29 mai 2009 Epreuve écrite d`admissibilité TISF

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29 mai 2009 Epreuve écrite d`admissibilité TISF
29 mai 2009
Epreuve écrite d’admissibilité
TISF - Niveau IV – Paris et Melun
Durée : 2 heures
Accueillir l’autre, accueillir le différent
L’ouverture du domicile, dans les mille et une formes de l’hospitalité, est une pratique
fortement codifiée. Suivant des règles dites et non dites très précises, elle met en œuvre des
rituels très sophistiqués, impose des manières de se comporter (attitudes et langages) définies.
Accueillir et être accueilli observent des procédures extrêmement complexes. L’invité doit,
bien évidemment, avoir obtenu préalablement, l’autorisation de l’hôte. « Étranger » qui n’est
là qu’à titre temporaire et de par la bonne volonté de l’invitant, il se doit d’adopter les
manières de faire, d’être, de parler prévues dans ces situations. S’il n’assume pas ce rôle, soit
parce qu’il ne maîtrise pas ces règles, soit parce qu’il souhaite délibérément les transgresser,
cela entraînera malaise, tension, conflit voire expulsion de ce « mal élevé ». Dans les manuels
de bonnes manières et les guides de savoir-vivre d’autrefois, de longs développements étaient
consacrés à l’art et la manière d’accueillir mais aussi aux attitudes à adopter lorsque l’on était
reçu. On n’entre pas chez les gens comme cela, en miroir on n’offre pas son hospitalité non
plus comme cela.
On retrouve la règle fondamentale qui rend possible toute vie en société l’échange et la
réciprocité.
Offrir l’hospitalité est ouverture toujours conditionnelle de son chez-soi ; cette ouverture (et
fermeture) revient à souligner, dans la réalité mais aussi au niveau symbolique, les frontières
entre le dedans et le dehors, la distinction entre le moi (et ce qui est mien) et le non-moi (les
étrangers), les différences entre le même et l’autre. Se fermer est, incontestablement, refus du
lien et témoigne de la méfiance, de l’hostilité et de la peur de l’effraction ; à l’extrême, c’est
aussi la potentialité de l’exclusion puisqu’on a la liberté, le pouvoir de choisir ses invités.
Offrir l’asile à tous, même si cela relève d’un idéal fort, est matériellement,
psychologiquement et socialement impossible ; cela reviendrait à notifier que l’on ne possède
aucune limite.
La présence d’un invité est toujours, dans un premier temps du moins, un facteur déstabilisant
l’équilibre délicat du système familial ; une place est offerte à un étranger au cœur même de
ce qui est son chez-soi, ce qui entraîne des mouvements spontanés de rejet. Pour les dépasser,
des efforts, non seulement au niveau psychique, mais aussi au niveau technique et matériel,
sont exigés. Cet accueil va entraîner une modification des habitudes de vie, une réduction de
ses marges d’autonomie. Préoccupé par la crainte de commettre un impair, l’invité restera
toujours sur la réserve. En dépit des efforts de son hôte bienveillant qui utilisera cette formule
bien connue : « Vous êtes ici comme chez vous ! », il comprend qu’il ne doit pas prendre son
interlocuteur au mot ; au contraire il doit montrer qu’il sait rester à sa place, celle d’un
étranger. Se voyant offrir un secteur qu’il pourra s’approprier, il sait qu’il n’a pas le droit
d’évoluer dans les limites du domicile au même titre que les autres membres de la famille ; les
frontières du territoire concédé doivent être respectées. S’il a la maladresse ou l’impolitesse
de les franchir, on s’empressera très vite de lui rappeler qu’il n’est qu’un étranger toléré.
Elian DJAOUI
Intervenir au Domicile
Editions ENSP
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Travail à faire
1. Faites une synthèse rédigée de ce texte en dégageant les idées essentielles.
2. Votre futur métier peut vous conduire au domicile de personnes. Comment envisagezvous cette « entrée » au domicile de quelqu’un ? Votre réponse s’appuiera sur votre
expérience personnelle et/ou professionnelle.
Epreuve notée sur 20 :
Perception des idées essentielles = 4 points
Construction d'un raisonnement, organisation des idées = 4 points
Richesse des idées = 3 points
Implication personnelle = 4 points
Expression écrite (style, orthographe, présentation générale et soin) = 5 points
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Lundi 7 septembre 2009
Épreuve écrite d’admissibilité
Technicien de l'Intervention Sociale et Familiale
Durée : 2 heures
Grands-parents et grands-parentalités
Qu’est-ce qu’un grand-parent, dans le contexte d’un pays occidental au début du troisième
millénaire ? Comment se sent-on grand-parent et de quelle manière s’élabore l’identité grandparentale ? Que sait-on des effets de la présence du grand-parent, de la façon d’exercer la
fonction, sur le développement de l’enfant ? Autrement dit, « à quoi ça sert » un grandparent ?
Père du père ou de la mère, mère du père ou de la mère, « engendreur d’engendreur » selon
l’expression de F.Dolto (1951), les grands-parents se définissent d’abord par la place qu’ils
occupent dans la constellation familiale, par leur position dans l’ordre des générations. Leur
position en seconde ligne leur permet d’aimer leurs petits-enfants en toute gratuité, c’est-àdire sans responsabilités éducatives directes. Ils permettent alors à l’enfant de découvrir des
valeurs tierces et d’entretenir d’autres relations aux êtres et aux choses ; disponibles, à
l’écoute de l’enfant, ce sont par excellence les chroniqueurs du passé et de la famille ; par les
contes et les récits, ils s’adressent à l’imaginaire de l’enfant en l’introduisant dans un monde
magique ; par le partage d’activités privilégiées ou de moments de plaisir passés ensemble, le
grand-père ou la grand-mère renforcent l’identité sexuelle de l’enfant ; plus profondément et
spécifiquement encore, ils représentent l’enracinement, le sentiment d’appartenir à une lignée,
la transmission, l’inscription dans le temps, la confrontation à l’image de la vieillesse, voire
de la mort.
Durant cette dernière décennie, de nombreux travaux sont venus soumettre les grands-parents
à l’observation et à l’analyse des chercheurs. Les grands-parents ont simultanément suscité
une abondance littérature journalistique ou de vulgarisation : on découvre la place nouvelle
qu’ils occupent à l’issue des récents changements économiques, démographiques et sociaux ;
on s’interroge sur la permanence et la transformation de leurs rôles et de leurs fonctions.
Cet intérêt récent pour les grands-parents s’accompagne également d’une tentative
d’inscription de formes diversifiées d’éducation grand-parentale, donc de formes nouvelles
d’éducation familiale comme pratiques sociales. Si de telles pratiques récentes se
développent, c’est que les conditions d’exercices de la grand-parentalité se sont elles-mêmes
transformées durant ces dernières décennies.
Le nombre des grands-parents dans les sociétés occidentales s’est très fortement accru. Les
derniers chiffres de l’INED font état de 12,6 millions de grands-parents ; deux millions
d’entre eux sont également arrière-grands-parents. Dès les années 1970, H. Le Bras avait
calculé que seule une personne sur cent ne possédait aucun aïeul à la naissance, tandis que
près de la moitié des nouveau-nés disposaient de leurs quatre aïeuls. Un jeune de 20 ans sur
deux côtoyait encore au moins deux de ses grands-parents. Le phénomène s’explique par la
montée de l’espérance de vie au XXe siècle, et, conjoncturellement, par la fécondité
importante et précoce de la génération issue du baby-boom.
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Les grands-parents sont jeunes : la durée de vie en tant que grands-parents s’allonge, de
même que l’espérance de vivre longtemps en couple. Les grands-pères voient naître leur
premier petit-enfant à 55,5 ans ; les grands-mères à 49,9 ans. Cet écart se retrouve à tous les
âges, reflétant d’une part l’écart d’âge entre conjoints, d’autre part un âge, à la naissance du
premier enfant, plus élevé pour les hommes ! La moitié des personnes de 56 ans sont grandsparents, les trois-quarts à 66 ans ; la proportion culmine aux environs de 80 % à 70 ans. Dans
l’avenir, le recul de l’âge moyen d’accès à la maternité devrait freiner le mouvement de
rajeunissement impressionnant des grands-parents. Il n’en reste pas moins que l’assimilation
entre grand-parentalité et vieillesse ne tient plus.
Le vieillissement de la population française s’est accompagné d’une amélioration notable des
conditions de vie. Encore jeunes et en bonne santé, ces grands-parents continuent souvent à
travailler lors de l’accès à la grand-parenté. Lorsqu’ils prennent leur retraite, ils continuent
d’être très engagés sur le plan social, politique et associatif. Enfin, les personnes âgées de 60
ans ou plus occupent au cœur de la famille un rôle de pivot. Parce qu’elles côtoient deux
générations de descendants, elles peuvent les aider, ainsi que leurs propres parents. Une image
très positive des grands-parents s’est développée.
Grands-parents et grands-parentalités
B. Schneider, MC. Mietkiewicz, S. Bouyer
Eres/2005
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Travail à faire
1. Faites une synthèse rédigée de ce texte en dégageant les idées essentielles.
2. Au regard de votre expérience personnelle et/ou professionnelle, démontrez dans un
développement structuré, l’évolution du rôle des grands-parents ces dernières années.
Epreuve notée sur 20 :
Perception des idées essentielles = 4 points
Construction d'un raisonnement, organisation des idées = 4 points
Richesse des idées = 3 points
Implication personnelle = 4 points
Expression écrite (style, orthographe, présentation générale et soin) = 5 points
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MELUN, le 4 septembre 2009
Epreuve écrite d’admissibilité
TISF
Durée : 2 heures
Entre mères et grands-mères
L’arrivée d’un enfant dans une famille constitue une étape décisive dans le cycle de vie, qui
entraîne des bouleversements psychologiques et matériels importants pour la femme et pour le
couple. Ces ajustements affectent tous les domaines de la vie de la famille. Pour certains
chercheurs, il s’agit de la manifestation d’un processus de crise entraînant un état de stress.
Dans cette perspective, nous avons mis en place une enquête qui explore les modifications
survenant dans différents domaines de vie après la naissance d’un premier enfant*. Nous
procédons actuellement à l’exploitation de ces données en plusieurs étapes, en travaillant
successivement sur les évolutions affectant quatre domaines de vie des mères : la perception
du cadre résidentiel, le remodelage des relations intergénérationnelles, le rapport à l’activité
professionnelle, la dynamique conjugale, et la transformation des rôles sexués.
Nous appuierons ici notre réflexion sur les réponses à la question : « Sur qui pouvez-vous
compter le plus souvent si vous avez besoin d’aide en cas de … (différentes situations
courantes de la vie quotidienne) ».
En termes de fonctionnalité, le soutien social aux mères de jeunes enfants présente des
spécificités. Élaborant un modèle de soutien social prédictif de l’ajustement de la femme au
rôle maternel, T.G. Power et R.D. Parke (1984) distinguent quatre types de soutien : physique,
informationnel, relationnel et idéologique.
Le soutien physique ou pratique est particulièrement nécessaire, surtout pour les femmes qui
exercent une activité professionnelle. Il port essentiellement sur l’aide régulière ou ponctuelle
pour la garde des enfants pendant le travail de la mère, pendant les vacances scolaires, en cas
de maladie de l’enfant. Le soutien physique en cas d’imprévus est également indispensable.
Le soutien de détente (garde des enfants en cas de sortie des parents, de loisirs, de week-ends
ou de vacances sans les enfants) offre des moments de relâche qui permettent d’échapper
provisoirement aux tensions de la vie quotidienne avec de jeunes enfants.
En accord avec ce modèle, nos analyses permettent de distinguer deux aspects majeurs du
soutien pratique aux mères : d’une part l’aide qui permet aux femmes actives de faire face aux
situations stressantes de la vie quotidienne liées à la garde de l’enfant, d’autre part ce que
nous pourrions appeler le « soutien de détente ».
La vie des femmes actives ayant des enfants nécessite une organisation très rigoureuse. Cette
organisation est centrée autour de la gestion des activités domestiques et autour de la garde
des enfants. L’importance d’une prise en charge bien structurée de l’enfant quand ses deux
parents sont absents, laissant peu de place au hasard, émerge de façon claire. Lorsque des
évènements imprévus viennent provisoirement mettre en défaut cette organisation, il s’ensuit
une situation de stress qui nécessite de trouver rapidement une solution de rechange. Pouvoir
faire appel à son entourage dans ces cas fréquents de la vie courante, comme disent les mères
de l’étude « pouvoir compter sur quelqu’un », apporte un soulagement à l’état de stress. Du
reste, comme nous l’avons trouvé dans quelques exemples, l’organisation avec l’entourage
pour faire face aux imprévus de la vie quotidienne peut revêtir une forme véritablement
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systématisée, comme si les femmes tentaient de contrôler l’imprévisible qui surgit dans leur
vie en le faisant entrer dans un cadre plus prévisible.
La naissance d’un premier enfant vient considérablement transformer la vie sociale et
personnelle du couple. Dans la plupart des cas, les activités de loisirs des parents diminuent,
souvent plus pour les femmes que pour les hommes ; la planification des sorties, des réunions
entre amis se heurte à une contrainte d’organisation dans laquelle interviennent le souci de
préserver un rythme de vie régulier à l’enfant, correspondant aux normes éducatives actuelles,
et la question de la délégation de la garde de l’enfant à une personne de confiance.
Les couples s’adaptent plus ou moins bien à ces nouvelles exigences. Quelques-uns mettent
un point d’honneur à maintenir leur vie antérieure et c’est alors à l’enfant de s’adapter au
mode de vie des parents. Mais on observe, dans la plupart des cas, une recentration sur la vie
familiale qui laisse peu de place à une vie extérieure, une fois les tâches domestiques et
professionnelles accomplies. Certaines femmes endossent avec bonheur leur nouveau statut et
n’éprouvent pas le besoin d’avoir une vie où l’enfant serait provisoirement laissé de coté.
Elles font les comptes de ce qu’elles ont gagné et de qu’elles ont perdu depuis la naissance, et
la balance positive va souvent dans le sens des nouvelles responsabilités. C’est souvent dans
ces cas là que l’on observe un fonctionnement autarcique que nous avons repéré chez certains
couples. Mais la plupart des femmes expriment aussi le besoin de « souffler ». « Souffler »,
« se ressourcer », « s’oxygéner », les mots utilisés sont révélateurs de la nécessité quasiment
vitale pour les femmes d’échapper un court moment à la surcharge mentale occasionnée par
leur rôle parental. Le soutien social aux mères de jeunes enfants répond donc prioritairement à
cette fonction.
La mise en œuvre du soutien informationnel et de conseils paraît aussi très importante pour
les jeunes mères. Celui-ci leur apporte une aide en matière d’éducation et des modèles de
rôles parentaux basés le plus souvent sur la transmission intergénérationnelle des valeurs.
L’une des fonctions primordiales du réseau des nouvelles mères serait de fournir un
soubassement culturel et éducatif pouvant faciliter ou renforcer les changements requis par
l’apprentissage de leur nouveau rôle. Cependant, les conseils donnés par l’entourage peuvent
être considérés comme intrusifs et mal vécus, rejetés car perçus comme l’exercice d’une
volonté de contrôle de l’entourage sur l’éducation des enfants. Actuellement, dans certains
pays occidentaux, la référence aux livres spécialisés et aux professionnels de l’enfance tend à
remplacer la transmission des savoirs par la famille en matière de soins et d’éducation.
Le soutien relationnel, qui comprend à la fois le soutien émotionnel et récréatif, a aussi une
fonction majeure dans l’ajustement de la femme à la parentalité. La possibilité d’exprimer ses
émotions, de se sentir comprise, le fait d’avoir des relations intimes harmonieuses et
réconfortantes sécurisent la mère et l’aident à renforcer son estime de soi et son sentiment de
compétence par rapport à son rôle maternel. Cela est particulièrement important dans cette
période de vulnérabilité où se manifestent fortement l’anxiété et les tensions liées aux
nouvelles contraintes familiales.
Enfin, le soutien idéologique est important car il conforte la mère dans ses choix, notamment
par rapport à la reprise de son activité professionnelle et à la répartition des rôles sexués.
L’augmentation des responsabilités familiales de la femme après la naissance d’un enfant, la
perte de liberté personnelle, l’intensification de la ségrégation des rôles sexués nécessitent un
processus d’adaptation progressif qui est facilité par le soutien idéologique du conjoint et du
réseau social.
Monique ROBIN
Grands-parents et grands-parentalités
Eres / 2005
* Etude réalisée en 1997 et 1998 auprès de 66 mères ayant un premier enfant âgé de moins de 3 ans, vivant en
région parisienne.
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Travail à faire
1. Faites une synthèse rédigée de ce texte en dégageant les idées essentielles.
2. Au regard de votre expérience personnelle et/ou professionnelle, démontrez dans un
développement structuré comment la grand-parentalité peut-être un soutien ou non à la
parentalité.
Epreuve notée sur 20 :
Perception des idées essentielles = 4 points
Construction d'un raisonnement, organisation des idées = 4 points
Richesse des idées = 3 points
Implication personnelle = 4 points
Expression écrite (style, orthographe, présentation générale et soin) = 5 points
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