these cea 2016 – 2019
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THESE CEA 2016 – 2019 SUJET : LACUNE DE MISCIBILITE DANS LE COMBUSTIBLE NUCLEAIRE IRRADIE : UNE ORIGINE POUR LA FORMATION DU HBS ? CONTEXTE : Le combustible des centrales nucléaires françaises est pour l’essentiel une céramique de dioxyde d’uranium ou de dioxyde mixte uranium-plutonium (MOX pour Mixed Oxide). Ce combustible d’un très bon niveau de performance général fait l’objet d’une démarche de recherche et développement constante en vue de toujours optimiser ses performances tant économiques que de sûreté, et ce dans un contexte industriel de plus en plus concurrentiel. Une des clés de cette optimisation passe par l’élucidation des mécanismes responsables de la formation de la structure à fort taux de combustion (dont l’acronyme anglais est HBS pour High Burnup Structure). Le HBS se caractérise par une modification microstructurale majeure de la céramique oxyde aux forts taux de combustion. Lors de cette transformation, la majorité des gaz de fission produits forme des bulles quasi micrométriques et les grains initiaux de la céramique, d’une taille initiale d’environ 10 µm, se subdivisent en grains de taille submicronique. Depuis les premières observations, la formation du HBS a généralement été attribuée aux effets de l’irradiation, c’est-à-dire à l’accumulation de dommages créés dans la structure cristalline de l’oxyde par le passage de particules énergétiques issues des fissions. Cependant, l'influence de la présence initiale de certains éléments (Cr, Pu, Gd…), parfois en faible quantité, sur le début plus ou moins précoce de cette transformation, n'a jamais été totalement expliqué. Un progrès significatif a été atteint récemment grâce aux travaux menés dans la thèse de Giannina Dottavio (2014) où on a pu montrer l’existence d’une lacune de miscibilité dans le système Uranium-Oxygène-Néodyme. L'existence d'une telle lacune de miscibilité, impliquant certains produits de fission, le plutonium et des additifs cationiques, est très probable, dans le combustible oxyde. La concentration minimale nécessaire, pour obtenir l’apparition de la lacune de miscibilité, de ces éléments peut correspondre aux ordres de grandeur des productions aux taux de combustion seuils de la formation du HBS. OBJECTIFS : Pour mieux préciser le lien entre lacune de miscibilité et HBS, ce travail de thèse a pour objectif premier d'assoir la présence effective d'une lacune de miscibilité dans le combustible irradié et, ensuite, d’étudier les modifications de microstructure générées par des chemins parcourus dans le système Uranium-Oxygène-Produits de Fission où l’on traverserait la lacune de miscibilité. En effet, il existe de nombreux systèmes pour lesquels une transition de phases structurales génère un changement de microstructure, notamment avec la formation de domaines de structures cristallines différents. Plus précisément on se concentrera sur les questions suivantes : - Trouve-t-on des signes indiscutables de cette lacune de miscibilité, à température ambiante, dans le combustible irradié ? - l'entrée du combustible irradié dans cette lacune de miscibilité du fait de l’augmentation de son taux de combustion joue-t-elle un rôle dans la formation de l'HBS ? - comment évolue le HBS lorsque le combustible irradié sort de la lacune de miscibilité du fait d’une augmentation de température ? PROGRAMME D’ETUDES : Pour appréhender ces questions, on s’appuiera, de manière assez classique maintenant au laboratoire, sur deux axes de recherches distincts menées en parallèle et impliquant des mesures expérimentales effectuées sur matériaux non irradiés et sur des combustibles irradiés du parc électronucléaire d’EdF. La manipulation des combustibles irradiés (et irradiant) est complexe. Cependant on tentera d'identifier les situations dans lesquelles cette lacune de miscibilité devrait être détectée dans des zones où l'HBS s'est formée où est en cours de formation. Une recherche de cette lacune de miscibilité s'appuiera ensuite sur les moyens disponibles au LECA-STAR, en particulier sur le nouveau MEB-FIB+EBSD et sur la diffraction de rayons X. On s’attachera de plus à réaliser une expérience sur la ligne MARS du synchrotron SOLEIL qui est la plus à même de mettre en évidence finement les évolutions structurales du combustible irradié. Par la suite, des cycles thermiques effectués sous PO2 contrôlée sur l’installation MERARG pourront servir à évaluer une possible évolution de cette lacune de miscibilité. Les matériaux non irradiés seront, comme cela a été le cas lors de la thèse de Giannina Dottavio, des céramiques de dioxyde d’uranium dopées avec un (ou deux) élément(s) chimique(s) représentatif(s) des produits de fission dont le système ternaire (ou quaternaire) présente une lacune de miscibilité. Ces matériaux modèles sont aujourd’hui bien décrits de manière théorique avec des modélisations thermodynamiques du type CALPHAD. Il sera ainsi possible de réaliser des protocoles expérimentaux, en faisant varier la teneur en oxygène de l’atmosphère et/ou la température, qui permettent de traverser la lacune de miscibilité de manière contrôlée et d’observer les modifications microstructurales qui en résultent. Du fait de leur nature, ces matériaux pourront plus aisément être caractérisés par des techniques du type MET et/ou synchrotron in-situ, cruciaux pour répondre à la problématique posée. Cette étude sera menée au sein du Département d’Etudes des Combustibles (DEC) du CEACadarache, dans les Bouches du Rhône. CONTACT : Fabienne AUDUBERT 04.42.25.76.47 [email protected]