Cahier pédagogique - Enfants en justice
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Cahier pédagogique - Enfants en justice
Ministère de la Justice Protection Judiciaire de la Jeunesse AHES-PJM Association pour l’histoire de l’éducation surveillée et de la protection judiciaire des mineurs CENTRE D’EXPOSITION « ENFANTS EN JUSTICE » (XIXe – XXe siècles) Cah i e r p é d ag ogi que Date de la visite : NOM : Prénom : Centre d’exposition « Enfants en Justice » Ferme de Champagne Rue des Palombes – 91605 Savigny-sur-Orge BP 119 01 69 54 24 14/03 [email protected] 2 Sommaire ■ L’histoire des enfants en justice en quelques dates ...................................................... p. 4 en quelques mots ...................................................... p. 8 ■ Jeu de piste .............................................................. p. 10 ■ Pour approfondir en dessinant ................................................................ p. 12 en écrivant .................................................................. p. 14 ■ Test psychologique .............................................. p. 16 ■ Quiz .............................................................................. p. 17 ■ La chasse à l’enfant .......................................... p. 18 ■ Tes impressions .................................................... p. 19 3 L’histoire des enfants en justice… … en quelques dates ■ XIXème siècle 1810 Dans le Code pénal (articles 66 et 67) apparaît la catégorie des mineurs de justice, on y définit les notions de discernants et non-discernants pour les moins de 16 ans. 1836 Ouverture de la «Petite Roquette» première prison cellulaire réservée aux mineurs. 1839 Ouverture de «Mettray» par Demetz, c’est le modèle de la colonie agricole pénitentiaire, elle est située à une dizaine de kilomètre de Tours. 1840 Ouverture du «Bon Pasteur d’Angers» par mère Euphrasie Pelletier. 1850 Loi sur «l’éducation et le patronage des jeunes détenus». Le système des colonies pénitentiaires privées devient le modèle de prise en charge des mineurs de justice. 1876 Parution de l’ouvrage de C. Lombroso «L’homme délinquant» défendant la thèse du «criminel né». 1880 Ouverture de la colonie pénitentiaire publique de Belle-Ile en Mer à vocation agricole et maritime. 1889 Loi relative à la protection des enfants maltraités ou moralement abandonnés. 1895 Ouverture de «Doullens» dans la Somme qui est la première école de préservation publique pour filles. 4 Ecole de préservation de Doullens, vers 1920 fonds H. Manuel (CNFE, Vaucresson) Colonie agricole pénitentiaire d’Aniane, vers 1920 fonds H. Manuel (CNFE, Vaucresson) 5 ■ XXème siècle 1906 La majorité pénale passe de 16 à 18 ans : les jeunes sont considérés comme des mineurs pénaux jusqu’à 18 ans. La majorité civile est elle à 21 ans. 1912 Création des premiers Tribunaux pour enfants et adolescents (TEA), ils n’existeront que dans trois villes françaises : Paris, Marseille et Lyon. On ne crée pas encore la fonction de Juge des enfants. 1934 Révolte des colons de Belle-Ile en Mer qui sera suivie par une des plus importantes campagne de presse contre les «bagnes d’enfants». 1937 Fermeture-sanction de la colonie de Mettray suite aux graves dénonciations portées par le journaliste Alexis Danan. 02/02/1945 Ordonnance relative à l’enfance délinquante. Elle est devenue la référence en matière de justice des mineurs. Elle insiste sur la primauté de l’éducatif sur le répressif et permet la création des Tribunaux pour enfants sur tout le territoire ainsi que la fonction de Juges des enfants. Juillet 1945 Ouverture du COPES de Savigny. 01/09/1945 Ordonnance créant la direction de l’Education Surveillée, elle est autonome de l’Administration Pénitentiaire. 23/12/1958 Ordonnance relative à la protection de l’enfance et de l’adolescence en danger. Cette loi consacre la double compétence du Juge des enfants. Il peut intervenir à la fois au pénal (quand une infraction est commise) mais aussi au civil (cadre de la protection). Les mesures de vagabondage et de Correction paternelle disparaissent. 04/06/1970 Loi sur l’autorité parentale qui met sur le même plan le père et la mère en supprimant toute notion de puissance paternelle 1970 Ouverture du COPES de Juvisy (structure fermée par des murs d’enceinte). 1974 La majorité civile passe de 21 à 18 ans. La majorité pénale reste inchangée. 6 Internat professionnel de Brécourt, vers 1950 (CNFE, Vaucresson) COPES de Savigny, vers 1950 (CNFE, Vaucresson) 7 L’histoire des enfants en justice… … en quelques mots ■ Administration pénitentiaire : Il s’agit de l’administration en charge des détenus (mineurs et majeurs). Elle est rattachée au Ministère de l’intérieur jusqu’en 1911, puis au Ministère de la Justice. ■ Bons Pasteurs : Les jeunes filles déviantes sont à partir des années 1840 essentiellement prises en charge par des institutions religieuses cloîtrées dépendant d’une maison mère qui se nomme Le Bon Pasteur d’Angers. ■ Colonie agricole pénitentiaire : Il s’agit du terme administratif pour ce qu’on appelle dans le langage courant les «maisons de correction» ou «maisons de redressement». A partir des années 1840 de nombreuses colonies ouvrent, elles sont tout d’abord d’initiative privée, et situées à la campagne car on veut «sauver le colon par la terre, et la terre par le colon». Ce type d’établissement sera un modèle pour toute l’Europe pendant près de cent ans. ■ COPES : Centre d’observation public de l’éducation surveillée. Ces centres sont crées à partir de 1945. Ce sont des internats qui permettent une observation «scientifique» des jeunes pendant 3 mois. Les résultats de cette observation devraient permettre au juge des enfants de mieux connaître la personnalité du mineur et ainsi de choisir la solution la plus adaptée. A Savigny, le COPES ouvre en juillet 1945 et arrêtera de fonctionner comme centre d’observation au début des années 1970. ■ Correction paternelle : Cette loi de 1804 permet à un père de famille qui a «de graves mécontentements vis-à-vis de son enfant» de demander au Juge un placement en maison de correction, sans avoir besoin de se justifier. 8 ■ Discernant / non-discernant : Le Code pénal de 1810 instaure pour les mineurs ces deux notions un peu complexes. Suite à une infraction le juge doit décider si le jeune est responsable ou non de la gravité de son acte. Si oui, il est déclaré discernant, coupable des faits et il est le plus souvent incarcéré (pour une période assez courte). Si non, il est déclaré non-discernant, il est acquitté mais en même temps le Juge peut décider de le placer, souvent pour une durée beaucoup plus longue que l’incarcération. ■ Ecoles de préservation : Ce sont des établissements publics réservés aux jeunes filles «déviantes». Ils sont peu nombreux (moins de 5 entre 1880 et 1945) et sont gérés par l’Administration pénitentiaire. ■ Education surveillée : Ce service dépend de l’administration pénitentiaire jusqu’en 1945. Il devient une direction autonome du ministère de la Justice à partir de septembre 1945. Il se charge de toutes les mesures éducatives concernant les mineurs. En avril 1945, le statut d’éducateurs de l’Education surveillée est créé. ■ Juge des enfants : Il arrive en 1945. C’est le magistrat de la jeunesse et de la famille, avec des compétences particulières qui le distingue des juges en charge des majeurs. ■ PJJ : En 1990, l’Education surveillée change de nom et devient la Protection Judiciaire de la Jeunesse. ■ Vagabondage : En France jusqu’en 1935 le vagabondage est un délit, c'est-à-dire qu’il est interdit de fuguer. Les adultes et les enfants «sans travail et sans domicile» sont considérés comme des vagabonds, ils peuvent être arrêtés, jugés et punis. Pour les mineurs vagabonds la peine la plus fréquente est le placement en «maison de correction». 9 Jeu de piste au CO 1. Quelles sont les tares (maladies) de ces garçons ? 2. Trouve la ph Quel aspect ont viennent d’arriv classification observation À toi de jouer rédemptio comptage jugement réinsertion rébellion condamnation 4. Cite trois types d’objets dont les enfants étaient obligés de se séparer. 5. Qu’est-ce qu’une «cage à poule» ? rééducati PES de Savigny-sur-Orge 3. Quel est cet habit ? À quoi sert-il ? hoto du Val d’Yèvre. t les enfants qui ver ? Graffiti on ion évasion punition prévention confession Chambrette reconstituée À toi de trouver maintenant… 6. Combien de «chambrettes» sont conservées ? 7. Cite trois établissements qui accueillaient des enfants en France. Pour approfondir… … en dessinant : Voici le type d’exercice qu’on proposait aux jeunes placés au COPES de Savigny-sur-Orge 12 Et toi, que dessinerais-tu, maintenant ? Remplis les cases en respectant la consigne : « vos souvenirs heureux et malheureux ». 13 … en écrivant : Voici quelques rédactions proposées aux jeunes du COPES de Savigny. Et toi que répondrais tu ? ■ Ecris tout ce qui te passe par la tête sans réfléchir. Fais-le sans tricher, tu verras ce sera amusant. ■ Si le monde devait disparaître dans deux jours, que ferais-tu ? ■ Si tu étais invisible, que ferais-tu ? ■ Si tu avais le pouvoir de réaliser trois vœux. Lesquels choisirais-tu ? ■ Quel est l’événement qui t’a le plus marqué ? 14 Voici ce qu’écrit le jeune Fabien en 1959… 15 Test psychologique Voici un petit test qu’on faisait passer aux jeunes de Savigny. Il s’agit de remettre dans l’ordre les scénettes pour reconstituer l’histoire. À toi de jouer… David WECHSLER, échelle d’intelligence de Wechsler pour adultes WAIS, Editions du Centre de psychologie appliquée, Paris, 1968. 16 Quiz ■ Pourquoi les colonies sont-elles une amélioration pour le traitement des enfants ? ■ En quoi les colonies sont-elles violentes pour les enfants (donner deux exemples) ? ■ Pour quelles raisons principales place-t-on les enfants dans les maisons de correction ? ■ Qui s’occupe des jeunes filles déviantes ? Que leur est-il reproché principalement ? ■ Qu’est ce que la «Chasse à l’enfant» ? ■ Pourquoi la révolte de 1934 à Belle-Ile a été très importante ? ■ En quoi l’ordonnance de février 1945 a-t-elle modifié le traitement des jeunes par la Justice ? 17 La ch asse à l’enf ant Jacques Prévert C’est une révolte des colons de la colonie de Belle Île en Mer qui inspira ce poème à Jacques Prévert. Il le dédia à Marianne Oswald qui le chanta dans les cabarets et les faubourgs de Paris. Bandits ! voyou ! voleur ! chenapan ! Au dessus de l’Île on voit les oiseaux Tout autour de l’Île il y a de l’eau Bandits ! voyou ! voleur ! chenapan ! Qu’est-ce que c’est que ces hurlements Bandits ! voyou ! voleur ! chenapan ! C’est la meute des honnêtes gens Qui fait la chasse à l’enfant Il avait dit j’en ai assez de la maison de redressement Et les gardiens à coups de clefs lui avaient cassé les dents Et puis ils l’avaient laissé étendu sur le ciment Bandits ! voyou ! voleur ! chenapan ! Maintenant il s’est sauvé Et comme une bête traquée Il galope dans la nuit Et tous galopent après lui Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes Bandits ! voyou ! voleur ! chenapan ! C’est la meute des honnêtes gens Qui fait la chasse à l’enfant Pour chasser l’enfant pas besoin de permis Tous les braves gens s’y sont mis Qu’est-ce qui nage dans la nuit Quels sont ces éclairs, ces bruits C’est un enfant qui s’enfuit On tire sur lui à coup de fusil Bandits ! voyou ! voleur ! chenapan ! Tous ces messieurs sur le rivage Sont bredouille et verts de rage Bandits ! voyou ! voleur ! chenapan ! Rejoindras tu le continent rejoindras-tu le continent Au-dessus de l’Île on voit des oiseaux Tout autour de l’Île il y a de l’eau 18 Tes impressions après cette visite : 19 Impression Atelier EPIGRAPH • 01 48 41 45 94 • CAEI de Villemomble 93 • édition juillet 2007 Nous dédions ce lieu à tous les jeunes qui sont passés par ces centres, qu’ils soient dénommés « inéducables, inamendables, apaches, délinquants, pervers, inadaptés, jeunes voyous, incasables, sauvageons… »