bienvenue sur afro connection magazine
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bienvenue sur afro connection magazine
DECEMBRE 2015 / NUMERO 1 A F RO CONNECTION Close to you, close to your roots MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 1 SOMMAIRE AFRO CONNECTION 06 Ethno Tendance Une fashion week qui bouscule les codes de la mode A show that shakes up the codes of Fashion TRAJECTOIRE / THE COURSE 12 Florian Kepwa UN JOUR A / ONE DAY IN 18 Yaoundé AFRICULTURE 26 Le puissant fleuve Congo The powerful Congo river A fro Connection magazine a pour objectif principal d’établir une connexion intemporelle, audelà des frontières et des diktats politiques, économiques et socioculturels, entre les différentes générations de la diaspora africaine, et de créer des ponts entre les différentes communautés, d’ici et d’ailleurs, qui aiment l’Afrique, ce continent aux multiples couleurs et saveurs. Partager toutes les richesses du continent africain, qu’elles soient historiques, géographiques, culturelles ou encore économiques, en se basant sur un travail journalistique rigoureux ; voici le véritable crédo de ce nouveau magazine. Aujourd’hui, nous vivons une mixité culturelle d’un nouveau genre, les métissages ne se résument plus uniquement à l’Afropéen, en d’autres termes à une rencontre entre l’Européen et l’Africain, mais intègre également une mixité intra-africaine où l’Africain va à la rencontre de ses congénères issus d’un autre pays que le sien, d’une autre culture, d’une autre langue, mais d’un même continent. On fait alors tomber les barrières, on se parle, on s’informe, on oubli les préjugés. C’est dans cet état d’esprit que la création d’un magazine comme Afro-Connection prend tout son sens. Vous l’aurez compris, ce magazine veut être un adjuvant majeur à la compréhension, au partage, à l’acceptation et l’intégration d’autres cultures au sein d’un pays métissé au centre de l’Europe. Le Girl Power à la rwandaise L’équipe d’Afro Connection, elle-même composée d’individus européens venus des quatre coins de l’Afrique, souhaite beaucoup de plaisir à ses lecteurs dans la découverte de ce magazine qui s’adresse aux grands comme aux petits. Nous sommes là pour vous informer, vous faire découvrir, et vous divertir. Rwandan style girl power Au nom de toute l’équipe, je vous souhaite une bonne lecture. FEMME D’EXCEPTION / WOMEN OF EXCEPTION 32 ÉDITO RACINES / ROOTS 42 Les zoulous The zulu INSPIRATION 48 Inzia ON DIT QUE... / PEOPLE SAY... 58 Les blancs ne savent pas... White people can’t... TABOU / TABOO 64 Les couples mixtes africains African mixed couples ART 74 Watshini CUISINE / COOKING 80 2 Poulet Yassa / Chicken Yassa AFRO CONNECTION MAGAZINE A word from the Chief Editor T he main purpose of Afro Connection magazine is to create a connection beyond time, beyond borders and political, sociocultural and economic dogmas, to create a link between generations of the African diaspora and to build bridges between different communities, people here and elsewhere, who share a passion for Africa, this continent filled with a variety of colours and flavours. To share the treasures of the African continent, may they relate to History, geography, culture, or even economy, based upon thorough journalistic work; such is the true credo of this new magazine. Today, we experience cultural diversity in a new way. Afro-European cultural and racial admixtures no longer refer exclusively to the Afropean concept, or the encounter between European and African individuals, but it also includes the idea of a mix between Africans themselves; Africans who speak different languages and have different beliefs, who come from different countries and backgrounds, but share common roots. They too, with their cultural differences, which they brought along with them to Europe, must learn to accept each other, and live together. Then, when this is achieved, people are able to overcome obstacles, people talk to each other, seek information and knowledge, and suddenly preconceptions are forgotten. It is within this mindset that a magazine such as Afro Connection truly makes sense. As you may now understand, this magazine wants to encourage a better understanding and sharing of other cultures and what they have to offer, in a country at the centre of Europe as culturally diverse as Belgium. The Afro Connection team, itself composed of Europeans whose parents or relatives have come from the four corners of Africa, wishes its readers, young and old, a pleasant read. We are here to inform you, help you discover what you may not know, and entertain you. On behalf of the entire team, I thank you and hope you enjoy Afro Connection Magazine. Anthony Pemba Rédacteur en chef et Fondateur / Chief Editor and Founder AFRO CONNECTION MAGAZINE 3 Afro Connection « On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l’autre pour se révéler. » Afro Connection "You can not paint white on white, black on black. Each needs the other to be." 4 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 5 Afro Connection Pour cette nouvelle édition, l’ETFWB a décidé de faire défiler des mannequins à mobilité réduite. Une première pour une Fashion Week en Europe. Une manière de dire qu’un handicap ne doit pas être un frein. Cette décision s’inscrit dans la continuité de la démarche de l’ETFWB qui prône la tolérance et s’attache à faire ressortir le meilleur de ses participants. Mannequins rondes ou encore albinos ont l’habitude de fouler le catwalk. Ethno-Tendance Une Fashion Week qui bouscule les codes de la mode. A show that shakes up the codes of Fashion Ces 31 octobre et 1er novembre 2015, s’est déroulée à Bruxelles la 4e édition de la Fashion Week Ethno Tendance. Un salon de la mode qui se veut multiculturel et ouvert sur le monde. On 31st October and 1st November 2015, the 4th edition of the Ethnotendance Fashion Show took place in Brussels; a show that wants to be multicultural and open to the world. 6 Une initiative bruxelloise An initiative from Brussels Le concept Ethno tendance est un projet mis en place par Cérina de Rosen. Elle est créatrice de mode et travaille depuis plusieurs années dans l’événementiel, dans la promotion de la culture et des arts. En tant que créatrice de mode elle s’est rendue dans plusieurs événements clés de la mode dans les capitales européennes et internationales, c’est à ces moments-là qu’elle s’est aperçu que dans ces salons et ces Fashion Week il y avait un manque cruel de créateur originaire des pays du Sud. Pourtant la mode actuelle occidentale s’inspire beaucoup de l’Afrique, The “Ethno tendance” concept was created by Cérina de Rosen. She is a fashion designer and has been organising events for many years in order to promote culture and art. As a fashion designer, she travelled to the capitals of the world to attend key fashion shows. It is at these moments that she realised how much designers from the South were missing to these events. Meanwhile, modern Western fashion finds inspiration in Africa, South America, Asia and the East, but the creators and designers themselves do not come from these places. Therefore AFRO CONNECTION MAGAZINE For this new edition, the Ethno Tendance Fashion Week Brussels decided to give models with reduced mobility and disabilities their space on the catwalk, a first for a Fashion Week in Europe. It is another way of saying that disability shouldn’t be an obstacle. This decision follows the principle of tolerance and open-mindedness defended by the initiators of this event, always aiming to bring out the best in all the participants. Strong, curvaceous women, but also albino models can be seen on the runway. AFRO CONNECTION MAGAZINE 7 de l’Amérique du Sud, de l’Asie et de l’Orient, mais sans que ce soit des créateurs issus de ces régions du monde. Il y avait donc un manque de reconnaissance internationale des créateurs des pays du Sud. C’est alors que l’idée Ethno Tendance est née. Des objectifs ambitieux L’objectif de base était de montrer ces créateurs à un nouveau public, à la presse et aux clients, pour qu’ils aient plus de débouchées commerciales en Occident. Mais les objectifs sont bien plus larges. L’enjeu principal est la représentation des minorités dans l’espace public. La Belgique souffre encore trop du problème d’invisibilité des minorités. Que ce soit à la télévision, dans les journaux ou au cinéma, les personnes de couleurs se font encore trop rares et ce que nous voyons dans les médias est loin de représenter les visages belges de 2015. Ethno-tendance veut instaurer une dynamique de reconnaissance culturelle et identitaire pour qu’il y ait plus de diversité dans le milieu de la mode, que ce soit au niveau des mannequins, des créateurs ou des personnes qui innovent dans ce secteur. Mais également dans les autres milieux. C’est pourquoi d’autres projets sont mis sur le devant de la scène pendant l’événement. Des expositions d’œuvres d’arts, de la musique ou encore des jeunes entrepreneurs peuvent trouver une visibilité à Ethno-tendance. it was clear to her that there was a lack of international recognition of designers from these parts of the world. This led to the birth of the original idea of the Ethno tendance Fashion Show. Ambitious goals At first, the main idea was to present these designers to a new audience, to the press and customers, to offer space on the Western fashion market. But the goals of this event are much bigger. The main objective is to represent minorities on the public stage. Belgium still suffers too much from the invisibility of minority groups. Whether it is on television, in the newspapers, or in films, coloured people are not represented as much as they should be, and what the media shows us is far from representing the faces of Belgium in 2015. Ethno tendance wants to encourage the acknowledgement of the identity and culture of minorities, and widen the cultural diversity within the world of fashion, may it be for models, designers, and innovators of this sector. But also in other fields and environments. That is why other projects are presented during this event. Art exhibitions, music, but also young businessmen and women can present their work and find visibility at Ethno-tendance. Wind in the Sails For several years we have observed the effervescence of African fashion for different Le vent en poupe reasons. First of all, The USA, as it is often Depuis plusieurs années, on assiste à une the case, has taken the lead. In the country effervescence de la mode africaine pour of Uncle Sam, African-Americans dictate différentes raisons. D’abord, les États-Unis style ont, comme souvent, une longueur d’avance. and fashion and many top models are Au pays de l’oncle Sam, les Afro-Américains African-American. Then, initiatives are édictent la mode et on retrouve de plus en born in the four corners of Europe. We plus d’égéries afro-américaines. Ensuite, find Co-ops, ethnic Fashion Weeks, fashion des initiatives naissent aux quatre coins de shows, new brands created by Africans who 8 AFRO CONNECTION MAGAZINE l’Europe. On retrouve des collectifs, des Fashion-Weeks ethniques, des salons, de nouvelles marques de créateurs d’origine africaine qui sortent de leur marchés nationaux pour proposer des produits dans la grande distribution. Enfin, on peut souligner l’impact positif des réseaux sociaux dans cet engouement. Les créateurs ont pu trouver, sur internet, un espace qui leur offre plus de visibilité, les blogueurs afros ont eux aussi eu plus d’occasions pour s’exprimer et exposer leurs idées. Bruxelles, une évidence Bruxelles est d’abord la ville d’origine de Cérina de Rosen qui est par ailleurs très active dans les activités organisées par la diaspora africaine. Mais Bruxelles c’est aussi une ville aux mille visages et aux mille cultures. Le projet a trouvé son écrin dans ces métissages, de façon naturelle. De plus, Bruxelles était en manque d’une fashion week au moment de la création d’Ethno-tendance en 2011. Il y avait donc un manque à gagner, une occasion idéale pour Ethno tendance. Ethno tendance, autour du monde Ethno tendance se veut mouvement, car c’est un concept qui est par définition itinérant. Des projets d’éditions à l’étranger sont en cours de préparation. Il est possible qu’on retrouve, un jour, une fashion week Ethno tendance à Ouagadougou, Kinshasa ou Pretoria. Restez connectés ! reach beyond their national markets to offer products on the international scene. Finally it is important to highlight the positive impact of social media on this new trend. Designers have found, thanks to the Internet, a space to present their work ; Africans are writing blogs and seizing new opportunities to express their views and ideas. Brussels, a self-evident fact First, Brussels is Cérina de Rosen’s city, where she is at home, and she is also extremely active within the African community. She often participates in activities organised by the African diaspora. But Brussels is a city of a thousand faces and cultures. This project has naturally found a setting in this multicultural background. Moreover, There was no Fashion Week in Brussels at the time Ethno-tendance was created, in 2011. Therefore there was opportunity for business, an ideal opportunity for Ethno tendance. Ethno tendance, around the world Ethno tendance wants to be much more than a fashion show. It is a multicultural and social movement, for it is, by definition, a moving concept. There are plans for future editions abroad. It is possible that, one day, we may find an Ethno tendance Fashion Week in Ouagadougou, Kinshasa or Pretoria. So stay tuned ! AFRO CONNECTION MAGAZINE 9 Trajectoire « Aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur. » The Course "Until the lions have their own historians, the history of the hunt will always glorify the hunter." 10 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 11 The Curse de fuir, car autrement je n’aurais pas eu les moyens de me payer le voyage. Et comme je voulais vraiment venir en Europe, j’en ai profité pour partir. Quand nous sommes arrivés, je suis directement parti, je ne suis même pas allé au concours de chant. Es-tu venu seul ? Avec ta famille ? Des amis ? Un(e) conjoint(e) ? FK : Sur les 35 membres de mon ancien groupe, environ 10 se sont enfuis en même temps que moi. Florian Kepwa 31 ans - Yaoundé, Cameroun Arrivé à Bruxelles en 2005 Que faisais-tu avant d’arriver ici ? FK : J’étudiais la comptabilité et je chantais dans une chorale. Que fais-tu maintenant en Belgique ? FK : Je pratique du chant lyrique, et chante comme supplémentaire au théâtre de la Monnaie. What were you doing before you arrived here? FK : I was studying accounting and singing in a choir. What do you do now in Belgium? FK : I am an opera singer and I have a temp job in the chorus of the Monnaie Theatre. As-tu déjà regretté ton choix ? FK : Non, jamais. Did you ever regret your choice? FK : No, never. Pourquoi as-tu décidé de quitter ton pays d’origine ? FK : Parce que s’était mon rêve de venir en Europe comme beaucoup d’enfants en Afrique. Je voulais faire quelque chose que j’aime, je voulais voir d’autres choses. Je voulais faire l’expérience d’une autre culture. Why did you decide to leave your country of origin ? FK : Because it was my dream to come to Europe, a dream I share with many children in Africa. I wanted to do something I loved, I wanted to see other things. I wanted to experience another culture. By what means did you arrive here ? I flew on a plane. I was singing in a group and we were participating in a contest in Europe. It was an opportunity, a way out for me, because otherwise I wouldn’t have had the money to pay for the journey. And Par quels moyens es-tu arrivé ici ? FK : Par avion. Je chantais dans un groupe et nous devions participer à un concours en Europe. C’était une opportunité pour moi 12 « On accuse souvent l’autre, mais ce n’est jamais l’autre, mais nous même, car nous sommes la source de tout ce qui nous arrive. » AFRO CONNECTION MAGAZINE because I really wanted to go to Europe, I took this opportunity to leave. When we arrived, I left immediately, I didn’t even go to the singing contest. Did you come alone, with your family, friends, a partner ? FK : Among the 35 members of my old group, about 10 escaped at the same time as I did. What hardships did you have to overcome to get here ? FK : There were many difficulties concerning official documents, and finding a place to live… Here, if your papers aren’t in order, there’s nothing much you can do. What surprised you most when you arrived in Europe ? Quelles ont été les difficultés que tu as FK : To be honest, I wasn’t expecting rencontrées pour arriver ici ? anything specific, I was off on an adventure ! FK : Enormément de difficultés pour les I didn’t know anything so I just took my papiers, pour trouver un logement... Ici, chances. But if I had to pick something, I si tu n’es pas en règle de papiers tu ne sais would say I was impressed by how people pratiquement rien faire. welcomed me. There are a few people who Quelle a été ta plus grande surprise made me feel very welcomed. en arrivant en Europe ? What was your greatest FK : Honnêtement, je n’attendais rien de très disappointment ? précis. J’allais en aventure ! Je ne connaissais FK : None at all. I would just say that I had pas donc je me suis lancé. Mais si je devais choisir quelque chose, je dirais la qualité de to learn a lot. l’accueil. Il y a certaines personnes qui m’ont What do you prefer in European très bien accueilli. culture ? Quelle a été ta plus grande déception ? FK : French-fried potatoes (he laughs). The FK : Aucune. Je dirai simplement beaucoup music ! I am an opera singer and there are many more opportunities to work in this field d’apprentissages. here than there are in Africa. What is the greatest difference with your home culture? FK : I find that here, everything needs to be explained. One must always explain AFRO CONNECTION MAGAZINE 13 Que préfères-tu dans la culture européenne ? FK : Les frites (rire), la musique ! Je suis chanteur d’opéra et il y a beaucoup plus d’opportunités à ce niveau-là ici qu’en Afrique. everything and sometimes it becomes complicated. In Africa things are simpler in this respect. You say something and they answer yes or no, there’s no going into details. What would you bring with you from Africa to Europe? FK : The landscape and the beautifully crafted wooden masks made by local craftsmen. Quelle est la plus grande différence avec ta culture d’origine ? FK : Je trouve qu’ici on a trop besoin d’explications. Il faut toujours tout expliquer et parfois ça devient compliqué. En Afrique, And what would you take with you c’est beaucoup plus relax de ce côté-là.Tu dis quelque chose et on te répond oui ou non, "We often accuse others, but it’s on n’entre pas dans les détails. Qu’amènerais-tu d’Afrique en Europe ? FK : La nature et les beaux masques en bois que fabriquent les artisans. Et inversement, qu’amènerais-tu d’Europe en Afrique ? FK : L’ouverture d’esprit et les frites (rire) Quels rapports gardes-tu avec ton pays d’origine ? D’excellents rapports, je suis intéressé par ce qui se passe dans mon pays. Dirais-tu que tes fréquentations sont essentiellement des personnes de la même origine que toi ? Des Belges ? D’autres étrangers ? FK : C’est vraiment de tout. Qu’est-ce qui est mis en place par ta communauté ici en Belgique ? FK : Je ne fréquente pas vraiment les lieux typiquement camerounais, mais je sais qu’il y a beaucoup de soirées organisées, des concerts, des coopératives... Retournes-tu souvent au pays ? FK : Oui, presque chaque année. 14 AFRO CONNECTION MAGAZINE never really someone else’s fault, it is only ours ; because I am the source of everything that happens to me." Quel rôle penses-tu pouvoir jouer à ton niveau, pour le développement de ton pays et de l’Afrique en général ? FK : Je ne me limiterai pas seulement à l’Afrique, mais j’aimerai apporter un message pour le monde entier. Ce que j’aimerai apporter, c’est de dire aux gens d’être fidèles à eux même, être vrai. On se pose des questions intérieurement, mais on va chercher les réponses à l’extérieur. Toutes les vérités sont en nous. On accuse souvent l’autre, mais ce n’est jamais l’autre, mais nous même, car nous sommes la source de tout ce qui nous arrive. Do you return to your country often ? Yes, almost every year. What role do you think you could play, at your level, for the development of your country and Africa in general ? FK : I wouldn’t limit myself to Africa alone, but I would like to send a message to the whole world. I would like to tell people to be faithful to themselves, to be true. We ask questions within ourselves but we always look for answers outside ourselves. All truths are within us. We often accuse others, but it’s never really someone else’s fault, it is only ours ; because I am the source of everything that happens to me. from Europe to Africa ? FK : The open-mindedness and french fries. (he laughs) What relation do you maintain with your country of origin ? FK : I feel very connected to my country and I am very interested in what goes on over there. Would you say that you mostly hang out with people that have the same origins as you ? Or do you hang out with Belgians, people from other countries ? FK : I meet all kinds of people. What does your community organise, how do people from your community help each other ? FK : I don’t really go to the typical places where Cameroonians generally gather, but I know there are many events, concerts, coops, that are organised. AFRO CONNECTION MAGAZINE 15 Un jour à « Un vieillard qui meurt, c’est comme une bibliothèque qui brûle. » proverbe de Amadou Hampâté Bâ A day in "When a old man dies, a library burns to the ground." Amadou Hampâté Bâ 16 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 17 A Day In Yaoundé, nous en met plein la vue Yaoundé, a city that will blow your mind Yaoundé, c’est la capitale administrative du Cameroun, mais pas que ! C’est aussi une ville qui éveillera vos sens et qui promet de nombreuses surprises ! Yaoundé is Cameroon’s administrative Capital but it’s much more than that! It’s also a city that will awaken your senses, a city filled with unexpected surprises! 1001 couleurs ! 1001 colours! Yaoundé offre une palette de paysages et de couleurs impressionnante ! Il y bien entendu le rouge, typique des routes et des sols africains et le vert de la luxuriante forêt équatoriale qui entoure la ville. Mais il y aussi le jaune des taxis et des drapeaux camerounais qui flottent un peu partout dans la ville. Yaoundé offers an impressive palette of landscapes and colours! Among those colours you will of course find red, that is the typical colour of African roads and soil, and also green, the colour of the luxurious equatorial forest that surrounds the city. But there is also the yellow, colour of the cabs and Cameroonian flags floating here and there around the city. 1001 senteurs ! Yaoundé, c’est la ville africaine tropicale par excellence ! Si vous arrivez pendant la saison 18 AFRO CONNECTION MAGAZINE 1001 fragrances! Cathédrale Notre Dame de la Victoire de Yaoundé des pluies, vous reconnaitrez rapidement l’odeur typique des sols humides. Mais même si cette odeur n’est pas désagréable, vous l’oublierez vite à coté des stands de nourritures qui vous donneront envie de casser la croute. 1001 saveurs ! A Yaoundé, vous retrouverez toute la gastronomie camerounaise. Venez gouter le Nnam Wondo (pâte d’arachide empaquetée dans des feuilles de bananiers) ou boire un verre de matango (vin de palme), on vous conseille aussi le poulet DG (ragout de poulet aux légumes et à la banane plantain) au Parallèle Club, il paraît que c’est le meilleur du pays. Pour les plus aventuriers, il faut sortir des sentiers battus et gouter la cuisine de la rue. Dans tous les quartiers, les habitants se retrouvent à même le trottoir et partagent ensemble le repas. A essayer absolument ! Un certain standing Yaoundé is the ultimate African tropical city! If you arrive during the rain season, you will quickly recognise the typical scent of humid soil. But, although this scent is not unpleasant, you will quickly forget it when you discover the many food stands that will tickle your taste buds and invite you for a bite. 1001 flavours! In Yaoundé, you will find all the traditional Cameroonian gastronomy. Come and taste Nnam Wondo (peanut paste wrapped in banana leaf) or come and drink Mantango (palm wine); we suggest Poulet DG (a casserole of chicken, plantains and vegetables) at the “Parallèle Club”, which is said to be the best in the country. For the most adventurous among you, willing to get off the beaten path, street cooking awaits. In every neighbourhood, people meet on the sidewalks and share a meal. This is a must! En tant que capitale administrative du High quality service Cameroun, Yaoundé possède toutes les As administrative capital of Cameroon, infrastructures nécessaires au bien-être des the city of Yaoundé possesses the necessary AFRO CONNECTION MAGAZINE 19 infrastructure n’est pas anodin, c’est un message qui est lancé non seulement aux touristes mais aussi aux politiciens et aux investisseurs potentiels. La ville a décidé d’accueillir à bras ouverts ses visiteurs en leur déroulant le tapis rouge. Mais c’est aussi un réel bénéfice pour les habitants de la ville, l’autoroute s’accompagne d’un vaste programme de réaménagement du réseau urbain. Ronds-points, échangeurs et rénovations sont aussi de la partie. Les habitants de Yaoundé, pourront profiter de ces nouveautés et perdront moins de temps dans les transports quotidiens. Certains des nombreux chantiers ont déjà commencé début 2015. La phase finale devrait être bouclée en 2017. Croisons les doigts. choice of the airport as the starting point of this project is not random. It is a message addressed not only to tourists but also to political leaders and potential investors. The city has decided to welcome its visitors with open arms and on a red carpet, no less. But there are benefits for the inhabitants of the city as well. The new highway comes with a reorganisation of the transport network; roads, roundabouts, interchanges and renovations are part of the plan. The people of Yaoundé will enjoy the changes and will waste less time in the chaos of daily traffic. Some of the many construction sites have opened since beginning of 2015. The final phase should be completed in 2017. We sure hope so. 5 THINGS TO DO IN YAOUNDE touristes. Hôtels de standing, restaurants, boites de nuits,… Le seul « hic », c’est l’embouteillage incessant de la capitale. Les klaxons et les bruits de moteur rythment les journées. Mais plus pour très longtemps ! Tu la vois l’autoroute ? En effet, un projet d’autoroute reliant l’aéroport international de Nsimalen au centre-ville a été lancé. Cette autoroute devrait considérablement réduire le trafic de la ville et rendre les rues plus agréables pour les piétons. Le choix de l’aéroport comme point de départ de cette 20 AFRO CONNECTION MAGAZINE infrastructures to ensure the wellbeing of its tourists. Starred hotels, restaurants, nightclubs and more. The only hiccup is the endless traffic in the capital. Every single day, life is rhythmed by the incessant engine and honking noises. But not for long! Can you see the highway? Indeed, a project was launched recently to build a highway connecting Nsimalen International Airport to the city centre of Yaoundé. This highway should significantly reduce the traffic in the city and make the streets more pleasant for pedestrians. The 1 Regarder un match des Lions en sirotant un cocktail au Cafe Platinium 2 Prier, ou faire un tour, à la Cathédrale Notre-Dame-des-Victoires 3 Admirer les collections d’art africain du musée de la Blackitude 4 Se relaxer en famille au bois Sainte-Anastasie 5 Contempler la vue panoramique sur la ville à partir du Mont Fébé 5 THINGS TO DO IN YAOUNDE 1 Watch an “indomitable Lions” football game while sipping a tasty cocktail at the Cafe Platinium 2 Pray in or just stroll around the Cathedral of Our Lady of Victory 3 Admire the African Art collection at the Blackitude Museum 4 A relaxing family outing at the Sainte-Anastasie wood 5 Enjoy the panoramic view of the city from Mont Fébé AFRO CONNECTION MAGAZINE 21 La ville en chiffres : The city in numbers: Les personnalités originaires de la ville : Celebrities from the city: 1889, c’est l’année de naissance de la ville 2,5 millions d’habitants 7 collines 3 équipes de football en D1 Zacharie Noah – père de Yannick Noah, grand-père de Joakim Noah et ancien défenseur à Sedan. André Fouda – premier maire de la ville de Yaoundé Roger Milla – ballon d’or africain de 1976 et 1990 22 AFRO CONNECTION MAGAZINE 1889, birth year of the city 2,5 millions inhabitants 7 hills 3 football teams in 1st division Zacharie Noah – father of Yannick Noah, grandfather of Joakim Noah and former defender of Sedan football club. André Fouda – first mayor of the city of Yaoundé Roger Milla – African Golden Ball Award in 1976 and 1990 AFRO CONNECTION MAGAZINE 23 AfriCulture « Un homme sans culture, c’est comme un zèbre sans rayure. » AfriCulture "A man without culture is like a zebra without stripes." 24 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 25 Afri Culture De la pêche… Le puissant fleuve Congo The powerfull Congo river Village de Mufosi – Katanga Le fleuve Congo prend sa source à 1740 mètres d’altitude dans le Katanga, à quelques kilomètres de la frontière avec la Zambie. L’endroit est sacré pour les habitants du village situé non loin de là. Ainsi, une cérémonie est organisée au nom des ancêtres par le chef du village avant de pouvoir visiter la source. Le chef implore les ancêtres, ensuite le visiteur est invité à jeter une pièce dans l’eau et de faire un vœu. L’endroit est calme et ombragé, difficile d’imaginer que cette petite nappe d’eau est à l’origine d’un fleuve aussi extraordinaire que le Congo. Un fleuve record Le fleuve Congo est, après le Nil, le plus long d’Afrique (4320 km) et le second fleuve du monde après l’Amazone pour son débit (80 832 m3). Il est le fleuve le plus profond, avec 230m de profondeur à certains endroits. Il traverse quasiment toute la République démocratique du Congo, il est une frontière naturelle entre la RDC, la République du Congo et l’Angola avant de se jeter dans l’océan Atlantique. 26 AFRO CONNECTION MAGAZINE Mufosi village – Katanga The Congo River has its source at an altitude of 5,708 feet in the Katanga Province, a few miles from the Zambian border. The place is sacred for the inhabitants of the village close by. A ceremony is organised by the village chief, in memory of the ancestors, before one can visit the source. The chief calls upon the ancestors and the visitor can then throw a coin and make a wish. The place is calm and protected from the sun. It is hard to believe that this little patch of water gives birth to such an extraordinary river, the Congo River. Le fleuve Congo abrite une biodiversité immense qui n’a pas grand-chose à envier à la faune et à la flore de l’Amazonie. Cette richesse naturelle permet à plus de 10 000 hommes et femmes de pratiquer la pêche. De nombreuses techniques artisanales sont utilisées : du harpon aux nasses en passant par les filets. Les techniques sont choisies en fonction de la zone et de la saison. Parfois, différentes techniques sont utilisées dans la même journée. Le secteur est encore peu développé, car il n’attire pas beaucoup les investisseurs. On estime que la pêche sur le fleuve est exploitée à seulement 40 % de son véritable potentiel. … sportive ! Le fleuve Congo est aussi un endroit convoité par les pêcheurs sportifs. Leur plus grand défi : le M’Benga (ou poisson-tigre goliath en français). Non seulement, ce monstre des rivières pèse en moyenne 45 kilos et mesure plus de 1 mètre 50, mais il est armé de 32 grandes dents triangulaires tranchantes comme des lames de rasoir. Rien que ça ! Fishing… A vast biodiversity finds shelter in the the Congo River, a river that has no reason to envy the fauna and flora of the Amazon. The natural wealth allows 10,000 men and women to fish. Many different artisanal techniques are used : from the harpoon, to fish traps, or nets. A specific technique is used depending on the zone and the season. Sometimes several techniques are used simultaneously in a single day. This sector still needs to develop ; it doesn’t attract many investors. It is estimated that only 40% of its true potential in terms of fishing in the Congo River is being exploited. … some action! The Congo River is the place of choice for fishers who are looking for some action. Their biggest challenge: the M’Benga, aka Goliath Tigerfish. Not only does can this river monster weigh up to 100 pounds and measures up to 5 feet, but it is armed with 32 large triangular teeth as sharp is a razor blade, no less! A record-breaker The Congo River is the second largest river in Africa, after the Nile, with a length of 2,715 miles, and the second largest river by discharge after the Amazon, with 1,500,000 cubic feet of water per second. It is also the world’s deepest river, with measured depths of up to 720 feet at certain points. It flow through most of the Democratic Republic of the Congo (DRC) and is a natural border between the Congo Republic, the DRC and Angola, before it joins the Atlantic Ocean. AFRO CONNECTION MAGAZINE 27 Le barrage du Grand Inga Un projet est en cours : la construction du plus grand barrage du monde. Et c’est sur le fleuve Congo qu’il devrait être placé. Le barrage devrait produire l’électricité la moins chère du monde grâce à la situation exceptionnelle du fleuve. Le débit du cours d’eau est comme on l’a déjà dit, colossal, mais surtout il est constant. Les confluents sont, pour certains, situés sur l’hémisphère nord et pour d’autres sur l’hémisphère sud. Cela assure un apport constant, toute l’année, d’eau dans le fleuve. Bénéfique pour l’Afrique Même si le barrage est situé en RDC, l’électricité produite sera redistribuée dans plusieurs pays. Le barrage sera, à terme, capable de fournir 37 % des besoins en électricité pour l’Afrique. De l’Afrique du Sud au Kenya, en passant par l’Égypte et la Zambie, c’est un véritable réseau autoroutier de l’énergie qui va être construit autour du barrage. De quoi de nouvelles perspectives économiques au continent africain. 28 AFRO CONNECTION MAGAZINE The Grand Inga Dam A project is in progress: the construction of the largest dam in the world, on the Congo River, at Inga Falls. The dam is planned to produce the cheapest electricity worldwide, thanks to the exceptional situation of the River. The discharge is, as mentioned before, colossal, but most of all, it is constant. The tributaries come both from the Southern and Northern hemispheres and therefore the river is constantly supplied in water throughout the year. A Bonus for Africa Even if the dam is situated in the DRC, the electricity produced will be distributed in a number of countries. The Dam will eventually be able to supply 37% of Africa’s needs in electricity. From South Africa to Kenya, from Egypt to Zambia, a network of highways, allowing the transfer of energy, will be built around the dam. This will lead to new economic opportunities for the African continent. AFRO CONNECTION MAGAZINE 29 Femme d’Exception « La mère de famille n’a pas du temps pour voyager. Mais elle a du temps pour mourir » Women of Exception "The mother has no time to travel but she has time to die" 30 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 31 Women of Exception Le ‘‘Girl Power’’ à la rwandaise Rwandan Style Girl Power Sur les 80 sièges que compte le parlement rwandais, 51 sont occupés par des femmes. Une moyenne de 63,75% qui place le pays à la tête du classement mondial. De quoi rendre jaloux les scandinaves, champions de la parité en Europe. Among the 80 seats of the Rwandan parliament, 51 are taken by women, an average of 63.75%, placing Rwanda at the top of the world ranking. Even Scandinavians, champions of gender parity in Europe, can be jealous. 32 Le Phoenix The Phoenix Les Rwandaises obtiennent le droit de vote en 1961, lors de l’indépendance. En 1965, la première femme est élue au parlement mais les femmes sont quasiment inexistantes dans le paysage politique jusque dans les années 1990. Les droits des femmes étaient eux aussi très limités. Dans les années 80, elles n’avaient pas le droit à la propriété ou même d’avoir leur propre compte en banque ! Inutile de rappeler ici les atrocités de 1994, mais ces évènements sont directement liés à la place qu’occupent les femmes aujourd’hui au Rwanda. Après le chaos, il a fallu reconstruire le pays. Les femmes se retrouvent majoritaire parmi les rescapés. Il y a donc un grand nombre Rwandan women obtain the right to vote in 1961, at the time of the independence. In 1965, the first woman is elected Member of Parliament, but women are still virtually non-existent in the political landscape until the 1990s. Women’s rights were also very limited. During the 80s, they had no right to ownership or even to open their own bank account! It is unnecessary to remind the atrocities of 1994, but those events are directly linked to the place women occupy today in Rwanda. After the chaos, the country had to rise back up from the ashes. Women were suddenly greater in number among the AFRO CONNECTION MAGAZINE de veuves et d’orphelins. Les femmes se sont retrouvées en surnombre, et elles ont dû prendre le relai des hommes. A la campagne, tout d’abord, où en plus de s’occuper de l’éducation des enfants, elles ont dû reprendre les exploitations agricoles de leurs maris. En ville aussi, les femmes, au risque de ne plus avoir aucun revenu, ont dû reprendre le travail de leurs conjoints : mécanicien, menuisier, chauffeur… Des métiers qui sont, à priori, réservés aux hommes ont du jour au lendemain été ouverts au sexe féminin. Les femmes se sont regroupées dans différents collectifs. On peut par exemple citer le groupe « pro-femmes » qui a beaucoup milité pour l’qualité des droits. Le rôle joué par les femmes dans la reconstruction du pays a été impressionnant. Le pays, qui n’aurait peut-être jamais pu se relever de ce chaos, s’est relevé et a renait de ses cendres grâce à la volonté et au courage des Rwandaises. Les femmes ont alors pris de plus en plus de place dans la société rwandaise. C’est donc tout naturellement qu’elles ont aussi revendiqué leur présence dans le paysage politique. survivors; many of them widows or orphans. Men were outnumbered and women had no choice but to take over activities generally managed by men. Despite the fact that they had to take care of their children’s education, women had to take over their husband’s farming activities as well. But also in the city, at the risk of earning very little or nothing at all, women had to manage their husbands’ jobs: mechanics, carpenters, drivers… From one day to the next, jobs that were, in principle meant for men, had to be done by women. Women joined together in different associations. We can mention Pro-femmes/ Twese Hamwe, a collective that has strongly campaigned for women’s rights and gender equality. The role played by women in the reconstruction of the country was impressive. The country would have probably never risen from the chaos without the courage of the women of Rwanda. Women began taking up more and more space in Rwandan society. Therefore, it is natural that they claim their right to be present in the political landscape. AFRO CONNECTION MAGAZINE 33 Une place au parlement A seat at the Parliament Actives dans la vie familiale, sociale et économique, les femmes ont rapidement ressenti le besoin d’être représentée au parlement. Pour elles, pour que leurs projets arrivent à terme, il faut des politiciens qui les défendent et les soutiennent. Et quoi de mieux qu’une femme pour défendre les intérêts des autres femmes ? Grâce aux collectifs mis en place, les femmes ont réussi à créer un véritable le lobby au Rwanda. A la fin des années 90, ces groupes étaient présents dans tous les districts rwandais. C’est ainsi qu’en 2003, le gouvernement rwandais note dans sa nouvelle constitution qu’il interdit toute discrimination basée sur le genre et garantit que 30 % des postes dans les organes de prise de décision seront désormais occupés par des femmes. Les femmes sont donc assurées d’occuper 30 % de l’hémicycle rwandais. Mais ce n’est pas encore suffisant pour elles ! Déterminées, elles ont réussi à s’imposer aussi dans les élections « mixtes », si bien qu’elles occupent maintenant la majorité des sièges. Active in every sphere of society - family life, social life and economic development - women quickly felt the need to be represented in parliament. For them, to ensure the success and implementation of their projects, they need politicians who can defend and support them. There is no better choice than having a woman defend the interest of other women, is there? Thanks to the many collectives set up in Rwanda, women achieved to create real lobby groups for women across the country. By the end of the 90’s those groups were present in all the districts of Rwanda. This is how eventually, in 2003, the Rwandan government added in its new constitution that it forbids any form of discrimination based on gender and guarantees, from then on, 30% of decision-making positions assigned to women. Women are therefore guaranteed to invest 30% of the Rwandan hemicycle. But this is still not enough for them. Determined, they also managed to impose themselves in the first multi-party and gender-free democratic elections, so much so that they now occupy the majority of the seats in parliament. De plus en plus égaux Rapidement, des décisions en faveur des femmes ont été prises. Premièrement, elles ont obtenues le droit à l’héritage, au même titre que leurs frères. Deuxièmement, un ministère du genre et de la condition féminine a été créé. Troisièmement, les femmes obtiennent une indemnité pour leurs congés de maternité, ce qui leur permet de rester indépendantes financièrement. Mais les progrès ne s’arrêtent pas là… 34 AFRO CONNECTION MAGAZINE More steps towards equality Quickly, decisions in favour of women have been taken. First of all, they obtained the right to inheritance, in the same way as their brothers. Second of all, a ministry for gender and conditions of women was created. Third, women have obtained an allowance for maternity leave, allowing them to remain financially independent. But progress doesn’t stop there… Les Objectifs du Millénaire pour le développement En 2000, l’ONU a décidé de mettre en place huit objectifs à atteindre pour le développement : 1. Réduire l’extrême pauvreté et la faim. 2. Assurer l’éducation primaire pour tous. 3. Promouvoir l’égalité et l’automatisation. des femmes. 4. Réduire la mortalité infantile. 5. Améliorer la santé maternelle. 6. Combattre les maladies. 7. Assurer un environnement humain durable. 8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Encore une fois, le Rwanda fait la part belle aux femmes, en misant en priorité sur les points 2, 3, 4 et 5. Et encore une fois, le Rwanda fait figure d’exemple, car il est l’un des rare pays à atteindre la plupart des objectifs fixés, voir même de les dépasser. L’école pour tou(te)s L’un des plus grand combat, c’est la promotion de l’éducation des jeunes filles. Même si le Rwanda possède un taux de scolarité honorable (95,9 %), les jeunes filles ont généralement des résultats inférieurs aux garçons. Cela s’explique facilement par plusieurs raisons. Les filles sont plus sollicitées que les garçons pour les tâches de la vie quotidienne, les changements physiques liés à la puberté « gênent » les jeunes filles qui subissent les moqueries des garçons et les parents estiment qu’il n’est pas nécessaire d’investir dans leur éducation. Pour palier ces problèmes, plusieurs mesures ont été mises en place. Tout d’abord, une cellule de communication a été mise en place pour faciliter les échanges entre les parents et les enfants. Ensuite, les écoles ont été aménagées pour offrir des sanitaires non-mixtes. Enfin, il y a eu un grand travail The Millennium Development Goals In 2000, the UNO decided to set up 8 development goals for the millennium: 1. Eradicate extrame ôverty and hunger. 2. Achieve primary education for all. 3. Promote gender equality and empower women. 4. Reduce child mortality. 5. Improve maternal health. 6. Combat HIV/AIDS, malaria and other diseases. 7. Ensure environmenatl sustainability. 8. Develop a global partnership for development. Once again Rwanda gives room to women and focuses on goals 2, 3, 4 and 5. And, once again, Rwanda serves as an example, for it is one of the few countries to have reached most of the goals and, in some cases, even beyond. Education for every boy and every girl One of the biggest fights is the promotion of education for young women. Even if Rwanda has an honourable school enrolment rate (95.9%), girls generally obtain results that are inferior to those obtained by boys. Several reasons can easily explain this trend. Girls spend more time taking care of household chores than boys do; physical changes at puberty can lead to physical discomfort at school and girls being teased by boys, at which point parents may consider it unnecessary to invest in their daughter’s education. To overcome these problems, a number of measures have been put in place. Firstly, a communication unit has been set to facilitate communication between parents and children. Secondly, schools have introduced separate restrooms for boys and girls. Thirdly, a lot of work targeting young women and their parents has been AFRO CONNECTION MAGAZINE 35 de prévention pour sensibiliser à la fois les jeunes filles et les parents (aux grossesses précoces, à l’importance des études,...). On peut aussi citer l’action de la Première Dame du Rwanda, qui chaque année remet des prix d’excellence aux meilleures étudiantes. Au total, environ 500 filles de toutes les provinces l’ont reçu. Les plus jeunes élèves ont reçu un cartable contenant des livres et des fournitures scolaires tandis que les lauréates des écoles secondaires ont reçu des ordinateurs portables ainsi que des aides pour une formation à l’informatique. Le gouvernement s’est bien rendu compte qu’aussi longtemps les filles n’iront pas à l’école, le développement du pays restera bloqué. Les femmes sont les premières éducatrices des enfants, une mère éduquée offre de plus grandes chances à ses enfants. Avec toutes ces mesures, le Rwanda peut se féliciter d’avoir un taux d’éducation des filles neuf fois supérieure à celui de 1994. Le sport au féminin Un autre domaine où l’accent est mis sur l’égalité hommes/femmes c’est l’accès au sport. Encore une fois, avant les années 2000, les femmes n’avaient pas les mêmes chances d’accéder à ce genre d’activités. Mais des clubs sportifs ont été installés un peu partout dans le pays (surtout de football, de volley-ball et d’athlétisme). Les bénéfices sont multiples car les activités sportives permettent aux femmes de pouvoir se réunir et de créer un lien social. Les langues se délient dans les vestiaires et il est plus facile pour elles de discuter de leurs problèmes et de mettre en place des projets pour les résoudre. Former un groupe est devenu une arme. done to increase awareness regarding early pregnancy, the importance of education, and more. We can mention Rwanda’s First Lady, who awards à prize of excellence, every year, to outstanding female students. In total, around 500 girls all over the provinces have received this award. The youngest students received a schoolbag containing books, pencils, pens, notebooks and other school supplies, while the older laureates were given laptops as well as a scholarship for computer training. The government realised that if girls didn’t go to school, the country’s development would come to a halt. Women are first in line when it comes to child education. An educated mother can offer greater opportunities to her children. With all these measures, Rwanda can be proud of having a rate of educated women multiplied by nine since 1994. Women too can do sports… Another field where the focus is set on gender equality is access to sports. Once again, before the year 2000, women did not have the same opportunities to access this kind of activity. But sports clubs opened across the country (mostly football, volleyball, athletics). The benefits are many because sports allow women to gather and create social contact. In the locker rooms, women feel free to speak their mind and talk about their problems and find ways to solve them. Stronger together, these gatherings have become weapons to defend women’s rights. Better than a businessman, a businesswoman In Rwanda, only 42% of adults have access to official financial institutions. This is why Fortes en affaires the government has set up a system of Au Rwanda, seulement 42 % des adultes ont micro-credits for local associations. These accès à des institutions financières formelles. associations count around 20 members, 36 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 37 C’est pourquoi le gouvernement a mis en place un système de micro-crédits en format des groupes locaux. Ils sont composés d’une vingtaine de membres, chaque personne apporte des fonds et des prêts sont accordés à partir de la cagnotte. À la fin de l’année, les membres perçoivent des dividendes et le groupe peut soit commencer un nouveau cycle, soit accorder des prêts à de nouveaux membres. Les membres versent également des contributions à un fonds social qui accorde des prêts aux membres qui ont vécu un choc social ou économique. Les prêts sont généralement accordés pour lancer une activité économique (achat d’une machine, location d’un local,..). Et ce qui fait la particularité de ce système, c’est que les femmes sont les principales contributrices, près de 80 % des membres. Les résultats sont extrêmement encourageants car plus de 90 % des prêts ont été remboursés dans les délais en 2014. Pour les femmes, la participation à ce genre de groupe leur offre la possibilité d’être autonome financièrement et psychologiquement. Elles ont désormais les moyens de sortir de la pauvreté en créant leur propre entreprise. Un pari qui paye La mise en avant de la femme rwandaise a redoré l’image du Rwanda au niveau international. Les pays est donc devenu une destination éventuelle pour les investissements étrangers. Le rapport « Doing Business » 2013 de la Banque mondiale a classé le Rwanda en première position dans la liste des 50 pays ayant entrepris le plus de réformes depuis 2005. Le Rwanda figure également en 32ème position dans la liste des 40 économies mondiales les mieux classées par la Banque mondiale en termes de facilité de faire des affaires, deuxième pays africain après 38 AFRO CONNECTION MAGAZINE each person contributes funds and loans are granted according to the amount gathered in a common pot. At the end of the year, members receive dividends and the group can decide to begin a new cycle or grant loans to new members. Members also pay a contribution into a social fund that distributes loans to members who have experienced a social or economic shock. Loans are generally given to launch economic activities (purchase of machines, renting of premises for production…). What makes this system special is that women represent about 80% of the members, the main contributors of these collective structures. The results are extremely encouraging because more than 90% of the loans have been repaid within the agreed period in 2014. For women, participating in this form of associative work allows financial and psychological autonomy. They now have the means to break free from poverty by creating their own businesses. A gamble that pays off The emphasis on Rwandan women has rehabilitated the image of Rwanda on the international scene. The country has become a possible destination for foreign investors. The 2013 World Bank Doing Business Report ranked Rwanda at the very top of the 50 countries that have implemented most reforms since 2005. Rwanda is in 32nd position among the 40 world economies best ranked by the World Bank regarding the possibility to do business, 2nd African country after Mauritius. The country also obtained 2nd place among African countries showing best growth (After Sierra Leone), with an economic growth higher than that of India! Maurice. Le pays obtient aussi la seconde place africaine de la meilleure croissance (après le Sierra Leone), avec une croissance supérieure à celle de l’Inde ! Umukobwa ni nyampinga The fight and victories of the women of Rwanda are very inspirational. Through their courage, they show us that with the right motivation one can achieve any goal. Umukobwa ni nyampinga They show us, too, that change is possible Le combat et les victoires des femmes when we forget our differences and work rwandaises sont très inspirants. Par leur courage, elles nous prouvent qu’il est possible for a common goal. By betting on women, Rwanda glorifies one of its old proverbs d’atteindre ses propres objectifs quand on Umukobwa ni nyampinga, which means A est motivé. Elles nous montrent aussi que le changement est possible quand on oublie nos woman is a palace of riches. différences pour travailler dans un objectif commun. En misant sur les femmes, le Rwanda a mis en valeur l’un de ses vieux proverbes « Umukobwa ni nyampinga » qui veut dire « une fille est un palais de richesses ». AFRO CONNECTION MAGAZINE 39 Racines « Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens » Roots "If you don’t know where you’re going, look at where you’ve been" 40 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 41 Roots Au commencement Les Zoulous Le redoutable Empire The Zulu The redoubted Empire Le passé lointain de l’Afrique reste très méconnu. Cela s’explique par une simple raison : les Anciens Africains se transmettent leurs traditions oralement. Mais le manque de traces écrites ne signifie pas pour autant que l’Afrique n’a pas d’histoire. À travers ces chroniques, nous explorerons cette Histoire au travers des civilisations parmi les plus riches et les plus palpitantes au monde. The distant past of the African continent remains largely unrecognised. The reason for this is simple: The ancient African peoples passed on their traditions orally. But the lack of written evidence does not mean that Africa doesn’t have a History. In these columns, we will explore this History, looking back at what were some of the richest and most fascinating civilisations in the world. I sandhlwana KwaZuluNatal - 22 Janvier 1879 C’est ici que l’armée britannique a essuyé l’une de ses plus grandes défaites. Un millier de soldats, dotés d’armes de pointes, sont anéantis en moins de trois heures par une armée de guerriers africains équipés uniquement de lances, de boucliers et de quelques vieux fusils. Ces guerriers ont profondément marqué l’imaginaire des britanniques et ils ont fait entrer dans l’Histoire l’un des royaumes les plus redoutables d’Afrique : les Zoulous. 42 AFRO CONNECTION MAGAZINE I sandhlwana KwaZuluNatal 22 January 1879 It is here that the British army suffered one of its worst defeats. A thousand soldiers carrying cutting-edge weaponry are wiped out in less than three hours by an army of African warriors equipped only with spears, shields and a few old rifles. Those warriors left a profound mark on the British collective psyche and invited one of the most dreaded kingdoms of Africa into History: the Zulu people. Les Zoulous (mot bantou signifiant « les hommes du Ciel ») sont, à l’origine, une petite tribu de 1500 personnes fondée en 1709 dans l’est de l’Afrique du Sud actuelle. Ce clan évolue au milieu de nombreux autres clans. A l’époque, la région est bercée par les conflits, les tribus se battent entre-elles pour obtenir la domination commerciale dans la région. Les échanges commerciaux sont alors le facteur principal de l’évolution et donnent un avantage inestimable aux tribus qui en font partie. Ces guerres de clans vont durer pendant un siècle jusqu’à ce qu’un homme amène la tribu Zoulou au dessus de toutes les autres : Chaka Zulu. Chaka Zulu, le berger Chaka Zulu est le fils illégitime d’un chef de clan zoulou. Pour une raison inconnue, il passe sa jeunesse à surveiller le troupeau d’un clan voisin. Cette expérience de berger sera, nous le verrons plus tard, l’élément clé de son succès. Rapidement, il devient guerrier pour ce même clan. Il se distingue par sa force extraordinaire, son endurance, son sens tactique et son charisme. Sa réputation grandit, et de simple guerrier il devient le chef du clan zoulou. Pour cet ancien berger, il n’y a qu’un seul mot d’ordre : il faut veiller sur chaque membre de son troupeau, de son clan. Une stratégie qui paye Chaka Zulu est un homme ambitieux. Fin stratège, il invente de nouvelles techniques militaires, il améliore l’équipement de ses guerriers et rend le service militaire obligatoire pour les jeunes de 14 ans. Un service militaire à durée indéterminée, le guerrier étant libéré qu’après avoir démontré sa loyauté et sa fidélité. Ces évolutions militaires majeures lui permettent In the beginning The Zulu (Bantu word meaning sky) originally formed a small tribe of 1,500 people founded in 1709 in the Eastern part of present-day South Africa. This clan evolved amidst numerous other clans. At the time, the region was blighted by conflict, tribes fighting each other to obtain trade domination in the region. Back then, commercial trade is the main factor of evolution and gives an inestimable advantage to the tribes involved. The tribal wars will continue for a century until one man will lift the Zulu tribe above all the others. This man is Shaka Zulu. Shaka Zulu, the Shepherd Shaka Zulu is the bastard son of a Zulu clan chief. For some unknown reason, he spends his childhood watching over the flock of a neighbouring clan. This experience as a shepherd will be, we will find out later on, the key to his success. Soon, he becomes a warrior for that same clan. He distinguishes himself thanks to his extraordinary strength, his stamina, his tactical thinking and his charisma. His reputation grows, and the simple warrior becomes chief of the Zulu clan. For this former shepherd boy, there is but one watchword: to protect each member of his flock, of his clan. A strategy that pays Shaka Zulu is an ambitious man. A clever strategist, he invents new military techniques, he improves the equipment of his men and made military service compulsory for 14 years old. A military service for an indeterminate period, the warrior set free only once he has shown loyalty and fidelity. These major military evolutions allow him to easily conquer the neighbouring clans. In 10 years the Zulu AFRO CONNECTION MAGAZINE 43 de conquérir facilement les clans voisins. En seulement dix ans, le territoire zoulou passe de 1 500 habitants à plus de 250 000 et de 25km2 à 31 000 km2, un territoire aussi vaste que la Belgique ! La création d’une identité Zouloue Conquérir de nouveaux territoires est une chose, les garder sous contrôle en est une autre. Et encore une fois, Chaka Zoulou s’inspire de son expérience en tant que berger. Maintenir le troupeau soudé passe par deux choses : la sécurité et la discipline. Il va ainsi installer un chef guerrier dans chaque village conquis afin d’assurer la sérénité des habitants. Le Royaume Zoulou est différent des royaumes européens. Chaque village vit comme une communauté, et les communautés échangent entre-elles. La monnaie principale : le bétail. L’élevage est au centre de la culture zouloue. Et c’est donc tout naturellement que l’enclos est situé au milieu du village. Considéré comme un véritable lieu sacré, il est interdit aux femmes d’y pénétrer. C’est donc en assurant la sécurité, en rassemblant les peuples sous une identité commune et en promettant un avenir meilleurs à leurs enfants que Chaka Zulu a réussi à unifier les différents clans. La fin d’un règne Le Royaume continue de prospérer, mais aux abords de l’Empire, l’Afrique du Sud est en train de changer… 44 AFRO CONNECTION MAGAZINE territory goes from 1,500 to over 250,000 inhabitants and from 25km2 to 31,000 km2, a territory as vast as Belgium! The creation of a Zulu identity Conquering new territories is one thing; keeping control over them is another. Once again Shaka Zulu finds inspiration in his experience as a shepherd. Keeping the flock united requires two things: security and discipline. He will also station a chief warrior in each conquered village in order to ensure the serenity of the villagers. The Zulu kingdom is different from the European kingdoms. Each village lives as a community and the communities trade with each other. The main means of exchange is livestock. Livestock farming is at the centre of the Zulu culture and it is therefore natural that the pen be placed at the centre of the village. Considered a truly sacred place, access to it is denied to all women. En 1824, un groupe de marchand anglais débarque sur les côtes australes, à l’endroit où se trouve aujourd’hui la ville de Durban. Ils y établissent une base et entrent rapidement en relation avec le Roi Chaka. Ils commencent à faire du commerce avec les zoulous. Ils échangent avec eux des tissus et du métal contre des peaux de bêtes et de l’ivoire. Ces premiers échanges vont sceller la réputation de Chaka pour les décennies à suivre. Beaucoup de Zoulous voient encore en Chaka un chef guerrier héroïque dont les succès militaires firent la fierté de la nation. Mais les Anglais commencent à lancer des rumeurs à son égard. Ils le présentent comme un tyran brutal qui terrorise son peuple pour faire régner l’ordre. Si le portrait qu’ils dressent est si négatif, c’est pour justifier les ambitions coloniales de l’Empire britannique. Chaka meurt en 1828, assassiné par ses demi-frères qui s’emparent du pouvoir. Mais ce n’est pas facile de succéder à un homme qui a autant révolutionné les Zoulous et sa mort marque un véritable tournant dans l’Histoire du Royaume. Quand ses successeurs prennent le pouvoir, la nation zouloue est à son apogée. Mais une nouvelle menace arrive dans la région et va mettre fin à l’essor du Royaume. Shaka Zulu manages to unite the different clans. The end of a reign The kingdom continues to prosper, but at the gates of the Empire, South Africa is changing… In 1824, a group of English merchants land on the South coast, where the city of Durban is today. They settle down, establish their base and quickly make contact with the King Shaka. They begin to trade with the Zulu. They exchange fabric and metal against animal skin and ivory. These first transactions will seal King Shaka’s reputation for decades to come. Many Zulu still see Shaka as the heroic war leader whose military victories made the entire nation proud. But the Englishmen begin to spread rumours about him. They say he is a vicious tyrant who terrorises his people to maintain order. If the portrait they make of him is so negative, it is so they can justify the colonial ambitions of the British Empire. Shaka dies in 1828, assassinated by his halfbrothers who seize power. But it isn’t easy to follow in the footsteps of a man who has revolutionised the Zulu in so many ways, and his death is a turning point in the History of the Kingdom. When his successors take power, the Zulu nation is at the apex of its History. But a new menace is approaching the region that will put an end to the expansion of the Kingdom. It is by ensuring the security, by uniting the different clans under a common identity and by promising a better future for their children, that AFRO CONNECTION MAGAZINE 45 Inspiration « La femme est la ceinture qui tient le pantalon de l’homme. » Inspiration "The man wears the pants, but the woman is the belt that holds them up." 46 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 47 Inspiration Inzia Changer l’image de l’Afrique, ça passe aussi par l’assiette Changing the way we look at Africa by finding out how it tastes C’est dans un cadre somptueux, digne des plus grands établissement de la capitale, que Monique Fodderie, ou Ma’Monique pour les habitués, nous accueille dans son restaurant « L’Inzia ». La maitresse des lieux raconte son combat pour donner à la cuisine africaine la place qu’elle mérite. It’s in a sumptuous setting, worthy of the greatest establishments of the capital, that Monique Fodderie - aka Ma’Monique for regular customers - welcomes us in her restaurant Inzia. The Mistress of the house tells us about her struggle to give African cuisine the place it deserves. La première chose qui me frappe quand j’entre dans votre restaurant, c’est la décoration. Tout est classe, moderne et confortable. Mais surtout, il y a ces magnifiques tableaux. Comment sontils arrivés là ? I : On voulait faire un endroit sympathique où on mange bien mais où on voit aussi de belles choses. Aussi, c’était important pour nous de donner une vitrine à l’art africain, et congolais plus particulièrement. Tous les artistes représentés pour le moment sont les même qui sont actuellement présents à l’exposition Congo Kitoko de la Fondation Cartier à Paris1. Ce sont des toiles d’artistes très populaires au Congo. 1 1 48 The first thing that strikes me when I come through the door of your restaurant is the way you’ve decorated the place. Everything is classy, modern and comfortable. But most of all there are these beautiful paintings. How did they get here? I : We wanted to create a pleasant space where you can eat well but where it can also be a feast for the eye. Also, we feel it’s important to showcase African art, and Congolese art in particular. All the artists exhibited here at the moment have paintings at the Congo Kitoko1 Un exposition à découvrir jusqu’au 10 Janvier 2016 à la Fondation Cartier à Paris La peinture n’est pas le seul art que vous mettez en valeur ici, n’est-ce pas ? I : En effet, on fait une fois par mois une soirée avec un orchestre, ça s’appelle le Color Rumba. C’est une association de femmes qui en est à l’origine. Elles se réunissent une fois par mois. Ce sont des mères qui n’ont pas beaucoup l’occasion de sortir et donc quand elles se réunissent ici elles aiment bien car elle peuvent demander leur musique à l’orchestre et elles dansent. Ça donne toujours des soirées très conviviales. Sinon, de manière générale, quel genre de musique pouvons-nous entendre à l’Inzia ? I : C’est de la musique africaine, nous mettons un mix. Tout en restant dans l’atmosphère d’un restaurant. Il y a beaucoup de rumba congolaise, mais aussi des coups de cœur venant d’autres pays. exhibition at the Cartier Foundation in Paris. These are paintings by popular artists in the Congo. Painting is not the only art you showcase here, is it? I : Yes, indeed, once every month we organise an evening with an orchestra. It’s called the Colour Rumba. It is an original idea by an association of mothers who don’t have many opportunities to go out and enjoy themselves. They like coming here together; they ask the orchestra to play music so they can dance. The result is really great; these are always very convivial evenings. Quel est l’ingrédient secret pour se démarquer des autres restaurants à Matonge ? I : Je pense que pour se démarquer, il faut faire soit un restaurant, soit un bistro. La plupart sont plus des bistros que des restaurants. Nous avons lutté pas mal d’années pour que les gens acceptent qu’on ne puisse pas seulement venir boire un verre. Quand on vient ici c’est pour manger avant tout. Notre but c’est de faire un restaurant dans lequel un public international se sentira dans un restaurant et non pas dans un bistro. Justement, la clientèle de l’Inzia, elle ressemble à quoi ? I : L’Inzia c’est international, des gens de toutes origines. Même des asiatiques, nous avons déjà eu des touristes japonais ou coréens. Pour les africains, la majorité sont congolais. Il y en a d’autres, mais ce sont des gens qui viennent parce qu’ils An exhibition to discover until 10th January 2016 at the Fondation Cartier in Paris AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 49 ne connaissent pas. Mais ça je pense que ce sont un peu les « lobbys » ou les accointances entre les communautés qui favorisent les établissements qui sont plutôt de leur origine. Mais à chaque fois tout le monde est ravi. Beaucoup sont même tristes de ne pas avoir connu l’adresse plus tôt. « De manière plus générale, il faut avant tout donner à l’Afrique sa véritable image et pas celle qu’on essaye de lui donner à travers le médias occidentaux. A travers mon restaurant, je pense avoir réussi à la changer dans certains esprits. » Qu’est-ce qui est mis en place pour attirer ce public international au niveau du menu ? I : Nous proposons une cuisine classique, c’est une base que vous allez trouver dans tous les ménages de Kinshasa. Dans notre formule buffet, on retrouve une préparation de volaille, une préparation de viande et une préparation de poisson. Le week-end tout est multiplié par trois. C’est un système que nous avons choisi pour que ce soit apprécié par la majorité. Et si on devait définir l’Inzia en un seul plat, ce serait lequel ? 50 AFRO CONNECTION MAGAZINE Otherwise, generally, what kind of music can we listen to at Inzia? It’s a mix of African music but it suits the atmosphere of a restaurant. There’s a lot of Congolese rumba, but also favourites from other countries. What is the ingredient that allows you to distinguish yourself from other restaurants in Matonge? I : I believe that in order to stand out you have to open a restaurant that is not a cafe. Most of the restaurants around here are cafes. We fought hard so that people accept coming here for more than just a drink. When you come here, you eat first. Our goal is to create a restaurant where customers from all over the world will feel in a restaurant rather than in a cafe. This leads to my next question: what customer do you welcome at Inzia? I : Inzia is “international”; people of all origins come to our restaurant. Even Asians come here; we have welcomed Japanese and Korean tourists. Among our African customers, most are Congolese. There are people from other African countries too but I : Le Liboke Malangwa ! Le Liboke est une manière de préparer. Le Malangwa c’est un poisson d’eau douce, similaire au Pangasius. Nous plaçons les ingrédients dans une feuille de bananier que l’ont met ensuite cuire à la vapeur. Cela prend du temps mais ça en vaut l’attente. C’est un peu dans l’optique de la slow food très à la mode. Il y a l’Inzia à Bruxelles mais il y a aussi l’Inzia à Kinshasa, un restaurant congolais au Congo, c’était assez unique comme concept, non ? I : La filiale à Kinshasa est le premier restaurant congolais au Congo. Ce choix peut paraît étrange mais nous l’avons fait car il y a des restaurants belges en Belgique, des restaurants chinois en Chine alors pourquoi pas un restaurant congolais au Congo ? Ne serait-ce que pour les touristes, les visiteurs, les gens qui ont envie d’inviter ailleurs que dans la maison ou pour les grandes occasions. L’Inzia, c’est une vieille institution connue et reconnue à Matonge. Avezvous remarqué des changements depuis votre arrivée ? I : Il y a des changements oui, l’enseigne they don’t really know us. They walk past and they give it a try. I think pier pressure pushes people to eat in restaurants of their own country or origin. But every time people come in here, they leave satisfied and wonder why they haven’t heard of this place before. "In general, we have to give Africa its true image; not the one Western media try to give. I try my best to contribute to a better image of Africa. With my restaurant, I think I have achieved to change the idea people have in mind." What does the menu offer in order to attract international costumers? I : We offer classic Congolese food. You can find our cooking in every household in Kinshasa. We have a buffet with 3 different menus, one with chicken, another with veal, and a third with fish. On weekends everything is multiplied by three. We have chosen this formula so everyone can find something they enjoy. AFRO CONNECTION MAGAZINE 51 Inzia qui a été crée en 1977, a ouvert des fenêtres sur des activités que les congolais peuvent avoir ici en Belgique. Quand ma mère a commencé, elle a dit qu’elle voulait faire que de la cuisine congolaise, on lui a dit « oui mais, quel est le Congolais qui viendra manger ici ? Il va laisser sa femme qui a préparé, venir payer pour manger ça chez toi alors qu’il peut l’avoir à la maison ? » Elle leur a répondu qu’elle ne faisait pas ça que pour les Congolais, qu’elle faisait ça pour tout le monde. Et c’est ce flambeau là que nous essayons de reprendre. If you had to choose one dish to define Inzia, which would it be? I : Liboke ya Malangwa! Limboke is a kind of preparation. Malangwa is a game fish, similar to pangasius. We place the ingredients inside a banana leaf and let it steam. This takes time but it’s worth the wait. It sort of follows the slow food trend. Pourquoi a-t-il fallu attendre aussi longtemps pour qu’un restaurant africain connaisse le succès à Bruxelles ? I : Quand ma mère a ouvert le restaurant, il y avait partout à Bruxelles des restaurants polonais, vietnamiens, français, et je voyais que tous ces restaurants fonctionnaient bien. Or, dans tous les endroits où on pouvait manger congolais ou africain, il y avait une certaine réserve. Une réserve qui était sans doute liées à l’image de ces restaurants. Une image qui avouons-le n’était pas totalement There is an Inzia restaurant in Brussels, but there is also an Inzia restaurant in Kinshasa. A Congolese restaurant in The Congo, quite a unique concept, isn’t it? I : The restaurant in Kinshasa is the first Congolese restaurant ever to open in The Congo. This choice may seem strange but we decided to go ahead with it because there are Belgian restaurants in Belgium, Chinese restaurants in China, so why not a Congolese restaurant in The Congo? If "My dream would be to open an African gourmet restaurant to show all the possibilities African cuisine has to offer." inventée. Il y avait des efforts à faire au niveau de l’entretien et de la présentation. Quelles sont alors les solutions pour changer cette image ? I : L’entretien du cadre est important. Je fais en sorte que chaque personne qui vient ici se sente à l’aise. De manière plus générale, il faut avant tout donner à l’Afrique sa véritable image et pas celle qu’on essaye de lui donner à travers le médias occidentaux. J’essaie de contribuer dans ce sens là. À travers mon restaurant, je pense avoir réussi à la changer dans certains esprits. Mon rêve serait d’ouvrir un restaurant gastronomique africain pour y montrer toutes les possibilités de notre cuisine. « Mon rêve serait d’ouvrir un restaurant gastronomique africain pour y montrer toutes les possibilités de notre cuisine. » Que diriez-vous à quelqu’un qui resterait encore sceptique malgré tout ? I : Je lui dirais, goûte ! Si tu n’as pas aimé, tu seras mon invité mais si tu as aimé, alors je te dirais à bientôt ! only for tourists, visitors, for people who wish to invite friends to eat out rather than at home, or for special occasions. Inzia is a well-known institution in Matonge for years now. Have you noticed any changes since you first arrived? I : There are changes, yes; the Inzia name, created in 1977 (here in Brussels), has opened windows for people to see the different activities Congolese people have here in Belgium. When my mother first started, she said she wanted to offer Congolese food, people told her “ok but tell me, do you really think a Congolese man will want to eat here; If he can have his wife prepare the same food at home?” She answered that she didn’t want to cook exclusively for the Congolese people but for everyone. We want to keep honouring this idea, keep her dream alive so to speak. Why did it take so long for an African restaurant (such as this one) to achieve success in Brussels? I : When my mother opened the restaurant you could find Polish, Vietnamese, French restaurants everywhere, and I could see they were working very well. On the other hand in all the places where you could find Congolese or African food in general, people were careful. This was because of the perception people had of these restaurants. This perception was not unfounded, to tell the truth. There were efforts to be made in terms of food safety, maintenance and presentation. What are the solutions to change this image? It is important to keep the place tidy and clean. I always make sure that each costumer feels welcomed and at ease. In 52 AFRO CONNECTION MAGAZINE Adresse : Rue de la Paix 37, 1050 Ixelles AFRO CONNECTION MAGAZINE 53 general, we have to give Africa its true image and not the one Western media try to give. I try my best to contribute to a better image of Africa. With my restaurant, I think I have achieved to change the idea people have in mind. My dream would be to open an African gourmet restaurant to show all the possibilities African cuisine has to offer. What would you tell someone who still remains sceptical? I would tell him: “Taste! If you don’t like it, you’re my guest, but if you like it, I will tell you see you soon! Address: Rue de la Paix 37, 1050 Ixelles 54 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 55 On dit que... « C’est en essayant encore et encore que le singe apprend à bondir. » People say... "It is by trying again and again that the monkey learns to leap." 56 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 57 People Say On dit que… les Blancs ne savent pas danser. People Say… White People Can’t Dance. "The truth, and you know it, is that white people don’t know how to dance, the only white man who can dance is Michael Jackson! " sang in 2007 by the Belgian singer Deano in his song filled with self-mockery titled "White People Don’t Know How to Dance". « La vérité, tu la sais, c’est que les blancs n’savent pas danser. Le seul Blanc qui sait danser, c’est Michael Jackson ! » chantait en 2007 le belge Deano dans sa chanson pleine d’auto-dérision « Les Blancs ne savent pas danser ». O n dit que les Blancs sont raides, qu’ils n’ont pas le rythme dans la peau et qu’ils sont ridicules quand ils tentent de se trémousser sur une piste de danse. Certains diront même que les Blancs ne savent pas danser alors qu’ils sont les seuls à pouvoir entrer facilement en boite… Pour vérifier ce stéréotype, regardons de plus près quelques classements. D’abord, le Top 9 des meilleurs chanteurs-danseurs du très respecté magazine, Rolling Stone. 9. Nicole Scherzinger – Eurasienne 8. Janet Jackson – Afro 7. Madonna – Blanche 6. Prince – Afro 5. Lady Gaga – Blanche 4. Mick Jagger – Blanc 58 AFRO CONNECTION MAGAZINE 2. Britney Spears – White 1. Michael Jackson – hum… Afro n’est donc qu’une question de point de vue. Il suffit d’aller voir un classement d’une danse réputée comme traditionnellement noire Les Blancs sont minoritaires pour le confirmer. Tous dans ce classement, mais les ans est organisé, ils sont majoritaires dans en Allemagne, le d’autres classements liés à la Championnat du monde de danse comme « le top 10 des breakdance : Battle of the meilleurs danseurs classiques year. de tous les temps ». Tout 3. James Brown – Afro 2. Britney Spears – Blanche 1. Michael Jackson – euh… Afro I t is common knowledge that white people are stiff on their feet, that they don’t have rhythm, and that they look ridiculous when they try to shake their bodies on the dance floor. Some would go as far as to say white people can’t dance and yet they are the only ones to get inside a nightclub without any trouble… To verify this stereotypical theory, let’s take a closer look at some rankings. First, the Top 9 best singerdancers according to the very prestigious Rolling Stone Magazine. 9. Nicole Scherzinger – Eurasian 8. Janet Jackson – Afro 7. Madonna – White 6. Prince – Afro 5. Lady Gaga – White 4. Mick Jagger – White 3. James Brown – Afro White people form a minority in this chart, but they are a majority in other rankings related to dancing such as the Top 10 ballet dancers of all time. Therefore it is all a question of point of view. All you need to do is look at the rankings for a dance style that is traditionally Black, to confirm this rule. Every year, in Germany, the International Breakdance championships, a.k.a. Battle of the year, are organised: AFRO CONNECTION MAGAZINE 59 Les champions des cinq dernières années : 2014 : Predatorz (Russe) 2013 : Fusion MC (Corée du Sud) 2012 : Vagabonds (France) 2011 : Vagabonds (France) 2010 : Jinjo Crew (Corée du Sud) Oups… toute ma théorie s’effondre, aucune équipe majoritairement noire dans les derniers champions. Cela prouve que les stéréotypes sont une manière de nous rassurer et de permettre à notre cerveau de classifier les gens dans telle ou telle catégorie. Des catégories 60 AFRO CONNECTION MAGAZINE qui sont, on le voit dans ces classements, de plus en plus hétérogènes. Le fait de savoir danser ou non est une question de culture et non de génétique. Et si les Noirs sont, à priori, plus à l’aise que les Blancs sur une piste de danse, c’est parce que cette pratique est plus ancrée dans leurs traditions. Que ce soit avec les danses tribales dans les villages africains ou la culture hip-hop des villes européennes, les Noirs ont eu plus d’occasions d’apprendre à se trémousser au rythme de la musique. Il suffit aussi de jeter un œil dans une église africaine pour voir que l’ambiance n’est pas la même que chez les Blancs. La danse, c’est un sport comme un autre, où l’entrainement est le plus important. D’ailleurs, et si on reste dans les stéréotypes, les Asiatiques, réputés comme travailleurs et déterminés, sont de plus en plus présents dans les différents championnats, que ce soit dans le breakdance ou la danse classique. Les Noirs, et les Blancs devraient donc vite retourner sur les pistes s’ils ne veulent pas qu’un jour on dise que seuls les Asiatiques savent bien danser. Champions in the past 5 years: 2014: Predatorz (Russia) 2013: Fusion MC (South Korea) 2012: Vagabonds (France) 2011: Vagabonds (France) 2010: Jinjo Crew (South Korea) Oops… All my theory crumbles. No Black team on top in the latest championships. This proves that stereotypes are just a way to reassure us and allow our brain to classify people in this or that category. Categories, as we can see in these rankings, that are increasingly heterogeneous. The fact of knowing or not knowing how to dance is a cultural question, not a genetic one. If people with African origins hypothetically feel more at ease on the dance floor than people of Eurasian origins, it is mostly because dancing is deeply rooted in their traditions. May it be tribal dances in African villages or Hip Hop culture found in Western cities, Africans have had more opportunities to shake their bodies to the beat. You only need to walk into an African church to observe that the energy is very different from that in a European church. Dancing is a sport like any other sport, where training is the key. In fact, and to keep using stereotypes, Asians, who are renowned for their hard work and determination, are more and more present in dancing championships, both for breakdancing and ballet. Black and White should keep practising hard on the dance floor if they don’t want people to end up saying that Asians are the only ones who can really dance. AFRO CONNECTION MAGAZINE 61 Tabou « Ce qui est dans la parole est dans le silence. » Taboo "What is in the spoken word is in the silence." 62 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 63 Taboo The challenges are different depending on time period, nationality, and the countries where we live. The way family judges us, how religion affects us, our ethnic affiliations, our traditions, the language we speak or the culture that shapes us; these are all obstacles that mixed couples may have to overcome. Two couples have agreed to open, if only a little, the doors to the sacred realm of their relationship. Les couples mixtes africains African mixed couples Les défis sont différents en fonction des époques, des nationalités et des pays où l’on vit. Le regard de la famille, la religion, l’ethnie, la tradition, la langue ou la culture sont des obstacles que les couples mixtes doivent surmonter. Deux d’entre eux ont accepté de nous laisser entrer, un peu, dans leur intimité. André and Claudine André et Claudine Claudine a vécu la moitié de sa vie en République démocratique du Congo avant de venir s’installer en Belgique. Au pays, elle a été en couple avec un Belge : André. André était bien accepté dans ma famille. C’était plus compliqué pour lui. Ça a été difficile parce qu’il n’avait pas l’habitude de nos coutumes, d’avoir souvent du monde à la maison, mais au fil du temps il a réussi à s’adapter. Les Européens sont bien acceptés, mais la cohabitation semble plus difficile avec les 64 AFRO CONNECTION MAGAZINE autres Africains, surtout s’il y a des tensions politiques entre les pays d’origine. Je pense que ça aurait été plus difficile pour ma famille si André avait été Rwandais. Même ici, j’ai des copines de mon âge en couple avec des Belges, des Sénégalais ou des Marocains, mais pas avec des Rwandais. Paul et Adrielle Paul, 27 ans, d’origine rwandaise est en couple depuis trois ans avec Adrielle, 23 ans, originaire de la République démocratique du Congo. Claudine has lived half her life in the Democratic Republic of the Congo, before moving to Belgium. In her country, she met and lived with a Belgian: André. My family accepted André quite well, but it was more difficult for him. He wasn’t used to our customs, to always having people in the house, but with time he got used to it. Europeans are usually welcomed, but it seems harder to be in a relationship with Africans from other countries, particularly when tensions exist between the countries of origin. I think it would have been harder for my family if André had been from Rwanda. Even here, in Belgium, I have friends my age who have boyfriends from Belgium, Senegal or Morocco, but never from Rwanda. Paul and Adrielle Paul, 27 years old, from Rwanda, has been in a relationship for 3 years with Adrielle, 23 years old, from the Congo. An encounter Becoming a mixed couple is not a voluntary or calculated thing; neither is it an act of rebellion. It is first and foremost, as it is for any other new couple, an encounter. I knew she was from the Congo, but AFRO CONNECTION MAGAZINE 65 Une rencontre I don’t think she knew I was from Rwanda, she never asked. The question of ethnicity only came up later. When I found out he was from Rwanda, I didn’t care, but I thought it might get tongues wagging in my family. Devenir un couple mixte n’est pas quelque chose de délibéré, de voulu, ce n’est pas non plus un acte de rébellion. C’est avant tout, comme pour tous les autres couples, une rencontre. Moi je savais qu’elle était Congolaise, mais je ne pense pas qu’elle était au courant de mon origine, car elle ne m’a pas posé la question. La question de l’origine ethnique s’est seulement posée après. Quand j’ai su qu’il était Rwandais, ça ne m’a pas dérangé, mais je me suis dit qu’au niveau de ma famille ça risquait de faire du bruit. Obstacles Des obstacles Dans le cas de Paul et Adrielle, tout s’est finalement bien passé. Chacun a fait des concessions. Quand il s’agit des enfants, chacun doit comprendre la mentalité et la conception de l’éducation qui est spécifique à chaque culture. Par exemple, avec notre premier garçon, il est de coutume chez les Rwandais de donner un nom traditionnel en plus du prénom. Je lui ai expliqué la tradition et elle a accepté, car nous communiquons. Elle, de son côté, ils donnent au premier fils le prénom du grandpère. Nous avons fait un mélange des deux. Une évolution des mœurs La dimension culturelle ne prend alors plus le dessus et laisse place à un véritable projet de vie. Cette réussite était encore difficile à imaginer il y a quelques années, mais c’est désormais possible grâce à l’évolution de certaines mœurs. Je dirais que la culture européenne a permis à cette génération 80’ et 90’, dont les parents ont migré ici à adoucir les mœurs entre les cultures africaines. Il faut dire que si nous n’avions pas eu cette influence occidentale, je ne pense pas qu’on verrait autant de mélange entre les communautés africaines encore 66 AFRO CONNECTION MAGAZINE moins celles qui sont en conflits politiques en Afrique. Grâce à cette influence occidentale, on a su affronter nos parents sur certains sujets et aussi avoir le courage d’affronter des barrières culturelles qui étaient inimaginables pour les anciens. Une belle leçon apprise en Europe qu’il faudrait donc exporter en Afrique. Les couples mixtes y sont encore trop rares, pourtant, ils pourraient faire évoluer les mentalités et adoucir certains conflits. For Paul and Adrielle, everything turned out all right. Each agreed to compromise. When it comes to children, each has to understand the mentality and perception regarding education, which may be specific to each culture. For example, with our first son, it is a custom in Rwanda to give a traditional name in addition to a Christian name. I explained this custom and she accepted. We communicate. That’s the key. On her side, in the Congo, the first son is named after his grandfather; we decided to mix it up, to include both traditions. issues and therefore find the courage to bring down cultural barriers, something our grandparents, and even our parents, wouldn’t even have imagined. A wise lesson learned in Europe that should be exported to Africa where mixed African couples are still too few. These couples could, indeed, help change the way people think and participate in the resolution of a number of conflicts. Evolving mores In such cases, the cultural dimension no longer gets in the way and gives space for a real life-long project. It would have been hard to imagine, some years back, that such an achievement was possible; but it is, possible today, thanks to a change in social behaviour. I would say that European culture has given opportunities to the 80’s and 90’s generation, whose parents have migrated here, to soften traditional tensions between African cultures. I must add that if we hadn’t had this Western influence, I don’t think we would be seeing as many mixed African couples, even less between Africans from countries that share political disagreements. Thanks to the presence of Western culture, we were able to face our parents, confront them on certain AFRO CONNECTION MAGAZINE 67 Fashion Zacometi, le chic urbain Isaac-Joachim a voulu donner à l’homme moderne une gamme de vêtements à la fois tendance, créatifs et élégants sous un style qu’il qualifie lui-même de « Urban Chic » et de « Classic Chic ». Pour cela, il utilise des matières nobles provenant de la haute couture, mais sans enfermer le vêtement dans un stéréotype. Il vise les hommes qui soignent leur apparence vestimentaire, qui se veulent raffinés tout en restant virils et décontractés. Une gamme diversifiée Zacometi, Urban chic Présenté à la dernière fashion week Ethno Tendance de Bruxelles, Zacometi propose aux hommes une gamme de vêtements urbaine, mais chic. Rencontre avec Isaac-Joachim, le créateur. Isaac-Joachim a, au fur et à mesure des années, réussi à affiner son apprentissage. Il est capable aujourd’hui de proposer une gamme complète, du costume à la veste, en passant par les manteaux et les chemises. Isaac-Joachim adapte aussi sa collection en fonction de vos besoins. Ses vêtements peuvent être cré sur mesure, à condition de se déplacer jusqu’à son atelier parisien. The Zacometi Style Isaac-Joachim wanted to create a range of clothes for men, that was at once trendy, original and elegant. He qualifies it as "Urban Chic" and "Classic Chic". To achieve this, he uses noble materials he draws from haute couture without confining the finished product to a stereotype or class. His clothes are intended for men who care about their appearance, who are sophisticated but are also aware of their manliness, while maintaining a casual look. An Eclectic Range of ReadyTo-Wear Throughout the years Isaac-Joachim has managed to polish his education and expertise in his field. Today he is able to offer a complete range, from suits to Presented at the latest Ethno Tendance Fashion Week in Brussels, Zacometi offers a range of clothes for men that is both urban and chic. An encounter with Isaac-Joachim, the fashion designer. Une histoire de famille Isaac-Joachim Pantaleon est arrivé d’Haïti à l’âge de 7 ans. Il grandit à Paris dans l’atelier de couture de sa mère. Imprégné par la mode dès sa plus tendre enfance et prenant déjà particulièrement soin de son propre style vestimentaire, c’est à 20 ans seulement qu’il se lance réellement dans le milieu en ayant pour objectif de donner, à sa manière, une autre vie à la profession. Le style Zacometi 68 AFRO CONNECTION MAGAZINE A Family Legacy Isaac-Joachim Pantaleon came to Europe from Haiti when he was 7 years old. He grew up in Paris in his mother’s sewing workshop. Immersed in the world of fashion from as long as he can remember, and taking particular care of his own style and appearance, it is at the young age of 20 that he truly begins his career in fashion. His aim was to offer, in his own way, another life to the profession. AFRO CONNECTION MAGAZINE 69 Et au niveau du prix ? Comme pour tout vêtement de haute couture de qualité qui se respecte il faudra quand même mettre la main au portefeuille. Comptez 775€ environ pour une veste en laine, en cachemire ou en coton. 849€ pour le manteau dans les mêmes matières. Et pour un costume il faudra compter entre 1350€ et 1550€ pour un costume deux ou trois pièces en tissus haut de gamme Holland & Sherry. Une ligne que nous vous conseillons de découvrir rapidement sur le site internet de la marque ou sur leur page Facebook. http://www.zacometi.fr 70 AFRO CONNECTION MAGAZINE jackets, from coats to shirts. Isaac-Joachim can adapt his collection to your specific needs. His clothes can be tailored to your liking, as long as you find the time to visit his workshop in Paris. How about the prices? As you would expect for any respectable clothing made of high-quality fabric, you will have to reach deep into your wallets. Count €775 for a jacket made out of wool, cashmere, or cotton; €849 for a coat in the same fabrics, and between €1350 and €1550 for a two-piece or three-piece suit made of high-quality Holland & Sherry cloths. A line of clothes we invite you to discover on the brand’s Internet website or on the Facebook page. AFRO CONNECTION MAGAZINE 71 Art « On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l’autre pour se révéler. » Art "You cannot paint white on white, black on black. Each needs the other to stand out." 72 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 73 Art « Je veux faire de l’art métissé » 74 Watshini “I want to create a culturallycrossbred art” Odette Watshini Messager est une artiste franco-congolaise expatriée en Belgique depuis plus de 20 ans. Odette Watshini Messager is a FrancoCongolese artist. She has been an expat in Brussels for over 20 years. Elle définit son art comme afro-européen. Les techniques sont européennes, mais les thèmes abordés sont africains. Un art métissé à son image. She defines her work as Afro-European. The techniques she uses are European while the themes she explores are African. A culturallymixed art form that fits her perfectly. Son art est figuratif. Elle s’inspire de scènes de la vie quotidienne des femmes qu’elle a photographié lors de ses voyages en Afrique. Watshini a déjà eu l’occasion d’exposer ses œuvres. À la White & Art Gallery de Bruxelles, mais aussi au Festival du Film Africain et à la journée de la femme. Deux expositions sont en préparation, dont une en avril 2016. Les détails arriveront prochainement dans un de nos prochains numéros. Her art is figurative. She was inspired by scenes in the everyday lives of the women she photographed as she travelled across Africa. Watshini has already had the opportunity to show her works at the White & Art Gallery in Brussels, but also at the African Film Festival and on International Women’s Day. She is currently preparing two exhibitions. More details on a show she is planning in April 2016 will be provided in one of our next editions. AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 75 76 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 77 Cuisine « un mensonge peut donner des fleurs mais pas de fruits. » Cooking "A lie may give flowers but no fruits." 78 AFRO CONNECTION MAGAZINE AFRO CONNECTION MAGAZINE 79 Poulet Yassa Le poulet Yassa est un plat que trouve son origine en Casamance, région au sud-ouest du Sénégal ; c’est un des plats nationaux du Sénégal. On fixe généralement l’origine du poulet Yassa en Casamance, region sud du Sénégal, c’est un des plats Nationaux du Sénégal. Nos recèttes preférées de poulet yassa : préparations, ingrédients, cuisson du poulet yassa. Éviter de remplacer le citron vert par du vinaigre : le résultat n’est vraiment pas le même. Un poulet yassa est raté si il cuit trop ou si il est trop acide. Goûtez à toutes les étapes. Préparation et cuisson Découpez le poulet en plusieurs morceaux. Préparez une marinade avec 2 cuillères d’huile, le jus des 4 citrons, l’ail écrasé, 4 à 6 oignons émincés, le sel et le poivre. Ingrédients 1 poulet 4 citrons 4 à 6 oignons 1 tête d’ail ou les ¾ selon le goût 1 c. à soupe de moutarde 5 c. à soupe d’huile 1 c. à café de sel 1 c. à café de poivre 80 AFRO CONNECTION MAGAZINE Ingredients 1 chicken (cut into serving-sized pieces) 4 lemons 4-6 onions 1 head of garlic (or ¾ depending on taste) 1 tablespoon of mustard 5 tablespoons of peanut oil (or any cooking oil) 1 teaspoon of salt 1 teaspoon of pepper Laissez reposer les morceaux de poulet dans cette marinade pendant 6 à 12 h (ou une nuit entière au frigo). Remuez de temps en temps pour que le poulet soit bien imprégné de marinade. Retirez le poulet et faites-le légèrement griller sur la braise, au four ou à la poêle. Dans une marmite, mettez le reste d’huile et faites revenir le reste des oignons. Versez y la marinade. Ajoutez du piment, la moutarde et mettez les morceaux de poulet. Laissez cuire à feu doux pendant 1 h max. Servez ce plat très chaud avec du riz. Chicken Yassa is a traditional dish from the Casamance region in the south-west of Senegal. Chicken Yassa is a traditional dish from the Casamance region in the south-west of Senegal. Preparation and cooking Cut up the chicken into serving-sized pieces Prepare the marinade with 2 tablespoons of cooking oil, the juice of 4 lemons, the minced garlic, 4 to 6 thinly sliced onions, salt and pepper. Allow the chicken to marinate in a dish in the refrigerator for 6 to 12 hours or overnight. Turn chicken in marinade from time to time. Remove chicken from the marinade, but save the marinade. Grill the chicken over a charcoal fire or cook it in the oven, or in a frying pan, until chicken is lightly brown but not done. While the chicken is browning remove the onions from the marinade and sauté them in a large saucepan for a few minutes. Add oil and remaining marinade into the saucepan with the pepper and salt. Finally add the pieces of chicken. Let the dish simmer at very low temperature for 1 hour max. Serve very hot with rice. AFRO CONNECTION MAGAZINE 81 Mes remerciements / My appreciation Crédits / Credits Photographie / Photography Afro Connection magazine tient sincèrement à remercier son équipe pour la collaboration et le dévouement à l’élaboration de ce premier numéro. En effet, il va de soi que ce magazine n’aurait pas vu le jour sans l’enthousiasme et l’apport professionnel de ces formidables personnes. Sincères remerciements à : Cédric, Jimmy, Juliette, Mafous, Maxime, Nicolas, Rachelle, Serge et Yvoire The last but not the least, merci à vous chers (futurs) lecteurs pour le feedback que vous nous apporterez à la sortie de chaque numéro mais surtout pour votre fidélité car sans celle-ci la pérennité de ce magazine ne peut être assuré. Merci Afro Connection. 82 AFRO CONNECTION MAGAZINE Afro Connection magazine wants to sincerely thank his team for the collaboration and dedication to the development of this first issue. Indeed, it is obvious that this magazine would not have been possible without the enthusiasm and professional contribution of these wonderful people. Many thanks to: Cédric, Jimmy, Juliette, Mafous, Maxime, Nicolas, Rachelle, Serge and Yvoire The last but not least, thank you to you dear (future) readers for the feedback you bring us out of to every issue but especially for your loyalty because without this one the durability of the magazine can not be assured. Thank you Afro Connection Afro Connection : Ethno Tendance Trajectoire / Trajectory : Diana Robinson Un jour à/ A day in : Jon Rawlinson, Masarwa man Ambassade du Cameroun Aero Icarus, Swiss Airbus A330-300 HB-JHF@ZRH Mark Fischer, Reunification Monument - Yaounde Africulture : Julien Harneis, To the castle Fleuve Congo / Congo river : Julien Harneis, Uele River Julien Harneis, Fishing at the falls Racine / Roots : Christopher Griner, South Africa - Kogelberg Mountains & South Atlantic Ocean Insipration : Julien Harneis, Living off the river On dit que / People say : Ethno Tendance Zabara Alexander, ‘80x vs ‘00x Tabou : Diana Robinson, Elephants in Amboseli National Park, Kenya, East Africa Fashion : Ethno Tendance Zacometi Art : Ethno Tendance AFRO CONNECTION MAGAZINE 83 84 AFRO CONNECTION MAGAZINE