London Borough of Camden (UK)
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London Borough of Camden (UK)
ADEME/Energie-Cités Politiques de déplacement favorisant la marche à pied en ville La marche à pied en ville 2002-2003 London Borough of Camden (UK) Le développement des déplacements à pied est parfois un véritable objectif que se fixent certains responsables d’autorités locales dans leur quête de villes moins polluantes, moins bruyantes, plus économes en espace et en énergie. Avec le développement des déplacements à vélo et en transports publics, c’est certainement l’un des moyens les plus efficaces pour tendre vers des villes où il fait bon vivre, volonté partagée par une proportion croissante de nos concitoyens. Si la marche à pied est généralement considérée comme un mode de déplacement "récréatif" (promenades, loisirs, tourisme, etc.) et à la portée du plus grand nombre, parvenir à lui conférer le statut de véritable mode de déplacement dans la ville (pensée et développée depuis des années pour être au service de la voiture) n’est pas simple. Elle demande volonté politique, courage, force de conviction et opiniâtreté pour les responsables d’autorités locales, intérêt, compétence et sens du dialogue pour les techniciens, patience et raison pour les piétons. A Camden, ces « ingrédients » ont pu être réunis. Qu’en est-il exactement ? Quels enseignements peut-on tirer et quelles perspectives peut-on dégager à la lumière de cette expérience ? ASPECTS GENERAUX Camden est l’un des 32 Boroughs (en dehors de la City qui a un statut particulier depuis le Moyen Age) qui composent l’agglomération londonienne. Il représente 1,4% de la surface totale de Londres et les logements sont en grande majorité des appartements (seuls 13% sont des maisons individuelles). Sa population atteint près de 193 800 habitants (2,7% de la population globale de Londres), dont 39% sont soit d’origine étrangère, soit étrangers (principalement des Irlandais, des Bangladais et des Africains). Du fait de la présence d’une Université importante, la majorité des habitants est plutôt jeune avec peu d’enfants (40% de la population a moins de 30 ans). L’activité économique de Camden est prépondérante : • près de 25 700 entreprises, commerces ou administrations, • 242 800 emplois (77% à plein temps), dont un tiers relève du secteur des services et un autre tiers des administrations publiques, un taux de chômage inférieur à 5% en 2000. POLITIQUE GLOBALE DES DEPLACEMENTS En novembre 1997, la Commission Environnement de la Municipalité de Camden a adopté un « Plan des Transports Verts » nommé « Taking steps for a people friendly Camden – towards a new era » (« Des mesures en faveur d’un Camden agréable à vivre – vers une ère nouvelle »). Il s’inscrit dans les suites données à la conférence de Kyoto, avec la volonté affirmée de réduire les émissions de gaz à effet de serre. En effet, partant du constat que les véhicules motorisés représentent 85% de la pollution à Londres, que 20% des pics de circulation sont dus à l’accompagnement des enfants à l’école en voiture, qu’un enfant sur sept est atteint d’asthme en Grande-Bretagne, etc., la Municipalité a pris conscience que l’on devait agir localement pour être efficace. 1 ADEME/Energie-Cités Politiques de déplacement favorisant la marche à pied en ville 2002-2003 Outre un soutien actif au Plan Municipal de Londres pour décongestionner le trafic dans le centre ville (touchant le sud de Camden), Camden a fait l’acquisition de véhicules municipaux électriques ou fonctionnant au GPL. Des zones de gestion de la qualité de l’air ont également été créées. A terme, un développement du nombre de point de recharge pour voitures électriques est prévu, ainsi qu’un accroissement des points de ravitaillement en GPL dans les stations services. Par ailleurs, avec un abonnement annuel (hors kilométrage et temps de location) au « City Car Club », il est possible de louer des véhicules moins polluants même pour une courte durée dans des parkings spécialement aménagés. Plusieurs pistes cyclables et aménagements pour les vélos et les piétons ont été réalisés en collaboration avec les autres Boroughs de Londres et la construction d’une ligne de tramway reliant Peckahm/Stockwell à King’s Cross/Camden Town est projetée en 2004. Une collaboration étroite avec les services de santé et les écoles a permis de renforcer l’impact de ces actions à travers plusieurs campagnes d’information, dont deux sont renouvelées chaque année. Trois quartiers de Camden vont prochainement être décrétés « zones à faible émission de pollution », avec le projet de les interdire à tout mode de déplacement motorisé hors transports publics. Quant à l’aménagement de nouveaux quartiers sans voiture (quartier où les habitants s’engagent à ne pas posséder de voiture), il continuera à être encouragé. Une carte offrant des réductions aux résidents dans les magasins de Camden est aussi à l’étude afin de limiter les déplacements à l’extérieur du Borough. Toutes ces initiatives font de Camden l’un des Boroughs de Londres les plus avancés en matière environnementale. EXPERIENCE DU LONDON BOROUGH OF CAMDEN (UK) Planification Dans le cadre du « Plan des Transports Verts », un plan de développement de la marche à pied (« The Camden Walking Plan ») a été adopté en octobre 1999. Celui-ci a été imaginé après une série de consultations des habitants sur leurs pratiques habituelles et sur leurs désirs en la matière. Par exemple, une enquête menée conjointement avec le Borough de Islington et les services de santé met en avant le souhait de la population de voir se développer la piétonisation de certaines rues (principalement commerciales), de voir plus d’argent consacré à la lutte contre le tout automobile, etc., tout en restant hostile à toute taxation supplémentaire des véhicules motorisés, que ce soit pour l’utilisation ou le stationnement de ceux-ci. Une autre enquête a également été menée afin de connaître les besoins des différentes catégories de publics (personnes handicapées, personnes âgées, parents avec jeunes enfants, personnes faisant leurs courses en ville, etc.). Elle a permis d’établir un « règlement », dont le but est de mettre en place un secteur piéton cohérent assurant à la fois la sécurité et une harmonisation esthétique. Aménagements et mesures Parmi les principales décisions comprises dans le « Walking Plan », une série de dix-sept engagements et mesures a été fixée : 1. rabaissement des bordures de tous les passages piétons et pose d’une surface podo-tactile destinée aux malvoyants d’ici 2001, 2. inspection mensuelle du réseau viaire où le plus grand nombre de chutes a lieu et recherche des meilleurs revêtements selon le type d’utilisation, 3. prise de toutes les mesures nécessaires afin de réduire de 33% le nombre d’accidents d’utilisateurs de la rue d’ici l’an 2000 par rapport à la moyenne de 1981-85, 2 ADEME/Energie-Cités 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. Politiques de déplacement favorisant la marche à pied en ville 2002-2003 création de trois « zones 30 km/h » autour des établissements scolaires pour décembre 1999, création de six « zones 30 km/h » hors zones scolaires pour septembre 2000, audit sur les conditions de sécurité des déplacements à pied domicile-école des enfants et mise en place d’un programme impliquant les écoles et les enfants, amélioration des services de voirie, de maintenance, d’éclairage public, réparation de tout dommage dangereux sur les routes et les trottoirs dans les 24h à compter de leur notification, amélioration de la propreté des rues, remplacement des ampoules défectueuses dans les rues en moins d’une journée ouvrable à partir de leur notification, audit sur les zones de stationnement payant existantes afin de les aménager qu’elles ne soient plus des obstacles aux déplacements piétons ; toute nouvelle zone de stationnement payant devra répondre aux normes de confort piéton, audit complet d’au moins une des rues piétonnes (maintenance, amélioration de l’environnement piétonnier, création de chaussées surélevées, bordures rabaissées, analyse des accidents, etc.), identification d’un quartier potentiellement transformable en « zone à faible émission de pollution », examen de toutes les possibilités concernant la piétonisation partielle et expérimentale de Camden High Street, lancement d’une campagne pour que le contrôle des travaux effectués dans la rue soit financé par les compagnies (eau, électricité, gaz, etc.) les ayant réalisés et non plus par la municipalité, création de nouveaux passages piétons et cyclables à travers des obstacles existants (lignes de chemin de fer, canaux, rues principales, zones industrielles, etc.), publication d’un document d’évaluation relatif aux réalisations et à leur efficacité. Communication et sensibilisation Des brochures, cartes postales, etc. sur le « Plan des Transports Verts » ont été distribuées dès 1997, tant à la population qu’aux media. La parution du « Camden Walking Plan » en 1999 a donné lieu à une campagne de presse qui a porté ses fruits car, en plus d’une bonne couverture dans la presse locale, elle a entraîné une interview sur LBC Radio ainsi qu’un article de fond dans la presse spécialisée de l’industrie des transports. Une collaboration avec l’association des piétons (« Pedestrians Association ») et le Ministère de l’Environnement, des Transports et des Régions (« Department of Environment, Transport & the Regions ») a permis de vulgariser la méthodologie employée notamment auprès des autres collectivités locales. Camden a désormais la réputation d’être l’une des municipalités les plus impliquées dans le développement des déplacements à pied et espère bien conserver cette position. Des campagnes destinées aux habitants sont réalisées chaque année afin de développer une prise de conscience et/ou d’obtenir une baisse de l’utilisation de la voiture. Notons parmi celles-ci : • « Don‘t Choke Camden » (N’étouffez pas Camden), • « Walk to School » (A pied à l’Ecole). Un dépliant conçu conjointement avec le Borough de Islington a également été réalisé afin de promouvoir une promenade à travers le quartier de King Cross en mettant en avant ses différents points d’intérêt architectural ou historique. 3 ADEME/Energie-Cités Politiques de déplacement favorisant la marche à pied en ville 2002-2003 EVALUATION ET PERSPECTIVES Un rapport qui reprend point par point les différents objectifs et mesures susmentionnés est rendu public chaque année. En ce qui concerne le rapport de l’année 2000 (le premier du genre et portant sur l’année 1999), l’évaluation ne peut être que partielle car la plupart des délais ne sont pas encore écoulés. En effet, beaucoup de ces objectifs devaient être réalisés d’ici l’an 2000 et le délai prévu pour un certain nombre d’entre eux dépasse 2001. Par exemple, concernant l’objectif n°1, en 1999, 96% des passages piétons ont d’ores et déjà des bordures rabaissées mais seuls 62% possèdent une surface podo-tactile. S’il est encore trop tôt pour apprécier l’ampleur des changements, une telle publication permet néanmoins d’adapter des objectifs qui ne sont pas réalistes ou de chercher de nouvelles solutions. Par ailleurs, on arrive parfois à des résultats contradictoires : alors même que Camden inspecte mensuellement les rues les plus « dangereuses » (objectif n°2) et effectue les réparations nécessaires, le nombre de plaintes a augmenté car les habitants sont devenus plus attentifs à l’état des trottoirs. Parmi les points négatifs, la baisse d’un tiers des accidents (objectif n° 3) n’a pas encore été atteinte, sauf dans le cas des accidents où des enfants sont impliqués (-52%). Cela n’a pas empêché le conseil municipal de se fixer un objectif encore plus ambitieux d’ici 2010 avec, entre autres, une réduction du nombre de personnes tuées ou sérieusement blessées de 40%. De même, au niveau des « zones 30 km/h », un retard reste à combler d’autant que le nouvel engagement prévoit de multiplier leur nombre par deux autour des établissements scolaires d’ici fin 2000 et d’atteindre le nombre de dix hors zones scolaires d’ici 2003. Le nouvel objectif n° 13 fixe quant à lui de développer trois « zones à faible émission de pollution » d’ici 2003. Concernant la piétonisation partielle de Camden High Street (objectif n° 14), il est projeté dorénavant de réaménager cette rue en faveur des piétons, des cyclistes et des transports publics sans en interdire l’accès aux voitures. Deux engagements ont également été rajoutés visant à effectuer un audit sur les aménagements piétons et cyclistes déjà existants (n°18) notamment en matière de signalisation pour le premier et à lancer un programme quinquennal d’amélioration de tous les carrefours régulés par des feux de signalisation pour le second. Dans le budget établi pour l’année 2000, le conseil municipal a décidé de consacrer sur trois ans plus de 31,5 millions d’€ pour améliorer l’état des routes en privilégiant notamment les piétons. Les premiers quartiers concernés sont King Cross, Somers Town et Camden Town. De la même façon, près de 238 000 € sont alloués pour un projet de piétonisation dans le quartier de West Est Lane et environ 430 000 € sont prévus pour améliorer la sécurité sur la route, notamment sur les trajets domicile -école à travers divers aménagements (nouveaux passages piétons, interdiction de circuler à certaines heures dans des rues proches d’écoles, ralentisseurs, etc.). En dernier lieu, Camden a participé activement en 1999 à une réunion visant à définir une stratégie de développement de la marche à pied à l’échelle du Grand Londres. 4 ADEME/Energie-Cités Politiques de déplacement favorisant la marche à pied en ville POUR ALLER PLUS LOIN London Borough of Camden Camden town Hall Natasha Brown Traffic Programmes & Safety Team Argyle Street London WC1H 8EQ Tél. : +44 20 7974 2731 Fax : +44 20 7974 5654 E-mail : [email protected] Cette fiche de cas a été réalisée par Energie-Cités grâce à la collaboration des responsables du London Borough de Camden et au soutien technique et financier de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME – Délégation Régionale Franche-Comté). 5 2002-2003