Le Moyen-Âge

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Le Moyen-Âge
Le Moyen-Âge
fascicule 02
Des amis pour la princesse Marion de Pampelune
La princesse Marion, fille du roi de Pampelune, en avait assez de la vie
de château. Tous les matins, les jongleurs venaient amuser le roi. Bof !
Tous les samedis, les archers se mesuraient les uns aux autres afin de
devenir des chevaliers. Ouais ! Le dimanche, les dames de la cour se
rassemblaient pour changer les idées de la reine Isabeau. Bla-bla-bla !
Mais pour la petite princesse, rien du tout ! Pas d’enfants de son âge
avec qui s’amuser ; pas de jeux pour rigoler ; pas de blagues à raconter.
Ses parents n’acceptaient pas qu’elle parle aux enfants des villageois ni
à ceux qui épluchaient les pommes de terre dans les cuisines.
Un jour, la princesse aperçut Jeanne, la fille de la sorcière Bruschetta.
Elle avait les mêmes cheveux noirs que Marion, la même taille qu’elle
et se tenait fort bien sur son cheval. Marion eut alors une idée :
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« Accepterais-tu de devenir une princesse juste pour une journée ?
demanda-t-elle à Jeanne.
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J’accepte, princesse Marion, à la condition que je puisse rentrer
chez moi dès le coucher du soleil, répondit Jeanne, qui avait toujours rêvé de vivre
dans un château. »
Aussitôt, les deux jeunes filles échangèrent leurs vêtements, Marion revêtit les oripeaux
de Jeanne, et Jeanne, les jolis vêtements de la princesse Marion. Personne ne vit la
différence. Folle de joie, Marion enfourcha sa monture et galopa jusqu’au prochain
village. Elle se joignit à un groupe d’enfants. Elle s’amusa comme elle le voulait depuis
toujours. Elle participa à des jeux qui la firent rigoler ; elle entendit des blagues qui la
firent se rouler par terre. Elle courut dans l’herbe les pieds nus et se défendit même
contre un énorme dragon (pas tout à fait un vrai dragon).
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Lecture : 4 année.
Le Moyen-Âge ; fascicule 02 : page 5
Parmi ses nouveaux amis, il y avait Olivier, le fils d’un archer. Il était très beau et il
chantait au son de sa harpe. Marion en tomba vite amoureuse et Olivier l’invita à une
fête qui avait lieu le lendemain.
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« Oh ! Malheur ! J’ai promis à Jeanne que nous reprendrions chacune notre place
dès le coucher du soleil. Pas de fête pour moi ! » pensa tristement la petite
princesse.
De son côté, Jeanne s’ennuyait au château. Elle fut donc très heureuse de retourner
dans son village. Marion revint comme promis au château du roi Pampelune et
commanda une rencontre avec ses parents
(c’est le privilège des princesses de commander,
n’est-ce pas ?). Elle leur expliqua combien elle
s’ennuyait à la cour du roi.
Le lendemain, il y eut une belle fête au château.
Quelle ne fut pas la surprise de Marion
lorsqu’elle aperçut, parmi les invités, son beau
chevalier. Olivier était le fils de l’archer du roi.
Lui et ses amis furent désormais invités à la
cour. Et Marion finit par trouver la vie au
château très agréable.
Si vous rencontrez une petite princesse qui s’ennuie, ce n’est sûrement pas Marion de
Pampelune !
[…] Francine Allard, Des amis pour la princesse Marion de Pampelune, 2002
Mots en caractère gras : vocabulaire associé au Moyen-Âge
Le mariage de Gauvain
Gauvain est l’un des chevaliers du Roi Arthur. Pour sauver l’honneur de son roi, il
accepte d’épouser une dame monstrueuse et franchement repoussante.
Minuit sonna. La soirée ne pouvait se prolonger plus longtemps.
Le Roi et la Reine remercièrent la noble assistance et menèrent le
couple à sa chambre. Arthur serra tristement Gauvain dans ses
bras en lui souhaitant bonne nuit, tandis que Guenièvre
embrassait l’épouse sur sa pauvre joue, et ils les laissèrent seuls.
La chambre avait été décorée de feuillage frais ; des herbes
odorantes avaient été répandues sur le sol. Le grand lit sculpté,
tendu de velours, était couvert de douces fourrures. Mais
Gauvain ne voyait rien de tout cela. Il soupira et se jeta sur un
fauteuil devant le feu.
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Lecture : 4 année.
Le Moyen-Âge ; fascicule 02 : page 6
Que devait-il faire ? Que lui commandait le Code de la Chevalerie ?
Allait-il passer le reste de sa vie, enchaîné à une créature plus hideuse
qu’un démon de cauchemar ? Parmi toutes les épreuves qu’il avait eu
à surmonter, c’était sans doute celle-ci qui lui demandait le plus de
courage, le plus de loyauté. Il entendit alors un froissement de soie
derrière lui, et la douce voix de sa femme lui murmurer : « Ne voulezvous pas vous coucher, Messire ? »
Frissonnant d’horreur, il tourna la tête. Devant lui se tenait la plus belle
femme qu’il ait jamais vue. Elle avait une longue chevelure blonde qui
lui tombait jusqu’à la taille, son visage était aussi gracieux que celui
d’une fée et sa peau aussi pâle et parfaite qu’une pièce d’ivoire poli.
Lentement elle noua ses bras autour du cou de Gauvain et l’embrassa
sur la joue. « Je suis votre épouse, Messire Gauvain. C’est l’horrible
Dame qui se tient devant vous. En m’épousant, vous m’avez à moitié
délivrée d’un sort qui me condamnait à vivre sous cette ignoble
apparence. Mais vous m’avez qu’à demi libérée. » Elle baissa les yeux tristement.
« Je devrais reprendre l’apparence sous laquelle m’a trouvée le Roi Arthur la moitié de
chaque jour, à moins que vous puissiez répondre à une question. »
« Mon épouse » murmura Gauvain émerveillé par le charmant visage de la jeune
femme. « Ma tendre épouse, quelle est donc votre question ? » « La voici : préférezvous me voir la nuit belle le jour et hideuse la nuit ? Ou préférez-vous me voir la nuit
aussi belle que maintenant et me laisser dans la journée recouvrer les traits de
l’épouvantable sorcière ? » La jeune femme fit un pas en arrière et fixa Gauvain
intensément. […]
Gauvain ne sachant que dire, secoua la tête. Quel que soit le choix qu’il ferait – le jour
ou la nuit – il serait mauvais. « Ma mie, je suis incapable de répondre à votre question.
C’est à vous de décider. Vous devez choisir ce que vous préférez. »
À ces mots, la jeune femme éclata de rire et se mit à battre des mains. « Voilà la bonne
réponse à ma question ! » s’écria-t-elle en lui jetant les bras autour du cou. « Vous
m’avez offert ce que toute femme désire le plus au monde : la liberté de choisir sa
propre vie. Maintenant, le sort est défénitivement rompu. Vous ne verrez plus jamais
l’horrible sorcière, et je serai à vous pour toujours ! »
[…] Selina Hastings, Le mariage de Gauvain, 1985
Mots en italique et soulignés : vocabulaire à chercher dans le dictionnaire
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Lecture : 4 année.
Le Moyen-Âge ; fascicule 02 : page 7
Le Moyen-âge, dites-vous ?
Il y aura bientôt un an que Marjo, Simon, Adeline, Sébastien et leurs
parents habitent la station spatiale Modernus 4. Il faut souligner ça !
Ce matin, les membres de l’Astro-club préparent les activités pour la
fête. Malheureusement, une panne du système de réfrigération
interrompt leurs préparatifs.
Marjo et Simon rencontrent Mme Thibouthot dans le corridor menant
au gymnase. La gentille femme semble très préoccupée. « Le système de réfrigération
ne fonctionne plus, mes enfants. Le capitaine Painchaud dit qu’il faudra nous passer de
réfrigérateurs jusqu’à ce que la Terre nous envoie les pièces neuves.
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Combien de temps cela prendra-t-il ?, demande Simon en pensant au repas que les
membres de l’Astro-club veulent préparer pour la fête.
Je l’ignore, mes pauvres enfants, réplique la directrice avec un drôle d’air. »
Tout à coup, Odilon Laperle, le concierge de Modernus 4, sort de son cagibi. Il a
entendu toute la conversation. M. Laperle aime faire des blagues. Il dit en
bougonnant : « Il faudra manger des sardines et des anchois durant des jours ! »
Simon et Marjo n’aiment pas ce genre de poisson salé. Ils se rendent dans la classe
d’arts plastiques où Claude Laflamme et ses élèves fabriquent des banderoles pour la
fameuse fête. Ils répètent à leurs camarades ce que le concierge leur a raconté. M.
Laflamme se retient de rire et leur dit sur un ton sérieux : « Au temps des chevaliers,
des princesses et des châteaux du Moyen Âge, les gens ne mangeaient que de la
viande et du poisson salés. On utilisait le sel pour cuire les aliments et les conserver
durant l’hiver. C’est le temps d’imaginer que vous vivez à cette époque ! Ce n’est tout
de même pas une petite panne de réfrigération qui va nous empêcher de fêter ! »
Les membres de l’Astro-club se préparent donc à manger des mets conservés dans le
sel. Ils prennent les craquelins, les graines de tournesol, les arachides salées qu’ils
trouvent dans la réserve de nourriture du Modernus 4. Ils mettent la table. À l’heure du
repas, tous les membres de l’équipage et les enfants sont attablés devant leur repas…
salé. Odilon Laperle et ses collègues s’amusent comme de petits fous.
« Vous m’avez cru, mes petits chenapans ? Sachez que j’ai déjà réparé tous les
réfrigérateurs. Ils regorgent de vos plats préférés. Vous n’avez qu’à aller les chercher.
Joyeux anniversaire au Modernus 4 ! », conclut le concierge en grignotant un craquelin
sous le rire complice de Mme Thibouthot et des autres. Il faut bien s’amuser, non ?
[…]Francine Allard, Le Moyen-Âge, dites-vous ?, 2002
Mots en italique et soulignés : vocabulaire à chercher dans le dictionnaire
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Lecture : 4 année.
Le Moyen-Âge ; fascicule 02 : page 8