Chants d`union sud-africains
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Chants d`union sud-africains
Chants d’union sud-africains Article blog Xo Africa (2015) Vous vous souvenez sûrement de ce chant repris en choeur par les supporters des Bafanas Bafanas lors de la Coupe du Monde de foot en 2010 : Shosholoza. Cette chanson popularisée quelques années plus tôt lors de la Coupe du Monde de Rugby de 1995, considérée par certains comme un second hymne national, a le pouvoir de susciter l’émotion tout en donnant un sentiment de force lorsqu’elle est reprise par plusieurs voix, et a fortiori par un stade entier ! Shosholoza, qui signifie en Ndebele1 «Aller de l’avant», évoque le courage. Les migrants zimbabwéens la chantaient dans le train à vapeur qui les amenait travailler dans les mines d’or et de diamants d’Afrique du sud dès la fin du 19e siècle. Plus tard, les travailleurs zoulous reprirent ce chant pour donner du rythme à leur travail et se donner de l’ardeur à la tâche. Nelson Mandela racontait qu’il la chantait alors qu’il était contraint aux travaux forcés dans sa prison de Robben Island. Aujourd’hui, Shosholoza est devenu un hymne chanté dans beaucoup d’événements sportifs, résonnant comme un chant d’encouragement et de motivation et bien entendu d’union. >>Écouter Shosholoza par The Drakensberg Boys Choir<< D’autres chansons, moins connues dans le monde mais qui font partie de l’histoire sud-africaine, ont bien sûr une origine plus politique. Pendant les années noires de l’apartheid, Hendrik Verwoerd, Premier Ministre, considéré comme « L’Architecte de l’apartheid », fit l’objet d’une chanson de protestation composée par Vuyisile Mini2 : Ndodemnyama we Werwoerd (Fais attention, Verwoerd), qui devint une des chansons les plus populaires du pays. Elle fut repris, entre autres par Miriam Makeba, porte-voix internationale de la lutte anti-apartheid. Les paroles sont plus dures que l’air gai ne le laisse paraître. Elles sonnent comme un avertissement : « Attention Verwoerd, voilà l’homme noir, tes jours sont comptés… >>Écouter Ndodemnyama we Werwoerd par Miriam Makeba<< En 1955, lorsque l’Afrique du sud fut divisée en zones délimitées par la race, les noirs furent chassés de Sophiatown, un des plus vieux quartiers de Johannesburg, qui fut alors détruit, pour construire à la place une banlieue blanche. Cette destruction est à l’origine de la création de la chanson «Meadowlands», en référence au township de Meadowlands dans lequel les expulsés furent relogés. Sous son air entraînant et ses paroles ambigües, Meadowlands peut passer pour une chanson gaie, mais en réalité, elle exprime la douleur ressentie par les habitants de Sophiatown face à l’évacuation et à la destruction de leur maison. >>Écouter Meadowlands par African Jazz Pioneers with Dolly Rathebe << Enfin, si l’on devait choisir un chant symbolisant le mieux l’unité, l’hymne national sud-africain en est sûrement la plus belle représentation. Depuis 1997, le chant national est une combinaison de «Nkosi Sikelel’ iAfrika» (God Bless Africa), chant religieux créé à la fin du 19e siècle et repris par la suite comme hymne officiel par l’ANC, et de « Die Stem van Suid-Afrika » (The Call of South Africa), ancien hymne national d’Afrique du Sud, notamment pendant l’apartheid. On ne peut trouver plus beau symbole d’union et de pardon que la fusion de ces deux chants qui ont représenté pendant des années deux mouvements en totale opposition. Que tous les sud-africains s’approprient les paroles du chant de ceux qui étaient hier leur ennemi est un acte non seulement beau et courageux, mais fondateur de l’Afrique du Sud postapartheid. >>Écouter l’hymne national sud-africain<< [ 1) Ndebele : Groupe ethnique zimbabwéen et sud-africain 2) Vuyisile Mini est un compositeur, chanteur et un activiste de l’ANC exécuté en 1964 par le pouvoir de l’apartheid. Source : Article de Michela E. Vershbow : « The Sounds of Resistance: The Role of Music in South Africa’s Anti-apartheid Movement » (Les sons de la résistance : le rôle de la musique dans le mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud) Pour aller plus loin : http://www.studentpulse.com/articles/265/the-sounds-of-resistance-the-role-of-musicin-south-africas-anti-apartheid-movement «Amandla! A Revolution in Four Part Harmony» –Un documentaire de Lee Hirsch (2002) Photos (de haut en bas) 1, 5, 6 (dans le film «Come back Africa»), 7 (avec Nelson Mandela) : Miriam Makeba 2, 3, 6, 8 : Images du film «Come back Africa» de Lionel Rogosin (1959), un portrait de Johannesburg pendant l’apartheid.