The Dice man ou L`homme aux mois imposés

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The Dice man ou L`homme aux mois imposés
institut européen psychanalyse et travail social
The Dice man ou L’homme aux mois imposés
Gilles GARCIA
lundi 11 juin 2012
The Dice man
ou
L’homme aux mois imposés
The Dice man – L’Homme-dé – est un roman auto-fictif de Luke Rhinehart, de son vrai nom George Powers
Cockcroft, paru aux E. U. en 1971 ; le quatrième de couverture le présente notamment ce roman comme la
bible de l’anti-conformisme… Et nous tenterons dans cet article d’en mesurer la dimension subversive et
libertaire : Luke Rhinehart, le protagoniste donc, expérimente un modus vivendi singulier que l’on résumera
de la façon suivante : s’en remettre aux dés . Mais un alea jacta est particulier puisque Rhinehart,
psychiatre blasé par la psychanalyse, décide de changer sa vie.
Avec comme entrée la formule rimbaldienne ; « Je est un autre » 1 , nous prélèverons dans le roman ce qui
correspond selon nous à des lois logiques directement applicables et mises en acte par le personnage. Il
s’agit notamment d’interroger à partir de cette fiction dans quelles mesures le moi dans son rapport à l’autre
est pris dans l’automatisation et l’automaticité de ses actes. Cela en utilisant certains indicateurs freudiens :
la compulsion de répétition et la pulsion de mort et les repérages aristotéliciens concernant les différentes
modalités actions, les coordonnées physico-logiques tuchè /automaton .
… si vous avez raté le début : Luke Rhinehart termine une partie de poker arrosée et une discussion serrée
avec son analyste (Dr Mann) 2 par un acting , il retourne le portrait de Freud contre le mur. Plus tard en
rangeant le jeu, il cherche un dé qui manque.
« Sur le point d’aller me coucher, j’aperçus, sur la petite table près du fauteuil d’où le Dr Mann m’avait
sermonné, une carte, la reine de pique, posée de telle manière qu’elle paraissait en porte à faux sur quelque
chose. Je m’approchai, considérai la carte, et compris que le dé se trouvait dessous (…) si ce dé marque l’as,
pensai-je, je descends violer Arlene (la voisine)… l’as c’est le viol, les autres numéros le lit. Le dé est jeté.
Qui suis-je pour mettre le dé en doute ?
Je retirai la reine de pique et vis un œil cyclopéen me fixer : l’as.
Je restai pétrifié durant peut-être cinq secondes, mais finis par effectuer un brusque demi-tour militaire… » 3
.
Voici donc un avant-goût qui dresse le décor avec comme pré-requis un personnage qui totémise quelque
peu son objet de jeu et permet d’écarter d’emblée le profil du joueur qui lui peut s’identifier à la boule de la
roulette 4 . En effet son choix de vie sera aussi ténu qu’une martingale et nous verrons que ces deux citations
soulignent quelque chose d’autre que la simple dimension d’une liberté totale et polymoïque où Luke joue
non pas sa vie mais des vies en endossant plusieurs rôles et qui ne sont finalement que les conséquences de
ce choix de vie parce qu’il ne fonctionne qu’avec une seule règle :
1) « Excité et fier de moi, je restai un moment penché sur mon Rubicon personnel. Et je le franchis. Je
promulguai, à ce moment et à tout jamais, le principe de ne jamais remettre en question, d’exécuter
désormais sans faute les décisions du dé, quelles qu’elles soient » 5 .
C’est donc une forme de servitude volontaire à un objet qui vient ici non seulement matérialiser le hasard,
cette inflexible nécessité brute mais aussi le réduire à un objet-dé dans une aliénation xénophile du moi. La
chance, centre d’une mise en abyme 6 picaresque, condense les enjeux aristotéliciens autour des problèmes
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que pose la place de la tuchè – heur, chance, hasard… – dans l’enchaînement des causes et ce qui survient
au sujet dans une rencontre avec le Réel. Autant de modalités de contrainte dès lors que la liste des choix
et/ou options est établie et que les dés ont tranché.
2a) « Deuxièmement : passer à l’exécution de l’option choisie sans réfléchir ni tergiverser. Le secret du
succès devait être de me comporter comme un pantin suspendu aux fils du dé. D’abord : ne jamais inscrire
d’options que je ne pourrais ne pas avoir envie d’exécuter » 7 .
2b) « Or le dé traitait tout le monde en objet et me forçait à faire de même . C’étaient les dés, et non pas ma
relation intrinsèque avec telle personne ou telle chose, qui déterminaient ce que je devais éprouver en toute
occasion (…) C’était une partie importante du moi historique. Il fallait le détruire » 8 .
Le propre de ce pantin idéal est justement d’être muet, de ne pas exprimer ses envies au risque de rougir et
d’allonger son nez mais bien de les agir, déchargé de la responsabilité à endosser : « ce n’est pas moi, c’est
le dé qui a choisi, moi je ne fais qu’exécuter ». Alors où se trouve l’originalité de ce type
d’auto-hétéro-nomie sur tapis vert ?
Mais d’abord une première complication car le « ce n’est pas moi , c’est le dé » donne une approche simple
de ce transitivisme du sujet qui déplace ce qui l’embarrasse à l’extérieur dans cet autre de l’objet-dé. Ce
dé-placement permet non seulement de se dédouaner en se défaisant de la division subjective mais surtout
pour en demander de la division : « je ne suis qu’un, divise-moi ! ». Demande injonctive que l’on illustre par
l’historiette de ce ver de terre trop curieux, nommé Philippe-André, qui se fait couper en deux et devient
Philippe et André puis en quatre : Phil, Ippe, An et Dré 9 . Première remarque donc qui interroge le
processus paradoxal de se multiplier pour mieux disparaître.
Par ailleurs, la xénophilie va au-delà du déni d’une entame par cette adaptabilité à la chose extérieure. Car
ce serait dans le cas du déni une mesure de protection alors que l’historiette illustre cette volonté que le moi
soit découpé. Mais il est aussi intéressant d’interroger le statut de cette coupure, est-elle imaginaire ou réelle
dans la mesure où nous tenterons de vérifier l’hypothèse que ce type de coupure a pour projet de se passer
du symbolique. Hypothèse soutenue par le fait qu’une fiction met en scène ce qui permet de les distinguer.
Deuxièmement, la triade volonté, plaisir, désir est mise en échec par une disparition du sexe. La métaphore
de Joyce « une lune de miel dans la main » 10 nous sert car la paire de dé au creux de la main de Luke signe
l’aboulie singulière de cet individu défait de l’embarras sexuel : ce n’est pas lui, c’est un rôle. Les multiples
choix ne correspondent pas aux petites jouissances d’un sujet qui se paye des vies ou des petites morts
jusqu’à ce que le jeu aille trop loin. Non, car même à la fin, au bord du gouffre, Luke joue ses options
d’actions : la mort est donc ravalée à un choix parmi les autres de la liste, un personnage parmi d’autres,
« une nouvelle option » 11 ! En quoi la chambre non-vide d’un six coups est-elle différente dans la roulette
russe 12 ? La place de la mort qui valide la décision ou la conduite ordalique n’implique pas de rupture du
moi avec son objet. De plus, lorsque Luke s’en remet aux dés, il n’y aurait qu’une ordalie relative car le dé
n’a pas le statut divin et la supposition de jugement qui en découle.
Cette chosification rend équivalente et le choix et le personnage les transformant tous en êtres de papier. Du
coup, le jeu du dé déconnecte la pulsion de mort en laissant les personae dans un entre-deux constant où il
n’y a ni progrès ni régression. Peut-on dire alors que la coupure imaginaire réorganise à chaque fois un réel
? L’individu choisit de s’atomiser, de s’éclater librement sans tendre par sa faculté de divertissement vers un
retour antérieur 13 . Nouvelle conséquence, il n’y a plus d’autre dans cette liberté. En outre cette liberté
s’adjoint de son corrélât idéal, la solitude ou l’isolement est enfin atteint : libre et seul pour les plaisirs
solitaires 14 d’un sujet déchargé de sa volonté, affranchi de son désir .
Nous dirons que la répétition des dés en détruisant « le moi historique » défait également le sujet et produit
des personnages virtuellement immortels 15 . En outre cette répétition des chances gravite dans un univers
logique du "particulier" avec la collusion de deux principes : « tout est possible » et « tout est permis » 16 .
Cette évidence dramatique nous permet également de noter que le tiers a disparu ou a été évacué ce qui n’est
pas la même logique lorsque le tiers est exclu, tout en étant compté dans la structure de la contradiction 17 .
La coupure qui impacte dans ce bovarysme logico-réel – « quand dire, c’est faire ! » – correspondrait donc à
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une coupure manifestement réelle qui se répète à l’infini puisque rien ne fait butée. Mais elle se présente au
lanceur de dés comme le produit de son imagination. Or si tout est réalisable, que ce soit une coupure ou +
cela revient au même , au moins une coupure donc !
Pour interroger cette auto-hétéro-nomie passons à présent à deux séries de questionnement aristotéliciens
portant sur l’analyse de l’agir, encore une fois nous insistons sur la dimension d’acte de ce « Rubicon
personnel ». D’abord les « actions mixtes » prise dans le vel : « de gré ou de force » puis les causes mixtes
prise cette fois dans le vel : ni tuchè , ni automaton .
En effet, comment les actions de l’homme-dé peuvent-elles être volontaires alors que leur principe est hors
de lui 18 ? Le principe moteur ne relevant pas de l’auteur de la liste mais bien de ce qui pousse à l’acte à
savoir la face du dé ! De plus, dans les actions mixtes, la cause n’est pas aveugle mais elle contraint le sujet
à agir de son plein gré en connaissance de cause ou à la lumière de la raison, lorsque par exemple, dans la
tempête le navigateur jette sa cargaison par-dessus bord.
Nous devons choisir le moindre mal et la meilleure façon d’y arriver alors qu’avec le dé il faut ôter toute
considération morale tout en conservant cet impératif du « il faut choisir ». Du coup, l’en-plus de cette
dé-votion tient dans l’expérimentation d’un transfert de responsabilité faite à un objet qui "choisit" sans
subjectivité ni division. N’est-ce pas un objet idéal de jouissance qui déresponsabilise les actions
volontaires ? Alors que l’anneau du berger Gygès ne fait que rendre possible la tyrannie moïque, il n’y a pas
ici de tyrannie puisque le Hasard ne peut pas être une personne morale. Cela permet donc un véritable
passage par l’extérieur qui au lieu de contourner l’impossible sur lequel on bute, l’expérimente en le sériant
et en le rendant possible ; statut d’exception ravalé à l’objet d’un choix parmi d’autres. Cet objet élu et
réformé dicte le comportement à exécuter par delà le bien et le mal et par delà la subjectivité.
Il traduit un retour aux choses par la médiation du dé. Nous pouvons à présent interroger le retour au même
propre à la nature, tel qu’Aristote l’examine dans le livre II de la Physique portant sur les modalités
accidentelles de la causalité 19 : tuchè et automaton , parce qu’elles éclairent cette automatisation d’une
conduite qui se comportementalise . En remettant la délibération « aux mains » des dés, nous avons un
sujet fictionnel dont le type de détermination de l’action se situe entre tuchè et automaton .
Rappelons brièvement les enjeux aristotéliciens autour de ces questions. C’est par automaton qu’une pierre
tombe sur la tête de quelqu’un, ou qu’un cheval affolé reprend le chemin de l’écurie, mais c’est par tuchè
qu’une pierre lancée délibérément (proairésis ) tombe malheureusement sur la tête de quelqu’un 20 . Avec la
tuchè , Aristote définit ici la place du sujet délibérant face au réel, mais en contrepartie l’automaton se
réduit-il à une tuchè sans sujet ?
L’analyse de la tuchè met en exergue non seulement un accident physique de la cause, mais surtout sa
présence dans le registre psychique au côté de la pensée et du choix : « La pensée (dianoia ) et la fortune (
tuchè ) sont du même ordre, car le choix ne va pas sans pensée » 21 . La tuchè correspond précisément à un
certain désir délibéré qui se réalise au prix d’une rencontre à la fois fortuite et prédéterminée. Tandis que l’
auto-maton est un mouvement vain, mais pas sans cause puisqu’il s’agit de la rencontre accidentelle de deux
séries causales sans l’intervention de l’homme sensé, et ce à la différence de la tuchè .
Or c’est d’abord dans ce sens que l’illustration du dé-thérapeute nous intéresse puisqu’elle réalise en
quelque sorte une automatisation de la tuchè . Si le dé-cide il ne se lance pas tout seul, idem pour les 6 vies
ou les 6 mois du jeu de rôles. En effet ce n’est pas un choix à l’aveugle comme une destination pointée les
yeux fermés sur une carte mais bien, on l’a vu, en connaissance de cause et en fonction des envies.
Paradoxalement, c’est parce qu’il n’est pas le moteur de ses actes que Luke peut en répondre, c’est-à-dire
obtempérer.
Enfin comment qualifier ce qui serait ni automatique, ni tychique sans pour autant leur être étranger puisque
manifestement l’homme-dé occupe une position médiane. Il reste sur ce trajet de la répétition. Difficile, en
effet, de penser que le dé parvient à échapper à la « fracture » 22 , et nous pouvons conclure que cette
coupure répétée est également équivalente au « traumatisme inaugural » 23 : Luke automatisé par le dé
correspond à la mutation – traumatisme réel – de ce néo-sujet qu’est l’homme-dé 24 !
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Mais alors que vient recouvrir la répétition 25 des dés, si ce n’est la perte banalisée du sujet qui est mort
d’inconsistance, il ne « siste plus » ! D’ailleurs Luke n’est jamais sous le coup d’une angoisse face à ce jeu
« démoniaque » 26 , face à cet as inaugural qui aurait dû le laisser dormir, lui et son moi historique. Charge
au lecteur de se coltiner son angoisse devant ce tableau semblable à une amnésie d’identité. Mais ici la perte
se fait par saturation et par la multiplicité des mois, des automates articulés à un vœu de mort du sujet du
divertissement qui aurait au préalable jeté ses papiers d’identité. Vœu de mort du sujet qui s’articule
logiquement d’un ravalement du grand Autre à un petit autre ravalé à une chose qui commande ; un dé qui
tombe comme un couperet.
Cette forme de suicide, dans un automatisme sans répétition pourrait sembler toxicomaniaque et c’est donc
par ce biais que Luke conteste la détermination symbolique de ces « lois du hasard » 27 en s’injectant une
réversibilité toxique à six faces. Seulement la dépendance au dé n’est pas tout à fait équivalente à celle d’un
produit ce qui implique que le dé a un statut d’autre particulier, auquel cas cet objet serait finalement une
trouvaille.
Une trouvaille pour soulager un sujet pris dans l’illusion libertaire dès lors qu’il est soumis à une
détermination automatisante et conformisante.
Gilles GARCIA
1 RIMBAUD A. La Lettre du voyant adressée à Paul DEMENY, le 15 mai 1871.
2 « La psychanalyse a apporté une connaissance de l’âme humaine plus grande que deux millions d’années
de pensée antérieures ensemble. Il y a longtemps que le zen traîne sur terre et je n’ai pas remarqué qu’il en
découlât aucun grand corps de connaissance (…)
Reprends l’analyse avec moi.
Je frottai le dé sur le dos de ma main et, sans penser à rien de précis, répondis :
Non. » (RHINEHART L., L’Homme-dé , pp. 66-67).
3 RHINEHART L., L’Homme-dé , pp. 72-73, que l’on souligne.
4 Cf. Clappique dans La Condition humaine d’A. MALRAUX.
5 RHINEHART L., L’Homme-dé , pp. 78-79, que l’on souligne.
6 Outre les différentes entrées vertigineuses à partir du prénom du héros, pseudonyme de l’auteur, Luke :
luck, Saint Luc – patron des médecins –, … Force est de constater que la langue s’y prête ou plutôt que les
questions de la décision, du hasard et de la chance relèvent du même champ lexical, celui de la coupure et de
la chute : chance correspond aussi à la chute (cadere ) des dés.
7 RHINEHART L., L’Homme-dé , pp. 92-93, que l’on souligne.
8 RHINEHART L., L’Homme-dé , p. 120, que l’on souligne.
9 CORNETTE J.-L., Philippe-André .
10 Cf. J. JOYCE, Ulysse , p. 212 : L’École des Onanistes
ou
Une Lune De Miel Dans La Main
(immoralité nationale en trois orgasmes)
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par
Balochard Mulligan
11 « Il arriva au bord d’une falaise et sauta dans le vide. Il eut juste le temps de se rattraper à une feuille de
vigne (…) Juste au-dessus de lui, il vit deux souris, une blanche et une noire, qui commençaient à ronger le
pied de vigne auquel il se retenait. Et puis juste à côté, un beau fraisier avec des fraises bien mûres.
– Ah, fit-il une nouvelle option » (RHINEHART L., L’Homme-dé , p. 120, que l’on souligne).
12 Le revolver est sans doute plus phallique que le dé, mais si les dés peuvent être pipés, cela demande une
certaine technicité pour le revolver puisque le poids de la cartouche ferait que la chambre devant le
percuteur serait vide.
13 « Une pulsion serait une poussée inhérente à l’organisme vivant vers le rétablissement d’un état
antérieur » (FREUD S., Essais de Psychanalyse , Au-delà du principe de plaisir, p. 80). Rappelons ici que le
progrès comme tendance partielle (« ce sont des instincts partiels, destinés à assurer à l’organisme le seul
moyen véritable de retourner à la mort et de le mettre à l’abri de toutes les possibilités autres que ses
possibilités immanentes d’arriver à cette fin ») de changement est mis en échec non par la compulsion de
répétition mais par cette troisième voie de divertissement qui rejette l’homme-dé dans un entre-deux sans
mort réelle mais avec une mort possible et optionnelle.
14 Difficile ici de savoir si l’expression de « plaisirs solitaires » relève véritablement de pulsions sexuelles.
La vie n’est pas prolongée mais c’est la mort qui est ajournée procurant néanmoins au joueur une
« apparence d’immortalité » (FREUD S., ibidem ). Toutefois la dimension automatique semble ne garder
que le caractère d’automaticité de la pulsion sans tenir compte de la quantité de plaisir et d’excitation que
cela procure, avant, pendant et après l’agir.
15 « Le soma , seul sujet à la mort naturelle, tandis que les cellules germinales seraient virtuellement
immortelles, pour autant que capables, dans certaines conditions favorables, de se développer pour former
un nouvel individu ou, pour nous exprimer autrement, de s’entourer d'un nouveau soma » (FREUD S.,
ibidem , que l’on souligne).
16 Cf. « Dieu est mort, tout est permis » (DOSTOÏEVSKI F., Les Frères Karamazov ).
17 Seule l’exclusion du moyen terme permet la conclusion des deux autres termes, majeur et mineur, à
l’instar de la métaphore où il faut avoir à l’idée les deux registres sollicités pour en saisir leur remaniement.
18 Comme à son habitude, Aristote dans l’Éthique à Nicomaque traite en premier de la difficulté et du
négatif, l’acte contre son gré, or il en existe deux espèces qui sont également deux causes de ce type
d’action : a) celle accomplie par ignorance : « l’acte fait par ignorance est toujours non volontaire ; il n’est
in volontaire que si l’agent en éprouve affliction et repentir » (ARISTOTE, Éthique à Nicomaque , III 2,
1110b 18) ; b) celle par contrainte : « est fait par contrainte l’acte dont le principe est extérieur au sujet » (
Éthique à Nicomaque , III 1, 1110a 2) et Aristote ajoute un élément à cette définition fondée sur l’extériorité
du principe, l’étrangeté. En effet, le « sujet-patient » (Éthique à Nicomaque , III 1, 1110a 3) semble ne
participer en rien à cette contrainte voire à cette injonction à agir.
19 ARISTOTE, Physique, II.
20 ARISTOTE, Physique, II 6, 197b 13-18. L’exemple de la pierre (197b 31) lancée par une main humaine
n’est pas dans le texte, nous avons juste transformé l’automaton en tuchè .
21 ARISTOTE, Physique , II 5, 197a 7-8.
22 « l’Autre comme tel est, si je puis dire, si vous permettez ce mot à mon improvisation : FRACTURE. De
la même façon où nous le saisissons dans le sujet lui-même – très précisément, de la sorte où le marque la
double boucle topologique de la répétition – l’Autre aussi se trouve sous le coup de cette finitude »
(LACAN J., La Logique du fantasme , séminaire inédit (1966-67), leçon du 15/02/67, p 136).
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23 Répétition entendue cette fois non pas comme reproduction mais comme loi constituante du sujet
lui-même. En effet, « l’économie psychique s’avère réglée par l’automatisme de répétition, c’est-à-dire le
souci de reproduire le même type de tension auquel cette économie est depuis l’enfance accoutumée, et de
rechercher dans l’assouvissement de cette tension le même échec que celui qui l’a originellement constitué ;
(à savoir) la répétition de ses errements originels, de son traumatisme inaugural et que l’appareil use son
activité à conduire le sujet dans les mêmes voies, la même tension et le même échec quant à un possible
assouvissement » (MELMAN C., Nouvelles Études sur l’hystérie , pp. 20-23).
24 Nous insistons sur le trait d’union rajouté par la traduction française du dice man , en outre nous abusons
du mathème du fantasme, $ a, pour écrire l’opposition entre le joueur de dé et l’homme-dé : $ dé versus S
dé.
25 Il y a « quelque chose de perdu de par le fait même de la répétition » (LACAN J., La Logique du
fantasme , séminaire inédit (1966-67), leçon du 15/02/67, p 146).
26 « Cette même tendance à la répétition se dresse souvent devant nous comme un obstacle thérapeutique,
lorsque nous voulons, à la fin du traitement, obtenir que le malade se détache complètement du médecin ; et
il est à supposer que ce qui fait naître cette tendance démoniaque, c'est la vague angoisse, la crainte
qu’éprouvent les gens non familiarisés avec la psychanalyse de voir se réveiller en eux quelque chose qu'à
leur avis on ferait mieux de laisser dormir » (FREUD S., Essais de Psychanalyse , Au-delà du principe de
plaisir, p. 78).
27 « Mais ces lois « les lois du hasard » sont précisément celles de la détermination symbolique. Car il est
clair qu’elles sont antérieures à toute constatation réelle du hasard, comme il se voit que c’est d’après son
obéissance à ces lois, qu’on juge si un objet est propre ou non à être utilisé pour obtenir une série, dans ce
cas toujours symbolique, de coups de hasard : à qualifier par exemple pour cette fonction une pièce de
monnaie ou cet objet admirablement dénommé dé » (LACAN J. Écrits , Psychanalyse et cybernétique, p. ).
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