Présentation de la restauration par le Mibact

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Présentation de la restauration par le Mibact
LA RESTAURATION DE LA GALERIE DES CARRACHE
La Soprintendenza Speciale per il Patrimonio Storico Artistico ed Etnoantropologico e per il Polo Museale della città di
Roma et la Soprintendenza Belle Arti e Paesaggio del comune di Roma, bureaux techniques du MiBACT, ont
suivi la conception du projet et la direction des travaux des décors du XVIIe siècle qui composent la
voûte et les parois de la Galerie des Carrache au palais Farnèse. Ce projet à pu être mené à bien grâce :
au mécénat exceptionnel du WMF, à l’investissement de l’Ambassade de France et au financement mis à
disposition pour les échafaudages, les recherches scientifiques, la documentation graphique et
photographique par la Soprintendenza per il Patrimonio Storico, Artistico ed Etnoantropologico e del Polo Museale
della città di Roma. L’Istituto Superiore per la Conservazione ed il Restauro a assisté les Surintendances en
assurant la direction des opérations.
Il s’agissait de mener une intervention en parfaite collaboration entre les institutions italiennes et
françaises à laquelle a pris part un Comité Scientifique d’experts, réuni par l’Ambassade de France. Tous
les restaurateurs, y compris les assistants, sont diplômés de l’Istituto Superiore per la Conservazione e il
Restauro et chaque opération a été préparée par des tests et des essais afin de garantir le caractère
scientifique et rigoureux de la méthode.
Les travaux de restauration ont été adjugés sur appel d’offres à l’A.T.I. Farnese, un groupement
temporaire composé de six entreprises de restaurateurs. L’entreprise mandataire chef de groupe est le
Studio C.R.C. de Paolo Pastorello et les entreprises mandatées sont la Fondazione La Venaria Reale,
Erre Consorzio, Giorgio Capriotti, Luisa Barucci, Daniela Milani.
Les campagnes d'imagerie scientifique ont été effectuées par Emmebi diagnostica s.r.l , le relevé
graphique et tridimensionnel de la Galerie par la société AZIMUT SAS de Luca Fabiani & C., le
documentaire vidéo par Antonio Farisi, la campagne photographique conduite avant, pendant, après la
restauration par Mauro Coen, les recherches d'archives ont été menées par M. Sebastiano Roberto, les
recherches paléographiques sur les inscriptions par Giulio Fratini et Francesco Moriconi
de ACANTHUS. Le projet d'éclairage revient à l'architecte Francesco Iannone de la société
CONSULINE Architetti Associati.
Institutions préposées à la restauration :
Maître d’œuvre
MINISTERO DEI BENI E DELLE ATTIVITÀ CULTURALI E DEL TURISMO, On. Dario
Franceschini - Direzione Generale Belle Arti e Paesaggio, Arch. Francesco Scoppola,
Représenté par
la Soprintendenza Speciale per il Patrimonio Storico Artistico ed Etnoantropologico e per il
Polo Museale della città di Roma, Dott.ssa Daniela Porro (peintures murales),
1
la Soprintendenza per i Beni Architettonici e Paesaggistici per il comune di Roma, actuellement
Soprintendenza Belle Arti e Paesaggio del comune di Roma, Arch. Renata Codello (décors de
stucs, copies de statues, inscriptions)
et l’Istituto Superiore per la Conservazione e il Restauro, Arch. Gisella Capponi
Et plus précisément :
Les directeurs des travaux :
Pour la Soprintendenza Speciale :
Dott.ssa Emanuela Settimi (directrice des travaux pour les peintures murales)
Pour la Soprintendenza Belle Arti e Paesaggio:
Arch. Elvira Cajano (directrice des travaux pour les décors de stucs, les copies de statues, les
inscriptions)
Pour l’Istituto Superiore Conservazione e Restauro
Dott.ssa Emanuela Ozino Caligaris (directrice opérationnelle pour les peintures murales) et Dott.ssa
Carla Giovannone (directrice opérationnelle pour les décors de stucs, les copies de statues, les
inscriptions)
LE CHANTIER DE RESTAURATION
Une première phase de recherches « technico-analytiques », documentaires et de relevés graphiques,
conduite grâce à des observations approfondies, a caractérisé le début du chantier permettant ainsi, avec
le recueil de données scientifiques, d’engager les phases successives, à commencer par la consolidation
en superficie et en profondeur des enduits et des stucs puis la mise en place des essais de nettoyage qui
n’ont été finalisés qu’une fois que la connaissance approfondie des matériaux constitutifs et des
différentes couches appliquées dans le temps était maîtrisée. Les interventions conduites à partir de
solides bases scientifiques ont permis de s’adapter aux techniques d’exécution originales en intégrant
également des matériaux et techniques conservatives de dernière génération largement éprouvées dans
le cadre de chantiers analogues du Ministero dei beni e delle attività culturali e del turismo.
Après que les résultats des essais aient été examinés et débattus, la phase de nettoyage des couches
picturales de la voûte réalisées « a fresco » (sur de l’enduit frais), mais avec de nombreuses reprises de
couleur insérées à sec, a débuté. Les opérations de nettoyage ont été conduites avec une extrême
prudence de façon à respecter et préserver non seulement les finitions à sec originales mais aussi les
restaurations historiques qui présentent aujourd’hui encore des interventions valables et acceptables
tant pour leur état de conservation que pour leur valeur esthétique.
Dès la fin du XVIIe siècle, des centaines d’agrafes métalliques ont été insérées sur la voûte et sur les
peintures des parois latérales pour consolider les enduits instables, puis ragréées 1 avec du plâtre et
retouchées. Elles avaient été placées lors de la première intervention de restauration de la Galerie par le
1
Ragréage : méthode qui vise à faire disparaître les agrafes par l’ajout d’une couverture de plâtre qui est
ensuite lissée et polie afin d’intégrer parfaitement la couche picturale.
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peintre et restaurateur Carlo Maratti suite à l’apparition de lésions importantes. Selon leur état de
conservation, les ragréages des agrafes - toujours présentes - ont reçu un traitement adapté. Certaines
interventions picturales de finition sur les agrafes ont été conservées car elles ont été jugées
esthétiquement valables, même s’il s’agissait d’une intervention postérieure à Annibal Carrache.
Les mastics des lacunes anciennes et des fissures ont eux aussi été contrôlés et les moins adaptés ont été
retirés. Dans ce dernier cas, les fissures ont été comblées au niveau de la couche picturale lorsqu’elles
étaient réintégrables par leur ton et par leur forme mais elles ont été légèrement remplies sous le niveau
de la couche lorsque leur dimension ne permettait pas un raccord des bords sans une déformation de
l’image.
Enfin, dans la phase de réintégration picturale, les mastics des lacunes ont été traités avec une technique
visible de près, pour éliminer autant que possible l’interférence visuelle des lésions et des lacunes.
Lorsque la couche picturale présentait des chutes ou des abrasions elles ont été masquées avec des
couleurs à l’aquarelle, dans le plus grand respect de la facture picturale originale.
En parallèle des premières opérations de restauration de la voûte et après les premiers essais, les
opérations de nettoyage sur les quatre parois en stuc ont débuté, dans le respect total des matériaux
constitutifs et de la technique d’exécution des éléments du décor, avec l’objectif de rétablir les justes
rapports chromatiques entre les décorations peintes sur la voûte et les reliefs plastiques des parois. Le
retrait des couches postérieures superposées aux stucs originaux monochromes et le nettoyage des
dépôts stratifiés sur les dorures ont permis la récupération intégrale du très riche appareil plastique de
l’un des plus importants ensembles décoratifs des débuts du XVIIe siècle. Une intervention capillaire
de consolidation des phénomènes de décollement des stucs a été nécessaire pour remédier aux
dégradations statiques des stucs qui, dans le temps, ont caractérisé le palais entier et en particulier la
galerie.
Après les opérations de décrassage et de nettoyage, les décorations en « stuc romain » et les dorures en
feuilles d’or sont apparues en si bon état de conservation que seules d’infimes interventions
d’intégration, limitées aux fissures et à quelques lacunes d’éléments de décoration en série, ont été
conduites là où une nécessité conservative et esthétique l’imposait. Les réintégrations des lacunes des
dorures ont été réalisées avec une technique mimétique mais identifiable de près. La restauration,
conduite en plusieurs étapes, n’a pas présenté de difficultés particulières à l’exception du nettoyage des
couches de repeints qui recouvraient les inscriptions et les dessins situés sur les éléments de décoration
modelés en stuc. Ces inscriptions et dessins réalisés au graphite, à la sanguine ou incisés ont nécessité,
en raison de leur fragilité de conservation, un nettoyage avec divers types de lasers adaptés selon la
nature des découvertes. Les opérations délicates de recensement et identification des inscriptions ont
été encadrées par des paléographes, ce qui a permis une juste lecture des éléments et un premier
catalogage historique de celles-ci.
En outre, à l’occasion de la restauration, les moulages des statues en marbre de la collection Farnèse,
présents dans les niches de la Galerie et réalisés dans les années 1970, ont été restaurés et replacés dans
les niches de la Galerie selon la position des marbres originaux précisément indiquée par les gravures de
Pietro Aquila datées de 1674 et celles de Giovanni Volpato datées de 1777.
L’ensemble des phases de travail, aussi bien celles relatives aux peintures murales que celles liées au
décor de stucs, a fait l’objet d’une documentation photographique, et elles ont été rigoureusement
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identifiées sur des relevés graphiques de façon à obtenir une cartographie thématique de l’état de
réalisation, des techniques d’exécution originales et des interventions de restauration précédentes et
actuelles. Des recherches scientifiques ont été par ailleurs menées pendant les travaux.
Enfin, un film documentaire permettant de retracer chaque phase d’intervention sur la voûte et les
parois a été réalisé.
Le chantier de restauration de la Galerie de Carrache a constitué un moment exceptionnel pour la
connaissance des décorations picturales et plastiques ; la quantité de données techniques et scientifiques
recueillies en témoigne.
Un nouvel éclairage complète la restauration. Ce projet conçu par des professionnels, experts du
domaine, a été conduit sous la haute surveillance de la Surintendance qui en a fixé les critères
(discrétion visuelle des appareils et de la structure, distribution lumineuse dans le respect des conditions
de lumière naturelle et des rapports entre la voûte et le décor pariétal puis entre les surfaces planes et
celles en relief) avec la conviction que la lumière artificielle que nous insérons aujourd’hui doit
accompagner le visiteur dans la découverte de l’œuvre, valoriser l’intervention de restauration à peine
conclue mais surtout respecter, sans s’imposer, la création artistique.
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