Et si Ryanair était interdite de vol en Europe
Transcription
Et si Ryanair était interdite de vol en Europe
La Libre Belgique 09/09/2016 Periodicity : Daily Printrun : 41,962 ABTO BELGIUM Economie Actualité Et si Ryanair était interdite de vol en Europe... n Le Brexit rend l’actionnariat de Ryanair très gênant et met en danger le statut du transporteur. O n l’a vu gesticuler dans tous les sens et poser avec des drapeaux de l’Union européenne dans de nombreux médias. Si Michael O’Leary, patron de la compagnie irlandaise Rya nair, s’est autant engagé contre le Brexit, c’est pour une raison : la sortie du RoyaumeUni de l’Union européenne est une petite catastrophe pour le trans porteur à la harpe. La campagne du bouillant patron n’a pas payé et sa rancœur est tenace. “Il y a une bande de poulets sans tête (au RoyaumeUni). Ils ne savent pas pour quoi ils ont voté et n’ont aucune idée d’où cela va les mener”, a ex pliqué M. O’Leary ce mercredi à Edim bourg. Mais comment une compagnie irlandaise, et donc membre de l’Union européenne, peutelle être tant affectée par le Brexit? Explications. 1 Le marché britannique est vital pour Ryanair. Près d’un tiers (28%) de l’ensemble des revenus de Ryanair provient du RoyaumeUni. L’instabilité régnant pour l’instant sur les îles britan niques est donc une mauvaise affaire pour la compagnie irlandaise qui craint un fort ralentissement économique, voire une récession en GrandeBreta gne. “Nous allons recevoir 50 nouveaux Boeing cette année et dix d’entre eux étaient prévus pour le RoyaumeUni. Mais vu la situation, aucun ne se posera làbas. le transporteur irlandais. Si le Brexit de Ces avions vont être réorientés sur l’Europe vient effectif, Ryanair pourrait perdre continentale, dont le marché est plus sta son statut de compagnie européenne et ble”, a expliqué M. O’Leary. La chute de se voir quasiment interdite de vols au la livre sterling a aussi un sein de l’Union. Le pro impact direct sur les reve blème vient de l’action nus de Ryanair dont les nariat de Ryanair, com principales dépenses sont posé à près de deux tiers en euros (personnel) ou de fonds américains et ACTIONNARIAT US en dollars (kérosène, britanniques (voir info 41% de l’actionnariat de achats d’avion). Ryanair est américain et près graphie). Or en cas de Brexit, les actionnaires de 20% sont possédés par des Britanniques. Un actionnariat qui britanniques, actuelle devient gênant. ment européens, seront L’autre grande crainte de Ryanair est considérés comme “étrangers” aux yeux moins directe, mais s’annonce comme de l’UE. Ils vont devenir gênants pour un véritable tremblement de terre pour Ryanair. La Commission impose ainsi 41% 2 que les prises de participation “étrangè res” (nonUnion européenne) n’excè dent pas 49,9% du capital d’une compa gnie aérienne. Audelà, le transporteur perd son statut européen et tous les pri vilèges qui y sont attachés. Et ces avantages sont nombreux: libre accès au marché intraeuropéen ou en core droits de trafic illimité avec des pays tiers comme les Balkans, les Etats Unis, Israël ou le Maroc. Si Ryanair a pu s’étendre aussi rapidement en Europe, c’est grâce à ces privilèges. Elle peut théoriquement relier n’importe quelles villes européennes, sans demander aucune autorisation. Pour les compa gnies “étrangères”, il est au contraire très compliqué, voire impossible de pé nétrer le lucratif marché intraeuropéen (donc entre deux destinations euro péennes). Le vol de la compagnie Ethio pian entre Bruxelles et Milan n’est, par exemple, autorisé que comme une es cale vers Addis Adeba, en Ethiopie. En fait, chaque compagnie étrangère doit négocier âprement des accords bila téraux avec les pays européens de desti nations. Si le Brexit est effectif et que l’actionnariat de Ryanair ne change pas, la compagnie, dont la majorité des reve nus provient de liaisons intraeuropéen nes, pourra quasiment mettre la clé sous le paillasson. Un scénario extrême dont on est encore très loin. Le RoyaumeUni pourrait ainsi très bien négocier des ac cords aériens spécifiques avec l’Union européenne, comme l’a fait la Norvège. L’actionnariat de Ryanair peut aussi très vite changer, voire déménager. Raphaël Meulders A LA UNE vrai ou faux : comment les réseaux sociaux brouillent l’info MAIS AUSSI France : la grande pagaille présidentielle Belgique : mourir de solitude à 19 ans Sciences : le stress ce n’est pas que dans la tête Dès aujourd’hui en librairie 32 La Libre Belgique - vendredi 9 septembre 2016 ©garantir S.A. IPM 2016.des Toute ou contenus reproduction, même partielle, de larappelons présentel'application publication, sous quelque que générales ce soit, est sansutilisation autorisation préalable etconsultation. écrite de l'éditeur Afin de le respect droitsreprésentation d'auteur relatif aux de presse fournis, nous vous de l'article 7 de nosforme conditions deinterdite vente à toute autre que la simple ou de ses ayants droit.