La Lettre # 3 - WordPress.com

Transcription

La Lettre # 3 - WordPress.com
La lettre d’Archimède
Actualités de l’Eldo
Sommaire
No 3 — 11 avril 2015
Histoire de Judas
Lost River — 20 000 Jours sur Terre
Le Cousin Jules
Le film mystère
Prochains rendez-vous à l’Eldo
Cette semaine à l’Eldorado
HISTOIRE DE JUDAS
un film de Rabah Ameur-Zaïmeche
Fais ce que tu dois faire. Et fais-le vite. — Évangile de Jean 13, 27
Il y a près de 2 000 ans, dans le district de Judée administré par le préfet Ponce Pilate, vit Judas, à la fois
ami, disciple et intendant de Jésus, un prédicateur galiléen réputé pour sa sagesse et sa bonté. Le pouvoir
romain, cherchant à éliminer tout germe de rébellion au sein de la population, arrête Carabas, un fou
qui se déclare « Roi des Juifs », puis Jésus dont la popularité l’inquiète…
Nécessairement, une histoire de Judas est aussi une vie de Jésus. Le film de Rabah Ameur-Zaïmeche n’est
pas une hagiographie filmée, contrairement au film de Franco Zefirelli (Jésus de Nazareth, 1977) par
exemple ; des épisodes clefs des Évangiles sont repris — le jeûne dans le désert, les marchands du
Temple, la lapidation de la femme adultère… — mais, même s’ils sont évoqués, les miracles ne sont pas
montrés, le film adoptant une vision plus crédible de l’histoire du Messie. Toutefois, peu à peu, Histoire
de Judas se détache du récit du Nouveau Testament, en proposant une lecture décalée et construisant
un Christ légendaire qui ne serait pas Jésus, mais la composée de plusieurs hommes. Acteurs de la Passion, maltraités par la tradition, Judas, Ponce Pilate et Caïphe bénéficient de cette révision. Cette nouvelle « vie du Christ » remet moins en cause l’homme et son enseignement que la création d’une religion
et de l’Église.
Rabah Ameur-Zaïmeche a le génie des décors et des ambiances. Aux paysages désertiques, balayés par
le vent et bruissant du chant des insectes, à la beauté du clair-obscur des scènes de nuit autour d’un
foyer, s’oppose la froide géométrie des bâtiments romains où se trame avec cynisme la politique coloniale. Certes, Histoire de Judas est un film âpre, austère, parfois contemplatif, c’est surtout une réflexion
sur le pouvoir et la soumission, la relecture intelligente et actuelle du mythe fondateur de l’Occident.
Histoire de Judas (France ; 2015 ; 99’ ; couleur, 1.85:1 ; 5.1), produit, écrit et réalisé par Rabah Ameur-Zaïmeche ; image d’Irina
Lubtchansky, son de Bruno Auzet, montage de Grégoire Pontécaille, montage son et mixage de Nikolas Javelle, musique
d’Élise Caron, Nabila Mokeddem et Rodolphe Burger ; avec Nabil Djedouani (Jésus), Mohamed Aroussi (Carabas), Rabah
Ameur-Zaïmeche (Judas), Marie Loustalot (Bethsabée), Patricia Malvoisin (Suzanne), Eliott Khayat (le scribe), Régis Laroche
(Ponce Pilate), Xavier Mussel (Ménénius), Roland Gervet (le centurion), Nouari Nezzar (Caïphe). Distribué par Potemkine
Films. Prix du jury œcuménique (sélection Forum) au Festival de Berlin 2015.
Et aussi…
Lost River
20 000 jours sur Terre
Lost River
Lost River (États-Unis ; 2014 ; 95’ ; couleur, 2.40:1 ; 5.1), écrit et réalisé par Ryan Gosling, produit par Michel Litvak, David
Lancaster, Marc Platt, Adam Siegel et Ryan Gosling ; décors de Beth Mickle, costumes d’Erin Benach, image de Benoît Debie,
son de Lon Bender, montage de Nico Leunen et Valdís Óskarsdóttir, musique de Johnny Jewel ; avec Christina Hendricks (Billy),
Saoirse Ronan (Rat), Iain de Caestecker (Bones), Matt Smith (Bully), Reda Kateb (le chauffeur de taxi), Barbara Steele (la grandmère). Distribué par The Jockers Films et Le Pacte.
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.
Critique de Simon Riaux (Ecranlarge)
La symphonie que compose Ryan Gosling est tour à tour simple et complexe, rêve de cinéphile et cauchemar enfantin, ce récit initiatique qui tapisse un Detroit fantasmagorique nous emporte alors progressivement, tel un songe d’une nuit d’été déviant.
Parfois gauche dans son avalanche de citations, Lost River affiche en revanche une réussite visuelle qui
confine souvent au somptueux, jusqu’à bâtir une première œuvre qu’on aura bien du mal à comparer à
quoi que ce soit d’actuel. Rétif à l’analyse, le film ne réclame rien d ‘autre que l’abandon du spectateur.
S’il y consent, il découvrira, enfouit sous les références du film, la tête d’un dragon formidable, objet de la
quête existentielle de son héros. Un désir de cinéma parmi les plus purs qu’on ait découvert depuis longtemps.
20 000 jours sur Terre
20 000 Jours sur Terre (20,000 Days on Earth ; Grande-Bretagne ; 2014 ; 97’ ; couleur, 2.35:1 ; Dolby Digital 5.1), réalisé par
Iain Forsyth et Jane Pollard, écrit par Iain Forsyth, Jane Pollard et Nick Cave, produit par James Wilson et Dan Bowen ; image
d’Erik Wilson, montage de Jonathan Amos, musique de Nick Cave et Warren Ellis ; avec Nick Cave. Distribué par Carlotta Films.
Athéna d’or (section Musique & film) au Festival international du film d’Athènes 2014 ; Prix Douglas Hickox aux British Independant Film Awards 2014 ; Prix pour la réalisation et le montage (Documentaire) au festival du film de Sundance 2014.
Séance unique précédée d’un concert de Spoken Words and Open Chords dans le cadre du Festival MV, lundi 13 avril,
20 h 30.
Critique de Jérémie Couston (Télérama)
Faut-il être familier du rock tourmenté de Nick Cave pour apprécier ce film ? Objectivement, non, parole
de fan ! Depuis Some Kind of Monster (2004), sur Metallica, ou Year of the Horse (1996), sur Neil Young,
on n'avait rien vu d'aussi vibrant, d'aussi incarné, et surtout d'aussi élégant. Car trop souvent le
« rockumentaire » se réduit à capter l'énergie d'un groupe sur scène et en coulisses, dans un style
débraillé.
Venus de l'art contemporain, le couple d'artistes derrière la caméra signe son premier film « de fiction »,
en quelque sorte : il s'agit d'une journée imaginaire dans la vie de la rock star australienne relocalisée à
Brighton, où la plupart des scènes sont scénarisées. D'où un effet romanesque inédit pour ce genre,
renforcé par la voix off, littéraire et caverneuse, du chanteur, qui se livre à la première personne.
Toujours tiré à quatre épingles, le pasteur Nick Cave se révèle un « acteur » magnétique, qu'il évoque son
enfance (face à un faux psy), le charisme de Nina Simone ou ses fructueuses et narcotiques années
berlinoises. Inspiré, fourmillant d'idées de mise en scène (les « apparitions » des compagnons de route,
Kylie Minogue ou Blixa Bargeld, sur la banquette arrière de la voiture conduite par le héros), ce
documenteur distille aussi avec parcimonie les moments musicaux, décuplant ainsi leur puissance. Et
notre émotion.
L’eau à la bouche
LE COUSIN JULES
un film de Dominique Benicheti
Sortie à l’Eldorado le 15 avril 2015
Torpes, près de Pierre-de-Bresse. À cette heure matinale, la forge artisanale serait vide s’il n’y avait quelques
petites poules blanches venues assouvir leur curiosité. Le forgeron sort de la maison voisine, enfile ses sabots et
se rend à son atelier, tout en saluant brièvement un paysan qui conduit un chariot. Dans la forge, délogeant les
poules, le vieil homme ceint son tablier de cuir, allume le fourneau à bois à l’aide de paille, puis met le feu dans le
foyer à des copeaux qu’il attise avec le soufflet actionné manuellement — gestes routiniers, précis, posés. Le métal
devenu rouge, le travail peut commencer. Pendant ce temps, la femme du forgeron épluche les pommes de terre…
En avril 1968, Dominique Benicheti (1943 – 2011) débute le tournage de Cousin Jules, court métrage consacré à
un forgeron de 77 ans, parent éloigné de sa mère, qui vit dans la campagne bourguignonne. Cinq ans de tournage
plus tard, le film est devenu long et un article s’est ajouté au titre. Plusieurs festivals (Moscou, Locarno, Los Angeles…) présentent Le Cousin Jules qui, malgré des prix et des critiques élogieuses, sera peu diffusé en salle. En
2012, une version restaurée est montrée au Festival du Film du New York avec un immense succès, puis dans
plusieurs salles américaines.
La qualité de l’image et du son est telle que nous aimerions comparer la restauration à la version originale, car il
est difficile de croire que tout cela a été filmé il y a plus de quarante ans, même si Dominique Benicheti, pionnier
du cinéma en relief, était déjà un passionné de technologie. Mais la plus grande surprise n’est pas là : Le Cousin
Jules est d’une justesse, d’une évidence, d’une force rare. Le regard que le cinéaste pose sur le quotidien d’une
autre époque n’est jamais condescendant, jamais empreint d’exotisme temporel, ni de nostalgie, la camera
semble toujours placée à la distance idéale pour saisir la beauté du moindre geste, qu’il s’agisse du martellement
d’une pièce de fer, de l’égrenage d’un épi de maïs ou du rasage matinal. Le Cousin Jules a été injustement oublié
pendant des lustres, il faut le redécouvrir aujourd’hui.
Le Cousin Jules (France ; 1972 ; 91’ ; couleur, 2.35:1 ; stéréo), produit, écrit et réalisé par Dominique Benicheti ; image de Paul
Launay et Pierre-William Glenn, son de Jean René Bouyer, Christian Bourquin et Roger Letellier, montage de Marie-Geneviève
Ripeau ; avec Jules Guiteaux (le forgeron), Félicie (sa femme), Claude Chaudat (un paysan), Adrienne (sa femme), Paul Rabut
(le fossoyeur), Marie Cordelier (une paysanne). Distribué par Carlotta Films. Prix spécial du jury au Festival du film de Locarno
1973 ; Prix Interfilm au Festival international du film de Mannheim-Heidelberg 1973.
Le film mystère
Actuellement à l’Eldorado, vous pouvez découvrir le deuxième long métrage de Brigitte Sy, L’Astragale, d’après le
roman autobiographique d’Albertine Sarrazin publié aux Éditions Pauvert en 1965. Avant tout actrice, Brigitte Sy
est apparue dans plus d’une vingtaine de longs métrages en 25 ans, souvent dans des seconds rôles comme dans
le film mystère de cette semaine : dans l’illustration qui suit, extraite du film à découvrir, vous pouvez la
reconnaître assise à gauche, surplombant les autres acteurs, une cigarette à la main. Vous en souvenez-vous ?
La première personne qui nous communiquera le titre du film mystère et le nom de sa réalisatrice recevra deux
invitations valables à l’Eldorado pour le film (ou les films) de son choix. Les réponses doivent être remises soit
par mail à [email protected], soit sur papier libre à l’accueil du cinéma (notez-y alors la date et
l’heure). Si vous tentez votre chance, n’oubliez pas d’indiquer vos nom et adresse (mail ou postale) pour que
nous puissions vous contacter si vous gagnez.
Le film mystère de la lettre précédente
L’image de la semaine dernière était extraite du début d’une des scènes les plus marquantes de Drive (2011), film
réalisé par Nicolas Winding Refn : dasn un ascenceur, après avoir embrassé Irene (Carey Mulligan), le « driver »
(Ryan Gosling) s’en prend violemment au tueur à gages (Jeff Wolfe, de trois-quart dos) venu tuer la jeune femme.
Laurence a été la plus rapide à nous donner la bonne réponse mais, ayant gagné la semaine d’avant, elle offre
avec panache son lot au second qu’elle n’a devancé que de six minutes : félicitations à Michel F. qui, lui aussi, a
été très rapide, et peut donc profiter des deux places pour découvrir Lost River, L’Astragale ou tout autre film de
son choix !
Prochains rendez-vous à l’Eldo
Avril






Dimanche 12, 11 h : Avant-première de Le Labyrinthe du Silence réservée aux enseignants d’histoire ou d’allemand (gratuit, inscription obligatoire).
Lundi 13, 20 h 30 : Projection de 20 000 Jours sur Terre, précédée d’un concert de Spoken Words and Open
Chords.
Jeudi 16, 20 h 15 : Séance unique L’ennemi de la classe.
Lundi 20, 20 h 15 : Avant-première de Howard Zinn, une histoire populaire américaine, en présence du réalisateur Daniel Mermet, et précédée d’une discussion sur l’indépendance des médias.
Mardi 21, 20 h : Réunion publique d’information sur la situation de l’Eldorado.
Jeudi 23 et vendredi 24 : Dialogue(s) Starewitch.
Samedi 25, 10 h : Ciné-atelier Le château de sable (8 €, inscription obligatoire).
Dimanche 26, 10 h : Ciné-atelier Le marchand de sable (8 €, inscription obligatoire).
Mercredi 29 : Ciné-jeux Lilla Anna (6 €).




Lundi 6, 20 h 15 : Avant-première d’Opération Correa, en présence du réalisateur Pierre Carles.
Mardi 5, 20 h 15 : Sud Eau Nord Déplacer, en présence du réalisateur Antoine Boutet.
Mercredi 6 : Ciné-discussion Les Goonies.
Samedi 9, 10 h : Ciné-jeux Le château de sable.



Mai
Cinéma Eldorado
21, rue Alfred de Musset / 21 000 DIJON
Divia : liane 5 et ligne 12 — Station Vélodi à proximité
Site web : http://www.cinema-eldorado.fr — Courriel : [email protected]
Twitter : @CinmaEldorado — Facebook : CinemaEldorado
La lettre d’Archimède
Site web : https://cinemaeldorado.wordpress.com/la-lettre — Courriel : [email protected]

Documents pareils