09_Inco Gnito

Les scribouilleurs
Thème du mois d’août :
Tu as 7 ans, ce que tu aimerais plus tard, c’est devenir « éleveur
de rêves ». Seulement papa, maman et la maîtresse ne semblent
pas comprendre ta vocation. Tu te lances dans un plaidoyer.
A toi de scribouiller !
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Vous m'avez privé de mes rêves
Vous allez vous en mordre les lèvres,
Haut comme 7 pommes,
Je sais pertinemment que la vocation que j'ai choisi est celle des grands
Zhommes,
J'élève des rêves,
Je lève des rêves,
A la mémoire de vos cauchemars,
Celui de ne pas savoir de quoi demain est fait,
A 7 ans vivre ses rêves c'est déjà vivre en temps réel,
Ni différé ni projeté,
Tous les jours c'est aujourd'hui,
Sans projet infèrent l'instant,
Le présent comme plus beau cadeau,
Me pressant chaque jour de le déballer curieuse de ce qu'il allait m’offrir,
Tantôt pleurs tantôt rires.
On oublie et on recommence,
Vous m'avez privé de mes rêves,
Vous n'aurez le droit qu'à une trêve.
J'ai laissé ma montre dans le ventre de ma mère,
Trop tard pour la lui réclamer,
Ce tictac lui appartient il résonne en elle désormais,
Je suis rythmée par des instants de vie,
Je sais à quelle heure il faut dormir, manger, travailler, se réveiller,
L'heure où la voix de ma mère fait trembler la terre,
J'ai tout le temps pour être possédée par l'envie de posséder,
Attachée à rien, un peu d'encre et je dessine un monde à moi de la Chine à la
ceinture d’Orion, cap sur l'aventure,
Super héros aventurier roi ou chevalier,
Trois bouts de ficelle et le tour est joué,
Vivre sans anticiper,
Vivre sans calculer,
Investir pleinement le moment, les gens, les je, les eux vous moi... Tout quoi !
Le bénéfice réel et non supposé de cette vie,
Nul besoin d'aiguilles pour tricoter ma journée, ni de cadran pour me limiter,
Je suis pressé par plaisir et traîne les pieds par lassitude,
Les rêves n'ont pas le temps,
Ni ils attendent, ni ils patientent,
Ils sont instantanés,
Et ne répondent à aucune limite ni loi… ni foi… ni roi
Si ce n'est le désir de leur propriétaire,
Je rêve assis debout couché,
Je rêve plus éveillée qu'endormie,
Je redécore ce monde,
de mes rires,
de ma naïveté,
de mes yeux écarquillés.
Je t'en supplie laisse-moi rêver. C'est Comme pour toi respirer. Rêver c'est inné.
Mais depuis,
Tu m'as mis cette tablette dans la tête car mes rêves sont bruyants et parfois
salissants,
Le silence tu l’as acheté.
Modifiant ma rampe de lancement,
Etre dans les étoiles tu sais n'est pas mauvais signe... Bien au contraire.
Aucune de vos applications gratuites ou payantes ne seront à la hauteur.
Moi le créateur d'un monde à part.
Tu as troqué mon univers où tout est possible,
A celui où la batterie s'affaiblit,
Tu ne m'as pas enlevé mes rêves tu les as kidnappés et anesthésié mon
imagination,
Par cette grossière rançon technologique qui en réalité même virtuelle est
archaïque,
J'aurais pu m'élever bien plus haut si seulement à mes rêves tu m'avais laissé,
J'ai récupéré ce que vous avez perdu, la notion du temps et de l'espace.
Etre ici à telle heure,
Repartir de là-bas pas trop tard.
Déposer.... Récupérer,
De rendez-vous en rendez-vous,
Vous avez laissé sur le bas-côté... L'enfant que vous étiez,
Vous m'avez privé de mes rêves au lieu de vous y associer.
Inco Gnito