Bordeaux port négrier : faut-il des plaques explicatives

Transcription

Bordeaux port négrier : faut-il des plaques explicatives
Bordeaux port négrier : faut-il des plaques explicatives sous les noms de rues ?
Jeudi, 07 Mai 2015 17:18
Dans le cadre de la journée nationale de commémoration de la traite des noirs, de
l'esclavage et de leurs abolitions, qui aura lieu dimanche 10 mai, l'association Mémoires
et Partages présidée par le bordelais Karfa Diallo demande la mise en place de plaques
explicatives sous les noms de rue ayant trait au passé des ports négriers. La Ville de
Bordeaux est favorable à plus de pédagogie mais planche encore sur les outils.
Un courrier a été adressé en ce sens par Mémoires et Partages à 5 maires de villes concernées
: Nantes, Marseille, Le Havre, la Rochelle et Bordeaux. Au nom d'un "travail de mémoire
apaisé, loin de toute repentance", ce courrier demande " de rentrer dans une démarche
pédagogique avec l’apposition de panneaux explicatifs dans les rues concernées. Ainsi il serait
indiqué pourquoi on honore la personne éponyme, mais également cela montrerait le respect
dû à la mémoire des victimes d’un crime contre l’humanité et des combattants de la liberté. A
titre d’exemple on imaginerait mal aujourd’hui une rue Papon ou une avenue Pétain."
L'association ne demande donc pas de débaptiser les rues mais d'expliquer la face sombre des
personnalités dont elles portent le nom.
Voici la liste des rues concernées à Bordeaux, dressée par l'association : rue Baour, Cours
Balguerie, Cours Portal, rue Saige, rue David Gradis, rue Gramont, Place Lainé, rue Colbert,
rue de la Béchade, rue Bethman, rue Desse, Place Mareilhac, Cours Journu-Auber, Passage
Sarget, Passage Féger, Place Ravezies, rue Daniel Guestier, Place John Lewis Brown, rue De
Kater, Place Johnston, rue Fonfréde, rue Bonnafé
1/2
Bordeaux port négrier : faut-il des plaques explicatives sous les noms de rues ?
Jeudi, 07 Mai 2015 17:18
"Nous ne sommes pas du tout opposés à la mise en oeuvre d'actions pédagogiques, il y aura
d'ailleurs une table ronde sur les propositions mémorielles dans le cadre des états généraux de
l'égalité et de la laïcité qui débutent ce jeudi soir, répond Marik Fetouh, adjoint au maire de
Bordeaux en charge de l'égalité et de la citoyenneté. Karfa Diallo participera à cette table
ronde, il pourra donc formuler sa proposition et nous en discuterons dans le cadre des groupes
de travail."
Le lancement de ces états généraux sera l’occasion de présenter les résultats d’une enquête
de l’Observatoire de l’égalité pour ensuite plancher sur l’élaboration de plans de lutte contre les
discriminations qui seront adoptés par la Ville et la Métropole. La question de la mémoire des
heures sombres de Bordeaux est aussi au programme.
Si la ville est prête à faire plus en matière de pédagogie, la question de plaques de rues reste
complexe. "Il est parfois difficile d'établir la réalité historique avec certitude et de relater des
histoires particulières complexes. D'autant que l'Université a assez peu travaillé sur ce sujet,
poursuit Marik Fetouh. Nous ne voulons pas non plus stigmatiser les descendants. Alors la
solution passera-t-elle par des plaques explicatives sous chaque nom de rue ? Je ne sais pas...
Cela peut aussi être des plaques plus générales, un guide, des visites thématiques dans le
cadre du programme officiel de l'office de tourisme... Nous y travaillerons dans le cadre des
Etats généraux".
Ceux-ci vont se poursuivre jusqu'en juin pour se traduire par l'adoption de plans d'actions par la
Ville et la Métropole avant la fin d'année.
Sophie Lemaire
Photo : La place Ravezies fait partie des noms pour lesquels l'association voudrait qu'une
plaque pédagogique soit ajoutée. (archives Stéphane Lartigue)
2/2