Le Doubs Agricole

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Le Doubs Agricole
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Octobre 2013
N° 23
HORS SÉRIE
LE DOUBS
AGRICOLE
ROBOT DE TRAITE :
LE SUJET QUI FACHE
AU PAYS DU COMTÉ
En pages 18 et 19
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2
ÉDITORIAL
Sommaire
Page 4
Le C.I.G.C. attaque en
justice la fromagerie Mulin
du groupe Centurion pour
contrefaçons.
Pages 8 à 14. Le dossier
Sujet de débat récurrent
dans nos campagnes, le
foncier agricole est de plus
en plus convoité. partager
oui, gaspiller non.
Page 17
Des agriculteurs
jurassiens s’associent
pour créer un drive
fermier. Vous commandez
sur internet et l’on vous
livre dans l’un des douze
points de rendez-vous.
Page 26
Du comté disponible
24 heures sur 24. Le
premier distributeur
libre-service de comté et
produits régionaux vient
d’être mis en service à la
fruitière des Fins.
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Treize agriculteurs
du vallon de Sancey
investissent dans la
première unité de
méthanisation agricole
collective de
Franche-Comté.
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Édito
Le robot de traite
indésirable au pays du comté
P
lusieurs exploitations agricoles
de l’A.O.P. comté sont sur le
point de s’équiper d’un robot de
traite. L’une a déjà franchi le pas
mais ne peut pas encore utiliser cet outil
qu’elle juge pourtant en phase avec
l’évolution de la profession de producteur
laitier. Les partisans du robot avancent
que l’automatisation de la traite soulage
l’opérateur sans le soustraire à
l’observation du troupeau. Croix de bois,
croix de fer, ils jurent respecter le cahier
des charges du comté et ne jamais couper
avec le fameux lien au pâturage qui fait
toute la fierté de la filière. Des vaches qui
broutent la bonne herbe du terroir
jurassien. C’est peut-être là que se pose
le vrai débat. Une question d’image que
ne voudrait pour rien au monde écorner
le C.I.G.C. Le gardien du temple s’oppose
franchement à l’arrivée du robot de traite
dans les fermes à comté. À cela plusieurs
raisons : mauvais goût du fromage,
rupture avec le pâturage, incompatibilité
avec les fondamentaux de la traite définis
dans le cahier des charges. Et surtout,
Claude Vermot-Desroches le président
du C.I.G.C. en est convaincu, le robot
est la porte ouverte à la traite en
libre-service. Le même débat s’était déjà
posé avec les mélangeuses finalement
tolérées sous certaines conditions
d’utilisation. Les pro robot rétorquent
que la triche est compliquée. Il suffit pour
cela de vérifier l’historique sur le poste
informatique de l’appareil qui enregistre
chaque opération. Alors le robot, source
de progrès ou pas de géant vers une
agriculture ultra-mécanisée, ultra-assistée
et déshumanisée ? Autre temps, autre
époque, à l’arrivée des premières machines
à traire, certains fromagers proclamaient
haut et fort qu’ils ne transformeraient franchement, c’est d’ailleurs un paradoxe
jamais un lait produit dans ces conditions. car aucune mention au sein du cahier des
Le même refrain se répète aujourd’hui charges n’interdit formellement cet outil.
dans quelques fruitières. Dire que le Aurait-il les moyens de justifier une telle
C.I.G.C. ferme la porte aux robots, pas mesure d’interdiction ? Pas sûr. o
P DV
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“Le Doubs Agricole”
Conception, rédaction, publicité et réalisation :
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1, rue de la Brasserie - B.P. 83143
25503 MORTEAU CEDEX
Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication : Éric Tournoux
Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet,
Thomas Comte, Jean-François Hauser.
Crédits photos : La Doubs Agricole.
Impression : Est’imprim
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Atelier de découpe de viande
ISSN : 1623-7641
Dépôt légal : Octobre 2013
Commission paritaire : 1102I80130
Chemin du bas des vignes - 25 320 BOUSSIÈRES
La reproduction partielle ou totale de textes ou photographies de ce numéro
du “Doubs Agricole” est subordonnée à l’autorisation de l’éditeur.
Email : presta-dé[email protected]
TÉL. 03 81 56 62 65 - 06 74 74 77 56
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PUBLI-INFORMATION
La puissance des plantes
au service des éleveurs
Chays a toujours
été engagé dans
l’utilisation des
compléments
alimentaires à base
de plantes, d’extraits
végétaux et huiles
essentielles.
Retour aux sources.
Plantes aux propriétés aseptisantes, décongestionnantes
et cicatrisantes. Produits Chays : Dermaphyt.
Ces plantes atténuent les réactions au
stress en situation d’infestation
parasitaire. Les parasites les plus
connus sont les strongles digestifs,
douves, paraphistomes…
Produits Chays : Nutrasem, Distral.
L
es pratiques des éleveurs exemple un début de grippe.
n’échappent pas aux Aujourd’hui, la conduite d’un
évolutions d’une société troupeau procède d’une vision
qui accorde beaucoup globale où il faut maîtriser tous les
d’importance aux
éléments. Il convient
bienfaits de la nature.
d’utiliser à bon escient
“Utiliser à bon
Ce qui est bon pour
ces compléments à base
escient ces
l’homme, l’est aussi
de plantes sur les
compléments.”
pour l’animal. Aussi
conseils du technicien
les firmes-services
Chays
et
du
orientent-elles de plus en plus leurs vétérinaire”, indique Hervé Belot
recherches sur les plantes. Rien de des établissements Chays. Des effets
nouveau en fait, juste la aux produits : l’implication de
réactualisation de connaissances Chays sur les bienfaits des plantes
appliquées depuis fort longtemps, en alimentation animale. o
parfois de façon empirique, mais
toujours avec une certaine efficacité.
On peut citer l’exemple classique
du lin administré pour remettre
sur pieds vaches ou juments après
mise bas. “Les effets des plantes
s’appuient sur de réelles bases
Plantes qui améliorent les fonctions
scientifiques. Elles peuvent être
digestives et fonctionnelles du foie.
administrées à titre curatif ou en
Produits Chays : Hepatophyt, Phytoform. préventif pour annihiler par
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Ces plantes
limitent les
infestations
parasitaires des
jeunes veaux de type
cryptosporidiose et
coccidiose.
Produit Chays :
Immunophyt
Ces plantes
ont des effets
sur les
défenses
immunitaires.
On peut citer
l’exemple des
produits à
base de Reine
des prés,
d’eucalyptus.
Produits
Chays :
Proviflore,
Pulm.
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ACTUALITÉ
Justice
Le C.I.G.C. attaque
l’entreprise Mulin
L’interprofession du comté n’a pas vraiment
apprécié la mise en marché de produits
de la fromagerie Mulin aux dénominations qui
peuvent prêter à confusion. Tensions.
L’
affaire concerne deux a décidé de retirer le produit”, explique
fromages
emballés Claude Vermot-Desroches, le président
commercialisés en discount du C.I.G.C.
alimentaire sous les noms : Chez Mulin, on se montre peu loquace
“meule franc-comtoise” et “meule tout en confirmant néanmoins non pas
comtoise”. S’il appartient à chacun de un retrait mais une nouvelle
juger si ces dénominations sont dénomination. “Puisque cela gênait,
trompeuses avec le comté, le
on a changé le nom des
C.I.G.C. n’a pas mis longtemps
produits”, explique Martial
“Le
à réagir face à ce qu’il considère
Philippe, le directeur de la
C.I.G.C.
comme des contrefaçons.
fromagerie de Noironte qui
en a
“L’entreprise Mulin qui a déjà
préfère ne pas en dire davantage
marre.”
perdu l’utilisation du mot
dans l’attente du jugement.
gruyère revient avec une
Une certaine confusion règne
tromperie de consommateur en comme toujours dans ce type de
réutilisant le terme ”comtois”. Le confrontation. Les producteurs qui
C.I.G.C. n’a jamais été informé mais livrent leur lait à la fromagerie Mulin
quand on a vu les dégâts sur la ne comprennent pas l’attitude du
distribution, on a fait notre travail C.I.G.C., estimant peut-être qu’ils
d’assignation à tel point que l’entreprise étaient tout aussi légitimes à produire
Suite à l’assignation, Mulin a décidé de changer le nom de ces produits.
des fromages francs-comtois que leurs
confrères de l’A.O.P. comté.
Claude Vermot-Desroches voit plutôt
une forme de manipulation.
“L’entreprise Mulin dit à ses
producteurs : j’ai beaucoup de
problèmes à cause du C.I.G.C. Je préfère
les mettre en garde. Ce n’est pas toujours
la faute du C.I.G.C. Je leur conseille
de faire preuve de discernement.”
Interpellé sur cette assignation à la
dernière session de la chambre
d’agriculture interdépartementale, le
président du C.I.G.C. avait montré les
dents. “J’entends bien les cris du cœur
des producteurs de Mulin. J’aimerais
qu’on inverse les rôles. Le C.I.G.C. en
a marre. Il est en colère contre la
politique de centurions. Il y a déjà eu
un précédent en 2002 quand le C.I.G.C.
avait gagné le procès du gruyère qui
avait amené à la condamnation de Lidl.
Ce qui arrive aujourd’hui n’est pas une
surprise.”
Daniel Prieur, le président de la chambre
interdépartementale, estimait pour sa
part que “dans cette affaire, il y a des
producteurs qui se sont fait mener en
bateau. Avec le temps, on observe qu’il
y a a eu des conflits similaires à chaque
fois qu’un lieu de décision quitte la
région.”(ndlr : la fromagerie Mulin fait
partie du groupe Centurion dont le
siège est situé à Libercourt dans le Pas
de Calais) o
Flangebouche
La fruitière exporte son savoir-faire sur Besançon
Confortés par l’expérience du magasin situé sur le site de fabrication,
les sociétaires de la fruitière Flangebouche-La Sommette ouvrent un
second point de vente au cœur de la capitale comtoise.
la gérance. “On a progressivement optimisé les horaires
en matinée et en fin d’après-midi avec une ouverture
le dimanche matin. On propose bien sûr nos propres
fromages avec la volonté d’élargir l’offre à l’ensemble
des produits régionaux. Le magasin est une vitrine
n projet en chasse un autre dans cette fruitière de la coop et sert aussi à la promotion de la filière
qui fêtera en 2013 le vingtième anniversaire comté”, observe le gérant.
de la fusion entre les coopératives de Cette stratégie s’avère payante avec une croissance
Flangebouche et de La Sommette. “Sans cette annuelle de 15 à 20 % du chiffre d’affaires depuis
mutualisation, on n’aurait probablement pas eu les quatre ans. “Ce dynamisme s’explique par la diversité
moyens d’investir en 2001 dans une nouvelle de l’offre, la qualité de l’accueil et le conseil dans le
fromagerie”, explique Olivier Vivot, le
choix des fromages”, estime le président,
Ce magasin
président d’une coopérative qui regroupe
conscient que l’outil arrive bientôt à sa
ouvrira fin
26 exploitations pour 35 adhérents.
vitesse de croisière commerciale. Même
novembre.
Ici, on transforme chaque année 6,5 millions
avec la proximité de la route des
de litres de lait en comté, morbier, beurre
Microtechniques, le potentiel de croissance
et produits laitiers. Une première extension a été est limité par le niveau de population. Flangebouche
engagée en 2011 au niveau des caves en vue de pouvoir n’est pas Besançon.
séparer les fabrications. “On investit actuellement D’où l’idée de valoriser cette expérience en vente
dans la réalisation d’une station d’épuration individuelle directe en ouvrant un second magasin dans la capitale
qui traitera nos propres effluents. Le chantier va régionale. “La clientèle de centre-ville correspond à
débuter au bord de la route des Microtechniques. On nos gammes de produits.” Le projet est bien avancé.
ne sera plus relié à la station communale. Pour nous, Ce magasin de 60 m2 ouvrira fin novembre. Il portera
c’est la solution la plus simple et la plus économique”, le même nom que la fruitière Flangebouche-La
Sommette. “On arrivera à la fin des travaux du tram.
poursuit Olivier Vivot.
La construction du nouvel atelier en 2001 intégrait L’offre sera sensiblement la même qu’à Flangebouche
logiquement l’aménagement d’un magasin de vente à quelques nuances près. Ce projet génère la création
directe. Cette boutique qui emploie deux vendeuses de trois emplois”, conclut le président en signalant la
a été rénovée en 2009. Depuis, l’activité s’inscrit dans médaille d’argent obtenue par sa coop de
le cadre d’une E.U.R.L. avec à sa tête l’un des sociétaires, Flangebouche-La Sommette lors du concours du
à savoir Patrick Vermot-Desroches pour en assurer morbier. o
U
“Notre gamme de produits correspond aux
attentes de la clientèle de centre-ville”, indique
Olivier Vivot, le président de la coop ici en
compagnie de Patrick Vermot-Desroches qui
assurera la gérance du magasin bisontin.
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ACTUALITÉ
Labergement-Sainte-Marie
La fruitière
des Lacs
investit dans
un nouvel atelier
Trop à l’étroit dans ses locaux actuels,
cette coopérative s’est engagée dans la
réalisation d’une fromagerie en cours de
construction sur la nouvelle zone artisanale
de Labergement-Sainte-Marie.
C
ôté visibilité, il n’y a pas photo
entre l’ancienne et la nouvelle
fruitière qui sera construite à
l’entrée du village côté lac Saint-Point.
Les travaux vont bon train. Le chantier
lancé cet été durera une année pour une
ouverture prévue en juillet 2014. “Ce
projet a nécessité trois ans de démarche.
On a finalement trouvé une parcelle de
72 ares située sur la zone artisanale
aménagée par la commune de
Labergement-Sainte-Marie. Le nouveau
bâtiment abritera l’atelier de
transformation, les caves, le magasin
de vente et une galerie de visite”, explique
Claude Pagnier, le président de cette
coopérative qui réunit 16 exploitations
pour 31 agriculteurs.
La fruitière des Lacs s’est développée
au fil de plusieurs fusions. La série
commence en 1989 avec le
rapprochement entre les coopératives
de Labergement et Remoray. Puis c’est
au tour de Brey-et-Maison-du-Bois en
1992, La Planée en 1993 et dernièrement
Chaux-Neuve en 2010. “Le chalet de
Claude Pagnier en compagnie des sociétaires de la fruitière des lacs
impliqués dans la commission nouvelle fromagerie.
Labergement était conçu pour
transformer 2,5 millions de litres de
lait. Avec tous ces mouvements, le litrage
atteint aujourd’hui 5,2 millions de litres
de lait. L’atelier n’est plus adapté, surtout
depuis la fusion avec Chaux-Neuve qui
a d’ailleurs servi de déclic au projet de
nouvelle fromagerie. Pour ce faire, on
bénéficie d’aides de l’Europe, du Conseil
régional et du Conseil général sur le
matériel. À cela s’ajoute le soutien du
Parc Naturel Régional du Haut-Jura
sur la partie accueil du public.”
Le futur atelier prend en compte une
éventuelle augmentation de capacité.
Les quatre salariés et les deux apprentis
qui leur prêtent main-forte produisent
du comté et du morbier. “On fonctionne
avec quatre maisons d’affinages : Petite,
Arnaud, Juramonts, sans oublier notre
affineur historique à savoir Gojon en
Haute-Savoie”, poursuit Claude Pagnier
qui procédera à deux recrutements
supplémentaires dans la perspective du
nouveau bâtiment. “Cet outil prend en
compte la pénibilité du travail. Il
permettra de valoriser le lait en fonction
des potentialités” observe un président
de coopérative bien conscient des enjeux
qui pèsent sur la filière comté. o
Ravageurs
La chrysomèle des racines
Signalé cet été dans le
du maïs aux portes du Doubs
Jura, ce coléoptère
fait l’objet d’une
surveillance ciblée sur
les parcelles en
monoculture de maïs.
Prévention.
L
a Franche-Comté reste encore
relativement épargnée par la
chrysomèle dont la présence est
attestée en Alsace, Rhône-Alpes et
Bourgogne. “On surveille son arrivée
depuis 1998. Aux États-Unis, ce ravageur
est surnommé l’insecte à 1 million de
dollars à cause des dégâts qu’il provoque”,
indique Laurent Rebillard de la Fredon, Résultat : la chrysomèle a été identifiée en
organisme mandaté par le ministère de août à Lavengeot dans le Jura. “L’État
l’Agriculture pour réguler et surveiller le nous a ensuite demandé de repérer le centre
fléau.
de gravité de l’infestation.” Tous les acteurs
Originaire d’Amérique centrale, ce concernés par le sujet : D.D.T., D.R.A.F.
coléoptère sans prédateur a suivi l’expansion et chambres d’agriculture se sont réunis
de la culture du maïs. Aux États-Unis, on pour décider de la stratégie de lutte.
a essayé de le contenir en adoptant Décision a finalement été prise de procéder
différentes formes de stratégies : lutte à un traitement insecticide sur la parcelle
chimique et O.G.M. La
infestée pour réduire le risque
Le pire
chrysomèle est arrivée en
d’envol. “Depuis, on n’a pas
Europe par voie aérienne suite
retrouvé d’insectes. Selon nous,
ravageur avec
à la guerre des Balkans. Elle se
on est en voie d’éradication.”
la spirale.
propage en remontant vers
Le contrôle des arrivées peut
l’ouest. “L’Allemagne est très touchée. Cet s’avérer fastidieux voire très complexe. Il
insecte se déplace aujourd’hui en camion est possible d’agir au niveau des rotations
par le biais des échanges commerciaux.” des cultures. C’est tout l’enjeu d’un système
Plusieurs techniciens de la Fredon sont de lutte basé en premier lieu sur un objectif
mobilisés pour traquer le sinistre ravageur. d’éradication. “Le temps de sensibiliser
Le dispositif franc-comtois comporte 70 ou de convaincre les agriculteurs de l’intérêt
pièges installés sur les zones à risques. de changer leurs pratiques culturales et
“Les parcelles en monoculture de maïs d’éviter ainsi qu’un maïs revienne après
sont la cible de notre piégeage. La un maïs. Si on le laisse s’implanter, cet
surveillance était organisée de juillet à insecte sera considéré comme le pire
septembre avec des relevés hebdomadaires ravageur avec la spirale.” o
dans une dynamique de détection précoce.”
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Énergie solaire
7
Le photovoltaïque pour sécuriser le revenu
Au G.A.E.C. des Rechaules à Villers-Saint-Martin,
on a fait le choix d’investir dans une toiture
photovoltaïque de 1 300 m2 qui rapporte entre
14 000 et 16 500 euros par an.
C’
est toujours rentable de miser bâtiment s’élevait à 250 000 euros, d’où
sur le photovoltaïque. En effet, l’idée d’amortir cet investissement en
la diminution du prix de s’engageant sur une toiture
rachat du kWh par E.D.F. est encore photovoltaïque.” Une manière aussi de
compensée par des panneaux moins chers conforter les revenus sur une exploitation
et plus performants. “Au lancement du touchée par les aléas du prix du lait
projet en 2011, on a failli tout standard. Les agriculteurs des Rechaules
abandonner car le tarif était brusquement ont sollicité l’entreprise Écodoubio pour
passé de 60 à 42 centimes d’euro par l’étude et la réalisation de cette toiture
kWh”, confie Julien Henriot,
posée en juin 2011. “C’est
La production
l’un des quatre associés du
le raccordement E.D.F. qui
dépasse
G.A.E.C. des Rechaules.
nous a posés le plus de
Après réflexion, le projet a
souci”, note Julien Henriot.
largement les
été finalisé sans l’ombre d’un
L’installation comprend 756
estimations.
regret. Cette ferme en
panneaux photovoltaïques
polyculture s’étend sur 205 hectares avec 17 onduleurs, ce qui représente
dont la moitié en cultures. Elle compte une puissance installée de 180 kW, soit
environ 87 vaches laitières pour une la consommation d’une dizaine de foyers.
production de 720 000 litres de lait “La qualité des panneaux s’est beaucoup
standard. L’activité intègre également améliorée en longévité, rendement et en
la conduite d’un atelier taurillons de 35 solidité”, explique Samuel Jacquet
à 40 taurillons.
d’Écodoubio.
Tout est parti en 2009 de la construction La production réelle dépasse assez
d’une stabulation où sont aujourd’hui largement les estimations dans une
regroupées les génisses auparavant fourchette de 5 à 20 % sur deux ans.
soignées sur deux sites. “Le coût du De quoi amortir plus sereinement un
Le bâtiment est recouvert par 756 panneaux photovoltaïques.
investissement photovoltaïque de
640 000 euros couvert par un prêt établi
sur 15 ans, soit une annuité de
49 000 euros. À 42 centimes
d’euros/kWh, le gain estimé de la revente
d’électricité avoisine 70 000 euros par
an. Toutes les charges déduites,
l’installation rapportera entre 14 000 et
16 500 euros par an, soit l’équivalent de
35 centimes d’euro par litre de lait, ce
qui est loin d’être négligeable, surtout
en lait standard. o
Vingt installations
en Franche-Comté
Depuis 2005, une vingtaine
dʼinstallations
de
toitures
photovoltaïques agricole ont été
réalisées en Franche-Comté. En
tout, cela représente une puissance
de 1 500 kWc, soit lʼéquivalent de
la consommation de 90 foyers.
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votre partenaire photovoltaïque
Cette société spécialisée dans les énergies renouvelables a désormais une
solide expérience dans les toitures photovoltaïques agricoles. Crédibilité.
vec plus de 300 installations photovoltaïques à encore valable d’investir dans le photovoltaïque sous
son actif dont une trentaine en agricole, Éco- réserve de respecter les fondamentaux”, explique Samuel
doubio maîtrise son sujet. Toujours rassurant Jacquet, le gérant d’Écodoubio.
d’avoir un interlocuteur à l’accent franc-comtois et qui Un projet réussi doit forcément prendre en compte
connaisse son affaire. Le monde agricole privilégiera tou- l’orientation, l’exposition du bâtiment, le type de produit,
jours la proximité à partir du moment où elle rime avec la qualité des panneaux. “Le photovoltaïque reste encore
compétences. Ce qui est le cas dans cette société basée l’énergie renouvelable la plus rentable. Les tarifs de rachat
aux Fins, vers Morteau, en capacité de mener des pro- ont diminué mais demeurent encore attractifs malgré
jets axés sur les énergies nouvelles de l’étude à la réali- tout. On constate de gros progrès dans l’amélioration
sation en passant par la conception. “Aujourd’hui, c’est des panneaux. Ils sont plus performants, moins chers et
ils présentent des garanties qu’on ne retrouve pas ailleurs
dans le thermique ou l’éolien. Ces panneaux sont maintenant
garantis jusqu’à trente ans en production et en solidité.”
Avec Écodoubio, la qualité est au rendez-vous. La réactivité
aussi car l’entreprise se fait fort d’intervenir dans les
meilleurs délais. “On contrôle déjà toutes nos installations
à distance et les clients apprécient toujours de voir arriver
rapidement le technicien en cas de panne. Chez nous, la
prestation va bien au-delà de la pose puisqu’elle se prolonge
par le contrat de maintenance.”
A
Avec une trentaine de toitures photovoltaïques
agricoles à son actif, Écodoubio s’impose
comme un interlocuteur incontournable.
Dans la plupart des cas, les projets de toiture photovoltaïque
en agriculture répondent au souci d’amortir et de valoriser
un bâtiment. Pour certains, cet équipement constitue
même à l’aube de la retraite une solution prévoyance.
Histoire d’avoir un petit revenu complémentaire. L’activité
d’Écodoubio s’étend à la recherche de solutions dans
toutes les formes d’énergies renouvelable. Avec le savoir-faire
acquis dans le photovoltaïque, l’entreprise se positionne
également dans la conception de toitures adaptées et
fonctionnelles. “On intervient dans l’isolation, la rénovation
et le désamiantage”, complète Samuel Jacquet. I
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DOSSIER
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Foncier : les agriculteurs
SOUS PRESSION
Enjeux
“Pourquoi ne pas contingenter
le droit à urbaniser ?”
Fatiguée de voir son parcellaire grignoté de toutes parts et pas toujours avec
parcimonie, la profession agricole incite à plus de mesure et souhaite être
davantage associée au débat du foncier. Entretien avec Éric Liégeon, agriculteur
président du comité technique S.A.F.E.R. et responsable foncier au niveau F.D.S.E.A.
LDA : La problématique du comté
impose-t-elle des contraintes foncières ?
E.L. : Oui. Aujourd’hui, on protège les
corps de ferme avec une distance à respecter
vis-à-vis des pavillons mais on ne prend
e Doubs Agricole : Quel constat nécessaires pour nourrir la planète ? Car pas en compte le pâturage. Le cahier des
peut-on dresser à l’échelle nationale ? l’enjeu, c’est aussi de pourvoir aux besoins charges du comté impose de faire paître
Éric Liégeon : Malgré une réelle prise de alimentaires.
les vaches. D’où l’intérêt de pouvoir
conscience autour de la disparition du
protéger les pâturages attenants aux
foncier agricole, la consommation d’espace LDA : Pour autant, il semble difficile de exploitations, ce qui n’est pas le cas
en France reste excessive. 33 000 hectares figer les choses.
actuellement.
ont été urbanisés en 2011. En France, E.L. : Bien sûr. On sait bien qu’il faut de
l’artificialisation des terres est deux fois la place pour loger les gens et développer LDA : D’autres revendications de la
plus élevée qu’en Allemagne où l’on a des infrastructures. On sait aussi qu’il profession ?
décidé de diviser par trois la consommation faut partager l’espace, mais de façon E.L. : On demande que la C.D.C.E.A.
maîtrisée. On doit aller vers une donne aussi son avis sur les mesures de
des terres agricoles d’ici 2020.
“Condamner autre approche de l’urbanisme, compensations écologiques. Il semble
densifier l’habitat. On peut nécessaire d’installer dans les plus brefs
LDA : Cela signifie-t-il que
à la double
supprimer l’horizontalité des délais l’observatoire national de la
l’artificialisation se fait au
peine.”
zones commerciales. Cette logique consommation d’espace agricole. Autre
détriment des terres agricoles ?
E.L. : Oui. Il existe même un fort contraste d’optimisation s’applique aussi aux friches souhait : la possibilité de pouvoir instaurer
avec les surfaces forestières qui bénéficient industrielles.
un délai minimal avant la révision des
de très fortes mesures de protection.
documents d’urbanisme. Ceci pour
Conséquence : la forêt ne cesse de s’étendre. LDA : Votre point de vue sur les zones garantir leur stabilité. Les agriculteurs
Les campagnes de reboisement qui d’activités ?
demandent instamment d’être associés à
viennent compenser les grands projets E.L. : Je pense qu’il est préférable d’en chaque étape d’élaboration de documents
d’aménagement
empiètent faire une grande plutôt que trois petites. d’urbanisme.
systématiquement sur des terres agricoles. Pourquoi ne pas contingenter le droit à
urbaniser sur la base d’une population LDA : Qu’est-ce qui peut être entrepris
LDA : Vous abordez la question des par exemple et d’y aller progressivement ? du côté des agriculteurs ?
compensations écologiques qui irrite au
E.L. : Pendant des années, on nous a
LDA : Contrairement à ce qui se fait par emprisonnés avec des primes très
plus haut point les agriculteurs.
E.L. : Avec ces dispositions issues du exemple sur la zone d’activité de Bulle contraignantes qui ont figé les parcelles.
Grenelle de l’environnement, le foncier entre Frasne et Pontarlier ?
Conséquences : on est resté sur des
agricole se voit condamner à la double E.L. : On peut s’interroger sur l’intérêt pratiques de cueillette de l’herbe et non
peine. On l’utilise d’abord pour réaliser de plateformer 18 hectares d’un seul coup. pas de culture. Aujourd’hui que ces primes
les infrastructures routières, ferroviaires, Ce projet aurait pu être planifié sur n’existent plus, on fait une demande au
les aéroports… Puis on le ponctionne plusieurs tranches, ce qui laissait le temps niveau de la profession de pouvoir
ensuite pour les compensations de remplir tranquillement la zone et renouveler une partie de nos prairies, de
écologiques. Si l’on continue à ce rythme, d’exploiter les terrains entre deux tranches les rendre plus productives. o
Propos recueillis par F.C.
que va-t-il advenir des surfaces agricoles de viabilisation.
L
“On doit aller vers une autre
approche de l’urbanisme”, estime
Éric Liégeon, président du comité
technique de la S.A.F.E.R.
La terre agricole n’est
pas une ressource
inépuisable, même
dans le Doubs.
On continue pourtant
à s’étendre sans
vergogne en
périphérie des villes
et des villages.
Mais l’heure de la
rébellion a sonné.
La profession
agricole tire la
sonnette d’alarme,
rappelle les vertus
nourricières de la
terre et il en faudra
de la surface pour
subvenir aux besoins
de la population
mondiale. Place au
bon sens paysan.
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PUBLI-REPORTAGE
Terre Comtoise poursuit
ses investissements dans ses bases
La
construction
d’une base
dans le Jura
à VillersFarlay vient
compléter
le maillage
régional.
L’
activité machinisme de Terre Com- outil de proximité.“Ces investissements
toise est en pleine évolution depuis répondent aujourd’hui aux principes défenplus d’une décennie. Le choix de dus par la coopérative et son conseil d’adtravailler avec le tractoriste John Deere a ministration, à savoir une politique d’inété couronné de succès comme en témoigne vestissement de proximité pour permettre
la forte progression du chiffre d’affaires aux adhérents de bénéficier près de leurs
qui est passé de 8 à 34 millions d’euros exploitations d’infrastructures de qualité.
entre 2000 à 2013. La division a pu et peut Nous nous appuyons également sur un
s’appuyer sur des marques fortes
réseau d’agents comme les étacomme Amazone, Caterpillar, “Ces
blissements Sire à Montlebon, LamHorsch, Joskin, Kuhn, Monosem, investissements bert à Maîche et Passemard établis
Quivogne Roland et Supertino.
à Angirey et Noidans en Hauterépondent
Cette progression a été accompa- aujourd’hui
Saône” note Xavier Beaufort, direcgnée par la coopérative Terre Com- aux principes
teur de la division machinisme.
toise par une politique volontaris- défendus par
Ces bases qui répondent aux stante de construction ou de la coopérative”
dards des constructeurs et notammodernisation de ses bases machiment John Deere permettent aux
nisme comme en témoignent les construc- agriculteurs de disposer d’un atelier pertions des sites de Rioz en 2004, Vuillecin formant capable d’accueillir du matériel de
en 2009, et la modernisation complète du plus en plus important et de magasins libresite d’Arc-les-Gray en 2011.
service agricole qui s’étendent sur près de
La construction d’une base dans le Jura à 400 m2. Chaque base dispose d’un stock
Villers-Farlay vient aujourd’hui compléter tampon avec la centralisation des pièces à
ce maillage régional. Elle permettra ainsi Saône au siège de la division machinisme,
aux adhérents des cantons de Quingey dans ce qui permet une réactivité dans les répale Doubs et ceux du Jura de bénéficier d’un rations de machines en période de fortes
activités.
Cette nouvelle base sera composée d’un
chef d’atelier (Alexandre Cattet), de trois
techniciens et de deux magasiniers.
Elle sera opérationelle le 4
novembre.o
La division
machinisme
s’appuie sur
9 bases en
Franche-Comté.
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DOSSIER
Consultation
Halte au gaspi foncier
La commission départementale de
consommation des espaces agricoles
ou C.D.C.E.A. prend peu à peu ses
marques dans le Doubs. Réflexion
et rigueur foncière.
F
ace au développement de
l’urbanisation, il importe de
préserver le capital de production
de l’agriculture et par là même
le foncier agricole. Tous les territoires
sont concernés mais certaines zones sont
plus menacées comme le littoral, le
périurbain et les zones montagneuses.
On sait, par exemple, l’impérieuse
nécessité de préserver des espaces
maraîchers en périphérie des villes pour
favoriser le développement des circuits
courts. Sans oublier le maintien des
continuités écologiques et la préservation
de la biodiversité. D’où l’intérêt de
constituer dans chaque département une
cellule de consultation chargée d’examiner
les projets et les nouveaux outils
E CHE-COMTÉ
U
Q
I
UN FRAN
EN
d’aménagements fonciers. L’objectif étant
d’améliorer la maîtrise de l’artificialisation
des espaces agricoles. “La C.D.C.E.A.
a été mise en place à la demande de la
profession suite à la dernière loi de
modernisation de l’agriculture et de la
pêche”, explique Christophe Chambon,
élu de la chambre qui siège dans cette
commission dont la mission dépasse
largement le cadre agricole. On y trouve
aussi les syndicats agricoles, les collectivités
territoriales et locales, l’État, la D.D.T.,
la Fédération de chasse, France Nature
Environnement ainsi que les représentants
des propriétaires fonciers. La S.A.F.E.R.
et l’Agence foncière interviennent dans le
dispositif à titre d’expert.
Le champ de compétence de la C.D.C.E.A.
UN SYSTÈME
DE CHAUFFAGE
PERFORMANT POUR
L’AGRICULTURE
Pompes à chaleur
sur l’air extrait
des étables
Simple
Économique
Naturel
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Tél. 03 81 43 32 95 - [email protected]
“La commission n’agit pas contre le développement économique mais
pour limiter le gaspillage du foncier”, indique Christophe Chambon,
élu de la chambre d’agriculture qui siège à la C.D.C.E.A.
est très large car elle peut être consultée cas par cas. L’avis de la commission prend
sur toute question relative à la régression en compte quelques notions comme des
des surfaces agricoles et sur les moyens surfaces de parcelles inférieures à 15 ares
de contribuer à la limitation de la ou le mitage paysager avec cette obligation
consommation de l’espace agricole. La de construire en continuité de l’espace
C.D.C.E.A. doit être obligatoirement bâti.”
consultée lors de l’élaboration ou la Les agriculteurs n’échappent pas aux
révision des documents d’urbanisme tels orientations fixées par la commission.
que : S.C.O.T., P.L.U. ou
Plus question désormais de
Une
encore cartes communales.
multiplier les maisons à proximité
régression
La consultation s’applique
des stabulations. Dans les
aussi pour les autorisations
des surfaces exploitations sous formes
relatives aux opérations de
sociétaires, le nombre est limité
agricoles.
construction, aménagements,
à une construction neuve par
installations et travaux dès lors que ces structure. On peut difficilement
projets sont situés dans les espaces autres contraindre les autres sans montrer
qu’urbanisés des communes non couvertes l’exemple. “Pour l’instant, la C.D.C.E.A.
par un document d’urbanisme. “La reste consultative mais on espère bien
commission n’agit pas contre le parvenir à la rendre décisionnelle. Jusqu’à
développement économique mais pour présent, le préfet qui l’a présidée a toujours
limiter le gaspillage du foncier. On se suivi nos avis.”
veut être une force de propositions. Quand Certaines communes en ont fait l’amère
on étudie un projet de zone d’activité expérience, surprises de se voir retoquer
économique, plutôt que de garder les des projets qui n’allaient pas dans le sens
terres sur plusieurs années, on préconiserait de l’économie foncière. Les membres de
d’étalonner l’occupation par le biais de la commission apprécieraient aussi d’être
conventions de mise à disposition. Les consultés sur des projets de grands
dossiers des particuliers sont étudiés au aménagements. o
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LA NURSERIE DU
BIEN-ÊTRE ANIMAL
Après mûres
réflexions, Pascal et
son fils Nicolas
Bucher du G.A.E.C.
du Soleil Levant à
Écurcey ont investi
dans une nurserie
tout de bois vêtue
réalisée sur-mesure
par SYSCOBOIS.
Chaude ambiance.
id douillet en hiver,
fraîche litière en été
sans l’ombre d’une
mouche, l’ambiance
qui règne dans cette nurserie a
tout pour plaire aux jeunes bêtes
et aux deux éleveurs associés
sur une exploitation de 350 000
litres de lait à morbier. “Avec
ce système, on est sur une courbe
de vêlage de deux ans. On va
gagner entre 6 et 8 mois par
rapport à la situation
précédente”, apprécie Nicolas
Bucher.
Ce projet de nurserie s’inscrit
dans le développement de
N
La nurserie du G.A.E.C. du Soleil Levant est conçue pour affronter les rudes conditions
hivernales qui règnent sur un site très exposé aux frimas locaux.
l’exploitation et répond à des
exigences très précises en termes
d’isolation et de facilité de travail.
“Le local réservé aux veaux dans
le bâtiment existant s’avérait
trop petit avec l’agrandissement
du troupeau. On s’est renseigné
pour trouver une solution qui
corresponde à nos attentes.”
Le père et le fils ont vite écarté
le classique concept du bâtiment
À l’intérieur règne une ambiance
confortable et saine, propice à la croissance
et à la bonne santé des bêtes.
avec deux couloirs qui ne leur
convenait pas. Ils recherchaient
une nurserie où il était possible
de rentrer partout en tracteur
ou en valet de ferme. Planté sur
les hauteurs de Pont-de-Roide,
le G.A.E.C. du Soleil Levant
bénéficie d’un point de vue
imprenable sur les contreforts
du Jura et des Vosges. Revers
de la médaille, il est exposé à
tous les vents, d’où le choix de
privilégier un bâtiment à chaude
et saine ambiance.
Dans cette configuration, le bois Une courbe
s’impose comme le matériau le
de vêlage de
plus approprié grâce à ses
propriétés thermiques et deux ans.
hygronomiques. Restait à trouver
un constructeur capable de faire
du sur-mesure. “SYSCOBOIS
a répondu à nos attentes.” D’une
surface de 400 m2, la nurserie
fait la part belle au bois avec
des murs en madriers de 95 mm.
Au plafond, un système en bac
acier sandwich de 60 mm
d’isolant
préserve
des
déperditions de chaleur en hiver
et assure une température stable
en été. “Côté bise, on a installé
du translucide isolé en bardage”,
précise Thierry Traxer, de la
société SYSCOBOIS.
À l’intérieur, tout est conçu pour
le confort animal. “Le petit veau
arrive à 10 jours. Il est alors
écorné et en bonne santé. Grâce
à ces conditions d’élevage très
stables, il n’est pas stressé au
sevrage. On le passera dans les
autres boxes au fil de sa
croissance.” Nicolas Bucher met
aussi en avant le temps gagné
dans le soin des bêtes. “On passe
une heure tous les deux jours
pour repailler et distribuer la
nourriture à l’aide de la
mélangeuse alors qu’avant il
nous fallait 1 h 30.” Croissance
accélérée, insémination plus
précoce, temps de soin réduit et
optimisé, la nurserieen bois
cumule les avantages. I
[email protected] - www.syscobois.fr
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DOSSIER
Marché
Quand la valeur agronomique
des terres passe à la trappe
Le marché foncier de l’espace rural
évolue avec de fortes fluctuations dans le
temps et dans l’espace. La
consommation tend à se stabiliser tout en
en se rationalisant. Prise de conscience.
“A
ujourd’hui,
l’évaluation
du
foncier a perdu toute
notion de valeur
agronomique. Pour les agriculteurs, la
terre est devenue un support pour avoir
des aides. Les aménageurs et les urbanistes
considèrent qu’il s’agit avant tout d’une
surface économique”, indique non sans
raison Étienne Abline. S’il regrette la
disparition des repères fondamentaux,
le directeur départemental de la S.A.F.E.R.
estime pour autant que le prix du foncier
dans le Doubs reste cohérent, conforme
à sa valeur.
Globalement entre 2011 et 2012, le
prix des terres qu’elles soient libres ou d’une prise de conscience ? “On l’espère.
louées est en recul de 1 à 2 % dans le On constate des efforts pour densifier
Doubs. Le nombre de ventes annuelles l’habitat, remplir les dents creuses dans
qui se situe habituellement autour de 1 les villes”, répond Étienne Abline qui
600 marque assez nettement le
incite néanmoins à une certaine
pas cette année. “Fin septembre,
“Mission : prudence. L’artificialisation prend
on se situait seulement autour
aussi en compte des projets qui
maintenir
de 1 000 ventes”, constate
se réalisent sur plusieurs années,
les prix du
Étienne Abline. La dernière
ce qui peut fausser cette notion
foncier.”
analyse statistique sur le Doubs
d’urbanisation. La mise en place
remonte à 2011.
des S.C.O.T., les incitations à
Les tendances observées à cette époque s’engager dans la réalisation de P.L.U.
sont toujours d’actualité. Le marché ou cartes communales concourent à une
foncier non agricole est encore en meilleure gestion du foncier sans pour
régression. 254 hectares de terres sont autant supprimer certaines incohérences.
partis dans l’artificialisation en 2011 “On note toujours un besoin
contre 504 hectares en 2010. S’agit-il d’harmonisation”, observe Étienne
I Évolution prix des terres et prés loués non bâtis
Département et région agricole
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Zone des plaines et des basses vallées
Plateaux supérieurs et montagne
Plateaux moyens du Jura
DOUBS
1970
2400
2300
2250
2030
2370
2360
2270
2020
2510
2470
2360
2040
2480
2510
2370
2170
2600
2570
2470
2220
2400
2580
2420
2290
2490
2670
2500
2240
2480
2580
2450
Département et région agricole
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Zone des plaines et des basses vallées
Plateaux supérieurs et montagne
Plateaux moyens du Jura
DOUBS
2280
2770
3130
2760
2450
2570
3250
2770
2650
2720
3150
2850
2390
2680
2690
2610
2370
2820
2440
2580
2170
2600
2430
2430
2290
2970
2560
2660
2130
2930
2620
2630
Evolution
2012/2011
-2 %
-3 %
-2 %
Prix
minimal
2012
1346
1286
1100
I Évolution des prix des terres et prés libres non bâtis
Evolution
2012/2011
-7%
-1%
2%
-1%
Prix
minimal
2012
1055
1078
1000
Prix
maximal
2012
4000
4319
4500
Prix
maximal
2012
4340
6439
4626
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13
Abline.
L’effort de sensibilisation des opérateurs
du foncier agricole a d’ailleurs abouti à
la création des C.D.C.E.A. Après un
sursaut en 2010, le marché du foncier
agricole s’infléchit encore à la baisse.
Entre 2006 et 2011, on est passé de
1 979 à 1 362 hectares. Le prix des terres
en milieu rural dans le Doubs suit la
logique de l’offre et de la demande et
prend de la valeur en montant en altitude.
La fin des quotas laitiers peut-elle se
répercuter sur le marché ? “Cela ne va
pas forcément libérer des terres ou alors
les terres les plus ingrates, réplique Étienne
Abline qui pointe du doigt les contraintes
environnementales. Les compensations
écologiques se font systématiquement
sur le dos du foncier agricole.”
Trop souvent réduite à son droit de
préemption qu’elle n’utilise que dans 5
% des transactions, la S.A.F.E.R. se pose
avant tout en arbitre du débat foncier.
“On a pour mission de maintenir les prix
du foncier et le levier pour y parvenir,
c’est d’être acteur sur ce marché.” o
e
“La fin des quotas ne libérera pas
forcément plus de terres agricoles ou
alors les terres les plus ingrates”,
indique Étienne Abline, le directeur
départemental de la S.A.F.E.R.
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PLUS D’INFOS
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DOSSIER
Aménagement
Et l’agriculture dans tout ça !
Tout n’est pas parfait, mais dans le Doubs, les élus sont plutôt sensibles au respect des
surfaces agricoles rognées pendant des décennies au profit de l’urbanisation.
Les instances agricoles ont désormais leur mot à dire dans les documents d’urbanisme.
L
e 25 octobre, une charte de
sensibilisation à la façon de
mieux
appréhender
l’urbanisation et l’aménagement
du territoire sera signée par le Conseil
général du Doubs, la Chambre
d’agriculture, l’association des maires
du Doubs, l’association des maires ruraux
et l’État. C’est un pas de plus en direction
de la conservation des surfaces agricoles
qui ont été massivement rognées ces
dernières décennies. “Pendant cinquante
ans, on a consommé sans retenue des
terrains agricoles pour de l’urbanisme,
des routes, des équipements collectifs.
Cette pratique a atteint ses limites”
remarque Christian Morel, vice-président
de la Chambre départementale
d’agriculture et membre du bureau de
la Chambre régionale. On estime que
tous les dix ans la surface de terre agricole
qui disparaît est équivalente à celle d’un
département. Dans le Doubs, en 20 ans, Beaucoup d’entre elles ont engagé une
près de 13 000 hectares ont disparu.
réflexion. D’autres ont un plan
Mais depuis que les collectivités locales, d’occupation des sols qui date de plus
l’État et le monde agricole, ont décidé de 10 ans, “une époque où on tartinait
de réagir pour enrayer la consommation encore les surfaces de zones constructibles
excessive de foncier agricole, ce territoire en vue d’une urbanisation hypothétique.
est moins marqué par le phénomène Une commune comme La Vèze par
que d’autres régions. “Désormais, le exemple, avait surdimensionné ses
Doubs est parmi les départements les secteurs constructibles. Elle est revenue
plus vertueux de France” observe à quelque chose de beaucoup plus
Jean-Noël Vivot, chargé de mission en équilibré lors de la révision de ses
urbanisme et aménagement à
documents d’urbanisme”
“Dans les
la Chambre interdépartementale
poursuit Jean-Noël Vivot.
villes, on a
d’agriculture. Cet organisme
Il reste dans le département
compris.”
s’est doté d’un outil qui va lui
des territoires sensibles comme
permettre de comptabiliser les
le Haut-Doubs frontalier, qui
surfaces agricoles prélevées et dédiées est soumis à une forte pression
à des projets d’aménagement.
immobilière. Là-bas, la maison
Car tout n’est pas parfait. Environ 30 % individuelle a gagné du terrain sur les
des communes n’ont pas encore de fermes jusqu’à causer des problèmes de
document d’urbanisme et s’appuieraient cohabitation. “Curieusement, on
sur la réglementation nationale. remarque que les maires urbains sont
plus sensibles aux problématiques
agricoles que les maires ruraux. Dans
les villes, on a compris qu’on pouvait
construire des logements sur 4 ou 5 ares.
En milieu rural, on est encore sur des
grandes surfaces” déplore Christian
Morel. “Le Grenelle de l’environnement
puis la loi de modernisation de
l’agriculture, se traduisent par une
campagne de sensibilisation et
d’information des élus. Lorsqu’on leur
explique les enjeux, ils adhèrent”
complète Jean-Noël Vivot.
La préservation des surfaces agricoles
est désormais au cœur de la réflexion
des S.C.O.T. (schéma de cohérence
territoriale) et des P.L.U. (plan local
d’urbanisme). Dans le Doubs, deux
S.C.O.T. ont été élaborés dont un pour
le bassin bisontin (133 communes) et
l’autre dans le pays de Montbéliard.
Ces schémas de cohérence territoriale
s’imposent d’ailleurs aux P.L.U. qui sont
à l’ébauche dans beaucoup de communes
telles que Saône. Dans ces documents,
la densification a pris la place de
l’étalement urbain. La priorité est
d’économiser le foncier et d’inscrire
l’agriculture dans le développement
économique afin de conserver des
exploitations viables. “Par exemple,
dans le cadre du S.C.O.T., on a déterminé
une zone “protégée” autour de la gare
L.G.V. d’Auxon qui a eu un impact sur
les terres agricoles. Neuf communes
autour de la gare ne peuvent plus utiliser
des terrains agricoles à moins de les
compenser” précise Christian Morel,
membre également du syndicat mixte
du S.C.O.T. Il est favorable au projet
de loi de Cécile Duflot, qui préconise
maintenant la mise en place de plans
locaux d’urbanisme intercommunaux
(P.L.U.I.). Pour le vice-président de la
Chambre d’agriculture du Doubs, cette
mesure doit permettre d’avoir une lecture
plus cohérente encore de l’aménagement
du territoire d’une commune à l’autre
et d’éviter ainsi que des exploitations,
à cheval sur deux communes, soient
soumises à deux approches différentes
de l’urbanisme. o
Agriculteur à Saône,
Christian Morel est également
vice-président de la Chambre
d’agriculture et membre du
syndicat mixte du S.C.O.T.
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10:07
Page 15
PUBLI-INFORMATION
PROMODIS :
premier réseau
européen de
distribution de
matériel agricole
Implanté sur la zone d’activité de Valdahon depuis
mars 2007, Agri 25 s’impose comme un
partenaire incontournable du monde agricole.
vec plus de 350 bases en
France et 30 ans d’expérience,
le réseau Promodis est le
leader de la distribution de
matériels agricoles sur le marché
français. “Sur le Doubs, on a
l’exclusivité”, note Bernard Pauthier,
A
le chef d’agence de la seule base
Promodis du Doubs.
Dans cette enseigne, enregistrée ici
sous la raison sociale Agri 25, l’activité
principale s’articule autour du
matériel de fenaison et de transport,
de l’équipement de stabulation à la
L’enseigne Promodis est installée depuis 2007
sur la zone d’activité de Valdahon.
seule exception des salles de traite. techniciens de Promodis pour apporter
“Notre offre de produits et services est plus de solidité et de fonctionnalité”,
conçue pour apporter plus de confort complète le chef d’agence à la tête
aux troupeaux.” Comme toutes les d’une équipe de six personnes. Au
bases Promodis, celle de Valdahon magasin comme en atelier, les
dispose d’un magasin libre-service où professionnels du réseau Promodis
les spécialistes pièces détachées ont de vraies compétences techniques,
accueillent, conseillent et proposent du personnel hautement qualifié pour
à la vente des pièces et accessoires de du matériel de haute technicité.
qualité pour tous les
Autre marque, autre
agriculteurs.
spécialité avec Jourdain
On trouve de tout chez Du personnel pour les intérieurs de ferme
Promodis : bottes, filtres à
hautement où Promodis s’impose aussi
huiles jusqu’à l’équipement
sur ce marché. “On fournit
qualifié.
d’évacuation. “Comme on
tous les équipements :
fonctionne en groupement
abreuvoirs, logettes, tapis…
d’achat, on est particulièrement bien L’équipe d’installation peut intervenir
approvisionné. On dispose d’un gros sur un bâtiment neuf ou assurer la
stock de matériel d’élevage, en tubulaires transformation d’une entravée en
notamment. Cela nous permet ainsi logettes.” Promodis, votre partenaire
d’être réactifs par rapport aux besoins élevage adapte sa stratégie au
des clients”, poursuit Bernard Pauthier. mouvement du troupeau. À
Promodis est concessionnaire Kühn l’automne comme au printemps,
en matériel de fenaison et de culture l’enseigne se mobilise sur des actions
et distribue également le matériel promotionnelles de saison avec des
roulant Cargo. “Cette marque répond offres attractives. Une visite
à un cahier des charges défini par les s’impose. G
Le magasin
libre-service
Promodis abrite
un large stock
de pièces
détachées, gage
de réactivité.
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ACTUALITÉ
Bolandoz
Bastard :
prends-en
de la graine
Ce grainetier indépendant, l’un des derniers
en France, exerce son commerce depuis plus
de 150 ans à Bolandoz. Jean-Marie Bastard vient
de remettre son affaire à Bruno Laresche.
I
l n’y aura pas de sixième génération quoi rassurer peut-être Jean Bastard tout
Bastard à la tête de cette affaire là-haut au paradis des grainetiers. Ce
familiale. “Mes enfants sont partis colporteur haut-savoyard était venu s’établir
vers d’autres horizons professionnels”, vers 1860 à Bolandoz où il prit épouse et
confie Jean-Marie Bastard. Celui qui ouvrit son commerce de graines. Chaque
dirigeait la boutique depuis 1984
génération Bastard a ensuite
vient de passer le témoin à Bruno
apporté sa graine à l’édifice avec
L’embarras
Laresche. “La reprise remonte
pour trait commun d’avoir
du choix
au 1er juillet dernier. On a changé
toujours su s’adapter aux
des graines.
de dénomination pour devenir
évolutions du marché.
S.A.S. Graines Bastard”,
Avec
Jean-Marie
aux
explique l’ancien dirigeant qui reste encore commandes, l’entreprise initialement
dans l’effectif.
centrée sur le créneau “jardin” s’est
On pourra donc toujours venir diversifiée pour répondre aux besoins des
s’approvisionner en graines, produits de agriculteurs et des professionnels de
traitement et fertilisants à Bolandoz. De l’environnement :
paysagistes,
Bruno Laresche (à gauche) a repris l’entreprise
de Jean-Marie Bastard depuis le 1er juillet dernier.
horticulteurs… “Le volet agricole a pris
le dessus en termes de volume d’activité.
Le chiffre d’affaires est en constante
progression.” Un vrai exploit dans un
secteur dominé aujourd’hui par les
jardineries.
Face à la concurrence, l’expérience et le
conseil font encore la différence. “On
propose aussi des produits de qualité que
les autres n’ont pas.” La graineterie rayonne
sur le Doubs et en partie sur le Jura du
côté de Salins-les-Bains. La maison Bastard
gère des dépôts dans une vingtaine de
magasins : primeurs, pépiniéristes… Elle
est présente sur les marchés de Pontarlier,
Morteau, Champagnole du 15 mars au
30 juillet.
Avec l’arrivée de Bruno Laresche, l’effectif
est passé de 4 à 6 en incluant le nouveau
et l’ancien dirigeant. Chez Bastard, c’est
toujours l’embarras du choix des graines
avec quelque 2 000 références en stock.
Ici on distribue encore des semences de
jardin sous le nom Bastard. “En cette
saison, on approvisionne en semis
d’automne les cultivateurs locaux.”
L’entreprise de Bolandoz a également
développé avec des entrepreneurs de
travaux agricoles des packs associant
travail du sol, semence et le conseil. “Les
agriculteurs n’ont pas toujours le matériel
adéquat”, justifie Jean-Marie Bastard. o
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Un Drive fermier
Dans le Jura,
les agriculteurs
livrent au cul
des voitures
Des agriculteurs jurassiens se sont réunis pour
créer un drive fermier. Vous passez commande
sur un site Internet puis vous allez la retirer dans
l’un des 12 points de rendez-vous du
département. Lancé en juin, le concept séduit
de nombreux clients. Viande, légumes, miel,
fromages, vins et cosmétiques sont disponibles.
M
alins les agriculteurs du vin moins cher ici que dans une
jurassiens. Depuis juin, grande surface bisontine” explique
32 d’entre eux se sont l’initiateur, qui met la main à la pâte
réunis pour proposer en livrant dans des points-relais mis en
le premier drive fermier du place dans les villes principales
département, de la région aussi. Viande, jurassiennes de Lons-le-Saunier,
yaourt, miel, vins, cosmétique Champagnole,
Dole,
Arbois,
biologique…, tous produits par des Salins-les-Bains, Poligny, Saint-Claude.
Jurassiens, sont vendus sur un site Début octobre, 4 870 visiteurs avaient
Internet. Un clic plus tard une fois la visité le site. 580 personnes ont
commande validée, l’acheteur se rend commandé, soit un taux 10 % de retour.
dans l’un des 12 points de
“Ce sont de bons chiffres
“La moyenne même si nous n’atteignons
rendez-vous situé dans le
du panier est
département.
Les
pas encore les 100 paniers
de 56 euros.” par semaine. La moyenne du
agriculteurs remplissent le
coffre sans perte de temps.
panier est de 56 euros”
Simple. Et terriblement efficace. “Au commente Gilles Tonnaire. Œufs et
total, nous avons 309 produits yaourts bio fonctionnent bien. On
référencés produits par 34 agriculteurs trouve des côtelettes d’agneau, pavés
et trois coopératives. On manque de bœuf, savon au lait de jument, terrines
encore un peu de légumes du fait d’un de pintade, poulets, miel de sapin, comté
printemps médiocre mais le début est bien sûr, vin jaune évidemment, des
encourageant” note Gilles Tonnaire, chipolatas, du saucisson, des huiles, du
élu à la chambre d’agriculture du Jura vinaigre, du poisson, produits bio,
et pionnier dans ce drive fermier.
yaourts. Cette opération qui permet
À l’initiative de la Chambre aux agriculteurs de vendre leur
d’agriculture du Jura, ce premier drive production leur offre un superbe coup
fermier séduit les citadins. Et ce n’est marketing. Le Made in Jura fait
pas plus cher qu’ailleurs. “J’ai même saliver… o
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Santé
Suicide dans
l’agriculture :
la loi du silence
La Coordination rurale réclame aux pouvoirs publics
de s’intéresser davantage au problème du suicide
chez les agriculteurs, profession souvent en grande
précarité. Les apparences sont trompeuses.
L
a vitalité du comté est loin de refléter aussi le malaise. On connaît pourtant les
la situation de l’agriculture à l’échelle solutions”, poursuit le responsable syndical
nationale. “On s’est rendu dans le en faisant allusion à l’évolution du prix du
Territoire-de-Belfort lors des dernières lait standard.
élections de chambre. On était franchement On ne réglera pas le suicide en agriculture
surpris de voir autant de fermes dans un sans agir sur les causes qui sont à l’origine
drôle d’état. Pour celui qui produit du lait du marasme ambiant. “Si on ne règle pas
standard, ce n’est pas drôle”, indique Daniel le problème du lait, on ne règle rien. À cela
Pépiot qui préside la Coordination rurale s’ajoute aussi, le problème des charges
en Franche-Comté.
sociales sur le revenu. On réclame
Le syndicat a profité de l’organisation l’instauration de la T.V.A. sociale. Tout le
mondiale de prévention du
monde paierait y compris les
Une fausse
suicide le 10 septembre dernier
entreprises qui ont tout
pour tirer la sonnette d’alarme
automatisé. On a une fausse
image de
et demander à l’Institut de veille
image de l’agriculture où le beau
l’agriculture.
sanitaire, la M.S.A. et au
matériel masque souvent de très
ministère de l’Agriculture de publier au faibles revenus.” La Coordination rurale
plus vite les résultats de l’étude promise de Franche-Comté rappelle l’urgence de
pour la rentrée 2013. “Jacques Laplante, la situation. Il est grand temps que les
le directeur de la M.S.A. Franche-Comté instances sociales et l’État français lèvent
a déjà publié une très bonne analyse de la le voile sur la fréquence des suicides chez
situation où il expliquait qu’un tiers des les agriculteurs et mettent en place un plan
800 000 exploitants français ne gagnaient de prévention pour lutter contre ces drames
pas assez pour vivre décemment. Beaucoup humains, qui prennent leur source dans la
vivent sur le salaire de leur épouse. Sans situation économique et l'absence
compter la question du célibat qui accentue désespérante de perspectives. o
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POLÉMIQUE
Justice
Le robot de
traite sur le banc
des accusés
La question d’utiliser le robot de traite dans la
filière comté suscite toujours autant de débat.
Elle se règle parfois au tribunal comme c’est le
cas au G.A.E.C. Jeanningros à Ouvans.
“O
n est dans l’attente des nouveau bâtiment équipé d’un robot
Éric et Bertrand Jeanningros ont investi dans un nouveau bâtiment
conclusions
de de traite. Là où certains trouveraient
équipé d’un robot de traite qu’ils n’ont pas le droit d’utiliser.
l’expertise pour savoir cela risqué, eux se sentent dans leur
si le robot est compatible avec l’A.O.P. bon droit. “On n’est pas contre le
comté. Les résultats devraient nous être cahier des charges. Au contraire, on donne le goût du lait mais s’en plaint.” Les deux frères sont dans
communiqués dans les mois
le défend. Ici, à l’exception l’alimentation”, complète son frère l’impossibilité de traire avec le robot
qui viennent”, indique Éric
du
tourteau,
toute Éric. Au cours de ces dernières années, en raison du refus de leur coopérative.
“C’est le
Jeanningros qui travaille avec
l’alimentation
du
troupeau
la filière comté n’a cessé de se Ils continuent à travailler avec l’ancien
projet de
son frère Bertrand sur un
laitier
est
produite
sur
moderniser avec par exemple la système de traite en attendant de
notre vie”
G.A.E.C. de 350 000 litres de
l’exploitation”, souligne généralisation des robots de cave sans pouvoir exploiter complètement leur
lait à comté.
Bertrand Jeanningros. “Le robot n’est que la qualité du fromage n’en soit nouvelle stabulation. “On reste confiant.
Les deux associés ont bon espoir que pas interdit dans le cahier des charges. affectée. “On automatise partout même C’est le projet de notre vie”, conclut
la procédure engagée depuis un an au Ce qui est imposé, c’est l’obligation dans les salles de traite et personne ne Éric Jeanningros. o
tribunal de grande instance leur donne de traire deux fois par jour à heures
raison. “On reçoit beaucoup d’appels régulières matin et soir. Ce robot reste
d’autres producteurs intéressés par ce avant tout un outil pour enlever de la
système de traite. C’est rassurant et pénibilité au travail. On n’a pas
encourageant.” En 2009, ils décident l’intention de produire plus mais mieux.
de se moderniser en construisant un Et ce n’est pas la façon de traire qui
Molain
“Il faut savoir évoluer”
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La tentation du robot se propage aussi au G.A.E.C.
de l’Aurore. Cette exploitation laitière située à
Molain dans le Jura investit dans deux robots qui
seront mis en service d’ici la fin de l’année.
E
ntre Ouvans et Molain, la ce système”, poursuit Robert Lacroix.
démarche est sensiblement la même Le G.A.E.C. de l’Aurore a choisi le robot
avec des producteurs qui profitent pour plusieurs raisons. Moins cher qu’un
de construire ou rénover leur stabulation roto, cet équipement dispose en plus
pour s’équiper d’un robot. “On a fait d’une assistance informatique de premier
un nouveau bâtiment il y a deux ans. plan, permettant de détecter mammite,
On était en aire paillée libre. On a tout chaleur, cellule, vache qui porte… “C’est
couvert. Maintenant on est en logette et très pointu. Sur le plan de l’hygiène du
tout est conçu pour le robot”,
lait, on peut difficilement faire
explique Robert Lacroix qui a
mieux”, poursuit l’agriculteur.
“La coop
transmis les rênes de la ferme
Du côté de la fruitière de la
n’interdit
familiale à ses fils Thierry et
Combe d’Ain où le lait est livré,
rien.”
Jean-Pierre.
aucune consigne n’a encore été
Avec un troupeau de 75 laitières, le émise sur un éventuel refus du lait de
G.A.E.C. de l’Aurore a investi dans deux robot. “Pour l’instant, la coop n’interdit
robots, condition sine qua non pour rien et je ne souhaite pas que cela finisse
rester en phase avec les préconisations au tribunal.”
du cahier des charges du comté en matière Pour Robert Lacroix, le robot ne va pas
de traite. “Aujourd’hui, on met environ à l’encontre des valeurs du comté et ne
3 heures pour traire. Avec le robot, cela se soustrait pas à l’homme. Il répond
nous prendra peut-être 4 ou 5 heures aussi aux attentes des jeunes agriculteurs
matin et soir mais on ne sera pas dans plus forcément prêts à accepter la
un système de libre-service. On respectera contrainte que représente la traite. “Ce
donc tout à fait le cahier des charges qui, n’est pas parce qu’on met un robot qu’on
il semble utile de le rappeler, n’interdit ne va plus s’occuper des vaches. Je ne
le robot. Je ne vois pas pourquoi le suis pas remonté contre le C.I.G.C., je
C.I.G.C. nous empêcherait de traire avec dis simplement qu’il faut savoir évoluer. o
r”
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C.I.G.C.
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Claude Vermot-Desroches :
“Le robot, c’est du n’importe quoi”
Le président du C.I.G.C. reste
farouchement opposé à l’arrivée du robot
de traite dans le comté. Une question de
goût, de qualité de lait et de cohérence
avec la nature même du comté.
L
e Doubs Agricole : On reproche
souvent au C.I.G.C. son attitude
conservatrice,
qu’en
pensez-vous ?
Claude Vermot-Desroches : La filière
comté n’a jamais été aussi moderne.
Globalement, c’est dans les exploitations
agricoles en lait à comté qu’il y a le plus
de modernisation.
C.V.-D. : Il précise que la traite doit se
faire deux fois par jour, le matin et le soir
à des heures régulières. Ce qui est interdit,
c’est la traite en libre-service. Quand un
agriculteur prétend qu’il respectera le
cahier des charges avec le robot, c’est du
n’importe quoi. À part une ou deux
exceptions, on sait également très bien
que le cahier des charges ne sera pas
respecté.
LDA : Pourquoi les robots n’ont pas leur
place dans la filière comté ?
LDA : Certains estiment que le C.I.G.C.
C.V.-D. : Les robots ne sont pas cherche à diaboliser le robot.
compatibles en matière de lait car les C.V.-D. : On n’est pas contre la modernité
fromages ont un goût de rance. Pour mais on veut aussi être honnête avec le
qu’un robot fonctionne bien, il faut consommateur. On n’a jamais eu tant de
beaucoup de surface à proximité. Avec pression avec des gens qui contestent ou Pour Claude Vermot-Desroches, les choses sont claires :
remettent en cause les “Le lait de robot n’est pas compatible avec les pâtes pressées cuites.”
80 vaches, cela signifie 60
fondamentaux. Comme la filière
hectares accessibles à moins
“Les
va
bien, tout leur est dû. Étonnant
de 500 m de la stabulation.
fromages
de
voir à quel point ce qui est
Beaucoup d’exploitations ne
ont un goût
envié par beaucoup peut être
répondent à ce critère. On est
de rance.”
décrié par les gens de l’intérieur.
alors obligé d’attirer les vaches
avec du concentré mais quand on vend
un morceau de comté, on vend des vaches LDA : Personne ne se plaint pourtant de
qui vont pâturer. Je suis également la mécanisation dans le soin des fromages
scandalisé par la pression de certains en cave.
fabricants de robots qui veulent profiter C.V.-D. : Non, bien au contraire car le
robot a permis dans ce cas-là d’améliorer
de l’opulence du comté.
la qualité contrairement au robot de traite
LDA : Que dit le cahier des charges vis-à-vis qui lui, supprime la qualité. o
Propos recueillis par F.C.
du robot ?
Zoom
Gruyère A.O.C. suisse :
même combat
Après avoir toléré lʼinstallation de robots sur une dizaine dʼexploitations,
lʼinterprofession du gruyère A.O.C. suisse a fait marche arrière en imposant
une interdiction de traite de manière automatique et continue. “On a pris
cette décision car le robot posait des problèmes dʼapplication avec le
cahier des charges qui spécifie de livrer le lait deux fois par jour immédiatement
après les traites”, indique Philippe Bardet, le directeur lʼinterprofession du
gruyère A.O.C. suisse.
Le souci nʼest pas tant dans la machine proprement dite mais dans le
principe de la traite en continu qui impacte la qualité de la matière grasse.
“Suite à un gros couac dans une fromagerie, trois études ont été réalisées
et toutes ont mis en évidence ce mauvais goût de “rance” des fromages
au lait de robot. Cʼest le pire des défauts. Au bout du compte, cʼest aux
nouvelles technologies de sʼadapter au produit et pas le contraire.”
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ACTUALITÉ
Sainte-Colombe
Reconversion
dans le miel
Après avoir travaillé pendant une quinzaine
d’années dans l’enseignement musical, Laurence
Préaud a choisi d’exercer le beau métier
d’apicultrice. Une première dans le Doubs.
L
a nature ne s’est pas montrée
forcément très généreuse pour
accompagner ses premiers pas dans
le métier. “D’après les professionnels, ce
temps pourri du printemps arrive une fois
tous les dix ans”, explique la jeune
apicultrice qui accepte la situation. Ce
mauvais coup du sort météorologique ne
remettra pas en cause son projet de se
lancer dans la production de miel.
Cet intérêt pour le métier, elle pense le
tenir de son père qui pratiquait la ruche
en amateur. “Il m’a insufflé le goût.” Il
n’en fallait pas plus pour concrétiser sa
reconversion professionnelle et tirer un
trait sur l’enseignement musical où elle
ne se trouvait plus son compte. “J’étais
lasse du comportement des enfants qui
zappent très vite et n’ont plus le temps de
se consacrer pleinement à la musique”
poursuit Laurence qui reprend le chemin
de l’école en 2011. Pendant deux ans, elle
suit une formation au C.F.P.P.A de
Montmorot où elle prépare un BPrea de
responsable d’exploitation agricole avec
option apicole. Toute une organisation à
mettre en place pour celle qui doit jongler
avec sa vie de famille.
Depuis le 1er avril, le Haut-Doubs compte
donc un troisième producteur de miel.
Laurence Préaud est la seule apicultrice
professionnelle du département. Elle a
acquis une centaine de colonies en
Saône-et-Loire avec l’objectif d’élever des
reines pour doubler la taille de son cheptel
mellifère en 2014. “Avec 250 colonies,
on se donne une marge de manœuvre
sachant que la production varie alors entre
5 et 10 tonnes de miel par an. Avec ce
printemps pluvieux, 2013 sera une année
blanche”, concède celle qui a été contrainte
de nourrir ses abeilles faute de floraison
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Laurence
Préaud compte
également
fabriquer du
pain d’épice et
de la pâte à
tartiner au bon
goût de miel.
en temps et en heure.
L’apicultrice de Sainte-Colombe a choisi
de privilégier une sélection de miels locaux :
toutes fleurs, sapin, forêt. Elle veut mettre
à profit la chance d’être implantée dans
la vallée du Drugeon. “Si l’on veut faire
un peu d’acacia et de tilleul, on doit
forcément faire un peu de transhumance
dans le bas. Je pourrais aussi faire du colza
mais il y a trop de risques sanitaires.”
Laurence Préaud a investi dans la
transformation d’une ancienne grange en
miellerie qui abrite le matériel d’extraction
et lui sert de laboratoire où elle fabriquera
du pain d’épice et de la pâte à tartiner. “Je
me suis donnée cinq années pour démarrer.
Si tout va bien, j’évoluerai vers la production
de gelée royale. C’est plus technique à
maîtriser mais cela nécessite moins de
manutention.” o
Salaisons
La saucisse
de Montbéliard
fête son I.G.P.
Le pays de Montbéliard a honoré comme il se doit
le 14 septembre dernier le fleuron de ses spécialités.
L’aboutissement de douze années de procédure.
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L
e temple Saint-Georges servait
d’écrin à cette célébration
organisée par l’association de
défense et de promotion des charcuteries
et salaisons I.G.P. de Franche-Comté et
la confrérie des compagnons du Boitchu.
L’une et l’autre ont contribué chacune
à leur manière à la reconnaissance de
la saucisse de Montbéliard.
Surnommée andouille ou andouillette,
la cousine de la
saucisse
de
La première
Morteau,
demande
prendra le nom
remonte à 2001.
de sa ville
d’origine au
XVIIIème siècle quand le savant Georges
Guvier la fera connaître à Paris. Beaucoup
plus tard, les charcutiers du pays de
Montbéliard relanceront la promotion
à partir de 1977, année de la création
de la confrérie des compagnons du
Boitchu. La Montbéliard monte ensuite
en gamme en 1992 en obtenant son label
régional qui la protège des contrefaçons.
La première demande I.G.P. déposée
par l’interprofession porcine remonte à
2001. Après avoir décroché en
février 2011 une protection nationale
transitoire, la filière savoure comme il
se doit cette journée du 21 juin 2013
qui marque l’obtention de l’I.G.P. Saucisse
de Montbéliard. o
Quelques
chiffres
G 4 200 tonnes de saucisses de
Montbéliard produites en 2012, soit
+ 24 % par rapport à 2011
G 26 fabricants, une dizaine
dʼabatteurs-découpeurs et 159
éleveurs de porcs sont concernés
par la démarche
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Avec ses 2,9 kw, elle est conçue pour
les usages intensifs dans les coupes de
bois moyen, le bois de chauffage et les
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ACTUALITÉ
Arc-sous-Cicon
Arnaud
Pourcelot a
orienté son
projet
d’installation
sur les petits
fruits à
Arc-sous-Cico
n où il a
récupéré 2
hectares de
terrains dans le
cadre d’une
cessation à
l’amiable.
Les petits fruits
bio au pied du
Crêt Monniot
Arnaud Pourcelot a choisi de s’installer dans la
production de framboises, fraises, mûres, groseilles
et cassis à 800 m d’altitude. Il ne lui reste plus qu’à
concrétiser un lancement prometteur.
L
es conditions météorologiques n’ont
guère été favorables aux producteurs
de fruits. “Cette année, j’ai récolté
entre 250 et 300 kg de fraises”, indique
Arnaud Pourcelot. Parti sur le principe
de développer la cueillette en libre-service
pour s’affranchir des coûts de ramassage
vite onéreux, il n’a pas pu satisfaire la
demande. Quelques articles dans la presse
locale sur le verger du Crêt Monniot ont
suffi à attirer rapidement et en nombre
des cueilleurs ravis de trouver près de chez
eux des petits fruits bio. “J’ai eu plus de
demande que d’offre. Au niveau traçabilité,
on peut difficilement faire mieux”, poursuit
ce producteur qui n’a pas franchement
envie de faire les marchés ou
d’approvisionner un groupement type
A.M.A.P. Ce qu’il ne vendra pas en
cueillette, il le transformera en confiture,
sirop, coulis sur demande.
Quelle idée de produire des petits fruits
à 800 mètres d’altitude dans un secteur
orienté en élevage laitier ? Une question
d’opportunité foncière tout simplement.
Petits-fils d’agriculteur, originaire
d’Arc-sous-Cicon, Arnaud Pourcelot a
suivi une formation agricole à
Dannemarie-sur-Crête. Après son B.T.S.
A.C.S.E. obtenu en 2003, il travaille
quelques années au centre de gestion puis
cherche à s’installer en lait à comté. Il
échouera faute de moyens financiers. “J’ai
pris le problème à l’envers et défini mon
PETIT S.A.
MATÉRIEL AGRICOLE ET FORESTIER
projet en fonction des terres familiales répartis en neuf variétés dont trois
disponibles.”
remontantes. Il privilégie également les
La tactique a figé le lieu et limité le choix framboises avec 4 000 pieds en 9 variétés,
des produits aux petits fruits. Arnaud a le tout sur 63 ares. Le verger
pris le temps d’aller discuter avec quelques d’Arc-sous-Cicon compte 150 pieds de
anciens du village pour cibler les terrains cassis, 100 pieds de groseilles et 60 pieds
les plus appropriés. “Ils m’ont orienté vers de mûres. Avec les plants, l’investissement
le hameau des Cordiers car on y cultivait comprend aussi les clôtures et le palissage.
de la vigne autrefois. J’ai pu récupérer 2 “Les fraisiers et les framboisiers donneront
hectares dans le cadre d’une cessation à vraiment dans quelques années. Je ne
l’amiable.”
gagnerai pas forcément de l’argent tout
Avant de songer à planter, direction le de suite d’où l’importance d’avoir un peu
C.F.P.P.A. de Montmorot où Arnaud de trésorerie et de bien la gérer”, indique
améliore ses connaissances dans la celui ne prévoit pas de se diversifier dans
production fruitière. Les choses sérieuses les légumes type carottes ou pommes de
commencent à l’automne 2012. Arnaud terre. Peut-être en myrtilles. Les petits
Pourcelot plante 4 400 pieds de fraises fruits, un point c’est tout. o
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Initiative
Agricultrices
et fières de l’être
Dans le Doubs comme ailleurs, les hommes
contrôlent encore la plupart des postes-clefs
des instances agricoles. Une touche
de féminité dans un univers masculin.
E
Les adhérentes
du G.E.D.A.
“Entre Loue et
Lison” se sont
retrouvées le
23 septembre
dernier pour
randonner
ensemble,
histoire de
souder
le groupe.
ntre la vie de famille et le travail Ce Groupe d’Étude et de Développement
à la ferme, les agricultrices n’ont Agricole a été porté officiellement sur
pas souvent l’occasion de se les fonts baptismaux début mai 2013.
côtoyer, d’échanger entre elles Son fonctionnement se fait par et pour dernier lors d’une randonnée inaugurale. Des visites de fermes sont prévues chez
sur des thématiques qui relèvent plutôt les agriculteurs eux-mêmes, en “Le principe du G.E.D.A. n’est pas de les unes et les autres. D’autres pistes
de la sphère féminine. “L’an dernier au l’occurrence les agricultrices. Le G.E.D.A. faire salon et d’échanger des nouvelles sont à l’étude : comment prendre soin
niveau de la C.U.M.A., une
“Entre Loue et Lison” se des enfants. Notre temps est compté. de soi quand on est agricultrice ? Quelles
Une première
psychologue nous avait
veut être exclusivement On a défini des orientations et un sont les bonnes habitudes à prendre dans
proposé une formation sur
féminin. “Habituellement, calendrier de formations avec l’appui la manipulation des animaux… “Les
séance sur
l’image de soi. Le sujet nous
l’aromathérapie. les femmes sont très souvent de la fédération Départementale des formations peuvent se faire avec ou sans
intéressait. Nous avons
en minorité dans les O.P.A.”, G.E.D.A.”
intervenante. On souhaite avant tout
décidé de prolonger l’expérience sous justifie une présidente pas plus féministe Rendez-vous au printemps pour une ne pas s’enfermer dans un dispositif trop
la forme d’un G.E.D.A.”, explique que cela mais quand même ravie d’avoir première séance axée sur l’aromathérapie. contraignant qui nécessiterait beaucoup
Ghislaine Lemaire qui préside désormais pu fédérer une vingtaine d’adhérentes. L’activité du G.E.D.A. s’articule bien de disponibilité”, observe Ghislaine
le G.E.D.A. “Entre Loue et Lison”.
La plupart se sont réunies le 23 septembre entendu autour de thématiques agricoles. Lemaire. o
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ACTUALITÉ
Recherche
Le lait en
ligne de M.I.R.
Le moyen infrarouge ou M.I.R. utilisé pour
l’analyse du lait n’a pas livré tous ses
secrets. Des programmes exploitent cette
méthode pour aller plus loin dans la
composition fine du lait. Décryptage.
L
es laboratoires d’analyse laitière
utilisent aujourd’hui en routine
la spectrométrie dans le moyen
infrarouge pour estimer les T.B. et T.P.
Cette méthode s’avère rapide et surtout
peu onéreuse comparée aux autres
techniques d’analyse de la composition
fine du lait. “Comme on peut faire
350 analyses à l’heure sur une machine,
le coût de l’analyse devient ridicule”,
confirme Daniel Pourchet, le directeur
de Conseil Élevage 25-90 et du
laboratoire Lacolait basé à Roulans.
Reste ensuite à analyser une somme
considérable d’informations car c’est
1 060 points d’absorbance sur une
goutte de lait qu’il faut faire parler.
“On commence à avoir les outils
Les échantillons de lait passent dans l’analyseur
qui produit les spectres par moyen infrarouge.
informatiques de conversion pour génétiques influençant la composition
interpréter la totalité de ce spectre qui fine du lait en acides gras et protéines.
constitue la carte d’identité du lait”, Ce programme mobilisait les syndicats
poursuit Daniel Pourchet.
de contrôle laitier chargés de la collecte
Plusieurs programmes font appel à des échantillons de lait dans des
l’analyse par moyen infrarouge. Ces élevages ciblés. “On arrive ainsi à
recherches devront permettre
identifier avec précision 30
de répondre aux attentes des
acides gras, 6 protéines du
Apporter des
consommateurs en terme de
lait dont 4 caséines. Il reste
réponses
qualité nutritionnelle du lait.
encore un large champ
techniques
Autre finalité : apporter des
d’investigation à explorer.”
aux éleveurs.
réponses techniques aux
Optimir est un projet de
éleveurs dans la conduite du
recherche piloté par
troupeau.
différents organismes européens de
Phénofinlait, programme national conseil en élevage et de recherche. Ce
piloté à l’échelle de la filière laitière, programme est basé sur l’exploitation
qui a débuté en 2009 avait pour objectif de l’ensemble du spectre. “Il s’agit de
de mettre en évidence des marqueurs trouver des indicateurs qui permettront
de prédire l’état physiologique d’un
animal. À partir d’un échantillon de
lait, on saura repérer une bête gestante,
des maladies métaboliques et
physiologiques… Ce programme est
toujours en cours”, poursuit Daniel
Pourchet.
D’autres pistes de réflexion sont à
l’étude et concernent en premier lieu
les filières fromagères comtoises. La
connaissance de la composition fine
du lait permet-elle de définir les critères
de fromageabilité du lait ? Auquel cas,
cela signifierait qu’on serait en capacité
d’identifier les vaches les plus aptes à
fournir un lait à haute valeur
fromagère. Une révolution au pays du
comté. o
Agronomie
Plaidoyer pour le ver de terre
C
On mesure désormais très
précisément le rôle du
lombric dans les pratiques
culturales et notamment
en grande culture.
Exemple dans le Doubs.
e projet de bio-surveillance
mobilise différents partenaires :
les chambres d’agriculture du
Doubs et de Franche-Comté, le réseau
d’expérimentation de Terre Comtoise,
et d’autres coopératives en Bourgogne
Franche-Comté. “La démarche s’inscrit
dans le cadre du suivi de la biodiversité,
de la faune et de la flore. L’objectif 280 kg par hectare de lombrics en culture
consiste à mesurer l’impact des à 600 kg par hectare en prairie. “Les
expérimentations sur les populations spécialistes estiment à 500 kg par hectare
de lombrics suivant différentes techniques la densité normale. La quantité mesurée
de travail du sol”, précise Jean-Baptiste en zone culture confirme que le travail
Martinien de Terre Comtoise.
du sol et les traitements phytosanitaires
Le dispositif a été mis en place en 2011 augmentent la mortalité des lombrics.”
sur deux plateformes expérimentales. D’autres essais sont prévus. Ils serviront
Celle de Rillans près de Rougemont par exemple à mesurer l’impact de la
concerne les grandes cultures
fertilisation sur les vers de terre
: colza, blé, orge et maïs. L’autre
en zone prairie. L’exercice
600 kg par
basée vers Mamirolle se
consistera en zone de culture
hectare en
concentre sur les productions
à analyser le comportement
prairie.
fourragères. Les prélèvements
des lombrics suivant différentes
de lombrics ont été effectués
méthodes de travail du sol :
en deux fois, à l’automne 2011 et au parcelles en semis direct, travail simplifié,
printemps 2012. “On suit une méthode labour traditionnel et parcelle passée au
mise au point par l’I.N.R.A. La technique striptile. “Ce programme s’étend sur
de comptage est très simple. On verse cinq ans, ce qui correspond au cycle de
un mélange d’eau et de moutarde dans rotation classique en culture. Au terme
le sol qui permet de faire remonter les du processus, on procédera à une
lombrics. La récolte représente environ synthèse. Ce travail nous aidera à trouver
50 % du nombre réel de lombrics la formule associant de bons résultats
présents à cet endroit.” Les résultats techniques et qui soit le plus favorable
montrent une différence notoire d’une aux lombrics en prairie comme en
plateforme à l’autre. La densité varie de culture.” o
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Chrono-environnement
25
Leslie, au chevet des prairies
Dans le cadre de sa thèse, Leslie Mauchamp a collecté des centaines
d’informations sur la composition botanique des prairies du Haut-Doubs
et du Jura, terreau historique du comté. Faut-il faucher ou fertiliser ?
Tardivement ou non ? Quelles influences les pratiques ont-elles sur la
biodiversité de nos terres ? Leslie Mauchamp sème ses graines…
D
es jonquilles au printemps, des
pâquerettes ensuite. Les prairies
en Franche-Comté, c’est
logiquement ça : un panel de couleurs,
de diversité et de senteurs, évoluant au
fil des saisons. Mais nos prairies sont-elles
aussi vertes qu’avant ? Parole d’anciens,
les champs auraient perdu de leur lustre
au point de rester “verts” toute l’année,
ou à défaut, de s’éclaircir uniquement du
jaune pétant des pissenlits, cette plante
répandue adorant l’azote. Actuellement
en thèse dans le laboratoire
chrono-environnement, Leslie Mauchamp
- 25 ans - tente d’infirmer ou de démonter
certaines croyances avec des données
scientifiques irréfutables. Avec le soutien
financier de la Région Franche-Comté et
du Comité Interprofessionnel du Gruyère
de Comté, elle travaille depuis trois ans
sur cette question de la biodiversité des
prairies. Son travail de recensement des
communautés végétales ainsi que leur
évolution dans le milieu devrait être rendu
en 2014. Après avoir écumé les champs
d’Orgelet (Jura), Pierrefontaine-les-Varans,
Laviron, le plateau de Maîche et le Parc
Naturel régional du Haut-Jura, sur une
strate allant de 400 mètres d’altitude à
plus de 1 000 mètres, la doctorante a
terminé l’analyse des échantillons dans
son laboratoire chrono-environnement
situé à la faculté des sciences de Besançon.
Un travail long qui l’a conduit à multiplier
les kilomètres à pied dans les champs et
rencontré de nombreux agriculteurs afin
d’appréhender les pratiques agricoles de
notre région. La doctorante dispose - déjà
- d’un résultat : “Sur les 48 parcelles
étudiées, j’ai pu relever 197 espèces
différentes de plantes sur la montagne
jurassienne. C’est pas mal” calcule la
jeune femme dirigée dans sa thèse par le
professeur des universités François Gillet.
Outre les fleurs récoltées, elle a également
collecté 1 300 insectes, les sauterelles étant
des indicateurs de la structuration de la
végétation. Leslie a également échantillonné
les sols afin de déterminer leur profondeur
et certains paramètres physiques et
chimiques. Quand le comté fait sa publicité
sur les milliers de fleurs qui le compose,
est-ce une publicité mensongère ? Pas
vraiment, à écouter la biologiste. “Grâce
au cahier des charges du comté, on limite
pas mal les effets des changements des
modes de gestion si bien que les prairies
sont “assez” préservées. Mais il faut encore
voir les conséquences d’une fauche parfois
un peu précoce. En coupant trop tôt, les
plantes ne peuvent pas se reproduire et
ne parviennent pas à alimenter la banque
de graines” dit-elle.
Selon ses premières analyses, les différences
de biodiversité varient très fortement selon
le secteur géographique considéré : “Cela
est dû en partie à la mécanisation et à la
fauche précoce.” Sans surprise, Leslie
Mauchamp évoque la régression des
narcisses ou des orchidées. Parfois, la flore
s’adapte : face à des sols toujours plus
azotés, des plantes comme le rumex (oseille)
se développent. “Il y a effectivement des
changements importants dans la
composition floristique des prairies depuis
ces 10 dernières années” commente la
thésarde. Sans surprise, la nouvelle pratique
du séchage du foin en grange, qui permet
une fauche plus précoce et/ou un ramassage
du foin plus rapide après la coupe, pourrait
provoquer des conséquences néfastes. Si
Leslie a parfois dû courir plus vite que la
faucheuse de l’agriculteur afin de recenser
les plantes avant qu’elles ne soient coupées,
elle n’ignore pas les dangers pervers de
cette fauche toujours plus précoce. Reste
à connaître les conséquences à long terme ?
“Le stock de graines dans le sol pourrait
diminuer. Mais il faut encore des recherches
car les seuls relevés botaniques précis que
nous avons pu comparer à de nouveaux
relevés remontent à dix ans. Ils ont été
réalisés par le Conservatoire Botanique
National de Franche-Comté ou le C.I.G.C.
Nous ne pouvons donc connaître que des
tendances de variations même si ce sont
Leslie Mauchamp, doctorante au
laboratoire chrono-environnement de Besançon, étudie la
diversité botanique des prairies
comtoises de 400 à 1 000 mètres
d’altitude.
dans ces dix dernières années que les
méthodes agricoles semblent avoir le plus
évolué” dit-elle.
Néanmoins, la doctorante espère dégager
des pistes de recherche en comparant ces
données. Pour évaluer les causes et les
conséquences, c’est plus délicat. “On sait
qu’il y a du changement, que la flore s’est
adaptée aux pratiques. Les plantes qui
aiment l’azote, on les retrouve plus
fréquemment dans certaines prairies mais
on ne connaît pas encore toutes les causes
ou conséquences.”
Si la doctorante émettra des
recommandations, elle rendra compte de
son travail aux agriculteurs, les premiers
concernés. Une plaquette d’information
pourrait être éditée puis distribuée aux
professionnels. Avec les deux trèfles à
quatre feuilles qu’elle a trouvés dans ses
pérégrinations, Leslie et sa thèse ont de
grande chance d’avoir bonne presse… o
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Page 26
ACTUALITÉ
Suivi
I.G. Absinthe de
Pontarlier : feu
vert du ministère
H
eureuse coïncidence, la bonne de Pontarlier sur les étiquettes. À partir
nouvelle est tombée quelques de là, plus aucun risque de se faire
jours avant que la capitale doubler par le Val de Travers en Suisse
du Haut-Doubs ne célèbre sa mythique qui porte toujours son dossier I.G.P.
spécialité le 20 juillet dernier. En effet, “Absinthe”. Dossier chaud bouillant
par arrêté du 12 juillet 2013, le cahier contre lequel les producteurs français
des charges relatif à l’indication d’absinthe ont déposé un recours. Ce “Le dossier pourrait être validé par Bruxelles d’ici le printemps 2014.
géographique “Absinthe de Pontarlier” qui signifie que le conflit n’est toujours À partir de là, il serait possible d’utiliser l’indication
est homologué. Une nouvelle étape pas réglé. Les vallonniers pourraient Géographique Absinthe de Pontarlier”, note François Guy.
franchie
pour
l’association encore en théorie coiffer tout le monde
pontissalienne qui s’est engagée sur sur le poteau.
ce projet depuis dix ans. “On vient Comme rien n’est simple avec
juste de passer un échelon.
l’absinthe, il restera encore à
“C’est le
Pour être tout à fait serein,
régler la question de la
projet de
il faudra attendre une
définition de l’absinthe à
notre vie”
validation au niveau
l’échelle européenne car les
européen. Le dossier devrait
Allemands ne sont pas
être transmis courant septembre à d’accord avec les autres sur ce point.
Bruxelles. Les États auront six mois Heureusement, ce coup de frein ne
pour en débattre. Selon l’I.N.A.O., bloquera pas l’examen du dossier
La filière est sous le choc après l’échec
ce dossier devrait aboutir”, espère pontissalien. À la seule nuance qu’il
François Guy qui ne tient pas à crier faudra ajouter la mention “boissons
de la prime à la jument allaitante qui n’a
victoire trop tôt. C
spiritueuses” sur l’étiquette jusqu’à
été retenue dans le cadre de la réforme
Cette décision prise, il sera alors la validation d’une définition
possible d’apposer la mention absinthe commune. o
de la P.A.C. Coup de gueule.
Cheval
Le trait comtois,
grand oublié de la P.A.C.
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pas
n y croyait fermement est de plus en plus utilisé dans les parcs
mais une fois de plus urbains. Sur le plan agricole, il fait bon
cette prime ne verra pas ménage avec les bovins en consommant
le jour alors qu’elle existe pour les vaches, par exemple les refus de pâtures. Il y a
les brebis… Le cheval doit-il rester une aussi la piste du cheval énergie. La
production agricole ou alors qu’on nous problématique de la viande est autrement
le dise franchement ? Cette fois-ci, on plus complexe. “90 % de la production
est au fond du trou”, se désespère Charles de viande chevaline française part en
Boillin. Le président de l’association Italie alors qu’on consomme
régionale du cheval de trait comtois est essentiellement du cheval d’importation
franchement déçu. Le défilé organisé le en provenance des pays de l’Est. Lesquels
23 juin dernier par les éleveurs
n’ont pas les mêmes exigences
pour que le cheval de trait soit
qualitatives.”
“On est
reconnu au même titre que la
À défaut de soutien des pouvoirs
au fond
vache allaitante n’a servi à rien.
publics, Charles Boillin suggère
du trou.”
2013 restera une année noire
l’implication des collectivités
pour la filière équine fragilisée par l’affaire territoriales, Région et Département,
Spanghero et le trafic de chevaux de pour sauver une filière comtoise en plein
selle impropres à la consommation. À marasme. Les éleveurs baissent les bras.
cela s’ajoute la fin des haras. “On nous “Sur les participations aux concours,
demande de nous restructurer. On on enregistre entre 25 et 30 % de
voudrait au moins que le produit d’une désengagement.”
jument, c’est-à-dire le prix du poulain, Les éleveurs s’accrochent encore à un
couvre les frais de la jument pendant dernier espoir : faire reconnaître le
un an. Ce n’est plus le cas actuellement. comtois comme une race menacée et
On crie haut et fort que les pouvoirs donc éligible de ce fait à une autre prime
publics viennent nous sauver. Il manque accordée dans le cadre du second pilier
une vraie volonté politique pour que le de la P.A.C. Seul souci, le comtois,
cheval de trait comtois continue à vivre première race de trait français, n’est pas
dans nos campagnes. Le président franchement le plus mal loti. “On est
Hollande n’a jamais fait la moindre victime d’avoir trop bien travaillé. Nous
allusion au cheval dans son discours sur demandons de l’aide mais en retour on
la P.A.C. lors au dernier sommet de est prêt à appliquer un cahier des charges
l’élevage à Cournon.”
strictes pour que tout soit fait dans les
Les débouchés sont là. Le cheval de trait règles de l’art.” o
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Agroalimentaire
27
Le comté savouré au pôle sud
Sur la base Dumont-d’Urville en Antarctique,
l’équipe en place consomme du comté
toute l’année. Ce fromage qui se conserve
particulièrement bien est taillé sur
mesure pour le grand froid.
L
a prochaine cargaison de comté partie des plaisirs du jour. “On le sert à
est prévue pour le mois de tous les repas, le midi et le soir” raconte
décembre. Elle arrivera à la au téléphone Willy Cousseau,
base
scientifique boulanger-pâtissier de la base
Dumont-d’Urville, située sur l'île des Dumont-d’Urville. Ce Vendéen de 21 ans
Pétrels, en Terre Adélie (Antarctique) qui achève sa première mission en Terre
par le bateau qui ravitaille la station Adélie s’affaire aux fourneaux avec le
française. Une livraison
cuisinier Dominique Lartigue
annuelle.
“C’est
une
pour nourrir quotidiennement
“Le seul
commande spécifique de la
une trentaine de personnes qui
fromage qui
part de notre grossiste qui se
participent à l’hivernage. Mais
se conserve.” dans quelques semaines, l’effectif
charge d’affréter les fromages.
Au total, il y a quatorze meules
de la base doublera lors de la
destinées à cette base” indique la maison campagne d’été. “C’est la période où l’on
d’affinage “Fromageries Vagne” de consomme évidemment le plus de comté”
Poligny qui exporte ses productions à poursuit Willy Cousseau.
divers endroits de la planète comme le Sur place, le produit est conservé dans
Japon et le Québec. Sur ce bout de terre une réserve frigorifique où la température
glacé de l’extrême sud du globe, coupé est de 4 °C. Ce n’est pas tout à fait par
du monde et battu par le blizzard, où hasard si le comté est un des rares fromages
les températures sont négatives la plus à faire partie de l’alimentation courante
grande partie de l’année, le comté fait au pôle sud. “C’est le seul qui se conserve
Willy Cousseau et Dominique Lartigue, cuisinent pour la base.
Ils gèrent le stock de comté (photo W. Cousseau).
bien et en grande quantité. Il est frais et
en cela il est assez apprécié. Les autres
sont congelés” rapporte le boulanger.
Non seulement il se conserve mais il peut
être facilement cuisiné. Le chef ne sert
pas toujours le comté à table sous la forme
d’un service. Il l’utilise dans diverses
préparations dont les fondues autour
desquelles se rassemblent les convives. Il
flotte alors dans l’air glacé de la Terre
Adélie, une odeur typique du Jura,
incomparable. o
Éric Niedergang, directeur informatique de Publipresse / 360hd
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Page 28
ACTUALITÉ
Les Fins
Du comté en
libre-service
La coopérative Les Fins Comté expérimente
depuis quelques semaines un distributeur
automatique de fromages locaux et produits
locaux. Une première mondiale pour le comté.
R
endons à nos amis suisses, de pour rejoindre la fruitière où se trouve
la Brévine en l’occurrence, la l’appareil qui saura répondre à vos besoins.
primeur de cette initiative Accessible 24 heures sur 24, ce distributeur
déclinée en version gruyère. propose actuellement du mont d’or des
“On a eu l’idée de faire la même chose”, Jarrons, de la raclette, du comté râpé ou
reconnaît
humblement
Bruno en portion, sans oublier de la saucisse
Billod-Laillet, le président de la coopérative de Morteau susceptible d’agrémenter
Les Fins Comté. Une brusque
une bonne poêlée de roëstis.
envie de mont d’or chaud vous
Après le choix du produit, le
Une
saisit samedi soir sans prévenir ?
règlement s’effectue par carte
première
Vos amis bretons en visite dans
bancaire ou en pièces de 1 et
mondiale.
le Haut-Doubs ce week-end
2 euros. “C’est une première
constatent une heure avant de
mondiale par rapport au comté.
repartir qu’ils ont oublié d’acheter un Rien ne nous empêchera d’adapter le
bout de comté ? Que faire ? Tous les contenu en fonction de la saison”, sourit
commerces ont portes closes.
Bruno Billod-Laillet, plutôt fier de cette
Pour résoudre l’énigme, direction Les trouvaille qui fait déjà causer. Les jaloux
Fins. Après le stade de foot, à droite toute clameront qu’en automatisant ainsi la
Bruno Billod-Laillet le président de la coop et Thierry Arnoux
le fromager devant le premier distributeur a comte en libre-service.
vente, on perd la relation humaine, le peu que l’essai soit concluant et l’exemple
conseil et le sourire de la vendeuse. Certes, des Fins risque de faire des petits. La
mais un samedi soir à 20 heures, on coop Les Fins Comté pourra au moins
apprécie aussi la possibilité de festoyer revendiquer la paternité du phénomène.
à l’improviste aux saveurs fromagères De quoi plaire aux trente exploitations
locales.
agricoles adhérentes. Une belle vitrine
Prudemment, les sociétaires de la coop également
pour
la
maison
ont opté pour une location de distributeur, Rivoire-Jacquemin chargée d’affiner les
histoire de vérifier le bien-fondé du projet comtés proposés ainsi en libre-service à
avant de finaliser l’investissement. Pour la fruitière des Fins. o
Publi-Information
Une société en mouvement
au service de ses clients.
es Ets Huot, fondés en 1986 à Vincent Huot et leur équipe forte de 22
Villers-Saint-Martin, ne cessent de collaborateurs. “Le choix de la marque
grandir comme en témoignent les New Holland en 1999 a été important
travaux menés par ce concessionnaire dans notre développement. C’est une
depuis 1996, date de la construction du des marques leaders sur le marché du
premier atelier, agrandi une première tracteur mais également sur les presses
en balles carrées et
fois en 1999 pour
rondes. Ce constructeur
connaître une nouvelle
Le site s'étend
travaille beaucoup sur
extension en 2010. La
désormais sur plus
la productivité, les
construction en 2012
d’un hectare
performances et le
d’un
magasin
avec une surface
libre-service sur plus de
2
couverte de 2 500 m . confort de son matériel,
il est régulièrement
300 m2 permet à la
clientèle de bénéficier d’un service récompensé pour ses innovations
supplémentaire. La société qui achève technologiques. Durant toutes ces années,
les aménagements extérieurs cet automne nous avons toujours eu le souci d’apporter
s’étend désormais sur plus d’un hectare un service à nos clients, basé sur la
avec une surface couverte de 2 500 m2. disponibilité et la réactivité. Nous devons
Une belle réussite pour Dominique, être à côté d’eux et les accompagner
Les Ets
Huot
commerciali
sent la
maque New
Holland
depuis 1999.
L
Un magasin
libre-service de
300 m2 a été
construit en 2012.
dans leur évolution. La taille des
exploitations a considérablement évolué
ces dernières années, nous devons par
conséquent anticiper au maximum tout
problème potentiel sur leur matériel en
travaillant avec nos clients sur l’entretien
de celui-ci par exemple” note Dominique
Huot, fondateur de la société.
Les Ets Huot, c’est aussi une expérience
sur le marché de la moissonneuse-batteuse
toujours sous la marque New Holland.
“C’est un métier de spécialiste, il faut
être aux côtés de nos clients sur une
période très courte avec des enjeux
financiers importants. Nous sommes
réactifs avec du personnel formé à ce
matériel. Nous insistons également
beaucoup sur la formation. La marque
New Holland est très présente sur le
marché de la moissonneuse-batteuse.
L’année 2014 sera marquée par le
lancement de la CX 7 000 et 8 000
Élévation” conclut Dominique Huot. I
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Vaux-les-Prés
29
“La coopération est une formidable
organisation économique”
Le directeur général de Terre Comtoise
vante le système coopératif dans une
structure qui a beaucoup grossi ces
dernières années en sachant garder ce
qui fait les fondements de la coopération.
L
e Doubs Agricole : Le groupe
Terre Comtoise emploie 440
salariés, il regroupe 3 500
adhérents actifs. Le système
coopératif n’est donc pas passé de mode
dans une époque très financière ?
Alain Seguin : Dans un monde où
personne ne se reconnaît, où l’argent
a prise sur tout, la coopération est à
mon avis une formidable voie
intermédiaire au capitalisme à outrance.
Le système coopératif a les avantages
du capitalisme sans en avoir les
inconvénients (capacité d’entreprendre
sans les dérives financières).
C’est une façon démocratique de régler
le modèle économique sans que les
richesses n’aillent qu’à quelques-uns.
Chez nous, un adhérent égale une voix.
Une voix qui pèse sur la validation du
bilan de fin d’année de la coopérative
et sur la nomination des 24
administrateurs (trois dans chacune
des huit sections). Les 8 sections
représentent l’ensemble du territoire
où opère la coopérative. Tous les
adhérents sont d’ailleurs conviés en
assemblée de section une fois par an,
c’est l’occasion d’entendre leur voix
(critiques positives et négatives et vote
de délibération). Le seul regret qu’on
puisse formuler, c’est qu’il n’y ait pas
davantage de nos agriculteurs qui se
déplacent en assemblées de section
pour s’exprimer. C’est sans doute une
des faiblesses du système : le taux de
participation aux assemblées est trop
faible. En effet, nos agriculteurs pensent
parfois que la coop est éloignée d’eux.
Alors que c’est tout le contraire : la
coop leur appartient (installations et
autres). De plus, cette dernière est non
“opéable” et non vendable, mais
uniquement transmissible à une autre
coopérative.
LDA : La coopérative est un système
franco-français ?
A.S. : Non, il y a des coopératives
partout dans le monde. Et bien souvent,
les grosses coopératives représentent
une activité très importante, un chiffre
d’affaires élevé et de l’emploi. En plus,
le système coopératif nous a permis
d’organiser les filières en production
animales et végétales. En France, il
n’existe pas moins de 3 800 coopératives
qui réalisent un chiffre d’affaires global
de 100 milliards d’euros. Neuf
exploitations agricoles sur dix sont
adhérentes d’une coop en France.
d’entre elles.
LDA : Y a-t-il des “dividendes” en retour
pour les adhérents ?
A.S. : Oui, les résultats positifs d’une
coopérative sont distribués en ristournes
aux adhérents, en règle générale, mais
peuvent être investis dans des nouveaux
services (silos de stockage ou dans
l’organisation de filières). Qui pourrait
investir 1,5 million d’euros comme on
vient de le faire dans un nouvel
atelier-magasin à Villers-Farlay ? Qui
pourrait maintenir autant de magasins
de proximité, presque un par canton,
sinon une coopérative ? Ce système a
permis, pour Terre Comtoise, de
participer à l’organisation d’une filière
d’export, avec les silos, à la construction
desquels nous avons participé à
Fos-sur-Mer. Cette année, les cours des
céréales étaient en baisse. Avoir des silos
de stockage, avoir organisé la logistique
vers d’autres continents, nous a permis
d’assurer un prix à nos agriculteurs.
LDA : La coopérative est-elle un gage
de solidarité ?
A.S. : Quand on regarde l’évolution
d’un groupe comme Terre Comtoise,
il a progressé de manière importante.
Contrairement à une organisation
classique, on n’est pas confrontés aux
problématiques de succession : il y a
3 500 petites entreprises agricoles qui
se réunissent et sont en cohésion sur
un outil fort, permettant de dégager
des capacités d’investissement LDA : Une coopérative comme Terre
importantes au service de chacune Comtoise est-elle condamnée à toujours
grossir un peu plus ?
A.S. : Les problématiques économiques
de notre société nous ont poussés à
grossir. Notre développement nous a
permis d’obtenir plus de force sur les
marchés pour défendre nos agriculteurs
et aussi d’assurer une sécurité financière
suffisante grâce à une rentabilité
meilleure. Nous ne sommes pas pour
autant condamner à devenir énormes.
Quand les enjeux économiques
deviennent difficiles, nous sommes à
même de trouver des partenariats avec
d’autres coops, comme on a pu le faire
sur le projet céréalier de Fos-sur-Mer.
LDA : Terre Comtoise a donc atteint
sa taille critique ?
Nos
fonds
propres
A.S. :
correspondent à un tiers de notre
chiffre d’affaires, ceci nous permet
d’obtenir une bonne confiance de nos
banques. Nous avons besoin
maintenant de consolider l’ensemble
de notre Groupe, avant d’éventuels
nouveaux développements. o
Proposrecueillis par J.-F.H.
Alain Seguin,
directeur
général
de Terre
Comtoise.
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TECHNOLOGIE
Bief-du-Fourg
Du comté aux
plaquettes bois :
innovant et pas cher
La fruitière du plateau de Nozeroy utilise depuis plus de six ans une
chaufferie automatique au bois déchiqueté. Elle économise plus de
100 000 euros par an par rapport à une installation au fioul.
L
a plupart des coopératives fromagères de la Fabienne Vionnet, présidente d’une coopérative
filière comté fonctionnent encore avec des regroupant 33 producteurs. Cette structure transforme
chaudières au fioul. Parce qu’elles sont en 9,5 millions de litres de lait essentiellement en comté
capacité de fournir rapidement
avec un complément en morbier et raclette.
beaucoup de chaleur, ces installations
Le choix d’une chaufferie automatique à bois
3
1 600 m
correspondent bien aux besoins énergétiques
déchiqueté s’est assez vite imposé malgré le
de plaquettes
d’une fromagerie. Peu ont osé s’aventurer
manque de recul vis-à-vis de ce type d’installation
par an.
vers des solutions en bois énergie.
en filière comté. “On avait la chance de disposer
La fruitière s’est engagée sur cette voie en
d’un fournisseur installé à Cuvier”, note Benoît
2007. “On a profité d’investir dans une nouvelle Marmier, autre sociétaire de la fruitière. Une chaudière
fromagerie avec pour objectif d’améliorer les conditions au fioul fournit de la vapeur pour chauffer les cuves.
de travail et de réduire le coût énergétique”, explique Une chaudière bois fournit de l’eau chaude qu’il faut
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Vallon de Sancey
La méthanisation
pour mieux répondre aux
défis environnementaux
Treize fermes du vallon de Sancey associées avec Opale
Énergie s’engagent dans la réalisation de la première unité
de méthanisation agricole collective de Franche-Comté.
C
Fabienne Vionnet, la présidente de la coop,
et Benoît Marmier, autre sociétaire,
ont toutes les bonnes raisons de se frotter les
mains devant le silo à plaquettes qui leur fait
réaliser de belles économies.
e projet répond à une volonté d’anticiper minéral sur leur parcellaire”, note Christophe
les enjeux environnementaux et de Chambon, autre exploitant agricole. Un compost
pérenniser l’agriculture au pays du comté de qualité, administré au bon moment quand la
et du sous-sol calcaire. Dans sa première plante en a besoin, la démarche va aussi dans le
version qui n’a pas abouti, il impliquait une trentaine sens de l’amélioration des pratiques agricoles.
d’exploitations. La seconde mouture engage treize Le projet est dimensionné pour traiter 6 800 tonnes
exploitations en lait à comté ou morbier et la société d’intrants, à savoir fumier, lisier, déchets verts et
Opale Énergie basée à Fontain. Ensemble, ils ont agricoles. “On parle de volume sec”, précise
constitué la S.A.S. du Mont Lage où
Christian Brand. D’une puissance de
les agriculteurs restent majoritaires.
150
kW,
l’unité
produira
Mise en route
“Le permis de construire est arrivé le
1 070 000 kWh. De quoi chauffer 500
programmée au
7 octobre dernier en mairie de Rahon”,
personnes. “La chaleur issue de la
printemps 2015.
explique Christian Brand impliqué à
production d’électricité alimentera une
double titre, en tant qu’agriculteur et
serre à spirulines. Ces micro-algues se
en tant que président de la communauté de développent dans de l’eau à 30 °C. Elles entrent
communes du Vallon de Sancey. Cette dernière dans la composition d’aliments destinés aux sportifs.
collectivité livrera ses déchets verts à l’unité de “En valorisant ainsi cette chaleur résiduelle, on
méthanisation qui sera implantée à côté de la bénéficie d’un meilleur tarif de rachat E.D.F.”,
déchetterie.
justifie Christian Brand. Au final, ce sont 670
Le chantier débutera à la mi-décembre pour une tonnes de CO2 économisées chaque année grâce
mise en route programmée au printemps 2015. À à cette unité.
la différence d’autres unités de méthanisation, celle Le montant global de l’opération s’élève à 1,8 million
de Rahon est conçue pour produire un digestat d’euros avec 625 000 euros de subventions de
sec. “C’est la solution la plus facile à mettre en l’A.D.E.M.E. et du F.E.D.E.R. Les 13 exploitations
œuvre dans une agriculture de plus en plus soumise apportent 220 000 euros de fonds propres, le reste
aux contraintes environnementales. Cela permettra fait l’objet d’un emprunt. Retour sur investissement
aux agriculteurs de réduire l’apport d’engrais escompté en 7 ou 8 ans. o
stocker pour répondre aux pics de consommation
notamment à l’heure de la fabrication. D’une puissance
de 250 kW, la chaudière bois de la fruitière du plateau
de Nozeroy est couplée avec trois ballons
d’hydro-accumulation de 3 000 litres chacun. Cette
chaudière écologique a été lancée au printemps 2007 à
l’ouverture du nouvel atelier. “On a eu des soucis de
réglage. Ces installations sont très pointues et
particulièrement sensibles à la qualité des plaquettes”,
indique Benoît Marmier sans nier ces problèmes de mise
en route.
Une installation en bois énergie coûte pratiquement le
double d’une solution fioul. “À l’époque, on a pu bénéficier
de 50 % d’aide. Aujourd’hui, on ne serait plus du tout
à ce niveau de soutien”, apprécie Fabienne Vionnet. Les
sociétaires estiment aujourd’hui avoir fait le bon choix.
Les différences de prix entre les énergies renouvelables
et les carburants fossiles n’ont cessé de croître. En 2012,
le prix des plaquettes par rapport au fioul varie dans un
rapport de un à trois. “On consomme 1 600 m3 de
plaquettes par an. Ce qui nous permet d’économiser près
de 140 000 litres de fioul par an et 300 tonnes de CO2.”
Vive la transition énergétique au pays du comté. o
Le surcoût de la chaudière à bois déchiqueté est
largement compensé par la différence de prix entre
les plaquettes et le fioul.
L’unité de méthanisation de Rahon sera mise en service au printemps 2015.
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Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de Franche-Comté - Siège social :
11, avenue Elisée Cusenier 25084 Besançon Cedex 9 -Tél. 03 81 84 81 84 - Fax 03 81 84 82 82 - www.ca-franchecomte.fr Société coopérative à capital et personnel variables
agréée en tant qu’établissement de crédit - 384 899 399 RCS Besançon - Société de courtage d’assurance immatriculée au Registre des Intermédiaires en Assurances sous le n° ORIAS 07 024 000.
10/2013 - Service Communication - Crédit Photo : Thinkstock
Ma banque agit
pour l’avenir
des agriculteurs.