Hebdo babouches. Ainsi rejoint-il le cercle des pratiquants, car il ne fait plus aucun doute que l’habit fait bel et bien le moine. Le constat est plus captivant chez nos sœurs. Les robes qui font apparaître les rondeurs, les mèches qui empêchent l’eau des ablutions d’atteindre la chevelure, maquillage et parfum qui apportent un éclat à la beauté féminine sont autant d’artifices mis en veille pendant le Ramadan. Autrefois sources de désir dès le premier coup d’œil, nos sœurs se métamorphosent en femmes au foyer pudiques et protégées par de longues tuniques noire telles que préconisées par la religion. Toutes se remettent sur le droit chemin, craignant la fureur d’Allah, mais peut-être surtout le blâme public... Sincère ou pas, une chose est sûre, le mois de Ramadan contribue à modérer le style vestimentaire des uns et des autres, comme pour contrebalancer onze mois de laisser-aller, sans interdit ni complexe aucun. Et quand vient la période de pénitence, un changement radical s’opère dans les habitudes avec l’impatience que sonne la fin des privations. Chassez le naturel, il revient au galop. Dieu serait-il un jouet pour les hommes ? À cette question, chacun a certainement sa propre réponse. Mais Dieu, sous une approche philosophique, n’est-il pas omniscient, omnipotent et omniprésent ? Moussa MAGASSA N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 13 Focus l’Événement Politique Économie Société Afrique & Monde Sports Culture & Détente Guinée : REGARD SUR L’ALLIANCE DADIS/Diallo Le journaliste néerlandais Bram Posthumus couvre l’Afrique de l’Ouest pour des médias britanniques (The Economist, Africa Confidential), de même que pour la radio allemande Deutsche Welle et le service anglais de RFI. Fin connaisseur de la Guinée, il s’apprête à publier « Masks, music and minerals » (Masques, musique et minerais), un ouvrage sur ce pays, et nous livre ici son analyse sur l’alliance Dadis-Cellou Diallo. J ournal du Mali L’Hebdo : Après sa visite à Ouagadougou le 19 juin dernier, Cellou Dalein Diallo a annoncé une alliance politique avec Moussa Dadis Camara. Une alliance contre-nature ? Bram Posthumus : Pas forcément contre nature, mais il est impossible d’oublier le rôle que les deux protagonistes ont joué le 28 septembre 2009 : UNE SEMAINE DANS LE MONDE Bye-bye zone euro ? La Grèce est à la croisée des chemins, où il est impossible de ne pas choisir. Restera ou ne resterat-elle pas dans la zone, that’s the question. Le samedi 27 juin 2015, l’Eurogroupe a refusé de prolonger son plan d’aide au-delà du 30 juin, alors que les négociations entre la Grèce et ses créanciers (BCE, pays européens, FMI) semblent bloquées. Le gouvernement grec veut augmenter les impôts sur les riches, mais rejette la suppression de la prime de solidarité pour les petites retraites inférieures à 700 euros, alors que l’UE lui demande davantage d’efforts. Résultat, l’épée de Damoclès d’un défaut de paiement menace le pays. Dans un contexte de quasi rupture, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a annoncé un referendum pour approuver ou pas le plan européen, tout en optant lui pour le non. Un « non » qui pourrait aboutir à un « Grexit », c’est-à-dire une sortie de la Grèce de la zone euro. B.S 14 Journal du Mali - l’Hebdo Bram Posthumus correspondant en Afrique. Dadis à la tête d’une junte responsable de la mort de 157 personnes lors du massacre du Stade du 28 septembre à Conakry, et Diallo qui a participé à cette manifestation et y a été blessé avant de confier à un journal sénégalais qu’il pensait que les militaires voulaient le tuer. Quelles sont les conséquences de cette décision pour l’avenir politique du leader peul ? B.P : Dans l’immédiat pas de conséquences mais ça risque, avec le temps, d’éroder davantage sa relation avec l’autre grand parti de l’opposition, l’UFR de Sidya Touré. Bien entendu, Sidya a pris la décision d’aller en solo pour la présidentielle. Mais si nous imaginons un deuxième tour, cela rendra la vie plus difficile à Diallo. Je ne crois pas que Sidya acceptera d’être dans une coalition avec Dadis. Même dans l’UFDG de Diallo, tout le monde n’est pas d’accord avec cette alliance. Est-ce un calcul politique ? B.P : S’il y a calcul, je crois que ce n’est pas bien réfléchi. Le poids de Dadis se trouve essentiellement autour de la ville de Nzérékoré, son fief. Finalement, un retour de Dadis augmenterait l’instabilité dans le pays. D’ailleurs, son ancien aide-de-camp et tombeur, Aboubacar “Toumba” Diakité, a menacé de rentrer aussi au pays. La Guinée n’a pas besoin de tout cela. Propos recueillis par Boubacar SANGARÉ Libye : à quand l’intervention ? A lors que les délégations rivales libyennes sont au Maroc dans le cadre des négociations, sous l’égide des Nations unies, pour former un gouvernement d’union natio- nale, l’État islamique (EI) en Libye sévit dans la région de Derna depuis le début du mois de juin. Et depuis un certain temps, de la Libye à la Tunisie via l’Egypte, en passant par l’Irak et la Syrie, l’EI confirme son expansionnisme vorace. Pour preuve, l’auteur de l’attentat de Sousse en Tunisie, pays frontalier, aurait séjourné deux fois en Libye avec l’organisation. La question qui se pose est donc la suivante : pourquoi la Communauté internationale, autrefois si prompte à chasser du pouvoir Mouammar Kadhafi, regarde-t-elle ailleurs quand il s’agit de parler de l’Etat islamique en Libye ? Bien qu’elle ne puisse réparer les dégâts causés au Mali, une intervention militaire dans cet Etat failli permettrait de limiter l’expansion du djihadisme dans la région. Doit-on attendre que l’Occident soir durement frappé ? L’EI continue son expansion en dehors de la Libye. B.S N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Culture & Détente Journal du Mali - l’Hebdo Sports Afrique & Monde Société Économie Politique l’Événement Focus N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 15 Focus l’Événement Politique Économie Société Afrique & Monde Sports Culture & Détente Ousmane N’Daou : « Je suis un journaliste de foot » Chroniqueur sportif à l’ORTM, Ousmane N’Daou est parti de rien pour se faire un nom dans le monde des médias maliens. À onze ans, Ousmane N’Daou rêvait déjà d’être journaliste sportif. Fils de médecin, il nourrit une véritable passion pour le ballon rond alors que son père rêve de le voir embrasser une carrière dans les hôpitaux. Affectueusement surnommé « Noël » par ses collègues ou « la force tranquille », Ousmane N’Daou rentre à l’ORTM en 2005 pour un stage de trois mois non renouvelable. Pour la finale de la coupe du Mali délocalisé à Kayes, il se voit rapidement assigner la réalisation d’émissions sportives pour la Chaîne 2. Durant quatre ans, il continuera à diffuser ces émissions dans un style inimitable. En 2009, il reçoit un soir, un coup de fil de Papa Oumar Diop, journaliste sportif de renom qui lui propose de présenter une émission à la télé. « J’ai été bercé dans mon enfance par feu Demba Coulibaly à travers ses émissions radio. Je ne voulais exercer que dans la radio au début ». Bien qu’hésitant pour la télévision, Ous- À droite, Ousmane Daou chroniqueur de foot à l’ORTM et à TM2. mane captera très vite le public par sa maîtrise de la caméra et le déroulé atypique de ses émissions. Est-ce son handicap (il a perdu une jambe des suites d’une infection) qui le pousse à toujours donner le meilleur de lui-même ? Il reçu en tout cas les honneurs de la profession avec son élection au titre de meilleur journaliste sportif dans la catégorie TV en 2013 par l’Association des journalistes sportifs du Mali (AJSM). Ousmane N’Daou est détenteur d’un DUTS en journalisme et d’une maitrise en communication. Son rêve : commenter un jour, une victoire des Aigles du Mali à la Coupe d’Afrique. Marié et père d’une fille, N’Daou voue un amour inconditionnel à sa mère, toujours présente à ses côtés, et à qui il doit sa réussite sociale et professionnelle : « je salue ma mère pour tout ce qu’elle fait pour moi » conclut-il. Moussa MAGASSA S P ONSO R IS É PA R UJSMA : Une nouvelle vision du journalisme sportif CARTONS DE LA SEMAINE D ernière née des associations sportives, et composée d’un comité directeur de 16 membres, tous professionnels du sport, l’Union des journalistes de sport du Mali (UJSMA), dirigée par Baba Cissouma, a été lancée le 12 juin dernier à l’hôtel Onomo. Dans le souci de rassembler les journalistes sportifs et de favoriser leur formation, l’UJSMA, dont le slogan est ‘’une presse engagée pour la promotion du sport’’, entend donner un nouveau visage au 16 Journal du Mali - l’Hebdo monde sportif du Mali. « Nous voulons encadrer les jeunes et recycler les anciens à travers des formations, des ateliers et des caravanes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Mali » a précisé Baba Cissouma. Élu pour 4 ans, le nouveau bureau de l’UJSMA se dit complémentaire de l’autre entité, l’Association des journalistes sportifs du Mali (AJSM), dirigée par Oumar Baba. M.M Le Réal, l’AS Bakaridjan, le Nianan et le CDS se sont qualifiés ce samedi pour les quarts de finale de la Coupe du Mali (12 juillet), en écartant respectivement Alenson de Sikasso (31), le FC Gaoussou (1-0), l’AS Pélenga (2-0) et le Mamahira (1-0). Le Stade malien a raté le départ ce vendredi 26 juin au Stade Olympique de Sousse dans le cadre de la première journée de la phase de la Coupe de la Confédération face à l’Étoile sportive du Sahel sur le score d’un but à zéro. N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Culture & Détente Journal du Mali - l’Hebdo Sports Afrique & Monde Société Économie Politique l’Événement Focus N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 17 Focus l’Événement Politique Économie Société Afrique & Monde Sports Culture & Détente Djinè, le nouveau label des arts urbains au Mali Composée d’une cinquantaine d’artistes sous la houlette du réalisateur et promoteur culturel Alioune Ifra Ndiaye, la plateforme « Djinè » se veut le creuset d’une réflexion culturelle post-crise au Mali. Un premier brainstorming a eu lieu le 21 juin. Alioune Ifra Ndiaye nous en parle. J ournal du mali L’Hebdo : Pourquoi ce mouvement ? Alioune Ifra Ndiaye : Le « Djinè » est un collectif en construction d’acteurs de la culture urbaine du Mali. Nous sommes une cinquantaine issus du théâtre, du cinéma, de la télévision, de la danse, du multimédia, de la musique, de l’humour, de la photo, du design, de la mode, du mannequinat, de la recherche universitaire, de l’ingénierie culturelle, du décor, du son, de la lumière, de l’événementiel, de l’animation, du management de la culture et de l’art. Pour notre première rencontre, nous avons axé le débat sur l’histoire de la culture dans la construction de la paix. D’où l’idée d’un collectif pour agir. Alioune Ifra Ndiaye, ingénieur culturel et promoteur de la chaîne Wokloni TV. Agir oui, mais comment ? À quoi renvoie le mot « Djinè » ? A.I.F : Un artiste est avant tout un créateur. Un génie. Nous savons trouver les mots, les images, les sons, les textes, les gestuelles pour toucher et ou remuer les émotions les plus complexes de l’humain. Nous savons déceler dans les laideurs les plus immondes des beautés insoupçonnées. Quoi de mieux que le mot «Djinè» pour illustrer ce « génie » que nous souhaiterions mettre au service de la construction d’une société malienne harmonieuse. Qu’allez-vous apporter de nouveau ? A.I.F : « Djinè » sera une sorte de compagnie de théâtre ou un groupe musical. Sous le label « Djinè », nous allons mutualiser nos moyens et savoir-faire sans que chacun n’y perde son identité artistique. Nous serons un lieu structurant où le public viendra régulièrement nous découvrir. Notre ambition est de générer une économie de la culture au Mali avec l’accompagnement des sponsors, de nos autorités et des partenaires maliens au développement. Mame Diarra DIOP EN SALLE AU MAGIC CINEMA Un nouvel album pour Tiken Jah Fakoly en septembre L’artiste a révélé le 22 juin, le premier extrait de son prochain album, dont la sortie est annoncée pour fin septembre. « Racines », c’est le nom de ce futur opus voulu comme un hommage à l’histoire du reggae, un disque qui sera exclusivement composé des classiques comme Bob Marley, Buju Banton, Burning Spear ou encore Peter Tosh revisités à l’africaine. Enregistré à Kingston, en Jamaïque, ce premier extrait de « Racines » ne manquera pas de faire saliver les fans de reggae d’ici la sortie de l’album. SALLE I SALLE II 16H00 16H00 / SAMEDI 04 Mami la star et sa nouvelle danse pour l’été La jeune artiste de 7 ans et chouchou des enfants, a décidé de faire parler d’elle pendant ces vacances. Elle vient de créer un nouveau pas de danse dénommé « Youza », accompagné d’une toute nouvelle chanson. Fille du producteur Bouba, patron des studios Maliba Productions, Mami la star invite ses fans à danser sur cette nouvelle création, un morceau de coupé-décalé dédié à la joie mais aussi à la paix. Comme quoi aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. iNumber Number 18H30 18H30 Loin de la foule déchaînée 21H30 / 21H30 / Someone Marry Barry 23H30 23H30 / SPY SALLE I DIMANCHE 05 info people SALLE II / 16H00 Clochette et la créature légendaire 18H30 / SPY 16H00 18H30 21H30 21H30 / iNumber Number Directeur de publication : Mahamadou CAMARA - Directrice déléguée : Aurélie DUPIN - Rédactrice en chef : Mame Diarra DIOP - Rédactrice en chef adjointe : Célia D’ALMEIDA - Rédaction : Makhtar DIOP - Modibo FOFANA - Fatouma HARBER - Moussa MAGASSA - Boubacar SANGARÉ - Abou SIDIBÉ - Stagiaires : Anne-Marie KEITA - Photographie : Boub’s SIDIBÉ - Infographiste : Marc DEMBÉLÉ JOURNAL DU MALI L’HEBDO, édité par IMPACT MÉDIA Presse, imprimé à Bamako par Imprim Services Hamdallaye ACI 2000 - Rue 457 - Porte 44 - Bamako - Tél : + 223 44 90 26 40 - www.journaldumali.com - [email protected] 18 Journal du Mali - l’Hebdo N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 Culture & Détente Journal du Mali - l’Hebdo Sports Afrique & Monde Société Économie Politique l’Événement Focus N° 12 du 02 au 08 juillet 2015 19