J.S. Bach: Ancrer la religion dans le quotidien

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J.S. Bach: Ancrer la religion dans le quotidien
Bach et le temps liturgique
Numéro d'album: AN 2 9907
Date de sortie: 26 février 2008
Période(s): Baroque
Genre(s): Récital vocalClavecin, orgue, pianoforte (claviers)Alto, violoncelle,
viole de gambe, contrebasse (cordes)ViolonMusique de chambre
Compositeurs:
Bach, Johann Sebastian
Interprètes:
Mercer, Shannon | Beauséjour, Luc | McClain, Washington S. | Trottier, Nicole |
Keesmaat, Amanda
Dans l'immense production de Johann Sebastian Bach, les cantates et les chorals d'orgue occupent une place de première importance. " En
explorant ce vaste répertoire, l'idée de proposer un programme qui obéit au calendrier liturgique luthérien s'est imposée ", explique Luc
Beauséjour.
On retrouve donc sur cet enregistrement des arias et chorals pour orgue conçus pour l'Avent, la Nativité, le Jour de I'An, la Septuagésime,
I'Annonciation, les fêtes de Pâques, la Pentecôte, la Trinité et la fête de la Réformation. À cela s'ajoute quelques chorals d'orgue liés à divers
aspects de la vie du chrétien : actions de grâce, confession, dogme et instruction religieuse. Ce programme unique est magnifiquement interprété
par la jeune soprano Shannon Mercer, l'organiste Luc Beauséjour, la violoniste Nicole Trottier et le hautboïste Washington McLean.
J.S. Bach: Ancrer la religion dans le quotidien
Au lendemain de la Guerre de Trente Ans (1618-1648), conflit qui a décimé près de la moitié de la population et qui a rayé de la carte des
villages entiers, l'Allemagne panse ses plaies. La religion n'est plus synonyme de la pratique plus ou moins régulière d'un culte mais devient part
essentielle de la vie quotidienne et régit les modèles sociaux de l'époque. Si, en 1648, les Traités de Westphalie ont reconnu au même titre les
trois religions chrétiennes (catholique, luthérienne et calviniste), ils en ont également circonscrit les limites territoriales. La Saxe, où Johann
Sebastian Bach a résidé toute sa vie, est consacrée terre d'élection du luthéranisme, Martin Luther (1483-1546) ayant complété ses études à
Eisenach, la ville natale de Bach. La théologie de Luther est centrée essentiellement sur quatre points. L'égoïsme est le péché majeur qui éloigne
l'homme de Dieu et de ses semblables. La vocation de chacun est de s'incarner dans le monde et les chrétiens n'ont pas besoin d'intermédiaire
pour aimer Dieu. L'homme pécheur doit s'abandonner à Dieu à travers la foi. La Parole de Dieu est le seul guide infaillible pour trouver le bon
chemin.
La société s'articule autour de deux axes complémentaires : l'existence communautaire (que ce soit à l'église ou au sein du gouvernement) et la
vie familiale, microcosme de la première. Dans les deux lieux, le lien avec le divin s'établit avant tout par le choral, genre musical initié par
Luther (plus de 1500 sont signés de sa main) qui, par la simplicité de ses formes et sa langue vernaculaire, facilitent l'état de réceptivité du fidèle.
" Celui qui chante prie doublement ", aime-t-il à répéter. Bach a lu tous les écrits de Luther, les a annotés. Ce n'est donc pas un hasard si, dans
son immense production, les cantates (environ 300, dont plus de 200 nous sont parvenues) et les chorals d'orgue (plus de 200) occupent une place
de première importance. À Leipzig, le compositeur complètera ainsi cinq cycles de cantates pour chacun des événements de l'année liturgique,
qui en comprend une soixantaine.
Le calendrier luthérien est divisé en deux parties, la première relatant les moments forts de l'existence terrestre de Jésus et la seconde dédiée à
la propagation du message de Jésus à travers le monde. Le calendrier s'amorce avec l'Avent, période de quatre semaines précédant Noël. Les
célébrations entourant la Nativité se concluent à l'Épiphanie, douze jours plus tard. À l'époque de Bach, suivent ensuite les semaines postÉpiphanie, la Septuagésime (une période de 17 jours, débutant neuf dimanches avant Pâques et se terminant le mardi précédant le Mercredi des
Cendres), le Carême (du Mercredi des Cendres au Samedi Saint), Pâques, l'Ascension (le retour de Jésus auprès de son père dans les cieux, 40
jours après Pâques) et la Pentecôte (l'Esprit saint descend sur les Apôtres, 50 jours après Pâques). Les dimanches entre la Pentecôte et l'Avent
font partie de l'Ordinaire, le premier de ces dimanches étant dédié à la Trinité. Le dernier dimanche d'octobre souligne quant à lui la Réformation,
Luther ayant affiché, le 31 octobre 1517, 95 thèses dénonçant les scandales de l'Église romaine catholique sur la porte de l'église de Wittenberg
(Saxe), geste qui devait mener à son excommunication et à la naissance du luthéranisme.
L'office luthérien se scinde en deux parties, l'une textuelle (qui atteint son apogée dans le sermon), l'autre eucharistique, mais toutes deux
soutenues par la musique. La cantate est généralement interprétée entre la lecture des évangiles et le sermon, sauf si elle est de dimension plus
imposante, auquel cas, ses deux sections encadrent le sermon. La partie musicale de la célébration demeure toujours en lien avec les lectures du
jour, qu'elle commente. À un dimanche donné de l'année liturgique correspond ainsi une cantate spécifique, qui exigera la lecture d'un passage
biblique en particulier. Bach, plus que tout autre compositeur peut-être, était particulièrement dédié à l'exploration du temps liturgique et ces
correspondances n'ont donc rien de fortuit. Le texte, provenant de diverses sources, comprend des passages bibliques, parfois paraphrasés, des
poésies libres reprenant à l'occasion certains des thèmes du sermon et des strophes de choral.
" Les cantates entendues au cours des services luthériens sont habituellement constituées de divers éléments comme les chœurs, les récitatifs et
les arias. Celles-ci sont chantées par de jeunes garçons à l'époque de Bach et parfois accompagnées d'un seul instrument mélodique, le plus
souvent le hautbois, instrument de prédilection de Bach, précise Luc Beauséjour. Les cantates étaient complétées par des harmonisations de
chorals, ces cantiques luthériens simples et à la carrure définie, bien connus des fidèles et facilement identifiables, même à travers les
improvisations complexes des organistes. " L'emploi d'un thème de choral d'orgue à un endroit précis de la liturgie peut très souvent s'expliquer
par le sens des paroles auxquelles il est lié. Johann Gotthielf Ziegler rapporte : " Pour le jeu du choral, mon professeur, le maître de chapelle
Bach, encore en vie, me l'enseigna de telle sorte que je ne joue pas les chorals simplement tels quels, mais d'après le sentiment indiqué par les
paroles. " Comme tous les fidèles connaissent par cœur le texte (et non seulement la première strophe), Bach peut ainsi utiliser le matériau de
façon fortement suggestive. En maître peintre, il choisit donc les cantiques les plus susceptibles de capter l'imagination des fidèles, de les
émouvoir. Chaque mot, chaque intervalle, chaque choix interprétatif est lié à des mots-clés, à un rapport spécifique entre écritures biblique et
musicale. Les chorals deviennent ainsi à la fois instrument de transmission du message et moyen de faire sien le texte, en y prenant une part
active.
La musique sacrée chez J.S. Bach possède donc essentiellement des qualités expressives. Pratiquant convaincu, le compositeur ne peut
dissocier son activité de créateur de sa foi, comme en témoigne ces trois lettres, que l'on trouve en en-tête de toutes les partitions
majeures de Bach : S.D.G. Soli Deo gloria! (À Dieu seul la gloire!) Qu'elle ait été destinée au culte luthérien ne fait aucun doute mais elle
en dépasse aujourd'hui largement les frontières par son universalité.
© Lucie Renaud
1 Bach, Johann Sebastian
5:16
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Flösst mein Heiland, flösst dein
Namen (BWV 248)
2 Bach, Johann Sebastian
4:13
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Seufzer, Tränen, Kummer, Not
(BWV 21)
3 Bach, Johann Sebastian
4:17
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Gott Versorget Alles Leben
(BWV 187)
4 Bach, Johann Sebastian
1:15
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Choral Vater unser im Himmelreich
(BWV 683)
5 Bach, Johann Sebastian
3:27
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Komm in mein Herzenshaus
(BWV 80)
6 Bach, Johann Sebastian
2:12
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Gerechter Gott, ach, rechnest
du? (BWV 89)
7 Bach, Johann Sebastian
1:14
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Fughetta manualiter Nun komm, der
Heiden Heiland (BWV 699)
8 Bach, Johann Sebastian
1:53
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Choral In dulci jubilo (BWV 751)
9 Bach, Johann Sebastian
1:37
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Fughetta manualiter Vom Himmel
hoch, da komm' ich her (BWV 701)
10 Bach, Johann Sebastian
1:16
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Choral Liebster Jesu, wir sind hier
(BWV 706)
11 Bach, Johann Sebastian
2:02
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Fughetta manualiter super Dies sind
die heil'gen zehn Gebot (BWV 679)
12 Bach, Johann Sebastian
2:40
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Choral Das alte Jahr vergangen ist
(BWV 1091)
13 Bach, Johann Sebastian
4:44
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Jesus soll mein erstes Wort
(BWV 171)
14 Bach, Johann Sebastian
4:20
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Ich Bin Vergnügt Um Meinem
Leiden (BWV 58)
15 Bach, Johann Sebastian
4:29
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Ich esse mit Freuden (BWV 84)
16 Bach, Johann Sebastian
2:16
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Choral Nun freut euch, lieben
Christen g'mein (BWV 734)
17 Bach, Johann Sebastian
4:23
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Erfüllet, ihr himmlischen (BWV
1)
18 Bach, Johann Sebastian
4:24
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Choral Erbarm dich mein, o Herre
Gott (BWV 721)
19 Bach, Johann Sebastian
1:42
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Choral Christ ist erstanden (BWV
746)
20 Bach, Johann Sebastian
4:18
Bach, Johann Sebastian (1685 - 1750)
Aria Ich ende behende (BWV 57)

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