Les rites funéraires
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Les rites funéraires
Fiche de visite LES RITES FUNERAIRES ENTRE 5500 ET 450 AVANT NOTRE ÈRE A travers ce parcours, la classe pourra poursuivre, face aux objets, la découverte du monde préhistorique et de l’Antiquité, suivant le programme d’histoire en école élémentaire. Les élèves observeront les traces laissées par leurs ancêtres, la façon dont elles ont été découvertes et exploitées, les lieux où elles sont conservées. La fiche de visite propose de faire découvrir aux élèves les différents rites funéraires du Néolithique à l’âge de Fer dans notre région. La localisation des objets est indiquée comme suit : vitrine 1, compartiment A,B ou C, numéro 1. Les lettres indiquant les compartiments ne sont pas matérialisées dans les vitrines. Etudier les tombes pour connaître les habitudes de nos ancêtres Au cours des millénaires, les rites funéraires ont revêtu des formes très diverses selon les époques, les régions et les catégories sociales : inhumation ou incinération, tombe individuelle ou collective, avec ou sans monument funéraire, défunt enterré avec ou sans des objets familiers. Les sépultures apportent des informations essentielles sur la vie d’une époque donnée, les croyances, le statut social des défunts, leur richesse ou leur pauvreté. Etre inhumé au Néolithique Les plus anciennes tombes de notre région datent de l’époque néolithique. Au Néolithique ancien (aussi appelé période rubanée en raison des décors en rubans des poteries), les défunts sont déposés dans une fosse creusée en pleine terre, sur le côté, en position repliée (position fœtale). Des poteries sont déposées dans la fosse, en offrande ; parfois une herminette, des pointes de flèche, des lames en silex ou des parures complètent le « mobilier funéraire ». Les bijoux les plus fréquents sont des perles longues de collier, des spondyles (grand coquillage de Méditerranée), des bracelets en Cahiers de l’APRAA, tome 9, 1993 terre cuite rainurés. Souvent, les tombes sont saupoudrées d’ocre rouge : on répand ces poudres sur le défunt pour éloigner les mauvais sorts... Les tombes de cette période sont regroupées en vastes cimetières, comme celui fouillé à Ensisheim dans les années 1980-1990. Peu à peu, à partir du milieu environ de l’époque néolithique, cette position repliée est abandonnée au profit de la position allongée, sur le dos. Les offrandes restent globalement les mêmes. I n h u m ation et incinération à l’âge du Bro n ze ancien et moyen (2200-1650) Un nouveau rite funéraire apparaît, celui de l’inhumation sous une butte de terre ou de pierres, appelée tumulus ou tertre. Au début, une seule tombe (de personnage important) est enterré sous ce tertre. Progressivement, c’est tout un petit groupe familial qui occupe le même tumulus, dont la taille s’accroît. Si la plupart des défunts sont inhumés, allongés sur le dos, d’autres peuvent être incinérés sans que l’on sache aujourd’hui à quoi correspond la différence de choix. Le petit groupe de tumulus fouillé près d’Appenwihr fournit une bonne image des rites funéraires du Bronze moyen, entre 1650 et 1350 avant notre ère. Le tumulus V a livré 5 tombes, l’une au centre de la butte, les autres en arc de cercle autour de celleci, illustrant la coexistence des deux rites funéraires. La tombe 3 du tumulus V (vitrine 2, B) présente l’inhumation d’une adulte en position couchée. La défunte porte un collier d’ambre. A la hauteur de la poitrine se trouve une épingle, une autre au niveau de l’articulation du genou. Il porte, aux poignets, deux bracelets en bronze, et une bague en bronze à la main gauche. Au-dessus des chevilles sont placées deux jambières en bronze. Aux pieds de la défunte, on a retrouvé une cruche et à côté, un fragment d’os de mouton (non présenté dans la vitrine) qui constituait une offrande alimentaire. La tombe 2 du tumulus VII (vitrine 2, C) est un exemple d’incinération. La répartition des ossements fait toutefois penser à la forme d’une inhumation puisque les ossements ont été placé dans un linceul ensuite mis en terre. On observe les restes calcinés d’au moins trois individus (un adulte et deux enfants). Les bijoux ont été brûlés avec les défunts et se sont d’ailleurs déformés sous l’action de la chaleur, excepté le pendentif vert en crache de cerf (dent) rajouté dans la tombe au moment de l’inhumation des restes incinérés. Les urnes funéraires à l’âge du Bronze final (1350800) Vers 1350-1300, on assiste à une transformation radicale des rites funéraires. La pratique de l’incinération se généralise sur une grande partie de l’Europe. C’est la civilisation des « Champs d’Urnes ». Les ossements calcinés, parmi lesquels sont parfois mêlées des parures en bronze déformées par la chaleur, sont recueillis sur le bûcher et déposés dans une urne qui sera enfouie dans une petite fosse creusée dans le sol. Comme à la phase précédente, le défunt emporte ses objets personnels dans la tombe (parures ou armes) et de petits vases peuvent contenir notamment des offandes alimentaires. Voir la vitrine 3, la petite cruche avec des ossements calcinés et un torque brisé rituellement en trois parties Souvent un bracelet sur deux ou une épingle sur deux sont brisés rituellement. Ces objets n’ont évidemment pas été restaurés mais sont présentés tels quels (cf les tombes de Bennwihr, vitrine 3, B). Vers 900, si le rite de l‘incinération en urne est toujours en vigueur, une nouvelle coutume apparaît. Le dépôt de céramiques devient souvent particulièrement important ; on peut trouver jusqu’à une quinzaine de vases déposées autour de l’urne funéraire. Ces tombes sont alors recouvertes à nouveau par un petit tumulus. Tumulus entre Hatten et Seltz, 750-650 avant J.-C. Les pratiques funéraires à l’âge du Fer Le rite de l’incinération survit au début du premier âge du Fer, jusque vers 750 avant notre ère. C’est ce qu’illustre la tombe récemment découverte à SainteCroix-en-plaine. On voit ici une urne funéraire recouverte de son couvercle. A l’intérieur ont été déposés les ossements prélevés sur le bûcher. En l’absence de traces de cendres ou de charbon de bois, les anthropologues peuvent aff i r mer que ces ossements ont été soigneusement lavés avant d’être déposés dans l’urne. Il est exceptionnel que le couvercle ait pu demeurer entier et bien en place depuis 2700 ans et que la terre n’ait pas comblé l’espace libre. Vers la fin du VIIIe siècle avant notre ère, on assiste au retour de la coutume de l’inhumation, où le défunt est à nouveau allongé sur le dos. La tombe est recouverte par un tertre, souvent de grande taille car il est destiné à tout un clan. C’est ainsi que le tumulus 1 de Riedwihr (vitrine 6) a livré 21 tombes, sans compter quelques tombes supplémentaires détruites par les labours. Le chef de la tribu est déposé au centre, avec son arme, qui est le symbole de son prestige. Tout autour, les autres sépultures sont déposées en arcs de cercle. Voir ci-contre le plan du tertre de Riedwihr 1. S’interroger Etre enterré, être incinéré à l’âge du Bronze Devant la vitrine 2, observe la tombe 3 du tumulus V à Appenwihr. Je décris Quelle est la position du corps ? Quels sont les objets qui l’entourent ? Connais-tu d’autres civilisations qui enterrent leurs morts avec des objets ? Que pouvait contenir la cruche ? Où sont placées les épingles ? A quoi servaient-elles ? Que peux-tu dire de celle placée entre les deux genoux ? Expliquer que les défunts étaient couverts d’un linceul retenu par des épingles. Penses-tu que tous les défunts étaient enterrés avec les mêmes objets ? Faire réfléchir les élèves à la notion de catégories sociales. Je réfléchis au procédé de l’inhumation Où a-t-on découvert cette tombe ? Quels indices ont permis à l’archéologue de découvrir cette tombe ? Expliquer ce qu’est un tumulus. Je deviens archéologue Comment l’archéologue peut-il dater la tombe ? (l’étude typologique des objets, carbone 14, thermoluminescence, dendrochronologie, archéomagnétisme...) Comment détermine-t-il l’âge et le sexe du défunt ? (dents et forme du bassin) Devant la vitrine 2, compare la tombe du tumulus VII d’Appenwihr à la précédente. Ces deux tombes datent de la même période mais quelle différence constates-tu ? Insister sur la simultanéité de deux rites funéraires différents (inhumation et incinération). S’agit-il d’une seule personne ? Attirer l’attention des élèves sur la présence de plusieurs défunts, notamment des enfants. Cette tombe comporte-t-elle également des bijoux ? Compare leurs formes à ceux de la tombe étudiée précédemment. Devant la vitrine 3, regarde le contenu de la cruche 2. Quelle était la fonction de cet objet ? Retrouves-tu ce type d’objets à d’autres époques ? Montrer la permanence de ce rite à l’aide des vitrines consacrées au Premier âge du Fer. Retrouve-t-on la présence de parures comme dans les tombes précédentes ? Des armes dans les tombes Retrouve ces armes : une épé en bronze (vitrine 5), une épée en fer (vitrine 5), un poignard (vitrine 6), une pointe de lance (vitrine du milieu avec bijoux d’or qui sont le symbole du statut d’un prince des enirons de 500 avant notre ère) Le poignard en fer (vitrine 6) est une pièce exceptionelle à la fois par sa rareté et par son état de conservation. Lame et fourreau sont malheureusement trop oxydés pour qu’il soit possible de les séparer. Se repérer dans le temps A travers l’étude des rites funéraires, les élèves ont été amenés à voyager dans le temps. Faire réfléchir les élèves à cette division du temps par les historiens. A l’aide des différents objets qui se trouvent dans les vitrines, et à travers l’évocation du mode de vie à ces différentes époques, expliquer la dénomination du “Néolithique”, “âge du Bronze”, “âge du ·Fer”. Réfléchir à la dénomination du monde d’aujourd’hui. Le travail peut se poursuivre avec la construction d’une frise chronologique qui mettra l’accent sur ces différentes périodes et les principales découvertes.