holy motors
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Fiche 1013 du 18 au 31 juillet 2012 http:// cinemateur01.com Holy Motors de Leos Carax Sortie 4 juillet 2012 Durée : 1h 55min Réalisé par Léos Carax Avec Denis Lavant , Edith Scob, Eva Men Nationalité : Français, allemand Adulé dans les années 80, banni la décennie suivante, le cinéaste français, à jamais associé au fiasco des Amants du Pont-Neuf, revient avec Holy Motors. De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue da- me blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où est sa maison, sa famille, son repos ? Télérama : StudioCinéLive : La formule critique reste à in- "Si une immense nostalgie fil- "Nombreux sont ceux qui sont Libération : venter qui saurait dire d'une même langue l'envers et l'endroit de ce film, sa surface et son intimité, son objet et son sujet, à la fois la plus extraordinaire affirmation de l'art cinéma réalisée de puis longtemps et le plus émouvant, le plus tendre, féroce, drôle, beau et complet des portraits humains qu'un film puisse nous offrir." [Olivier Séguret] tre, Carax broie du noir avec un sens de l'humour étincelant (...) et une inventivité époustouflante. Trouvaille magiques, émotions intenses et chansons sublimes (...) du début à la fin : un feu d'artifices." [Louis Guichard] entrés dans la salle de projection en freinant des quatre fers. Pour ressortir deux heures plus tard en sur-régime. Ravis et comblés. Et fascinés par le fait que Carax aura amené à Cannes une dose incroyable de poésie et de légèreté, d'amour et d'humour." [Fabrice Leclerc] Leos Carax, portrait d'un réalisateur écorché Si tout avait marché comme prévu, le nom de Léos Carax serait aujourd'hui connu d'à peu près tous. Sauf que non. Il arrive parfois que des promesses ne tiennent pas, que le cours des choses précipite dans l'abîme ceux que l'on voyait sur les cimes. Le quinqua Carax présente, cette année Holy Motors son cinquième long métrage en près de trente ans d'une carrière pleine de trous noirs Une, deux, voire trois générations de cinéphiles sont, depuis, passées devant lui sans le voir. Artiste option génie, forcément précoce : Boy Meets girl à 24 ans, Mauvais sang à 26, les amants du pont neufà 30 ans à peine ! Puis, le purgatoire des maudits. Le surdoué disparaît lentement, oublié d'à peu près tous, mis au ban par une industrie qui s'accommode mal des écorchés, surtout ceux qui ont du talent. Et lorsqu'il réapparaît enfin avec Pola X, en 1999, c'est la curée. Le cas Carax est épineux. Les ombres maléfiques de Rimbaud et Lautréamont planent au-dessus de sa caméra. Que s'est-il donc passé au juste ? Un bonheur inouï Les choses débutent très bien, en 1984. Boy Meets Girl, histoire d'amour impossible sur fond de désolation existentielle, impressionne la critique. Le réalisateur a le même âge que ses deux interprètes : Mireille Perrier et le diablotin Denis Lavant, double fictionnel du réalisateur. Avec son noir et blanc granuleux, sa façon expressive de jouer avec les ruptures le tout mâtiné d'un romantisme affirmé, on pense à Godard qui aurait ricoché sur Garrel. Mais, au-delà des références, s'affirme ici une écriture à la fois sèche et romanesque, une liberté de mouvement indéniable. Et tant mieux si elle n'est pas toujours canalisée. Voilà le film d'un gamin de 20 ans qui sait regarder son époque et la mélancolie qui va avec. Les origines biographiques du jeune homme sont soigneusement brouillées par l'intéressé. Né Alexandre Dupont, à Suresnes, en 1960, l'homme s'est créé un avatar dont le nom est le résultat d'une anagramme entre son vrai prénom et Oscar, en référence à la prestigieuse statuette hollywoodienne. En 1986, Mauvais sang confirme les attentes. Julette Binoche, le toujours funambule Denis Lavant et puis Michel Piccoli en commandeur, forment un beau triangle amoureux dans un Paris frappé d'un étrange virus. Tout ici est rouge sang. On court vite, on roule à moto sans casque mais serré l'un à l'autre, on avoue tragiquement ses sentiments, on exige un "bonheur inouï" et puis on meurt, à bout de souffle. Mauvais sang remporte le prix Louis Delluc et engrange 600 000 entrées ! Carax est une star. Godard le fait tourner dans son King Lear et le couple qu'il forme avec Binoche à la ville ajoute à la beauté . En 1988, il prépare Les amants du PontNeuf. Binoche-Lavant, à nouveau couple, clochards célestes d'une ville égout dont ils font pourtant une fête. Seulement, le tournage vire au tragique. Lavant se blesse, le vrai Pont-Neuf n'est bientôt plus disponible, l'argent fond comme neige au soleil. Ce gros morceau de Paris est donc entièrement construit ailleurs mais Carax cogite, exige l'impossible. Les décors s'écroulent, le film est mis entre parenthèses. En 1991, les amants s'aiment enfin sur grand écran mais pas suffisamment pour payer l'addition. Carax devient un danger industriel. Il entre illico dans le tunnel des bannis. En 1999, Pola X, libre adaptation de Pierre ou les ambiguïtés, d'Herman Melville, est assez brillant mais n'a plus le charme insouciant des 20 ans. En 2008, c'est Merde, court métrage issu du programme Tokyo! présenté à Cannes.Enfin, le come-back du roi Léos L2Leos !