Les synthétiques gagnent du terrain
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Les synthétiques gagnent du terrain
28 © Siplast-Icopal / Studio Schuller Graphic / P. Noyelle DOSSIER m e m b r a ne s É Tan C HÉ I T É.In F O # 3 0 jui n 2 011 01 Les synthétiques gagnent du terrain Le secteur des membranes synthétiques est resté très dynamique ces cinq dernières années avec des parts de marché en augmentation et l’arrivée de nouveaux acteurs. Si les revêtements en PVC dominent encore largement les ventes, la filière se distingue par la diversité des solutions proposées. BaStIEn Cany i l y a vingt ans elles faisaient figure d’outsiders sur le marché français de l’étanchéité. Arrivées dans l’Hexagone à la fin des années soixante, les membranes synthétiques ne se sont réellement développées qu’à partir des années quatre-vingt. Une progression plutôt lente dans un pays où les produits bitumineux restent encore fortement ancrés dans la culture et les pratiques constructives. Aujourd’hui toutefois la greffe a pris. Et avec environ 20 % de parts de marché, elles se sont désormais imposées comme le deuxième matériau d’étanchéité le plus utilisé, loin devant l’asphalte et les résines. Selon le Syndicat français des enducteurs calandreurs (Sfec), la barre des 5 millions de mètres carrés installés aurait ainsi été franchie en 2008, année record pour la filière avec une progression de 13 % du chiffre d‘affaires. Des disparités régionales subsistent toutefois : « Nos produits sont particulièrement bien implantés en RhôneAlpes,en Île-de-France et dans l’Est, EI30_P28-32.indd 28 note Philippe Bonnet, directeur des ventes région Est de Sika- 0 1 Sarnafil. Dans certaines régions Surfaces commerciales, locaux du Sud en revanche, les étancheurs industriels, bases logistiques… : les sont plus enclins à mettre en œuvre grandes toitures en acier restent des complexes bitumineux. » Des le marché de prédilection des différences qui s’expliquent en membranes synthétiques grâce grande partie par l’historique des notamment à leur légèreté et à produits synthétiques en France, la rapidité de leur mise en œuvre. importés à l’origine par les fabricants allemands et suisses. Mais 0 40 2 sur ce front aussi, les lignes ont Les caractéristiques considérablement bougé ces cinq thermosoudables des membranes dernières années. Aux côtés des PVC et TPO permettent d’effectuer acteurs traditionnels – Sika- le soudage des recouvrements à l’air Sarnafil, Renolit, 3T France – chaud sans flamme. un avantage sont venus se positionner Meple qui les distingue des revêtements et plus récemment Soprema, qui élastomères classiques. a racheté en 2007 l’italien Flag, ainsi que Siplast-Icopal, dont la gamme synthétique a été lancée en 2009. L’entrée en scène des deux géants de la membrane bitumineuse est évidemment emblématique de la dynamique de ce marché. Et, d’une certaine manière, tend également à dissiper la frontière culturelle qui subsistait entre les deux technologies. Sans compter que l’arrivée de nouveaux industriels – a fortiori reconnus – devrait logiquement contribuer à développer la part de marché du synthétique. LE PVC, tOujOuRS ROI En théorie, on dénombre une quinzaine de typologies de membranes à base de polymères différents, tant plastomères qu’élastomères. Dans la pratique toutefois, les feuilles d’étanchéité en PVC dominent toujours le marché français. Apparues il y a un peu moins de cinquante ans, ces feuilles thermoplastiques ont construit leur notoriété autour de leur polyvalence, de leur légèreté, de leur facilité de mise en œuvre et bien sûr de leur prix. Des avantages qui les ont rapidement positionnées sur le créneau des grandes toitures en acier. Et bien qu’elles ne soient pas intégrées dans les Documents techniques unifiés (DTU), ces membranes ont aujourd’hui largement fait leur preuve. Mises en œuvre sous la forme de systèmes monocouches, elles sont fixées mécaniquement ou collées à froid, les joints de 01/07/11 17:56 m e m br an e s 02 recouvrement entre feuilles étant généralement soudés à l’air chaud. « La soudure chimique avec solvants demeure très minoritaire, elle est plus complexe et nécessite de tenir compte des conditions climatiques », indique Éric Ohlmann, directeur commercial de 3T France. En partie courante et en relevé, les membranes sont systématiquement armées (voile de verre ou grille de EI30_P28-32.indd 29 polyester) et/ou sous-facées d’un feutre polyester, les feuilles sans armature (et/ou sans sous-face) restant réservées à l’habillage de points particuliers par thermoformage. Près d’une vingtaine d’ingrédients entrent dans la composition de ces membranes : produits de charge, adjuvants, diluant, stabilisant thermique... Mais c’est bien le polychlorure de vinyle (PVC) qui leur confère leurs propriétés de résistance au feu et à de nombreux agents chimiques et oxydants comme l’ozone. Autre élément-clé : les plastifiants. Véritables liants du complexe, ils donnent leurs caractéristiques définitives aux feuilles PVC en augmentant leur souplesse et en assurant en partie leur protection contre les rayonnements ultraviolets. Mais ces composants 29 D OSSIER © Atelier Michel Jolyot / Siplast-Icopal ÉTa nCH ÉITÉ. In F O # 30 j uin 2 01 1 indispensables ont aussi longtemps été considérés comme leur talon d’Achille. En cause : une perte naturelle de plastifiants qui posait des problèmes de fragilisation des feuilles d’étanchéité tout en empêchant leur réparation. « Les fabricants maîtrisent aujourd’hui ce phénomène grâce à la généralisation de substances à poids moléculaire élevé qui ont moins tendance à 01/07/11 17:56 DOSSIER m e m b r a ne s É Tan C HÉ I T É.In F O # 3 0 jui n 2 011 03 03 De nombreux fabricants intègrent dans leur gamme d’accessoires des profilés façon « joints debout ». un rendu esthétique traditionnel qui leur ouvre entre autres le marché des toitures apparentes, y compris sur des bâtiments de logements. 04 Les fabricants de revêtements synthétiques se sont rapidement positionnés sur le créneau des énergies renouvelables en proposant par exemple des membranes intégrant des capteurs photovoltaïques souples. 04 se volatiliser ou à migrer hors des résines vinyliques », explique Tharcis Diebold, directeur R&D de Siplast-Icopal. Autre point faible : une image environnementale souvent contestée, prise entre la pression des lobbies écologistes anti-PVC et la communication du secteur qui met en avant ses efforts importants en matière de recyclage, ainsi que le retrait de certains métaux lourds comme le cadmium, définitivement supprimé en 2007, ou le plomb. En Suisse et en Allemagne, ces débats ont favorisé dès les années quatre-vingt un certain nombre de matériaux alternatifs. L’un des plus anciens est l’EPDM dont les Florilège de polymères Voici une liste non exhaustive des polymères entrant dans la composition des membranes d’étanchéité synthétiques. Tous ne sont pas représentés dans les produits commercialisés en France et certains sont plutôt destinés aux géomembranes. PIb : polyisobutylène PVC/P : polychlorure de vinyle plastifié ePDm : éthylène propylène diène monomère eVa : copolymère éthylène vinyle acétate LDPe : polyéthylène basse densité HDPe : polyéthylène haute densité Csm : polyéthylène chloro-sulfoné (Hypalon) PP : polypropylène Cr : polychloroprène (néoprène) CPe : polyéthylène chloré IIr : caoutchouc butyle FPP : polyéthylène flexible FPO : polyoléfine souple TPO : polyoléfine thermoplastique EI30_P28-32.indd 30 membranes sont toujours reconnues pour leurs bonnes propriétés mécaniques ainsi que leur excellente résistance au rayonnement UV, à l’ozone, à de nombreuses huiles et aux solvants. Largement implantées outre-Atlantique, ces feuilles élastomériques sont principalement commercialisées en France par l’américain Firestone. En Europe leur développement a toutefois été freiné par des difficultés de soudage des lés au droit des recouvrements. Des solutions ont depuis été apportées avec des soudures directement réalisées en usine et l’introduction de bandes autoadhésives associées à un primaire pour les opérations in situ. Autre élastomère dont la résistance a été éprouvée depuis longtemps : le caoutchouc butyle ou PIB (polyisobutylène) utilisé sous forme de feuilles d’étanchéité en Europe depuis les années cinquante. En France, le premier avis technique a été déposé en 1974. Il est aujourd’hui encore exploité dans l’Hexagone par 3T France, qui commercialise le produit en mettant notamment en avant sa durabilité. L E S aVa n ta g E S D u thERmOPLaStIquE SanS LES InCOnVénIEntS Face au PVC, l’autre grand challenger est incarné par la famille des membranes TPO pour thermoplastique polyoléfine. Ces produits généralement à base de polypropylène ont été lancés sur le marché au début des années © Sika-Sarnafil © Soprema-Flag 30 quatre-vingt-dix autour d’un argument phare : l’absence de plastifiants. Ces feuilles allient en effet certaines caractéristiques des élastomères comme la résistance à la chaleur, tout en étant thermosoudables. Ne contenant ni chlore, ni matières plastifiantes telles que les phtalates, ces produits ont été rapidement présentés comme une alternative environnementale aux membranes à base de PVC, même si l’obtention de certaines caractéristiques de réaction au feu suppose l’intégration de retardateurs halogènes. De nombreux fournisseurs les ont désormais inclus dans leur catalogue. C’est le cas de Sika-Sarnafil, de Renolit, de Flag (désormais une marque du groupe Soprema) mais aussi de Firestone qui propose une membrane associant l’EPDM à une structure de polypropylène. D’autres solutions ont également vu le jour autour du même leitmotiv : conserver les avantages des matériaux thermoplastiques sans les inconvénients. Sur ce registre, la société 3T France propose un produit composé de PVC et d’un plastomère dit EVA (éthylène-acétate de vinyle) : un alliage de polymères solides, non extractibles et non volatils, qui rend en outre ces membranes compatibles avec le bitume. En mars le groupe Icopal s’est également positionné sur ce créneau en rachetant au groupe allemand Henkel la marque Wolfin dont la particularité est de fabriquer des revêtements en polychlorure 01/07/11 17:56 32 DOSSIER m e m b r a ne s É Tan C HÉ I T É.In F O # 3 0 jui n 2 011 « Si les élastomères et les matériaux TPO progressent régulièrement, leurs parts cumulées dans les mètres carrés installés ne dépassent pas aujourd’hui 25 %. » © Vlaanderen vanuit de Lucht/Renolit de vinyle plastifiés avec du polyester également résistants aux produits bitumineux. Dans l’Hexagone, le PVC reste incontestablement le produit phare des gammes synthétiques. Si les élastomères et les matériaux TPO progressent régulièrement, leurs parts cumulées dans les mètres carrés installés ne dépassent pas aujourd’hui 25 %. « Contrairement à l’Allemagne où le marché est plus équilibré, les revêtements TPO n’ont jusqu’à présent pas réellement tiré parti de leur image verte », confirme Hervé Perret du Cray, directeur du département étanchéité/toitures chez Renolit. En croissance constante depuis cinq ans, le marché des revêtements synthétiques semble toutefois connaître une inflexion ces deux dernières années selon les EI30_P28-32.indd 32 données publiées par certains cabinets d’étude. Largement positionnée sur le créneau de la construction acier, la filière a été impactée par le recul de l’immobilier commercial et industriel. Sur ces segments (locaux industriels, surfaces commerciales, bases logistiques), le nombre de mètres carrés construits a enregistré une chute de 30 % entre 2009 et 2010 (voir notre tableau de bord, p. 4). Pour se développer au-delà de ces débouchés traditionnels, les fabricants misent également sur d’autres atouts. À commencer par le recyclage de leurs produits, notamment le PVC pour lequel il existe une filière organisée à l’échelle européenne dans le cadre du dispositif Roofcollect représenté en France par le Comité des membranes d’étanchéité synthétique 05 Les revêtements PVC peuvent mettre en œuvre une gamme colorimétrique très étendue. Quatre tons de bleu différents ont été utilisés pour ceux assurant l’étanchéité du Palais des sports d’Anvers en Belgique. (CMES). Un argument qui pourrait demain s’avérer décisif alors que la pression des pouvoirs publics se fait de plus en plus forte sur ce sujet. L’Europe s’est fixé pour objectif d’atteindre d’ici à 2020 le réemploi, le recyclage et la valorisation de 70 % des déchets de construction et de démolition. DE nOuVEaux maRChéS 05 Le travail sur les gammes de couleurs complétées par des procédés à joint debout leur ouvre aussi aujourd’hui le marché des toitures apparentes. En 2010, SopremaFlag lançait ainsi une membrane PVC incorporant des particules métalliques de cuivre reproduisant l’esthétique des toitures traditionnelles. Les industriels du synthétique ont également très rapidement joué la carte des économies d’énergie. Déjà présents sur ce sujet avec des procédés photovoltaïques intégrés, certains industriels se lancent désormais sur le créneau de la réflectivité avec des revêtements blancs réfléchissants capables de maintenir froide la surface d’une toiture. Reste un enjeu commun sur lequel tous les fabricants ont investi : la formation des étancheurs. « Nos produits sont des revêtements monocouches généralement posés en semi-indépendance, pour lesquels la qualité de mise en œuvre est capitale, note Hervé Perret du Cray, mais la formation représente aussi et surtout le levier le plus efficace de diffusion et de développement des solutions d’étanchéité synthétique. » l 01/07/11 17:56