Jean-Jacques Bourdin : « La classe politique manque un

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Jean-Jacques Bourdin : « La classe politique manque un
la baule + médias
12 avril 2014
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Le journaliste radio le plus populaire de France publie
« L’Homme libre »
Jean-Jacques Bourdin : « La classe politique manque
un peu de tenue et de rigueur. »
J
ean-Jacques Bourdin est
devenu le journaliste
radio le plus populaire de
France lorsqu’il a lancé sur RTL
l’émission «Les auditeurs ont la
parole». En 2000, un éphémère PDG
de la station, Stéphane Duhamel,
prend l’initiative de virer Philippe
Bouvard et de supprimer «Les
auditeurs ont la parole». JeanJacques Bourdin claque alors la
porte. Le destin le met en relation
avec Alain Weill, ancien bras droit
de Jean-Paul Baudecroux à NRJ,
qui est en train de lever des fonds
pour racheter RMC, station qui
subit un échec d’audience depuis
des années… Alain Weill lance
la nouvelle formule de RMC avec
Jean-Jacques Bourdin et le succès
est au rendez-vous. Jean-Jacques
La Baule+ : Il n’a pas fallu
de longues séances de réflexion pour trouver ce titre,
« L’Homme libre », car depuis
des années, lorsque l'on cite
votre nom, les gens disent :
«Bourdin, il est libre !» C’est
le qualificatif qui revient le
plus souvent…
Jean-Jacques Bourdin : Cela
me fait plaisir. Le choix était
clair. Il était clair parce que
cela fait maintenant plusieurs mois que l’on utilise ce qualificatif pour nos
campagnes publicitaires à
RMC. Il était clair aussi pour
le titre parce qu’il résume
ce qu’il y a dans ce livre. Je
ne prétends pas être le seul
homme libre, mais je prétends - et ce n’est d'ailleurs
pas de la prétention - que
je suis libre... Je me sens
libre d’exercer mon métier
comme je l’entends. Je suis
maître de mes choix, de mes
interviews, de mes sujets et
Bourdin est aimé des Français
parce qu’il incarne une France de
liberté, de bon sens et sans langue
de bois.
Il vient de publier, avec les
journalistes Anne Nivat (son
épouse) et Patrick Mahé, un livre
intitulé «L’Homme libre», dans
lequel il revient sur son parcours
et nous emmène dans les coulisses
de ses rencontres avec des
personnalités telles que François
Hollande, Nicolas Sarkozy, Manuel
Valls, Marine Le Pen, Jean-Luc
Mélenchon, Ségolène Royal et bien
d’autres encore.
Jean-Jacques Bourdin était l’invité
de Yannick Urrien mardi 11 mars
dernier sur Kernews 91,5 FM. Un
entretien sans langue de bois…
de la hiérarchie parce que,
dans le journalisme, il y a
toujours une hiérarchie. Et
puis, tous les auditeurs qui
s’expriment sur la radio ont
la possibilité de le faire librement, de dire ce qu’ils ont
envie de dire et, surtout, de
nous faire partager l’expérience qu’ils vivent.
dès que l’on
dit les choses,
tout à coup
la suspicion
s’installe
Les gens disent : «Il est libre».
Cela sous-entend qu'ils estiment que les autres ne le
seraient pas… Or, le propre
de l’homme, c’est la liberté !
Quand on parle d’un animal,
comme d'un oiseau, on dit
qu’il est libre ou qu'il est en
cage... Il n’y a pas d’alternative !
C’est complètement vrai. Je
m’étonne que l’on s’étonne
qu’un journaliste ne puisse
pas employer l’expression
«l'homme libre». Parfois, ce
titre a été critiqué. Mais un
journaliste est libre, je l’espère, c’est l’essence même de
notre métier. Je suis surpris
que l’on soit surpris… Mais
en France, dès que l’on dit
les choses, tout à coup la suspicion s’installe : Comment
peut-il dire cela ? Comment
peut-il faire cela ? Il gagne de
l’argent, mais c’est suspect…
Il dit qu’il est libre, mais c’est
suspect...
Vous commencez par souligner votre attachement à
votre région, les Cévennes.
Vous y allez chaque weekend et j’ai le sentiment qu'il
n'est pas innocent de votre
part d’avoir commencé par
parler de la province…
Ce n’est pas innocent du tout
et, dans ces pages, au début
ou à la fin, j’exprime ce que
je suis et ce en quoi je crois.
Je crois en une forme de régionalisme. Mais dans le bon
sens du mot. Je crois en une
décentralisation car j’en ai
assez, moi qui suis provincial
de coeur, cévenol d’origine,
du diktat parisien, du diktat
économique, politique et surtout intellectuel. J’en ai assez
que tout soit réglé par Paris.
Oui, je suis un régionaliste,
mais un régionaliste qui n’est
pas fermé : un régionaliste
ouvert. Un régionaliste qui
pense que dans les régions,
on fait beaucoup de choses
- c’est peu apprécié, malheureusement - et qu’il faut le
dire.
Quand on est
interviewer
politique, on
doit garder ses
distances
Face au régionalisme, il y a
Paris et ce que l’on appelle la
société de connivence. Vous y
consacrez même un chapitre
complet. Vous n’avez jamais été tenté de flirter avec
les politiques et d’accepter
des déjeuners. Vous racontez comment leurs conseillers essaient de connaître
les thèmes des questions la
veille, comment ils restent
plantés devant la machine à
café avec leur smartphone en
tapant des notes...
Tenté, jamais... Approché,
souvent… J’ai été souvent
approché par des conseillers d’hommes politiques,
quel que soit leur bord,
d’ailleurs, qui souhaitaient
que j’aille déjeuner parce
que, quand le conseiller
arrive à décrocher pour son
patron un déjeuner avec un
journaliste reconnu, le communicant est évidemment
valorisé... Je n’ai jamais accepté cela, pour une raison
très claire : je ne suis pas
journaliste politique, je n’ai
donc pas besoin de côtoyer
les hommes politiques pour
recueillir des informations
qui pourraient nourrir un
commentaire ou une analyse. Je suis interviewer
politique. Quand on est in-
terviewer politique, on doit
garder ses distances. Garder
ses distances, cela permet
de poser des questions auxquelles l’invité politique
ne s’attend pas. Si j’allais
déjeuner ou dîner avec des
responsables politiques, je
perdrais évidemment cette
liberté dans le choix de mes
questions. Donc, j’ai choisi
ce comportement. Cette
façon de faire m’appartient.
Je ne dis pas que ce soit
la meilleure, mais c’est la
mienne.
je n’ai pas fait
d’école de
journalisme
Il y a un paradoxe car vous
êtes le journaliste radio le
plus apprécié des Français,
alors que vous n’avez pas fait
d’école de journalisme. Ceci
explique peut-être cela…
C’est vrai que je n’ai pas fait
d’école de journalisme. J’ai
fait, si je peux dire, l’école
de la vie, puisque j’ai exercé
plusieurs métiers : j’ai été
VRP, chauffeur-livreur et
j’ai vendu de l’assurance au
porte-à-porte.
Finalement,
c’est une chance parce que
cela m’a permis d’écouter,
de rencontrer beaucoup de
monde et de ne pas être trop
formaté. Mais je ne dis pas
que les écoles de journalisme
soient mauvaises…
Mais elles formatent leurs
élèves…
Elles formatent, malheureusement, même si, aujourd’hui, il y a une prise de
conscience autour de cela. Je
vois arriver les jeunes journalistes et je sens qu’ils sont
un peu moins formatés qu’ils
pouvaient l’être il y a dix ou
quinze ans. Mais il est vrai
que je me suis cultivé au fil
du temps.
Dans votre livre, vous racontez votre parcours, comment
vous avez été recruté par
RTL, et vous rendez hommage à cet homme merveilleux qu’était Raymond Castans, qui vous a remarqué
et engagé. Ensuite, vous êtes
resté pendant 25 ans à RTL !
Tout-à-fait.
J’aimerais citer quelqu’un
qui est fantastique à sa manière parce que, celui-là, on
ne l’a pas inventé deux fois: il
s’appelle Stéphane Duhamel,
il a été PDG de RTL lorsque
Jacques Rigaud avait quitté
la direction et c'est lui qui a
pris l'initiative de se séparer
de Philippe Bouvard et de
Jean-Jacques Bourdin...
Exact.
J’ai quitté RTL
car j’avais
dans l’idée de
développer
l’interactivité
On ne peut pas commettre
une plus grande erreur marketing que cela. C’est un peu
comme si l'on était nommé
PDG de Coca-Cola et que
l’on décide de supprimer
le gaz du soda : le produit
n’existe plus !
Complètement ! C’est vrai
qu’il y avait à l’époque une
tendance au jeunisme. Vous
vous rendez compte, c’était
en 2000 ! En 2000, Bouvard
était déjà trop vieux pour Stéphane Duhamel.... Et moi, en
2000, j’étais déjà trop vieux,
alors que j’étais encore dans
la force de l’âge... En ce qui
me concerne, je présentais le
Journal de 13 heures et «Les
auditeurs ont la parole». Cela
marchait très bien. En fait, j’ai
précédé, puisque c’est moi
qui suis parti... J’ai quitté RTL
car j’avais dans l’idée de développer l’interactivité, mais
il n’a pas voulu. C’était une
façon de me dire : «Prenez
la porte». Je suis donc parti
de moi-même. J’ai d'ailleurs
abandonné mes indemnités...
Peu importe, je suis parti
parce que je n’en pouvais
plus. C’était cela ma liberté
aussi. Je ne pouvais plus travailler comme je l’entendais.
Quant à Philipe Bouvard,
quelle erreur monumentale !
Savez-vous que ces deux décisions de Stéphane Duhamel
ont coûté quatre points d’audience à RTL, qui a perdu
entre deux et trois millions