La vie de Michael Jackson disséquée pour 40 milliards

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La vie de Michael Jackson disséquée pour 40 milliards
8Monde
Tribune de Genève | Jeudi 4 avril 2013
Nicolas Maduro invoque
la bénédiction de Chavez
Etats-Unis
Au moment de son décès, le 25 juin 2009, le «Roi de la Pop» répétait pour une tournée mondiale. JOËL RYAN/AP
La vie de Michael Jackson
disséquée pour 40 milliards
Le procès contre
le promoteur de
concerts du «Roi de
la Pop» s’est ouvert
mardi à Los
Angeles. Grand
déballage garanti
Jean-Cosme Delaloye
Le show a commencé mardi. Pendant une interview bizarre accordée à CNN, Conrad Murray, l’ancien médecin de Michael Jackson,
s’est mis à chanter une chanson
de Nat King Cole. Murray, qui
purge une peine de quatre ans de
prison pour son rôle dans la mort
du «Roi de la Pop» et qui clame
toujours son innocence, a fredonné «The Little Boy That Santa
Claus Forgot» (Le petit garçon que
le Père Noël a oublié) pour décrire
son enfance difficile: «Cette chan-
son raconte mon histoire, a-t-il
lancé au présentateur de CNN. Je
n’avais pas de Noël, je n’avais pas
de cadeaux, je n’avais rien. Mais
en grandissant, mon cœur a toujours été entier.»
Conrad Murray, reconnu coupable en novembre 2011 d’avoir
administré une dose mortelle de
somnifères au chanteur, se retrouve au cœur du procès intenté
par la mère et les enfants de Michael Jackson au promoteur de
concerts AEG Live. Enjeu de cette
bataille légale qui a débuté mardi
à Los Angeles: 40 milliards de dollars. Ce sont les dédommagements demandés par la famille
Jackson au groupe qui devait produire la tournée mondiale du «Roi
de la Pop» en 2009.
Les héritiers de Michael Jackson accusent AEG d’avoir employé le docteur Murray, ce que
nie le promoteur. Le jury, dont la
sélection a démarré mardi, va devoir se pencher sur l’épineuse
question de la responsabilité légale d’AEG Live au cours d’un procès qui devrait donner lieu à un
nouveau grand déballage sur la
vie de Michael Jackson. CNN et
NBC ont demandé à la juge en
charge de l’affaire d’autoriser la
diffusion en direct des audiences,
mais celle-ci ne s’est pas encore
prononcée.
Les avocats d’AEG Live n’ont
pas caché leur intention de se pencher sur la vie dissolue du chanteur avant sa mort. Leur affrontement avec ceux de Katerine Jackson, la mère du «Roi de la Pop»,
devrait tourner autour d’une série
d’e-mails que se sont échangés
des cadres du promoteur de la
tournée pour laquelle répétait Michael Jackson au moment de son
décès, le 25 juin 2009.
Kenny Ortega, le metteur en
scène de la tournée de Jackson,
avait notamment envoyé au promoteur deux courriels paniqués
quelques jours avant la mort du
chanteur. Il avait écrit que Michael Jackson était trop «faible» et
trop «fatigué» pour répéter et
qu’il «tremblait». Randy Phillips,
le patron d’AEG Live, avait répondu en ces termes: «Il est essentiel que ni toi, ni moi, ni personne
d’autre ne se transforme en un
docteur ou un psychiatre amateur.»
La juge en charge de l’affaire a
estimé que la famille Jackson avait
assez d’éléments de preuve pour
demander à un jury de se prononcer sur la responsabilité d’AEG
Live. Plus de 100 témoins pourraient être appelés à la barre pendant ce procès-fleuve dont deux
de ses trois enfants, Prince et Paris, ainsi que le docteur Conrad
Murray.
Celui-ci a fait savoir sur CNN
mardi qu’il invoquerait son droit à
rester silencieux pour ne pas mettre en péril ses chances dans sa
procédure d’appel contre sa condamnation.
L’infante Cristina inculpée par la justice espagnole
La fille du roi est poursuivie
dans une affaire
de détournement de fonds
impliquant son mari
L’étau se resserre autour de la famille royale espagnole. Hier la justice a formellement inculpé l’infante Cristina dans une affaire de
détournement de fonds. Elle est
appelée à comparaître devant le
Tribunal de Majorque le 27 avril.
La fille cadette du roi avait jusqu’à
présent été épargnée par les affaires de corruption qui touchent
son mari Iñaki Urdangarin. Ce
dernier est accusé «d’appropriation illicite de fonds publics» destinés à l’Institut Nóos, qu’il dirigeait.
Iñaki Urdangarin, médaillé de
bronze avec l’équipe d’Espagne
de handball aux JO d’Atlanta et de
Sydney, s’était reconverti dans le
monde des affaires. Il avait été
Contrôle qualité
nommé à la présidence de Nóos
en 2003. Cette fondation décroche alors des contrats millionnaires avec la Communauté valencienne et le gouvernement des Baléares pour organiser des événements liés au sport et au tourisme.
Une bonne partie des 6 millions
d’euros octroyés finit dans les
caisses de Aizóon, une entreprise
détenue par Urdangarin et son associé Diego Torres.
Egalement inculpé, ce dernier
tente depuis plus d’un an de faire
tomber la famille royale avec lui. Il
a déjà fourni à la justice des centaines de courriers électroniques attestant une certaine complicité de
la monarchie avec les affaires
d’Urdangarin ainsi que l’implication supposée de l’infante Cristina
dans l’obtention des contrats de
son mari.
Jusqu’à présent, la justice considérait que la fille du roi n’avait
jamais participé à la prise de déci-
L’infante Cristina sera interrogée
pour «délit de trafic d’influence».
HELMUT FOHRINGER/KEYSTONE
sion de l’Institut Nóos (bien
qu’elle fût membre du comité de
direction). Mais, selon le juge de
Majorque, les nouveaux documents «soulèvent des doutes sur
le fait que [l’infante] n’était pas au
courant que son époux utilisait»
son nom et son statut dans les affaires courantes de Nóos.
Cristina sera donc interrogée
pour «délit de trafic d’influence».
Mais les courriels ont déjà éclaboussé d’autres proches de la famille royale. L’Allemande Corinna Sayn-Wittgenstein, qui accompagnait Juan Carlos lors de
son inopportune chasse à l’éléphant au Botswana il y a un an,
aurait en effet servi d’intermédiaire, aidant Urdangarin à décrocher des contrats tout en tenant le
roi informé des affaires de son
gendre. C’est le monarque qui risque à présent d’être inquiété.
Agé de 75 ans et affaibli, le roi
avait – lors de son allocution de
Noël – affirmé l’égalité de tous les
Espagnols devant la loi. Les derniers événements semblent constituer un premier pas dans ce
sens. Adrià Budry Carbó
Nicolas Maduro a rapidement salué le premier rang avant de laisser les artistes chauffer la foule. Le
successeur d’Hugo Chavez, qui
n’avait «jamais imaginé» devoir
reprendre le flambeau de la révolution vénézuélienne, est apparu
mal à l’aise lors de son premier
meeting officiel.
«C’était un peu court», se plaint
Orlaida Camacho à la fin de l’événement, qui se déroulait à Barinas,
où est né Hugo Chavez. L’infirmière, cheffe d’une patrouille locale du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), était habituée aux
discours fleuves du «Comandante»: «Quand il venait, il dansait, chantait et racontait des histoires pendant des heures. Là,
avec Maduro, c’était un peu décevant», explique-t-elle tout en épongeant son tee-shirt plein de sueur.
Les militants socialistes, plusieurs dizaines de milliers, ont attendu sous un soleil de plomb,
pendant des heures, l’arrivée du
candidat à la présidentielle du
14 avril. Orlaida Camacho nuance
cependant qu’il faut «laisser le
temps à Nicolas Maduro de se
faire la main».
La prophétie de l’oiseau
Les proches de Nicolas Maduro
assurent qu’il n’était pas bien préparé à assumer le lourd héritage
que laisse le charismatique Hugo
Chavez, mort le 5 mars.
Ce mardi, derrière son épaisse
moustache noire, le dauphin du
leader vénézuélien a tout de
même essayé d’imiter son mentor. Il a commencé son discours en
évoquant un épisode qu’il aurait
vécu le matin même, comme le
faisait souvent Hugo Chavez: «Je
suis allé prier dans une petite chapelle de bois, où était accrochée
une photo d’Hugo. Je parlais à
l’âme de notre Comandante lorsque j’ai reçu la visite d’un petit
oiseau. Il a fait trois tours, m’a regardé puis s’est envolé», a-t-il raconté devant une masse d’incré-
ARIANA CUBILLOS/AP
Au Venezuela, la campagne
présidentielle du
successeur d’Hugo Chavez
a commencé dans la région
natale du défunt leader
Nicolas Maduro lors de son
premier meeting officiel.
dules, tout en imitant les sifflements du volatile. Pour Nicolas
Maduro, il s’agissait à coup sûr
d’une «bénédiction d’Hugo Chavez» pour sa campagne.
La campagne de la haine
Nicolas Maduro est revenu sur ses
principaux thèmes de campagne,
parmi lesquels figure la lutte contre l’insécurité, dans un pays qui
compte officiellement 16 000 homicides par an. Il a aussi rapidement évoqué la lutte contre la bureaucratie et la corruption. L’essentiel de son discours visait pourtant à discréditer son adversaire.
Comme à son habitude, le président intérimaire a traité le candidat d’opposition, Henrique Capriles, de «bourgeois apatride» et de
«fasciste».
L’ancien chauffeur de bus a affirmé que «la campagne à venir
sera la campagne de la haine»: «Il
– Henrique Capriles – est obsédé
par moi car il déteste le peuple, et
je viens du peuple.» En cause, les
apostrophes directes de Capriles
envers son opposant: «Tous les
problèmes viennent de toi Maduro! Ne t’y crois pas trop, mon
gars.»
Nicolas Maduro est reparti
mardi en coup de vent de Barinas,
la campagne ne durera que dix
jours. Dans la rue, les militants
révolutionnaires continuaient de
chanter: «Chavez, je te le jure, je
voterai pour Maduro», le slogan
de la campagne socialiste.
Simon Pellet-Recht
Pyongyang bloque
la zone de Kaesong
La Corée du Nord a interdit
l’accès de la zone interCorées aux salariés du Sud.
Un général américain juge
la situation explosive
Pyongyang a interdit hier l’accès
de 484 travailleurs sud-coréens à
la zone économique inter-Corées
de Kaesong. Ce complexe en territoire de la République populaire
démocratique de Corée est un
bon baromètre de l’état des relations avec le Sud. Kaesong n’a
ainsi jamais été fermée, sauf une
journée en 2009. Pyongyang avait
alors bloqué l’accès une première
fois pour protester contre des
manœuvres militaires conjointes
des Etats-Unis et de la Corée du
Sud de grande ampleur. Ce complexe d’entreprises sud-coréennes emploie 53 000 Nord-Coréens et fournit des devises étrangères indispensables au pays. Ce
blocage est donc un des derniers
moyens d’exprimer son mécontentement.
Depuis que l’ONU a alourdi les
sanctions à son encontre, la Corée
du Nord n’a pas laissé passer un
jour sans montrer ses muscles. Si
le jeune Kim Jong-un singe la rhétorique de son père et de son
grand-père pour asseoir son pouvoir naissant à l’interne, il inquiète de plus en plus à l’extérieur. Hier, Moscou jugeait la situation «explosive» en Corée. Le
vice-ministre des Affaires étrangères, Igor Morgoulov, soulignait
que dans une telle «situation tendue, une banale erreur humaine
ou une défaillance technique suffit pour que la situation devienne
hors de contrôle». Le général James Thurman, commandant des
troupes américaines en Corée du
Sud, déclarait qu’«étant en charge
depuis deux ans, il n’avait jamais
connu une situation aussi volatile
et dangereuse». Les Etats-Unis ont
également annoncé hier qu’ils allaient déployer «dans les prochaines semaines» une batterie antimissile THAAD sur l’île de Guam.
De son côté, Paris a demandé
une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU et souhaité que la
Chine, principal allié et protecteur de Pyongyang, intervienne
dans la crise. A Séoul, si le calme
prévaut encore, le Ministère de la
défense a fait savoir qu’un «plan
d’urgence, comprenant une possible action militaire, était prêt en
cas de situation grave» sur le site
de Kaesong.
Olivier Bot avec les agences