AN, JJ 246 - Université Rennes 2

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AN, JJ 246 - Université Rennes 2
Lettres de rémission de 1531-1532
(AN, JJ 246)
Lettre n° 1, f° 3 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jacques de
Rugny, archier de la garde de
2 notre corps soubz la charge de notre amé et feal le sieur de Nançay, de present prisonnyer en
la conciergerie de notre palais a Paris, contenant
3 que des sa jeunesse il s’est adonné au faict des armes et employé son temps a notre service
au faict de la guerre, sans avoir entendu
4 l’ordre de plaidoyrie, et auroit paisiblement vescu entre ses voysins et amys, et mesmement
avec domp Philibert de Chaillou, prieur
5 de Lurcy, hanté et frequanté avec luy jusques puis cinq ou six ans en ça que ledit de
Chaillou auroit intenté quelque proces en qualité
6 de curateur d’aucun myneur a l’encontre dudit suppliant, pour raison de quelque pré, terre
ou riviere, par devant le bailly de Saint-Pierre-le7 Moustier ou son lieutenant. Et depuis seroit ledit proces devolu par appel en notre court de
parlement a Paris. Et ce pendant, ledit du Chaillou
8 auroit obtenu dudit bailly de Saint-Pierre-le-Moustier, et depuis de notredite court de
parlement, sauvegarde et saufconduyt, qu’il auroit
9 faict signiffier audit suppliant. Lequel non sachant la consequance des infractions desdits
saufconduyt et sauvegarde, et adverty
10 que Guillaume Villain dict Petiot, prebtre, receveur dudit de Chaillou, Pierre Cousturier,
son mestayer ou fermier, et Huguet Thoreau,
11 soy disant son officier, estoient conducteurs dudit proces et faisoient leur faict d’icelluy en
s’entremectant pour ledit de Chaillou
12 contre ledit suppliant, auroit esté d’eulx mal contant et leur auroit faict quelzques menasses
pour sa legiereté et imprudence. Et
13 ung jour entre autres en l’an mil Vc vingt-cinq, luy estant pres du moulin de Monjardin sur
la riviere de Canne, acompaigné
14 d’aucuns ses amys jusques a troys ou quatre au plus, avec lesquelz il avoit acoustume de
frequanter, garniz d’espees, arbalestes,
15 hacquebutes et autres bastons qu’ilz ont acoustume porter pour ce qu’ilz sont gens de
guerre, envoya icelluy suppliant son paige
16 ou lacquays oudit moulin pour veoir qui y estoit. Et pour avoir couleur de ce faire,
demanda ledit paige ou lacquais a la musniere
17 s’il y avoit du poisson. Et apres qu’il eut apperceu ledit Guillaume Villain, sortit dudit
moulin. Et tout souldain y rentra, tenant
18 ung baston rond de deux piedz de long, duquel il donna ung coup sur les espaulles dudit
Villain, luy conmendant de sortir. Et ce pendant,
19 survynt ledit suppliant sur l’empallement dudit moulin, et d’ung poussouer de boys a
prandre poisson qu’il trouva a l’entour dudit
20 moulin, repoussa ledit Villain qui vouloit sortir et luy bailla dudit poussouer par l’estomac,
tellement qu’il cheut. Et luy
21 estant par terre, luy donna quelzques coups de pied par le ventre, le foullant des piedz et
des mains. Et si luy donna dudit
22 baston de boys autres coups par la teste et autres parties de son corps jusques a effusion de
sang, le traynant par les
23 cheveulx par quelzques foiz. Et ledit suppliant estant ainsi esmeu contre ledit Villain, qui
s’estoit relevé et s’en fuyoit parmy les
24 prez, nue teste, le poursuyvit esdits prez sans toutesfoiz luy faire autre chose. Et en
retournant, aperceut que sondit lacquays
25 tenoit le bonnet et chappeau dudit Villain. Au moyen de quoy, les luy feit repporter audit
moulin et bailler a ladite musniere
26 pour les bailler audit Villain. Lequel ledit suppliant auroit depuis menassé quelque foiz,
maiz ne luy auroit faict autre
27 desplaisir. Et quant audit Cousturier, fermier susdit, ledit suppliant voyant qu’il se jugeroit
contre luy en tenant le party
28 dudit de Chaillou, et oultre qu’il avoit prins et levé a Bussieres la part et portion des blez
appartenant a ung gentilhomme,
29 son cousin, nommé de Franay, ne s’en estoit peu contenter, luy auroit faict quelzqus
menasses. Et entre autres, le premier jour d’aoust mil
30 Vc XXV l’auroit rencontré a la foire d’alleux, luy remonstrant : « ça villain, par le SangDieu, a ceste heure je vous ay trouvé, je vous
31 levreteray bien ! » Quoy voyant ledit Cousturier s’en fuyt au travers des prez du Brueil, audessoubz du villaige de Bussieres, et
32 lors ne luy fut faict autre desplaisir. Et jusques au mercredi apres la feste Notre Dame que
lesdits de Franay et suppliant,
33 chassans avec leurs oyseaulx et chiens au travers des champs, veirent ledit Pierre Le
Cosuturier, labourant en ung champ de
34 la mestairye dudit de Chaillou. Au moyen de quoy, picquerent leurs chevaulx contre ledit
Cousturier qui print sa course
35 vers ung petit bouquet de boys, appellé Monperoux, et feirent tumber par terre, passerent et
repasserent leurs chevaulx par36 dessus luy et par-dessus Brethomnyer [sic] Cousturier, son frere, ayant ung esguillon pour
toucher les beufz, lequel ilz luy osterent,
37 blesserent ledit Pierre Cousturier, luy donnerent plusieurs coups orbes, savoir ledit Franay
du bout de sa hacquebute et
38 ledit suppliant dudit esguillon, disant ces motz : « par la Mort-Dieu, villain, je te garderay
bien que tu ne laboureras
39 jamaiz pour ce villain moyne qui est trop riche qui ne destruyt ! » Au moyen desquelz
coups jusques a effusion de
40 sang, ledit Pierre Cousturier ne s’en peult lors aller et le convint porter par dessoubz les
bras jusques audit villaige
41 du Chaillou. Et depuis auroit esté malaisé de sa personne, tellement qu’il se seroit voulu
dire percluz et ne se povoit
42 ayder de ses membres, dont ledit suppliant auroit esté depuis fort desplaisant et se seroit
plusieurs foiz enquis comme
43 se portoit ledit Cousturier. Et que combien que paravant il eust plusieurs foiz menassé de
batre, toutesfoiz qu’il
44 ne s’en souciast et ne luy en vouloit plus, maiz a villain receveur dudit de Chaillou, lequel
il auroit
1 depuis menassé bien batre. Et au regard dudit Huguet Thoreau qui s’entremectoit aussi
avant que nul autre dudit proces pour ledit de
2 Chaillou, duquel il estoit sergent et officier, voyant ledit suppliant qu’il se trouvoit a tous
exploitz qu’ilz se faisoient contre luy pour ledit prieur
3 de Chaillou, et mesmement c’estoit trouvé a certain exploict de veue faicte oudit proces et
aussi a certain conmandement et execution que avoit faict sur ledit
4 suppliant ung de noz sergens conduict et mené par ledit Thoreau, ledit suppliant auroit lors
dict audit Thoreau telz motz ou semblables : « par la Mort5 Dieu, si vous estiez en autre compaignye que du commissaire, je vous froteroye bien et vous
monstreroye que c’est que venez icy chercher ! »
6 Aussi quelque autre foiz, ledit suppliant auroit requis ledit Thoreau de faucher es prez de
besure contentieux et faire ung pertuys en une
7 haye et ouverture et chemyn pour passer esdits prez, a quoy il auroit tousiours resisté et n’y
auroit jamaiz voulu entendre, fors
8 qu’il auroit esté contrainct faire ladite ouverture pour passer. Au moyen de quoy, ledit
suppliant, non contant de ce que dessus, ung jour entre
9 autres qu’il s’estoit trouvé en la compaignye dudit de Franay, son cousin, en prenant leur
recreacion apres souper, s’estoient desguisez
10 en habitz de paisans, comme ilz ont acoustume faire quant ilz sont sur les champs, vont a
la chasse ou autre part. Et eulx vestuz, savoir
11 est ledit suppliant d’ung saye de bureau tirant sur le noir et ledit de Franay d’un manteau
blanc, se deslibererent aller en la maison
12 dudit Thoreau, en laquelle ilz se transporterent environ une heure de nuyt, et illec
trouverent ledit Thoreau a table, soupant acompaigné
13 de ses voysins. Et d’entree, ledit suppliant et de Franay frapperent quelzques coups sur la
table, ensemble sur ledit Thoreau, au moyen
14 desquelz la chandelle fut estaincte et ne tindrent autres propoz que de tuer la clarté en ruant
sur ledit Thoreau. Lequel au moyen du coup
15 que luy bailla ledit suppliant du bout de sa hacquebute sur l’espaulle drcoite, tomba a terre
soubz la table. Et luy estant soubz ladite
16 table, luy furent donnez plusieurs coups de baston ou pau par ledit Franay sur plusieurs
parties de son corps, tellement qu’il rendoit le
17 sang par la bouche, et desdites mutillacions qu’ilz eussent esté plus grandes sans
l’empeschement de ladite table et de la femme dudit
18 Thoreau qui se mectoit au-devant, icelluy Thoreau se seroit longuement mal trouvé de sa
personne et environ l’espace d’ung an. Lesquelz
19 suppliant et Franay, en sortant de la maison dudit Thoreau, rencontrerent a l’huys Pierre
des Chaulmes qui avoit soupé avec ledit
20 Thoreau et leur dist qu’ilz povoient bien aller querir le prebtre et autres parolles
semblables. Au moyen de quoy, ledit suppliant tout
21 eschauffé bailla audit des Chaulmes sur le visaige, luy disant qu’il ne dist mot. Et ledit
suppliant tousiours irrité et fasché
22 desdites querelles, proces et debatz d’entre luy et ledit de Chaillou, ung jour entre autres en
l’an mil Vc XXVII, acompaigné dudit
23 Franay, son cousin, s’estoit trouvé dedans ung petit boys appellé La Chassaigne. Et eulx
estans contre ung chesne en habit
24 dissimullé, demanda a ung passant, qui estoit de Ferrieres, s’il estoit des tireurs de pierres
de ce villain moyne de Chaillou.
25 A quoy ledit Franay respondit telz motz ou semblables: « et puis quant ainsi seroit, fault-il
pas qu’il gagne sa vie ? » De laquelle
26 responce, ledit suppliant se contenta et ne feit autre desplaisir audit passant. Et pour ce que
lesdits exces faitz es personnes desdits
27 Villain, Cousturier et Thoreau estoient advenuz par folle entreprinse et legiereté de
jeunesse sans considerer par ledit suppliant
28 ce qu’il faisoit et qu’il n’y avoit jamaiz eu propoz deliberé de conmectre aucun homicide,
ledit suppliant congnoissant la faulte,
29 apres avoir entendu l’importance des infractions desdits saufconfuyt et sauvegarde, et
contre lequel avoit esté decerné
30 adjournement personnel au prouchas dudit de Chaillou ou il seroit comparu, auroit esté
interrogé par noz amez et feaulx
31 conseillers maistres Jehan Tronson et Raoul Aymeret, pardevant lesquelz il auroit denyé
les faictz dessusdits, se seroit rendu prisonnier
32 esdites prisons et presenté en notredite court certaines lettres de pardon qu’il auroit
obtenues a la nouvelle et joyeuse entree de notre
33 tres chere et tres amee compaigne la royne en la ville de Paris, et par icelles donné
sonmairement [sic] a entendre qu’il avoit
34 oultraigé les dessusdits. Et icelles levees en jugement, auroit affermé le contenu veritable.
Et apres le tout criticqué
35 a notre procureur general, auroit esté ordonné par arrest que les tesmoings contenuz esdites
informacions seroient recollez et a luy
36 confronctez. Or est-il que depuis les interrogatoires a luy faictz et pensant a luy mesmes
ausdits cas plus avant qu’il
37 n’avoit faict auparavant, et ainsi iceulx cas estre advenuz en la forme cy-dessus recité, au
moyen de quoy et
38 que l’intencion et entreprinse dudit suppliant ne fut oncques de batre ne mutiller a mort les
dessusdits, et pour ce faire
39 il ne desgaynna oncques espee ne autres bastons maiz ont seulement les coups estez
donnez des boutz du boys de
40 hacquebutes ou autres bastons de boys, et que lesdits cas sont advenuz par imprudence et
jeunesse, nous a humblement
41 supplié, actendu que en tous autres cas il s’est bien et honnestement conduict et gouverné
sans avoir faict ne commis
42 chose digne de reprehencion, luy impartir sur ce noz grace, remission et misericorde. Pour
quoy nous, ces choses considerees,
43 voulans preferer misericorde a rigueur de justice, inclinans a la requeste et remonstrance
qui faict nous ont esté de la part de
44 plusieurs noz cappitaines, gentilzhommes et autres notables personnaiges de notre
royaume et au rapport qui par eulx nous a
45 esté faict de la personne dudit suppliant et des grans services qu’il nous a faict au faict de
noz guerres, luy avons la
46 peine, offence et admende corporelle crymynelle et cyville, en quoy pour occasion desdits
cas, parjuremens qu’il avoit faictz
47 en affermant le contenu en ses lettres de pardon de notredite tres chere et tres amee
compaigne estre veritable, et en
48 denyant ladite verité en respondant aux interrogatoires qui luy ont esté faitz sur lesdites
informacions, ensemble tous et
49 chacuns les faitz et cas dessusdits, commuez et commuons en ung voyage qu’il sera tenu
faire a Saint Jacques en Galice dedans
50 ung an prochain venant et de ce apporter deue certifficacion. Et quant au surplus de ladite
peine en quoy il pourroit pour
51 raison desdits parjuremens, infraction de sauvegarde et saufconduyt, faitz et cas dessusdits,
les luy avons remis, quictez
52 et pardonnez, remectons, quictons et pardonnons etc., en mectant etc. Si donnons en
mandement par ces mesmes presentes
53 a noz amez et feaulx conseillers les gens tenans notre court de parlement a Paris, pour ce
que ledit suppliant est detenu
54 prisonnier pour lesdits cas en notredite conciergerye du palais, et ont commancé a luy faire
son proces, et a tous noz autres
55 justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Paris ou moys de juillet l’an de grace mil V c
trente
56 et ung et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy, maistre Amaulry
Bouchart, maistre des requestes ordinaire
57 de l’hostel, present Breton, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 2, f° 4 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de André Gasteble,
jeune marchant demourant a Nyort, de
2 present prisonnier en la conciergerie de notre palais a Paris, contenant que six ou sept ans a
ou environ, icelluy suppliant qui lors estoit de l’aaige de vingt3 deux ans ou environ soupa en la maison d’ung masson de Nyort, tavernier, en la
compaignye du filz de Janot de Saint Martin, Françoys Mynart
4 et autres en nombre de cinq ou six, sans mal panser ne faire. Et apres souper, bien boyre et
avoir paié leur escot, sortirent hors de ladite
5 maison environ l’heure de huyt a neuf heures du soir et allerent en la maison de Nycolas
Seure, prebtre, pensans y trouver une fille de joye
6 publicque et commune, rompirent la porte, ledit suppliant present qui toutesvoyes n’entra
dedans ladite maison, et ne scet que les estans avec
7 luy feissent aucun mal ne desplaisir. De la s’en allerent en l’ostel de messire Françoys,
vicaire de Saint Auduyn, pensans pareillement
8 y trouver une fille de joye publicque, fraperent a la porte qui leur fut ouverte par ledit
vicaire. Et neantmoins, les aucuns de la
9 compaignye, autres que ledit suppliant, ne scet lesquelz se furent, rompirent une verriere de
ladite maison, entrerent dedans icelle maison et
10 poursuyvirent icelle fille de joye d’icelluy vicaire, jusques en l’hostel d’un nommé
Hurtebize ou elle s’estoit retiree, la prindrent en une
11 estable a chevaulx et l’enmenerent et tindrent toute la nuyt, durant lequel temps icelluy
suppliant eut sa compaignye charnelle sans
12 toutesvoyes coucher avec elle, et apres se retira sans autre mal ne desplaisir luy faire.
Aussi seroit advenu que puis ung an et demy
13 en ça ou environ, luy estant a Effre pres ledit Nyort avec le mestayer du seigneur de
Marsays et quelzques autres, desquelz n’est
14 recordz, environ l’heure de huyt a neuf heures du soir, et apres boyre allerent en la maison
de la seur d’une nommee Jehanne
15 Chaterelle, laquelle Jehanne Chaterelle estoit lors et depuis a esté lubricque de son corps et
publicque, misrent l’huys dedans et
16 entrerent en ladite maison, de laquelle sortit icelle Chaterelle, qui comme dit est estoit
lubricque et habandonnee de son
17 corps. Et sans autre force ne violance, ledit suppliant la print par la main et la mena en la
maison d’elle, estant pres de la et audit lieu
18 d’Effre, ou ilz coucherent ensemble toute la nuyt et la congneut charnellement ledit
suppliant. Et apres, pour ce que ledit huys avoit
19 esté descloué ou rompu quelzques cloux de la serrure, ledit suppliant donna argent pour le
reparer, et voullut donner de
20 l’argent a ladite Chaterelle, ce qu’elle ne voulut prandre en soy contentant de luy et sans
soy plaindre. Et combien que lesdits cas
21 fussent advenuz sept ou huyt ans a, depuis lequel temps ledit suppliant s’est applicqué au
faict et excercisse de marchandise en bon
22 bruyt et estime, toutesfoiz depuis peu de temps aucuns malveillans d’icelluy suppliant ont
poursuy, de sorte que des cas dessusdits
23 ont esté faictes informacions et par sentence de notre seneschal de Poictou ou de son
lieutenant a Nyort, ledit suppliant a esté condempné a
24 estre fustigé la corde au col et banny dont il a appellé. Et au moyen de son appel, a esté
amené prisonnier en ladite conciergerie
25 de notre palais a Paris ou il est detenu en grand captivité et misere. Et doubte que icelle
notre court voulsist confirmer ladite
26 sentence ou autrement rigoureusement proceder contre luy, en nous humblement requerant
que, actendu que lesdits cas sont advenuz en
27 jeunesse et que en tous autres cas il s’est tousiours bien et honnestement gouverné et est
homme de bonne vie et honneste conversacion
28 sans jamaiz avoir esté reprins, actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou
reproche ne faict chose digne de
29 reprehencion, nous luy vueillons sur ce luy impartir nosdites grace et misericorde. Pour
quoy etc. Si donnons en mandement par ces
30 mesmes presentes a noz amez et feaulx conseilliers les gens tenans icelle notre court de
parlement, en laquelle ledit suppliant est
31 prisonnier et y est sondit proces pendant comme dit est, et a tous noz autres justiciers etc.
Et affin etc., sauf etc. Donné
32 a Fontainebleau ou moys de juillet l’an de grace mil V c trente et ung et de notre regne le
dix-septiesme. Ainsi signé
33 par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 3, f° 4 v°
1 Françoys etc., savoir faisons nous avoir receu l’umble supplication de Loys Rousseau, jeune
filz a marier, natif du
2 villaige de Challeniou, aaigé de XXVI ou XXVII ans ou environ, contenant que en l’an
present mil Vc trente et ung, il auroit achapté certains
3 arbres de chesnes et boys appellez les boys Boussault soubz les boys Durant. Par quoy, a
ung jour de vendredi ou moys de may dernier
4 passé, le pere dudit suppliant garny d’une cougnee et ledit suppliant apres luy, sans panser
en aucun mal, se seroient deliberez eulx transporter
5 esdits boys pour illec buscher ou abatre lesdits chesnes achaptez par ledit suppliant. Et si
tost que ledit pere dudit suppliant, qui alloit le
6 premier, fut en iceulx boys arrivé, y trouva Jehan Morin, tixier, a present deffunct, Ligier
Robert et certains autres qui coupoient avec
7 une scye l’un desdits chesnes que avoit achapté ledit suppliant. Auquel Morin ledit pere
dudit suppliant demanda pourquoy il coupoit
8 son chesne. Et ledit Morin respondit qu’il n’estoit pas a luy et qu’il l’avoit achapté et payé.
Et lors ledit pere dudit suppliant dist audit
9 Morin que ledit Ligier Robert et Damas Boussault l’avoient vendu audit suppliant, son filz,
qui venoit apres luy, disant audit Morin que
10 son corps et biens et ledit chesne estoient soubz notre garde. Et lors icelluy Morin cessa de
besougner et fist opposer ledit Robert.
11 Et peu de temps apres, ledit suppliant acompaigné de Loys Morin arriva esdits boys au lieu
ou estoient sondit pere, ledit Jehan Morin
12 et autres. Et ledit suppliant la arrivé, cherchant paix et amour, dist gracieusement audit
Jehan Morin, texier, a present deffunct : « je vous prie,
13 ne me sciez point mon chesne car je l’ay achapté et paié avec deux autres qui sont marquez
de la mesme marque, et si voulez venir
14 veoir, je les vous monstreray ». Et ce dict, ledit Jehan Morin et ledit suppliant allerent
ensemble pour veoir lesdits autres chesnes que
15 comme dit est avoit achaptez ledit suppliant et leurs marques. En quoy faisant, icelluy pere
dudit suppliant monta sur ledit chesne, dont
16 entre eulx estoit question, et avec une cougnee ou aultre ferrement le oscha sur les marques
que y avoit faictes ledit Jehan Morin.
17 Et quant ledit suppliant et ledit Jehan Morin furent retournez au lieu dudit chesne dont
estoit ledit debat, icelluy Jehan Morin dist audit
18 pere dudit suppliant qu’il descendist de dessus son chesne, mectant sa cougnee au
dessoubz, dont ledit pere dudit suppliant ne tint
19 compte. Et lors icelluy Morin tint gestes de frapper ledit pere dudit suppliant. Quoy voyant
ledit suppliant, meu d’amour paternelle, dist
20 audit Jehan Morin : « ne frapper point mon pere ou nous aurons debat ! » Et en cest instant,
ledit Jehan Morin tout mal meu retourna
21 vers ledit suppliant, l’assaillit et frappa de sadite cougnee sur une rondelle qu’il tenoit, si
rudement et par telle maniere que son bonnet
22 tomba par terre. Et lors icelluy suppliant se reculla dudit Morin, lequel neantmoins le
poursuyvit tousiours. Par quoy ledit suppliant,
23 garny d’une espee qu’il avoit acoustume porter a son costé, pour obvyer au peril de sa
personne, desgaynna icelle espee, de
24 laquelle en soy deffendant et repulsant la force et oultrage dudit Jehan Morin, luy rua ung
coup d’estoc, dont par cas fortuit
25 il fut actainct et blessé au ventre a playe ouverte et sang courant. Et ce faict, ledit Morin
sans ce que ledit suppliant luy voulust
26 faire autre chose, se mist sur sa charrete, que Blaise Morin avoit amenee et son serviteur, et
s’en alla sur icelle en sa maison.
27 Estant en laquelle, interrogé par aucuns qui l’estoient allé veoir comme il avoit esté blessé,
il auroit confessé que c’estoit pour
28 ledit chesne et qu’il avoit tort. Et depuis, au moyen dudit coup ainsi donné par ledit
suppliant audit Jehan Morin, il seroit ung ou deux
29 jours ou environ apres ledit debat, par faulte de bon pansement, bon regime, gouvernement
etc. Pour occasion duquel cas,
30 doubtant ledit suppliant etc. Pour quoy etc. Si donnons en mandement par ces mesmes
presentes au bailly d’Ostun ou a son lieutenant,
31 ou pouvoir, ressort, siege et jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres
justiciers etc. Et affin etc., sauf etc.
32 Donné a Fontainebleau ou moys de juillet l’an de grace mil V c XXXI et de notre regne le
XVIIme. Ainsi signé par le roy a la
33 relation du conseil Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 4, f° 5 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication du curateur ordonné
par justice et des parens
2 et amys charnelz de Guillaume de Crouy, escuyer, demourant au lieu de Saint Piat sur Uze,
contenant ainsi que ledit Guillaume de Crouy
3 devers le soir arriva en sadite maison dudit lieu de Saint Piat, retournant du lieu de
Mesboysin ou il estoit allé pour
1 aucuns ses affaires le jeudi devant Pasques dernieres, il trouva que une nommee Jehanne
Dedigny, sa servante, n’estoit en sadite maison et
2 s’en estoit allee pour ce que ledit de Crouy ledit jour avoit eu quelque question avec elle et
luy avoit donné quelzques souffletz lagierement [sic]
3 et sans mehain ne mutillacion, sans toutesfoiz luy avoir donné congé ne qu’elle luy eust
demandé. Et voyant qu’il ne trouvoit sadite
4 servante, eut quelque suspecon et ymaginacion qu’elle eust emporté quelzques biens de
sadite maison. A ceste cause, se advisa de l’aller
5 sercher en la maison de ses voysins. Et ainsi qu’il chemynoit vers la maison d’un nommé
Guillaume Thiart, a present deffunct, ou il
6 esperoit qu’elle fust, trouva ung jeune enffant de l’aage de dix ou unze ans, filz dudit
Guillaume Thiart, auquel il demanda
7 s’il avoit point veu ladite Jehanne, sa chamberiere [sic], et si elle estoit en leur maison. Et
pour ce que ledit jeune enffant ne luy
8 vouloit respondre, ledit de Crouy, qui eut ymaginacion que sadite servante fust oudit hostel
et que l’on la recellast, luy donna
9 quelque liger soufflet de la main, ce qu’il ne faisoit pour mal qu’il luy voulsist maiz pour
luy faire dire s’il savoit ou estoit
10 sadite servante, et s’en alla ledit Guillaume de Crouy vers ledit hostel dudit Guillaume
Thiart. Et luy estant pres dudit hostel, ledit Guillaume
11 Thiart, qui estoit estimé larron, grant jouer, pipeur et hazardeur, sortit de sadite maison,
tenant une broche de fer en ses mains,
12 et d’icelle rua ung coup d’estoc contre ledit Guillaume de Crouy, s’esforçant luy donner au
travers du corps. Maiz ledit Guillaume
13 de Crouy se destourna et neantmoins dudit coup ledit Guillaume Thiart luy persa de costé
ses habillemens de part en part au droit
14 de l’estomac. Lequel Guillaume de Crouy tira soubzdainement ung pougnart nommé
sangue de dé qu’il avoit a sa sainture et d’icelluy
15 donna audit Guillaume Thiart deux ou troys coups, ne savent lesdits supplians en quel
endroict. Maiz peu de temps, il alla de vie
16 a trespas. Pour raison duquel cas, ledit Guillaume de Crouy a esté constitué prisonnyer es
prisons de Gaillardon ou il est
17 de present detenu. Et luy a l’on [sic] mys en avant pour plus molester que quatorze ou
quinze ans, il avoit eu par force la
18 compaignye d’une femme mariee, ce que jamaiz il ne feit et ainsi l’a declairé ladite
femme. Neantmoins, doubtant sesdits curateur,
19 parens et amys que l’on vueille contre luy proceder, nous humblement requerant que,
actendu l’indisposition de sa personne et
20 ligiereté de son sens et entendement pour lequel luy a esté pourveu de curateur par justice,
que en tous autres cas
21 il est bien famé et renommé sans jamaiz avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre
villain cas, blasme ou reproche,
22 fors que pour raison des homicides par luy commis es personnes de Vandrille Vryent et
Raoullin Huet, il a obtenu noz lettres
23 de remission qu’il a presentees et enterinees, ainsi que pansent lesdits suppliants, il nous
plaise etc. Pour quoy nous, ces
24 choses considerees, voulans misericorde etc., audit Guillaume de Crouy a la supplicacion
de sesdits curateur, parens et amys
25 charnelz avons remis, quicté et pardonné, et par la teneur de ces presentes etc. Si donnons
en mandement par cesdites presentes
26 au bailly de Chartres ou a son lieutenant, ou bailliage duquel ledit cas est advenu, et a tous
noz autres justiciers etc.
27 Et affin etc., sauf etc. Donné a Fontainebleau ou moys de juillet l’an de grace mil cinq cens
trente et ung
28 et de notre regne le XVIIme. Ainsi signé par le roy a la relacion du conseil Deslandes, visa
contentor Deslandes.
Lettre n° 5, f° 5 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Pierre de Gimel,
filz naturel
2 yssu de la maison de Gymel, prothonotaire de notre saint pere le pape, contenant qu’il peult
avoir huyt ans ou environ, ledit suppliant estant
3 a la foire de Chaslus pres Le Pont Annurs, ung nommé Henry Barbier, du lieu d’Erment,
homme en son vivant mal famé et renommé,
4 vint dire audit suppliant audit lieu de Chaslus tout furieusement qu’il luy avoit faict une
robe qu’il portoit de livree, maiz que
5 par le Sang-Dieu il luy osteroit la sienne, et ce soubz couleur de ce que ledit suppliant, par le
conmandement du sieur d’Ambars, son frere1,
6 qui avoit charge soubz notre amé et feal chevalier le viconte de Thurenne 2 de quelque
compaignye de gens, avoit commandé audit suppliant
7 certain jour auparavant qu’il dist audit Henry Barbier qu’il laissast ung sayen de lyvree qu’il
avoit prins et apartenoit a ung
8 des varletz dudit sieur d’Ambars, ce que ledit suppliant feist sans en aucun mal panser. Et
ledit jour, se retournant ledit suppliant
1 dudit lieu de Chaslus au lieu de Varmontet, ledit Barbier suyvyt ledit suppliant et s’en alla a
travers du chemyn sans riens luy dire jusques a
2 ung endroict ou il y a deux chemyns, l’ung tendant audit Varmontet et l’autre audit lieu
d’Erment. Et ledit Barbier print ledit chemyn pour
3 s’en aller audit lieu d’Erment, reyterant encores lesdites parolles en jurant de Sang-Dieu que
avant que ledit suppliant fust audit Varmontet, qu’il
4 auroit sa robe. Auquel Barbier, icelluy suppliant feit responce qu’il n’avoit que ung manteau
qui luy estoit necessaire car il pleuvoit.
5 Et bien tost apres, ledit Barbier a bride avallee estant monté a cheval, en laissant le chemyn
d’Erment, ayant ung grand verdun ou
6 estoc en ses mains, sans riens dire, vint tout furieusement contre ledit suppliant et luy donna
ung grand coup dudit verdun ou estoc par le
7 bras senestre au-dessus du coude, duquel coup ledit bras dudit suppliant fust persé tout
oultre. Quoy voyant ledit suppliant, pour soy sauver,
8 descendit de dessus une petite jument ou il estoit monté, comme si fait ledit Barbier de
dessus sondit cheval. Et estans tous deux a pied, ledit
9 Barbier courut encores sus audit suppliant, lequel pour evyter le dangier de sa personne et
soy deffendre, fut contrainct de desgaynner
10 son espee, de laquelle en soy deffendant et rabatant les coups que ledit Barbier luy ruoit,
donna ung coup audit Barbier a l’endroit
11 de l’eigne. Et ce faict, ledit suppliant mesmes banda la playe audit Barbier de son
mouchoer et le monta a cheval. Lequel Barbier
12 s’en alla a ladite ville d’Erment, ou illec sept ou huyt jours apres ledit conflict, a faulte de
bon appareil, bon gouvernement ou autrement,
1
Sans doute Aimé de Gimel qui était lieutenant de la compagnie d’ordonnance de François de La Tour en 15261527. Il était fils de Gabriel de Gimel et de Marguerite de Lastic, mariés en 1478, et avait épousé Barbe de
Livron (Vindry t. 1 p. 469, t. 2 p. 242).
2
François de la Tour vicomte de Turenne (1497-1532), fils d’Antoine et d’Antoinette de Pons, capitaine de
gendarmes et lieutenant général en Italie en 1524, gouverneur de Gênes en 1528, général de l’armée de Picardie
en 1531, mort en 1532 à Villocher en Nozay où se trouvait la cour (Vindry p. 468).
13 il alla de vie a trespas. Et le lundi Xme jour de juillet derrenier passé, ledit suppliant sans
panser en aucun mal, acompaigné de la damoiselle
14 de Serrain, une petite fille et une autre damoiselle et ung petit filz de Varmontet du sieur
des Chaulmes, d’ung cousturier et le varlet
15 dudit suppliant, s’en allerent en pellerinaige au lieu et parroisse de Condat, auquel lieu
ledit Xme jour de juillet chacun an l’en [sic, l’on] a
16 acoustumé faire feste des Sept Freres Dormans. Et quant ledit suppliant et ceulx de sadite
compaignye furent audit lieu, prenans leur
17 chemyn d’aller a l’eglise acomplir leur pellerinage, trouverent Jehan de Jouac, a present
deffunct, sieur des Ramades, Remond de
18 Jouac, ung nommé Merle, le sieur de Laussepie, le sieur du Mas et de La Brosse et deux
varletz, ayant l’ung desdits varletz une
19 hacquebute, le feu a la main, et l’autre une arbaleste, et tous ensemble chacun une espee.
Lequel suppliant, non pensant a
20 aucun mal, suyvit ledit sieur des Ramades et ceulx de sa compaignye. Et alors ledit sieur
des Ramades dist audit suppliant telles
21 parolles ou semblables : « venez ça, vous avez dit que j’estoye suborneur de varletz ! »
Auquel ledit suppliant feit responce gracieuse
22 qu’il ne l’avoit jamaiz dit. Et sur ces propoz, ledit Reymond de Jouac dist autres telles ou
pareilles parolles en substance, en
23 jurant le sang notre seigneur qu’il avoit dit lesdites parolles et disant : « je regnie Dieu,
vous avez menty ! » Auquel Reymond, ledit suppliant,
24 qui est gentilhomme, feit responce qu’il avoit menty luy mesmes et non pas luy. Et alors
ledit sieur des Ramades, et autres dessus
25 nommez, desgaynnerent leurs espees et commancerent a ruer de grans coups sur ledit
suppliant, en luy disant : « bastard, champys,
26 filz de putain, par le Sang-Dieu nous te tuerons », en cryant « tue, tue ! » Quoy voyant ledit
suppliant, pour obvyer a la fureur dudit de
27 Jouac et autres ses complices, desgaynna son espee et s’en retira a ung coing de la chabane
ou l’on faisoit feste audit lieu.
28 Et ladite damoiselle de Serrain, pour garder que ledit suppliant ne fust oultragé, print ledit
Reymond de Jouac et quelq’un autre
29 tenoit ledit sieur des Ramades. Et sur ces propoz, vindrent audit suppliant ledit sieur du
Mas et maistre Estienne Lesclaieze, procureur
30 dudit Condat, qui dit audit suppliant qu’il se retirast pour obvyer a la fureur des dessusdits.
Par quoy ledit suppliant, en soy voulant
31 retirer, feit responce qu’il ne vouloit point de question avec eulx et qu’il ne leur demandoit
riens. Et incontinant, lesdits de
32 Joieut [sic] coururent sus audit suppliant, cryant « tue, tue », et cryoit ledit Reymond de
Jouac audit sieur des Ramades : « mon frere,
33 mon honneur est folle », pour l’inciter de plus en plus vouloir tuer ledit suppliant,
tellement que lesdits de Jouac commancerent, ou leurs
34 varletz, de bander arbaleste et l’autre varlet, qui avoit la hacquebute chargee, y mectoit le
feu pour tirer contre ledit suppliant.
35 A quoy survynt le varlet dudit suppliant, qui luy osta la corde ou il portoit ledit feu. Et des
lors, ledit sieur des Ramades et
36 autres de sa compaignye conmancerent [sic] de plus fort a ruer de grans coups sur ledit
suppliant, et entre autres ledit sieur des
37 Ramades en rua ung audit suppliant duquel il le blessa en la main. Lequel suppliant soy
recullant tousiours, rebatant lesdits
38 coups, crya par plusieurs foiz audit sieur des Ramades, en disant telles parolles ou
semblables : « Monsieur des Ramades, je vous prie,
39 retirez vous, je n’en veulx point a vous ! » Et sur ces parolles, ledit varlet qui avoit ladite
hacquebute donna par derriere
40 audit suppliant de ladite hacquebute ung grant coup sur le bras senestre. Et ledit sieur des
Ramades, en continuant de pis en pis,
41 voulant mectre a mort ledit suppliant, crioit tousiours « charge, charge, par le Sang-Dieu,
nous vous tuerons », donnant encores
42 plusieurs coups sur ledit suppliant. Pour ausquelz obvyer et se cuyder sauver dans l’eglise,
en recullant il rua quelque coup
43 d’estoc sur ledit sieur des Ramades a l’endroict des costes du costé senestre, et apres s’en
fouyt dedans l’eglise en gectant
44 son espee et s’enferma dedans ladite eglise. Ce faict, lesdits de Jouac et autres de sa
compaignye s’esforcerent rompre
45 la porte de ladite eglise, et ung des varletz monta dessus pour la descouvrir, ayant la
hacquebute et le feu en la main,
46 regardant par les fenestres s’il le verroit pour le tuer, luy disant plusieurs oultrages, disant
qu’ilz l’auroient devant
47 qu’il sortist de leans et qu’ilz le mectroient en pieces. Et voyans qu’ilz ne le povoient
avoir, ledit sieur des Ramades se
48 retira en la maison dudit maistre Estienne Lesclaieze audit lieu de Condat, ou il demeura
l’espace de sept ou huyt jours
49 mallade, et n’eust pour se panser que ung cirurgien qui n’est savant ne expert, et luy feit
fermer la playe troys ou
50 quatre jour apres. Et depuis ladite playe fermee par l’impericité dudit cirurgien, Jehan de
Jouac, sieur des Ramades, vint
51 groz comme ung tonneau. Au moyen de quoy, sept ou huyt jours apres ledit conflict, par
faulte de bon regime, [bon gouvernement ou autrement, il alla de vie a trespas 3]. Pour
occasion
52 duquel cas ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, se seroit absenté dudit pays, ouquel,
ne ailleurs en royaume, il n’oseroit bonne ne seurement frequanter etc., en nous humblement
requerant, actendu la maniere desdits cas advenuz,
53 que ledit suppliant les a commis en son corps deffendant, aussi que en tous autres cas il
s’est tousiours honnestement conduit et gouverné sans jamais etc. Pour quoy etc. Si donnons
en
54 mandement par ces mesmes presentes au bailly de Montferrant ou a son lieutenant, notre
plus proche juge des lieux, ou povoir,
55 ressort et baillaige duquel lesdits cas ont esté commis, et a tous etc. Et affin etc., sauf etc.
Donné a
56 Fontainebleau ou moys de juillet l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne
le dix-septiesme.
57 Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
3
Section ajoutée à la fin de la lettre, indiquée par un renvoi.
Lettre n° 6, f° 9 r°
En marge : « Le commencement de cette pièce : rémission pour Léonard du Chemin,
manque ».
1 suppliant, en luy disant telles ou semblables parolles : « voyla une belle espee, je vous prie,
donnez la moy et si vous avez envye d’une arbaleste, je vous la donneray
2 et mon espee avec ». Alors ledit suppliant respondit que de son espee il ne la donneroit point
mais que s’il vouloit ung de ses chevaulx, qu’il luy donneroit
3 volantiers. Et lors, ledit suppliant voyant que ledit de Coumessy luy faisoit mauvaise chere a
raison du reffuz de ladite espee, et sans aucune
4 question ne debat, print son chemyn pour s’en aller au logis dudit Nicolas Le Maistre, pere
de ladite Collecte, avec ses chevaulx. Et lors, ledit suppliant
5 s’adressa a icelluy Nicolas Le Maistre, en luy disant telles ou semblables parolles : « je
veulx avoir alliance avec vous pour ce que je loge en votre
6 villaige. Lequel Le Maistre respondit audit suppliant qu’il vouloit congnoistre premier qie
[sic] d’aymer et qu’il demourast en sa maison, et qu’il
7 feist bonne chere, ce que ledit suppliant feit par l’espace de huit ou dix jours. Pendant lequel
temps, ledit suppliant s’en aller [sic] a ung certain
8 jour, dont ledit suppliant n’est a present recordz, aux nopces d’un nommé Anthoine Bertier,
sans penser a nul mal, ayant en sa compaignie ladite
9 Collecte, sa fiancee, et plusieurs autres damoiselles. Et quant icelluy suppliant fut a ladite
feste arrivé, survynt deux compaignons,
10 dont l’un estoit nonmé Le Roulx du nom duquel ledit suppliant n’est a present recordz et
Huguet Beaubouchier de ladite parroisse de
11 Gueilles Fontaines, lesquelz s’adresserent audit suppliant en luy monstrant signe d’amytié
et le priant d’aller boire audit Gueilles Fontaines
12 avec eulx, lesquelz deux compaignons estoient audit suppliant incongneuz et aussi que a la
suscitation dudit Nicolas de Coumessy, lesdits
13 deux compaignons et ung nonmé Marquet avoient conspiré de oster l’espee dudit suppliant
et de le mectre en blanc, sans ce que icelluy
14 suppliant en seust aucune chose. Et ledit suppliant leur respondit : « je n’y veulx point aller
pour aujourd’uy, mays mardi nous nous
15 trouverons et feront volantiers bonne chere ensemble ». Et voyant lesdits deux
compaignons qu’ilz ne pouvoient parvenir a
16 leur mauvais vouloir, se separent d’ensemble. Et quant ilz furent separez, s’adressa ledit
Marquet, garny de son espee et d’une rondelle, audit Le Roulx,
17 faignant eulx baptre pour veoir si ledit suppliant se mectroit entre deulx et desgaynneroit
sadite espee pour la luy oster, ce que touteffois ledit suppliant ne feit. Et voyant
18 par lesdits deulx compaignons et Marquet que icelluy suppliant ne feit aucun semblant
desgaynner sadite espee pour se mectre entre deulx, se separerent et s’en allerent
19 d’ung cousté et ledit suppliant de l’autre. Et fut mené boire a ladite feste par aucuns des
amys et parens dudit Nicolas Le Maistre. Et quant ilz eurent beu a ladite feste,
20 s’en allarent en la maison dudit Nicolas Le Maistre audit Noyers. Et le lendemain, qui
estoit jour de lundi, ainsi que ledit Nicolas Le Maistre revenoit de marchandise,
21 ledit Marquet s’adressa a icelluy Le Maistre en son estable, qui donnoit a manger a son
cheval, et ledit Marquet dist audit Le Maistre telles ou semblables parolles :
22 « Maistre, ne congnoist tu point ces deux la ? », en laquelle compaignye y estoient ledit
Nicolas de Coumessy, Anthoine Coquerel, beau-frere dudit
23 Marquet, et Jehan Agon, qui faisoit le troisiesme, lequel Le Maistre luy dist : « si foiz, je
les congnoiz ! » Alors ledit Marquet respondit : « les voyez-vous la,
24 se sont brigans qui m’ont voulu destrousser en ce boys ! » Et lors ledit Marquet, plain de
mauvais vouloir et intencion, garny de sadite espee qu’il avoit
25 nue soubz une cazacque, garny aussi d’une rondelle, s’adressant en la maison dudit
Nicolas Le Maistre, ou estoit ledit suppliant, aient [sic, ayant] ung tablier devant luy, sans
26 verge ne baston, dans la bouticquet de la maison dudit Nycolas Le Maistre, et ladite
Collecte qui aprestoit le bancquet pour aucuns ses parens et amys et ung
27 vachier de ladite maison, a laquelle fiancee ledit Marquet s’adressa et luy dist : « Collete,
donne moy a boire ». Et ladite collete luy respondit : « voulez
28 vous du cystre ou du perey ? » Lequel Marquet respondit que : « non, je veulx de la
biere ! » Et ladite collete luy dist gracieusement qu’il n’y en
29 avoit point pour l’heure en la maison. Et lors, ledit suppliant qui estoit illec presens dist a
ladite Collete, sa fiancee, pensant faire service audit Marquet :
30 « allez luy tirer du meilleur ». Et lors ledit Marquet, garny de sadite espee nue et de sadite
rondelle comme dit est, dist audit suppliant telles
31 parolles ou semblables : « traytre, t’en fault il parler, tu es mort ! », en luy ruant ung coup
de sorte que ledit suppliant fut blessé en ung de
32 ses bras jusques a grant effusion de sang. Quoy voyant ledit suppliant, qui n’avoit ne verge
ne baston comme dit est, et en s’en voulant
33 retirer tourna a l’entour de la table pour evyter a noyse et debat. Et en s’enfuyant, advisa
sadite espee qui estoit pendue en une cheville
34 pres la porte, devant laquelle il print et desgaynna a raison que l’autre le poursuyvoit fort,
en luy criant tousiours la mort.
35 Et ledit suppliant voyant qu’il ne povoit plus reculler rua ung coup de sadite espee
seullement, duquel coup ledit Marquet fut actainct en
36 une de ses cuysses, ne sçait ledit suppliant en quel endroit parce qu’il n’en est a present
records. A l’occasion duquel coup, ledit Marquet
37 par faulte de bon apareil, gouvernement ou autrement seroit allé de vie a trespas
incontinant apres ou environ. Pour occasion duquel cas,
38 ledit suppliant oubtant rigueur de justice s’est absenté du pays ouquel ne ailleurs en notre
royaume il n’oseroit bonnement converser,
39 reparer ny demourer si noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, en nous
humblement requerant que,
40 actendu ce que dit est et que en tous autres cas ledit suppliant est bien famé et renonné [sic]
sans jamais avoir esté actainct ne
41 convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, nous luy vueillons etc. Pour quoy
etc. Si donnons en mandement par
42 ces mesmes presentes au bailly de Caux ou a son lieutenant a Neufchastel, ou povoir,
ressort et jurisdiction duquel ledit
43 cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a
Fontainebleau ou moys
44 d’aoust l’an de grace mil cinq cens trente-ung et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi
signé par le roy a la
45 relation du conseil, Longuet, visa contentor Longuet.
Lettre n° 7, f° 13 r°
1 François etc., savoir faisons a tous presens et a venir nous avoir receu l’umble supplicacion
de Jehan Guye, chargé de femme et enfans, aagé de vingt-sept ans ou environ,
2 filz de famille de Jehan Guye, son pere, demourant au lieu de Thaleney ou bailliage de Sens,
contenant que le mercredi apres la feste de Penthecoste derreniere passee, ainsi que ledit
3 suppliant estoit en la court de la maison ou grange de sondit pere, monté sur ung char,
environ l’heure de six heures du soir, ou il aidoit a descharger des fagotz
4 que avoient esté amenez audit char, maistre Estienne Guye, en son vivant oncle paternel
dudit suppliant, nagueres trespassé, luy dist telz motz : « Jehan, vient t’en ! »
5 Quoy voyant, ledit suppliant descendit dudit char et estre arrivé vers sondit oncle, en allent
luy dit « ton pere est vers la halle apres sa vache que l’on luy
6 a prise, je crains qu’il y ait noyse, va t’en vers luy » et que messire Jehan Oussella dit
Forneret, prebtre, y estoit. Lequel suppliant, bien adverty que entre sondit pere et ledit
7 Forneret y avoit question et different et que icelluy pere dudit suppliant avoit obtenu en
justice plusieurs sentences avec comdampnacion de despens a l’encontre dudit
8 Fourneret, aient [sic, ayant] craincte que sondit pere fust oultraigé tyra le plus hastivement
qu’il peult au lieu ou il pensoit que fust sondit pere, lequel il
9 trouva pres le cemetiere et halle dudit Thalemey [sic]. Et avec icelluy pere dudit suppliant
estoient ledit Jehan Fourneret de Coutillier, prebtre, et Benigne
10 Prunyer, procureur institué par les parties amodiates en la seigneurie dudit Thalemey,
lesquels l’on disoit avoir pris sur le grant chemyn la vache
11 du pere dudit suppliant. Auquel Prunyer, soy disant procureur que dessus, ledit suppliant
dist qu’il rendroit ladite vache. Et ledit Prunyer dist
12 que s’il ne l’avoit prinse, qu’il la prandroit et qu’ilz viensissent quant ilz vouldiront [sic] et
qu’il leur avoit appresté ung bon bancquet. Sur ce
13 le pere dudit suppliant dist et requist a Jehan Menestrier, lieutenant du juge dudit
Thalemey, la present, qu’il luy fist justice de la prinse de
14 sadite vache. A quoy ledit Jehan Menestrier, lieutenant, pour ce qu’ilz estoient ou
cemetiere, dist qu’ilz viensissent en la halle du lieu la pres et
15 qu’il leur feroit justice. Et en allant au lieu ordonné par ledit lieutenant, eurent plusieurs
parolles, entre lesquelles ledit Prunyer dist
16 audit suppliant et sondit pere qu’ilz avoient assés de vaches mal acquises. Et eulx estans en
ladite halle, icelluy pere dudit suppliant requist
17 justice luy estre faicte et delivrance de sadite vache. Et ledit lieutenant, apres peu
d’intervalle de temps, tenant ung papier en sa main
18 qu’estoit ung appoinctement par luy rendu au faict de ladite vache le lundi precedent, dist
audit Prunyer telz motz ou semblables : « compere, veez la l’appoinctement
19 qui a esté rendu de ceste vache. Lirez le ou si vous voulez, je le lire ». Lequel Prunyer dist
qu’il n’avoit que faire dudit appoinctement et pourquoy
20 il ne luy en avoit baillé ung double, en ce disant rudement et par collere, despetit et fureur
print ledit appoinctement des mains dudit lieutenant, le mectent
21 quasi en ung monceau, comme si il l’eust voulu rompre. Lequel lieutenant se voyent
oultraigé et comdampné, dist audit Prunyer qu’il luy rendroit
22 ledit appoinctement et print ledit Prunyer pour le luy faire rentre. Et voyent ledit suppliant
ledit lieutenant estre oultraigé et contempné, aussi
23 l’appoinctement donné en ladite matiere au prouffict de sondit pere estre ainsi
vehementement osté, print pardessus le bras ledit Prunyer, luy
24 disant qu’il rendroit ledit appoinctment. Et ainsi que ledit suppliant tendoit de faire rendre
ledit appoinctement audit lieutenant, ledit Jehan Fourneret,
25 prebtre, gecta par terre ung manteau qu’il avoit sur ses espaulles et vint prandre et saisir
ledit suppliant de l’une de ses mains par les cheveux
26 et de l’autre par le collet. Lors ledit Jehan Guye, pere dudit suppliant, dist audit Fourneret
qu’il lascheroit ledit suppliant, son filz. Et pour ce qu’il tenoit
27 tousiours ledit suppliant par les cheveux, icelluy pere dudit suppliant le print aussi par les
cheveux et luy fist lascher ledit suppliant.
28 Lequel suppliant, voyent que ledit Fourneret tenoit sondit pere par les cheveux, fut tant de
ce que aussi de l’oultraige et agression que luy avoit
29 faict ledit Fourneret, tres fort esmeu et en jurant Dieu et faisant quelzconques sermens,
dont il n’est records, luy dist qu’il luy feroit
30 bien lascher sondit pere. En ce disant, desgaynna ung baston qu’il avoit a sa saincture, que
l’on nomme une coutelasse, enmanchee
31 de corne de serf, et en rua coup sur coup troys ou quatre coups sur ledit Fourneret, qui ainsi
tenoit par les cheveux sondit pere, dont
32 il luy fist playes et sang tant sur l’espaulles destre que senestre, dont ne s’est ensuivy
inconvenient de mort. Et en cest
33 instant, ledit Prunyer qui tenoit une hache d’armes et que ja avoit comme l’on dit blessé et
oultraigé de ladite hache ledit
34 Jehan Menestrier, lieutenant dessusdit, estant loing dudit Prunyer comme une visé et
demye ou environ, auquel suppliant qui
35 lres [sic] se vint adresser audit suppliant, qui ne pensoit audit Prunyer, Jehan Prunyer de
ladite hache luy donna par derriere ung
36 grant coup sur la teste qu’il avoit nue. Lequel suppliant soy sentent ainsi frappé, en faisant
quelque jurement en soy
37 retournent, courut sus audit Prunyer et rua de sadite coutellasse troys ou quatre coups sur
ledit Prunyer. Et advint
38 que ainsi que ledit suppliant qui estoit fort esmeu le faisoit reculler, ledit Prunyer rancontra
quelque boys ou fut
39 poulsé par ledit suppliant, tellement qu’il tumba sur un genoul ou deux genoulx, tenant
tousiours sadite hache d’armes,
40 auquel ledit suppliant donna ung autre coup sur la teste a playe et a sang. Et encores haulsa
le bras avec sadite
1 coutelasse, fort esmeu de la douleur qu’il sentoit du coup que luy avoit donné ledit Prunyer,
mays sur ce icelluy Jehan Guye, pere dudit suppliant, apres qu’il fut
2 lasché par ledit Fourneret, luy escria : « Hola Jehan, s’est assez ! » Lequel suppliant se
arresta, oyent le cry de sondit pere, et se cuida retirer. Et en ce faisant et
3 regardant lesdits Fourneret et Prunier, usa de quelques menasses en faisans quelzques
seremens et juremens : « je croy que ses bellistres nous mectrons
4 hors de la ville si je me mes apres vous ! Je vous batray tant que une autresfois vous
garderés de vous prandre a moy ! » Et ainsi que ledit
5 suppliant se retiroit avec sondit pere et que ledit Prunier le suyvoit tenant ladite hachete en
sa main et que la estoit Jehan Fretet, serviteur domesticque
6 de l’un desdits amodiateurs de ladite terre et ung nonmé Hudelot Alix, sergent, ledit
suppliant leur dist : « ne me aprochez pas ou je vous en
7 donneray autant ! » Aussi s’efforça retourner contre ledit Prunier, qui tousiours le suyvoit, la
hache en la main, dont il fut empesché
8 par sondit pere de ce faire, pour ce que Guyote, mere dudit Prunyer, se vint mectre au
travers du chemin, appelant meurtrier ledit suppliant,
9 qui s’en alloit en l’ostel de sondit pere et que ledit Prunyer le suyvoit, tenant sadite hache
comme dit est, ledit suppliant frappa ou poulsa
10 de sa main ladite Guyote. Et se absenta ledit suppliant. Lequel a esté adverty que ledit
Prunier, au moien desdits coups a luy donnez
11 par ledit suppliant, par faulte de bon apareil ou autrement, quinze jours apres ou environ,
estoit allé de vie a trespas. Pour occasion
12 duquel cas, ledit suppliant s’est tenu absent et fugetif. Et pendant sadite absence, plusieurs
deffaulx et constumaces ont
13 esté donnez a l’encontre de luy [sur certaines assignations que l’on dit luy avoir esté
donnez a voye de cry a peine de ban et de confiscation de corps et de biens, d’aucuns desquelz
ledit suppliant est appelant4], nous humblement requerant que actendu que en tous autres cas
il est bien famé et renommé sans
14 jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il
nous plaise luy impartir
15 noz grace et misericorde. Pour ce est-il que nous etc. Si donnons en mandement par
cesdites presentes au bailly de Sens ou a son
16 lieutenant ou bailliage, duquel etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Fontainebleau ou moys
d’aoust l’an de grace mil cinq cens
17 trente-ung et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la relacion du
conseil, Deslandes, visa contantor
18 Deslandes.
4
Section ajoutée à la fin de la lettre, indiquée par un renvoi.
Lettre n° 8, f° 13 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Colin Thibault,
povre homme charpentier et sayeur de boys, demourant a Mamberville ou conté de Clermont
2 en Beauvoysis, chargé de femme et enfans, contenant que le jour Saint Martin d’esté
derrenier passé, ledit suppliant, Vasquin Le Son, a present desfunct, Mathieu Le Fevre et
Roquet Le Roy se mirent a jouer
3 a la courte boulle aux estoeufz. Et combien que ledit suppliant eust baillé ung douzain audit
Vasquin Le Son, sur lequel ledit Vasquin Le Son avoit gaugné deux oyais dudit Thibault,
4 suppliant, toutesfoiz ledit Vasquin Le Son denyoit que ledit suppliant luy eust baillé aucune
chose, disant que ledit suppliant ne luy avoit riens baillé. Lequel suppliant luy dist que si
5 avoit, et ledit Vasquin dist audit suppliant qu’il avoit menty. Et ledit suppliant luy dist que
s’estoit luy. Aussi ceulx qui la estoient presens dirent audit Vasquin que a la verité, ledit
6 suppliant luy avoit baillé ledit douzain, et estoit la verité telle. Et en ses parolles,
s’aproucherent l’un de l’autre, mays les assistans se mirent entre deux. Et se
7 revestirent ledit suppliant et ledit Vasquin Le Son de leurs habillemens qu’ilz avoient
despoillez pour jouer. Et jaçoit ce que, comme dit est, ledit debat procedast du tort dudit
8 Vasquin Le Son, qui comme dit est avoit desnyé avoir le douzain, toutesfoiz ledit Vasquin
tousiours injurioit ledit suppliant, luy disant qu’il estoit filz de putain qui boulloit
9 avec luy et la mere qui l’avoit porté ne le congnoissoit pas, luy proufferant autres parolles
iniurieuses. Et sur ce ou bien toust apres, ainsi qu’ilz continuoient ledit
10 parolles, ledit Vasquin Le Son chauldement print et amassa une pierre. Et icelle tenant en
sa main, vint contre ledit suppliant, haulsant le bras, ramenant son
11 coup avec ladite pierre contre ledit suppliant. Lequel suppliant mist au-devant du coup ung
cousteau a trancher pain qu’il tenoit en sa main. Et advint que ledit Vasquin,
12 en ramenant sondit coup, eut dudit cousteau, que ledit suppliant mist au-devant, le bras
persé au-dessus du coude. Au moyen duquel coup, dix ou douze jours apres,
13 par faulte de bon appareil et gouvernement ou autrement, il alla de via a trespas. Pour
raison duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice s’est absenté hors
14 du pays, nous humblement requerant que, actendu que en tous autres cas il est bien famé et
renommé sans jamays etc., il nous playre etc. Pour quoy etc.,
15 voulant misericorde etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au bailly de
Senlis ou a son lieutenant, pour ce qu’il est notre plus prouchain juge du lieu
16 ou ledit cas est advenu, qui est ou conté de Clermont ou n’a aucun juge de par nous, et a
tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc.
17 Donné a Fontainebleau ou moys d’aoust l’an de grace mil cinq cens trente-ung et de notre
regne le dix-septiesme. Ainsi signé
18 par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 9, f° 14 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Martin Sezy,
contenant que, de treize a quatorze ans a ou environ, ledit suppliant
2 lors aagé de vingt ans ou environ estant au lieu du Puy en Anjou dont il est natif, se trouva
avec quatre compaignons a luy incongnuz et aussi avec ung nommé
3 Jehan Barin et ung autre nommé Regault, qui avoient avec eulx une fille publicque. Et apres
qu’ilz eurent beu audit lieu du Puy, s’en allerent ensemble et ladite
4 fille en leur compaignie jusques au village du Vandenay, distant dudit lieu du Puy d’une
demye lieue ou environ. Auquel lieu se meult quelque debat entre
5 lesdits Barin et Regault et lesdits quatre compaignons audit suppliant incongnuz, entre
lesquelz estoit ung nommé Françoys Estable, lequel combien qu’il fust
6 natif du lieu de La Brosse pres ledit lieu du Puy, toutesfoiz n’avoit residé au pays et estoit
incongnu audit suppliant. Lequel debat procedoit parce que
7 lesdits quatre compaignons ne vouloient riens donner a ladite garse qu’ilz avoient tenue
quelque temps. Et pour ce que lesdits Barin et Regault disoient ausdits
8 quatre compaignons que ce n’estoit pas bien fait a eulx de ne voulloir riens donner a ladite
garse, ledit Françoys Estable, l’un des quatre compaignons, vint
9 entreprandre la parolle, jurant qu’ilz ne luy bailleroient riens si elle ne s’en alloit avec eulx,
et qu’ilz l’emmeneroient. Lesdits Barin et Regault disrent
10 au contraire et qu’ilz ne l’emmeneroient poinct oultre le gré d’elle parce qu’elle n’y
voulloit aller et qu’ilz la payassent. Et ledit suppliant, qui estoit jeune,
11 dist ausdits quatre compaignons qu’ilz la devoient payer, mays que au regard de luy il ne
se soucioyt point qui l’eust et qu’elle allast avec
12 qui bon luy sembleroit. Et pour ce que lesdits quatre compaignons et lesdits Barin et
Ragault estoient en contempcion pour ladite garde, ledit suppliant leur
13 dist gracieusement qu’ilz n’eussent point de debat ensemble. Et combien qu’il ne fist ne
dist chose qui a aucun d’eulx deust desplayre,
14 ledit Françoys Estable se vint adresser a luy, luy demandant rigoreusement de quoy il se
mesloit. Et ledit suppliant luy dist que lesdits Regault
15 et Barin estoient ses voysins. Sur quoy, sans autre propoux ne occasion, ledit Françoys
Estable desgaynna a l’encontre dudit suppliant une espee qu’il
1 portoit, s’efforçant d’icelle oultrager ledit suppliant. Lequel pour a ce obvier et pour soy
deffendre et preserver, desgaynna aussi l’espee qu’il portoit,
2 sortirent de la maison ou ilz estoient, ruans et frappans de leurs espees l’un sur l’autre. En
quoy faisant, d’un coup rué par ledit suppliant emmy la rue,
3 il actaingnit ledit Françoys Estables au droit des flans, dont cinq ou six heures apres il alla
de vie a trespas. Et jaçoit ce que pour occasion dudit cas, il
4 eust obtenu lettres de remission de feue notre tres cher et tres amee compaigne la royne, a sa
premiere et nouvelle entree en la ville de Paris, toutesfoiz certains
5 adventuriers et mauvays garsons passans par ledit lieu du Puy luy emporterent sesdites
lettres de remission. Et depuis s’est tenu ledit suppliant par long temps
6 au service du prothonotaire de Rothelin et jusques a ce qu’il s’est retiré audit lieu du Puy, ou
il est marié et demoure, et doubte que pour occasion dudit
7 cas, l’on le veille molester, nous humblement requerant que, actendu que en tous autres cas
il est bien famé et renommé sans jamays avoir esté actainct
8 ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous playre luy impartir noz
grace et misericorde. Pour quoy etc., voulans
9 misericorde etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au juge d’Anjou ou a son
lieutenant a Saulmur, en la jurisdiction duquel ledit cas
10 est advenu et a tous noz autres justiciers etc. Et asfin etc., sauf etc. Donné a Fontainebleau
ou moys d’aoust l’an de grace mil
11 cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la
relacion du conseil, Deslandes, visa contentor
12 Deslandes.
Lettre n° 10, f° 15 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Rigault,
povre homme de labour, chargé de femme et enfans,
2 demourant au lieu de Celly en Byere, contenant que combien que ledit suppliant soit homme
paisible et qu’il n’eust jamays mesfaict ne mesdit a ung en son
3 vivant nommé Gabriel Roux, neantmoins ledit Roux auroit consceu haynne mortelle contre
ledit suppliant, ne scet l’occasion synon que ledit suppliant avoit
4 mis une enchere sur luy a la ferme de par nous du huit me du vin vendu en detail audit lieu de
Celly, et juroit publicquement ledit Roux la Vertu5 Dieu et autres juremens qu’il auroit la vie dudit suppliant ou que ledit suppliant auroit la
sienne, guectoit ledit suppliant a son huys de guect apans
6 et propoux deliberé de le tuer et occire, et s’en ventoit et declairoit publicquement. Et fut
ung certain jour ledit Roux trouvé ayant
7 ung pot et du feu dedans, et quant ung nommé Jehan Chartier luy demanda : « que veulx-tu
faire de se pot ou il y a du feu ? », ledit Roux
8 luy dist : « reculle toy de moy ! Sces tu pas bien que je suis boute feu ! » Et quelque temps
paravant, le feu avoit esté mys en la maison
9 dudit suppliant, qui luy avoit bruslé maison, estable et grange, brebis, moutons, vaches et
tout ce qu’il avoit, dont icelluy suppliant
10 estoit et est presque destruyt, ne scet ledit suppliant a la verité qui avoit mis ledit feu en
sadite maison, mays s’estoit le bruyt que s’estoit
11 ledit Roux. Et tousiours continuoit ledit Roux en ses menasses de tuer et occire ledit
suppliant, disant qu’il auroit la vie dudit suppliant
12 ou que ledit suppliant auroit la sienne. Et ainsi que le jour de la Trinité derreniere passee,
ledit suppliant estoit audit lieu de Celly, prenant son repas en l’ostel
13 de Mathurin Regnault, tavernier, arriva audit hostel ledit Gabriel Roux qui ne se assist
point a table mays entortilla sa robbe autour de son
14 bras, tenant ung cousteau nu en l’une de ses mains, et puis sortit dudit hostel jurant la mort
de notre seigneur qu’il auroit ledit jour la vie dudit
15 suppliant. Et quelque temps apres, comme d’un quart d’heure ou environ, et que ja estoit
soleil couché, ledit suppliant s’en sortit dudit hostel et
16 print chemyn pour tyrer en sa maison. Et pour seureté de sa personne, print et amassa en la
court dudit Regnault deux pierres en ses mains.
17 Et ainsi qu’il sortoit de ladite court, rencontra ledit Gabriel Roux qui le guectoit au coing
de la porte, tenant ung cousteau nu
18 en sa main et sa robbe au tour de son bras, dont ledit suppliant esmeu et ainsi que ledit
Roux venoit contre luy tenant ledit
19 cousteau nu, comme dit est, ledit suppliant luy rua et gecta l’une desdites pierres dont il le
actaingnit par le tronc et le blessa a playe
1 et a sang. Neantmoins ne laissa venir contre ledit suppliant, le cuydant et s’efforçant le
frapper dudit cousteau. Mays ledit suppliant le print [aux]
2 cheveux et le gecta par terre. Et ainsi qu’il semble audit suppliant, luy donna ung autre coup
de pierre par le fronc. Et esmeu ledit suppliant luy [?5]
3 seconde pierre qu’il tenoit dont il le actaingnit par les rains ainsi qu’il s’en alloit.
Neantmoins ledit Gabriel Roux ne cessa de continuer en s[es]
5
Mot en partie effacé et pris dans la reliure.
4 menasses qu’il tueroit ledit suppliant, mist ledit suppliant en proces devant le prevost de
Celly, ou ledit suppliant se desfendoit, pretendant avoir
5 droit et juste cause a l’encontre dudit Gabriel Roux. Lequel alloit et venoit, beuvoit es
tavernes ainsi qu’il avoit acoustume. Et lors[que]
6 fut pensé, le barbier dist qu’il n’y avoit esdites blesseures nul danger de sa personne,
pourveu qu’il fust bien pensé. Toutesfoiz, cinq sepmaines
7 ou environ, il se coucha au lit. Et sept ou huit jours apres, alla de vye a trespas. Pour
occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de
8 justice s’est absenté hors du pais, nous humblement requerant ledit suppliant que, actendu
que ledit cas est advenu par l’agression dudit deffunct, que en tous autres
9 cas ledit suppliant est bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne convaincu
d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous playre
10 luy impartir noz grace et misericorde. Pour quoy etc. Si donnons en mandement par
cesdites presentes au bailly de Melun ou a son lieutenant, ou [bailliage]
areliure]
11 duquel etc., et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Fontainebleau
ou moys d’aoust l’an
12 de grace mil Vc trente-ung et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la
relation du conseil Deslandes, visa contentor
13 Deslandes.
Lettre n° 11, f° 15 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Françoys de
Quieny, escuyer, mareschal des logis de noz [chers]
2 et tres amez enfans le daulphin et les ducz d’Orleans et d’Angoulesme, ses freres, Regnault
Gillier et Macé Lalouecte, ses serviteurs, contenant que combien que le[dit]
3 suppliant n’eust jamays mesfaict ne mesdit au sieur de La Gasteliniere, l’un des cent
gentilzhommes ordinaires de notre hostel et gouverneur de la personne du sieur du
4 Bouchage, mays se fut aplicqué de son povoir de faire service audit sieur du Bouchage,
audit sieur de La Gasteliniere et a ceulx de leur train et suyte, touteffoiz le
5 XIIIIe jour de juillet derrenier passé, ou illec environ estant ledit sieur du Bouchage, ledit
sieur de La Gastelliniere et leur train logez au lieu de Gres, auquel lieu
6 ledit suppliant a sa demourance, maison et domicille, femme et mesnage, fut par grant
oultrage et derrision rompu ung petit banc ou celle qui estoit
7 en l’eglise parroissialle dudit Gres, ouquel ledit suppliant et sa femme se retiroient et
tenoient lorsque l’on celebroit les divins services en ladite eglise
8 Gres, et par plus grant derrision avoient esté gectées les ays dudit banc ou celle en la riviere.
Et si estoit le commun bruyt audit lieu de Gres [que]
9 ledit sieur de La Gastelliniere, le nepveu duquel qui est ung jeune enfant prieur, curé dudit
Gres, avoit fait rompre ledit banc, dont adverty [ledit]
10 suppliant fist recueillir et amasser les ays de sondit banc et icelluy aporter par ung
menuisier et autres gens. Et ainsi que ledit suppliant a[acompaigné]
11 de sesdits serviteurs et de Esmé de Nyuville dit Rolant, fourrier des logis de nosdits enfans
le daulphin et sesdits freres, faisoit aporter lesdits [?6]
12 de sondit banc pour les remectre ainsi qu’ilz estoient auparavant, portant ledit suppliant
une javeline en ses mains, rencontra ledit sieur de La Gastelin[iere],
13 auquel il dist si s’estoit luy qui luy avoit fait rompre sondit banc ou siege. Lequel de La
Gasteliniere dist que non, combien que le com[mun]
14 bruyt estoit au contraire. Et ledit suppliant luy dist que celluy qui l’avoit fait avoit
meschamnent fait. Auquel suppliant ledit de La Gastellin[iere]
15 dist sans autre propoux que s’il en vouloit a luy, qu’il le print par le doy et qu’il le menast
a deux lieues de la et qu’il luy respondroit [et]
16 entre eulx n’eut lors autre propoux. Mays le lendemain, qui estoit jour de samedi, ledit
sieur de La Gastelliniere acompaigné de cinq ou six ge[ns]
17 et serviteurs de luy et dudit sieur du Bouchage, garniz d’espees, se vint adresser a la
femme dudit suppliant, luy disant : « madamoyselle la mareschalle,
18 votre mary est-il si glorieux et si mauvays qu’il se fait ? » Auquel icelle femme dudit
Quieny, suppliant, dist que sondit mary n’estoit aut[?7]
19 auparavant, mays qu’il luy sembloit que l’on luy avoit fait tort de rompre sondit banc. Et
advint que durant lesdites parolles, ledit suppliant s[ortit]
20 hors de l’eglise ou il avoit oy la messe et ja estoit environ l’heure de unze heures, portant
ledit suppliant une javeline et son espee, estans [en]
21 sa compaignye lesdits supplians et ledit de Nyuville, en son vivant fourrier des logis de
nosdits enfans, portant aussi une javeline et son espee, [et]
22 combien qu’ilz prinsent leur chemyn par ung autre quartier de la rue, toutesfoiz ledit sieur
de La Gasteliniere laissa le propoux qu’il tenoit a j[?8]
6
Mot pris dans la reliure.
Fin du mot pris dans la reliure.
8
Fin du mot pris dans la reliure.
7
23 femme dudit de Quieny, suppliant, et se vint adresser a icelluy suppliant, luy disant par telz
motz : « estes vous si terrible que vous en faictes le semblant ? » En [ce]
24 disant, mist la main a son espee, la tyrant a moictié ou partie. Sur quoy ledit suppliant, soy
sentant agressé et pour obvier que ledit de La Gastel[liniere]
25 ne parachevast de desgaynner, print sa javeline devers le fer et de la hampe d’icelle donna
ung coup sur la teste ou espaulle du[dit]
26 de La Gasteliniere, mays pourtant ne laissa ledit de La Gasteliniere de parachever de
desgaynner sadite espee. Et se meut gros debat en[tre]
27 eulx d’une part et d’autre, ouquel debat l’un de ceulx de la bande dudit sieur de La
Gasteliniere donna par derriere ung coup de rapiere, verdun ou au[tre]
28 espee sur le col dudit de Nyuville, fourrier des logis de nosdits enfans, dont il mourut en la
place. Et ledit suppliant oudit debat rua
29 aucuns coups d’estoc de sadite javeline, dont ledit sieur de La Gasteliniere fut blessé.
Furent aussi blessez autres d’une part et d’autre, mais
30 inconvenient de mort ne s’en est ensuivy, fors que d’icelluy fourrier de nosdits enfans, qui
estoit en la compaignie dudit de Quieny, suppliant, nous
31 humblement requerans lesdits supplians que, actendu la maniere dudit cas, que en tous
autres cas ilz sont bien famez et renommez sans jamais avoir
32 esté actainctz ne convaincuz d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous playre
luy [sic] impartir noz grace et misericorde. Pour quoy
33 etc., voulans misericorde etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au prevost
de notre hostel ou a son lieutenant, pour ce que ledit cas a esté [commis]
34 a la suyte de notredite court et entre gens suyvant icelle, et a tous noz autres justiciers etc.
Et affin etc., sauf etc. Donné a Fontainebleau ou moys
35 d’aoust l’an de grace mil Vc trente-ung et de notre regne le dix-sept me. Ainsi signé par le
roy, le sieur de Hunneres, chevalier de l’ordre, p[resent]
36 Bayart, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 12, f° 16 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication des parens et amys
charnelz de Gilles Neret, povre homme
2 de labour, chargé de femme et enfans, aagé de trente-six ans, detenu prisonnier, contenant
que au moys de janvier mil cinq cens seize, ung jour de [blanc]
3 dont lesdits supplians ne sont a present records, ledit Neret, Estienne Vallet, Jehan Jolymois
et Denis Jolymois, tous laboureurs de vignes demourans au
4 village de Moustenom, allerent soupper en la maison de Aubert Balin, tavernier, demourant
audit lieu, ou illec tous ensemble soupperent et firent
5 bonne chere sans aucun debat ne noise. Et apres qu’ilz eurent souppé et l’escot payé, lesdits
Estienne Vallet et Jehan Jolymois allerent chacun
6 en sa maison. Et au regard dudit Neret et Denis Jolymois, ilz demourerent encores en ladire
taverne, en laquelle leur fut encores aporté du vin
7 avec ung quartier de fourmaige et ung coctret qui fut mis au feu pour ce qu’il faisoit lors
grant froit. Et quant ledit vin fut beu et fourmaige
8 mengé, ledit Neret dist audit Denis Jolymois qu’il failloit compter et payer ledit vin,
fourmaige et coctret, ce qu’il ne voulut faire en
9 jurant et blaphemant le nom de Dieu qu’il ne payeroit ja riens, dont ledit Neret fut fort
courroussé parce qu’il n’avoit lors assez
10 argent pour payer le tout et dist audit Jolymois qu’il en payeroit sa part puisqu’il en avoit
beu et mengé, ce que ledit Jolymois tousiours
11 dist que non feroit. Sur quoy se meut debat entre ledit Neret et Jolymois, qui estoit homme
mal famé et dangereux de frapper, lequel se
12 leva de table ou il estoit assis du cousté du feu et print une pelle de fer estant illec pres ledit
feu, de laquelle il s’efforça en
13 ruer ung grant coup sur la teste dudit Neret. Lequel pour donner craincte audit Jolymois
qu’il ne luy baillast ledit coup, print son cousteau
14 duquel il s’estoit aydé audit soupper et mist au devant dudit coup affin que ledit Jolymois
ne le frappast de ladite pelle. Lequel en se
15 approchant dudit Neret, qui avoit bien beu et estoit presque yvre, icelluy Neret luy bailla
ung coup en la poictrine, non pensant le
16 blesser mays luy destourner ledit coup de pelle. Duquel coup tanctoust apres, par faulte de
bon appareil, mauvays gouvernement ou
17 autrement, ledit Jolymois seroit allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit Neret
se seroit lors absenté du pays jusques a certain
18 temps apres qu’il avoit obtenu de feue notre tres chere et tres amee compaigne la royne
Claude, que Dieu absoille, a son joyeulx advenement
19 et nouvelle entree faicte en notre ville de Paris, remission dudit cas. Et pour en lever les
lettres en forme sur le bultin qui luy avoit esté baillé,
20 luy avoit esté donné temps de troys moys ou environ. Lequel depuis auroit cheuy et fait a
partie pour l’interest civil avec les vefve
21 et heritiers dudit feu Jolymois. Touteffoiz, au moyen de sa povreté, n’auroit peu lever en
forme lesdites lettres de remission. Pour quoy se
22 seroit mis a servir aucuns gentilzhommes et par quelzques voyages esté en notre service.
Et depuis, pour raison dudit homicide commis par ledit Neret
23 a la personne dudit feu Jolymois, par sentence du prevost de Laigny, esté condempné a
souffrir mort, dont ledit Neret s’est porté pour appellant
24 en notre court de parlement a Paris, en nous humblement requerant que, actendu le cas
ainsi advenu et comis soubzdainement par ledit Neret de chaulde colle,
25 qui avoit bien beu et ebeté, et que en tous autres cas il est bien famé et renommé sans
jamays avoir esté actainct ne convaincu d’autre cas, blasme
26 ou reprouche, il nous playre luy impartir noz grace et misericorde. Pour quoy etc., voulans
misericorde etc., audit Neret ou cas
27 dessusdit avons quicté etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes a noz amez et
feaulx conseillers les gens tenans notre court de parlement
28 a Paris, pour ce que ledit appel est pendant en icelle, et a tous noz autres justiciers etc. Et
affin etc., sauf etc. Donné a
29 Fontainebleau ou moys d’aoust l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne
le dix-septiesme. Ainsi signé
30 par le roy a la relation du conseil, Barrillon, visa contentor Barrillon.
Lettre n° 13, f° 16 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Raoul de
Falentin, secretaire de notre amé et feal
2 cousin Anthoine de La Rochefoucault, sieur de Barbezieux, chevalier de notre ordre,
contenant que par le commandement dudit sieur de Barbezieux, ledit
3 suppliant a residé par aucun temps et comme d’un an ou environ en sa terre et seigneurie de
Vaudemire, assise ou pays de Champaigne pour
4 garder et recueillir les droiz dudit sieur de Barbezieux en sadite terre a luy advenue et
escheue a cause de notre cousine, sa femne, par
5 le trespas de feu notre cousin le sieur de Chaumont, myneur dans a l’heure de son trespas.
Pour laquelle mynorité, plusieurs des
6 droiz avoient esté usurpez et entrepris, et mesmement deux ou troys cens arpens de terre ou
environ appellez les terres de
7 Vaugirard ou les Charmes du Magnil Fouchard, pour lequel terrouer qui lors estoit
ensemencé en blez, ledit suppliant et autres officiers
8 de ladite terre et seigneurie entrerent en plusieurs parolles pour parvenir a accord et
appoinctement avec ceulx qui tenoient et occupoient
9 lesdits terrouers. Et entre autres, fut mis en termes que lesdits detenteurs payassent audit
sieur de Barbezeieux deux boesseaulx pour chacun arpent des semances telles
10 qu’elles y fussent ensemancees, ainsi que avoient accordé les tenanciers de La Villeneufve
audit [?9] la loge aux Chieures et Dreffrin. Et pour cuider
11 par ledit suppliant soulager lesdits manans et habitans qui estoient en grant nombre, ledit
suppliant mist en avant qu’ilz fussent quictes pour ung boesseau blé
12 ou autre semance esdites terres pour chacun arpent. Lequel appoinctement et accord ung
nommé Pierre Choignat empeschoit fort. Et pour raison de ce,
13 se meurent parolles rigoreuses entre ledit suppliant et ledit Choignat, usant ledit Choignat
de grans menasses a l’encontre dudit suppliant. Lequel suppliant voyant
14 que ledit Choignat s’esmouvoit pour luy courir et de fait amassoit des pierres, ledit
suppliant en cest instant desgaynna son espee qu’il a acoustume
15 de porter. Mays sur ce, ung nommé Glaude Michelet, tanneur dudit Vaudemire, print et
saisit au corps ledit suppliant. Neantmoins ledit Chouygnat
16 print et saisit des pierres, usant tousiours de grands menasses a l’encontre dudit suppliant,
jurant la Vertu-Dieu que s’il avoit ung baston il ne
1 craindroit riens ledit suppliant, jurant la Vertu-Dieu que s’il se aprouchoit de luy, qu’il le
tueroit tout royde. Et sur ce survint ung nommé Bertran Deaubay, tenant
2 a son coul une fourche de boys, jurant la Vertu-Dieu que ledit suppliant avoit tort de
voulloir batre les laboureurs, a quoy touteffoiz il ne pensoit et n’en avoit vouloyr,
3 disant oultre que s’ilz faisoient leur devoir, qu’ilz assommeroient ledit suppliant. Voyant
ledit suppliant laquelle esmocion et que ledit Chouygnat estoit saisy desdites pierres et ledit
4 Deaubey de ladite fourche et les menasses dont ilz usoient a l’encontre de luy, se secoua
dudit Michelet, doubtant d’estre tué entre ses mains, et traversa la rue sans regarder
5 aucun chemin, se aproucherent ledit suppliant et ledit Deaubeay l’un de l’autre, tenant ledit
suppliant son espee au-devant de luy, sans toutesfoiz la remuer, tirer, gecter ne
9
Mots illisible à cause de la transparence du parchemin.
6 frapper coup d’estoc ne de taille. Mays ledit Daubeay le poursuyvit si chauldement,
s’esforçant le prandre au corps et aux cheveux, que de luy mesmes il se
7 enferra de l’espee dudit suppliant au-dessoubz de la mamelle gauche. Et non pensant
encores ledit suppliant qu’il se fust actainct, bessa son espee, la poincte
8 contre bas. Et sur ce, ledit Daubey print et saisit aux cheveux ledit suppliant et ledit
suppliant le print et saisit pareillement. Mays en ce faisant, il
9 aperceut que ledit Deaubey saignoit fort au droict de l’estommac, dont il fut espoventé et ne
pensoit point que ledit Deaubey fust blessé,
10 toutesfoiz voyant qu’il saignoit se secoua et evada des mains dudit Deaubey. Lequel
Deaubey neantmoins poursuyvit tousiours ledit suppliant, disant qu’il le
11 tueroit, le appellant « villain normant » par plusieurs foiz. Et peu de temps apres, fut
adverty que ledit Deaubey estoit allé de vie
12 a trespas, dont ledit suppliant fut tres desplaisant car jamays ne luy avoit voulu mal ne
desplaisir, et ledit jour mesmes avoient disné ensemble
13 avec plusieurs autres. Pour occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice
s’est absenté hors du pays, nous humblement requerant que, actendu que
14 en tous autres cas il est bien famé et renommé, sans jamays avoir esté actainct ne
convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il
15 nous playre luy impartir noz grace et misericorde. Pour quoy etc., voulans misericorde etc.
Si donnons en mandement par cesdites presentes au bailly
16 de Troyes ou a son lieutenant, ou bailliage duquel etc., et a tous noz autres justiciers etc. Et
affin etc., sauf etc. Donné a Fontainebleau
17 ou moys d’aoust l’an de grace mil Vc trente-ung et de notre regne le dix-septme. Ainsi signé
par le roy a la relation du conseil, Deslandes,
18 visa contentor Deslandes.
Lettre n° 14, f° 17 v°
1 Françoys etc., savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplication
de notre amé Nycolas Labbé, notre procureur
2 en notre ville de Mante et contrerolleur des denrees et marchandises montans et en allans
par dessoubz les pontz dudict
3 Mante, contenant que puis certain temps en ça, deffunct Guy Le Ventrier auroit faict et
commis certains cas, crymes et delitz
4 en la personne d’ung nommé Guillaume Pigis, pour raison desquelz par sentence
constumace donnee par notre prevost de Paris ou
5 son lieutenant, confirmee par arrest de notre court de parlement, ledit Le Ventrier auroit esté
banny a tousiours de notre
6 notredite [sic] ville de Mante, en la presence dudit suppliant et autres noz officiers de
notredite ville de Mante, maiz a l’instant il
7 seroit eschappé par subtillité. Et pour ce que le sergent qui l’avoit prins vouloit dire que
ledit suppliant et autres officiers
8 ne luy avoient donné confort ne ayde, auroit a la requeste dudit Pigis esté faicte information
tant dudit cas que de certains
9 autres exces et volleries commis de nuyt et a heure indeue par ledit Ventrier et autres ses
complices en la maison
10 d’icelluy Pigis et au contempt dudit bannissement. Laquelle information veue par ladite
court, elle auroit decernee
11 adjournement personnel contre icelluy suppliant et autres oficiers dudit Mante et prinse de
corps decernee
12 contre ledit Ventrier. Sur lequel adjournement seroit comparu ledit suppliant en icelle
notredite court ou il auroit
13 esté long temps en proces et prisonnyer par notre ville de Paris. Et auroit notredite court
ordonné que dedans certain
1 temps et delay ledit suppliant feroit dilligence de trouver et faire prandre au corps icelluy
Ventrier. Pendant lequel temps et delay, icelluy
2 suppliant auroit faict dilligence a luy possible de recouvrer ledit Ventrier, ce qu’il n’auroit
peu faire. Au moyen de quoy, icelle notredite court,
3 congnoissant que icelluy suppliant en auroit faict son devoir, l’auroit eslargy. Et depuis,
savoir est environ le moys de may que l’on disoit
4 mil cinq cens trente, ledit Guillaume Pigis auroit baillé audit suppliant les prinses de corps
que avoit icelle notredite court decernees contre ledit
5 Ventrier, qui depuis les luy auroit rendues, voulant faire par ledit suppliant le devoir de son
office et aussi pour craincte que de rechef
6 notredite court luy voulsist obicer negligence ou faulte de la fuyte dudit Ventrier, auroit prié
et requis plusieurs sergens et autres
7 gens qui congnoissoient ledit Ventrier que s’ilz le veoient, qu’ilz luy dissent et
l’enseignassent affin de le faire prandre et constituer
8 prisonnier. Et le quinziesme jour de novembre dernier passé, ainsi que ledit suppliant
regardoit apres disner par esbat dancer a
9 unes nopces ou il avoit esté invité et disné au lieu du Grant Meslier, ung nommé Retin
Amyot se vint adresser audit suppliant
10 qui n’y pensoit aucunement et luy dist que ledit Le Ventrier estoit en sa maison, luy disant
oultre : « venez avecques moy, je le vous
11 livre ». Lequel suppliant, affin que lesdites prinses de corps contre luy dernees par
notredite court sortissent effect, auroit obtemperé.
12 Et a l’instant auroit appellé a son ayde ung nommé Colin Coquet, qui avoit autreffoys fuy
ledit suppliant. Et eulx et ledit Amyot seulement,
13 pour ce qu’il n’eust eu loisir d’envoyer querir les sergens en notredite ville de Mante, et
avec eulx seroit allé en la maison dudit
14 Amyot. Et en entrant en icelle, pour ce que ledit suppliant qui congnoissoit ledit Le
Ventrier estre dangereux de la main, qui avoit
15 commis plusieurs homicides, suyvy les gens de guerre, mangé la poulle, vescu sur le bon
homme et tenu les champs, auroit pour
16 luy donner craincte desgaynné une espee qu’il avoit a son costé et qu’il a de coustume
porter quant il va dehors. Et sans
17 aucunement en frapper ne penser en vouloir frapper ledit Ventrier qui banquetoit en ladite
maison, l’auroit prins au corps et
18 constitué prisonnier de par nous et notredite court, luy ostant et faisant oster son espee
qu’il avoit, et faict comnandement de
19 par nous en notredite court ausdits Coquet, Amyot, Guillaume Herse, Guillaume Langloys,
Jehan Hernot et autres qui illec estoient presens de luy
20 donner confort et ayde a le prandre dont ilz ne tindrent pas grant compte. Au moyen de
quoy, icelluy suppliant qui congnoissoit
21 ledit Ventrier estre dangereux comme dit est et pensoit qu’il vouloit eschapper de ses
mains, pour a ce obvier et affin
22 seullement de luy donner craincte l’auroit prins et saisi au corps, luy disant que par le
Sang-Dieu s’il se mouvoit, qu’il le frapperoit
23 et pour le faire tenir. Quoy voyant que nul des assistans ausquelz il avoit faict ledit
comnandement de par nous ne luy bailloit confort ne
24 ayde, luy auroit presenté sadite espee au droict de la gorge, en jurant tousiours le nom de
Dieu qu’il le frapperoit s’il se mouvoit,
25 sans toutesfoiz l’avoir frappé ne eu vouloir de ce faire. A quoy ledit Ventrier, soy voyant
ainsi prins et tenu, auroit respondu
26 telles ou semblables parolles : « mon compere, aiez pitié de moy, ma femme et enfans »,
cuydant que ledit suppliant le laissast aller pour
27 soy evader, ainsi qu’il avoit autresfoiz faict des mains des sergens comme dit est. A quoy
ledit suppliant n’auroit voulu
28 obtemperer. Et a l’instant, ledit Coquet, garny de quelzques cordes, seroit entré en la
chambre, ou ledit Ventrier fut lyé desdites
29 cordes. Et apres qu’il fut lyé et tenu comme dit est et qu’il se levoit de dessus la selle pour
soy eschapper, luy fut dit par
30 ledit Coquet : « Sang-Dieu, ne bouges ! Si tu remues, je te tueray ! » Et ce disant, icelluy
Ventrier commença a crier qu’il estoit mort
31 et demander confession. De quoy ledit suppliant ne tint grand compte, pensant que la
clameur qu’il faisoit fust faincte et
32 simullee, et ne l’avoit point veu frapper ledit suppliant. Maiz pour autant que de rechief
icelluy Ventrier requeroit confession,
33 ledit suppliant le fist conduyre en la maison d’ung nommé Michellet Hursent, en laquelle y
avoit deux prebtres, ou il fut confessé.
34 Et ce faict, demanda icelluy suppliant ausdits prebtres si ledit Ventrier estoit blessé affin de
y remedier et faire prandre celluy
35 qui l’auroit frappé. Lesquelz respondirent que ce n’estoit riens et que ce que ledit Ventrier
en faisoit n’estoit sinon pour eschaper.
36 Par quoy icelluy suppliant adjoustant foy aux parolles desdits prebtres ne differa de
parachever son exploict et le fist lyer
37 dedans une charrete et mener es prisons de notredite ville de Mante. Ouquel lieu manda
venir les barbiers et cirurgiens dudit
38 lieu pour le veoir, visiter et habiller si mestier estoit. Pendant lequel temps ou peu apres,
ledit Coquet craignant que le
39 coup qui luy avoit donné fust dangereux se absenta, tellement qu’on ne le veit oncques
puis. Et le lendemain, environ troys
40 heures apres mydi, au moyen dudit coup, a faulte de bon appareil, gouvernement ou
autrement, seroit icelluy Ventrier allé de
41 vie a trespas. Et jaçoit ce que ledit suppliant n’ait frappé ledit Ventrier ne donné charge ne
mandement de le frapper, maiz
42 ait esté frappé par ledit Coquet a son desceu et a son tres grand desplaisir, toutesfoiz pour
occasion de ce ledit suppliant
43 a esté constitué prisonnier en la conciergerie de notre palais a Paris ou il est detenu ja long
temps a son tres grand
44 interest, nous humblement requerant que, actendu que comme dit est ledit coup dont est
trespassé ledit Ventrier a esté faict
45 a son desceu et que en tous autres cas il est bien famé et renommé sans jamaiz avoir esté
actainct ne convaincu d’aucun autre
46 villain cas, blasme ou reproche, il nous plaise luy impartir noz grace et misericorde. Pour
quoy etc. Si donnons en mandement
47 par cesdites presentes a noz amez et feaulx conseillers les gens de notredite court de
parlement, pour ce que notredite court a prins
48 cognoissance de ladite matiere et que ledit suppliant est detenu prisonnier es prisons
d’icelle, et a tous noz autres justiciers etc.
49 Et affin etc., sauf etc. Donné a Fontainebleau ou moys d’aoust l’an de grace mil cinq cens
trente et ung et de
50 notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa
contentor Deslandes.
Lettre n° 15, f° 18 r°
Même affaire que la lettre n° 11.
1 Françoys etc., savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplication
de notre amé et feal Jehan Doyron,
2 chevalier, sieur de La Gastelliniere, l’un des cent gentilzhommes de notre maison et
gouverneur de notre amé et feal le sieur du Bouchaige, Estienne
3 Loges, varlet de chambre, et Vincent Friquan, cuysinier dudit sieur du Bouchaige, contenant
que depuis certain temps en ça a esté baillé audit de
4 La Gastelliniere et par notre ordonnance le gouvernement dudit seigneur du Bouchaige,
laquelle charge ledit de La Gastelliniere a tousiours
5 depuis faicte et excercee honnestement et vertueusement sans blasme ou reproche. Pendant
laquelle charge, ung nommé Françoys
6 de Queny, mareschal des logis de notre tres cher et tres amé filz le daulphin de Viennoys,
avoit conceu une grosse hayne et malveillance
7 contre ledit de La Gastelliniere, sans aucun propos ne occasion, mesmes n’auroit voulu
loger a la suyte de notre court ledit seigneur
1 du Bouchage et son train, maiz souvent luy avoit reffusé bailler logis en hayne dudit de La
Gastelliniere. En sorte que ledit de La Gastelliniere, apres luy avoir remonstré
2 souvent, auroit esté contrainct que faire plaincte aux autres mareschaulx des logis. Et seroit
advenu que ou moys de juing et juillet derniers passez, nous estans a
3 Fontainebleau, ledit sieur du Bouchage et son train ont esté logez au villaige de Graiz a
l’Escu de France, qui estoit son logis acoustumé. Au moyen de quoy,
4 lesdits supplians avec le train dudit sieur du bouchage se seroient retirez audit logis de
l’Escu de France, vaccans au service dudit sieur du Bouchage, leur maistre,
5 chacun en son endroict respectivement comme ilz ont acoustume de faire. Durant lequel
temps et auparavant, ledit de Queny a tousiours porté gros
6 hayne et rancune audit de La Gastelliniere, suppliant. Et le vendredi quatorziesme jour de
juillet dernier passé, ledit de La Gastelliniere estant
7 devant sondit logis de l’Escu de France en la rue audit lieu de Graiz, en parlant a quelzques
gentilzhommes, survynt ledit de Queny a cheval acompaigné
8 d’un nommé Macheron, fourrier de notredit filz le daulphin, monté sur une mulle. Lequel de
Queny parlant audit de La Gastelliniere luy dit
9 tout furieusement ses motz ou semblables : « esse pas vous qui avez faict rompre mon siege
a l’eglise ? » Lequel de La Gastelliniere luy
10 respondit que non et qu’il ne l’avoit rompu ny faict rompre. Et lors ledit de Queny tout
eschauffé luy dist que quiconques l’avoit faict, il avoit
11 meschamnent faict, reiterant lesdites parolles deux ou troys foiz, cherchant occasion de
querelle comme il est vray semblable pour la hayne
12 qu’il avoit audit de La Gastelliniere, tellement que ledit de La Gastelliniere, qui est de
noble et ancienne maison et l’ung de cent gentilzhommes
13 de notre maison, estant deuement adverty que ledit de Queny est venu de bas lieu,
plebeyen et roturier, soy sentant offencé des parolles
14 et menasses dudit de Queny, luy dist s’il en vouloit a luy, qu’il le print par les doys, le
menast hors de la et luy dist ce qu’il vouldroit
15 et qu’il luy respondroit bien. Apres lesquelles parolles, ledit de Queny s’en alla ung peu
loing. Et tout soubdain, retourna vers ledit de
16 La Gastelliniere et luy dist ses motz ou semblables en substance : « par le Sang-Dieu, si
vous l’avez faict ou faict faire, je vous en
17 feray repentir ! » A quoy ledit de La Gastelliniere respondit qu’il ne le craignoit et qu’il ne
luy sauroit que faire. Et a tant se despartit ledit de Queny. Et
18 le lendemain quinziesme dudit moys de juillet dernier passé du matin passerent devant
ledit logis de l’Escu de France ung serviteur dudit de Queny,
19 ung menuisier nommé Gilles Petit et autres portans des ays, allans vers l’eglise pour
remectre quelque siege dudit de Queny, qui avoit esté rompu
20 comme l’on disoit. Et apres eulx, alloit ledit de Queny ayant une javelyne de barde en sa
main, acompaigné de Esmé de Nyuville, fourrier de
21 notredit filz le daulphin, et de Regnault Gelyer, compaignon de guerre du lieu de Bourron,
ayans chacun une javelyne, et de Macé, serviteur dudict de
22 Queny, ayant une espee, qui faisoient groz bruyt par la rue et usoient de grosses menasses.
Et en allant, trouverent trouverent [sic] ung mulletier,
23 qu’ilz cuydoient estre mulletier dudit seigneur du Bouchage, lequel ledit de Queny baptit et
oultragea jusques a playe et effusion de sang. Et ce
24 faict, s’en alla vers l’eglise avec sesdits complices. Et pour ce que ledit sieur du Bouchage
estoit allé a l’esbat et mené quelque chien vers la
25 ryviere, ledit de La Gastelliniere se mist en chemyn pour le aller querir. Et oyt ledit bruyt
dont il fut esbay et dist a la femme dudit
26 de Queny, qui alloit apres son mary en passant devant ledit logis de l’Escu de France, ces
motz ou semblables : « ma damoiselle, votre mary
27 est-il si mauvays qu’il en faict le semblant ? Il use fort de grosses menasses ! » A quoy
ladite femme respondit qu’il estoit fort marry
28 qu’on avoit rompu ou osté son banc de l’eglise et qu’on luy avoit faict ung meschant tour.
Lequel de La Gastellyniere luy respondit
29 qu’il ne l’avoit faict ne faict faire. Et sur ce diviserent lesdits de La Gastelliniere et
damoiselle par quelque temps, devant ledit logis de
30 l’Escu de France en la rue. Durant lequel temps, survynt ledit de Queny avec sesdits
complices garniz de leurs javelynes et espees. Et
31 lors, ledit de La Gastelliniere marcha plus avant vers ledit de Queny et ayant la main a son
espee, faisant semblant de desgaynner,
32 luy dist ces mots ou semblables : « monsieur le mareschal, vous menassez tout le monde
de tuer ! Estes-vous si mauvays que vous en
33 faictes le semblant ? » Et par remonstrance luy dist qu’il estoit desfendu de porter ainsi
bastons par les rues et qu’il mist bas la
34 javelyne. Lequel de Queny tout furieusement luy dist que pour luy ne mectroit bas la
javelyne, et bailla audit de La Gastelliniere
35 sur la teste ung grand coup de la haute de la javelyne. Quoy voyant ledit de La
Gastelliniere fut contrainct desgaynner son espee.
36 Et pour ce que lesdits de Nyuville, fourrier, Gellier et Macé s’esforçoient frapper ledit de
La Gastelliniere, a ceste cause ledit des
37 Loges et Friquan, supplians, desgaynnerent leurs espees pour deffendre ledit de La
Gastelliniere et ruerent plusieurs coups les
38 ungs sur les autres de leurs javelynes et espees, en sorte que ledit de La Gastelliniere fut
grandement blessé et oultragé en
39 plusieurs parties de son corps, mesmes en la cuisse de deux coups de javelyne que ledit de
Queny luy donna, dont il a esté tousiours
40 depuis comme encores est au lict malade entre les mains des barbiers et cirurgiens et en
grant dangier de sa personne. Et
41 pareillement ont est blessez audit conflict lesdits des Loges et Friquan en plusieurs
endroitz de leurs corps jusques a grand playe
42 et effusion de sang, dont aussi ilz ont esté longtemps au lict malades es mains des
medecins et cirurgiens et en dangier de
43 leurs personnes. Et seroit aussi advenu que audit conflict ledit des Loges auroit baillé ung
coup de taille de son espee audit de
44 Ninville dont il luy auroit coupé une partie de son col, tellement qu’il seroit tumbé a terre,
dont par faulte de prompt appareil
45 et secours, il seroit allé de vie a trespas. A l’occasion de quoy, lesdits supplians craignant
que l’on voulsist proceder contre eulx
46 rigoureusement sans avoir sur ce noz grace et misericorde, en nous humblement requerant
que, actendu que ledit cas est advenu
47 par la forme et maniere que dit est, et que ce que a esté faict par lesdits supplians a esté
faict en eulx deffendant desdits de Queny et
48 complices qui ont esté agresseurs, et que en tous autres cas lesdits supplians sont bien
famez et renommez sans jamaiz avoir estez
49 actainctz ne convaincuz d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, nous leur voullons
impartir noz grace, remission et
50 pardon. Pourquoy etc. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes au prevost de
notre hostel ou a son lieutenant, pour ce
51 que ledit cas est advenu a la suyte de notre court, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin
etc., sauf etc. Donné
52 a Fontainebleau ou moys d’aoust l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne
le diseptiesme. Ainsi
53 signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 16, f° 18 v°
1 Françoys etc., savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplicacion
de Jehan de La Sansas,
2 autrement dit Johannet, pouvre laboureur habitant du lieu de Montadet, aagé de XL ans ou
environ, contenant que l’an mil
3 cinq cens vingt-sept et au moys de may, ledit suppliant estant audit lieu de Montadet et
faisant son labourage avec son
4 pere et curant ung foussé en une piece de terre assise audit lieu de Montadet appellee La
Croix, apartenant a sondit
5 pere, fut adverty par ung garde de vaches, serviteur de sondit pere, que le bergier de sondit
pere en admenant a sa
6 maison les brebis comme il avoit acoustume de faire tous les soirs, pour ce que ledit bergier
les vouloit faire passer
7 par une piece de terre nommee La Serrete, appartenant a Jacques de Scamnapra, laboureur
dudit lieu, il l’empeschoit
1 et ne laissoit passer lesdits brebis par ladite terre, dont pour raison de ce avoit entre eulx
grosse question pour ce que lors se
2 mist bien fort a plouvoir et que lesdites brebis se mouilloient et lesquelles se retirarent
dessoubz des arbres illec ampres [sic]. Quoy
3 pendant ledit suppliant arriva et leur demanda quelle question et differant avoient ensemble.
A quoy ledit bergier respondit
4 que c’estoit ledit de Scanacapra qui empeschoit et engardoit passer lesdites brebis par ladite
piece de terre [?10] ladite maison. Et alors
5 ledit suppliant pria ledit Scanacapra que fust son bon plaisir de permectre passer lesdites
brebis de sondit pere par ladite terre affin
6 de les ramener en ladite maison veu qu’il estoit heure tarde et presque nuyt et se
moulloirent, luy promectant de ne les faire plus
7 passer par ledit lieu et que ledit suppliant ignoroit et ne savoit point qui gardoit l’herbage et
pastuage de ladite terre. Et tantost
8 apres que ladite pluye fut passee et que lesdites brebis commancerent a passer par ladite
piece de terre, ledit de Scanacapra les empescha
9 de toute sa puissance, en leur gectant et ruant plusieurs et grans coups de bastons, de telle
force et puissance qu’il les couchoit et mectoit
10 par terre. De quoy tres desplaisant, ledit suppliant pria de rechief ledit de Scanacapra
vouloir laisser lesdites brebis et qu’il ne les blessast
11 point et qu’elles n’en pouvoient maiz [sic]. A quoy ledit Scanacapra respondit qu’il en
seroit riens et qu’il les tueroit et ledit suppliant.
12 Et tout incontinant se yrrua ledit Scanacapra contre ledit suppliant et luy donna un grand
coup d’une foussiere que l’on a acoustume
13 de curer les fossez, lequel suppliant se couvoit et deffendit dudit coup au mieulx de son
povoir avec une autre foussiere et pelle.
14 Et en ceste instant, se prindrent l’ung l’autre aux cheveulx et tumbarent en terre. Quoy
voyant ledit bergier les deffendit au
15 myeulx de son povoir et les separa l’ung de l’autre, et s’en alla apres sesdites brebis. Et
tout incontinant apres, ledit de Scanacapra
10
Mot illisible à cause de la transparence du parchemin.
16 meu de mauvays vouloir vint de rechef contre ledit suppliant, auquel gecta plusieurs coups
de ladite foussiere, desquelz il se couvrit et deffendit
17 de sadite foussiere et pelle, laquelle au moyen desdits coups se rompit. A cause de quoy se
reprindrent de rechef l’ung l’autre au collet et
18 tumberent encores une foys a terre. Et craignant ledit suppliant la grant fureur dudit de
Scanacapra et estre par luy oultragé et tué,
19 ledit suppliant de chaulde colle tira ung pougnart qu’il avoit acoustume porter, duquel il
donna audit de Scanacapra ung seul coup
20 aupres du col. Duquel coup ledit de Scanacapra incontinant apres, par faulte de bon
appareil, gouvernement ou autrement, seroit
21 allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice
se seroit absenté du pays ouquel ny ailleurs
22 en notre royaume il n’oseroit bonnement converser, reparer ny demourer si noz grace,
remission et pardon ne luy estoient sur ce
23 imparties, en nous humblement requerant que, actendu ce que dit est et que en tous autres
cas ledit suppliant est bien famé et
24 renommé sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou
reproche, nous luy voullons sur ce
25 impartir noz grace, remission et pardon. Pour quoy etc. Si donnons en mandement au
seneschal de Thoulouse ou a son lieutenant,
26 en la seneschaucee duquel ledit cas est advenu, qu’il procede a l’enterinement de cesdites
presentes, et ledit enterinement faict, mandons en
27 oultre a tous noz autres justiciers et officiers ou a leurs lieuxtenans presens et advenir et a
chacun d’eulx, si comme a eulx apartiendra,
28 que de noz presens grace etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Nantoilhet ou moys de
septembre l’an de grace
29 mil cinq cens trente-ung et de notre regne ledix-septiesme. Ainsi [signé] par le roy a la
relation du conseil, Deslandes, visa
30 contentor Deslandes.
Lettre n° 17, f° 19 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receue l’umble supplication de Colin Perier,
jeune homme non marié, aagé de vingt ans ou
2 environ, du lieu de Sainct Remy en La Campaigne ou conté d’Eu, contenant que le jour
Sainct-Fiacre, qui estoit sur la fin du moys d’aoust derrenier
3 passé, plusieurs habitans dudit Saint Remy se misrent a chemyn pour aller au lieu de
Cradalle, pour ce que en l’eglise dudit lieu y a ymaige et
4 se faisoit solempnité de la feste dudit Saint Fiacre. Et en retournant dudit voyage, passerent
ledit suppliant, Jehan Perier, son frere et
5 compere, et autres leurs voysins par le village de Londenieres. Auquel lieu, se misrent pour
boyre en une taverne, en laquelle
6 estoient Pierre de La Mothe dit Maurepas, ung autre que l’on disoit estre le filz de Jacques
Tombiet, ung autre nommé Maillart dit Quain,
7 et avec eulx une fille de joye. Et apres quelque intervalle de temps, ledit Jehan Perier dist a
icelluy suppliant, son frere, par telz motz en parlant de ladite fille de joye :
8 « Mort Dieu, s’est celle qui t’a desrobé ton blé ! » A quoy ledit suppliant, qui est homme
paisible, respondit : « et puis, et puis ! Je n’en ay
9 que faire ! Allons nous en, elle est avec mes amys ». Et se monta ledit suppliant sur son
cheval avec autres de leur compaignye.
10 Et comme depuis ledit suppliant a oy dire, ledit Jehan Perier print grosse noise, question et
debat aux dessusdits estans avec ladite
11 fille, mesmement au filz dudit Jacques Lombet [sic], luy disant que par la Mort-Dieu se
n’y avoit de plus de gens de bien que luy, qu’il iroit
12 bien querir ladite fille. Toutesfoiz, ce fut au desceu dudit suppliant, qui n’y estoit present,
ains s’en alloit devant. Et peu de temps apres,
13 les acousuyvit ledit Jehan Perier. Lequel se vint adresser audit suppliant, son frere, luy
disant que par la Mort-Dieu, il avoit
14 prins parolle pour luy et que ledit suppliant n’avoit garde d’en faire autant pour luy. Lequel
suppliant dist a sondit frere qu’il
15 n’avoit point prins querelle pour luy et que ce n’estoit que follye car il ne demandoit riens
aux autres, maiz estoient ses
16 amys. Et en chemynant et sortant hors du lieu de Sept Meulles, ledit Jehan Perier, qui
tousiours sans cause, raison ne propoz
17 murmuroit contre ledit suppliant, se vint par grand fureur adresser contre luy, luy disant :
« et Vendre-Dieu, tu n’auroys
18 garde de faire pour moy ce que j’ay faict pour toy ! » Auquel ledit suppliant tout
gracieusement respondit : « que faictes vous pour
19 moy ? Je ne sauroys estre en quelque lieu que vous n’en aiez a moy ! » Lequel Jehan Perier
luy dist par telz motz : « par le Ventre20 Dieu, vous me obeyrez ou je vous batray bien ! » Auquel ledit suppliant dist : « ne vous y
jouez pas car je ne l’endureroys
21 point ! » Sur quoy ledit Jehan Perier dist audit suppliant par telz motz : « et par le VentreDieu, vous en aurez a ceste heure ! » En
22 ce disant, desgaynna son espee, descendit de dessus son cheval, et combien que l’un de la
compaignye print et saisit
23 ledit Jehan Perier, pour le cuyder arrestez, toutesfoiz par force il se secoua de luy, courant
contre ledit suppliant,
24 qui se mectoit en son devoir de s’esvader. Mays voyant ledit suppliant qu’il n’eust peu
evader sur le cheval ou il estoit
25 monté, qui n’avoit que deux ans, et que ja sondit frere ruoit et paravant avoit rué sur luy de
sadite espee, doubtant estre
26 tué et occis par sondit frere, desgaynna une espee qu’il portoit, descendit de dessus sondit
cheval et en son corps
27 deffendant et en repulsant les coups que s’esforçoit luy ruer ledit Jehan Perier, son frere,
icelluy suppliant attaignit
28 sondit frere d’ung coup d’estoc au droict de l’estomac. Au moyen duquel coup, peu de
temps apres, par faulte de bon
29 appareil, gouvernement ou autrement, il alla de vie a trespas au tres grand regrect et
desplaisir dudit suppliant.
30 Lequel doubtant rigueur de justice s’est absenté hors du pays, nous humblement requerant
que, actendu que ledit cas
31 est advenu en son corps deffendant par l’agression et oultrage dudit deffunct, que en tous
autres cas il est bien
32 famé et renommé sans jamays etc., il nous plaise etc. Pour quoy etc. Si donnons en
mandement par cesdites presentes
33 au seneschal de Ponthieu ou a son lieutenant, pour ce qu’il est notre plus prochain juge du
lieu ou ledit cas est advenu
34 qui est ou conté d’Eu ou n’a aucun juge de par nous, et a tous noz autres justiciers etc. Et
affin etc., sauf
35 etc. Donné a Nantoullet ou moys de septembre l’an de grace mil cinq cens trente et ung et
de notre regne
36 le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor
Deslandes.
Lettre n° 18, f° 20 r°
1 Françoys etc., savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplication
de maistre Françoys
2 Obeilh, chastellain de La Palisse, Jacques dit Verdusan et Mathieu de Pruigny, contenant
que depuis le mariage faict et consommé des
3 l’an mil cinq cens dix-sept entre ledit maistre Françoys Obeilh, premier suppliant, et
Magdelaine Treilhe, damoiselle sa femme, et
4 pour aucuns biensfaitz que feu maistre Jehan Obeilh, son pere, feit a luy et a sadite femme
en faveur dudit mariage, maistre
5 Gilbert Obeilh, a present deffunct, en son vivant frere dudit maistre François, suppliant,
consceut grand hayne a l’encontre
6 d’icelluy Françoys Obeilh, suppliant, usant de menasses, combien que ledit François se
maintint envers luy comme son
7 frere, qu’il eut exposé son corps et ses biens pour l’entretenement et nourriture, et depuis
pour la
8 sepulture et acomplissement du testament de leurdit pere. Apres le trespas duquel leur pere,
ledit maistre
9 Gilbert s’esforça troubler ledit maistre Françoys, suppliant, es biens a luy faitz en faveur
dudit mariage. Duquel
10 leurdit differant, ledit François, suppliant, se soubzmist de croyre maistre Guy de Salans,
en son vivant
1 conseiller en notre court de parlement de Dijon, leur oncle, qui auroit vacqué par longs jours
pour les cuyder accorder, maiz a
2 son accord ledit maistre Gilbert n’auroit voulu obtemperer ains continué ses menasses a
l’encontre dudit Françoys, suppliant, son frere,
3 prins beufz, vaches et plaugerus de blé, et iceulx raviz et enmenez par voye de faict, force et
viollance. Et pour donner craincte
4 audit suppliant se seroit acompaigné de jeunes gens tant du pays que estrangiers, portans
armes et bastons, et tellement que ledit
5 Françoys, suppliant, pour lesdites menasses et voyes de faict n’ousoit partir de sa maison
sans compaignye de gens, doubtant sondit
6 frere et iceulx gens qu’il atrayoit a luy. L’ung desquelz gens estrangers ainsi atraitz par ledit
maistre Gilbert Obeilh nommé Baudry,
7 natif du pays de Savoye, qui beuvoit, mangeoit et frequentoit ordinairement avec ledit
maistre Gilbert Obeilz, ung certain jour
8 troys ans ou environ, vint assaillir ledit Françoys, suppliant, luy disant qu’il avoit dit qu’il
ne doubtoit ledit maistre Gilbert,
9 sondit frere, en ce disant tira son espee contre ledit Françoys, suppliant, et luy et ung autre
nommé Petit Jehan poursuyvirent
10 ledit Françoys, suppliant, eulx esforçans de le tuer, ce qu’ilz eussent faict ainsi qu’il est a
doubter n’eust esté que ledit Françoys,
11 suppliant, trouva moyen de soy sauver et retirer en une maison. Tousiours usant ledit
maistre Gilbert de menasses contre ledit
12 François, suppliant, et combien qu’ilz eussent passé contract touchant aucuns cens et rantes
d’argent, seigles, fromnent,
13 avoynes et gellines et que par ledit contract ledit Françoys, suppliant, eust accordé qu’il en
demourast audit maistre Gilbert, leurdit [sic] frere plus
14 qu’il ne luy en apartenoit, neantmoins ledit maistre Gilbert les print entierement l’annee
ensuivante, nonobstant ledit contraict. Et encores pour
15 colorer les usurpacions qu’il faisoit sur ledit Françoys, suppliant, son frere, fist faire
quelzques abusives execucions par ung sergent sur
16 aucuns redevables envers ledit Françoys, suppliant, de certaines quantitez de grains
nommez les Chavatz, Bezet, Galyart et Turpin, qui est
17 le principal bien advenu en partaige audit suppliant, dont ledit suppliant eut recors a la
jurisdiction ordinaire maiz ledit maistre Gilbert fist
18 renvoyer la matiere pardevant le bailly de Pariet ou ledit Françoys, suppliant, envoya. Maiz
ledit maistre Gilbert, voyant avoir tort evidant,
19 feit plus poursuyte, et quelzques gracieusetez, saluts et recongoissances que ledit Françoys,
suppliant, peult faire envers sondit frere, jamais
20 ne voulut entendre envers luy a fraternité, raison ne amytié, disant qu’il leveroit cens,
rantes et blez, s’esforçant
21 atraire gens du pays avec luy pour acomplir son vouloir et voyes de faict. Et pour ce qu’ilz
ne luy voulurent obtemper[er],
22 envoya querir gens es lymites de notre pays de Bourgongne et hors dudit pays de
Bourbonnois gens dangereux et incongneuz, dont ledit
23 Françoys, suppliant, feit plaincte au sieur de Villars, lieutenant de par nous ou pays de
Bourbonnois, luy remonstrant les usurpacions que ledit maistre
24 Gilbert luy faisoit de sesdits biens contre les partaiges et contractz, luy priant que aucuns
ses serviteurs le acompaignassent pour le garder desdites
25 voyes de faict, forces et violances. Lequel sieur de Villars ordonna audit Mathieu de
Pruigny, suppliant, le acompaigner et garder dudit
26 effort. Et en usant par ledit François, suppliant, de son droict, feit batre et prandre certaine
quantité de blez a luy apartenans desdits
27 cens et rantes en la maison et granges desdits Chavatz, Bezet et Galiart, et par lesdits de
Pruigny, suppliant, Jacques dit Verdusan,
28 son serviteur, aussi suppliant, et ung nommé Lange emmener en sa maison au lieu de
Busselles, et les renvoya le lendemain
29 contynuer a faire baptre et enmener le blé a luy apartenant. Et pour ce que lesdits Jacques
et Pruigny, supplians, furent advertiz que
30 ledit maistre Gilbert faisoit venir gens en armes et embastonnez du lieu d’Artois sur les
lymites de notre pays de Bourgongne,
31 ilz porterent chacun une arbalese [sic], et sur le soir les alla veoir ledit Françoys, suppliant.
Et ledit soir, ung nommé Jehan Turpin
32 dist ausdits Françoys Obeilh, Jacques et de Pruigny qu’ilz se donnassent bien garde,
adverty ainsi que pansent lesdits supplians que
33 ledit maistre Gilbert faisoit assemblee desdits gens estrangiers. Et le lendemain qui estoit
premier jour de juillet, ledit Françoys,
34 suppliant, renvoya lesdits Jacques et de Pruigny, feit charger une charrecte desdits blez a
luy deuz et apartenans desdits cens
35 et rantes, ayans lesdits Jacques et de Pruigny leurs arbalestes pour doubte d’estre insidiez,
suyvans la charrecte
36 chargee dudit blé. Et eulx estans en chemyn, aperceurent troys ou quatre gens a cheval,
leur cryans qu’ilz se arrestassent.
37 Quoy voyant ledit Françoys feit haster ledit charroy. Et ledit Jacques et Pruigny, doubtans
d’estre oultragez pour lesdites menasses
38 et amatz de gens dont l’un les avoient advertiz, banderent leurs arbalestes tout a cheval et
misrent chacun ung garrot
39 dessus. Et sur ce arriva ung gentilhomme nommé le sieur de La Mote des Noyers, qui
escria audit Françoys, suppliant : « arrestez, je veulx
40 parler a vous ! » Et sur ce survynt fort eschauffé et esmeu ledit maistre Gilbert, disant audit
Françoys, suppliant, qu’il ne passeroit
41 pas oultre. Auquel ledit Françoys, suppliant, dist qu’il n’enmenoit riens du sien et qu’il en
voulsist croyre leur cousin
42 Pallebo qui avoit faict leur partaige. Sur quoy ledit maistre Gilbert, mal meu et de felon
courage, desgaynna nue l’espee
43 qu’il portoit, courant droict contre ledit Françoys, suppliant. Lequel Françoys, suppliant,
doubtant estre tué s’escria audit
44 Jacques, sondit serviteur, suppliant, et ne scet ledit Françoys, suppliant, bonnement quelles
parolles il luy dist car il estoit gr[rant]
45 doubte et fort esmeu, toutesfoiz aucuns ont voulu dire que ledit Françoys luy dist qu’il
lachast, lequel Jacques,
46 suppliant, ainsi qu’il cuydoit coucher sadite arbaleste contre ledit maistre Gilbert, non
point en intencion de le frapper maiz
47 pour luy donner craincte affin qu’il ne se guetast contre ledit Françoys, son maistre, et ne
le tuast ou griefvement
48 oultrageast, advint que de cas de fortune la clef de ladite arbaleste attaignyt l’arson de la
selle du cheval sur lequel
49 estoit monté ledit Jacques, tellement qu’elle se desbenda. Et du traict d’icelle fut actainct
ledit maistre Gilbert par le devant
50 entre le col et l’espaulle. Au moyen duquel coup, par faulte de bon gouvernement ou
autrement, il alla de vie a
51 trespas, nous humblement requerant lesdits supplians que, actendu la maniere que ledit cas
est advenu et que en tous autres
52 cas ilz sont bien famez et renommez sans jamaiz avoir esté actainctz ne convaincuz
d’aucun autre villain cas, blasme ou
53 reproche, il nous plaise leur impartir noz grace et misericorde. Pour quoy etc. Si donnons
en mandement par ces mesmes
54 presentes au bailly de Saint Pierre le Moustier ou a son lieutenant a son siege de Cusset,
pour ce qu’il est notre plus
55 prochain juge du lieu ou ledit cas a esté commis qui est au pays et seneschaucee de
Bourbonnois, [etc.]. Et affin etc., sauf etc.
56 Donné a Nantoillet ou moys de septembre l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de
notre regne le
57 dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la relacion du conseil, Deslandes, visa contentor
Deslandes.
Lettre n° 19, f° 20 v°
1 François etc., savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplication
de Gilles Lyardeau, pouvre
2 jeune homme marié, demourant a Thaisy pres Chastel en Porcien, contenant que le samedi
vingt-deuxme jour du moys de juillet
1 dernier passé, luy estant venu au marché audit lieu de Chastel en Porcien, qui soy estoit ledit
jour, et estant en la court de Girard Oudart, marchant
2 hostellier et tavernier demourant audit lieu de Chastel, avecques et en la compaignye de
deffunct Raoulin Baudet et plusieurs autres, et eulx illec estans,
3 par icelluy Baudet fut demandé a la femme dudit Oudart, tavernier, une haute de foigne, que
ledit jour il avoit acheptee audit lieu de Chastel, laquelle
4 luy fut apportee par icelle femme. Et icelle haute tenant par ledit Baudet, fut dit qu’elle
estoit de boys d’horme, ce que maintint au contraire ledit suppliant,
5 voulant gaiger contre ledit deffunct Baudet que ce n’estoit de boys d’horme maiz estoit de
thilleux ou autre boys que d’horme. Et sur ces propoz
6 eurent lesdits Baudet et suppliant debat ensemble de gaigeure, tellement que ladite gaigeure
fut accordee par eulx. Et pour ce, mist et consigna icelluy
7 suppliant es mains d’un nommé Jacob du Mangin, demourant a Chappe, illec present troys
pieces d’argent de deux solz six deniers piece. Et quant audit deffunct
8 Baudet, il ne voulut satisfaire ne fournir a ladite gaigeure parce qu’il en fut gardé par ledit
Girard Oudart ou autre estant illec present,
9 dont fut marry et courroussé ledit suppliant, et declaira lors a icelluy deffunct Baudet que
s’il ne vouloit fournir a ladite gaigeure, il le
10 feroit arrester. Ce neantmoins et nonobstant lesdites menaces d’arrest, n’y voulut icelluy
Baudet deffunct fournir. Et a ceste cause, par ledit suppliant,
11 qui courroucé estoit de ce que ledit Baudet deffunct ne vouloit a ladite gaigeure fournir, fut
dit et reproché a icelluy deffunct Baudet qu’il ne valoit
12 riens et que le bruyt estoit qu’il laissoit mourir sa maignye et serviteurs de faim. A quoy
par ledit deffunct auroit esté repplicqué et dit
13 qu’il estoit plus homme de bien que luy, reprouchant a icelluy suppliant qu’il avoit une
seur qui estoit au bourdeau et estoit prebtresse. Quoy
14 oyant par ledit suppliant, il feit audit deffunct Baudet responce et luy dit gracieusement qui
si sa seur estoit telle qu’il disoit, ce
15 neantmoins cella ne le faisoit meschant homme. Et sur ce luy fut replicqué et dit par ledit
deffunct Baudet que si estoit, imposant et properant
16 a icelluy suppliant qu’il vivoit du cul de sa femme. Et lors ledit suppliant oyant proferer
telz motz de sa femme, qui estoit femme de bien, ne le peult
17 endurer, maiz en jurant le Sang-Dieu ou autre jureent feit responce audit deffunct Baudet
qu’il avoit menty. A quoy icelluy deffunct perseverant
18 tousiours en ses mauvaiz propoz et parolles, auroit respondu et dit a icelluy suppliant que
luy mesmes avoit menty et qu’il vivoit du cul de sa femme
19 et que si luy mesmes eust voulu, il eust chevauchee. Et oyant par ledit suppliant proferer
par ledit Baudet deffunct telles parolles contre l’honneur
20 de sa femme, qui par le bruyt et commune renommee du pays est tenue et reputee pour
femme de bien, icelluy suppliant fut tellement esmeu et
21 eschauffé qu’il en perdit le sens et memoire de raison. Et de faict, eust des lors frappé et
oultragé ledit deffunct Baudet si de ce faire n’eust
22 esté gardé par lesdits Oudart, Jacob du Mangin et autres illec presens, lesquelz prindrent
ledit deffunct Baudet et le voulurent amener. Et
23 auquel deffunct, icelluy suppliant dist que s’il vouloit maintenir lesdits propoz de sa
femme, il l’en combateroit. Et par ledit deffunct luy fut
24 respondu qu’il les maintiendroit et l’en combateroit. Et lors, de ce furent deffenduz par les
gens estans illec, qui prindrent et misrent
25 icelluy deffunct hors ladite court, s’en alla ou bon luy sembla. Et quant icelluy suppliant,
estant tousiours en sa fureur et courroussé des
26 injures dictes contre l’honneur de luy et sa femme, sortit et alla hors ladite maison et
sercha ung baston, pour ce qu’il n’en estoit garny, et
27 n’en peult recouvrer. Et en serchant lesdits bastons, trouva en son chemyn en la ville dudit
Chastel en Porcien ledit deffunct Baudet,
28 auquel icelluy suppliant, eschauffé et esmeu comme dit est, dist telz ou semblables motz :
« marche, marche, trousse, trousse ! Je te bailleray
29 tantost du pain pour ta vie ! » S’en alla ledit deffunct Baudet droict le chemyn dudit
Thaisy. Et tost apres ou environ se partit ledit
30 suppliant et s’en alla avecques et en la compaignye d’un jeune filz nommé Raoulin
Vertboys, lequel il l’auroit actainct au bout et au sortir
31 de ladite ville de Chastel en Porcien, esperant par icelluy suppliant s’en aller et retourner
en sa maison, presuposant en luy ledit Baudet
32 deffunct estre ja retourné en la sienne, actendu la petite distance qu’il y a entre ledit
Chastel et ledit lieu de Thaisy, qui n’est que
33 d’un quart de lieue ou environ, et que ja y auroit demye heure ou environ que ledit Baudet
deffunct s’estoit party de ladite ville de
34 Chastel, prenant le chemyn dudit Thaisy ou il demouroit lors. Et comme il estoit pres
d’une ruelle estant pres et contigu ledit
35 Chastel en Porcien et du lieu qui vulgairement s’appelle La Cousture, aisance des habitans
dudit lieu de Chastel en Porcien, par ledit
36 jeune filz estant en la compaignye dudit suppliant fut dit a icelluy suppliant qu’il y avoit en
ladite ruelle ung homme en pourpoint, qui tenoit
37 ung grant baston en ses mains. Gecta lors icelluy suppliant, non ayant verge ne baston, sa
veue vers ladite ruelle, et en icelle advisa ledit
38 Baudet, qui estoit illec actendant ledit suppliant de propoz deliberé, ainsi qu’il est a
presumer, tenant ledit deffunct en ses mains ladite haute
39 de foigne. Et ce voyant par ledit suppliant, pour la doubte de sa personne, print et rompit
en une haye estant illec pres ung pez de haye.
40 Et ayant ledit deffunct aperceu icelluy suppliant, luy demanda s’il vouloit bataille, qui luy
feit responce comme couroussé et malmeu
41 desdites parolles dictes contre l’honneur de luy et sa femme, qui comme dit est est reputee
pour femme de bien, que oy s’il le vouloit, offrant
42 a icelluy Baudet deffunct luy donner cinq solz s’il luy vouloit bailler le baston qu’il avoit,
qui estoit trop long et aventaigeux contre
43 celluy que avoit ledit suppliant, qui n’estoit que un pez de haye, et il luy bailleroit le sien,
ce que ne voulut accorder ledit Baudet
44 deffunct. Maiz s’aprocha d’icelluy suppliant, et de felon couraige leva ledit ledit grant
baston et haute de foigne dont il rua sur ledit suppliant,
45 lequel suppliant receut et destourna ledit coup dudit pez de haye, duquel pez de haye en
mesme instant et son corps deffendant
46 icelluy suppliant rua de deux a troys coups sur ledit Baudet deffunct, en sorte qu’il tumba
par terre. Au moyen desquelz coups, ledit
47 Baudet par faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement, le mardi ensuivant, seroit
allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas,
48 ledit suppliant doubtant rigueur de justice se seroit absenté du pays et n’y oseroit converser
si noz grace et misericorde ne luy
49 estoient sur ce impartiz si comme il dit, humblement requerant que, actendu ce que dit est
et que ledit cas est advenu de chaulde
50 colle et par l’agression et parolles injurieuses dictes et proferees par ledit deffunct, et ce
que ledit suppliant a faict en ceste
51 partie a esté en son corps deffendant, et que en tous autres cas il s’est tousiours bien et
honnestement gouverné et est de
52 bonne vie et honneste conversacion sans jamaiz avoir esté actainct ne reprins d’aucun
villain cas, blasme ou reproche,
53 nous luy vueillons sur ce impartir noz grace et misericorde. Pour ce est-il etc. Si donnons
en mandement par ces presentes
54 a notre bailly de Victry ou son lieutenant a Saincte Manchouse, ou bailliage, ressort et
jurisdiction duquel le cas est advenu,
55 et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Nantoulhet ou moys de
septembre
56 l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par
le roy a la relacion du
57 conseil, Barrillon, visa contentor Barrillon.
Lettre n° 20, f° 22 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Triqueneau,
povre homme du mestier de tourneur et
2 faiseur de vesselle de boys, aagé de soixante et deux ans ou environ, contenant que a certain
jour sur la fin du moys de juing et estoit ainsi qu’il semble
3 audit suppliant le dix-huitme jour dudit moys, estant ledit suppliant en l’ostel de Phelipon
Reny, tavernier demourant a Buverde, ung nommé Estienne
4 Heron, a present desfunct, fist venir une choppine de vin, dont ledit suppliant beut sa part.
Et apres icelle beue, ledit Heron voulut contraindre
5 ledit suppliant a icelle payer toute, et sur ce se meurent parolles entre eulx. Mays pour
obvier a noyse et debat, Nycolas Triqueneau, filz
6 dudit suppliant, emprunta ung grant blanc et paya ladite choppine de vin. Et peu apres, s’en
sortirent de ladite taverne ledit Heron et icelluy
7 Nicolas, filz dudit suppliant. Auquel Nycolas, ledit Heron print question, luy disant ledit
Heron qu’il n’avoit pas payé ladite choppine de vin. Lequel
8 Nycolas luy dist que si avoit. Aussi la verité estoit telle, mays ledit Heron, qui estoit en son
vivant homme mal famé et renommé, grant jureur et
9 blaffamateur du nom de Dieu, dist audit Nycolas qu’il avoit menty. Et ledit Nycolas luy dist
que s’estoit luy mesmes qui avoit menty. Sur quoy, ledit
10 Estienne Heron, en jurant et blaffemant, tyra une longue dague qu’il portoit, et d’icelle
donna ung coup sur la teste audit Nicolas, dont il le navra
11 griefvement d’une grant playe et grande effusion de sang. Auquel bruyt sortit de ladite
taverne ledit suppliant, lequel voyant sondit filz
12 ainsi blessé et navré, tyra ung long cousteau a clou qu’il avoit a sa saincture, et s’en vint
contre ledit Heron, luy disant : « meschant, pourquoy as-tu
13 blessé mon filz ? » Sur quoy, ledit Heron rua ung coup d’estoc contre ledit suppliant, et
d’icelluy le blessa et navra en la cuisse. Et encores luy gecta
1 ung autre coup, dont il le blessa pres du poing et luy fist tumber par terre sondit cousteau.
Lequel ledit suppliant amassa soubzdainement, et se gecta sur ledit
2 Heron, auquel de sondit cousteau il donna ung coup ou deux d’estoc. Au moyen desquelz il
alla sur l’heure de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit suppliant
3 a esté constitué prisonnier es prisons de Coucy, ou il est de present detenu en grant povreté
et misere, et a esté interrogé sur ledit cas. Et combien que la verité
4 soit telle, touteffoys n’a esté ainsi escript, soit par l’emnuy [sic] ou estoit ledit suppliant ou
par l’imperieusité11 du greffier qui a sur ce escript, nous humblement requerant
5 ledit suppliant, que actendu la maniere dudit cas et que en tous autres cas, il est bien famé et
renommé etc., il nous plaire etc. Pour ce est-il etc., voulans
6 misericorde etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au bailly de Victry ou a
son lieutenant a son siege de Chasteautierry, ou bailliage et ressort
7 duquel etc., et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Chantilly ou
moys de septembre l’an de grace mil Vc trente8 ung, et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil,
Deslandes, visa contentor Deslandes.
11
Mot abrégé : imper.
Lettre n° 21, f° 22 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Pierre Symon,
povre homme de braz, chargé de femme et enfans, aagé de quarente
2 ans ou environ, contenant que le quinzeme jour de ce moys d’octobe mil Vc trente-ung, ledit
suppliant, Alizon sa femme et Marion sa fille, femme de Denis de Cresqui, et
3 icelluy de Cresqui s’en seroient aller soupper joyeusement et sans penser en aucun mal chez
ung Jehan Mignot, hostellier et notre sergent en la forest de Restz, demourant
4 a Corcy, ou ilz auroient souppé, divisant et passant le temps sans noyse ne debat en la
compaignye de Georges Barre, Pasquet Fournet, Denis Beaupere et
5 plusieurs autres. Et jusques a ce que apres avoir par lesdits Pierre Symon et autres assestans
compté l’escot, ainsi qu’ilz divisoient ensemble, prenans leur recreacion, arriva
6 en une chambre basse de ladite maison ung appellé Bertin Herbergier, prebtre, a present
deffunct, en son vivant homme querelleux, grant blasfemateur du nom de Dieu
1 et mal complecionné, et en sa compaignye Jaques de Vinques, escuier, et si toust qu’ilz
furent arrivez en icelle chambre basse de ladite maison dudit Mignot,
2 ledit a present defunct dist a Agathe, fille dudit Mygnot, qu’elle allast querir une choppine
de vin, ce qu’elle fist. Et icelle choppine aportee par ladite Agathe audit a present
3 deffunct en ladite chambre basse, dist qu’il voulloit aller boyre en la chambre haulte ou
estoient lesdits suppliant, sesdites femme et fille et autres. Et charcheant icelluy a present
4 deffunct querelle, dist qu’il vouloit porter ung mommon en ladite chambre haulte et qu’il y
povoit aussi bien boyre que les ribauldes qui y estoient, jaçoit ce que ledit de Vinques
5 l’en voulsist garder, luy disant qu’il failloit boyre ladite choppine de vin en bas et se vouloit
aller coucher. Neantmoins ledit a present deffunct monta en ladite chambre haulte
6 et luy arrivé, incita les assistans de jouer ung mommon, et entre autres ledit suppliant, lequel
tout gracieusement respondit audit a present deffunct qu’il ne jouerroit poinct
7 et aussi n’estoit a luy de jouer. Et combien que en ce disant ne autrement me [sic] meffist
audit a present deffunct, ce neantmoins icelluy a present deffunct tenant ung cousteau
8 nu en sa main, charcheant avoir querelle et debat avec ledit suppliant, qui ne luy demandoit
riens, se print a fraper par despit rudement sur la table, tellement
9 qu’il rompit la poincte dudit cousteau qu’il tenoit. Et en jurant et blasfemant le nom de notre
seigneur, dist par le Sang-Dieu et la Chair-Dieu qu’il veoit aussi clair
10 que ledit suppliant et qu’il buveroit pour son argent. Et non contant de ce, ledit a present
deffunct se print a dire dudit suppliant plusieurs paroles injurieuses,
11 luy disant entre autres qu’il le feroit pendre et qu’il n’estoit que ung larron et murtrier.
Quoy oyant ledit suppliant, soustenant son honneur et en replicquant
12 aux iniures que contre luy disoit ledit a present deffunct, luy dist telz motz : « toy lousche,
je ne te crains ! » Et ce voyant, ledit Jehan Mygnot et que ledit a present
13 deffunct ne charchoit que question et noyse, luy dist pour ce apayser qu’il luy donneroit
choppine et qu’il ne fist point de noise. Et neantmoins ne laissa
14 ledit a present deffunct tant de parolles que de faict de assaillir ledit suppliant, et
nonobstant plusieurs remonstrances que luy firent pour apayser noyse les
15 assistans. Adonc icelluy suppliant, pour repeller la force dudit a present desfunct et soy
mectre en deffence, tyra une courte dague qu’il avoit acoustume
16 porter. Et en cest instant, Paquet de Jouy, la present, pour garder que ledit a present
desfunct qui tenoit sondit cousteau me [sic] ne se gectast sur ledit suppliant, print
17 ledit a present desfunct et le tira arriere, et ledit Georges Barre print ledit suppliant. Et
voyant ledit Paquet que ledit a present desfunct par priere, requeste ne
18 autrement ne le povoit garder de faire noise et ne s’en voulloit desister, le laissa aller.
Aussi fist ledit Barre ledit suppliant. Et apres, pour ce que ledit a present
19 desfunct couroit sus audit suppliant, sesdites femme et fille meues d’amour maritalle et
fillalle, pour empescher qu’il ne fust oultragé par ledit a present desfunct,
20 se ruerent sur luy, le prindrent aux cheveulx. Et ledit suppliant, meu de collere, se voyant
ainsi assailly par ledit a present desfunct, en chaulde colle
21 et le repulsant luy rua quelzques coups, et entre autres ung de poincte, dont fut actainct et
blessé en l’estomac ou autre partie de son corps, et autres du
22 pommeau d’icelle sa courte dague. En quoy faisant, arriva ledit de Vinques qui separa et
fist cesser ladite noyse. Et pour ce que icelluy de Vinques, alla [sic]
23 plaincte et doleance que faisoit ledit a present deffunct, criant « je suis mort », voulloit
arrester ledit suppliant, disant qu’il le mectroit prisonnier, sesdites
24 femme et fille, meues de l’amour dessusdit, le revencherent et pour ce faire tirerent ledit de
Vainques par les cheveulx. Au moyen de quoy evada ledit suppliant
25 des mains dudit de Vainques et s’en fouyt et sadite femme et fille. Et auroit oy dire que
ledit a present deffunct, au moien desdits coups a luy donnez par ledit
26 suppliant, seroit par faulte de prompt appareil ou autrement allé de vie a trespas. A
l’occasion de quoy, ledit suppliant n’ose de present converser ne demourer
27 au pays, craingnant rigueur de justice, ne ailleurs en notre royaume si noz grace, pardon et
misericorde etc., en nous humblement requerant que, actendu
28 la maniere dudit cas advenu, qui a esté sans aucune precogitation et par les agressions
dudit a present desfunct, aussi que en tous autres cas ledit suppliant
29 s’est tousiours etc., nous luy vueillons sur ce impartir nosdits grace, pardon et misericorde.
Pour quoy etc. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes
30 au bailly gouverneur de Valloys ou a son lieutenant, ou pouvoir, ressort et jurisdiction
duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc.
31 Et affin etc., sauf etc. Donné a Compiegne ou moys d’octobre l’an de grace mil V c trente et
ung et de notre regne le XVIIme.
32 Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 22, f° 23 r°
1 François etc., pere legitime, administrateur etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble
supplication de Jaques Couldroy, natif du bourg et
2 village de Notre-Dame-de-Clery, aagé de vingt-six ans ou environ, chargé de femme et
enfans, contenant que le XVe jour de septembre derrenier passé, ledit suppliant qui est
3 demourant et marié en la ville de Nantes, s’en allerent ensemble luy et ung nommé
Estienne, a present deffunct, et duquel ledit suppliant autrement ne scet le surnom, en
4 la maison de Macé Boivin. Auquel lieu se trouverent Pierre Jacob, Mathurin Cencier,
marchans, et la femme dudit Boivin. Et eulx arrivez en ladite maison, envoyerent
5 querir du vin et beurent ensemble gracieusement et sans mal penser. Et en beuvant et faisant
bonne chere, ledit suppliant tira ledit Boyvin a part pour luy demander de
6 l’argent a empruncter pour payer ung nommé Langloys, chaussetier, auquel ledit suppliant
devoit troys escuz pour une payre de chausses et dont il estoit obligé
7 envers luy en court d’eglise soubz nisi [sic] que ledit Langloys avoit ja levé et fait
excommunier12 ledit suppliant pour ladite somme. Auquel suppliant ledit Boyvin fist responce
8 qu’il n’avoit argent a present pour luy prester et que s’il en avoit, voulentiers et de bon cuer
luy en presteroit. Et ce fait, ledit Boyvin descendit de sa
9 chambre et s’en alla, et ledit suppliant demoura en la chambre avecques ledit Estienne et
autres dessus nommez marchans. Et craingnant par ledit suppliant qu’il ne
10 demourast excommunié, prya lesdits Jacob et Censier, marchans, que l’un d’eulx luy
prestassent deux escuz pour payer ledit Langloys et qu’il leur bailleroit ung
11 bon harnoys d’escailles fait en forme de brigandines, garny de tacetes, et s’il failloit dedans
quinze jours leur payer lesdits deux escuz, il leur donnoit
12 ledit harnoys. Lors ledit Estienne commança a dire ausdits Jacob et Censier, marchans, que
s’estoit le meiller harnoys qu’ilz vissent jamais et que si ledit harnoys
13 estoit a luy, ne le donneroit pour dix escuz, tachant par ledit Estienne que estoit grant amy
et famillier dudit suppliant de luy faire prester argent
14 pour soy acquicter envers ledit Langloys, disant par ledit suppliant audit Estienne : « mon
frere, je vous prie, allez vous en en mon logis et dictes a ma femme qu’elle
15 vous baille le harnoys que François Futray m’a donné », ce que dist ledit Estienne.
Toutesfoiz n’aporta lors ledit harnoys et dist audit suppliant que sa
16 belle-mere ne luy avoit voulu bailler pour ce qu’elle avoit esté trompee autresfoys d’une
chemise qu’elle avoit baillee a faulces enseignes en son nom.
1 Lors ledit suppliant dist a la niepce dudit Boyvin : « vela mon bonnet, va querir ledit
harnoys a ces enseignes ». A quoy ledit Estienne dist
2 audit suppliant : « je iray moy mesmes encores une foiz car elle ne le sauroit apporter ». Et
de faict, y retourna et porta ledit bonnet pour
3 enseignes et apporta ledit harnoys au logis dudit Boyvin, disant : « voycy le harnoys et vous
promectz et asseure qu’il est fort bon ! » Et
4 apres avoir veu par lesdits Jacob et Censier, marchans, ledit harnoys, commança a dire ledit
Jacob audit suppliant qu’il avoit charcé ses challans
5 et qu’il estoit mal garny d’argent pour l’heure. Et ledit Censier commança a dire que l’on ne
sauroit congnoistre ledit harnoys si l’on ne
6 le veioit sur quelque ung. Lors ledit suppliant commança a se vouloir despoiller son saye
pour le vestir et essayer, mays ledit Estienne qui
12
Abrégé en « excoié » dans le texte.
7 estoit la tout en pourpoint print ledit harnoys et le vestit. Et apres l’avoir vestu, commança a
dire que s’estoit ung des bons harnoys
8 et l’un des biens faiz que l’on sauroit veoir et qu’il l’avoit esprouvé. A quoy fut respondu
par l’un desdits marchans illecques estans
9 que une arbaleste le perceroit bien. Et l’autre pareillement dist que une espee le pouroit bien
percer. Lors ledit Estienne respondit
10 qu’ilz ne le perceroient point et qu’il habandonnoit son corps et leur pardonnoit si on luy
faisoit mal, mectant les deux mains
11 a ses flans, disant audit suppliant : « poussez, poussez hardiment et vous verrez si elle y
entrera et si elle y fera
12 mal, car je vous pardonne si elle y entre ». En ce disant, ledit suppliant qui estoit grant amy
et famillier dudit Estienne que
13 jamais n’avoit eu noyse ne debat avecques luy, se tyra pres d’un lict ou il trouva deux
espees dont il en print une,
14 la tyra hors du fourreau et d’icelle, non a intencion de luy mal faire ains de essayer
seullement ledit harnoys, rua ung coup
15 d’estoc contre ledit Estienne, estant comme dict est armé dudit harnoys d’escaille. Duquel
coup fut ledit harnoys percé et entra ladite
16 espee dedans le ventre dudit Estienne, lequel commança a dire : « je suis blessé ! » Lors
ledit suppliant, mary et dolent dudit cas, sortit
17 hors ladite chambre. Et a l’occasion dudit coup, par faulte de bon appareil, bon
gouvernement ou autrement, tantoust apres seroit allé de vie
18 a trespas. Et combien qu’il n’y ait eu aucune chose precogitee et que ledit suppliant fust et
soit grandement marry et deplaisant dudit cas
19 ainsi advenu par inconvenient, toutesfoys doubtant rigueur de justice se seroit absenté du
pays auquel ne ailleurs en notre royaume n’oseroit
20 bonnement retourner ne converser si noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce
imparties, nous humblement requerant ledit suppliant, actendu que en
21 tous autres cas il est bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne convaincu
d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche,
22 fors et excepté que durant son jeune aage il auroit eu plusieurs noises et debats avecques
autres compaignons dont touteffoiz ne se
23 seroit ensuivy aucun homicide et auroit a tout satisfait, il nous playre luy impartir sur ce
noz lettres de grace et misericorde.
24 Pour quoy etc. Si donnons en mandement aux seneschal et aloué de Nantes ou a leurs
lieuxtenans, en la jurisdiction desquelz
25 ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a
Vannes ou moys d’octobre
26 l’an de grace mil Vc trente et ung, et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy
a la relation du conseil,
27 Barrillon, visa contentor Barrillon.
Lettre n° 23, f° 23 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Pierre de Maulx,
aagé de trente ans ou environ, serviteur et valet
2 de chambre de notre amé et feal le sieur de Mortemar, contenant que dix ou douze jours
avant la feste de Toussains derreniere passee, ledit suppliant chevauchant
3 apres sondit maistre, qui s’en alloit en sa maison et ja estoit assez loing pour ce que ledit
suppliant s’estoit arresté d’arriere, icelluy suppliant aperceut et
4 vit d’assez loing que les coffres et bas d’un des mulletz de sondit maistre estoient tournez
dessus dessoubz, et tenoient les coffres et bas audit mullet
5 et ne le povoit le mullatier secourir parce qu’il tenoit par la bride ung autre mullet qui s’en
vouloit fuyr. Lors ledit suppliant y courut
6 hastivement. Et voyant ledit suppliant ung homme a pyé qui venoit devers Thoiery, luy
dist : « mon amy, ou allez vous ? » Lequel respondit
7 qu’il alloit a Paris. Lors ledit suppliant se descendit de dessus son cheval, escriant audit
homme par telz motz : « mon amy, je vous prie, aydez
8 nous ! » Lequel homme luy dist qu’il chargeast s’il vouloit, s’en passant oultre. Lequel
suppliant, qui estoit en grosse esmocion pour ce qu’il
9 veyoit perdre et gaster le mullet de sondit maistre, tyra une espee qu’il portoit et du plat
d’icelle, donna ung coup sur l’espaulle
10 dudit homme de pyé. Lequel homme de pyé mist la main a une espee ou mandoussine qu’il
avoit, s’efforçant soy gecter sur ledit
11 suppliant. Pour a quoy obvier, ledit suppliant mist au devant de luy sadite espee, disant
audit homme par telz motz : « mon amy, retire toy », ce
12 que ne voulut faire icelluy homme. Ainsi poursuyvit ledit suppliant si chauldement,
s’efforçant soy gecter sur luy, que luy mesmes
13 se blessa et enferra de ladite espee dudit suppliant, et encores ne laissa de poursuyvir ledit
suppliant, qui ne pensoit point que ledit
14 homme fust blessé jusques a ce qu’il apperceut sadite espee estre sanglante. Et a esté
adverty ledit suppliant que ledit homme de pyé,
15 duquel il ne sceut jamais le nom, au moyen de ladite blesseure estoit allé de vie a trespas.
Pour occasion duquel cas, ledit suppliant
16 doubte que l’on veille contre luy proceder en rigueur de justice, nous humblement
requerant que, actendu la maniere dudit cas, que en tous autres cas il est
17 bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain
cas, blasme ou reprouche, il nous playre luy impartir
18 noz grace et misericorde. Pour ce est-il etc. Si donnons en mandement par cesdites
presentes au bailly d’Orleans ou a son lieutenant, ou bailliage
19 et ressort duquel ledit cas est advenu, et a tous etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a La Fere
ou moys de novembre l’an de grace mil cinq
20 cens trente et ung et de notre regne le dix-sept me. Ainsi signé par le roy a la relation du
conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 24, f° 25 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Philippes Le Leu,
natif du village de Herisy sur Somme, demourant
2 au village de Hebuterne lez la ville d’Arras, jeune homme aagé de XXIII a XXIIII ans ou
environ, chargé de femme et enfans, contenant que le XXII ou
3 XXIIIme jour d’avril dernier passé, feste Saint George, qui estoit la feste de l’eglise
parroissiale dudit Herisy, ung nommé Toussaincts Le Doyen et Quantin Goubel,
4 cousins germains, qui estoient compaignons de ladite feste avecques autres, demanderent
audit suppliant qui pour lors estoit compaignon a marier six solz tournois
5 pour subvenir aux fraiz de leurdite feste. Ausquelz ledit suppliant fist responce qu’il n’avoit
point tant demeuré audit Herisy pour estre tenu leur payer
6 ladite somme et qu’il nentiroit [sic] voluntiers sa rapiere qu’il avoir [sic] lors saincte pour
seureté de ce qu’il seroit tenu envers eulx de ladite somme. Depuis lequel
7 gaige baillé, ledit suppliant se seroit marié audit lieu et village de Hebuterne, ou luy et sadite
femme sont demourans, ou il se seroit tenu jusques
8 a la feste Sainte Croix ensuivant, XIIIIme jour de septembre dernier passé, que ledit suppliant
se partit de sadite maison pour aller veoir son pere, qui est demourant
9 audit villaige de Herisy, ou les dessusdits Le Doyen et Gobel faisoient ladite feste de la
dedicasse dudit village avec autres. Auquel suppliant
10 fut demandé par les dessusdits Toussaincts Le Doyen et Quantin Goubel lesdits six solz
tournois, ce que ledit suppliant leur offrit bailler en luy rendant
11 sadite rapiere ou verdun, les priant de ce faire pour ce qu’il s’en vouloit retourner a sa
maison audit village de Hebuterne, ce qu’ilz reffuserent
12 de faire. Ains ledit Le Doyen, a present deffunct, et Gobel luy firent responce en jurant le
Sang-Dieu et autres blaphemes qu’ilz ne luy rendroient point sadite
13 rapiere ou verdun, et s’il en parloit plus qu’ilz lui abatroient la teste, estans garniz lors
d’espees et bastons. A quoy ledit suppliant respondit qu’il se
14 gardroit d’eulx, sans autres parolles leur dire. Et en cest instant, ledit Toussains Le Doyen
mal meu tira son espee et d’icelle rua sur ledit
15 suppliant, tellement qu’il l’acula contre ung mur ou haye, en sorte que ledit suppliant ne
pouvoit fuyr pour eviter le danger de sa personne. Quoy voyant,
16 desgaynna aussi sadite espee pour soy couvrir et deffendre. Et persistoit et continuoit
tousiours ledit Le Doyen de ruer de sadite espee sur ledit suppliant
17 d’estoc et de taille. Et en ruant par ledit Le Doyen ung coup de taille pour coupper les
jambes dudit suppliant, icelluy suppliant tenant sadite espee
18 en sa main rabatant les coups dudit Toussaincts rua ung coup d’estoc sur ledit Toussains
Le Doyen, duquel fut actainct au cousté senestre.
19 Au moyen duquel coup, troys ou quatre jours apres, a faulte de bon appareil,
gouvernement ou autrement, seroit allé de vie a trespas. A l’occasion
20 duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice se seroit absenté du pays, ouquel ne
ailleurs en notre royaume il n’oseroit demeurer
21 seurement si noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce impartiz, en nous humblement
requerant que, actendu le cas ainsi advenu ouquel ledit
22 Toussaincts estoit agresseur de faict et de parolle et en se desfendant par ledit suppliant, et
que en tous autres cas il soit bien famé et renommé
23 sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou
reprouche, il nous playre luy impartir nosdits grace et
24 et [sic] misericorde. Pour quoy etc., voulans misericorde preferer a rigueur de justice etc.
Si donnons en mandement par cesdites presentes au
25 bailly d’Amyens ou a son lieutenant ou ressort et jurisdiction duquel ledit cas est advenu,
et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc.,
26 sauf etc. Donné a Compiengne ou moys de novembre l’an de grace mil cinq cens trenteung et de notre regne
27 le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Barrillon, visa contentor
Barrillon.
Lettre n° 25, f° 25 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Baron du
lieu de Bonnac et Bertherand
2 du Pouretz du lieu de Bordes, contenant que six ans a eu ou mois de janvier derrenier passé,
lesdits supplians, qui estoient lors jeunes compaignons
3 a marier, estans au lieu et villaige d’Argent en la maison de Peroton Dambays, tavernier,
survindrent en ladite maison ung nommé Arnaulton
1 de Chault dudit lieu d’Argent et ung autre nommé Pierre Nau et se mirent a soupper les
ungs avec les autres, sans noyse ne debat. Et apres ce qu’ilz eurent souppé, fait
2 bonne chere, compté et payé chacun leur escot, ledit Arnaulton de Chault, qui estoit homme
marié, leur dist qu’ilz allassent faire collation avec une femme nommee Bonne, femme disle
3 qui estoit lubricque et habandonnee de son corps, ce que lesdits supplians accorderent. Et
s’en allerent ensemble en l’ostel de ladite femme, ou ilz firent collation tous ensemble
4 avec elle, sans avoir debat ne question. Et apres ce, s’en partirent les ungs des autres et s’en
allerent lesdits Arnaulton de Chault et Pierre Nau en leurs maisons et
5 lesdits supplians s’en retournerent coucher en l’hostel dudit Peroton, tavernier. Et apres que
lesdits supplians eurent dormy et prins repoux jusques vers la my nuyt, se leverent
6 et s’en allerent en l’ostel de ladite Bonne, femme disle, pour coucher avec elle, ainsi qu’elle
leur avoit promis et accordé. Et eulx estans a la porte de la maison d’icelle femme,
7 frapperent a icelle porte. Laquelle femme incontinant se leva et print de la paille qu’elle
alluma affin de leur ouvrir ladite porte, ce qu’elle fist incontinant. Et combien que
8 comme dit est ilz n’eussent eu noyse ne debat audit Arnaulton, toutesfoiz ainsi que lesdits
supplians vouloient entrer en ladite maison, ledit Arnaulton qui estoit mussé et
9 caché la pres de guect apans et propoux deliberé, tyra ung coup de garrot a l’encontre
desdits supplians, duquel il actaingnit ledit Jehan Baron au droit de l’espaule
10 gaulche et le persa de part en autre, tellement qu’il demoura couru a la porte de ladite
maison. Et incontinant ledit coup donné, ledit Arnaulton s’en fouyt et ledit Bertherand
11 courut apres luy, mais ne le peult acousnyver. Et le mardi apres ensuivant, lesdits supplians
se partirent de leurs maisons pour aller au marché qui estoit ledit jour au lieu
12 de Castillon. Et eulx estans audit Castillon et dedans le marché, aperceurent ledit
Arnaulton auquel ledit Jehan Baron voulut demander qui l’avoit meu de luy avoir baillé
13 ledit coup de garrot, mays aucuns assistans l’en detournerent. Et de la se departirent lesdits
supplians, sans avoir propoux avec ledit Arnaulton et s’en allerent en la maison d’un
14 nommé Guyraudat, tavernier, en laquelle on faisoit les fiansailles d’une des cousines dudit
Jehan Baron ou ilz beurent. Et puis s’en allerent veoir danser, et
15 ainsi qu’ilz regardoient danser, fut dit audit Jehan Baron par quelque ung la estant, ne
savent lesdits supplians qui ce fut : « voyla celluy qui vous a donné le coup
16 de garrot qui passe ! » Et incontinant, s’en allerent lesdits supplians vers ledit Arnaulton,
avec lequel estoient deux autres hommes, sans penser avoir aucun debat
17 ne noyse audit Arnaulton, sinon savoir qui l’avoit meu de avoir ainsi tyré ledit garrot
contre eulx. Auquel Arnaulton, ledit Jehan dit : « viença, taquyn, pour quoy
18 as-tu tyré le coup de garrot et dont tu m’as ainsi blessé ? » Lequel de Chault, sans faire
aucune responce audit Jehan Baron, suppliant, print une cappe qu’il avoit
19 et la gecta contre une haye, puis desgaynna ung long verdun qu’il avoit et print ung
bouclier en l’autre main. Et ainsi saisi desdits verdun et boucler [sic], vint
20 furieusement contre lesdits supplians. Voyans lesdits supplians estre assailliz, mirent la
main a leurs espees qu’ilz desgaynnerent et myrent leurs cappes
21 autour de leurs bras, resistans aux coups et effors dudit de Chault. Sur lequel en leurs corps
deffendant, ilz actaingnirent en troys ou quatre
22 endroiz de son corps ne savent en quel endroit, parce que s’estoit en conflit et esmocion. Et
apres qu’ilz furent separez les ungs des autres par
23 aucuns qui la y survindrent, s’en alla ledit Arnaulton en ladite ville de Castillon. Ouquel
lieu, au moyen desdits coups par luy receuz, quatre ou cinq jours apres,
24 il alla de vie a trespas. Et doubtens lesdits supplians rigueur de justice, se sont absentez
hors du pays, nous humblement requerans que, actendu la maniere
25 que ledit cas est advenu, que en tous autres cas ilz sont bien famez et renommez sans james
[sic] avoir esté actaincts ne convaincuz d’aucun autre villain
26 cas, blasme ou reprouche, il nous playre leur impartir noz grace et misericorde. Pour ce
est-il que nous, ces choses considerees, voulans misericorde
27 preferer a rigueur de justice, ausdits supplians et chacun d’eulx avons quicté etc. Si
donnons en mandement par cesdites presentes au seneschal de
28 Thoulouse ou a son lieutenant, en la seneschaucee, jurisdiction et ressort duquel ledit cas
est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc.
29 Donné a Compiegne ou moys de novembre l’an de grace mil V c trente-ung et de notre
regne le dix-septme. Ainsi signé par le roy
30 a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 26, f° 25 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Mahieu Verdelet,
aagé de dix-huit a dix-neuf ans, par cy-devant
2 demourant en la cense de Mallemaison en la parroisse de Chavignon ou bailliage de
Vermendoys, contenant que a ung certain jour du moys d’aoust, ainsi que
3 ledit suppliant et ung nommé Jehan Gorret s’en venoient dudit lieu de Chavignon, qui est
distant de ladite cense de Mallemaison d’un quart de lieue ou environ,
4 pour ce que en aprochent de ladite cense ilz oyrent fort grant bruyt, ilz se doubterent qu’il y
eust quelque esfort au parc des brebis et moutons de ladite
5 cense, pour ce qu’il estoit sur le soyr et qu’il estoit bruyt que lors les larrons roboient les
moutons et brebis aux parcs. Et a ceste cause, marcherent
6 assez rondement vers ledit lieu et tyrerent les espees qu’ilz portoient. Et en arrivant, les
chiens commancerent a abayer contre eulx. Par quoy ilz se mirent
7 le dos contre les murailles de la fermeture de ladite cense, esperans oyr et entendre dont
procedoit ledit bruyt. Mays tout incontinant, a l’abayement [sic]
8 desdits chiens ou autrement, vindrent contre eulx Anthoine Corbiaux, en son vivant bergier
de ladite cense, garny d’une demye picque, et autres avec luy jusques
9 a troys ou quatre. Lequel Anthoine Corbiaux tenant une demye picque en sa main rua
d’icelle a l’encontre dudit suppliant. Lequel suppliant qui ne congnut
10 ledit Corbiaux pour ce qu’il estoit environ deux heures de nuyt, print d’une main le fer de
ladite demye picque, dont luy ruoyt ledit Corbiaux, et de sadite
11 espee pour luy faire lascher ladite demye picque et pour obvier qu’il ne le frappast d’icelle
luy donna ung coup de taille sur la teste dont il le blessa
12 a playe et a sang. Et apres qu’ilz se furent recongnuz, s’en allerent tous ensemble en la
maison de ladite cense ou ledit Corbiaux fust pensé de sa blesseure.
13 Et depuis, icelluy Anthoine Corbiaux et ledit suppliant firent appoinctement dudit cas et
pardonna ledit Corbiaux audit suppliant, saichant que ce estoit advenu
14 par accidant car jamays auparavant ilz n’avoient eu hayne, debat ne differend ensemble.
Touteffoys est advenu que ledit Anthoine Corbiaux, six
15 sepmaines apres ou environ, par faulte de bon gouvernement ou autrement, est allé de vie a
trespas. Pour occasion duquel cas, ledit suppliant,
16 povre jeune enfant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté hors du pais, nous
humblement requerant que, actendu la maniere que ledit cas
17 est advenu, qui est a son tres grant desplaisir, que en tous autres cas il est bien famé et
renommé etc., il nous playre etc. Pource est-il
18 que nous, ces choses considerees, voulans misericorde etc. Si donnons en mandement par
cesdites presentes au bailly de Vermendoys ou a son lieutenant, ou
19 bailliage duquel etc., et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a La
Fere ou moys de novembre l’an de grace mil
20 cins cens trente-ung et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la relation
du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 27, f° 26 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Yrieys Dubois,
escuier, aagé de soixante ans et plus, chargé
2 de femme et enffans, contenant que combien que ledict suppliant n’eust jamais meffait ne
mesdit a François de Pompadour, en son vivant seigneur de Perault,
3 aagé de vingt-cinq ans ou environ, neantmoins au contemps de certain proces qui estoit
pendent pardevant le seneschal de Perigot [sic] ou son lieutenant entre ledit suppliant,
demandeur
4 d’une part et ledit feu François de Pompadour d’autre part, et que ledit suppliant empeschoit
et contredisoit que ledit de Pompadour ne ediffiast quelque maison
5 qu’il voulloit faire faire en certains heritaiges tenuz et mouvans de la la cousine et directe
seigneurie dudict suppliant que preallablement il ne luy eust faict
6 et paié les droictz et devoirs qu’il estoit tenu luy faire et paier, ledit de Pompadour auroit
conseu grousse hayne et inymitié a l’encontre dudit suppliant.
7 En desmonstrant laquelle et pour icelle mectre a excecution, le lundi dix-septyesme jour de
juillet l’an mil cinq cens trente et ung derrenier passé,
8 comme ledit supplint alloit sans mal penser a la priere d’un nommé maistre Jehan de
Bonnefons, prebtre, qui autrefoys avoit esté servicteur de la
9 maison des Chemps ou des Bordes, appartenant audit suppliant, au village de La Berthonye
pres dudit lieu des Bordes d’une lieue françoise ou environ, affin d’appointer
10 ledit maistre Jehan de Bonnefons et ung sien frere nommé Jehan dit Jannot de Bonnefons
de certain proces qu’ilz avoient ensemble pour raison de la succession
11 de leur feu pere, et pour ce faire et cuidant faire par ledit suppliant ledit appoinctement
auroit mené avec luy ung nommé maistre Jehan Pasquet,
12 maistre Pierre Chastenet dit Torsart et Liennard Reparat pour tesmoings a recevoir le
contract dudit accord s’il se povot [sic] faire. Et lesdits suppliant
13 et Pasquet, notaire, ainsi estans arrivez audict lieu de La Bethonnie cuydans faire ledit
appoinctement, voiant par ledit maistre Jehan de Bonnefons que sondit frere
14 ne voulloit entendre audit appoinctement, luy auroit faict quelque sommacion et
denonciation en la presence desdits Pasquet et suppliant. Et ladite
15 sommation faicte, feist charger une charrectee de gerbes de blé. Et icelle chargee, lesdits
suppliant et Pasquet se mirent a chemin pour eulx en
16 retourner en leurs maisons, devisant avecques ledit maistre Jehan de Bonnefons, qui faisoit
charier quant et quant luy ladicte charectee de gerbes
17 de blé. Et comme ilz furent a trois ou quatre gectz de pierre dudit lieu de La Berthonnye,
seurvindrent illec ledit deffunct de Pompadour
18 accompaigné de certains gens, ses alliez et complices, armez et embastonnez c’est assavoir
ledit de Pompadour, qui comme dict est estoit
19 aagé de vingt-cins ans ou environ, garny d’une espee et rondelle a l’arson de sa selle,
monté sur ung gros et puissant cheval, et les autres
20 a pied embastonnez d’espees, dagues et arbalestes bandees, le garrot dessus, haquebutes,
hallebardes et autres bastons invasibles, courut
21 a cource de sondit cheval apres lesdits suppliant et Pasquet, tenant ledit de Pompadour son
espee nue a sa main et criant a haulte voix
22 a sesdits alliez et complices : « dessus, dessus, tuez, tuez ! » Et comme ledit de Pompadour
arriva ainsi esmeu sur lesdits suppliant
23 et Pasquet, icelluy Pasquet, notaire, voyant que ledit de Pompadour estoit ainsi esmeu et
eschauffé, auroit dict et remonstré
24 gracieusement a icelluy de Pompadour par telz motz : « Monsieur, que me voullez vous ? »
Et craignant qu’il ne le blessast, luy dist :
25 « je me rens a vous » et davantaige qu’il n’estoit pas illec venu pour luy faire desplaisir
mais pour recevoir quelque contract.
26 Mais neanltmoins, ledit de Pompadour auroit de felon courage donné audit Pasquet,
notaire, ung grant coup de taille de son espee sur
27 le col dudit Pasquet du cousté senestre, dont seroit ysseu grant effusion de sang, duquel
coup il auroit abatu de dessus
28 son cheval ou il estoit monté. Quoy voyant par ledit suppliant, il auroit dict et remonstré
audit de Pompadour telles
29 parolles ou semblables le plus gracieusement qu’il peut faire : « Monsieur de Perault, que
voullez vous faire ? Je vous prie
30 que je parle a vous ! Arrestez vous Perault, parlons ensemble », ce que ledit de
Pompadour, seigneur de Perault, n’auroit voullu
31 faire. Ains voullant mectre sa hayne a excecution contre ledit suppliant, auroit donné audit
suppliant ung grant coup du taillant
1 de son espee sur le hault de la teste, dont yssit grant effusion de sang. Et non contampt de
ce, l’un desdits alliez et complices dudit de Pompadour auroit
2 aussi baillé audict suppliant ung autre grant coup de hallebarde sur ses rains, duquel coup il
luy auroit faict une autre grant playe et presque abatu de
3 dessus sa jument. Quoy voiant par ledit suppliant et qu’il estoit en grant dangier de sa
personne, desgaigna une espee qu’il a de coustume porter a
4 son cousté comme font gentilhommes, de laquelle soy voyant ainsi oultrageusement blessé
il auroit tout esmeu et seignant desdits coups en
5 maniere que quasi le sang l’aveugloit, et ainsi comme le cheval d’icelluy de Pompadour par
cas fortuit tomba par terre et ledit suppliant ainsi blessé
6 et esmeu de chaulde colle courut a l’ancontre dudit de Pompadour et luy rua ung coup de
sadites espee environ la corge [sic] ou la poictrine. Et ledit de
7 Pompadour ainsi frappé et tumbé de sondit cheval, ledit suppliant de peour que les autres
alliez et complisses d’icelluy Pompadour ne le occissent
8 et missent du tout a mort s’en seroit fuy le mieulz qu’il auroit peu a la cource de sadite
jument sur laquelle il estoit monté comme dict est. Et
9 en ce faisant, auroit esté poursuyvyt a grans coups de pierre, traictz d’arbalestes par lesdits
alliez et complices dudit Pompadour qui estoient a pied
10 jusques a ce qu’ilz virent que ledit suppliant avoit gaugné l’aventaige par le moyen de la
course de sadite jument. Au moien duquel coup et cheute dudit
11 cheval, par faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement, ledit feu de Pompadour
trois heures apres ou environ, comme l’on dict, seroit allé
12 de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit suppliant creignant rigueur de justice se
seroit absenté du pais et n’y oseroit jamais
13 retourner sy noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, nous humblement
requerant que, actendu la maniere
14 que ledit cas est advenu et que en tous autres etc., il nous plaire etc. Pour quoy etc. Si
donnons en mandement par cesdites presentes aidit [sic] seneschal de Perigort ou a son
lieutenant,
15 en la seneschaucee duquel ledit cas a esté commis, et a iceulx gens de notredite court de
parlement de Bordeaulx, qui ont prins congnoissance de ladite matiere, et a tous noz autres
16 justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Compiegne ou moys de novembre l’an de
grace mil cinq cens trente et ung et de notre reigne le dix-septme. Ainsi signé par le roy
17 a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 28, f° 26 v°
1 Françoys etc., a tous presens et advenir, savoir faisons nous avoir reçu l’umble supplication
de Bonnot de Chaves, filz de Gabriel de Chaves, pauvre homme de labeur,
2 habitant du mandement d’Iserant, pays de Vivaroys, contenant que en l’an mil cinq cens
trente et le tiers jour du moys de fevrier, feste de Sainct
3 Blaise, au lieu de Lamps, diocese de Vienne dedans le mendemant d’Iserant, ou l’on faisoit
feste et assemblee appellee, en commun parler, vote
4 ou resnage a l’honneur dudit Sainct Blaise, estant ledit suppliant et Anthoine de Chaves, son
frere, ausquelz Just de Ponnerie, filz de feu Lyonnet de Ponnerye,
5 escuyer, avoit presté des harnoys et paremens pour parer ledit suppliant et Anthoine, sondit
frere, a ladite feste ou resnaige, et lequel jour de
6 feste Sainct Blaise, apres ledit resnaige faict, ledit suppliant et Anthoine, freres, estans ung
peu au-dessoubz dudit lieu ou villaige de Lamps,
7 survint illecques ledit Just de Ponnerye, disant qu’il charchoit ung nommé Gougon, joueur
de tabourin, lequel il disoit avoit rompu le jour precedent
8 ung tabourin audict lieu de Lemps en d[?]ssant, a cause de quoy ledit Jeust de Ponnerye,
ledit suppliant et Anthoine de Chaves, sondit frere, eurent
9 aletercacion et debat et se entrebaterent du plat tant seullement de leurs espees, sans eulx
blesser. Et alors se deppartirent d’ensemble, cuydans
10 lesdits supplians et Anthoine de Chaves que ladite question fust sepité et finye parce que
ledit Just de Ponnerye, apres icelle question finye,
11 s’en retourna arriere, tirant droict a la maison dudit Lionnet, son pere, ou a l’eglise dudit
lieu de Lemps, estant bien pres de ladite maison dudit
12 Lionnet. Et ledit suppliant et Anthoine, freres, sens mal pencer, prindrent leur chemin,
tirant vers ladite eglise parochial de Lemps pour
13 et en intencion d’y ouyr vespres. Et en tirant leurdit chenin [sic], quant ilz furent pres ou
devant le coullombier et grange dudit Lionnet de Ponnerye, veirent
14 venir du hault dudit chemin ledit Lionnet, lequel dist ausdits Anthoine et suppliant,
s’aprochant d’eulz, telles ou semblables parolles : « demourez, demourez
15 enfens ! » Lesquelles parolles ouyes par lesdits Anthoine et suppliant, freres, eulx pensens
que icelluy Lionnet eust ja esté adverty de ladite altercation et
16 debat qu’ilz avoient euz avecques ledit Just, son filz, respondirent audit Lionnet, qui estoit
pour lors chastellain et officier en chef dudit lieu de Lemps
17 et mandemant d’Iserant pour notre amé et feal le seigneur de Tournon, qui demoureroient
voulluntiers et que s’ilz avoient mal faict, en voulloient
18 estre pugniz par luy mesme comme chastellain. Et sur ces parolles et apres que ledit
chastellain eut dit ausdits suppliant et Anthoine, freres, qu’ilz
19 demourassent, icelluy Lionnet commanda a quelq’un son servicteur, criant assez hault
qu’il luy apportast des harnoys et bastons de sa maison,
20 disant qu’il en voulloit tuer ung, parlant desdits suppliant et sondit frere. Lesquelz apres
avoir ouy parler de tuer, s’on [sic, s’en] voulsirent pour obvier a
21 noise aller en l’eglise parrochial dudit Lamps pour rendre oraison a Dieu. Mais icelluy
Lionnet les empescha tant qu’il peult, en actendant
22 lesdits harnoys et bastons qu’il avoit envoyé querir par sondit servicteur. Lequel servicteur,
bien tost apres, luy apporta une grant javeline, ferree
23 aux deux boutz, en l’un desquelz boutz il avoit ung fert de la longueur environ demy pied.
De laquelle javeline, ledit Lionnet incontinant
24 qu’il eut entre ses mains en assaillit et poursuvit [sic] ledit suppliant et l’en frappa du
cousté ou estoit ledit long fer deux ou troys
25 coups en la teste, tellement que grant effusion de sang en yssit courant par le face dudit
suppliant a grant habondance. Et alors, ledit
26 suppliant soy voiant ainsi poursuivy et blessé fut contrainct desgaingner ung bracquemart
qu’il portoit pour soy deffendre et
27 rabatre les coups que ledit Lionnet de Ponnerye ruet [sic] avec ladite javeline, desquelz
coups ledit Lionnet blessa et navra ledit suppliant
28 parce qu’il n’avoit puissance de resister contre ledit Lionnet, pour ce aussi qu’il estoit trop
plus puissant que luy, et lequel par
29 impetuosité rua ung coup de sadite javeline contre ledit suppliant, en maniere qu’il fist
tumber par terre sondit braquemart. Et pendant
30 que ledit Lionnet frappoit sur ledit suppliant, la survint ledit Just, son filz, avec une espee
nue, de laquelle il voullut
31 frapper ledit Anthoine, frere dudit suppliant. Quoy voiant ledit Anthoine dist audit Just qui
ne le batist poinct et que n’avoit que faire de soy
32 batre contre luy. Et oultre dist ledit Anthoine, frere dudit suppliant, pour obvyer a noise
telles ou semblables parolles : « retirez vous gentilhomme,
33 car si vous me batez, je vous batrè ! » Touteffois ledit Just ne voullut cesser. Et alors
lesdits Anthoine et Just tirerent leurs espees
34 et ruerent l’un sur l’autre, ne sçauroit dire ledit Anthoine s’il frappa ledit Just, autmoins
[sic] ne luy en seroit advenu aucun accidant mortuy [sic]
35 autre inconvenuent. Et entre ses entrefaictes, ledit Gabriel de Chaves, pere desdits
suppliant et Anthoine, estant lors en la grange ou fenyere
36 dudit Lionnet de Ponnerye, parlant et divisant avec aucuns, ouyt le bruict et rapport qu’on
faisoit que lesdits suppliant et Anthoine, ses enffens,
37 se batoient. Et pour les deppartier et appaiser noyse, print une forche de bois qui trouva
d’aventure en ladite feniere, et s’en alla
38 au lieu ou estoit ledit debat, et trouva que sesdits enffens se batoient avec lesdits Lionnet et
Just, son filz. Par quoy, ledit pere desdits
39 suppliant et Anthoine, de ce desplaisant, de ladite fourche qu’il portoit pour faire cesser
ladite noise, voullant frapper sesdits enffens,
40 soy courroussant fort contre eulx et leur disant par plusieirs [sic] foys qu’ilz se retirassent,
profferant telles parolles ou aultres semblables :
41 « allez vous en ladres, ostez vous d’icy ! Vous voulez vous batre ? » Et en disant sesdites
parolles, lesdits Lionnet de Ponnerye de sadite
1 javeline qu’il avoit en ses mains frappa sur la teste dudit Gabriel, pere desdits suppliant et
Anthoine, tellement qu’il tumba par terre. Et tomba icelluy Gabriel a l’en renverse,
2 qui fut cause que lesdits suppliant et sondit frere ne se absenterent a la voix, clameur et
commandement de leurdit pere, non voullant meuz d’amour paternelle le laisser blesser
3 ne tuer. Et non contant de ce, ledit Lionnet continuant touziours en sa mallice frappa de
sadite javeline sur la teste dudit suppliant et le blessa en sorte qu’il en
4 yssit grant effusion de sang. Par quoy, ledit suppliant se voyant ainsi blessé et pareillement
sondit pere qui estoit tumbé par terre, et combien qu’il dist audit Lyonnet
5 en les parolles : « Monsieur, retirez vous car je ne vous veulx poinct batre », touteffoys ledit
Lionnet le poursuyvit touziours de sadite javeline et l’en bactit
6 en plusieurs parties de son corps, fut contrainct icelluy suppliant pour sa deffence de sondit
bracquemart, qu’il avoit ja levé de terre, s’avencer sur ledit Lionnet,
7 en quoy faisant luy rua sur la teste d’un coup fendant, tellement que au moien dudit coup il
tumba par terre. Et apres fut apporté en sa maison, en laquelle
8 c[?]ant a esté ledit suppliant adverty, quelzques jours apres, par faulte de bon appareil ou
aultrement, alla de vie a trespas. Pour raison duquel cas, ledit suppliant
9 craignant igueur de justice se seroit absenté dudit pais ouquel ne ailleurs en notre royaulme
il n’oseroit bonnement converser ny demourer sy noz grace,
10 quictance, remission, pardon et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, en nous
humblement requerant que, actendu ce que dict est et que en tous
11 autres cas il est bien famé et renommé sens jamais avoir esté actainct ne convaincu
d’aucun aultre villain cas, blasme ou reproche digne de
12 reprehencion, blasme ou reproche [sic], nous luy voullons sur ce impartir nosdits grace,
remission, pardon et misericorde. Pour quoy nous, ces chouses
13 considerees etc. Satiffaction a partye civillement tant seullement si faicte n’est et elle y
eschect. Et sur ce avons imposé et imposons etc.
14 Sy donnons en mandemant par ces mesmes presentes au bailly et juge de Vivaroys ou a
leurs lieuxtenans et a chacun d’eulx, en la jurisdiction desquelz
15 ledit cas est advenu, et a tous etc. Car tel etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Compiegne ou
moys de novembre l’an de grace mil cinq
16 cens trente et ung et de notre regne le dix-septyesme. Ainsi signé par le roy a la relation du
conseil, Laguette, visa contentor Laguete.
Lettre n° 29, f° 27 r°
1 Françoys etc., pere legitime etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion
de Michel Le Boutillier, jeune gentilhomme, cappitaine des villes et chastel de
2 Chastillon en Baudelay, appartenant a notre cher et amé cousin le conte de Laval, contenant
que au moien de ce que Jehan Sollaige, apres plusieurs crymes et delictz par luy commis au
3 pais de Normandye, pour eviter la pugnicion d’iceulx se fust retiré tant en la ville et
territoire de Sainct Aulbin du Cormier que autres lieux des lymites de noz pais et duché de
4 Bretaigne, faisant et continuant tant luy que Pierre Soulaige, son frere, avec leurs alliez et
complices, pilleries, volleries, rapts, inscidiacions et autres crimes et delictz, entre autres
5 ainsi que le seigneur de Chandebeuf, beau-frere dudit suppliant, s’en alloit avec deulx de ses
seurs et leurs gens au lieu et maison de Rouel, appartenant au beau-frere dudit sieur de
Chandebeuf,
6 iceulx Soulaiges avoient destroussé par insidiacion, force et violance aux gens et servicteurs
dudit seigneur de Chandebeuf une arbaleste et ung oyseau. Avoient aussi
7 prins, ravy et pillé en la maison d’une paouvre femme vefve, demourant en la parroisse de
Sainct Jehan sur Cresnon, certaine quantité de lin et chanvre, ung poislon d’arain et autres
8 biens, rompu husches et coffres estans en ladite maison, faisoient ordinairement ports
d’armes, exces, forces, violances, ravissemens de filles et femmes, insidiacions et
9 agresseurs de chenins [sic], ainsi que font encores de present ledit Jehan Soulaige, ses alliez
et complices. Pour lesquelz exces, prinse de corps avoit esté decerné contre ledit Jehan
Soulaige
10 par le seneschal de Sainct Aubin du Cormyer, laquelle n’avoit peu estre excecutee. Et
durant le temps que lesdits Soulaiges faisoient lesdites insidiacions, ports
11 d’armes et volleries, nous estans hors de notre royaume et que par feu notre tres chiere et
tres amee dame et mere avoit esté commandé a tous noz subgectz prandre
12 au corps tous gens faisans assemblees et ports d’armes, exces, forces et violances, ledit
suppliant qui lors estoit aagé de dix-neuf ans ou environ, ainsi qu’il oyet messe
13 le jour Sainct Estienne en l’eglise parroissialle de Mesieres, se vint adresser a luy ung
nomné Thomas Chantoux, filz du mestayer dudit seigneur de Chandebeuf,
14 qui luy dist que ledit sieur de Chandebeuf avoit esté adverty que lesdits Soulaiges estoient
celluy jour venuz du pays de Normandie audit lieu de Sainct Aulbin
15 du Cormier, faisans et continuant leurs portz d’armes, exces, forces et violances, et qu’il
les convenoit aller prandre. A ceste cause, ledit seigneur de Chandebeuf,
16 ledit suppliant et quatre ou cinq autres se transporterent audit lieu de Sainct Aulbin, qui
estoit distant du lieu dont ilz partierent comme de demye lieue ou environ,
17 portans leurs espees et l’un de ceulx de leur compaignye une rondelle pour la seureté de
leurs personnes parce que lesdits Soulaiges estoient tousiours acompaignez
18 et embastonnez. Et en leur chenin [sic], trouverent François Freaulx et deux ou troys
autres. Et envoyerent l’un d’iceulx estans en leur compaignye nommé Georges Fresiere
19 dit Jouannet veoir sy lesdits Soulaiges estoient audit lieu de Sainct Aulbin, qui leur
rapporta que oy et que en la maison ou ilz estoient avoit une hacquebute sur la
20 table ou ilz se transporterent. Et en entrans en ladite maison ou estoient lesdits Jehan et
Pierre Soulaiges, ayens leurs espees nues, aucuns de la compaignye
21 dire pour leur donner craincte : « prenez, tuez ! » Mais tout incontinant, lesdits Soulaiges
tirerent leurs espees, ruerent et frapperent sur icelluy seigneur de Chandebeuf
22 et ceux de sa compagnye, dont ledit suppliant fut fort griefvement blessé en l’un de ses
braz dont il demoura plus de troys moys sans soy aider.
23 Lequel soy sentant ainsi griefvement mutillé, commança a crier « tuez, tuez ! » Les aucuns
prindrent en ladite maison une perche de bois, une pertusanne, ung dart
24 et une hacquebute, ruerent et frapperent sur lesdits Soulaiges, gecterent contre eulx
pichiers, chandelliers et vesselle, et les myrent hors de ladite maison
25 sur le pavé devant la maison du lieutenant dudit Sainct Aulbin, auquel ilz dirent qu’ilz les
fist mectre en prison et qu’il en fist justice, ce qu’il
26 differa pour ce qu’ilz estoient blessez. Et pour ce que ledit suppliant et autres furent
arrestez, ilz ne obeyrent audit arrest mais se absenterent et s’en allerent
27 les aucuns d’eulx en ladite maison ou avoit esté ledit debat, ou ilz prindrent et amasserent
les espees qui estoient cheues en la place durant le
28 conflit et debat, une pertuizienne, ung dart et une hacquebute appartenans ausdits
Soulaiges. La nuyt ensuivant duquel debat, ledit Pierre Soulaiges
29 au moien des coups par luy receuz oudit debat, ouquel ledit suppliant ne toucha ne frappa
mais fut blessé griefvement des le commancement
30 comme dict est, alla de vie a trespas. Pour oucasion duquel cas, ledit suppliant doubtant
rigueur de justice s’est depuis tenu absent, nous humblement
31 requerant que, actendu la jeunesse ou il estoit lors, que en soy cuydant employer a la prise
desdits Soulaiges, gens de mauvaise et perverse vye,
32 il pensoit bien faire ainsi qu’il avoit esté ordonné par notredite dame et mere, que en tous
autres cas il est bien famé et renommé sens jamais avoir esté
33 actainct ne covaincu [sic] d’aucun cas, villain cas [sic], blasme ou reproche, il nous plaise
luy inpartir [sic] noz grace et misericorde. Pour ce est-il etc.,
34 voulans etc., audit suppliant avons remis, quicté etc. Sy donnons en mandement par
cesdites presentes aux seneschal alloué et lieutenant de Rennes, parce que ledit cas
35 est advenu en ladite seneschaucee, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc.
Donné a La Fere en Picardye ou moys de novembre
36 l’an de grace mil Vc XXXI et de notre regne le dix-septme. Ainsi signé par le roy, pere
legitime, adminstrateur [sic] et ussifrutuaire [sic] dessusdit
37 a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 30, f° 27 r°
1 Françoys par la grace de Dieu roy de France, savoir faisons a tous presens et advenir nous
avoir receu l’humble supplicaion de Nicollas Saulnier, laboureur demourant a
2 Bourg Charante en Angoulmois, paruve [sic] homme chargé de femme et enfans, contenant
que la nuyt du mardi dixme jour d’octobre derrenier passé, estant ledit suppliant
3 en sa maison audit Bourg Charante avecques Jehan Saulnier, son frere aisné, leurs femnes et
enfans, l’une des filles dudit suppliant nommé Jehanne Saulnier, de l’aage de trois a
4 quatre ans, estant couchee en ung lict en la chambre haulte de ladite maison, se voullut lever
pour tumber de l’eaue a l’ayde de Jehanne Saulnier, de l’aage d’environ dix
1 ans, fille dudit Jehan Saulnier, frere dudit suppliant, qui estoit couchee avecques ladite petite
fille. Laquelle Jehanne, fille de sondit frere, par mesgarde ou malice, laissa tumber la fille
dudit suppliant
2 du lict en bas, qui estoit assez hault, tellement qu’elle se rompit l’espaulle droicte. Lequel
suppliant desplaisant dudit inconveniant, le lendemain unzeme dudit mois, mena sadite fille au
lieu
3 de Jarnac pour la faire habiller, et ne revint qu’il ne fust au soir bien tart ledit jour. Et arrivé
qu’il fut en sadite maison audit Bourg Charante, ainsi qu’il et sondit frere
4 chargeoient ou faisoient charger ledit soir deux barricques de vin de leurdite maison en une
charrecte pour mener le lendemain a Cougnac a certain personnage a qui ilz l’avoient
5 vendu, ledit Jehan Saulnier se print a tausser et irriter ledit suppliant, son frere, luy disant
dont il venoit si tart et que c’est qu’il avoit fait ledit jour. A quoy respondit
6 le suppliant qu’il venoit de faire habiller sa fille de ladict rompure d’espaulle. Lors ledit
Jehan Saulnier dist audit suppliant qu’il avoit menty, le menassent a batre.
7 Et en cest instant, print un pau de ladite charrecte, l’ung de deux piedz et demy, et en rua
ung grant coup sur la teste dudit suppliant, et ung autre coup dudit pau sur
8 son bras. Lequel suppliant se voyant ainsi blessé et navré dist audit Jehan : « je vous prie,
mon frere, ne me frappez plus, vous en avez assez faict ! Si vous y retournez, vous
9 en repentirez ! » Pour lesquelles prieres ne voullut cesser ledit Jehan Saulnier, ains en
continuant son mauvais voulloir gecta ledit pau contre ledit suppliant, duquel
10 fut actainct sur l’oiel [sic] dont sortit effusion de sang. De quoy, ledit suppliant esmeu et se
voyant ainsi oultragé reprint ledit pau que luy avoit rué ledit Jehan Saulnier, sondit
11 frere, et de chaulde colle luy en rua ung coup sur la teste. Duquel coup, ledit Jehan tumba
par terre ou il demoura par quelques espace de temps. Depuis, peu apres
12 fut rellevé et s’en retourna luy mesmes en leurdite maison, ou il ne tint compte de soy faire
penser ou habiller. Et depuis, ung jour ou deux apres, a faulte
13 de bon gouvernement ou pensement, au moient dudit coup seroit allé de vie a trespas. A
l’occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice se seroit absenté
14 du pais ouquel ne ailleurs en notre royaulme il n’oseroit seurement converser ne demeurer
si noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, en
15 nous humblement requerent que, actendu le cas ainsi advenu de chaulde colle et en son
corps deffendent, et que en tous autres cas ledit suppliant soit
16 bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne convincu [sic] d’aucun autre
villain cas, blasme ou recproche, il nous plaise luy impartir sur ce nosdites grace
17 et misericorde. Pour quoy nous, ces chouses considerees, voullans misericorde prefferer a
rigueur de justice, audit suppliant avons quicté, remys et pardonné
18 etc. Sy donnons en mandement par cesdites presentes au seneschal d’Angoulmoys ou a son
lieutenant a son siege de Cougnac, ou ressort et jurisdiction duquel ledit cas est
19 advenu, et a tous etc. Et affin que ce soit chouse ferme et estable a tousiours, nous avons
faict mectre notre seel a cesdites presentes, sauf en autres chouses et notre
20 droict et l’aultruy en toutes. Donné a Compiegne ou moys de novembre l’an de grace mil
cinq cens trente et ung et de notre regne le XVIIe. Ainsi
21 signé par le roy a la relation du conseil, Berthereau, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 31, f° 27 v°
1 Françoys etc., savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’humble
supplicacion de Phlom13 Cothier et Tassin Neautmain, jeunes gens a marier, contenant
2 que, ainsi que lesdits supplians le vingt-cinqyesme jour de septembre derrenier passé
estoient en une vigne assise ou fief appellé le fief de dessoubz la Mothe des Molins pour
3 illec faire vendanges avec autres pour Jehan Neautmain, frere ainsné dudit Tassin
Neautmain, suppliant, maistre André Neautmain, aussi frere dudit Tassin Neautmain,
suppliant, se adressa ausdits supplians, leur demandent par parolles irritantes si
4 le vin de la lune estoit tantoust bon. Auquel ledit Cothier, suppliant, dist qu’il n’avoit point
fait de vin de lune. De rechef leur demanda sy les grignons du four estoient
5 bons. A quoy ledit Cothier, suppliant, dist qu’il ne savoit qu’il disoit. Et sur ce, s’en alla
ledit maistre André Neautmain. Et paracheverent lesdits supplians et autres
6 vendangeurs qui estoient avec eulx de vendenger ladite vigne ou ilz estoient. Et icelle
vendengee, environ une heure apres midi, lesdits supplians et autres vendengeurs
7 se mirent a chemin pour aller au fief de la Cousture, seigneurye de Beauvoys, vendenger en
une autre vigne appartenant audit Jehan Neautmain, assise oudit fief, en laquelle
8 avoit d’autres vendengeurs vendengeans pour ledit Jehan Neautmain. Et en passent pres
d’une vigne en laquelle estoit ledit maistre André Neautmain avec ses vendengeurs
9 le salluerent, lequel leur rendit leur salut. Mais incontinant il marcha vers eulx, disant audit
Tassin Neautmain, son frere, suppliant, qu’il luy fauldroit des verges.
10 Auquel ledit Tassin, suppliant, respondit qu’il ne batist pas de verges mais de baston.
Lequel maistre André leur dist fort chauldement : « actendez moy ici, vous ne
11 me ouseriez actendre ! » Et tout incontinant, s’en retourna au lieu ou estoit la cuve, en
laquelle ses vendengeurs mectoient les reisains qu’ilz vendengeoient, pour
12 prendre son espee, qui estoit pres ladite cuve, pour oultrager lesdits supplians. Quoy
voyant par ung nommé Christofle Bagier, print ladite espee dudit maistre André pour le
13 desmouvoir de son entreprise, luy faisant plusieurs remonstrances, luy disant qu’ilz s’en
allassent a Beauvoys qui est le bourg dont ilz estoient, et puis
14 qu’ilz iroient a la chasse. Et de fait, s’en alla ledit maistre André loing de ladite cuve de
vingt pas ou environ. Et tout incontinant, demenda audit Christofle Bagier
15 sadite espee. Lequel Bagier cuidant que ledit maistre André Neautmain fust esmeu et qu’il
s’en retournast avec luy audict bourg de Beauvoys, luy bailla sadite espee.
16 Mais si toust qu’il la tinct, la tira incontinant hors du fourreau, lequel fourreau il gecta par
terre, et mist son manteau autour de son braz. Et
17 tenant sadite espee nue en une main et son manteau autour de son autre bras, corut apres
lesdits supplians qui touziours s’en alloient leur chemin vers lesdits
18 vendengeurs dudit Jehan Neautmain. Quoy voyent ledit Tassin Neautmain, suppliant, dist
qu’il se voulloit arrester pour actendre ledit maistre André, sondit
19 frere, et qu’ilz s’en allassent devant, ce qu’il firent pour le cuider desmouvoyr. Mais ledit
maistre ne cessa de les poursuyvir hastivement et chauldement,
20 les appellans « couars » et qu’ilz estoient deux contre ung, leur disant : « veez cy le champ
de la bataille ! » Quoy voyant, lesdits supplians furent contrains
21 de desgaynner leurs espees pour eulx deffendre. Et de prime face, ledit maistre André
s’adressa chaudement audit Cothier, auquel il rua ung grant coup
22 de sadite espee que ledit Cothier soustint et destourna, et se mist en deffense. Et en ce
faisant, ruerent et gecterent cinq ou six coups l’un contre l’autre,
13
Prénom abrégé.
23 tellement que des coups ruez par ledit Cothier, ledit maistre André fut blessé ou visaige, en
la main senestre et d’un coup d’estoc au cousté dextre soubz la mamelle.
24 Lequel maistre André, soy sentent blessé, s’en retourna vers ses vendengeurs, ou bien toust
apres il alla de vye a trespas. Pour occasion duquel cas,
25 lesdits supplians doubtans rigueur de justice se sont absentez hors du pays, nous
humblement requerans que, actendu que ledit cas est advenu par l’agression
26 dudit deffunct, que en tous autres cas ilz sont bien famez et renommez sans jamais avoir
esté actains ne convaincuz d’aucun autre villain cas, blasme
27 ou reprouche, il nous plaise leur impartir noz grace et misericorde etc. Pour ce est-il que
nous, ces chouses considerees, voulans misericorde
28 etc., ausdits supplians etc. Sy donnons en mandement par cesdites presentes au seneschal
de Xaintonge ou a son lieutenant, en la seneschaucee duquel ledit cas
29 est avenu, et tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Compiegne ou
moys de novembre l’an de grace mil
30 cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-sept me. Ainsi signé par le roy a la relation du
conseil, Deslandes, visa contantor
31 Deslandes.
Lettre n° 32, f° 27 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Estienne de
Bournac, aagé de dix-huit ans ou environ, filz de feu Pierre
2 de Bournac, en son vivant estant maistre des eaues et forestz ou conté d’Auvergne,
contenant que, en haynne de ce que ledit deffunct pere dudit suppliant,
3 estoit aagé de quatre-vingts ans et plus, auroit remonstré a Pierre Celin les larrecins et
depopulacions qu’il faisoit esdites forestz, ledit Pierre Celin
4 en son vivant grant homme fort et puissant, mal famé et renommé, actainct et convaincu de
plusieurs crimes et delictz, grant jureur et blaffemateur du
5 nom de Dieu, crainct et doubté envers ses voysins, tellement que personne ne luy ousoit
contredire pour sa malice et austerité, auroit usé
1 par diverses foys de grans menasses et iniures a l’ancontre d’icelluy deffunct pere dudit
suppliant et de ses enfens, qui jamais ne luy avoient meffait ne mesdit. Et
2 en continuant sa haynne et menasses, ainsi que ledit suppliant et Bertrain de Bournac, son
frere, aussi jeune enfant, s’en alloient du lieu de Vit au lieu de Cheude ou leurdit pere
3 avoit une maison, en passent par la forest de Gleyne, environ l’eure de soulleil couchant,
ledit suppliant demanda audit Celin, qu’ilz trouverent en ladite forest, ou il alloit,
4 tout gracieusement et sans penser en aucun mal. Lequel Pierre Celin que presque touziours
estoit embastonné, en jurant et maugreant Dieu, dist que ce n’estoit
5 pas a telles quenailles comme eulx a le savoir. En ce disant, ledit Celin, qui estoit grant
homme fort et puissent, s’efforça prandre et saisir ledit suppliant. Lequel suppliant
6 d’un petit baston de bois qu’il tenoit en ses mains, comme de la grosseur d’un doy, s’efforça
le repulser, mais ledit Celin de plus fort s’efforça prandre et saysir au corps
7 ledit suppliant, qui est comme dit est, jeune enfant de dix-huit ans. Lequel en recullant
desgaynna une espee qu’il portoit et d’icelle, ainsi que ledit Pierre Celin
8 s’efforçoit se gecter sur luy, en recullant et obviant a sa fureur luy ramena ung coup au
travers des jambes, dont il le ataingnit en l’une de ses jambes au dessoubz
9 du genoul. Au moien duquel coup, ledit Pierre Celin delaissa de plus poursuyvir ledit
suppliant. Lequel et sondit frere continuerent leur chenin [sic] et s’en allerent en la
10 maison de leurdit pere, sans ce qu’il [sic] pensassent que ledit Celin fust blessé ne navré.
Mais comme l’on dit, ledit Pierre Celin en s’en allant tumba en ung russeau [sic]
11 et fut mené en sa maison, ou quelque temps auparavant estoient mors trois ou quatre
personnes de peste. Et peu de temps apres, alla de vie a trespas. Pour occasion
12 duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice s’est absenté hors du pais, nous
humblement requerent que, actendu que en tous autres cas il est bien famé
13 et renommé sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme
ou reproche il nous plaire luy impartir noz grace et misericorde.
14 Pour quoy etc., voulans misericorde etc., audit suppliant etc. Sy donnons en mandement
par cesdites presentes au bailly de Montferrant ou a son lieutenant, ou
15 bailliage duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf
etc. Donné a la Ferre ou moys de novembre l’an de grace
16 mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-sept me. Ainsi signé par le roy a la
relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 33, f° 28 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Sausson de
Scellier, filz de Claude de Cellier, marchant, demourant a Compiegne,
2 contenant que ou mois d’octobre derrenier passé et a ung jour de dimanche, estant ledit
suppliant sans mal penser en une chambre haulte de la maison de sondit
3 pere situee audit Compiegne ou il et sondit pere soupoient avec plusieurs marchans de court,
monta en icelle chambre haulte ung nommé Girardin Gorin, charretier
4 et servicteur dudit pere dudit suppliant. Lequel incontinant ou bien tost apres luy arrivé en
ladite chambre, apres quelzques et joyeulx proupoux, se voulant jouer
5 ledit suppliant et autres assistans, demanda qui voulloit lucter contre luy. Ausquelles
parolles l’un desdits marchans print la lucte contre ledit Gorin. Et en
6 faisant ladite lucte, tomberent l’un sur l’autre. Aussi lucta contre ledit Gorin ung autre
marchant nommé Bidault, et pareillement ledit suppliant lucta contre
7 ledit Gorin. En faisant lesquelles luctes, par joyeuseté et esbatemens l’un avec l’autre et sans
avoir aucunes parolles arrogantes l’un avec l’autre, icelluy Gorin
8 tomba par plusieures foys a terre et hurta sa teste contre ung coffre, banc ou autre chose
estans en icelle chambre, dont icelluy Gorin fut blessé et en yssit
9 effusion de sang. Quoy voyens lesdits du Scellier, pere et filz, et lesdits marchans dirent
audit Gorin ainsi blessé qu’il se allast faire habiller. A quoy respondit
10 ledit Gorin que ce n’estoit riens. Et ledit jour fut pensé et habillé par ung nommé Andrieu
Harle, cirurgien barbier audict Compiegne. Depuis lequel temps
11 jusques a huit jours apres, il auroit touziours mené et conduict les chevaulx dudit pere
dudit suppliant, son maistre, et jusques a ce que a faulte de soy
12 contregarder et bien regir, il seroit tomber au lict mallade, ou il auroit esté quinze jours et
plus. Estant en laquelle sa malladie il auroit dict et declairé
13 devant sa femme et autres que, au moien desdites blesseures ainsi a luy survenues pendant
lesdits jeuz et esbatemens faiz entre luy et ledit suppliant et lesdits
14 marchans, il ne leur demandoit aucune chouse. Et apres, par faulte de bon regime, bon
pensement ou autrement, ledit Gorin au moien desdites blesseures a luy
15 faictes et advenues en faisant lesdites luctes tant avec ledit suppliant que les dessusdits
marchans seroit allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas,
16 doubtant ledit suppliant rigueur de justice, n’osa depuis bonnement ne seurement
frequanter, repayrer ne demeurer au pays sy noz grace, pardon et
17 misericorde ne luy estoient sur ce imparties en nous en humblement requerant que, actendu
ce que dict est et la maniere dudit cas advemu [sic], aussi que
18 en tous autres cas ledit suppliant s’est tousiours honnestement conduict et gouverné, sans
jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre
19 villain cas, blasme ou reproche, nous luy voullons sur ce impartir nosdits grace, pardon et
misericorde. Pour quoy etc. Sy donnons en mandement par
20 ces mesmes presentes au bailly de Senlis ou a son lieutenant audit Compiegne, en la
jurisdiction, povoir et ressort duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers
21 et officiers ou a leurs lieuxtenans presens et advenir etc. Et affin etc., sauf en autres
chouses etc. Donné a La Fere ou moys de novembre l’an de grace mil
22 cinq cens trente-ung et de notre regne le dix-sept me. Ainsi signé par le roy a la relation du
conseil, Barrillon, visa contantor Barrillon.
Lettre n° 34, f° 28 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’humble supplicacion des parens et amys
charnelz de Jehan de Sarratz, jeune gentilhomme
2 a marier, aagé de vingt-cinq ans ou environ, a present prisonnier en la conciergerie de
Thoulouze, contenant que par cy-devant, ledit de Sarratz, qui est
3 né et extraict de noble lignee, desirans sarair [sic] les armes et actes de noblesse, se seroit
mys au service de feu notre tres cher et tres amé cousin le sieur
4 de Vandemous, ou il nous auroit servy et notredit feu cousin au voiage de Napples en l’estat
d’archer jusques a son deces, et qu’il l’avoit conduict
5 le corps au pays de Lorraine, lieu de sa sepulture. Et depuis auroit esté prins au service de
aussi notre tres cher et tres amé cousin le cardinal de Lauraine,
6 duquel a cause de certaine malladie de fievres se seroit desparty et retiré en la maison de ses
pere et mere en la ville de Montpellier, ou il
7 auroit demouré quelque temps, vivant honnestement. Et seroit advenu que le dimanche
vingt-sixiesme jour de septembre mil cinq cens vingt et
8 neuf apres souper, ledit de Sarratz et autres gens de bien par maniere d’esbat, sens penser a
nul mal, allerent par joyeuseté chanter
9 et faire aubades pres aucunes maisons de ladite ville. Et en passent pardevant la maison des
hoirs de feu Jehan Boussouyn, en son
10 vivant notre receveur de la paranticque dudit de Montpellier, passerent par ladite rue ung
nommé Jacques de Lauzager, qui s’apeloit cousin dudit de
11 Sarratz par alliance et affinité, a present deffunct, et autres de sa compagnye, audit de
Sarratz lors incongnutz. Lequel deffunct poussa
12 du coulde ledit de Sarratz, dont esmeu ledit de Sarratz desgaingna son espee qu’il avoit de
coustumie [sic] porter, comme font gentilzhommes, disant
13 par ledit de Sarratz : « qui est la ? Voucy des gens braves ! » Et pour ce qu’ilz ne
donnoient aucune response, icelluy de Sarratz pour savoir quelz gens
14 s’estoient et soy en donner garde, dist : « pas le Sang Notre Seigneur, vous parlerez ! » Et
lors, ledit deffunct dist et fist response : « sommes
1 nous, mon cousin, et ne vous demandons riens ! Ce n’est pas la premiere foys que vous nous
avez voulu faire parler ! » Par quoy ledit de Sarratz, enuyuié et marry de ce que on l’avoit
2 ainsi poulcé et desdites paroles, dist et affirma en colere, jurant le Sang Notre Seigneur par
deux ou trois fois qu’il ne l’avoit auparavant voullu faire parler, et aussi la verité
3 estoit telle et jamais n’avoient eu question, noyse ne desbat ensemble. Touteffoys ledit
deffunct luy repplicqua, disant le Ventre Notre Seigneur qui si avoit. Par quoy ledit de Sarratz
4 persistent en sa collere, dist audit deffunct qu’ilz se donnassent troys coups d’espee, se
irritant ledit de Sarratz avannt ayant son espee a une main et l’arrondelle [sic] a l’autre. Et
adont
5 se gecterent aucuns coups de leurs espees et sens nulz blesser, furent departiz, usant de
telles parolles : « a demain, a demain, nous nous trouverons bien ! » Et le landemain,
6 qui fut lundi vingt-septyesme jour dudit moys de septembre, ledit de Sarratz, marry et
desplaisant des parolles et debat qu’il avoit euz avec ledit deffunct, en parlant dudict
7 affaire avec [blanc], luy dist ledit de Sarratz qu’il ne demandoit riens audit deffunct et qu’il
ne luy voulloit aucun mal ne desplaisir, en disant
8 audit de Sarratz lesdites parolles affin qu’elles fussent dictes et rapportees audit deffunct
affin de le desmouvoir. Touteffoys, ne cessa ledit deffunct, mais ledit jour icelluy deffunct se
9 mist en effect de chercher ledit de Sarratz, comme il est vray semblable, car ledit jour de
lundi icelluy deffunct seroit passé et fist quelques tours par la rue de la Pierre ou estoit
10 ledit de Sarratz avec et en la compagnye de plusieurs gens de bien, sens aucunement saluer
ledit de Sarratz par ledit deffunct, comme il avoit acoustume. Et apres, icelluy deffunct
11 trouva quelques gens, ausquelz en parlant dudit de Sarratz dist : « par le Sang Dieu, je l’ay
trouvé en trop bonne compagnye et en lieu trop publicque, mais si je le
12 rencontre seul, par le Sang Dieu je le turay ou il me tura ! » Dont adverty ledit de Sarratz,
pour le cuyder desmouvoir et avoir paix avec ledit deffunct, icelluy de Sarratz
13 dist de rechef et declaira en la presence d’un des freres dudit deffunct a ung nommé
Guillaume Eumet, qui estoit parent dudit deffunct, qu’il estoit bien marry du courroux
14 dudit deffunct et qu’il voulloit estre son amy, en disant par ledit de Sarratz audit Eumet
qu’il dist de par luy audit deffunct qu’il ne luy demandoit riens et qu’il
15 voulloit estre son bon amy. Touteffoyz, ledit deffunct persistent en son mauvays voulloir,
le lendemain mardi vingt-huityesme jour dudit moys de septembre, icelluy
16 deffunct fut trouvé armé par le corps soubz ses habillemens par aucuns qui luy
demanderent qui le mouvoit de ce faire. Lequel leur fist responce
17 que s’estoit ung qui l’avoit contrainct parler ou voulu faire parler, et que par le Sang Notre
Seigneur si le trouvoit il luy feroit mal ses besougnes. Et ledit jour, ledit
18 deffunct demanda a ung escollier appellé Malligot qu’il avoit poinct veu ledit de Sarratz,
lequel luy respondit que non. Et encores ledit jour, ledit deffunct parlant
19 a ung religieux du college de Sainct Germain, parlant dudit de Sarratz dist qu’il voulloit
tuer ledit de Sarratz et qu’il sortist en monstrant son espee qui
20 estoit fort trantchant, dist qu’il se voulloit vanger d’un qui l’avoit voullu faire parler de
nuyt. Et ainsi que ledit jour de mardi, ledit de Sarratz et ung
21 nommé Guillaume Rocquart, son cousturier, passoient vers le change de ladite ville, allant
chez ung nommé [blanc] pour veoir une robbe
22 grise pour en faire une pareille audit de Sarratz, ledit deffunct, qui estoit armé qui comme
dit est, s’adressa audit de Sarratz, luy disant : « venez icy Jehan, vous
23 parlez de moy et me deshonnorez, et je ne parle poinct de vous » et se joingnit avec ledit
de Sarratz allant et se promenant quart et luy tirant vers le puys du
24 fer. Et voyant par ledit de Sarratz et congnoissant ledit deffunct estre armé et sa maniere de
faire, entandent par icelle qu’il se voulloit batre et l’oultrager,
25 icelluy de Sarratz pour le voulloir demouvoir luy dist qu’il se desarmast et qu’il ne se
batroit a ung homme armé, et que ledit de Sarratz le batroit fort
26 bien ou autres parolles semblables. Et ledit deffunct luy dist et respondit qu’il n’estoit
assez homme de bien pour luy. Et en ses entrefaictes, desgaynnerent
27 leurs espees. Et ledit deffunct et de Sarratz myrent leurs cappes a l’entour de leurs braz et
ruerent plusieurs coups d’espee et d’estoccadde l’un sur l’autre,
28 d’auccun desquelz coups ruez par ledit de Sarratz ledit deffunct fut blessé a la jambe et a la
main, comme depuis ledit de Sarratz a esté adverty. Et en
29 ses entrefaictes, ung nommé maistre André Ricardi, lieutenant dudit Montpellier, despoilla
une robbe fourree qu’il portoit et la gecta entre eulx
30 deulx pour garder qu’ilz ne se endommagassent [sic]. Laquelle robbe ainsi gectee, l’espee
dudit deffunct tumba par terre, laquelle il se efforça
31 de relever. Et en se bessent pour ce faire, ledit de Sarratz esmeu des menasses dessusdites
et congnoissant ledit deffunct estre armé et que apres
32 qu’il auroit relevé sadite espee, le pourroit tuer et occire, tout a l’instant et de collaire rua
icelluy de Sarratz ung coup de sadite espee par
33 derriere ledit Ricardi, dont il actignit ledit deffunct sur la teste qu’il luy fendit en deux
parties, en maniere qu’il tumba par terre,
34 et toust apres decedda. Pour raison duquel hommicyde, lesdits supplians en l’absence dudit
de Sarratz auroient pour luy et en son nom obtenu
35 en notre chancellerye de Thoulouze autres lectres de remisson [sic] des le mois de
decembre oudit an mil cinq cens vingt et neuf adressans au seneschal
36 de Beaucayre ou son lieutenant a Nysmes. Pour procedder a l’enterrinement desquelles
lectres, ledit de Sarratz au dedens de l’an de l’impetracion d’icelles
37 auroit faict adjourner les parens et amys dudit a present deffunct pardevant ledit seneschal
de Beaucaire ou sondit lieutenant, dont lesdits parens dudit a present
38 deffunct pour vexer et travailler ledit de Sarratz se seroient portez pour appelans en notre
court de parlement de Thoulouze. Au moien de quoy,
39 icelluy de Sarratz auroit de nous et de notre chancellerye obtenu certaines noz autres
lectres et par le moien d’icelles, presanté nosdites autres
40 lectres de remission a notredite court de parlemant dudit Thoulouze a laquelle estoit mandé
procedder a l’enterinement d’icelles le
41 tout ainsy que si elles estoient a noz amez et feaulx les gens tenans notredite court
adressans. Et lesquelles lectres de remission ledit Jehan de Sarratz leur auroit
42 despuis presantees et affermé par serement a veoir impectrer lesdites lectres et le contenu
en icelles estre veritable, pour lors nous adverti ledit
43 de Sarratz deuement de la verité du fait et contenu en sesdites autres lectres de remission.
Lequel contenu lors de ladite presentacion fut leu audit Jehan
44 de Sarratz. Et neanltmoins, causant tant sa jeunesse que aussi qu’il estoit a genoulx, estoit
estay, se voyant prisonnier et n’avoit acoustume estre,
45 n’auroit bonnement entendues icelles sesdites lectres de remission, se confiant ausdits
parens, cuydant que en obtenant icelles en son absence ilz eussent
46 a exprimer entierement la verité dudit cas advenu. Lesquelles lectres de remission aussi
obtenues par ledit de Sarratz auroit esté
47 debatues de obrepcion et surreption et faiz de notredite court sur l’enterinement d’icelles
lectres de remission assigné au conseil. Et par arrest
48 prononcé le treizeyesme jour d’aoust derrenier passé, auroit esté ordonné que avant dire
droict sur ledit interinement [sic] desdites
49 lectres de remission, certains tesmoings nommez audit arrest luy seroient appellez et
confrontez et spendent [sic] a la mere dudit a present deffunct
50 poursuivant ladite matiere contre ledit de Sarratz, auroit esté adjugé sur les biens dudit de
Sarratz la provision de cent cinquante livres tournois,
51 doubtant lesdits supplians et de Sarratz que notredite court vouldroit icelluy de Sarratz
priver de l’effect et enterinement desdites premieres lectres
52 remission pour ce que en icelles il n’auroit du tout donné a entendre le fait et maniere
comme ledit cas de l’obmicede [sic] a esté par
53 luy commis, et ainsi que dessus est dict et declairé, et aussi que notredite court se veult
aprester a ces affirmacions et obmissions
54 qui ont esté faictes tant en obtenant icelles sesdites premieres lectres de remission que par
luy icelles presantent, et par ce seroit en danger icelluy
55 de Sarratz de finir miserablement ses jours, si lesdits faiz et cas telz qu’ilz sont ja dessus
exprimer ne luy estoient par nous quictees a plain
1 remis et pardonnez, en nous humblement requerant sesdits parens et amys chernelz que,
actendu la maniere que ledit cas est advenu et que ce a esté sans precogitacion
2 de la part dudit de Sarratz, aussi que en tous ses autres cas il s’est tousiours honnestement
conduict et gouverné sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun
3 autre villain cas, blasme ou reproche, nous luy voullons sur ce que dit est noz grace, pardon
et misericorde impartir. Par quoy nous, ses chouses considerees,
4 voullant misericorde preffairer a rigueur de justice, audit suppliant audit cas avons quicté,
remyst et pardonné et par la teneur de ces presentes de grace
5 especial, plaine puissance et auctorité roial, quictons, remectons et pardonnons le fait et cas
dessus declairé avec toute peine, amande et offanse corporelle
6 criminelle et civille en quoy pour occasion dudit cas ledit de Sarratz pourroit estre encoureu
envers nous et justice, en mectant au neant tous appeaulx et
7 adjournemens, deffault, arrestz, sentances, proces et proceddures quelzconques, se aucunes
s’en estoient ou sont pour ce contre ledit de Sarratz ensuiviz, et de plus
8 ample grace l’avons remys et restitué, remectons et restituons a ses bonne fame et
renommee au pays et a ses biens non confisquez. Satiffacion
9 faicte a partie civillement tant seullement si faicte n’est. Et sur ce, avons imposé et
imposons scillance perpetuel au procureur general de notredite
10 court present et advenir et a tous autres. Sy donnons en mandemant par ces mesmes
presentes a nosdits amez et feaulx conseillers les gens de notredite court
11 de parlement de Thoulouze, qui ont ja congneu de ladicte matiere par la maniere
dessusdite, et a tous noz autres justiciers et officiers etc., que noz presant grace, quictance,
12 remission et pardon et de tout l’effect et contenu en sesdites presentes ilz facent, seuffrent
et laissent ledit Jehan de Sarratz jouyr et user plainement et paisiblement
13 sans pour raison ne occasion dudit cas, affirmacions telles que dessus faictes par ledit de
Sarratz, erreurs et obmissions par luy faictes en sesdites premieres
14 lectres de remission, luy faire, mectre ou donner ne souffrir etc., car ainsi etc. Et affin etc.,
sauf etc. Donné a Vannes ou moys
15 d’octobre l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-septyesme.
Ainsi signé par le roy a la relation du conseil,
16 Barrillon, visa contantor Barrillon.
Lettre n° 35, f° 29 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jacques du
Caurroy, povre jeune homme bergier demeurant a Wailly, chargé de femme, contenant
2 que peu paravant le jour Sainct Jehan Baptiste de l’an mil cinq cens vingt et neuf, il se loua
aux habitants de Lully pour conduire, mener, pasturer et garder aux champs
1 sur le terroir dudit Lully leurs bestes a layne par chacun jour, depuis ledit jour Sainct Jehan
Baptiste jusques au jour Sainct Martin d’Yver ensuyvant. Suyvant lequel louage et charge,
ledit suppliant auroit
2 mené et conduict, fait pasturer et gardé lesdites bestes a layne dudit Lully aux champs sur
ledit terroir d’icelluy lieu, sans les avoir menees ne fait pasturer ailleurs, fust sur le terroir
d’Essarteaulx
3 ne autres circonvoisins dudit Terroir de Lully, depuis ledit jour Sainct Jehan Baptiste
jusques a certain jour peu paravant le jour de Toussains ensuyvant. Auquel jour, estant aux
champs gardant
4 icelles bestes a layne dudit Lully sur le terroir d’icelluy lieu aupres des Boys de Biez, arriva
illec a luy ung nommé Lurecte, aussy bergier, demourant au Besquiel, qui luy monstra ung
nommé Pierre
5 Olivyer, pareillement bergier, et ung autre nommé Colin Bellecoulle, son barrel et
servicteur, qui gardoient et faisoient pasturer les bestes a layne dudit Essarteaulx sur ledit
terroir de Lully dedens
6 le champ de Martin Dieppe, disant par icelluy Lurette audit suppliant qu’il ne devoit ce
tollerer ne permectre. Ce veant par ledit suppliant et a cause que icelluy Pierre Olivyer estoit
coustumier de
7 ce faire, il se transporta devers lesdits Olivyer et son barrel, ausquelz il remonstra qu’ilz
avoient tort de ainsi mener et faire pasturer leurs bestes sur ledit terroir de Lully, que pour
ledit
8 pasturage lesdits habitans de Lully en payoient herbage au seigneur d’icelluy lieu et qu’il
sembloit a veoir que tout fust de habot. Quoy voyant par icelluy barrel et servicteur dudit
Olivyer, haulsa sa
9 houllette qu’il tenoit en ses mains, demonstrant semblant de vouloyr frapper ledit suppliant.
Lequel craignant que ledit barrel le frappast de sadite houllecte, poussa de sa houllecte allant
oultre
10 de la poistrine dudit servicteur et barrel d’icelluy Olivyer pour empescher qui ne le
frappast de sadite houllecte qu’il avoit levee a l’ancontre de luy, dont touteffoiz icelluy
servicteur ne fust blechié
11 ne navré. Ce pendant, ledit Olivyer, son maistre, se retira et sesdites bestes arriere. Et
incontinant apres qu’il fut ung petit esloigné [sic], delaissa sesdites bestes et courut amont et
au-dessus d’une montaigne
12 illec estant. Et si toust qu’il fut sur ladite montaigne, il appella et feist signe de la main par
plusieurs foiz a ung nommé Jehan Bubault, son gendre, et a ung sien filz qui conduisoient
13 et chassoient les chevaulx labourans aux champs sur le terroir dudit Essarteaulx pour venir
ayder a batre et oultragier ledict suppliant. Lesquelz gendre et filz dudit Olivyer, si tost qu’ilz
le
14 appercheurent, vindrent a grant coursse devers luy. Mais ce pendant qu’ilz venoient,
icelluy Olivyer s’approcha dudit suppliant, auquel il deist fort feurieusement qu’il luy
monstroit
15 bien qu’il n’estoit poinct homme pour le empescher de mener et faire pasturer ses bestes
sur ledit terroier de Lully, et que en despit de luy il les y meneroit. A quoy icelluy suppliant
respondit
16 qui le empescheroit bien de ce faire. Et en ce disant et paravant que lesdits gendre et filz
dudit Olivyer fussent illec arrivez, tant ledit Olivyer que ledit suppliant deschargerent de leurs
houllectes
17 l’un sur l’autre, tellement que d’un coup que receut icelluy Olivyer, il fut actainct et navré
a sang au visaige au dessus de l’oieul [sic]. Au moyen duquel coup, ledit Olivyer environ cinq
ou six jours
18 apres, par faulte de bon appareil, gouvernement et autrement, seroit allé de vye a trespas.
Pour occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice s’est absenté hors du
19 pays, auquel il n’oseroit bonnement retourner hanter ne converser si noz grace et
misericorde ne luy estoient sur ce imparties, en nous humblement requerant que, actendu
20 ce que dict est et que ledit cas est advenu par l’agression dudit deffunct, et que en tous
autres cas il s’est tousiours bien et honnestement gouverné et est homme de bonne vye et
21 honneste conversacion sans jamais avoir esté reprins, actainct ne convaincu d’ucun [sic]
autre villain cas, blasme ou reproche ne fait chose digne de reprehantion, nous luy
22 voullons sur ce impartir nosdites grace et misericorde. Pour quoy nous, ces choses
considerees, voullant misericorde estre preferee a rigueur de justice, audit suppliant etc.
Satisfaction
23 faicte a partye civillement tant seullement se faicte n’est, et sur ce imposons sillence etc.
Sy donnons en mandement par sesdites presentes a notre bailly d’Amyens ou son lieutenant,
24 ou bailliage, ressort et mectes duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers
etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Amyens ou moys de decembre
25 l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par
le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 36, f° 30 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Anthoine Gibias,
archer de la mortepaie de notre chasteau de Peronne, contenant que le jeudi septiesme jour de
2 ce present moys de decembre, il se partit dudit Peronne avec et en la compaignye de
Anthoine de Levvarde, Jehan de Saint Amand et Loys Legros, a presant deffunct, aussy
mortepaye de notredit
3 chasteau, Jaques Daulle, notre sergent audit Peronne, Pierre de Mofflames et Jehan
Flammer, a intencion de aller au village d’Espchy cuiller lever le droict de guet que les
habitans dudit lieu
4 devoient a notre amé et feal chevallier le seigneur de Humieres, capitaine de notredit
chasteau de Peronne, lequel droict iceulx habitans et autres des villages circonvoysins avoient
reffusé paier.
5 Auquel lieu d’Espschy, iceulx suppliant et dessus nommez, soupperent, feirent bonne et
joyeuse chiere ensemble sans penser a noise ou debat, et y furent jusques au lendemain matin,
qui s’en partirent
6 tous ensemble et vindrent au village de Villiers Le Faulcon, ou illec eulx arrivez, fut dict par
ledit Loys Legros en jurant la Vertu-Dieu qu’il failloit contraindre les habitans
7 dudit Villers a paier ledit droit de guet. A quoy fut fait responce par ledit Daulle, sergent,
par maniere de remonstrance qu’il estoit le jour de la Conception Notre Dame et qu’il estoit
8 trop bon jour pour exploicter et contraindre, et que de sa part il n’en feroit riens. Lequel
Loys Gros dit audit sergent que ne s’en mesleroit poinct, qu’il avoit le mot du
9 lieutenant du capitaine dudit chasteau et que luy mesmes les contraindroit. Et de fait en
contraingnit et fist paier cinq ou six. Apres lesquelles contrainctes, lesdits suppliant
10 et compaignons dessusnommez se retirerent en l’ostel d’un nommé Here, tavernier
demourant audit Villers. Auquel lieu ilz feirent mectre la table et acoustrer a disner.
11 Et eulx assis a table, ledit Loys Legros dit a l’ostesse de ladite taverne que leur rotissoit des
harens, qui si la tenoit a son plaisir il auroit sa compagnye et la chevaucheroit
12 deux ou troys foys. Sur quoy fut par l’un de la compaignye remonstré et dit audit Loys
Legros que c’estoit villainement parlé a luy, que ladite hostesse estoit femme de bien et qu’il
13 n’estoit pas jour de user de telz propos. Depuis fut dict par ledit suppliant par maniere de
joyeuseté qu’il avoit envye de avoir la compaignye de quelque femme de Peronne
14 et que si la povoit avoir, il luy donnerot [sic] voulontiers ung septier de blé. Lequel Loys
Legros fist responce qu’il le disoit a la femme dudit suppliant. Et eurent iceulx Loys
15 Legros et suppliant aucuns autres propoux par joyeuseté, durant lesquelz ledit legros
commança a parler de maistre Jehan de Loriere, prebtre chanoyne de l’eglise Saint
16 Foursy de Peronne, curé dudit Villiers Faucon, disant en jurant la Vertu-Dieu que ledit
Loriere estoit un meschant homme et n’estoit pas homme de bien. Lequel
17 suppliant, pour ce que ledit de Loriere estoit son amy, luy respondit qu’il avoit tort de dire
telz propoux et que ledit de Loriere estoit ung homme d’eglise, et aussi
18 homme de bien que luy. Ce oyant par les assistans illec estans, remonstrerent audit Legros
et suppliant que ce n’estoit honnestement faict d’avoir debat ensemble.
19 Neanltmoins, durant icelluy ledit Legros ne cessa de tousiours dire quelque mot au
deshonneur dudit Loriere. De sorte que quelque temps apres, il commença de
20 rechief a jurer la Mort-Dieu et dire telz motz : « Je regnye l’espitimye ! Loriere est ung
meschant homme » et que ledit Loriere luy avoit vendu ung muy de blé qui ne
21 luy avoit voulu livrer. A quoy ledit suppliant respondit de rechief que ledit Loiriere estoit
homme de bien et plus homme de bien que luy parce qu’il estoit gentilhomme
22 et d’eglise, et il n’estoit que ung villain mosnier. Desquelles parolles ledit Loys Legros fut
mal content, se leva de la table, comme feyt ledit suppliant. Lequel Le
23 Gros perseverant tousiours esdites parolles, combien que icelluy suppliant luy eust
plusieurs foiz dit que ce n’estoit honnestement fait a luy de dire mal dudit
24 Loiriere en son absence, desguaynna son espee contre ledit suppliant pour le oultrager.
Lequel suppliant pour soy preserver fut contrainct desguaynner aussi son
25 espee. Sur quoy, Pierre Mofflame, la present, print par le collet ledit suppliant, le priant
voulloir rebourter son espee, ce qu’il feyt incontinant. Mais ledit Legros,
26 voyant ledit suppliant avoir remys son espee, comme dit est, en continuant en son mauvays
voulloir, combien qu’il fut detenu par lesdits de Levvarde et Flammer, donna
27 ung coup de poing parmy le visage dudit Flamner afin d’eschapper de ses mains et dudit de
Levvarde, vint contre ledit suppliant et de fait luy rua ung coup de sadite
28 espee, le cuydent frapper, ce qu’il ne peult. Mais d’icelluy coup, fut ledit de Levvarde
actainct a son saye, coppez tellement qu’ilz furent contraincs [sic]
29 habandonner ledit Loys Legros. Lequel tenant sadite espee nue vint a l’ancontre dudit
suppliant, lequel suppliant pour eviter le danger de sa personne et la
30 fureur dudit Loys Legros, desgaynna son espee ou verdun, et d’icelluy soubzdainement et
de chaulde colle et en repulsant l’agression dudit Loys Le Gros luy rua ung
31 coup, dont il fut actainct environ la mamelle destre. Au moien duquel coup, ledit Loys
Legros, par faulte d’estre secouru et habillé ou aultrement,
32 seroit ou mesmes instant allé de vye a trespas. A l’occasion de quoy, ledit suppliant
doubtant rigueur de justice se seroit absenté du pays. Et en
1 soy absentant, auroit esté print prisonnier par ledit Daulle, notre sergent dessusnommé, des
mains duquel il seroit eschappé sans luy faire mal, en nous humblement requerant
2 que, actendu ce que dict est, mesmes que ledit cas est advenu par l’agression dudit deffunct,
et que en tous autres cas il s’est tousiours honnestement gouverné et est homme
3 de bonne vye et honneste conversacion sans jamais avoir esté reprins, actainct ne convaincu
d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, nous luy voullons
4 sur ce impartir nosdites grace et misericorde. Pour quoy nous, ces chouses considerees,
voullans misericorde preferer a rigueur de justice, audit suppliant etc. Satisfaction
5 faicte a partie civillement tant seullement si faicte n’est. Et sur ce imposons sillence etc. Sy
donnons en mandement par cesdites presentes au gouverneur de Peronne,
6 Mondidier et Roye ou son lieutenant a Peronne, en la jurisdiction duquel ledit cas est
advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc.
7 Donné a Amyens ou moys de decembre l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre
regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy
8 a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 37, f° 30 v°
1 Françoys, par la grace de Dieu roy de France, savoir faisons a tous presens et advenir nous
avoir receu l’umble supplication de Guy Faubert, escuier, sieur de La Vergne, contenant
2 que feu notre amé Guy Faubert, en son vivant chevallier, seigneur dudit lieu de La Vergne,
et Jehanne de La Chambre, pere et mere dudit suppliant, auroient traicté et fait mariage
3 de Lucresse Faubert, leur fille, avecques feu Françoys Grignon, demourant au lieu de La
Mynardiere, lequel mariage auroit acomply. Et apres avoir esté par
4 ledit deffunct Grignon et ladite Lucresse ensemblement par quelque espace de temps,
congnoissant par ladite Lucresse, sa femme, que ledit Grignon, son mary, entretenoit une
5 nommee Blanche, qui la faisoit coucher avec luy, et ladite Lucresse, sa femme, souventefois
coucher dehors de sa maison, luy auroit ladite Lucresse fait plusieurs
6 remonstrances. Nonobstant icelles, icelluy Grigon n’auroit delaissé a icelle Blanche
entretenir. Et saichant par ledit deffunct Grignon que ladite Lucresse, sa femme,
7 estoit advertie dudit cas, laquelle en estoit desplaisante, auroit conceu hayne a l’ancontre
d’elle, tellement qu’il la battoit, luy voullant faire avoir la compaignie
8 de ses servicteurs. Et de fait, icelluy Grigon enferma l’un de sesdits servicteurs en une
chambre avec elle, en jurant et blaphemant par ledit deffunct Grignon le non [sic] de
9 Dieu qui la feroit violer et ravir devant tout le monde. Et voyant par ladite Lucresse le
mauvays gouvernement dudit deffunct Grignon, son mary, qui la traictoit
10 ainsi mal et luy faisoit plusieurs autres gros exces et injures et qu’il ne se voulloit
aucunement abstenir de sondit mauvays voulloir et icelle traicter comme fille yssue de bonne
11 maison, auroit fait savoir a sesdits pere et mere et pareillement a ses freres le mauvays
traictement que luy faisoit ledit deffunct Grignon, son mary. Au moyen de quoy,
12 iceulx pere et mere, ensemble ses freres, advertiz de ce que dict est, auroient remonstré
audit deffunct Grigon et faict remonstrer par plusieurs foys qu’il eust a delaisser
13 le mal traictement de ladite Lucresse, leur fille et seur dudit suppliant, et de ne plus
entretenir ladite Blanche, dont il n’auroit tenu compte en perseverant tousiours
14 en son mauvais voulloir et mal traictement de ladite Lucresse, sa femme. A ceste cause, se
seroit ledit suppliant, frere de ladite Lucresse, par plusieurs foys transporté en la
15 maison dudit Grignon, luy auroit fait plusieurs remonstrances et commant il traictoit mal sa
seur qu’il eust a soy en depporter et qu’elle n’estoit femme pour estre
16 ainsi mal traictee, aussy qu’il eust a chasser hors sa compaignye ladite Blanche et autres
femmes qu’il entretenoit aupres de sadite femme. Alors se meut plusieurs
17 parolles, tellement que ledit suppliant estant en la maison dudit feu Grigon, par plusieurs
foys eust telle noyse et debat avec icelluy fut [sic] Grigon pour raison
18 de ce que dessus, qu’ilz furent prestz de se batre et oultragier jusques a mectre la main a
l’espee, a une foys sortir ledit suppliant hors la maison de la
19 Maynardiere en la basse court, pour ce qu’il ne vouloit oultrager ledit feu Grigon en sa
maison, le sommant de partir dehors. Et autreffois, le contregnit se retirer
20 en une chambre de ladite maison, le guectant s’il sortoit, luy donnant plusieurs menasses,
mesmes le tuer et occire. Mais de ce, ne seroit aucun
21 exces ensuyvy. Et pour ce que ledit deffunct Grignon ne delaissa perseverer audit mauvays
voulloir et mal traictement de ladite Lucresse, sa femme, feu
22 Guy Faubert, pere de ladite Lucresse, et ledit suppliant auroient esté de rechef advertiz par
homme expres que ladite Lucresse leur envoya, le
23 messaiger auroit recité ledit mal traictement en presence de deux servicteurs dudit deffunct
Faubert, pere dudit suppliant, et avec lesquelz
24 ledit feu Grigon auroit prins noise et debat. Estant en sadite maison de la Maynardiere avec
ledit suppliant et saichant par ledit deffunct
25 Faubert, pere dudit suppliant et ladite Lucresse, le mal traictement que faisoit ledit deffunct
Grignon et ladite Lucresse, sa fille, et que ledit deffunct
26 Grignon ne voulloit autrement traicter ladite Lucresse, sa femme, et qu’il entretenoit ladite
Blanche et autres femmes de mauvays gouvernement, auroient
27 conseillé a ladite Lucresse faire adjourner pardevant le seneschal de Poictou ou son
lieutenant a Poictiers ledit deffunct Grignon afin d’avoir provision
28 d’alimens, icelle Lucresse estant lors en la maison de sondit pere et hors la compaignye
dudit feu Grignon, et luy fut adjuge par ledit seneschal
29 ou sondit lieutenant provision de la somme de deux cens livres par chacun an. Et depuis,
ledit suppliant estant en la compaignye de ladite
30 de La Chambre, sa mere, et ainsi que l’on rapportoit a sadite mere ledit mal traictement
que faisoit ledit feu Grignon a ladite Lucresse, sa femme,
31 ledit suppliant dist que ledit feu Grignon luy avoit fait ung mauvays tour, lequel quelque
jour en seroit payé, qu’il se donnast garde
32 de luy et que au premier lieu qu’il le rencontreroit, il luy jourroit ung mauvays tour et qu’il
luy bailleroit une venne plustost qu’il ne
33 pensoit, et qu’il se donnast garde de luy. Et une autreffoys, rencontra ung messaiger qui
apportoit ung adjournement
34 personnel contre Jacques Faubert, son frere, obtenu a la requeste dudit feu Grignon, qu’il
osta audit messaigier. Et depuis, ledit deffunt
35 Faubert et suppliant furent advertiz que iceulx servicteurs dudit deffunct Faubert auroient
tué et occis ledit deffunct Grignon, sans ce que
36 ledit suppliant fust presant ne consantant mais fut ledit cas fait a son desceu. Au moien
duquel homicide, information faicte auroit contre
37 ledit suppliant esté decerné adjournement personnel par le seneschal de Poictou ou son
lieutenant, et par faulte de comparoir auroit esté
38 adjourné a troys briefz jours, et par arrest interlocutoire de noz amez et feaulx conseillers
les gens tenans noz grans
39 jours en Poictou, auroit esté ordonné qu’il seroit de rechef adjourné troys briefz jours. Et
depuis, par aultre arrest desdits grans
40 jours donné par constumace, auroit esté condempné a estre decappité, son corps mys au
gibet, et condempné envers les heritiers
41 dudit deffunct Grignon en la somme de quatre mil livres parisis et envers nous en pareille
autre somme, et a fonder une chappe[lenie]
42 de quatre-vingts livres parisis, et le lieu, place et chasteau dudit lieu de La Vergne razé. Et
combien que ledit suppliant ne soit aucune[ment]
43 consentant dudit cas, touteffoyz doubte que au moien desdits innimitié, deffiemens et
menasses precedans, a cause de ce que dessus
44 l’on veille contre luy procedder par rigueur de justice, s’il n’avoit sur ce noz lettres de
pardon, grace et remission, humblement
1 requerant que luy veillons icelles impartir. Pour quoy nous, ces chouses considerees,
voulans misericorde estre prefferer a rigueur de justice, audict suppliant avons
2 quicté, remys et pardonné etc. les faiz et cas dessusdits etc. Sy donnons en mandement par
ces presentes a noz amez et feaulx conseillers les gens tenans
3 notre court de parlement a Parys et a tous noz autres justiers [sic] etc. Et affin etc., sauf etc.
Donné a Amyens ou moys de decembre l’an de grace
4 mil cinq cens trente-et-ung et de notre regne le dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la
relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 38, f° 31 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Nottin,
jeune clerc aagé de vingt-deux ans ou environ, demourant a Nancelles,
2 contenant que le jour Saincte Croix, quatorzeyesme jour du moys de septembre derrenier
passé, pour ce que ledit jour estoit la feste du lieu de Vigneux,
3 dont il est natif, il se transporta audit lieu de Vigneux pour veoir ses parens et amys. Et
apres qu’il eut disné en la maison de Noel Mercier, son beau4 frere, avec Anthoine Vallantin et autres, il se mist a veoir les dances et esbatemens que
faisoient audit lieu les jeunes compaignons et autres faisans
5 ladite feste. Et apres soupper, s’en alla avecques ledit Anthoine Valantin bancqueter en la
maison de Clement Tirelocq, tavernier demourant audit Vigneux,
6 en laquelle aussi se trouva Loys Thibault, boucher, a present deffunct, demourant a
Baucigny, qui ledit jour avoit aidé a icelluy tavernier a faire sa
7 taverne, qui les demanda s’ilz ne s’en voulloient pas tantost retourner audit Nancelles.
Auquel lesdits suppliant et Valentin firent response que ouy
8 mais qu’ilz eussent banqueté. Sur quoy, ledit Loys Thibault leur dist qui s’en voulloit
retourner avec eulx et qu’il vouloit aussi bancqueter parce
9 qu’il n’avoit encores souppé. Et se misrent ensemble a table amyablement avecques le
tavernier qui les acompagna. Et eulx estans a table et qu’ilz avoient
10 ja commencé a bancqueter, survint ung nommé Jehan Martin de Sichelles, qui se mist a
table avec eulx. Lequel Jehan Martin, qui estoit homme fort
11 noysif et rioteux, ainsy qu’ilz beuvoient et mangeoyent paisiblement, se print a dire par
grant oultre cuydance que combien que le seigneur dudit lieu
12 de Vigneux eust deffendu de ne porter bastons a la feste, que neanltmoins il avoit porté sa
rappiere a sa saincture durant la grant danse.
13 Auquel ledit suppliant, jeune clerc qui est natif et subgect dudit seigneur de Vigneux, dist
qui ne le croyoit pas et que si icelluy Jehan Martin eust porté sadite
14 rappiere en ladite danse, elle eust esté confisquee audit seigneur. Et encores dist que
combien qu’il fust natif de Vigneux et bien amé du sieur, si n’eust
15 il esté so hardy de porter son baston ausdites dances. A quoy ledit Martin arrogamnent et
en jurant et baphemant [sic] le non de Dieu dist que si avoit.
16 Et pour ce que ledit Jehan Martin, en soustenant tousiours ses vanteries et arrogances,
juroit et blaffemoit par diverses foys le non de Dieu, ledit suppliant
17 se leva de table et print son espee qu’il avoit acoustume porter par les champs, qu’il avoit
laissee sur le bout de ladite table en soy seant a icelle table,
18 et paya son escot. Et puis se cuyda retirer et sortir hors l’uys de ladite chambre ou ilz
estoient, sans ce qu’il eust faict ne dict audit Jehan Martin
19 chose qui luy deust desplayre. Mais ledit Jehan Martin, qui estoit homme oultrageux,
querelleux, bateux de gens, se leva soubzdaynement de table,
20 tenant ung cousteau nu en l’une de ses mains, soy retirant vers l’huys de ladite chambre en
intencion, comme il est vray semblable, de oultrager
21 ledit suppliant. Lequel doubtant sa personne desgaynna l’espee qu’il portoit. Quoy voyant,
ledit Loys Thibault se mist entre deulx pour cuyder
22 obvier a debat. Et incontinant et ainsi que ledit Jehan Martin tenant sondit cousteau
s’efforçoit venir contre ledit suppliant, ledit suppliant pour obvier
23 au danger de sa personne et repulser de luy ledit Jehan Martin, qui continuoyt en ses
juremens et blaphemes, luy gecta ung coup d’estoc
24 de sadite espee. Lequel Jehan Martin se couvrit dudit Loys Thibault, en quoy faisant par
malheur et accident ledit Thibault fut actainct par la
25 poictrine du cousté destre. Dont troys sepmaines apres ou environ, par faulte de bon
gouvernement ou autrement, il seroit
26 allé de vye a trespas, au tres grant desplaisir et enuy dudit suppliant, qui jamais n’avoit eu
a luy courroux, enuy ne desplaisir,
1 nous humblement requerant ledit suppliant, actendu que en tous autres cas il est bien famé et
renommé sans jamais etc., fors que troys ans sont ou environ, par seduction et mauvays
2 en hort d’autruy, il print en la maison de Huguet Nemon, prebtre, son oncle, une arbaleste
appartenant au filz du seigneur dudit Vigneux, pour raison de quoy il fut pris et [constitué
3 prisonnier en la justice dudit lieu, et depuis comme clerc rendu a l’osficial de notre tres cher
et amé cousin le cardinal de Bourbon, evesque et duc de Laon, ou il ploya et
4 amanda le cas, paya l’amende et rendit ladite arbaleste a celuy a qui elle appartenoit, et
traita avec luy pour les fraiz, il nous plaise etc. Pour quoy etc. Sy donnons
5 en mandement par cesdites presentes au bailly de Vermendoys ou a son lieutenant, ou
bailliage duquel etc., et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné
6 a La Fere ou moys de decembre l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le
dix-septiesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes,
7 visa contentor Deslandes.
Lettre n° 39, f° 33 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Jacotin
Houllebronne et Mondin Houllebronne, freres, natifz du villaige de Belle ou conté de
Boullonnoys,
2 chargez de femmes et enfens, ledit Jacotin pour le present detenu prisonnier en noz prisons
audit Boulongne, contenant que cinq ou six ans a ou environ et durant la guerre derreniere,
estant en notre
3 service lesdits supplians soubz la charge du seigneur de Vervins, comme ilz estoient au
bourg dudit Boulongne et montoient la grande rue dudit bourg en intencion de achepter
chacun l’estoffe d’un
4 pourpoint d’un mercier demourant audit bourg assez pres de l’eglise Sainct Nicolas, estans
au devant la maison dudit mercier, entra dedans lesdits Mondin et Jacotin et demoura en la rue
14
, ayant soubz son braz une arbaleste non
5 bandee, une espee, voyant venir ung nommé Pasquier Bacheler, aussi compaignon de guerre
soubz ladite charge, qui emportoit ung menteau, auquel il demanda ou il avoit eu ledit
manteau.
6 Lequel luy respondit qu’il le avoit esté a ung nommé Guillaume Longquestit, aussi leur
compaignon, pour ce que ledit Longquestir ne luy avoit voulu rendre ce qui luy avoit presté a
ung
7 escot. Estans en ses propos, ledit Jacotin voyant venir ledit Longquestir dit audit Bacheler
ses motz : « le veez cy ! » Et si toust que ledit Longquestir fut appouché, demanda audit
Bacheler
8 pourquoy il avoit emporté son menteau. Et sur ce, respondit que ce avoit esté et estoit pour
ce qu’il ne luy avoit volu rendre ce qu’il luy avoit presté. Lors ledit Longquestir desgaynna
9 ung verdun qu’il avoit, et d’icelluy s’efforça ruer sur ledit Bacheler. Quoy voyant par ledit
Jacotin, suppliant, pour et afin de les desmesler et eviter le debat, se mist entre eulx
10 deulx, disans par telz motz : « qu’esse cy messieurs ? Nous sommes tous compaignons,
vous voullez vous combatre ? » Dont ledit Longquestir non contant s’efforça ruer sur ledit
Jacotin, luy
11 disant par telz motz : « quoy t’en vient tu mesler ! » Lequel Jacotin, suppliant, en soy
deffendant rua ung coup sur ledit Longquestir, dont il ataingnit sur l’espaulle sans toutesvoyes
aucunement
12 le blesser. Et ce fait, ledit Jacotin entra en la maison dudit mercier, en laquelle estoit desja
ledit Mondin, sondit frere, pour achepter lesdits pourpoinctz. Et ainsi que lesdits supplians
estoient
13 au devant de l’huis dudit mercier, ledit Longquestir acompaigné de cinq ou six
compaignons de guerre vindrent a l’encontre d’eulx, crient qui saillist hors. Et en sortant par
lesdits
14 suppliant, ledit Mondin, suppliant, fut blessé griefvement en l’une de ses mains, tellement
que son baston luy tumba par terre. Et ledit Jacotin, suppliant, en son corps deffendent
15 frappa ung coup ou deux de sondit baston ledit Longquestir sur la teste, dont il fut blessé a
sang courant et playe ouverte, et prestement meue en la maison de Mondin
16 Sellier, barbier, pour le traicter. Et ainsi que l’on le y menoit, survint ung des cousins dudit
Longquestir qui rua ung coup du gros bout de lance d’une pique sur ledit Jacotin,
14
Mondin est entré dans la boutique du mercier, Jacotin est resté dans la rue, comme tend à l’induire les mots
« entra » et « demoura ». Mais le mot « lesdits » implique que les deux suppliants ont fait la même action. Là est
l’erreur du scribe.
17 suppliant. Lequel cousin fust incontinant gecté par terre par ledit Jacotin, suppliant, sans le
blesser ne frapper parce qu’il cria mercy. Et aucun temps apres ledit debat, furent
18 leurdite bande et compaignye menez a Han, ou ilz furent environ troys sepmaines. Et eulx
retournez, trouverent que ledit Longquestir, tant par faulte d’appareil, bon gouvernement
19 ou autrement, estoit allé de vie a trespas apres avoir vescu trois sepmaines apres ledit coup
a luy feru et frappé comme dit est. Pour raison duquel cas, ledit Mondin
20 Houllebronne s’est absenté hors du pays et ledit Jacotin a esté constitué prisonnier, nous
humblement requerant que, actendu que en tous autres cas ilz sont bien famez et renommez,
21 fors que ledit Jacotin fut aprehandé de justice pour une jument par luy mal prinse et vendue
et fustigué par les carrefours de la ville d’Amyens, il nous playre leur impartir
22 noz grace et misericorde. Pour quoy etc., voulans misericorde ausdits supplians etc. Si
donnons en mandement par cesdites presentes au seneschal de Boullonnoys ou a son
lieutenant, en la seneschaucee
23 duquel ledit cas est avenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a
Abbeville ou moys de decembre l’an de grace mil cinq cens
24 trente et ung et de notre regne le dix-septme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil,
Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 40, f° 33 r°
1 Françoys etc., savoir faisons nous avoir receu l’umble supplicacion de Jehan Chevenat,
jeune compaignon cousturier, parroissien de Sainct Genys Largentiere au pays de Lyonnois,
aagé de
2 vingt-deux ans ou environ, contenant que le dymanche apres la feste Saint Berthelemy du
moys d’aoust derrenier passé, acompaigné de Jehan Aloignet, jeune compaignon, sans mal
penser s’en allerent audit lieu de Saint
3 Genys Largentiere. Et pour ce qu’ilz virent que l’on y faisoit danser, se misrent a danser
avec autres. Apres ce qu’ilz eurent dancé ung tour, ung nommé Claude du Cloux, aussi jeune
compaignon,
4 malicieusement avec la main poussa ledit Aloignet, compaignon dudit suppliant, luy
mectant la main sur son estomac. Quoy voyant ledit suppliant, pour eviter noyse, dit
gracieusement audit
5 du Cloux qu’il faisoit mal de oultrager ledit Aloignet. Et en l’instant, ainsi que ledit
suppliant disoit lesdites parolles, illec survint ung nommé Jehan Gay, menuysier dudit lieu,
lequel
6 furieusement et malicieusement print ledit suppliant par la cuysse et icelluy gecta de toute sa
puissance par terre. Et de ce non contant, apres qu’il fut relevé de terre, ledit Jehan Gay de
rechief
7 en continuant sa fureur donna ung grant coup de la main sur la joue dudit suppliant,
tellement qu’il le cuyda faire cheoir en terre. Et adonc ledit suppliant tout esmeu tira une
courte dague
8 qu’il portoit, mais ledit Gay se retira par devers les taborins estans illec apres. Et tout
incontinant, revynt furieusement, tenant une espee nue en la main, a l’ancontre dudit
suppliant,
9 lequel pour la deffense de sa personne, si tost qu’il vit ledit Gay approucher de luy,
desgaynna l’espee qu’il portoit, disant audit Gay : « laissé moy, je ne vous demande riens ! »
10 touteffois, ledit Gay esmeu de mal faire, continuant en sa fureur de plus fort, rua grans
coups d’estoc et de taille sur ledit suppliant, disant telles parolles : « par la Mort-Dieu, par
11 le Sang-Dieu, icy sera ta fin ! » et ne cessoit de ruer sur ledit suppliant, lequel en soy
deffendant auroit rué quelzques coups de son espee sur ledit Gay. Lequel se seroit trouvé
12 blessé au ventre, tellement que a cause desdits coups ou blesseure, par faulte de bon
appareil ou autrement, ledit jour qu’elle avoit esté faicte, ledit Gay seroit allé de vye a trespas,
13 ainsi que depuis ledit suppliant a ouy dire. Et lequel, a raison dudit cas, se seroit absenté du
pays auquel ne ailleurs en notre royaume n’ouseroit habiter, converser ne repairer
14 sans avoir de ce noz lettres de grace et remission, humblement requerant que, actendu le
cas dessusdit, lequel ledit suppliant auroit commis son corps deffendant, et que en toutes
15 autres choses qu’il a esté de bonne vie et conversacion, sans avoir esté attainct ne
convaincu d’aucun villain cas, blasme ne reprouche, luy voullons icelles impartir.
16 Pour quoy etc. Si donnons en mandement par ces presentes au seneschal de Lyon, bailly de
Mascon, en la jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers
17 etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou moys de janvier l’an de grace mil cinq cens
trente et ung et de notre regne le dix-huitiesme. Ainsi signé
18 par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 41, f° 34 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Gilbert Fradel
Chevallier, homme d’armes de noz ordonnances soubz la charge et conduicte de
2 notre tres chier et tres amé cousin le duc d’Albanye, contenant que le dimanche vingtquatreiesme jour de decembre, vigille de Noel derrenier passé, ledit suppliant se
3 transporta du lieu des Granges en Auvergne, dont son pere est seigneur, en la maison de
Jehan Treille, escuier, seigneur de Jaunay, cappitaine de Villy, appellee La Mothe
4 de Sauzayt, pour ce que par ledit Treille il avoit esté invité a disner avec plusieurs autres
gentilzhommes et notables personnages, entre lesquelz seurvint ung
5 nommé Jehan de Chicol surnommé Chandiou, homme noysif et querelleux, qui avoit
auparavant commis et perpetré meurtres et homicides. Lequel Chirol durant le
6 disner se adressoit de parolles irritantes contre ledit Chevallier, suppliant, ce que ledit
suppliant supportoit a son povoir pour l’onneur de la compaignye et pour
7 obvier a noyses et debatz. Et en continuant par ledit Chicol en ses parolles irritantes, se vint
adresser audit Chevallier, suppliant, luy disant qu’il avoit de bins [sic, bons]
8 levriers mays qu’ilz ne valloient riens pour le loup. A quoy ledit suppliant respondit qu’ilz
estoient bons pour le loup et pour le lievre. Et ledit Chirol luy
9 dist qu’il en avoit ung meilleur que les siens et qu’il luy courroit pour ung courtault, lequel
iroit devant. Lequel suppliant luy dist qu’il gageroit pour
10 deux escuz et gecta ses gans sur la table pour gaige. Lesquelz gans ledit Treille print et les
rendit audit suppliant, disant qu’il respondoit pour tous deux. Et
11 quelque peu apres, ledit Chirol dist audit suppliant par telz motz : « quel jour voulez vous
venir en notre pays pour couryr ? » A quoy ledit suppliant respondit qu’il n’y soit
12 poinct en leur pays pour ce que ses levriers n’avoient point acoustume le pays, mays qu’ilz
allassent ailleurs courir, qui ne fust rieres Chirol ne les Granges,
13 pourveu que ce ne fust pas le lendemain qui estoit le jour de la Nativité notre seigneur.
Ausquelles parolles ledit Chirol dist audit suppliant : « vous vous dedistes ! »
14 Lequel suppliant dit qu’il estoit homme de bien et qu’il ne se dedist oncques. Et ledit
Chirol luy dist par telz motz : « le maintiendras tu Chevallier ? » Et ledit suppliant
15 luy dist que ouy par tout le monde. Et ledit Chirol luy dist par telz motz : « par le SangDieu, tu dances Chevallier et fays du glorieux pendu, mays je te apayseray bien
16 ton caquet ! » Quoy voyant par ledit Chevallier, suppliant, pour obvier a debat et noyse,
print congé de ladite compaignye pour s’en aller et que ja ses chevaulx
17 l’atendoient a l’uys, print son espee qu’il avoit gectee sur le lit lorsqu’il s’estoit assis a
table. Et ainsi qu’il descendoit les degez [sic] de la chambre, s’en allant comme
18 dit est, oy que ledit Chirol juroit le sang et la mort notre seigneur et qu’il poussoit les ungs
de la, les autres de la, pour venir apres ledit suppliant. Et ainsi
19 que ledit suppliant fut au bout des degez, oyt gros bruit sur lesdits degrez. Par quoy il se
retourna et vit ledit Chirol marchant roydement apres luy, l’espee nue
20 en la main. Quoy voyant, ledit suppliant desgaynna soubzdainement son espee pour
resister a la fureur, oultrage et agression dudit Chirol, mays ne se peult
21 si toust pourveoir ne resister que ledit Chirol ne luy donnast ung coup d’espee par le corps,
dont il per[ ?]ta d’oultre en oultre. Lequel suppliant donna aussi de tout
22 son povoir quelzques coups audit Chirol en telz endroiz qu’il le peult ataindre, dont il fut
blessé et navré, et fut aussi ledit suppliant blessé et navré d’un autre coup sur
23 la teste. Et furent retirez ledit suppliant en une chambre et ledit Chirol en une autre. Lequel
suppliant estiment estre mort de sesdites blesseures, desirant pourveoir a son ame, pria
24 le seigneur de La Greliere aller pardevers ledit Chirol luy dire qu’il luy pardonnoit sa mort.
Auquel seigneur de La Greliere ledit Chirol congnoissant avoir esté agresseur dist
25 qu’il pardonnoit pareillement audit Chevallier, suppliant. Lequel Chirol, troys heures apres
ou environ, ala de vye a trespas. Et ledit suppliant, apres avoir esté longtemps
26 et comme de quinze jours ou plus en tres griefve maladie et que l’on esperoit plus de luy la
mort que la vye, est revenu en convalescence, nous humblement requerant que,
27 actendu que ledit cas est avenu par l’agression dudit deffunct, que en tous autres cas il est
bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre
28 villain cas, blasme ou reproche, il nous playre luy impartir notre grace et misericorde. Pour
quoy etc., voulans misericorde etc. Si donnons en mandement par cesdites
29 presentes au bailly de Sainct Pierre Le Moustier ou a son lieutenant a son siege de Cusset,
ou bailliage et ressort duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers
30 etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Dieppe ou moys de janvier l’an de grace mil cinq cens
trente-ung et de notre regne le dix-huityesme. Ainsi signé par le roy
31 a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 42, f° 36 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Gilbert d’Albiac,
seigneur de Moulay, jeune gentilhomme aagé de vingt-ung ou vingt-deux ans ou environ,
contenant
2 que ou moys de novembre derrenier passé, Katherine d’Albiac, damoyselle, sa seur, a
present vefve, manda ledit suppliant pour parler avecques luy affin qui la secourust en
quelque proces
3 qu’elle avoit et plusieurs autres ses affaires. Lequel suppliant, meu d’amour fraternelle, y
alla. Et en divisant et parlant ensemble des affaires de sadite seur, elle luy dist qu’elle avoit
4 prins ung nommé Vidal Delchier pour son mestayer et labourer son dommaine qu’elle a au
lieu de Coreujol, mays qu’il estoit ung tres mauvais mesnagier et qui pis est qu’il s’estoit
5 acompaigné d’un nommé Vidal Ruat de Cealcusy, a present deffunct, homme mal famé et
renommé, grant jureur et blafamateur du non de Dieu. Et tous deux le [sic] desroboyent
ordinairement et alloient
6 boyre et gourmander tout ce qu’ilz luy povoient desrober a la taverne, priant ledit suppliant,
son frere, les en voulloir blasmer et leur remonstrer affin qu’ilz cessassent et s’en
deportassent,
7 ce qui luy promis de faire. Et quelque peu de temps apres, estant ledit suppliant oudit
villaige de Seauges pour aucuns ses affaires en la maison de Jehan Pelisson, hoste vendant pin
8 et vin, se trouva par fortune en ladite maison ledit Vidal Ruat. Et quant ledit suppliant l’eut
apperceu, luy souvint de ce que sadite seur luy avoit dit, commencent a dire audit
9 Ruat par forme de remonstrance qu’il avoit tort de ainsi induyre a mal et larrecin ledit Vidal
Delchier, mestayer de sadite seur, et le pervertir de faire son labourage, le priant qu’il
10 eust a s’en deporter ou autrement qu’il s’en trouveroit marry, ou parolles semblables.
Lequel Ruat fierement respondit qu’il n’avoit que faire de luy ne de sa seur, et luy disant
plusieurs autres
11 parolles arrogantes injurieuses et mal sonnantes a l’estat et qualité dudit suppliant, qui est
gentilhomme ne [sic] extraict de bonne et ancienne lignee. Desquelles ledit suppliant fut tout
marry
12 et courrocé, disant audi Ruat qu’il meritoit bien d’estre batu, mais que ce ne luy seroit
honneur de batre ung si malleureux et maschant homme comme il estoit et qu’il en laisseroit
faire a
13 justice, laquelle ne permectoit ne a ses complices vivre longuement en l’estat qu’ilz
vivoient. Neanltmoins ledit Ruat pour cela ne voulut cesser, ainsi commança a l’injurier plus
fort
14 que devant. Quoy voyant ledit suppliant et qu’il ne se vouloit desister, s’aporcha [sic] dudit
Ruat et luy mist la main sur l’espaulle, luy disant : « vous enflerez maistre villain ! » Combien
qui ne le frapast
15 et n’en eust voullunté ne ce mist en effort de luy faire aucun mal mais seullement luy disoit
lesdites parolles pour le faire tayre, lequel Ruat en recullant desgaynna incontinant ung grant
16 cousteau de longueur de pié et demy qu’il avoit pendu a sa saincture, duquel en
approuchant il volut frapper ledit suppliant. Lequel suppliant, voyant son mauvays voulloir,
desgaynna son espee
17 qu’il a acoustume porter a son cousté, de laquelle en collere et en chaulde colle il donna
ung ou deux coups de taille audit Ruat sur l’un des braz. Desquelz coups il auroit esté pensé
18 et habillé par ung barbier ou cieurgien demourant a Langhac, et depuis vescu par le temps
et espace de seize ou dix-sept jours environ. Neantmoins, et qu’il fust hors de dangier
19 de mort desdits coups, pour excessivement avoir beu vin, frequanté et habité
indiscretement avecques sa femme et fait plusieurs autres exces, seroit ledit Ruat apres lesdits
seize ou dix-sept
20 jours passez deceddé et allé de vie a trespas. A l’occasion duquel cas, ledit suppliant
doubtant rigueur de justice se seroit absenté du pays ou que[l] ne ailleurs en notre royauime
[sic] il n’oseroit
21 bonnement ne seurement frequenter ne demourer, en nous humblement requerant, actendu
ce que dit est et que ledit Ruat auroit esté agresseur de fait, aussi que en tous autres
22 cas ledit suppliant s’est par cy-devant bien et honnestement gouverné sans jamais avoir
esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous plaise
23 luy quicter, remectre et pardonner ledit cas et sur ce luy impartir notre grace et
misericorde. Pour quoy etc. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes au bailly de
Montferrant
24 ou a son lieutenant, en la jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres
justiciers etc. car tel etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Abbeville ou moys de janvier
25 l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huitiesme. Ainsi signé par
le roy a la relation du conseil, Juvyneau, visa contentor Juvineau.
Lettre n° 43, f° 36 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Framery,
demeurant au village de Questreque en notre pays de Boullemoys, chargé de femne et enfans,
contenant que le
2 troisiesme jour d’avril derrenier passé, ledit suppliant estant au villaige de Saneer au Boys
en la maison de Michel Tueur dit Caron, cabarlier dudit lieu, ou il estoit venu pour soy
recreer, et environ
3 heure de sept a huit heures du soir, survynt en ladite maison Françoys Frameri dit
Gouverneur, cousin dudit suppliant, lequel dit audit suppliant qu’il y avoit quelque ung qui
l’avoit voulu oultraigier,
4 disant que s’estoient gens dudit Sanier. Lequel suppliant feist responce : « allement
[sic]coucher, il n’y a riens ». Et instament, lesdits suppliant et Françoys sortirent dudit cabaret
a intencion de eulx retirer
5 a la maison dudit Jehan Frameri, qui est pres dudit Sanier. Et en sortant, sur ce que ledit
Françoys de rechief dist que l’on le guectoit, et sur ce tout incontinant sortirent dudit cabaret,
tyrans
6 leur chemin, et estans au devant de la maison de Andrieu de Haulle Foulle, survindrent
Jaques Le Mayre et autres que ledit suppliant ne congnoissoit, lesquelz sortirent hors du
cemetire dudit
7 Sanier par ung santouer ou paissaige estant contre la maison dudit Haulle Foulle, se vindrent
devanser et presenter contre ledit suppliant et Françoys Frameri, sondit cousin, qui s’en
alloient paisiblement leur
8 chenin [sic]. Et [en] ung instant, ledit Jacques Le Maire et ledit Françoys Frameri, ne sçait
ledit suppliant dont procedoit leur debat, ruerent plusieurs coups l’un sur l’autre, c’est
assavoir ledit Le Maire
9 d’un marteau servant a couvreur de taille, trenchant d’un cousté et d’autre servant a
marteau, et ledit Françoys d’une espee qu’il avoit, en sorte que ledit Françoys fut contrainct
d’estmarcher
10 et reculler. Ce voyant par ledit suppliant, voullant secourir ledit Françoys Frameri, sondit
cousin, qui estoit en danger de sa personne, desgaynna son espee qui pour lors avoit soubz son
bras. En quoy faisant
11 et subitement, fut print et saisi par la poictrine par Robert Pincede, prebtre, qui estoit l’un
de ceulx du cousté dudit Le Mayre, que ledit suppliant lors ne congnoissoit parce qu’il estoit
nuyt, et fut ledit suppliant
12 tenu tres fort et quelque espace de temps par ledit Pincede. Et voyant que sondit cousin
estoit en danger, dist audit Pincede qu’il le laissast aller. Et de fait, se escouit ledit suppliant et
eschappa des
1 mains dudit Pincede, prebtre. Et en eschappant, en donnant secours a sondit cousin, rua ung
coup d’estoc sur ledit Le Maire, que alors ledit suppliant ne congnoissoit et n’avoit eu a luy
jamais
2 noise ne debat, et dudit coup, ledit Le Maire fut touché au ventre. Au moien duquel coup,
l’on dit ledit Le Maire le landemain estre alé de vye a trespas. Et combien que ledit cas soit
ainsi
3 advenu et qu’il ait satiffait a parties interessees, touteffoys doubtent rigueur de justice il
s’est absenté hors du pais, nous humblement requerant, actendu que en tous autres cas il est
bien
4 famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’autre villain cas, blasme ou
reprouche, il nous plaise sur ce luy impartir noz grace et misericorde. Pour quoy
5 etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au seneschal de Boullennoys ou a son
lieutenant, en la seneschaussee duquel le cas est advenu, et a tous noz autres justiciers
6 et officiers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Abbeville ou moys de janvier l’an de grace
mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huityesme. Ainsi
7 signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 44, f° 36 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Pierre Vaillant,
escuyer, contenant que le samedi vingt-huitme jour d’octobre l’an mil cinq cens trente et ung,
estant
2 en l’eglise de Mainneville, ledit suppliant, Jehan de Provence, Nicollas Brossart et Jehan
Dupont se deliberent [sic] d’aller desfenner en la maison de Jehan Barbelot, tavernier dudit
lieu de
3 Maynneville, ce qu’il [sic] firent. Et en ladite taverne arriverent depuis Marguerin Vaillant,
a present deffunct, Nicollas Vaillant et Marquis Royon, et disnerent tous ensemble sans
parolles
4 de debat ne de different. Et comme environ une heure apres disner, se vint adresser audit
suppliant une damoiselle, femme de Jehan de Pilleur, escuyer, seigneur de La Couldre, pour
quelque
5 affaire qu’ilz avoient ensemble. Pour laquelle damoyselle, ledit suppliant fist tirer du vin. Et
apres qu’elle eut beu, elle se commança fort a plaindre et plorer, disant audit suppliant
6 par telz motz : « mon compere, votre cousin Marguerin Le Vaillant est venu en ce boys a
ma meschine et luy a osté sa foynne, son cruble et son sac, et si luy a dit tout plain d’injures,
7 dont je suis ennuyee et ne le sçay a qui dire. Je vous prie, mon compere, parlez a luy car
j’auroys peur si mon mary estoit venu, s’ilz s’entrerencontroient qu’il y eust quelque fortune.
8 A laquelle ledit suppliant dist : « ma conmere, je vous promes de luy en parler aujourd’uy et
croy qu’il fera quelque chose pour moy ». Et peu apres que ladite damoiselle
9 s’en fut retournee, ledit suppliant se adressa audit Marguerin Le Vaillant qu’il trouva en la
court dudit Barbelot et avoient ledit Marguerin et autres une arbaleste qui estoit
10 audit suppliant, auquel Marguerin ledit suppliant dist : « mon cousin, je vieulx parler a
vous ». Et estans pres de l’uys de l’estable dudit hostel, ledit suppliant luy dist : « mon cousin,
11 vous avez esté a la chambriere de ma commere de La Couldre, sa foynne, son sac et son
cruble, il me semble que ne devez faire cella, car quant vous allez en sa maison elle
12 vous donne du pin et du vin et vous fait bonne chere. Je vous prie les luy rendre car son
mary est gentilhomme et elle gentilfemme. Et me semble que vous ne leur devez faire
13 telle chose ». Lequel Marguerin, sans cause ne raison, se esmeut a l’encontre dudit
suppliant desdites parolles et remonstrances, disant audit suppliant qu’il avoit menti et que
lesdits
14 de La Couldre et sa femme n’estoient poinct gentilz. Et ledit suppliant luy dist que s’estoit
luy qui avoit menty. Et puis demanda ledit Marguerin audit suppliant s’il les voulloit
15 soustenir contre luy. Lequel suppliant luy dist que non car il estoit son cousin et luy tenoit
de plus pres que lesdits de La Couldre et sadite femme. Mais en ce disant, ledit Marguerin
16 donné ung soufflet audit suppliant. Et en mesme instant, le print par les cheveux, aussi fist
luy ledit suppliant. Et en eulx entrebatent, tumberent tous deux par terre. Sur quoy
17 arriverent quelques gens qui les separerent. Mais tout incontinant apres, ledit Marguerin
vint reprandre ledit suppliant par les cheveux et l’abatit de rechef par terre
18 et encores furent separez. Mays ainsi que ledit suppliant fut sorty de ladite estable, ledit
Marguerin le reprint de rechief aux cheveux et fist tumber ledit suppliant dedens
19 la fange ainsi que fist ledit Marguerin. Lequel suppliant, qui estoit fort sanglant et fangeux
de la cheute, se releva fort hastivement et tira l’espee ou baston
20 qu’il portoit, duquel il rua et gecta ung coup d’estoc contre ledit Marguerin qui estoit
encores sur les genoulx, dont il ataingnit par le cousté senestre. Au moien
21 duquel coup, peu de temps apres, ledit Marguerin Le Vaillant est allé de vie a trespas. Pour
occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice s’est absenté hors
22 du pays, nous humblement requerant que, actendu la maniere que ledit cas est advenu, que
en tous autres ledit suppliant est bien famé et renommé sans jamais avoir esté
23 actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous plaire luy
impartir noz grace et misericorde. Pour ce est-il que nous, ces choses
24 considerees, voulans misericorde etc., audit suppliant avons remys etc. Sy donnons en
mandement par cesdites presentes au bailly de Gisors ou a son lieutenant, ou bailliage duquel
25 ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a
Dieppe ou moys de janvier l’an de grace mil cinq cens trente et ung
26 et de notre regne le dix-huitme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes,
visa contentor Deslandes.
Lettre n° 45, f° 36 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan de
Miraumont, escuyer, homme d’armes de la compaignye de notre tres cher et tres amé cousin
le duc
2 d’Albanye, gouverneur et cappitaine de Bryot, contenant que ou moys de novembre mil
cinq cens trente et ung, ainsi que semble audit suppliant le neuf ou dixme jour, estant ledit
3 suppliant logé en l’ostel de Regnault Montaigu au lieu de Coucy, ou estoient pour lors grant
partie des gens de la suyte de notre court, vint sur le soyr loger oudit hostel
4 ung homme de guerre albanoys, qui fut gracieusement et begninement receu par l’oste et
l’otesse. Et le landemain, ledit suppliant se prepara, housa et esperruna [sic] pour s’en aller,
5 apres qu’il avoit prins congé de notredit cousin le duc d’Albanye. Et ainsi que ledit
suppliant se preparoit, ledit Albanoys fist ung grant bruyt, demandant a l’oste dudit
6 hostel ung manteau et une cappe, qu’il disoit luy avoir baillee. Lequel hoste, nommé
Regnault Montagu, homme bien famé et renommé, disoit audit Albanoys qu’il ne
7 luy avoit baillé manteau ne cappe, mais bien luy avoit baillé ung bissac de cuyr et une bride.
Et lors ledit suppliant housé et esperonné sortit dudit hostel pour
8 s’en aller devers notredit cousin le duc d’Albanye pour prandre son congé, disant que a son
retour, il trouvast ses chevaulx prestz a monter a cheval pour s’en aller. Et
9 estant ledit suppliant emmy la rue, voyant ledit grant bruyt que faisoit ledit Albanoys qui
s’en sorty de ladite maison, demanda audit de Montagu, hoste dudit hostel, si
10 ledit Albanoys luy avoit baillé ladite cappe. Lequel dist que non et qu’il ne luy avoit baillé
que ung bissac de cuyr et une bride. Et en ce bruyt, ledit suppliant
11 pensant que ledit Albanoys faisoit ledit bruyt et esmotion par grant mallice et pour tyrer
dudit hoste quelque argent, dist audit Albanoys par telz motz :
12 « venez ça, esse raison que sest [sic] homme de bien qui vous a logé perde a vous faire
service ? » Lequel Albanoys dist que si ne luy bailloit ledit jour sadite cappe, que
13 le landemain il n’en seroit quicte pour vingt-cinq escuz. Lequel suppliant dist par telz
motz : « votre cappe seroit bien chere ! » Et en ce disant, ledit suppliant se mist
1 a chemin pour se retirer, disant audit hoste : « mon amy, si ne vous la baillez [mots illisibles
et manquants15] ledit Albanoys se adressa a luy [mots illisibles]
2 arrogance et desprisement : « vous estes ung homme fort raisonnable [mots illisibles] au fait
de noz guerres que ledit Albanoys le p[??],
3 luy dist que s’il luy faisoit mectre la main a l’espee, qui luy en [mots illisibles] touteffoys
ledit suppliant son chemy[??] [mots illisibles] fist semblent de
4 mectre la main a l’espee ne eust autre pensement que de soy en aller [mots illisibles] voyoit
son hoste [mot illisible] luy sembloit iniustement tourmenté par ledit Albanoys. Mais
5 ledit Albanoys chaudement se desmarcha et sans dire mot, mist la [mots illisibles] audit
suppliant que comme dit est s’en alloit. Quoy
6 voyant ledit suppiant mist aussi la main a l’espee. Et pour ce que l’espee dudit Albanoys
tenoit fort au fourreau, ledit suppliant auroit le premier desgaynné et
7 de sadite espee donna ung coup par l’espaulle dudit Albanoys. Et pour ce que tousiours
s’efforçoit tirer sadite espee, ledit suppliant doubtant sa fureur et qu’il estoit homme
8 grant et puissant, luy donna ung autre coup d’estoc par le corps. Et neantmoins, tousiours
s’efforçoit ledit Albanoys tirer sadite espee. En quoy faisant, il tumba par
15
Le haut de cette page est abîmé et noirci. Certains boutus du parchement sont absents.
9 terre et alla de vye a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de
justice s’est absenté hors du pays, nous humblement requerant que, actendu
10 l’oultrage, malice et agression dudit Albanoys, duquel il ne scet le nom, que ledit suppliant
emploie son corps pour notre service, et en tous autres cas s’est tousiours
11 bien et honnestement conduit et gouverné, sans jamais avoir esté actainct ne convaincu
d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous plaire luy impartir noz grace
12 et misericorde. Pour quoy etc., voullans misericorde etc., audit suppliant etc. Si donnons en
mandement par cesdites presentes au prevost de notre hostel ou a son lieutenant, pour ce que
ledit
13 cas a esté commis en notre court et entre gens suyvans icelle, et a tous noz autres justiciers
etc. Et affin etc. Donné a Gamaches ou moys de janvier l’an de grace
14 mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huitiesme. Ainsi signé par le roy,
Breton, visa contentor, Deslandes.
Lettre n° 46, f° 37 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Regnier dit
Delacroix, jeune homme archier de noz ordonnances soubz la charge de notre amé
2 et feal conseiller et chambellan le seigneur du Biez, seneschal et gouverneur de
Boullonnoys, contenant que combien que ledit suppliant n’eust jamais meffait ne mesdit a
Pierre Boullongne
3 surnommé Fieru, demeurant en la parroisse d’Essuiguen, toutesfoys ledit Fieru voyant que
ledit suppliant avoit son cheval en la maison de Robert Cornet, de ladite parroisse
d’Essuiguen,
4 avec lequel il avoit composé pour la nourriture de son cheval pour certaine somme de
deniers convenue entre eulx, auroit proufferé parolles mal sonnantes, entre autres que
5 ledit Robert Cornet feroit mieulx de donner a ses jumens l’avene qu’il donnoit au cheval
dudit suppliant, et non contant de ce dist audit Robert Cornet que ledit suppliant entretenoit
6 l’une de ses filles. Encores ledit Fieru non contant desdites parolles venoit escouter de nuyt
aux fenestres dudit Robert Cornet, ou ledit suppliant avoit son logis et son cheval apr[?]
7 et marché fait comme dit est, lesquelles parolles scandaleuzes et denigrantes l’onneur des
filles dudit Robert Cornet, fut fort esmeu et deplaisant ledit suppliant et en eut
8 courroux. Ainsi que ledit suppliant estant en la maison d’un nommé Lambin Legrant, faisant
ung baston de boys carré, sur quelque proupoux qui sur ce survint, dist que par la
9 mort de notre seigneur, il en batroit ung marrouffle devant qu’il fust vingt-quatre heures. Et
aucun temps apres, aucuns personnages qui avoient oy lesdites parolles et
10 advertiz du scandalle que portoit ledit Pierre Boullongne dit Fieru audit suppliant et
ausdites filles, se adresserent a luy, demandent s’il n’avoit pas trouvé son homme, pour ce que
11 ledit Fieru estoit homme scandaleux et coustumier d’aller escouter aux huys de ses
voysins. Lequel de plus en plus esmeu dudit scandalle dist que non, mais qu’il
12 le trouveroit avant qu’il fust long temps, sans ce touteffoys que ledit suppliant eust autre
intencion sinon de desmeuvoyr ledit Boullongne dit Fieru dudit scandalle
13 qu’il donnoit tant audit suppliant que ausdites filles. Et ainsi que sur le soir ledit suppliant
estoit en la maison dudit Robert Cornette, l’une des filles dudit hostel sortit avec ung
14 pot pour aller querir de le [sic] boullye, ledit suppliant sortit dudit hostel. Et luy estant
contre la maison dudit Fieru, qui estoit la pres, sans penser en aucun mal,
15 sortit ledit Fieru tenant en ses mains une massue de boys. Lequel suppliant le voyant ainsi
embastonné, luy dist : « meschant, tu as dit tout plain de parolles contre
16 moy dont tu as menty ! » Lequel Fieru sans aucune responce leva et haulsa a l’ancontre
dudit suppliant ladite massue de boys qu’il portoit. Lequel suppliant voyant son
17 mauvays voulloyr, pour obvier qu’il ne deschargeast sur luy de sadite massue ainsi qu’il
s’efforçoit de faire, luy rua deux coups dudit baston de boys qu’il tenoit sans desgaynner
18 l’espee qu’il portoit, dont il le ataingnit sur la teste, desquelz coups il tumba par terre. Sur
quoy, ledit suppliant se evada et absenta, et ne pensoit point qu’il fust blessé
19 dont inconvenient se peust ensuyvir. Au moien desquelz coups, deux jours apres, ledit
Fieru seroit allé de vye a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit suppliant a esté constitué
20 prisonnier es prisons de Boullongne, ou il est de present detenu en grant povreté et misere,
nous humblement requerant que, actendu que en tous autres cas il est bien famé
21 et renommé, sans jamais etc., il nous plaire etc. Pourquoy etc., voulans misericorde etc. Si
donnons en mandement par cesdites presentes au seneschal de Boullonnoys ou
22 a son lieutenant, en la seneschaucee duquel ledit cas a esté commis, et a tous noz autres
justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Abbeville ou moys de decembre
23 l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-sept me. Ainsi signé par le
roy, monseigneur le duc de Vendosmoys et autres presens, Boucherel,
24 visa contentor Deslandes.
Lettre n° 47, f° 37 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Guillaume
Parrotz, natif du pays de Bretaigne, archier de noz ordonnances en la compaignye et soubz la
charge
2 de notre amé et feal cousin le sire et baron de Montmorency, grant maistre et mareschal de
France, contenant qu’il est concierge et garde de notre maison de Compiegne et a receu par
3 cinq annees ou environ le chauffaige et droitz appartenans au concierge. Aussi est puis deux
ans et demy en ça l’un des mortespayes commus [sic] a la garde de notre forest de Cuise, et
4 que depuis le jour de Pasques derrenier passé, il a eu d’abondant de nous l’office de garde et
sergent en notredite forest et esté institué en icelluy. Et combien que a cause desdites charges
5 et offices, mesmes de concierge en notredit hostel de Compiegne, il deust avoir employé
entierement au chauffaige des cheminees et a l’utillité de nous et de notredit hostel la quantité
6 de cent sommes de boys, ordonnees chacun an et qui luy est baillé et distribué pour le
chauffaige de notredit hostel, neantmoins
1 [mots illisibles ou manquants 16] quatre autres sommes a Monet Bourrot pour recompence de
ce que
2 [mots illisibles] icelle. Et depuis en l’annee mil cinq cens trente, il print et feist transporter
3 de notre hostel de Compiegne quinze a seize sommes [mots illisibles] de chauffaige et les
feist mectre en ung logis qu’il a hors notredite ville de Compiègne, auquel il, ses fenme et
4 enfans ont acoustume eulx retirer quant sommes sommes en notre ville de Compiegne, et si
en delivra six sommes pour mectre et voicturer avec autre boys qui estoit en basteau sur le
port dudit
5 Compiegne. Et en l’esté derrenierement passé, il print du boys et donné pour icelluy
chauffaige la quantité de dix ou douze sommes qui furent menees et portees en sondit hostel
hors
6 et pres les murs de ladite ville. Pareillement, combien qu’il deust et feust tenu a cause dudit
estat de concierge procurer faire dilligence de mectre es mains de noz officiers pour
7 convertir a notre prouffict les vieilles pieces de boys et autres matieres venans de notredit
hostel en le repparant et y faisant mectre autres nouvelles pieces, neantmoins
8 soubz umbre que aucuns luy avoient dit au commencement qu’il fut commis oudit estat de
concierge que le viel boys qui seroit tiré en reparant ledit hostel estoit a luy et qu’il
9 en pouvoit faire son prouffict, auroit et a prins et vendu a plusieurs foys desdites anciennes
pieces et viel boys dudit hostel ce qui s’ensuit, c’est assavoir aucunes poultres,
10 viel lambris et fenestres au lieu desquelles avoient esté mises des neuves, lesquelles
vieilles poultres, lambris et fenestre il auroit vendues et delivrees a Girardin
11 Richart et Simonnet Degouy moyennant la somme de sept livres tournoys qu’il en auroit
receue d’eulx, aussi a vendu, prins et receu depuis deux ans en ça des boutz, restes
12 et demourans de plusieurs pieces de boys amenees en notredit hostel de Compiegne pour
besougner, entretenir et repparer les buttes et une des chambres d’icelluy logis, moyennant
13 la somme de treize livres tournois qu’il en a eue, avec ce a vendu a Jehan Triboulet,
charpentier, moyennant le somme de soixante solz tournois par luy receuz plusieurs restes
14 de boys vieil et nouveau admené en notredit hostel depuis ung an ou deux en ça pour estre
applicqué ausdites repparations, a icelluy pris et applicqué a son prouffict les branches
16
Il s’agit du verso du haut de page abîmé constaté pour une précédente lettre. En marge, les mots suivants ont
été ajoutés : « par plusieurs foys, et mesmes a donné dudit chauffaige ». Toutefois, on ne peut les replacer dans
le texte, car le renvoi est probablement dans la partie illisible et abîmée.
15 de quatre arbres non martellez et qui furent couppez en notredite forest pour des tiges
d’iceulx faire ung aulge au carrefour des rottes d’icelle forest pour faire
16 boyres les chiens de notre vanerye et une autre des tiges employee a faire passaige pour
vuider les eaues au pont Nyvect et l’autre a faire une autre aulge aux Graiz de Roully
17 et les quatreyesme desdites tiges employee a faire pieulx et fiches pour servyr a deffendre
et empescher que les chariotz ne passent par-dessus les chaulses, desquelles
18 branches d’icelles quatre tiges ledit suppliant fit faire environ vingt-troys sommes des boys
de chauffaige qu’il a fait admener et mectre en une grange estant hors ladite ville
19 de Compiegne. Pareillement a ledit suppliant baillé et delivré et fait abatre par ledit
Triboulet et autres boscherons par notre commandemant et ordonnance pour
20 curer, eslargier et esclarcir les routtes de notredite forest, sans qu’il en ayt fait marque ne
fait aucun registre la quantité de trente-quatre arbres de ladite forest
21 tant chesnes que saulx et autres branches, le boys desquelz a esté employé partie pour faire
la feullee au carrefour desdites routtes par notre commandement et ordonnance
22 et le surplus ledit suppliant l’a applicqué et faict faire du boys de chauffaige, partie duquel
fut mené en l’ostel de Nicolas de Race ou il en a encores de present quelque quant[ité]
23 et le surplus fut mené a la grange Bicquet, ou il est aussi encores en sauf. Semblablement a
icelluy suppliant prins les branches ou houppiers d’un gros arbres forchu qui [estoit17]
24 tombé et abatu par impetuosité de vent en ladite forest pour d’icelles branches faire une
poultre d’un basteau chargé de foing, que l’on conduidoit du port dudit Compiegne
25 a Paris, et du surplus desdites branches ou houppier fait faire environ dix ou douze sommes
de boys qu’il a prinses et mises au fons dudit bateau chargé de foing,
26 delaissant le tige et trouse dudit arbre en ladite forest. A esté pareillement par ledit
suppliant abatu ou faict abatre ung hestre creux pour avoir les nidz des
27 oyseaulx et chucas estans en icelluy, pour d’iceulx chucatz faire des esmentes pour avoir et
prandre pour nous des tierceletz et autres qui estoient a l’aire du Paliz
28 Drouet pres de la fontaine Huet, lequel hestre fut par icelluy suppliant vendu sur le lieu, la
somme de soixante solz tournois, et laquelle somme icelluy suppliant
29 a entierement applicquee en la despence faicte par luy et ses compaignons en prenans
iceulx oiseaulx. Aussi s’est icelluy suppliant trouvé en une taverne au
30 villaige de Sainct Ouen pres ledit Compiegne en la compaignye de troys autres mortepayes
de ladite forest, lesquelz avoient prins en icelle forest aucuns chevaux
31 ou jumens ainsi qu’ilz disoient et qui estoient pour lors en ladite maison ou taverne. Et
ainsi que icelluy suppliant et lesdits trois mortespayes souppoient, arriva ung nom[mé]
32 Symeon Jauson, laboureur, demourant au lieu de La Croix, priant iceulx mortespayes luy
delivrer lesdits chevaulx. Auquel Jauson fut dit par lesdits mortespayes
33 qu’ilz avoient trouvé lesdits chevaulx ou jumens en ladite forest sans garde. Au moien de
quoy fut par ledit suppliant dit qu’il les convenoit mener a Compiegne.
34 Sur quoy ledit Jauson requist que sesdits chevaulx luy feussent delivrez a sa caution a la
charge de les rendre quant mestier en seroit. Et sur ce propoz, l’un desdits
35 mortespayes sortit hors de la chambre pour iceulx chevaulx faire delivrez, et de fait furent
delivrez audit Symeon Jauson. Et le lendemain matin, apres avoir
36 esté par ledit suppliant en visitant et faisant son estat et office comme garde de ladite forest
en plusieurs lieux d’icelle, retourna disner audit villaige de La Croix
37 Saint Ouen en l’ostel, ou lesdits suppliant et mortespayes avoient le jour precedant souppé,
et voulut faire compte de ce qu’il povoit devoir du soupper du jour precedant
38 et dudit disner. Auquel suppliant fut par l’oste respondu que ledit Symeon avoit payé la
despence faicte en icelluy soupper du jour precedant. Avec ce, icelluy suppliant s’est
17
Mot absent.
39 trouvé en plusieurs tavernes ou se faisoient et sont faitz escots et despences avec lesdits
mortespayes, sergens et autres officiers, sans ce que icelluy suppliant ayt
40 payé ne desbourcé aucune chose de ses escotz et despences, estimant que ce pouvoit
proceder d’aucunes prises faictes par lesdits mortespayes, sergens et officiers commys
41 a la garde de ladite forest. Pareillement ledit suppliant a tolleré et souffert faire en ladite
forest depuis le jour de Pasques derrenier passé ung foussé au lieu dit Le Beu de
42 Trolly pour faire vuider les eaues et couller en la riviere, qui est en la charge et garde dudit
suppliant, icelluy foussé fait par les prieur et habitans de la Joyette
43 en entreprenant sur notredite forest. A pareillement ledit suppliant par son ignorance
souffert prendre du boys depuis ledit jour de Pasques, qu’il eust ledit office de
44 sergent en sadite garde, jusques a presant au prieur de La Joye pour son chauffaige soubz
umbre d’un tel quel tiltre que icelluy suppliant a depuis aucun temps ouy dire
45 estre faulx et non valable, touteffoiz n’en savoit riens. Et lequel prieur faisoit faire un barc
pour passer et venir en ladite forest pour mener ledit chauffaige
46 qu’il pretendoit en icelle. Aussi print ledit suppliant depuis la Sainct-Jehan Baptiste en ça
ung arbre de faoulx versé du vent pour faire ung osset d’un bateau pour
47 mener du foing a Paris pour garder que les eaues ne gastassent ledit foing. Oultre a icelluy
suppliant depuis troys ans en ça ou environ par ordonnance et consentement
48 de notre procureur et officiers des eaues et forestz audit Compiegne vendu et delivré du
boys, qui estoit forcé du feu et du vent, pour fournir et satiffaire
49 aux fraiz, despences et poursuictes faictes a l’ancontre des larrons et versilleurs de bestes
qui estoient et destruisoient les bestes estans en notredite forest, et
50 a quoy icelluy suppliant et Jehan de Gigny, Gilles de Havernaiz, sergens ordinaires d’icelle
forest et autres avoient vacqué. Laquelle despence montoit a la somme
51 de sept livres dix solz tournois que icelluy suppliant receut dudit boys pour paier ladite
despence qui se fist par luy et les dessusdits a plusieurs jours. Aussi en excerçant
52 par icelluy suppliant en ladite forest de Cuysse sondit office a trouvé a plusieurs jours et
par diverses foiz plusieurs personnes, hommes, femnes et enfans montez
53 sur les arbres de notredite forest en contrevenant par eulx a noz ordonnances et deffenses
faictes par icelles, contre lesquelles personnes icelluy suppliant a usé
54 de menasses et tiré contre les arbres traictz d’arbaleste pour faire craindre lesdites
personnes et les divertyr de eulx plus trouver en ladite forest.
55 Et a icelluy suppliant par plusieurs jours et souventeffoys batu et baillé plusieurs coups
ausdites personnes qu’il trouvoit en icelle forest, desquelz coups et
56 batures ne s’est touteffoiz ensuyvy desolacion ne perte d’ucun [sic] membre.
Semblablement pour ce que Nicolas Aubin, l’un desdits mortespayes de ladite forest avoit
abuzé
57 et faict recellement et concussion a cause de la prinse de deux a troys cens bestes a layne
trouvees en ladite forest et que Jehan Guere, bergier demourant
1 a Gillancourt, estoit l’un des tesmoings depposant dudit cas, et que pour ceste cause il estoit
detenu prisonnier es prisons dudit Compiegne, se delibera icelluy suppliant aider audit
Nicollas
2 Aubin et de en faire dilligence. Quoy saichant par la femne dudit Guere, vint par devers
icelluy suppliant, lequel alla avec elle parler a Regnault Picquart, praticien et procureur dudit
3 Guere. Et fut dict par icelle que ledit Guere, son mary, requeroit icelluy suppliant aller
parler a luy en sa prison, et que ses maistres ausquelz appartenoient lesdites bestes
4 blanches l’avoient induit a depposer contre ledit Aubin. A quoy icelluy suppliant fit
responce qu’il yroit vonlentiers pour ce que ledit Guere se voulust desdire et non autrement.
5 Et sur ce, fut dit par ledit Regnault Picard, procureur dudit Guere, qu’il ne conseilleroit de
soy desdire. Et depuis, sans ce que icelluy suppliant allast parler audit
6 Guerre ne feist aucune induction ne chose pour le mouvoir a soy desdire, fut adverty que
ledit Guere avoit volunté de corriger sadite depposition et s’en desdire. Et par tant icelluy
suppliant
7 alla devers maistre Jehan de Hoteman, lieutenant general du grant maistre enquesteur et
general refformateur de noz eaues et forestz, le pryant ouyr ledit Guere, lequel se voulloit
8 desdire de sadite depposition. Et a icelle dilligence et poursuytes, ledit Guere fut tiré de
ladite prison, amené et presenté audit Hotemen pardevant lequel il varia et se dedist de sadite
depposition precedante,
9 ainsi que ledit suppliant a entendu. Et de ce, ledit suppliant et plusieurs autres ont
aucuneffois tenu propos, disant qu’il convenoit estre misericordieux. Et depuis, sentance se
seroit
10 ensuivye a l’encontre dudit Aubin, par laquelle il a esté bany pour ladite concussion et
faultes par luy commises. Et en procedant par ledit maistre et general refformateur ou sondit
11 lieutenant a la refformacion de notredite forest de Cuise, a esté informé et encommancé
faire proces contre icelluy suppliant pour les delictz, faultes, larcins, malversacions
12 et cas dessusdits. Et sur iceulx a ledit suppliant esté interrogé et ne les a confessez au
moins telz et ainsi qu’il les a commis et que cy-dessus sont declairez. Au moien de quoy,
13 luy auroient esté par ledit refformateur ou sondit lieutenant general presentez, recollez et
confrontez audit Compiegne aucuns tesmoings. Et pour iceulx recollemens et confrontacions
de
14 tesmoings parachever, luy auroit esté enjoinct et commandé de comparoir en personne a
certain jour sur peine d’estre actainct et convaincu des cas et delictz dessusdits a luy
15 imposez. Auquel jour ne es autres deppendans d’icelluy, ledit suppliant, craignant rigueur
de justice et emprisonnement et destemption de sa personne, ne seroit presenté ne comparu,
16 ainsi s’est absenté du pays. Et au moyen de ce, ledit refformateur ou sondit lieutenant
general a decerné, ainsi que ledit suppliant a esté adverti, prinse de corps contre luy, et en
17 faulte de le pouvoir prandre et saisir au corps, adjournemens a troys briefs jours, iceulx
continuez et donné plusieurs deffaulx. Et doubte icelluy suppliant que par le moien
18 de ce et desdits deffaulx et constumaces, l’on voulsist en oultre proceder contre luy a
rigueur de justice, si par nous ne luy estoit sur ce pourveu de grace et misericorde, nous
19 requerant humblement que, actendu que les choses dessusdites sont de petite valleur et
importance, et que en tous ses autres faiz il est bien famé et renommé sans jamais avoir
20 esté actainct, reprins ne convaincu d’autre villain cas, blasme ou reprouche digne de
reprehencion, nous luy vueillons sur ce impartir noz lectres de grace, pardon et remission.
Pour quoy
21 nous, ces choses considerees, voullans misericorde etc., et de notre plus ample grace
l’avons remis et restitué, remectons et restituons a ses bonne fame et renommee au pays
22 et a ses biens, estatz et offices non confisquez. Satisfacion faicte a partie civillement tant
seullement si faicte n’est et elle y eschect. Et sur ce etc. Si donnons en
23 mandement par ces mesmes presentes audit grand maistre enquesteur et general
refformateur de noz eaues et forestz ou sondit lieutenant, et a tous noz autres justiciers etc.
24 que de noz presens grace etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou moys de fevrier l’an
de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huitiesme.
25 Ainsi signé par le roy, Dorne, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 48, f° 38 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Germain Teste,
nagueres receveur et voyer ordinaire de Paris, contenant que notre procureur en notre chambre
2 des comptes a Paris s’est constitué partie a l’ancontre de luy sur plusieurs exactions,
umaiges, lectres de permission, peculatz, concussions, abus, malversations, crimes,
3 delictz et faulcetez pretendues commises par ledit suppliant oudit office de receveur,
mesmement sur ce que ledit suppliant auroit en vertu de certain brevet passé pardevant
Lesarche et
4 Sainction, notaires ou chastellet de Paris, le trenteiesme juillet mil cinq cens vingt et quatre,
par lequel appert Robert Bonnevie avoir prins et fermé les mollins de
5 Gonnesse du jour Sainct Jehan-Baptiste oudit an jusques a neuf ans ensuyvans, moyennant
la quantité de treize muys de blé pour chacun desdits neuf ans et baillé pour pleiges
6 d’icelle ferme Jehan Cytolle et Jehan Desjoubers, marchans demourans a Parys, et que apres
ledit mot « blé », y a une rature que n’a faicte ne fait faire ledit suppliant et en laquelle
7 rature on maintient qu’il y avoit ce mot : « moulture ». Ledit suppliant par vertu de la grosse
dudit brevet, en laquelle n’y a rature, a voullu contraindre ledit Citolle, Bonnevye
8 et Desjoubers a luy payer la quantité de vingt muytz ung septier de blé pour raison de ladite
ferme a la raison du blé. Et pour faire ledit payement en ladite quantité, il
9 auroit fait constituer prisonnier ledit Desjoubers et soustenu ou procureur pour luy
pardevant maistre Romain Martineau, examinateur ou chastellet, commis par sentence
10 du prevost de Paris donnee le seizeyesme jour de may lors derrenier passé, a faire ladite
appreciation qu’elle se devoit faire a « blé froment » et non a « blé mouture ». Et combien que
par deux
11 autres brevetz passez pardevant lesdits notaires, appert c’est assavoir par l’un d’iceulx
dacté du trenteiesme juillet que ledit Bonnevye promect garantir et acquicter lesdits Citolle et
12 Desjobers, ses pleiges, de ladite ferme a ladite raison de treize muytz de blé mouture pour
chacun desdits neuf ans, et que par ledit second brevet dacté du dernier jour de decembre
oudit
13 an appareust et apparoisse ledit Bonnevye avoir prins du jour Sainct Jehan-Baptiste oudit
an cinq cens vingt et quatre jusques a neuf ans ensuyvans ladite ferme de molins de
14 Gonnesse pour la quantité de treize muys de bled froment, avoir baillé pour pleige Pierre
de Focy, charpentier et laboureur demourant a Villepaincte sans aucunement desloger
15 ne desobliger lesdits Desjoubers et Citolle, pleiges dessusdits pour ladite ferme des le
trenteyesme juillet precedant, et que le bail contenant permission et delivrance de ladite ferme
16 audit Bonnevye au temps susdit faicte par ledit Teste, suppliant, le premier jour de janvier
oudit an mil cinq cens vingt et quatre fait pour treize muyrs de blé par chacun an. Aussi ledit
suppliant
17 avoir exigé des personnes qui s’ensuyvent, c’est assavoir desdits Joubers, Citolle et
Bonnevye, la somme de cent dix livres tournois pour non faire apprecier la quantité de unze
muys de blé
18 par eulx deuz a cause de ladite ferme des moulins de Gonnesse pour l’annee finie a la Saint
Jehan-Baptiste mil cinq cens vingt-cinq, de Phelippot Fremain, pleige de Phelippot Loyseleur,
19 fermier desdits moulins, la somme de vingt-cinq livres tournois pour et ou lieu d’un muy
de blé froment dudit Fermain par ledit Teste exigé pour bailler aux religieux de Livry en
assignation
20 de cinq ou six muys de grain que ledit Phelippot Loiselleur pourrait [sic] devoir a ladite
recepte a cause de ladite ferme de Claude Tuffou, patissier demourant a Poissy, vingt escuz
21 d’or pour actendre ledit Tufou quinze jours d’aucuns payemens qu’il povoit devoir a ladite
recepte, tant comme fermier du mynaige dudit Poissi que comme pleige de Jehan Sainsart, qui
22 avoit prins quelque ventes de boys en ladite recepte, de Vincent Lefevre, rotisseur, la
somme de trente livres tournois pour payer audit Lefevre aucunes parties des gaiges du sieur
23 d’Allegre, lors prevost de Paris, montans troys cens livres tournois, dudit Lefevre huit
livres dix-huit solz parisis pour le quatorzeyesme estail, assavoir entre les
24 meurs du pallays allant sur le pont Sainct Michel, combien que ledit Lefevre ne joissist
dudit estail pour le temps contenu en la quictance dudit Teste baillé audit Lefevre ains
25 Droyn Guillot, ainsi qu’il povoit apparoir par les manuelz dudit Teste et quictante [sic]
dudit Guillot et Jehan Regnier, oyselleur du boys de Vincennes, la somme de trente livres
tournois,
26 faisant partie de sept-vingts dix livres tournois que luy estoient deuz pour deux annees et
demye de ses gaiges d’oyselleur, de Jehan Manger, nagueres fermier du poisson de eaue
27 doulce, ung arpent et demy de vigne, assavoir pres Fescamp, de Perrette d’Aubonnette
seize escuz et de Heleyne Jouyne neuf escuz, de Jacqueline Lagreffiere quatre escuz et
28 de Marguerite Labbee soixante solz tournois pour bailler ausdites Dambonnette, de
Jouyne, Lagreffiere et Labbee certaines places a vendre eufz et beurres, assises es halles de
ceste ville, lesquelles
29 et plusieurs autres oudit lieu ont esté donnee et aulmosnee par le feu roy Sainct Loys a
pouvres filles a marier et pouvers [sic] femmes chargees d’enfans sans ce que pour raison
d’icelle
30 en payassent aucune chose a ladite recepte, de Michel Gaignart, serrurier et caconnier du
boys de Vincenes, une arbaleste, ung bandaige et des garrotz et matratz pour
1 le paier par les troys termes des gaiges a luy deuz dudit estail de serreurier pour une annee
montant quarante livres. Semblablement sur ce que ledit Teste avoit fait obliger Gillet
2 Belot et autres pleiges de Laurens et Nicollas Furons, fermiers des champars de Gonnesse,
en troys muytz d’avoyne qui avoient esté prins es granges desdits Furons de
3 l’ordonnance dudit Teste pour semer les terres de ladite ferme des champars, ou a luy rendre
pour lesdits troys muytz la somme de quarante-cinq livres tournois, dont ledit Teste avoit
4 brevet devers luy et d’icelluy ne vouloit tenir compte ausdits pleiges, condempné ledit Jehan
Manger en la somme de cinquante-une livres pour folles encheres pretendues par ledit
5 Teste a cause de ladite ferme de Poissy d’eaue doulce estre deues par ledit Manger sans oyr
icelluy Manger, exigé dudit Gillet Belot et Pierre Delaunnay, Quantin Martin de
6 Symon Soulhaette, pleiges desdits Furons, la somme de cent escuz d’or pour non apprecier
les grains deuz par iceulx Furons pour annees Vc XX, XXX et vingt-cinq
7 avoir fait bail d’un arpent troys quartiers et demy de pré estant de la recepte assis a Gournan
sur Marne a Thomas Renon, marchant demourant audit lieu, pour luy,
8 ses hoirs et aians cause a tousiours a la charge de seize deniers parisis de cens, avoir fait
obliger lesdits Furons en cens escuz d’or pour aussi ne apprecier les grains
9 deuz par eulx a cause de ladite ferme des champars pour lesdites annees cinq cens vingtquatre et vingt-cinq, et pour ladite somme les avoir fait constituer prisonniers oudict
10 chastellet ou ledit Nicolas Furon seroit deceddé, avoir baillé deux commissions de la ferme
du fruit de Consgron a Jehan Fabry, fermier pour troys annees commançant
11 a la Saint Jehan-Baptiste mil cinq cens vingt-sept, l’une du dix-neuf me juillet oudit an cinq
cens vingt-sept et l’autre du dix-huitme aoust ensuyvant, ladite
12 chambre veuz deux comptes renduz pardevant maistre Jehan Jolly, examinateur oudit
chastellet par Denis Costuel et Jehan Le Rede, commissaires establiz aux granges desdits
13 furent saisies a la requeste dudit Teste certaines missives contenans lesdits troys muys
d’avoyne par luy escriptes et recongneues, la demande faicte par ledit Teste pardevant le
prevost
14 de Paris le vingt-quatreme avril derrenier passé a l’ancontre desdits Laurens et Nicolas
Furons, [Denis Brillart, Quantin Martin, Pierre Delamain, Symon Souheste, Gillet Bellot et
Pierre Françoys, pleiges desdits Furons18], a ce que ledit graing par eulx deu a cause de ladite
ferme des champars de
15 Gonnesse du reste des annes mil Vc XXIII, XXIIII, XXV et XVI fut apprecié, le memoire
ataché a ladite demande pour icelle faire partie duquel est escript de la main dudit
16 Teste, lesdites quictances desdits Vincens Lefevre et Drouyn Guillot par lesquelles appert
ledit Teste avoir esté payé desdits Lefevre et Guillot dudit estail quatorzeme,
17 assavoir contre lesdits meurs du pallays, et ce pour mesme temps certaines lectres dudit
bail fait audit Renou dudit arpent troys quartiers et demy de pré signé dudit Teste,
18 comme il a congneu certain memoire escript de la main dudit Teste que il a aussi congneu
consernant lesdites trente livres tournois par luy exigees de Jehan Regnier, ung extraict
19 de la geolle dudit chastellet du vingt-troysiesme de decembre mil cinq cens vingt-six par
[le]quel appert ledit Laurens Furon prisonnier du douzeme decembre au chastellet avoir
20 esté arresté prisonnier a la requeste dudit Teste jusques a ce qu’il eust payé cinquante
livres tournois faisant partie de deux cens livres tournois en quoy il et Nicolas Furons estoient
21 obligez par lectres d’achapteurs de biens du mardi quatorze me aoust oudit an, certain
appointemant donné en ladite chambre le dix-huitme novembre mil cinq cens vingt-cinq
22 envers les religieulx, abbé et couvant de Livry, demandeurs d’une part et ledit Teste
deffendeur d’autre, les brevetz et commissions concervans le fait desdits Bonnevye,
Desjoubers
23 et Citolle, dont cy dessus est faicte mancion, certain appointement donné es requestes du
pallays le vingtme septembre mil cinq cens vingt-sept entre lesdits Desjoubers,
24 heritiers dudit feu Citolle et ledit Teste, par lequel appert ledit Teste avoir requis lesdits
Desjoubers, heritiers dudit Citolle estre contrainctz ganir en ses mains la somme
25 de trente-troys livres tournois restant a paier de cent-dix livres tournois contenuz en
certaine obligation du dixiesme juing mil cinq cens vingt-cinq, certains manuelz et papiers
26 de baux a ferme pour le fait de ladite recepte, sur lesquelz cas proces a esté formé
pardevant noz amez et feaulx les gens de noz comptes a l’ancontre dudit Teste, suppliant,
27 et ordonnance de ladite chambre pour ses justiffications, les gens de notredite chambre des
comptes ont condampné ledit suppliant par leur sentence a rendre et restituer audit Gilles
Bellet
28 et sesdits consortz, pleiges desdits Furons, le brevet desdits troys moys d’avoyne sans ce
qu’ilz soient tenuz paier aucune chose d’icelle, et en deffault dudit brevet a leur bailler
quictance d’icelle a rendre et
29 restituer ausdits Bonnevye et Desjoubers, heritiers dudit Citolle la somme de cent dix
livres tournois, ensemble tous les despens, dommaiges et interestz qu’ilz ont euz
30 et souffertz pour raison d’icelle somme, a rendre et restituer audit Phelippot Fermyn la
somme de vingt-cinq livres tournois, audit Claude Touffou la somme de
31 vingt escuz d’or, audit Vincent Le Fevre ladite somme de trente livres tournois d’une part
et huit livres dix-huit solz parisis d’autre, audit Jehan Regnier
32 pareille somme de trente livres tournois, audit Jehan Manger ledit arpent et demy de vigne
en l’estat, nature et valleur qu’il est chargé de ce qu’il peult
33 a present estre chargé seullement et sans ce que pour raison oudit arpent et demy ledit
Manger soit tenu de paier aucune chose audit Teste ne autres et
18
Section ajoutée en marge de l’acte, indiquée par un renvoi.
34 aussi sans que ledit Teste soit tenu en aucune restitution de fruictz envers ledit Manger, a
ladite Perrette d’Ambonnette ladite somme de seize escuz d’or, a ladite Helaine
35 de Jouyne ladite somme de neuf escuz d’or, a ladite Jacqueline Lagreffiere lesdits quatre
escuz, a ladite Marguerite Labbee lesdits soixante solz tournois, et en la somme de quatre
vingts-unze
36 escuz et demy d’or d’amende qui seroient distribuez en aulmosne, c’est assavoir a l’OstelDieu de Parys trente escuz et demy et le residu convertir a pouvres filles a maryer, ainsi que
par la
37 chambre sera ordonné. Aussi a condempné et condampne ledit Teste a rendre et restituer
audit Michel Grignart pour et au lieu desdits arbaleste, bandaige, garrotz et
38 matratz la somme de cent solz parisis. Et en tant que touche ledit brevet raturé en ce mot
« moulture », icelle chambre a ordonné que ledit brevet sera comme faulx lacerré au
39 bareau de ladite chambre ledit Teste nue teste present pour l’usance duquel brevet fait par
ledit Teste, elle a condempné icelluy Teste es despens, dommaiges et interestz que lesdits
Bonnvye [sic],
40 Desjoubers et heritiers de Citolle ont souffertz et sont tenuz a cause d’icelle rature,
lesquelz Bonnevye, Desjoubers et heritiers pourront estre contrainct paier pour le temps qu’il
41 reste de la ferme desdits molins a la recepte a raison de treize muys de blé mouture par
vertu de ce present arrest. Aussi ont iceulx gens de notredite chambre declairé ladicte
42 condempnation faicte par ledit Teste a l’ancontre dudit Manger la somme de cinquante une
livres parisis pour folles encheres nulle, et condempné ledit Teste a rendre
43 et restituer audit Manger la sonme de cinquante-une livres parisis. Semblablement declairé
ledit bail fait audit Thomas Renon desdits arpens troys quartiers et demy de
44 pré nul et abusif, qui seront mis et incorporez a notre dommaine et doresenavant affermer a
notre prouffict. Et quant a la faulceté pretendue par notredit procureur
45 par ledit Teste, suppliant, conmise estdites commissions et delivrance de ladite ferme dudit
fruict et esgrainz baillé audit Jehan Fabry, iceulx gens de notredite chambre advertyz du
46 proces pendant par appel en notre court de parlement pour raison de ce entre Michel
Haricot et ledit Fabry, en laquelle court sont produictz les originaulx desdites
47 quictances, mesmement de ladite commission dudit dix-neufiesme juillet maintenue faulce
audit proces par ledit Michel Haricourt pour cedit mot « juillet » qu’on dit estre
48 en rature, a delaissé et delaisse ledit negoce a notre court de parlement au moyen dudit
proces pendant en icelluy par appel, lequel mot « juillet » n’est escript
49 de la main dudit suppliant, mais ce mot « dix-neufme » est bien escript de sa main et pense
qu’il y avoit « aoust » au lieu de « juillet », et condempne ledit Teste, suppliant, en la
50 somme de dix-sept cens soixante-unze livres tournois d’amande envers nous, les sommes
de deniers cy devant adjugees ausdites parties prelablement payees et privé ledit
51 suppliant dudit office de receveur et voyer de Parys, le declairé a tousiours inhabille de
tenir office comptable, et condempné a tenir prison jusques a plain paiement
52 et satisfaction des choses susdites. Desquelles condempnations promulguees et prononcees
a l’ancontre dudit suppliant, il s’est porté pour appellant et sondit appel relevé
53 pardevant noz amez et feaulx conseillers le [sic] gens de notre court de parlement, ou il a
esté longuement detenu prisonnier, nous humblement requerant que
54 desdits cas dessusdits declairez, desquelles il a esté condempné par ladite sentence d’iceulx
gens et de nosdits comptes, et actendu que en tous autres cas
55 il est bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun villain
cas, blasme ou reproche, il nous plaise luy abbolir
1 et sur ce luy impartir noz grace et misericorde. Pour ce est-il que nous, ses choses
considerees, voullans misericorde preferer a rigueur de justice, audit suppliant en faveur
d’aucuns
2 noz principaux servicteurs et officiers qui pour luy nous ont supplié et requis avons remis
quicté et pardonné, et par ces presentes de notre certaine sience, plaine puissance et auctorité
royal
3 remectons, quictons et pardonnons les faiz et cas dessus declairez et deppendans d’iceulx,
ensemble lesdites condempantions d’amendes avons adjugees par ladite sentence avec toute
4 peine, offencee [sic] et amende corporelle en quoy il pourroit estre encouru envers nous et
justice, excepté touteffoiz et non comprins le jugement diffinitif qui sera donné
5 touchant le fait du brevet pretendu estre raturé dont cy dessus est fait mencion que nosdits
gens des comptes ont ordonné estre laxeré en la presence dudit suppliant nue teste
6 s’il est trouvé que ledit suppliant ait fait ou fait faire ladite rature, excepté aussi la
declairation de a tousiours estre inhabille de tenir office comptable s’il est par vous trouvé
7 que faire se doyve, en mectant au seurplus au neant tous deffaux, appeaulx, sentences,
condempnations, jugemens et tout ce generallement que pour occasion desdits cas s’en seroit
8 ou pourroit estre ensuivy, et de notre plus ample grace l’avons remis et restitué, remectons
et restituons en sa bonne fame et renommee au pays et a ses biens
9 non confisquez. Satisfacion faicte a partie civillement tant seullement si faicte n’est et si
faire se doit. Et sur ce, imposons sillence perpetuel a notre procureur present et
10 advenir et a tous autres. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a iceulx noz
amez et feaulx conseillers le gens tenans notre court de parlement a Paris et a tous
11 noz autres justiciers et officiers ou a leurs lieuxtenans que de ceste noz presens grace,
quictance, abollicion, remission et pardon, ilz facent, seuffrent et laissent ledit suppliant joyr
et user plainement
12 et paisiblement sans luy mectre ou donner ne souffrir estre mis ou donné ores ne pour le
temps avenir aucun destourbier ou empeschement au contraire, lequel si fait,
13 mis ou donné estoit le mectent et facent mectre incontinant et sans delay a plaine
delivrance et au premier estat et deu, combien que ledit suppliant vous ait depuis peu de
14 temps en ça declairé qu’il ne entendoit en forme ne maniere que se fust se ayder de ceste
presente notre grace, abolicion, quictance, remission et pardon, et aussi combien
15 qu’il ne vous ait presenté cesdites presentes troys moys apres le dacte d’icelles, ce que ne
luy voullons nuyre ne preiudicier en aucune maniere que ce soit, ains de grace
16 especial l’en avons relevé et rellevons par ces presentes et l’avons receu a presenter
cesdites lettres de abolicion, remission, quictance et pardon quant bon luy semblera,
17 car tel etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Paris ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens
trente et ung et de notre regne le dix-septme.
18 Ainsi signé par le roy, monseigneur le cardinal de Grantmont, present Breton, visa
contentor Deslandes.
Lettre n° 49, f° 39 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion des parens et amys
charnelz de Gabriel Deseuba, jeune filz a marier, aagé de vingt ans ou environ,
2 a present prisonnier es prisons de notre hostel, contenant que ou moys de janvier dernier et a
certain jour de dimanche, ledit suppliant estant en la ville de Dieppe et ou pour lors estoit la
court,
3 allant a l’esbat sur la Marme [sic], s’aresta a veoir jouer aux quilles au berlain, ou vit et
aperçut ung nommé André, autrement surnommé Rotillon, lequel tenoit et avoit le baston
4 pour gecter ausdites quilles, qui gaingna troys ou quatre coups sans perdre la main. Et pour
ce que ledit suppliant luy deist qu’il gaugnoit tousiours, icelluy Rotillon, a present deffunct, se
5 print a courousser contre luy, disant qu’il ne le couroussast point et que s’il le couroussoit,
luy donneroit de l’espee sur la teste. Auquel ledit suppliant dist qu’il ne le
6 frappast point. Et en ce disant, icelluy defunct print son espee qu’il avoit aupres de luy qu’il
desgaynna. Et apres l’avoir desgaynnee, rua ung coup de taille d’icelle contre ledit
7 suppliant, duquel le blessa en la main gaulche. Quoy voyant par ledit suppliant, desgaynna
son espee qu’il avoit a son cousté et a coustume porter, de laquelle il rabatit
8 quatre ou cinq coups que ledit deffunct luy rua, tant d’estoc que de taille. Et en soy
deffendant, rua ung coup d’estoc contre ledit deffunct, duquel l’atignit au ventre, ainsi qu’il a
depuis
9 oy dire. Et apres, remeist sadite espee au fourreau et s’en alla et absenta dudit lieu. Et ledit
Rotillon fut porté en certain logis de ladite ville de Dieppe, ou il fut habillé et
10 medicamenté dudit coup par des barbiers et cirurgiens. Et en l’abillant et pensant, deist
qu’il pardonnoit sa mort audit suppliant. Et douze ou quinze jours apres, fut adverty
11 icelluy suppliant que au moyen dudit coup estoit allé de vie a trespas. Pour occasion
duquel cas, ledit suppliant seroit en dangier de fyner miserablement sa vye, sy par nous ne luy
12 estoit sur ce impartiz noz grace et misericorde, en nous humblement requerant que,
actendu que ledit deffunct estoit ung grant jureur et blaffemateur de Dieu et que
13 puis ung an et demy en ça avoit tué et occis ung hommé, estoit vacabont et n’avoit maistre
ni adveu, que en tous autres cas il est bien famé et renommé sans jamais avoir
14 esté actainct ne convaincu d’autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous playre luy
impartir nosdites grace et misericorde. Pour quoy etc., voullans misericorde etc.
15 Si donnons en mandement par cesdites presentes au prevost de notre hostel ou a son
lieutenant, pour ce que ledit cas est advenu a la suyte de notre court et par gens suyvans icelle,
16 et a tous etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou moys de fevrier l’an de grace mil
cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huitiesme. Ainsi
17 signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes, pourveu que
ledit suppliant fera dire une messe de requyen en l’eglise de Notre
18 Dame des Carmes pour l’ame dudit deffunct avant que de joyr de l’effect de ces presentes.
Signé Deslandes.
Lettre n° 50, f° 39 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Thomas Le
Bastard, simple homme de labeur, filz de deffunct Pierre Le Bastart de la paroisse
2 de La Rochelle en la viconté d’Avranches, aagé de vingt a vingt-cinq ans ou environ, icelluy
Thomas chargé de femme et ung petit enfant, contenant que le dimanche vingt-quatreme
3 jour de septembre dernier passé, apres ce que ledit Thomas, suppliant, eut ouy messe en
l’esglise parroissial dudit lieu de La Rochelle, et du retour d’icelle il eut prins
4 sa refection en sa maison avecques sa mere, freres, et sadite femme, il se delibera toust
apres sadite refection prinse, par forme de passetemps, aller veoir Germain Vaing et sa
femme,
5 pere et mere de sadite femme, ce qu’il fist. Et luy arrivé en la maison desdits Vaing et
femme, trouva en icelle Geoffroy Boudeue, Gilles Lithaie et son filz, Rogier Leroy,
6 ung nommé Marmion et plusieurs autres, lesquelz estoient assis a table beuvans et
mangeans ensemble, parlans du marché que voulloit faire ledit Lithaie
7 avecques ledit Boudue d’avoir de luy une paire de souffletz servans a usaige de forge. Et
apres ce que ledit Thomas Le Bastard, suppliant, ont esté [sic] quelque espace de temps en
8 ladite maison, fut pryé par les dessusdits ou aucun d’eulx de soy soir et boyre avecques
eulx, a quoy il obtempera. Et de fait, se assist a ladite table. Et ce fait, esperant faire
9 ledit marché qui fut fait, beurent et mengerent, faisans grant chiere les ungs avecques les
autres, en maniere que ledit Thomas, suppliant, et les dessusdits, reservé ledit
10 ledit [sic] Lithaie qui s’en alla tout de jour, furent en ladite taverne jusques environ dix
heures de nuyt qu’ilz departirent les ungs d’avecques les autres et pour eulx retirer
11 chacun vers sa maison, ce que ledit suppliant et Pierre Le Bastard, son frere, faisoient. Et
ainsi qu’ilz estoient viron deux ou troys traictz d’arbaleste environ pres
12 leurdite maison, trouverent Colas Meglat19 d’icelle parroisse. Lequel en icelluy jour avoit
esté disner chez Jehan Motet de Champservon et lequel, peu avant le
13 partement des dessusdits de ladite taverne, avoit passé par la court d’icelle et avoit fait tirer
ung pot de cidre dont il et ledit Pierre Le Bastart avoient
14 beu viron une quarte ou bout du jardin estant pres la maison dudit Vaing. Et estoit lors ledit
Maillart fort chargé de boyre, ainsi qu’il sembloit a sa personne,
15 lequel Maillart s’estoit destourné de plus de deux traictz d’arc de son chenin [sic] pour
aller guecter ledit Bastard, suppliant, et sondit frere, qui ne savoient l’occasion
16 pourquoy ne a quelle fin. Touteffoys, pour ce que ledit Thomas, suppliant, de
commancement aperceut ledit Colas Maillard estant en une piece de terre appartenant
17 aux hoirs Olivier Roger, luy demanda : « Colas, que tu mis la ? Nous vient tu guecter
icy ? » A quoy fut respondu par ledit Maillard : « par le Corps-Dieu, vessire pour ce qu’il
18 t’est advis que tu es le plus fort homme du monde, je vieulx avoir une prinse a toy ! » Et
par ledit Bastard, suppliant, dit : « pourquoy ne a quel propous en veulx tu
1 a moy ? » Et par icelluy Maillard respondu [sic] : « je vieulx luyter a toy et savoir qui sera le
plus fort ». A quoy fut dit par ledit Thomas, suppliant : « je le te accorde ». Et sur ses
2 parolles, s’entreprindrent au collet pour luyter, present ledit Pierre Le Bastart qui les
regardoit faire. Et apres quelzques prinses et secousses qu’ilz donnerent les ungs aux autres,
3 icelluy Maillard, qui estoit robuste, fort et puissant homme, gecta ledit Thomas, suppliant,
sur le doz soubz luy. Et en ce faisant, poussa de sa pesanteur et de sa force sur l’estomac dudit
19
Colas Meglat devient Colas Maillart dans la suite de la lettre.
4 Le Bastard, ayant l’un de ses genoulx sur le bas de son ventre. Sur quoy il se tinst assez
longuement et plus beaucoup qui ne luy estoit permys selon l’usaige et maniere de
5 lute, en maniere que ledit Thomas Le Bastard, suppliant, qui se sentoit grevé de ladite
cheuste et oultrage que en ce faisant luy fist ledit Maillart, se despita et prinst ledit Maillart
6 aux cheveulx pour le faire uaster de dessus luy et s’esvertua pour soy oster et lever. Et ledit
Maillard par semblable saisit ledit Thomas aux cheveulx avec
7 une main et par la gorge avec l’autre, disant : « par le Sang-Dieu, villain, tu ne m’es pas trop
fort ! » Et sur ce propoux, tenoit de si court ledit Thomas, suppliant, qu’il perfoit
8 puissance et alayne. Quoy voyant ledit Pierre, present audit conflit, dist : « mes enfans,
retirez vous, ne vous entre affollez pas ! » Neantmoins laquelle remonstrance, icelluy Maillard
9 perseverant en sa fureur plus estroictement prochassa ledit Thomas. Lequel voyant sa force
n’estre sienne et que ledit Maillart le tenoit de si court, tira ung cousteau pointu qu’il avoit
10 a sa saincture, duquel il avoit de coustume tailler son pain, pour en frapper ledit Maillart
affin de luy faire lascher sa prinse et eviter le danger en quoy il estoit. Et comme il heut ha[?]
20
11 la main dextre par soubz l’esselle dudit Maillard et pour icelle frapper, se gecta ledit
Pierre, son frere, esperant les despartir, sur lequel icelluy Thomas, qui avoit la teste ployee
soubz ledit
12 Maillard, deschargea son coup, cuidant frapper ledit Maillard frappa icelluy Pierre dudit
cousteau sur le cousté d’extre. Apres lequel coup, icelluy Pierre s’escria, disant ses parolles :
13 « mon frere Thomas, tu m’as tué, tu m’as donné d’un coup de cousteau ! » Ouy laquelle
clameur et complaincte, icelluy Thomas, suppliant, qui incessamment estoit pressé et
malmené dudit
14 Maillard, fut plus fort que devant couroucé d’avoir blessé sondit frere, en desplesance de
quoy et de l’oultraige que luy faisoit continuellement ledit Maillart et affin d’esviter
15 qu’il ne l’estranglast en la place, haussa de rechef le bras et rua dudit cousteau ung seul
coup, duquel ledit Maillart fut actainct par le ventre, tellement qui fut contrainct
16 de laisser sa dannee et indeue entreprinse. Et ce fait, ledit suppliant en enmena sondit frere
ainsi blessé a sa maison. En laquelle, il appella Jehan Le Bastard, son frere, affin qu’il eust
17 a envoyer querir les barbiers ou cirurgiens pour penser et medeciner sondit frere, lequel en
depuis est retourné en convalescence. Mais il est advenu que ledit Maillard a raison
18 dudict coup qu’il ait au ventre, par faulte d’apareil, bon gouvernement ou autrement, le
lendemain dudit conflit, seroit allé de vye a trespas, ainsi que l’on dit. Et combien que ledit
suppliant
19 ait voulluntairement fait satiffaction dudit cas et que jamais en precedant n’eust eu
question, noyse ou debat avec ledit deffunct, et que en tous autres cas il est bien famé et
renommé
20 au pays sans avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou
reprouche, touteffoiz a raison dudit cas, doubtant rigueur de justice, s’est absenté du pays
auquel
21 il n’ouseroit frequenter ne resider si sur ce noz grace, misericorde, quictance, remission et
pardon ne luy estoient sur ce impartiz, nous requerant humblement sur ce provision de
22 justice. Pour quoy etc. Satiffaction faicte etc. Si donnons en mandement a notre bailly de
Costentin ou a son lieutenant, pour ce que ledit cas est advenu es fins et lymites de notredit
bailliage,
23 et a tous etc., car ainsi etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou moys de fevrier l’an de
grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huitiesme. Ainsi signé
24 par le roy a la relation du conseil, Garin, visa contentor Garin.
20
La fin de ce mot est dans la reliure.
Lettre n° 51, f° 39 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Pierre de Ternay,
jeune gentilhomme de l’aage de disept [sic] a dix-huit ans, contenant que le jeudi unzeyesme
janvier
2 mil cinq cens trente et ung, entre quatre ou cinq heures du soir, ledit Pierre de Ternay,
nagueres paige de notre escuyrie, et Damyen Rat, aussi naguieres l’un de noz paiges de la
3 nacion d’Itallye, estans en une maison appellee la maison d’Angolesme pres les Tournelles
a Paris, ou lors estoit logee notre grant escuyrie, et avec eulx ung nommé Francisque
4 Ytallien, nagueres venu dudit pays d’Itallye, ledit Fransique dist audit Damyen Rat, ainsi
que ledit de Ternay, suppliant, entendit : « pourquoy ne portez vous votre pourpoinct sans
porter le
5 manteau et saye ». Sur quoy ledit Damyen respondit qu’il avoit ung pourpoinct de satin
qu’il porteroit quant il vouldroit. Et ledit de Ternay luy respondit, non pensant le injurier mes
[sic] par esbat
6 que non feroit et qu’il failloit payer le maistre qui l’avoit fait. Et combien que ledit suppliant
ne le dist que par joyeuseté et esbat, touteffoiz ledit Damyen Rat dist
7 audit de Ternay qu’il ne conterolast point, vu que il luy donneroit sur la joue et quant et
quant [sic] il mecteroit la main a l’espee. Quoy voyant, ledit de Ternay luy dist que autreffoiz
8 avoit enduré de luy pour l’amour de son escuyer, son pere, mais que il ne endureroit plus de
luy et que s’il le frapoit, qui luy renderoit. A quoy riens ne respondit ledit Damyen, et
9 parolles cesserent. Peu de temps apres, ledit Damyen Rat appella ledit de Ternay, luy
demenda s’il vouloit aller avecques luy. A quoy luy dist que ouy, non pensant qui luy vousist
[sic]
10 mal, le suyvit, et de compaignye allerent ensemble jusques sur les foussez de la Bastille, ou
mainteffoys par esbat avoient esté ensembles, devisant lors de chevaulx du Tournay
11 et entree de Rouen. Et quant ilz furent, ledit Rat dist audit de Tournay : « vous m’avez
tantost dit que si je vous frappoys, que ne le endureriez mais que vous revancheriez. Tirons
chacun troys
12 coups d’espee et vous verrez qui en aura ! » Et en disant ses parolles, desgaynna ledit
Damyen le premier. Quoy voyant par ledit de Ternay, aussi desgaynna et ruerent plusieurs
coups
13 l’un a l’ancontre de l’autre. Et apres plusieurs coups ruez, ledit de Ternay pansant avoir
blessé ledit Rat a la main et ce cuydant retirer, luy dist : « Damyen, vous estre blessé,
14 ne ruons plus ! » Et ledit Damyen, non contant se aproucha dudit de Ternay, tenant son
espee en la main, luy disant : « je ne suis point blessé ! » Et sur ce, ledit de Ternay
15 craignant que ledit Damyen ne le oultrageast, luy dist : « recullez vous de moy avec votre
espee ! » Et ledit Damyen luy dist : « si vous estes homme de bien, vous tirerez encores troys
coups
16 d’espee », et se print a ruer ledit Damyen audit de Ternay, dont il luy donna grant coup sur
le bras. En quoy faisant, tumba ledit de Ternay sur le genoul gaulche. Et sur ce,
17 ledit Damyen se advensa contre ledit de Ternay pour luy donner sur la teste. Et ledit de
Ternay, voyant ainsi furieux venir a luy ledit Damyen, mist son espee au davant de luy,
18 tellement que ledit Damyen fut actaint aupres de l’ayne, comme il semble audit de Ternay.
Et lors dist ledit Damyen : « s’est assez, je suis blessé, menez moy cheux le barbier pour
19 me faire habiller ». Lors luy respondit ledit de Ternay que bien le voulloit et que il estoit
bien marry de quoy il estoit blessé, mais que luy mesme s’estoit blessé.
20 A quoy respondit ledit Damyen qu’il estoit vray et que il disoit a son pere que luy mesmes
s’estoit fait en tumbant sur son cousteau. Et ainsi qu’ilz chemynoient ensemble
21 allant cheux le barbier, ledit Damyen voyant que le cueur luy failloit, dist audit de Ternay :
« je ne puis aller jusques au barbier, je vous prye, allez le moy querir ». Quoy respondit
22 ledit de Ternay qu’il le vouloit bien. Et lors, le assist sur la marche d’un degré pres
l’ensaigne des troys corbillons, et dist ledit de Ternay a une merciere qui la estoit :
23 « ma mye, tenez nom compaignon, lequel est blessé, je m’en voys querir le barbier pour le
habiller ». Et en chemynant, trouva ung nommé Françoys, concierge du Petit
24 Bourbon, auquel il dist : « monsieur le concierge, voyla ung de mes compaignons qui est
blessé, je vous prye, allez querir ung barbier pour le penser. Et ledit concierge
25 luy demande [sic] ou il alloit, a quoy respondit qu’il en alloit querir ung. Et ledit concierge
dist tout a l’heure qu’il ne yroit point puisqu’il y alloit. Quoy voyant par
26 ledit de Ternay que ledit concierge ne y voulloit point aller, appella avecques luy une fille
lingiere, nommé [sic] Jehanne Coudrille, a laquelle il dist : « Jehanne, ma mye,
27 venez avecques moy querir ung barbier pour ung myen compaignon qui est blessée », ce
qu’elle fist. Et tous deux entrerent chez le barbier nommé Tristant, lequel pour
28 lors n’estoit en sa bouticque, et n’y avoit que ung jeune compaignon, auquel ledit de
Ternay dist : « allez vistement acoustrer ung myien [sic] compaignon qui est chiez ceste
merciere
29 pres des Corbillons ! » Pareillement, ledit de Ternay dist a ceste jeune fille que ce fust son
plaisir de mener ledit barbier. Et tous deux, ensemble lesdit barbier et fille partirent
30 pour aller ou estoit ledit Rat. Et alors ledit de Ternay s’en alla, qui depuis a entendu que,
par faulte de bon appareil, ledit Rat estoit allé de vie a trespas a son tres grant
31 desplaisir, nous humblement requerant que, actendu la maniere dudit cas et que en tous
autres cas il est bien famé et renommé sans jamais avoir etc., il nous plaire etc.
32 Pour quoy etc., voulans misericorde etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes
au prevost de notre hostel ou a son lieutenant, pour ce que ledit cas est advenu
33 a la suyte de notre court et entre gens suyvans icelle et de notre hostel, et a tous noz autres
justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou moys
34 de fevrier l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huitiesme. Ainsi
signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor
35 Deslandes.
Lettre n° 52, f° 40 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Symon Dusaige,
archier de noz ordonnances soubz la charge et conduicte de notre tres cher et tres amé cousin
le duc
2 de Vendosme, aagé de quarante-cinq ans ou environ, contenant que le jour et feste de Saint
Martin d’esté dernier passé, ledit suppliant se partit pour aucuns ses affaires du villaige de
Cognis, distant de la ville
3 de Soissons de une lieue, auquel villaige ledit suppliant fait sa demeure et continuelle
residance, et s’en alla audit Soissons acompaigné d’un sien paige, auquel lieu il fut par
quelque temps. Et apres
4 avoir fait partie de ses affaires, monta a cheval a quatre ou cinq heures du soir pour s’en
retourner en sa maison. Et en chevauchant droit a icelle, trouva en son chemin a l’endroict ou
assez pres de la
5 malladerye dudit Soissons ung nommé Jehan Reddy, qu’on disoit estre bastard d’un nommé
Alauce de Raddy, Espaignol ou Basque, qui estoit arresté ou milleu du chenin [sic], tenant en
ses mains une
6 hacquebucte chargee et garnye de feu, avec une espee a son cousté, acompaigné de quatre
autres hommes, l’un aussy garny d’une hacquebucte, l’autre d’une arbaleste et les deux autres
chacun
7 d’une demye picque. Lors ledit suppliant voyant le dangier en quoy il estoit, et que
bonnement il ne povoit retirer, picqua des esperons son cheval droit a eulx, et d’une javeline
qu’il a acoustume
8 porter quant il va dehors donna audit Jehan de Reddy, bastard, ung coup dont il fut actainct
au droit de l’estommac, dont il tomba par terre. Et quelque peu de temps apres, par faulte de
bon appareil,
9 gouvernement ou autrement, seroit deceddé et allé de vye a trespas. Pour raison duquel cas,
ledit suppliant doubtant rigueur de justice se seroit absent [sic] du pays ouquel ne ailleurs en
notre royaume
10 il n’oseroit bonnement converser, frequanter et demourer si noz grace, pardon et
misericorde ne luy estoient sur ce imparties, en nous humblement requerant, actendu ce que
dit est et que en tous
11 autres, il s’est tousiours par cy-devant bien conduict et gouverné, sans jamais avoir esté
convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, il nous plaire sur ce luy impartir noz
grace,
12 remission, pardon et misericorde. Pour quoy etc., voullans misericorde etc. Si donnons en
mandemant par ces mesmes presentes au bailly de Senlis ou son lieutenant, en la jurisdiction
duquel ledit cas
13 est advenu, et a tous noz autres justiciers etc., car tel est notre plaisir. Et affin etc., sauf etc.
Donné a Rouen ou moys de fevrier l’an de grace mil cinq cens trent et ung et de notre regne
14 le dix-huitme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Juvyneau, visa contentor
Juvyneau.
Lettre n° 53, f° 40 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Jehan Langlois,
jeune compaignon marié, aagé de vingt ans ou environ, natif de la parroisse de Bigort en la
viconté
2 de Montivillier au pays de Caux, contenant que le samedi [blanc] jour de ce present moys de
fevrier, ledit suppliant et Jehan Treffornel, son oncle, partirent de leur maison pour aller
3 a la maison de Jehan Le Legat, marchand houstellier demourant en la parroisse de
Reoulleville, pour louer ou bailler a ferme troys acres de terre a ung appellé Jaques Hetier,
4 laboureur, demourant en ladite parroisse. Et eulx arrivez audit logis, fisent [sic] marché et
baillerent a ferme audit Hetier lesdits troys acres de terres, et beurent le vin de marché. Et eulx
5 estans a table, survint ung nommé Pierre Grignel, a present deffunct, avec deulx de ses
freres, laboureurs, et ung nommé Pierre Messaise, lesquelz d’antree saluerent ledit suppliant
et sondit oncle, [et pareillement icelluy suppliant et sondit oncle les saluerent 21]. Et ce fait,
commencerent
6 a diviser ensemble. Et en divisant, Martin Grignel, frere dudit suppliant 22 deffunct [sic],
commença a dire : « mon frere, allons boyre en une autre chambre ». A quoy icelluy deffunct
respondit, jurant
7 par le Sang-Dieu que non feroit et qu’il boyroit la, a quoy ledit suppliant et sondit oncle
respondirent qu’ilz en estoient tres bien comptans. Et apres avoir beu et prins leur refection,
8 icelluy Pierre Grignel commença a dire tout furieusement audit suppliant : « vien ça, te
souvyent il pas que tu me diz l’autre jour dedans Sainct Saulvieur de Montivillier que tu me
9 batroye ? » A quoy ledit suppliant respondit gracieusement que s’il avoit dict lesdites
parolles, qu’il ne le vouldroit faire et seroit bien mary d’avoir noise et question audit Grignel.
Et lors
10 ledit Grignel dist de rechef audit suppliant ces parolles : « par la Vertu-Dieu, vous ne votre
oncle n’en demourerez par ainsi, car je vous trouverè aujourd’uy ou demain ! » Lors icelluy
11 suppliant commança a dire audit [blanc], a present deffunct, qu’il ne luy demendoit riens et
qu’il bevroit a luy, luy disant ses parolles : « je vous prye, n’ayons noise ne question
ensemble ! »
12 Et ce fait, ledit suppliant, sondit compaignon et autres de leur compaignye compterent leur
escod, montant la somme de troys solz tournois, et pareillement ledit Gregnel, sesdits freres et
13 Messaise compterent pareillement leur escod. Et apres avoir compté, Martin Grignel, frere
dudit deffunct, commança a dire que ledit [blanc] suppliant et ledit a present deffunct
14 payeroient l’escot. Et lors, ledit a present deffunct commença a dire, jurant et blaphemant
le non de Dieu qu’il n’en payeroit riens et que ledit suppliant et sondit oncle le payeroient.
15 A quoy ledit Jaques Hetier, qui estoit de l’escod dudit suppliant, respondit gracieusement
ces parolles : « affin que ne soye parjure, vous payerez notre escod et nous payeront le
votre ». A quoy
16 fut replicqué par ledit deffunct qu’il n’en payeroit riens et qu’il en payast qu’il vouldroit.
Et ce fait, ledit suppliant et Jacques Hetier se leverent de table et s’en allerent pour
17 obvyer a noise hors ladite maison, et laissa ledit suppliant sondit oncle a table. Auquel ledit
a present deffunct s’adressa, luy disant qu’il failloit qu’il payast leur escot. Lors ledit
18 Treffornel, oncle dudit suppliant, sortit hors de la maison et vint dire audit suppliant que
ledit a present deffunct avoit juré le nom de Dieu que ledit suppliant et sondit oncle payeroit
l’escod et
21
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
Il faut lire Pierre Grignel. Visiblement, le scribe se mêle entre le suppliant et la victime, comme en témoigne
l’utilisation de « ledit a present deffunt », laquelle expression ne mentionne aucun nom ou prénom.
22
19 qu’il n’en payeroit riens. Et alors, ledit Jacques commença a dire que non feroient et qu’ilz
ne payeroient que leur escod. Et ce fait, retourna en ladite chambre. Et en entrent
20 en icelle, l’un des freres, a present deffunct, rua audit Jaques ung godet de terre, et apres
avoir rué ledit Godet, lesdits a present deffunt et sesdits freres prindrent ledit Jacques
21 par les cheveux, le gecterent par terre et luy donna icelluy a present deffunct ung coup sur
la main gaulche, duquel il fut blessé jusques a effusion de sang. Et apres avoir esté
22 ainsi blessé, se retira par devers ledit suppliant et sondit oncle, leur disant qu’il estoit
blessé, print une beche et retourna contre ledit a present deffunct et sesdits freres, et rua
quelques coups
23 de ladite beche sur eulx, et pareillement ledit a present deffunct et sesdits freres ruerent
aussi quelzques coups sur ledit Jaques. Et en ces entrefaictes, icelluy a present deffunct,
acompaigné de l’un de sesdits
24 freres, sortirent a l’huys de ladite taverne pour guecter et oultrager lesdits suppliant et
sondit oncle. Et quant ilz furent a l’huys, trouverent ledit Treffournel, oncle dudit suppliant, le
25 prindrent au corps, et desgaynna ledit a present deffunct une courte dague, de laquelle il
rua troys ou quatre coups. Et au conflict, commença a crier ledit oncle dudit suppliant,
26 disant : « Saincte Babe, je suis mort ! » A quel cri, icelluy suppliant acourut, et luy arrivé
desgaynna son espee, dist audit a present deffunct qu’il laissast sondit oncle, ce qu’il ne
voulut faire, ains
27 persevera a son mauvais voulloir. Au moien de quoy, icelluy suppliant rua de chaulde colle
de sadite espee ung coup sur la teste dudit a present deffunct, luy disant de rechef : « lachez
mon oncle ! »
28 ce qu’il ne voulut faire. Quoy voyant ledit suppliant, meu d’amour qu’il avoit a sondit
oncle, rua audit present deffunct [sic] ung autre coup d’estoc, duquel par cas fortuit il fut
actaint au travers
29 du ventre. Et tantost apres, par faulte de prompt appareil, bon gouvernement ou autrement,
il seroit allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, doubtant ledit suppliant rigueur
30 de justice, se seroit absenté du pays auquel ne ailleurs en notre royaume il n’oseroit jamais
bonnement ne seurement frequanter, reperrer ne demeurer si noz grace, pardon et
31 misericorde ne luy estoient sur ce imparties, en nous humblement requerant que, actendu la
maniere dudit cas advenu, aussi que en tous autres cas icelluy suppliant s’est tousiours
32 honnestement porté, conduict et gouverné sans jamais avoir esté actainct ne convaincu
d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, nous luy voullons sur ce impartir nosdits
grace,
33 pardon et misericorde. Pour quoy etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au
bailly de Caulx ou a son lieutenant audit Montivillier, povoir, ressort et jurisdiction duquel
ledit
34 cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou
moys de fevrier l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre
35 regne le dix-huitiesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, de Lamalladiere, visa
contentor Deslandes.
Lettre n° 54, f° 40 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Françoys Le Roy,
escuyer, licencié en loix, contenant que puis naguieres il auroit fiancé une jeune damoiselle
2 ysseue et bien apparentee de bons et notables parens, ce que aucuns des parens dudit
suppliant n’auroient eu agreable, et mesmement Jacques Le Roy, son frere ainsné, esperant
icelluy
3 sondit frere ainsné que ledit suppliant se proveust a l’eglise et que sa part hereditaire en fust
faicte plus ample. Et pour raison de ce, auroit ledit Jaques consceu iniustement hayne
4 mortelle a l’ancontre dudit suppliant, son frere, ce seroit allié de ses ennemys et de ceulx qui
avoient fait des plaisir en leur maison, se declairant que si rencontroit ledict
5 suppliant au despourveu, il n’evaderoit jamais qu’il ne morust. Et pour mectre son mauvays
voulloir a excecution, auroit guecté et insidié plusieurs et diverses
6 foys ledit suppliant jusques pres sa maison, qui est au lieu des Fretay, acompaigné d’un sien
servicteur, garniz de deux arbalestes bandees et autres bastons invasibles,
7 usans de grandes et ainsteres menasses a l’encontre dudit suppliant, qui se donnoit garde le
plus qu’il povoit de soy trouver devant sondit frere ainsné. Lequel a ung certain jour
8 rencontra ledit suppliant, estant en une bonne grosse compaignye. Lequel Jaques Le Roy,
qui estoit homme temerayre, en jurant et blaphemant le nom de Dieu, dist qu’il n’en
1 voulloit que a ung de la compaignye, entendent dudit suppliant, son frere, et qu’il le
reverroit de brief et qu’il ne se actendist de jamais mourir d’autre mort que par ces mains. Et
2 apres plusieurs guectemens et insidiatx, adverty que ledit Jaques Le Roy, du jour que se
devoit faire la celebacion [sic] des nopces et consommation du mariage dudit suppliant et de
sa fiansee,
3 qui estoit audit lieu du Fretay le vingt-quatreme jour de janvier derrenier passé, se partit de sa
maison acompaigné d’un sien servicteur, garny d’une arbaleste bandee, espee et autres
4 bastons invasibles, deliberé par son oultraige d’ampescher insolentement ledit mariage. Et si
toust qu’il fut arrivé, de prime face, par grant oultrage, rompit les fenestres
5 de la maison dudit lieu, dont il emporta les verrieres en l’absence dudit suppliant, puis entra
en ladite maison. Lequel suppliant ne se voulut adresser de parolles a sondit frere,
6 ains demanda tout paisiblement aux assistans qui estoit celluy qui luy avoit fait ledit
oultraige. Lequel Jaques Le Roy, fort chauldement, dist qu’il ne s’en failloit point
7 enquerré et que ce avoit esté luy et qu’il feroit bien d’autres cas devant qui partit dudit lieu,
usant de grant et orribles juremens, cherchant toutes occasions qu’il
8 povoit pour troubler ladite feste, prandre querelle et surprandre ledit suppliant. Lequel
suppliant s’en sortit de ladite maison en la court d’icelle, estant en laquelle court
9 ou devant icelle, ledit Jaques Le Roy tenant son espee nue en la main le vint assaillir et luy
rua plusieurs coups, tant sur les bratz au cousté destre que ailleurs. Quoy
10 voyant, ledit suppliant desgaynna l’espee qu’il portoit et pour obvier a la fureur et grande
malice de sondit frere se cuyda retirer et evader, ce qu’il ne peult fayre tant
11 le poursuyvoit sondit frere chauldement et aigrement. Par quoy fut contrainct ledit
suppliant soy mectre en son devoir de soy deffendre, et tellement que apres plusieurs
12 coups par luy soustenuz et destournez, advint qu’il ataingnit sondit frere d’un coup dedens
le corps, dont bien toust apres il alla de vye a trespas au tres grant regret,
13 ennuy et desplaysir dudit suppliant. Lequel doubtent rigueur de justice s’est absenté, nous
humblement requerant que, actendu que ledit cas est advenu en son
14 corps deffendant par l’agression vehemente et oultraige de sondit frere, que en tous autres
cas il est bien famé et renomné sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun
15 autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous playre luy impartir noz grace et misericorde.
Pour quoy etc., voulans misericorde etc., audit suppliant avons remys [etc.]
16 avec etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au bailly d’Orleans ou a son
lieutenant a son siege d’Youville, ou bailliage et ressort duquel ledit cas est advenu, et a
17 tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou moys de fevrier l’an
de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huitme. Ainsi
18 signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 55, f° 42 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication des parens et amys
charnelz de Jaques Le Cesne, chevallier, cappitaine de notre chastel et tour forte
2 de Verneul, aagé de quarente-sept ans ou environ, prisonnier es prisons de la tour grise de
Verneuilh, contenant que le jour monseigneur Saint Vincent dernier, ung nommé
3 Anthoine Duhamel dit Dicharon, a present deffunt, acompaigné de Ricart de Fourneaulx,
son beau-frere, Matry de Megny, Yvon Le Roux et ung surnommé Regnard, servicteur dudit
Fourneaulx,
4 et autres gens de guerre, saisiz de bastons, hacquebutes, espees et autres bastons invasibles
portant feu, seroient venuz en notredite ville de Verneul, en laquelle estoit pour lors
5 demourant et faisant sa residance ledit Le Sesne, cappitaine. Lesquelz advertiz que ledit
Cesne estoit au lieu de Saint Martin du Viel Verneul, ou il vacquoit a faire faire
1 quelques informacions a l’ancontre desdits deffunt, Fourneaulx et autres pour raison de ce
qu’il [sic], a force et viollence et par forme de depopulacion en l’absence dudit Le Cesne, ilz
avoient ou l’ung d’eulx
2 a la saison d’aoust derrenier passé pris, ravy et emporté grand quantité de nombre de bled et
de foing audit Le Cesne appartenant, et avoit ledit de Fourniaulx fait plusieurs exces et
3 viollences au fermier dudit Le Cesne, demourant sur son fief du Boys Rueil, et au moyen de
ce, auroient lesdits Fourneaulx et deffunt conspiré innimytié cappitale contre ledit Le Cesne,
4 luy avoient eulx ou l’un d’eulx fait dire et porter parolles quelque peu de temps auparavant
qu’ilz estoient ennemys cappitaulx d’icelluy Le Cesne et que s’ilz se rencontroient,
5 se vengeroient de luy ou le turoient, disant oultre au messaiger que ou il deffailleroit
adenoncer les choses dessusdites audit Le Cesne, que a luy mesmes feroient oultrage. Et non
6 contant de ce, en pensant trouver ledit Le Cesne a leur avantaige, se seroient transportez
audit lieu de Verneul le jour et feste dessusdit. Auquel lieu, ilz auroient reiteré que ilz turoient
7 ledit Le Cesne ou luy donneroient le chocq. Et lequel Le Cesne, revenant dudit lieu Saint
Martin lez ladite ville de Verneul, acompaigné de Jehan Bellis, ung surnommé Marie dict
Sault Julien,
8 ses servicteurs, auroit esté rencontré par lesdits Fourneaulx, deffunt, montez sur leurs
chevaulx, et leurs alliez et complices pres le lieu et porte vulgairement appellé la porte de
France.
9 Et illec, eulx ou l’ung d’eulx, par arrogance, contumeliosité et injure, auroient dict audit Le
Cesne ou ses servicteurs, blaphemant le nom de Dieu, qui les avoient menassez mais
10 qu’ilz auroient d’eulx ou de leur maistre la raison et luy feroit faire le collet rouge.
Ausquelles parolles ou parolles semblables en effect et fubstance [sic] auroit esté
gracyeusement
11 respondu par ledit Le Cesne qui ne les avoit menassez ne ne voulloit menasser et que ne
voulloit aucune querelle a eulx et qu’ilz ne devoient pas croyre ny prester l’oreille a aucune
12 personne, ses mal vueillans, qui en vouldroient faire quelque mauvays rapport. Sur
lesquelles parolles, lesdits deffunt et de Fourneaulx avec leur compaignye, estant le ung
13 de cheval, se despartirent d’illec. Et apres qu’ilz furent despartis et sallis [sic] hors ladite
ville par ladite porte de France, et distant ja a ung gect de pierre dudit Le Cesne, venant
14 et approchant de son logis de ladite tour avec ses servicteurs, lesdits deffunt et complices
se seroient de rechef retourné vers icelluy Le Cesne, qui tousiours se retiroit vers sa maison.
15 Lesquelz deffunt et Fourneaulx ou l’un d’eux, renonçans et blaphemans le nom de Dieu,
disoient : « retournons apres ledit Le Cesne luy donner une allerme ou assault ! » et se
seroient
16 a luy adressez. Et descendens de leurs chevaulx et mis sur piedz, auroient eulx ou l’un
d’eulx reiteré plusieurs injures et parolles de rigueur audit Le Cesne et qu’il faisoit faire
enqueste
17 contre eulx et qu’il les avoit guectez ou fait guester pour leur faire desplaisir. A quoy fut
respondu par ledit Le Cesne, ses servicteurs ou l’ung d’eulx, que a la verité il faisoit faire
18 information, ainsi qu’il estoit conseillé par la voye de justice de ses blez qui luy avoient
esté raviz, comme dit est, par ledit Fourneaulx et autres, mais que de l’avoir guecté ou fait
19 guester, que ce n’avoit jamais faict. Et lors, ledit Fourneaulx deist audit Le Cesne,
blaphemant le nom de Dieu : « La Gadeliere, si vous m’avez quelque chose a dire, dictes le
moy
20 vous mesmes et ne le mandez point ! » Quoy voyant la damoiselle femne dudit Le Cesne,
qui lors estoit devant la porte de sadite maison et tour, aprocha d’eulx et deist
21 audit deffunct, qui avoit la main a l’espee, qu’il n’eust a faire aucune noise par entre eulx
et que la maison de son pere et celle de son mary avoient tousiours esté bons amys
22 et alliez, cuidant par elle apaiser la fureur dudit deffunct et Fourneaulx, et feist quelque peu
reculler icelluy deffunct, de peur qu’il ne oultrageast son mary.
23 Et lesdits [sic] Fourneaulx, percistant et continuant les parolles predictes, deist audit Sainct
Jullien, l’un des servicteurs dudit Le Cesne : « tu m’as guesté ou fait guester ! » Lequel Saint
24 Jullien deist et feist responce audit Fourneaulx qu’il n’en avoit riens fait. Et lors, ledit Le
Cesne deist : « c’est assez Fourneaulx ! Vous deveriez estre contant et puisqu’il
25 s’en dement ! » Et peult estre que ledit Saint Jullien, importuné, peult avoit dit audit
Fourneaulx : « il n’est pas vray, honneur garde » ou qu’il avoit menty. Et a l’instant, lesdits
Fourneaulx,
26 Maigny, Regnard et autres leurs complices et alliez tirerent leurs espees hors du fourreau.
Et de fait, ruerent eulx ou l’ung d’eulx a la complicté, force et adherence l’un
27 de l’autre plusieurs coups sur lesdits Le Cesnes, servicteurs, eulx ou l’un deulx, jusques a
effusion de sang. Lesquelz servicteurs desgaynnerent et ruerent quelzques
28 coups. Et ledit Le Cesne, voyant le peril emynant en quoy il estoit mis et qu’il n’avoit
puissance de evader leur fureur, sinon en soy deffandant, et aussi que ledit deffunt
29 avoit la main a l’espee, prest d’icelle tirer, ledit Le Cesne tira son espee et rua ung coup,
dont donna ung coup sur la teste dudit deffunt, qui incontinant ou tost apres
30 seroit allé de vie a trespas. Et oudit conflit, ung nommé Phelippot Boucquet, aussi
servicteur dudit Le Cesne, qui estoit sorty de ladite tour, auroit rué ung coup de pierre
31 contre lesdits deffunct et Fourneaulx, lesquelz deffunct et Fourneaulx estoient gens
quereleux et nouasiz. Et quelque temps auparavant, ledit deffunt auroit commis
32 et perpetré ung homicide, et aussi ung des aventuriers frequentans avec ledit Fourneaulx,
commectans exces, crimes et delictz, auroit pour ses demerites executé
33 a mort par justice, pendu et estranglé a la porte dudit de Fourneaulx. Et seroit avenu que
ledit Le Cesne, doubtant et craignant la commocion populaire dudit Verneuil,
34 qui tost apres se esmeust en grant scandalle avec les parens et amiz desdits deffunt et
Fourneaulx, aussi que maistre Guillaume Diacre, lieutenant particulier du
35 bailly d’Alençon audit Verneul, luy estoit suspect, se seroit retiré en notredite tour pour
estre en seureté, de peur qu’il feust invadé et occis par ledit peuple
36 et parens desdits de Fourneaulx et deffunt, estans armez et embastonnez merveilleusement
contre luy esmeuz. A laquelle, sans et contre notre autorité et permission,
37 il auroit esté par maniere d’hostillité assailly par grant nombre de personnes et de gens de
guerre, eulx disans tenir le party dudit du Hamel, lesquelz avoient
38 prins les municions et grosse artillerye de notredite ville de Verneul, et icelle artillerye
afustee et approchee de notredite tour et fortresse, sans notre
39 voulloir et permission. Et en tout desordre et degast, auroient pillé, ravy, prins et emporté
tous les biens meubles, linges, estancilles dudit Le Cesne
40 habandonnant tout au pillage comne a une fource publicque. Et a l’entour d’icelle tour,
auroient plusieurs foys tiré, rompu et demoly les huys.
41 Auroient lesdites personnes belliqueusement et a ports d’armes assailly ledit Le Cesne,
sesdits servicteurs et autres pouvres fermiers dudit Le Cesne, qui ledit
42 jour estoient arrivez de son lieu, et tellement qu’ilz en auroient frappé et actainct d’un coup
Thevot Bellanger, servicteur dudit Le Cesne de leursdites
43 hacquebutes, s’eforçans mectre le feu et du tout abatre et demolir notredite tour. Et de
ladite tour, auroient esté ruez quelzques coups
44 de pierre, trectz et autres choses pour leur deffence. Et d’un coup d’une petite hacquebute
tiré a coup perdu par ledit Le Cesne, fut actainct ung nommé
45 Poulun dit Boysrobert, qui a l’occasion dudit coup, par faulte de bon appareil,
gouvernement ou autrement, seroit decedé. Et combien que ledit
46 Le Cesne tint fort dedans ladite tour, ce n’estoit pour desobeyr a justice mais pour resister
a la force et violance des parens et amys dudit
47 dudit [sic] deffunct, lesquelz ainsi qu’il estoit a doubter l’eussent tué et mys a mort sans
actendre justice, ce qu’il n’eust esté raisonnable, actendu qu’il avoit
48 commis ledit meurtre en sa deffance. Et quant au regard de la deffence qu’il avoit prins
dedans ladite tour, en laquelle s’estoit aidé de quelque petite hacquebute
49 qui estoit en ladite tour, estoit pour inthimider ladite court estoient contre luy en l’assault
de ladite tour et affin de eulx retirer, pour [ce] qu’ilz n’avoient plus
50 de vivres. Et incontinant que ledit Le Cesne veid et apperçut le bailly d’Allançon, se rendit
prisonnier entre ses mains. Et pour ledit cas, est
51 miserablement detenu esdites prisons et en danger de finyr ses jours si noz grace,
remission et pardon ne luy estoient sur ce imparties, en nous humblement requerant
52 que, actendu ce que dit est et que les dessusdits ont esté agresseurs par la maniere que
dessus et que en tous autres cas il est bien famé et renommé,
53 conduit et gouverné sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas,
blasme ou reproche digne de reprehention, il nous
54 plaise luy impartyr sur ce nosdits grace, pardon, remission et misericorde. Pour quoy etc.,
voulans misericorde etc., audit suppliant avons
1 remis etc. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes au bailly d’Evreux ou a son
lieutenant, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc.
2 Donné a Rouen ou moys de fevrier l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre
regne le dix-huitiesme. Ainsi signé par le roy a la relacion du conseil,
3 Barrillon, visa contentor Barrillon.
Lettre n° 56, f° 43 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avons [sic] receu l’umble supplicacion de Loys
d’Ossouvillier, l’un des gentilzhommes de notre chambre, aagé de vingt ans
2 environ, et Françoys d’Ossouvillier, son frere, aagé de dix-huit a dix-neuf ans, enfans du feu
sieur d’Ossouvillier, en son vivant notre conseiller et chambellan ordinaire,
3 contenant que apres le trespas de leurdit feu pere ilz sont demourez et sont encores en la
garde de notre chere et bien amee Marie de La Bergemeul, leur mere,
4 laquelle a nourry en sa maison l’espace de quatre ou cinq ans Françoyse de La Haye et
traicter comme sa prochaine parente, aydé a la marier avec Phelippe
5 de Martauville, en son vivant homme d’armes de noz ordonnances, et leur donna et distribua
de ses biens selon sa possobilité [sic]. Depuis ladite dame
6 d’Ossouvillier, mere desdits supplians, tint sur les fons et baptesme ung enfant dudit de
Martauville et de sadite femme, leur fist plusieurs biens et gratuitez,
7 sans ce que jamais par ladite dame ne sesdits enfans eust esté meffait ne mesdit audit de
Martauville ne autres. Et neantmoins, ainsi que ung faulconnyer, servicteur
8 dudit Loys, filz aisné de ladite dame, avec ses oyseaulx faisoit voller une perdrix qui avoit
esté levee sur la terre du sieur Mytrys qui estoit present, et l’un de ses freres,
9 chanoine d’Avranches, laquelle perdrix et lesdits oyseaulx s’estoient agectez en ung jardin
de pommiers appartenant audit de Martauville ou ledit faulconnyer
10 poursuyvit ses oyseaulx. Et apres qu’il les eut reprins et qu’il avoit ja prins son chemyn, et
s’en retournoit ledit faulconnyer, qui estoit homme doulx et paiseble [sic],
11 non portant aucun baston, et que jamais n’avoit eu question ne desbat a personne
quelconque, ledit de Martauville se print a le appeler et hucher pour ce qu’il estoit
12 ja assez loing. Lequel faulconnyer nommé Fouquet Lailler dict Regnard, qui est aagé de
quarante ans ou environ, si tost qu’il oyt le huchement ou cry
13 dudit de Martauville s’en vint pardevers luy, esperant ainsi qu’il est a presumer qui le
huchast et appellast pour bien et pour la congnoissance
14 qu’ilz avoient ensemble. Mais si tost qu’il fut arryvé audit de Martauville, icelluy de
Martauville, d’un faulcart qui est ung baston de boys auquel
15 est une serpe ou serpillon, oultrageusement et sans cause, raison ne occasion, donna dudit
baston ung grant coup sur la teste dudit faulconnyer, dont
16 il la luy fendit d’une grant playe et a grant effusion de sang. Lequel faulconnyer soy
sentant blessé et voyant qu’il estoit assez loing d’autres
17 maisons que de celle dudit Martauville, luy dist qu’il l’avoit fort blessé, luy priant qu’il luy
fist donner ung œuf pour soy faire penser, ce que
18 ne voullut faire ledit de Martauville, luy disant qu’il s’en allast faire penser a ceulx qui
l’avoient la envoyé voller les perdrix, et fut ledit
19 fauconnyer en grant peril et danger de mort pour ladite blessure. Dont lesdits supplians qui
estoient hors de leur maison, c’est assavoir ledit Loys en notre
20 chambre et ledit Françoys et son frere au service de notre tres chere et tres amee seur
unique la royne de Navarre, et quant ilz seurent ledit cas, [furent] tres couroussez
21 et desplaisans, et mesmement qu’ilz pensoient et estimoient que ledit de Martauville fust
de bons amys de leurdire mere, d’eulx et de leur
22 maison. Et le dix-septme jour de novembre dernier passé, ainsi que lesdits supplians s’en
alloient en la terre et seigneurie de Plauville appartenant a ladite
23 dame et supplians pour recepvoir par ledit Françoys, suppliant, quelque argent que sadite
mere luy avoit assigné sur le fermier de sadite terre, menans
24 avecques eulx leurs chiens et vallet audit lieu de Plauville, et oiseaulx, portans leurs espees
sans autres bastons ne qu’ilz pensassent audit Martauville
25 ne aultre, ayans seullement avec eulx chacun ung servicteur et leurdit fauconnyer, et pour
ce que ledit cheval dudit Loys d’Ossouvillier s’estoit defferré,
26 se descendirent au lieu de Saint Pierre sur Disne, et mirent leurs chevaulx en l’hostel et
hostelllerye ou pend pour enseigne l’ymage Notre Dame, espoirans
27 desiuner. Ce pendant que l’on ferroit ledit cheval et eulx estans audit hostel, arryva ledit de
Martauville en ung autre hostel et hostellerye ou pend
28 pour enseigne le daulphin, assez loing dudit hostel ou pend pour enseigne l’ymage Notre
Dame. Et comme l’on dit, il estoit la venu pour noz
29 plaiz qui estoit ledit jour. Pardevers lequel de Martauville, se transporterent lesdits
supplians, qui ne l’avoient veu ne parlé a luy depuis qu’ilz
30 estoient arrivez, et les suyverent ledit fauconnyer et ung servicteur de ladite mere, qui la
estoit allé pour acheter du poisson pour la provision de l’hostel de leurdite mere
31 pour ce qu’il estoit jour de vendredi, et leurs deux servicteurs vindrent apres eulx. Et en
entrant par lesdits supplians en une estable en laquelle estoit
32 ledit Martauville, ledit Loys, suppliant, ayant la main sur son espee luy dist par telz motz
comme il luy semble : « seigneur de Boyssay ou Martauville, ne sçait
33 lequel, vous m’avez fait ung lache tour ! » A quoy ledit Martauville ne fist aucune excuse.
Mais tout en ung estant, desgaynnerent leurs espees et
34 ruerent les ungs sur les autres plusieurs coups tant d’estoc que de taille, estant ledit de
Martauville couvert d’un collet de buffle, en quel debat fut
35 blessé ledit de Martauville de cinq ou six coups, et entre autres par ledit Loys, suppliant,
d’un coup de taille sur la teste. Et sur ce, survindrent plusieurs
36 gentilzhommes et autres qui les separerent. Et aussi se trouverent blecez le varlet dudit
Martauville, ledit fauconnyer et ung autre servicteur de ladite dame
37 d’Aussouvillier. De laquelle blesseure dudit de Martauville il fut pencé et habillé, se
confessa et fit son testament. Et ledit jour mesme, la
38 femme dudit Martauville luy fit descouvrir l’appareil qu’il avoit sur la teste, contre
l’opinion du cirurgien qui l’avoit apareillé. Et peu de temps
39 apres, alla de vye a trespas. Pour occasion duquel cas, lesdit supplians, doubtans rigueur de
justice, se sont absentez hors du pays, nous humblement
40 requerant, actendu leur jeunesse et que en tous autres cas ilz sont bien famez et renommez
sans jamais avoir esté actaincts ne convaincuz d’aucun autre villain cas,
41 blasme ou reproche, il nous plaise leur impartir noz grace et misericorde. Pour quoy etc.,
voullans misericorde etc., avons remis etc. Si donnons
42 en mandement par ces mesmes presentes au bailly de Caen ou a son lieutenant, au bailliage
duquel etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a la Fere
43 sur Oyse ou moys de novembre l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne
le dix-septme. Ainsi signé par le roi, le sieur
44 de Veretz, gouverneur, prevost et bailly de Paris, present Breton, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 57, f° 43 r°
Même affaire que la lettre n° 55.
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion des parens et amys
de Jehan Beliz, servicteur domesticque de Jaques
2 Le Cesne, chevalier, cappitaine de notre chastel et tour forte de Vernueil et sieur de La
Gadeliere, aagé de vingt-six ans, de Thevot Bouquet, de vingt-cinq et
3 Phelippot Bellenger, charpentier et manouvrier, demourant en la parroisse de La Gadeliere,
aussi aagé de quarente-sept ans ou environ, contenant
4 que le jour monseigneur Saint Vincent dernier, ung nommé Anthoine Duhamel dit Henon, a
present deffunt, acompaigné de Richart de Fourneaulx, son
5 beau-frere, Mathry de Meigny, Yvon Le Roux et ung surnommé Regnard, servicteur dudit
Fournyaulx et autres gens de guerre, saisiz de bastons,
6 haquebuctes, espees et autres bastons invasibles portant feu, seroient venuz en notre ville de
Vernueil, en laquelle estoit pour lors
7 demourant ou faisant sa residance ledit Le Cesne, cappitaine. Lesquelz advertiz que ledit Le
Cesne estoit au lieu de Saint Martin du Veil
8 Vernueil ou il vacquoit a faire faire quelzques informacions a l’encontre desdits Deffunt,
Fourneaulx et autres, pour raison de ce que a force et violance
1 et par forme de depopulation en absence dudit Le Cesne, ilz auroient eulx ou l’un d’eulx a la
saison derreniere passee prins, ravy et emporté grant quantitez de blez et de foing audit Le
Cesne
2 appartenant, et avoit fait ledit Fournyaulx plusieurs exces et viollences au fermier dudit Le
Cesne demourant sur son fief du Boys de Rueil. Et au moyen de ce, auroient lesdits
Fournyaulx
3 et deffunct conspiré inymitié cappable contre ledit Le Cesne, luy avoient eulx ou l’ung
d’eulx fait dire et porter parolles quelque peu de temps auparavant qu’ilz
4 estoient ennemys cappitaulx d’icelluy Le Cesne et que s’ilz se rencontroient, se vengeroient
de luy ou le turoient, disant oultre au messaiger que ou il deffailleroit
5 adenoncer les choses dessusdites audit Le Cesne, que a luy mesme feroient oultrage. Et non
contans de ce, pensant trouver ledit Le Cesne a leur advantaige, se seroient transportez audit
6 lieu de Vernueil le jour et feste dessusdit, auquel lieu ilz auroient reiteré que ilz tueroient
ledit Le Cesne ou luy donneroient le choc. Et lequel Le Cesne, revenant de
7 Saint Martin Lez ladite ville de Vernueil, acompaigné dudit Jehan Beliz, ung surnommé
Marie dit Saint Jullien, ses servicteurs, auroit esté rencontré par lesdits Fournyaulx et
deffunct,
8 montez sur leurs chevaulx, et leurs alliez et complices pres le lieu et porte [blanc],
vulgairement appellé le porte de France. Et illec, eulx ou l’un d’eulx, par
9 arrogance, continueliozité et iniure, auroient dit audit Le Cesne ou sesdits servicteurs,
blaphemans le nom de Dieu, qu’ilz les avoient menassez mais qu’ilz auroient
10 d’eulx ou de leur maistre la raison et luy feroient faire le collet rouge. Ausquelles parolles
ou autres semblables en effect ou substance, auroit esté tout gracieusement
11 respondu par ledit Le Cesne que ne les avoit menassez ne ne voulloit menasser et qu’il ne
vouloit aucune querelle a eulx et qu’ilz ne debvoient pas croire ne prester l’oreille
12 a aucunes personnes, ses mlalveillans, qui en vouldroient faire quelque mauvais rapport.
Sur lesquelles parolles, lesdits deffunct et Fournyaulx avec leur compaignye
13 se despartirent d’illec, estans les ungs a cheval. Et apres qu’ilz furent despartiz et sailliz
hors ladite ville par ladite porte de France et distant d’environ ung get de pierre
14 dudit Le Cesne, qui se retiroit en son logis de ladite tour avecques sesdits serviteurs, lesdits
deffunct et complices se seroient de rechef retournez vers icelluy Le Cesne en disant
15 par ledit deffunct et Fournyaulx ou l’un d’eulx, renonçans et blaphemans le nom de Dieu :
« retournons apres ledit Le Cesne luy donner ung allerme ou assault ! » Et
16 eulx arrivez pres ledit Le Cesne, seroient descenduz de leurs chevaulx, eulx adressans de
rechief audit Cesne, eulx ou l’un d’eulx, reiterans plusieurs iniures
17 et parolles arrogantes audit Le Cesne, en luy disant et reiterant qu’il faisoit faire enqueste
contre eulx et qu’il les avoit fait guestez ou fait guester pour leur faire
18 desplaisir. A quoy fut respondu par ledit Le Cesne, sesdits servicteurs ou l’un d’eulx, que a
la verité il faisoit faire information ainsi qu’il estoit conseillé par la voye de
19 justice de ses blez qui luy avoient esté raviz, comme dit est, par ledit Fournyaulx et autres,
mais que de l’avoir guesté ny fait guester ce n’avoit jamais fait. Et
20 lors, ledit Fournyaulx deist audit Le Cesne, blaphemant le nom de Dieu : « La Gadeliere, si
vous n’avez quelque chose a me dire, dictes le moy vous mesme et ne me
21 le mandez point ! » Quoy voyant la damoiselle femme dudit Le Cesne, qui lors estoit
devant sa maison et tour, aprocha d’eulx et deist audit deffunct, qui avoit la main
22 a l’espee, qu’il n’eust a faire aucune noyse par entre eulx et que la maison de son pere et
celle de son mary avoient tousiours esté bons amys et alliez, cuidant par
23 elle apaiser la fureur dudit deffunt et Fournyaulx, feist quelque peu reculler icelluy
deffunct de peur qu’il ne oultragast sondit mary. Et ledit Fournyaulx persistant
24 et continuant les parolles predictes deist audit Sainct Jullien, l’un des servicteurs dudit Le
Cesne : « tu m’as guesté ou fait guester ! » Lequel Sainct Jullien feist responce audit
25 Fournyaulx qu’il n’en avoit riens fait. Et lors, ledit Cesne deist : « s’est assez ! Fournyaulx,
vous deveriez estre contant et puisqu’il se dement ! » Et peult estre que ledit
26 Saint Jullien importuné peult avoit dict audit Fournyaulx : « il n’est pas vray honneur
garde » et qu’il avoit menty. Et a l’instant, lesdits Fournyaulx, Meigny,
27 Regnard et autres leurs complices et alliez tirerent leurs espees hors du fourreau et de fait,
ruerent ou l’un d’eulx a la complicité, force et adherence
28 l’un de l’autre plusieurs coups sur lesdits Le Cesne, servicteurs ou l’un d’eulx, jusques a
effusion de sang. Lesquelz servicteurs Beliz et Saint Jullien desgaignerent
29 et ruerent quelzques coups. Et ledit Le Cesne, voyant le peril eminent en quoy il estoit mys
et qu’il n’avoit puissance de evader leur fureur sinon en soy deffendant,
30 et aussi que ledit deffunct qui avoit autreffoiz commis homicide avoit la main a l’espee,
prest d’icelle tirer, ledit Le Cesne tyra son espee et rua ung coup
31 dont actaingnit sur la teste dudit deffunct, qui incontinant ou toust apres seroit allé de vye a
trespas. Et oudit conflict, Thevot Boucquet, qui estoit
32 sorty de ladite tour, auroit rué ung coup de pierre contre lesdits Fournyaulx et deffunct,
lesquelz deffunct et Fournyaulx estoient gens querelleux
33 et noysiz. Et quelque temps auparavant, ung des adventuriers frequentant avecques ledit
Fournyaulx, commectant homicide, crimes et delictz,
34 auroit pour ses demerites esté excecuté a mort par justice, pendu et estranglé aupres de la
porte et maison dudit de Fournyaulx. Et seroit advenu
35 que ledit Le Cesne, doubtant et craingnant la commotion popullaire dudit Vernueil, qui tost
apres se esmeut en grant scandalle avecques les parens
36 et alliez desdits deffunct et Fournyaulx, aussi que maistre Guillaume Diacre, lieutenant
particullier du bailly d’Allençon audit Vernueil, luy estoit suspect,
37 se seroit retiré en notredite tour pour estre en seureté, de peur qu’il ne feust invadé et occis
par ledit peuple et parens desdits Fournyaulx et deffunct, estans
38 arrivez et embastonnez marvilleusement contre luy. Et en icelle tour seroit demouré
avecques eulx ledit Phelippot Bellanger, qui y avoit mené du boys
39 pour ledit Le Cesne sans y avoir aucunement precogité. A laquelle tour, sans notre
auctorité et permission, ilz auroient esté par maniere d’hostellité assailliz
40 par grant nombre de personnes et gens de guerre, eulx disant tenir le party dudit deffunct,
lesquelz avoient prins les munucions [sic] et grosse artillerye
41 de notredite ville de Vernueil et icelle artillerye affustee et aprouchee de notredite tour,
all’encontre de laquelle ilz auroient par plusieurs foiz tyré, rompu et
42 desmolly les huys. Auroient lesdites personnes bellicqueusement et a port d’armes assailly
ledit Le Cesne, sesdits servicteurs, ledit Bellanger, Boucquet et autres que
43 ledit jour estoient arrivez, tellement qu’ilz en auroient actainct d’un coup de traict
d’arbaleste ledit Phelippot Bellanger, manouvrier, de leursdites hacquebutes,
44 s’efforsant mecte le feu et du tout abatre et desmollir notredite tour et forteresse sans notre
voulloir et permission. Et en tout desordre et degast auroient
45 pillé, prins, ravy et emporté tous les biens meubles, linges, extencilles dudit Le Cesne,
habandonnans tout au pillage comme a une force publicque. Et
46 de ladite tour auroient esté ruez quelzques coups de pierre, traictz et autres choses pour
leur effence, et d’un coupt d’une petite hacquebute tiré a coup perdu
47 par ledit Le Cesne fut actaint ung nommé Poullain dit Loys Robert, qui a l’occasion dudit
coup par faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement
48 seroit deceddé. Et combien que ledit Le Cesne avecques les dessusdits tensist fort dedans
ladite tour et n’estoit pour desobeyr a justice, mais pour resister a la
49 force et violance des parens et amys dudit deffunct, lesquelz ainsi qu’il estoit a doubter les
eussent tuez et mys a mort sans actendre justice, et quant au
50 regard de la deffence qu’ilz avoient prinse dedans ladite tour, en laquelle ledit Le Cesne
s’estoit aidé de quelque petite hacquebucte qui estoit en ladite tour, estoit
51 pour inthimider ceulx qui estoient contre eulx en l’assault de ladite tour et affin de eulx
retirer pour ce qu’ilz n’avoient plus de vivres, et incontinant
52 que ledit Le Cesne vit et apperceut le bailly d’Allençon se rendit prisonnier entre ses mains
avecques lesdits Beliz, Boucquet et Bellenger, qui pour
53 lesdits cas sont miserablement detenuz esdites prisons de Vernueil et en dangier de fynir
leurs jours si noz grace, pardon et remission ne leur
1 estoient sur ce imparties, en nous humblement requerant que, actendu ce que dit est et que
les dessusdits ont esté agresseurs par la maniere que dessus, et que en tous
2 autres cas ilz sont bien famé et renommez sans jamais avoir esté actaincts ne convaincuz
d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche digne de reprehancion, il nous plaire
3 leur impartir sur ce noz lectres de grace, remission, pardon et misericorde. Pour quoy etc.,
voullans etc. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes
4 au bailly d’Evreux ou son lieutenant, pour ce qu’il est notre plus prochain juge du pays
d’Allençon ou lesdits cas sont advenuz et ne y a aucun juge de par
5 nous, et a tous noz autres justiciers et officiers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou
moys de fevrier l’an de grace mil cinq
6 cens trente et ung et de notre regne le dix-huityesme. Ainsi signé par le roy a la relation du
conseil, Barrillon, visa contentor Barrillon.
Lettre n° 58, f° 44 r°
1 Francoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de François de
Rochefort, escuyer, viguier de Pamyer ou comté de Foyx, agé de XXII ans
2 ou environ, contenant que, audit suppliant a cause de son office luy appartient de mectre les
mandemens de prinse de corps a execution et a ses commis et depputez et
3 non a autres par toute la ville et juridicion de Pamyer, et pour ce que Gracien Dynart,
chastellain et garde des prisons dudit chasteau de Pamyer, en
4 entreprenant sur les preheminances et auctoritez de l’office dudit suppliant, environ la fin du
mois de fevrier derrenier passé, avoit constitué prisonnier ung nommé
5 Bertran, du lieu de Dalmasa, et la [sic] faisoit conduire par les sergens et passer davant la
maison dudit de Rochefort, icelluy de Rochefort estant davant sadite
6 maison dist audit Gracian qu’il n’apartenoit pas a luy de prandre ny mener les prisonniers,
car il n’avoit charge que de garder les prisonniers quant il
7 ou son lieutenant les luy bailleroient. A quoy ledit Gracien respondit par plusieurs ruddes
parolles que si feroit et que ne l’en garderoit pas. Touteffoys, ledit
8 de Rochefort, suppliant, n’en fist autre conte ains prins ledit prisonnier pour le mener audit
chasteau et commanda aux sergens qu’ilz le menassent. Et en allant
9 vers ledit chasteau, quant furent davant la maison de maistre Jehan Robert, appoticaire dudit
Pamyer, ledit Gracien mallicieusement assaillit ledit viguier, suppliant,
10 luy disant s’il estoit si brave comme quant il estoit davant sa maison. Auquel icelluy
suppliant respondit qu’il n’estoit point brave mais que ne luy apartenoit
11 de prandre dedans ladite ville et viguerie les prisonniers de sa propre auctorité. Et alors
ledit Gracien dist audit suppliant, soy aprochant de luy, que si feroit
12 et que de personne a personne il ne le craignoit de rien. Et incontinant, tous deux
desgaignerent leurs espees et se tirerent plusieurs coups d’espees,
13 dont ledit suppliant fut blessé en la cuisse. Et sur ce bruyt, les sergens laisserent aller ledit
prisonnier. A l’occasion de quoy, ledit Gracien conceust grant
14 haynne contre ledit suppliant en le deffiant et menassant de le tuer, et pour ce faire alloit
ordinairement acompaigné de plusieurs gens. Dont
15 depuis est advenu que ledit suppliant, acompaigné de Raymond Darmichan, son lieutenant,
et autres jusques au nombre de dix, ayant ledit suppliant comme
16 viguier susdit prinse de corps tant de la court du seneschal de Carcassonne que des
conseilz de la cité de Pamyer a l’ancontre dudit Gracien Dynart
17 et d’un sien servicteur nommé communement Galina, et voulans executer les mandemens
de justice rancontra sur la porte du marcadal davant
18 la maison especialle dudit Pamyer ledit Gracien Dynart, acompaigné de sept ou huit
homnes armez et portans halebardes, rondelles et autres harnoys,
19 entre lesquelz y estoit ung nommé Pierre Dynart, frere dudit Gracien. Lesquelz voyans que
ledit suppliant vouloit mectre a excecution lesdites
20 prinses de corps, tant contre ledit Gracien que contre ledit Galine, se misrent en deffence
en leur ruant plusieurs coups de pierres, de hallebardes et
21 d’espees et mesmement ledit Pierre, en tant que ledit Pierre fut blessé par ledit suppliant en
une jambe de laquelle il est demouré affoullé ou en
22 dangier d’en estre. Et aussi fut blecé par quelque autre en une de ses mains, dont en sortit
grosse effusion de sang. Et a cause de ladite meslee,
23 plusieurs compaignons tant d’un cousté que d’autre se trouverent blecez, sans toutesvoyes
mutillacion de leurs mambres. Et pour lors, ledit
24 suppliant a l’occasion de ladite deffence ne peult mectre a execution les susdites prinses de
corps. Et le vendredi quinzeiesme jour du moys de
25 septembre, que ledit suppliant fut adverty que ledit Gracien Dynart estoit au lieu d’Ecosse,
pres dudit Pamyer, avec certains lacays ses complices,
26 lequel ainsi qu’il a ouy dire par lors venoit de Thoulouse de mener quelque prisonnier, et
ledit suppliant, ayant mandement de prinse de corps contre
27 luy de la court du seneschal de Tholoze et saichant que ledit Gracien estoit homme
dangereux de la main et qu’il avoit compaignye de lacays,
28 assembla vingt ou vingt-six compaignons. Et environ vespres dudit jour, partirent de
Pamyer armez, ledit suppliant d’un hallecret et de son espee,
29 et son lieutenant de brigantiner, dart et rondelle et de son espee, et les autres de leurs
espees, hacquebuctes et arbalestes et autres harnoys,
30 lesquelz ilz avoient prins seullement pour la deffence de leurs personnes. Et affin que la
force en demeurast a justice, s’en allerent pour prandre
31 aux corps ledit Gracien. Et quant furent a la porte du pont neuf, virent venir ledit Gracien
devers ledit lieu d’Ecosse, portant ung hacquebuse
32 avec six ou sept compaignons aussi armez d’espees, rondelles et hacquebutz. Et quant ledit
Gracien vit venir ledit suppliant et autres ses
33 compaignons, recula et se mist en fuyte vers ledit lieu d’Ecosse, et ledit suppliant et ses
gens le suyvant pour le prandre par vertu dudit
34 mandement de prinse de corps, mais ledit Gracien jamais ne se voulsist arrester. Quoy
voyant ledit suppliant et autres le poursuyvirent en
35 serchant d’un cousté et d’autre, en tant que aucuns de sadite compaignye advertiz par ung
garson que illec estoit, trouverent ledit Gracien dedans
36 une vigne. Et ce pendant que ledit suppliant le serchoit par autre cousté, l’un desdits
compaignons nommé Peyron Richart, portant ung hacquebut,
37 comme depuis luy fut dit par lesdits compaignons, trouva ledit Gracien en ladite vigne et
luy dist par telles parolles : « capitaine, rendez vous
38 car nous avons mandement de justice de vous prandre au corps ». Et alors, ledit Gracien
luy dist qu’il se rendoit et fist semblant de luy
39 voulloir bailler son espee, mais en lieu de la luy bailler ilz [sic] rua ung grant coup d’espee
audit Richard sur sa teste, et ce ne fust qu’il se
40 couvrit de son espee l’eust tué, luy disant qu’il ne se renderoit a telles canailles. Et voyant
le compaignon dudit Richard nommé Bertrand
41 Stival, dudit lieu de Maseres, lequel estoit pres dudit Richard, que ledit Gracien
poursuyvoit icelluy Richard, de sorte qu’il l’aculoit a
42 force de courps d’espee et l’eust tué, ayant son arbaleste bandee et le traict dessus, luy tira
ung coup de traict sur l’espaulle droicte,
43 sortant le coup a la mamelle gaulche. Et alors se leva le cry que ledit Gracien estoit prins.
Et ce ouyant ledit suppliant, qui
44 estoit loing environ d’un traict d’arbaleste et qui n’en avoit riens veu, vint vers ledit
Gracien et trouva qu’il estoit blecé, de quoy
45 luy despleut grandement. Et ne pansant que ledit coup fust mortel, le fit monter a cheval et
print le chemyn
1 pour le mener a Tholose. Et pour autant qu’il estoit pres de nuyt, le mena au lieu de
Montault, faisant le chemyn de Tholose, parce que audit lieu de
2 Montault y avoit cirurgiens tant dudit lieu que de Pamyer, qui estoient fugitifz a cause de la
peste qu’estoit audit Pamyer. Et de fait, le menerent en la maison
3 de ung nommé Anthoine Caichau, lequelle tenoit pour lors en louage maistre Françoys
Teyssier, notaire, tant pour le repouser que pour le faire habiller ausdits
4 cirurgiens. Ou quant fut dist qu’il vouloit se confesser, et incontinant luy envoyerent querir
ung prebtre et les cirurgiens. Et apres qu’il eut confessé et
5 fait son testament, pour autant que ledit suppliant fut informé que aucuns desdits
compaignons avoit eue la bourse dudit Gracien, en laquelle y avoit quelque
6 argent, en fut grandement courroussé et mal contant, et fit dilligence de savoir qui l’avoit
eue, en tant que il trouva que elle estoit entre les
7 mains du lieutenant du capitaine de Montault nommé le Rectroet, auquel il pria qu’elle fust
bien gardee, et dist au confesseur qu’il demandast
8 audit Gracien combien il avoit d’argent en sa bourse affin que ne se perdist riens, lequel luy
rapporta qu’il y avoit quatre frans. Aussi depuis
9 a ouy dire que quelq’un desdits compaignons prindrent ung chapeau, une espee et ung collet
de velours dudit Gracien, mais ne scet
10 lesquelz, a cause qu’il estoit tant troublé de la mort dudit Gracien et ne se donna garde que
les compaignons faisoient. Et incontinant apres faicte
11 sadite confession, ledit cirurgien nonmé [sic] maistre Pierre Lane Vert luy tira ledit traict
du corps. Et petit de temps apres, icelluy Gracien a cause dudit
12 coup, mauvays appareil ou autrement, alla de vye a trespas, dont ledit suppliant en fut tres
desplaisant. Et craingnant rigueur de justice, apres
13 qu’il [sic] ont fait preparer le corps en sepulture et donné charge au viccaire et autres
estans illec de l’ensevelir, se despartit de la et se
14 absenta. Et cuydant descharger lesdits compaignons, mesmement celluy qui luy avoit
donné ledit coup, en partant du logis dist que s’en l’on demendoit
15 qui avoit tué ledit Gracien, que l’on dist qu’il l’avoit fait, jaçoit que le contraire fust verité,
ains fut ledit Bertrand Stival, ainsi que depuys
16 ledit suppliant entendist et ouy dire car il ne vit point donner ledit coup. Sur quoy ont esté
faictes informacions tant par auctorité des consulz de Pamyer
17 que dudit seneschal de Tholoze, et octroyé prinse de corps, ainsi que l’on dit, contre ledit
suppliant. A ceste cause, nous a fait humblement supplier et
18 requerir ledit suppliant, actendu qu’il n’avoit fait ledit coup ny mandé faire, ains en a esté
et est grandement desplaisant de ce qu’est advenu, et que
19 son intencion n’estoit de luy faire mal ny desplaisir mais seullement de executer les
mandemens de prinse de corps contre luy, et que en tous
20 autres affaires, ledit suppliant c’est tousiours porté honnestement sans jamais avoir esté
entaché, actainct ou convaincu d’aucun autre villain
21 cas digne de reprehancion, sur ce luy voulissions impartir noz grace, remission et
misericorde. Pour ce est-il etc., voullans [etc.], audit suppliant
22 avons remis etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au seneschal de
Thoulouse ou a son lieutenant, en la seneschaucee duquel ledit cas est advenu,
23 et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc. Donné a Rouen ou moys de fevrier l’an de
grace mil Vc XXXI et de notre regne le dix-huit me. Ainsi signé par le roy, Robertet, visa
contentor Deslandes.
Lettre n° 59, f° 45 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Lorin de la
parroisse de Vircy ou bailliage et viconté de Morteing, povre homme chargé
2 de femne et cinq enfans, c’est assavoir troys filz et deux jeunes filles a marier, aagé de
soixante ans ou environ, contenant que le vingt-septme
3 jour de novembre l’an mil cinq cens quatorze, apres que ledit suppliant eut ouy la grant
messe parroissial dudit lieu de Vircy, il s’en
1 retourna en sa maison audit lieu, en laquelle il print sa reffection avec sa femme et enffans
en la compaignye de Jaques Le Maignan, du mestier de tonnelier, lequel avoit relié
2 pour icelle annee les vessaulx dudit suppliant pour le sidre ou boisson de ladite maison.
Lesquelz suppliant et Meignen, apres qu’ilz eurent disné et print leurdite reffection,
3 s’en allerent par recreacion veoir le blé et labour dudit suppliant. Et puis se retirerent en
ladite maison pour conter ensemble et savoir et regarder qu’il estoit deu
4 par ledit suppliant audit de Maignen pour son sallaire et vaccation d’avoir relié ladite
fustaille et vessaulx. Et tost apres qu’ilz furent rentrez en ladite maison,
5 survint en icelle Estienne Lorin, frere dudit suppliant, fort mutiné, couroussé et marry.
Lequel, sans cause ne occasion, par agression print et saisit la femne dudit
6 suppliant aux cheveulx, luy disant plusieurs iniures et opprobres et jurant et blaphemant
execrablement par le Sang-Dieu qu’il luy coupperoit la gorge. Et voyant
7 ledit Le Meignan et enfans dudit suppliant la fureur et mauvais vouloir dudit Estienne Lorin
se retirerent et fuyrent hors de ladite maison et ladite femme qui trouva
8 moyen de s’eschapper des mains dudit Estienne Lorin, tellement que ledit supplient et ledit
Estienne demeurent [sic] seulz en ladite maison. En laquelle ledit suppliant
9 remonstra gracieusement audit Estienne, son frere, qu’il ne faisoit pas bien d’avoir ainsi
agressé, assailly et oultragé sans cause ne occasion sadite femme. Lequel Estienne,
10 combien qu’il ne se deust mal contenter, tira ung cousteau, disant qu’il tueroit et en
occiroit ledit suppliant. Et en entrant, print ung pot qui boulloite au feu,
11 lequel il s’efforça ruer contre le visaige dudit suppliant. Lequel suppliant pour a ce evicter
et repoulser ledit pot, print une verge a fleau, de laquelle
12 ledit suppliant rua contre ledit pot et le cassa et brisa, tellement que ledit coup descendit
sur la teste dudit Estienne Lorin, lequel par cas fortuit tomba
13 sur une aulge. Et seroit ledit Estienne le lendemain, a raison dudit coup de fleau ou de ce
qu’il seroit cheu sur ladite auge, par faulte de bon appareil ou autrement,
14 allé de vye a deces. A raison duquel cas fortuit, ledit suppliant, bien famé et renommé en
tous autres cas et qui en precedant n’avoit eu question ne discord avec
15 ledict deffunt, son frere, lors demourant en communité de biens avec luy, s’est absenté
hors du pays, auquel il n’oseroit converser ne frequenter si noz grace,
16 misericorde, quictance, remission et pardon ne luy estoient sur ce impartiz, si comme il dit,
humblement requerant etc. Pour quoy etc., voullans etc. Si donnons
17 en mandement par ces mesmes presentes a notre bailly de Morteing ou son lieutenant, que
ledit cas a esté commis es fins et lymbes de sondit bailliage, et a tous
18 noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou moys de fevrier l’an de
grace mil cinq cens trente et ung et de notre
19 regne le dix-huitme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa
contentor Deslandes, pourveu que avant la presentation de ces presentes
20 le suppliant fera dire et cellebrer une messe de requyen en l’eglise parrocialle ou est
inhumé ledit deffunct.
Lettre n° 60, f° 46 r°
1 Françoys etc., pere legitime administrateur etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble
supplicacion des parens et amys charnelz de Françoys Massuel, escuyer,
2 sieur de La Bouteillerie, aagé de vingt ans ou environ, contenant que ou moys d’octobre a
ung jour de dymanche, ung des filz de la maison de Cobaz se trouva a ladite maison de La
3 Bouteillerie et avecques luy ung sien servicteur appellé Louaesel. Lequel de Cobaz dist
audit sieur de La Bouteillerie que luy et le sieur de La Cosnelaye avoient quelzques
4 facheries ensemble et qu’ilz estoient pour veoir lequel seroit plus gentil compaignon et qu’il
se trouveroit beaucoup de bons personnaiges pour en voirs le passetemps.
5 Entre autres declaira audit Massuel que le sieur de Quebriac, le sieur de Tixne et ung sien
frere les Costardays, le sieur de La Coulombiere et autres gentilzhommes, ses
6 parens, se y devoint [sic] trouver, priant ledit Cobaz celuy sieur de La Bouteilliere de se
trouvez pareillement avecques lesdits devant nommez. Dont se excusa ledit Bouteilliere,
7 craingnant que inconveniant et mal en avensist [sic], remonstrant audit Cobatz qu’il ne se
voulsit se trouvez a telz affaires ny en lieu ou il y eust ce differant
8 entre lesdits Cobaz et Cosnalaye. Mais Cobaz plus fort suada et pressa ledit Bouteillerye de
luy faire compaignye, le asseurant qu’il n’y auroit aucun mal et qu’il
9 n’y avoit que luy et ledit Cosnelaye qui eussent querelle ensemble, appelant ledit Massuel,
son cousin, luy disant que ilz estoint [sic] d’une bande et compagnye et
10 autres personnaiges. Et sur les grandes et importunces prieres par ledit Cobaz faictes audit
Massuel, et se asseurant a la parolle dudit Cobaz que les bons personnages
11 devant nommez se y trouveroient, ledit Massuel, qui est jeune gentilzhomme de l’aage de
vingt ans ou environ, se consentit de aller avecques ledit Cobaz. Et
12 celuy jour de dimanche, alla coucher en la maison de ung nommé Noel Chevallier,
hostellier demourant en la ville de Combourg, pres de laquelle ville est
13 ladite maison de La Bouteillerie. En laquelle maison, ledit Massuel trouva Pierre Dugué et
deux autres filz de ladite maison de Cobaz, ledit Louaesel et dix ou douze
14 autres compaignons, lesqueulx a leurs langaige resembloint estre estrangiers dudit pays de
Bretaigne. Et au soir d’icelluy dymanche, se trouva a ladite
15 bande le juvenyeur de la maison de Basouges, frere dudit de Tixne, appellé Langan. Et au
lendemain dudit dymanche au matin partirent dudit Combourg et eut lors ledit
16 Massuel congnoissance que en une charrecte conduicte par ung cheval il y avoit ung
halecret, troys pourpoinctz d’escaille, troys rondelles, une hacquebuse,
17 troys ou quatre haquebutes et des javelines. Avoient aussi chacun desdits devant nommez
longues espees a leurs coustez. Et estant ledit Dugué et les
18 Cobaz et compaignons de pyé, allans avecques ladite charrecte, et ledit Massuel, de La
Coullombiere et ung sien servicteur estoient de cheval, et allerent disner
19 en la bourgade de Plegnen. Et se y rendit ledit appellé Langan et ne se y trouverent autres
personnes. Et apres avoir disné, allerent couchez celuy soyr
20 au bourg de Ploer. Et au soir d’iceluy jour, se rendit a eulx ung gentilhomme appellé
Prerout, avecques luy estant le plus jeune et tiers filz de ladite maison
21 de Cobaz. Se trouverent en leur compaignye des autres compaignons, a ouyr lesqueulx
resembloit qu’ilz fussent des parties de Gasconne, et estoient environ
22 de vingt-sept a trente personnes. Et au lendemain, en ladite bourgade de Ploer se armerent,
savoir ledit Dugué d’un pourpoinct d’escaille, des braciers d’esmaille
23 et des tassectes d’escailles, et le filz aysné dudit Cobaz de ung pourpoinct d’escaille, le
second ung hallecret, avant braz et cuissotz, et avoint aucuns desdits
24 aventuriers des harnoys, mais les couvroient avecques leurs acoustremens. Aussi se
saisirent et departirent par entre eulx lesdits picques, bastons
25 a feu et rondelles, sans que touteffoyz ledit Massuel eust aucun harnoys ny baston que son
espee a son cousté comme il avoit acoustume porter auparavant.
26 Marcherent tous tirans vers ladite maison de La Cosnelaye, de laquelle touteffoys ilz ne
aprocherent plus pres que d’environ ung traict dart. Et
27 lors, lesdits Pierres Dugué et aisné des Cobaz se misdrent a parler parolle en segrect
ensembles, et commanderent lors a l’un desdits aventuriers, qui
28 estoit Gascon, qu’il allast a La Cosnelaye et luy dire s’il voulloit riens dire. Et marcha lors
ledit Gascon vers ladite maison, et apres luy marcherent
1 pareillement lesdits Dugué. Puys apres, menda ledit Cobaz l’esné audit compaignon qu’il
allast parlez a luy, ce qu’il fist. Puis peu apres, les autres de la bande,
2 autres que ledit Massuel, lequel estoit demouré et arresté derriere eulx, marcha vers lesdits
compaignons sans faire ne dire aucune chose ne qu’il eust
3 autre intencion que de empescher qu’il n’y eust question ne debat. Et vit ledit Massuel que
lesdits Dugué et Cobas parloient a des femmes qui s’estoint [sic] trouvees a eulx,
4 et entendirent que ledit Cosnelaye estoit lors absent de sadite maison de La Cosnelaye. Et
combien que ledit Massuel ne s’estoit trouvé a ladite assemblee en intencion
5 de mal faire ne mesdire, aussi qu’il n’y soit avenu inconveniant, neantmoins il a esté pour
raison de ce constitué prisonnyer deux moys a ou environ
6 es prisons a Rennes, et par noz officiers dudit Rennes interrogé dudit cas, ce qu’il a
liberallement et sans contraincte congneu et confessé. Pour
7 occasion duquel cas, sesdits parens et amys, doubtant que l’on veille contre luy
rigoreusement proceder, nous humblement requerant que, actendu que en tous
8 autres cas ledit Massuel est bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne
convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, il
9 nous plaise luy impartir notre grace et misericorde. Pour quoy etc., voullans misericorde
etc., audit suppliant etc. Si donnons en mandement par
10 cesdites presentes au seneschal aloué et lieutenant de Rennes es prisons desquelz ledit
Massuel est detenu et ledit cas advenu en ladite seneschaucee, et
11 a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou mois de fevrier
l’an de grace mil cinq cens trente
12 et ung et de notre regne le dix-huit me. Ainsi signé par le roy, pere legitime administrateur et
usuffructuaire dessusdit, a la relation du conseil,
13 Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 61, f° 47 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication des parens et amys
charnelz de Arcambault Salle, pouvre homme rural et de labeur,
2 aagé de trente-sept ans ou environ, chargé de femme et enfans, prisonnier es prisons de
Longueville, demourant au lieu de Boisellerye, contenant que la vigille et
3 feste de Saincte Katherine derniere passé, et sans penser an [sic] aucun mal, partit ledit
suppliant de son logis et s’en alla environ le poinct du jour en la grange ou maison
4 de Jaques Lire, en laquelle ledit suppliant et Guillaume batirent et banerent six boisseaulx
de blé mestail. Et environ le solleil couché, icelluy suppliant
5 fut envoyé par Guillaume Le Sueur au logis de Nicolas Le Bray pour querir deux mynes
d’orge que ledit Debray luy porta et bailla. Et s’en retourna icelluy
6 suppliant avec ledit Sueur. Et apres soupper, s’en alla coucher en sondit logis comme avoit
de coustume. Et a certain jour dont il n’est recors, alla ledit suppliant
7 vers ung nommé Collin Pierres, qui est distant dudit lieu de Laiseliere [sic] environ d’un
quart de lieue pour parler a luy de quelques affaires. Et y arriva
8 environ et apres soleil couché. Et apres qu’ilz eurent devisé ensemble, fut parlé entre eulx
qu’il faisoit froict et qu’il feroit bon aller querir ung
9 peu de boys pour eulx chauffer. Allerent au boys de Tanquarville, appartenant au seigneur
dudit lieu, auquel ilz prindrent chacun ung peu de boys menu a
10 leur heol pour eulx chauffer. Et ainsi qu’ilz s’en revenoient en leurdit logis, furent esbayz
qu’ilz apperceurent ung homme pour lors a eulx incongneu, lequel
11 si tost qu’il aproucha d’eulx desgaynna une grant dague ou espee qu’il avoit, de laquelle
sans dire mot commanca a ruer sur ledit suppliant et ledit Collin
12 Pierre, en maniere que s’ilz n’eussent mys les bastons de boys dont ilz portoient ledit boys
au davant des coups et ne ce feussent deffenduz, il les eust
13 tuez ou grandement outragez. Quoy voyant que autrement ne povoient evader le peril de
mort, en eulx deffandens ruerent de leursdits bastons de
14 boys a l’encontre dudit homme incongneu, en maniere qu’il fut actainct de deux ou troys
coups de baston dudit suppliant, en sorte qu’il tomba par terre.
15 Et ce voyant, sans autrement le batre ne frapper, s’en allerent en leursdits logis et laisserent
en ladite forestz ledit boys sans l’apporter en leursdits logis.
16 Et ledit incongneu se releva et les suyvit, tenant sadite espee nue en la main pour encores
les vouloir tuer ou oultrager. Mais pour a ce obvyer,
17 ilz s’en fouyrent en leursdits logis. Et pour ce que ledit incongneu ne fut pensé et apareillé,
le lendemain ou quelque autre jour apres, ainsi qu’il a ouy dire,
18 par faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement, seroit allé de vye a trespas. Et
depuis, quelque temps apres, fut dit que ledit incongneu
19 estoit ung nommé Richard Bubain, sergent dudit boys, dont il fut tres mal contant et marry
quant il l’eut pour lors congneu ne ce feust mis
20 en telles deffences, ains s’en feust fouy s’il eust peu. Et pour ledit cas, fut icelluy suppliant
prins et constitué prisonnier esdites prisons dudit sieur de Longueville,
21 ou il est de present en grande pouvreté, calamyté et misere et en danger de brief y finer
miserablement ses jours, si par nous ne luy estoit sur ce
22 pourveu de noz grace et misericorde, en nous humblement requerant que, actendu ce que
dit est et que en tous autres cas il est bien famé,
23 renommé sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun villain cas ne blasme digne
de reprehencion, nous luy vueillons sur ce impartir nosdites
24 lettres de grace, pardon et misericorde. Pour quoy etc., voullans misericorde etc., audit
suppliant etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes
25 au bailly de Caux ou son lieutenant, en la jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous
noz autres etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen
26 ou moys de fevrier l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dixhuityesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor
27 Deslandes, pourveu que ledit suppliant avant que de presenter ces presentes fera dire ung
service en l’eglise ou ledit deffunct est inhumé et y assister
28 en personne. Fait comme dessus.
Lettre n° 62, f° 49 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Geoffre de
Durban, chevallier, aagé de cinquante ans ou environ, chargé
2 de femme, contenant que le lundi vingt-sept me jour du mois de novembre dernier passé,
estant ledit suppliant en la cité de Lectore, senneschaucee d’Armaignac, pour faire faire
3 certaines inquisicions et donner ordre a certains ses propres affaires, environ quatre heures
apres midy dudit jour, s’en alla a la bouticque de maistre Pierre Ravaldy, notaire
4 et canordinaire en l’auditoire dudit senneschal pour illec faire oyr certains tesmoings pour
ung sien beau-frere, en laquelle trouva Bertrand Darbieu, escuier, communement appellé
5 le Chevallier de Popas. Lesquelz suppliant et Darbieu, pour ce qu’ilz estoient grans amys
congnoissans l’un l’autre et vingt ans auparavant s’estoient trouvez ensemble au fait
6 de nos guerres et en notre service tant de la les monts que ailleurs, se saluerent
gracieusement. Et ainsi qu’ilz estoient en propoux, pour ce que ledit suppliant estoit la
7 expressement pour sesdites affaires et proces, demanda icelluy suppliant audit Darbieu par
esbat et maniere de parler s’il estoit homme de proces et qu’il faisoit en ville. Lequel
8 Darbieu luy dist qu’il estoit la pour certain proces que le sieur de Bajaumont et luy, comme
sieurs du lieu d’Esparsac, avoient contre quelzques paisant dudit lieu d’Esparsac. Auquel
9 propoux ledit suppliant, pour ce qu’il a esté nourry page en la maison de La Mocte, dont il
est, et ledit Bertrand Darbieu dit le Chevallier de Poupas en la maison de
10 Bajaumont, luy demanda commant alloit du differant qu’estoit entre ledit sieur de
Bajaumont et la dame de La Mothe de Sainct Sesert, qui est sa tente, femme
11 de feu son oncle. Auquel suppliant icelluy Darbieu respondit qu’ilz estoient en proces et
que la maison de La Mothe coustoit au sieur de Bajaumont dix mille escuz
12 au soleil. Auquel Darbieu icelluy suppliant dist gracieusement qu’il trouva cella fort
difficille et qu’il savoit bien que ledit sieur de Bajaumont avoit en la maison de La
13 Mothe tant en or, vaisselle d’argent que autres choses la valleur de dix mille livres. A quoy
ledit Darbieu respondit qu’il n’estoit pas vray. En disant
14 lesquelles parolles, survint illec dedans la bouticque dudit Ravaldy maistre Jehan
Guissendrat, bachelier en droiz, advocat en l’auditoire dudit senneschal d’Armaignac,
15 communement appellé le juge des lannes. Lequel venu ledit Darbieu se adressa a luy,
cheminans ensemble et parlant des affaires dudit suppliant et de son
16 beau-frere, descendans le long de la grant rue vers la place. Et ainsi que ledit suppliant
parloit avecques ledit Guissendrat, ledit Darbieu qui cheminoit a
17 cousté, continuant les parolles encommancees dedans la bouticque d’icelluy Ravaldy, et
entre autres dist par telles parolles audit suppliant : « vrayement,
18 vous en parlez bien car tout ce que vous dictes est au contraire ! » Auquel ledit suppliant
respondit par telles parolles : « et commant est-il au contraire ?
19 Par le Corps-Dieu, il est ainsi car j’ay veu cent foys en la maison de Bajaumont dedans les
tasses qui estoient venues et ausquelles estoient les
20 armes de la maison de La Mothe qu’estoient les douze poins ! » Apres laquelle parolle et
eulx estans pour lors en ladite grant rue et au devant de la maison
21 de Françoys Brossac, sellier, ledit Darbieu tout couroussé dist audit suppliant : « par le
Sang-Dieu, il n’est pas vray ! » En ce disant, mist son doy pres du
22 visaige dudit suppliant. Auquel Darbieu icelluy suppliant, voyant estre desmenty, oultragé
et la main aportee a son visaige, dist par telles parolles : « Chevallier,
23 vous me desmentez ! Mais par le Sang-Dieu, c’est vous qui avez menty ! » Et pour ce que
ledit Darbieu, en disant que par le Sang-Dieu il estoit vray, mectoit
24 a chacune foiz le doit sur le visaige dudit suppliant, lequel suppliant, ainsi que ledit
Darbieu levoit sa main pour luy mectre contre le visaige, de sa main tourna
25 la main d’icelluy Darbieu en luy mectant sans aucune violence la main sur sa poitrine, luy
disant par telles parolles en repulsant de sa main ledit Chevalier :
26 « Chevallier, tirez vous arriere, parlez de bouche et ne mectez point le doy si pres du
visaige, car si vous y retournez plus, je vous monstreray que je suis
27 et seraye contrainct vous faire quelque mauvais tour, et si vous aviez harnoys comme moy,
je vous monstrerays que ne faictes pas bien de me mectre le
28 doy sur le visaige ! » Lequel Darbieu en soy recullant ung pas en arriere mist sa main par
derriere et dessoubz sa robbe, desmontrant vouloir prandre
29 quelque dague, mandoussine, pingahal ou autre baston. Par quoy, ledit suppliant
craingnant la fureur d’icelluy Darbieu et pour soy garder mist sa
30 main droicte sur le pommeau de son espee sans touteffoyz la desgaynner. Quoy voyant
ledit Darbieu, continuant son mauvays proupoux, dist par telles
31 parolles : « a moy Sang-Dieu, en veulx tu a moy ? Demeure, demeure ! Je te voys chercher
ton cas ! Actens moy ung peu ! Maintiendras tu ceste querelle ? » Lequel
32 suppliant dist que ouy. Et soubzdainement, icelluy Darbieu eschauffé s’en alla au devant la
bouticque d’un armurier prochaine du lieu ou ilz estoient de
33 qunze [sic] a saize pas, pardevant laquelle ou pres d’icelle ilz estoient passez en
descendant par ladite rue. En laquelle bouticque, print soubzdainement ung
34 verdun nu qui estoit illec mis pour vendre. Et tenant nu ledit verdun en sa main,
incontinant gecta sa robbe, ensemble son bonnet par terre et sur le
35 pavé, et s’en vint soubzdainement droit contre ledit suppliant, estant avec ledit Guissendrat
et lequel le persuadoit soy retirer et laisser cella, tenant icelluy
36 suppliant par sa cape. Et voyant ledit suppliant venir a luy, ledit Darbieu fut contrainct dire
audit Guissedrat qu’il le laissast aller, luy
37 demandant s’il le voulloit faire tuer. Et en disant ses parolles, voyant que ledit Darbieu
venoit ainsi avec ledit verdun nu contre luy, envelopa sa cappe
38 qu’il portoit en son braz senestre, et mist son espee ou verdun qu’il portoit en sa main
droicte, sans soy remuer du lieu ou il estoit lors que ledit Darbieu
39 en aprouchant pres dudit suppliant de deux ou troys pas, dist audit suppliant par telles
parolles : « et Sang-Dieu, en veulx tu a moy ? » Lequel suppliant,
40 qui est gentilhomme, pour son honneur et eviter n’estre reprouché lasche, dist : « oy, par la
Mor-Dieu, je en vieulx a toy ! » En quoy disant, ledit Darbieu
41 donna de son braz droit ou tenoit le verdun sur sa cuisse en essayant si ledit verdun estoit
asseuré, rua ung coup d’estoc dudit verdun audit suppliant,
42 lequel pour lors, en soy retirant, il destourna avec son espee ou verdun. Et voyant icelluy
Darbieu ne l’avoir pour lors frappé, de rechef luy
43 rua ung autre grant coup d’estoc, duquel blessa ledit suppliant sur sa poictrine a l’endroit et
ung peu au dessus la mamelle droicte, qui y entra environ
44 ung doy. Quoy voyant ledit suppliant estre ainsi blessé, meu de chaulde colle et cuydant
estre frappé et blessé a mort, gecta audit Darbieu ung coup d’estoc
45 de son espee ou verdun, et icelluy Darbieu en gecta ung autre contre luy. Et en se gectant
ainsi soubzdainement lesdits estocs chacun par plusieurs foys,
46 ledit suppliant voyant ledit Darbieu estre dispost et son verdun estre avantageux, le
voullant choisir a son adventaige, donna de sondit verdun deux
47 ou troys coups sur le corps dudit Darbieu, sans ce que pour lors il eust sceu dire a la verité
en quelles parties. Touteffois, ainsi que depuis avoit esté
48 adverty, l’un coup estoit au dessus de la mamelle au droit de la poictrine et ung autre au
braz, dont entre le coulde et l’espaulle traversant ledit braz,
49 et ung autre coup d’estoc dessoubz l’esselle droicte. En donnant lesquelz coups, ainsi que
ledit Darbieu voulsist ruer ung autre coup d’estoc
1 contre ledit suppliant et que l’espee ou verdun d’icelluy Darbieu fust tumbee par terre, ledit
suppliant envelopa son verdun avec son menteau sans luy povoir donner aucun
2 autre coup, comme s’efforsoit faire, esmeu et estant en grand challeur. Lequelle espee dudit
Darbieu ainsi tumbee, apres ce que sans gecter aucun autre coup se
3 furent regardez ung peu droit au visaige, ledit Darbieu se mist a fouyr, traversant ladite rue
et entra dans la bouticque de Guillaume Deperes, marchant et appoticaire.
4 Et craingnant ledit quppliant qu’il allast soy saisir d’autre harnoys dans ladite bouticque ou
arriere-bouticque d’icelle, et de chaude colle voullant frapper et
5 poursuivre ledit Darbieu, se mist a le suiyvre [sic], tenant l’espee nue, jusques dans la
bouticque dudit Guillaume Deperes, appoticaire, prochaine du lieu ou ledit debat
6 avoit esté fait. Estans dans laquelle bouticque, ledit Darbieu voyant que ledit suppliant le
suyvoit ainsi se mist dans l’arriere-bouticque, jusques a la porte de laquelle
7 riere-bouticque [sic] ledit suppliant nafvré et eschauffé de collaire le suyvist. Et en regardant
dans icelle riere-bouticque et a l’entree d’icelle, mist la pointe de son espee
8 ou verdun qu’il tenoit a sa main sur l’antree d’icelle arrie-bouticque [sic], sans toucher ny
donner aucun coup audit Darbieu, jaçoit que pour lors estant a la porte de
9 l’arriere-bouticque ledit suppliant veisse ledit Darbieu au-dedans icelle riere-bouticque et
que facillement l’eust peu frapper s’il eust voulu. Touteffoiz, pour
10 eviter a plus grande scandalle, ledit suppliant sortist d’icelle bouticque en la rue pour s’en
aller se faire penser aux cirurgiens et medecins. Et voyant ledit Darbieu
11 ledit suppliant estre dehors de ladite bouticque sortist d’icelle arriere-bouticque, de laquelle
et joingnant du tablier d’icelle pardedans dist audit suppliant estant
12 encores en ladite rue avec l’espee nue en sa main telles ou semblables parolles : « a
meschant, tu m’as laschement tué ! » Auquel Darbieu, ledit suppliant blessé
13 et estant sur sa colaire, comme dit est, dist par telles parolles : « tu as menty car toy
mesmes l’as serché ! » Et de fait, se voulsist de rechef irruer contre ledit
14 Darbieu, a quoy fut obvié par certains personnaiges, le nom desquelz ne sauroit dire,
lesquelz le prindrent en luy disant par telles parolles : « a monsieur, ne voyez
15 vous qu’il n’a point d’espee ! » Et ce fait, d’eux le nom desquelz ne sauroit dire, prindrent
ledit suppliant par desoubz ses braz, lequel en tenant son espee
26 nue en sa main menerent et conduirent jusques au devant d’une maison qu’il a de sa
femme dans ladite cité de Lectore au pres de la place, ou estant bailla son
27 espee a ung nommé Sallessas, et d’illec s’en alla pour contraincte d’estre prins au corps et
pour soy faire penser au couvant des carmes de ladite cité. Ou
28 estant, avoit esté adverty et certiffié que ledit Darbieu de sesdites playes estoit sortit grant
effusion de sang, et le jeudy ensuyvant, entre quatre et cinq heures
29 de matin, estoit icelluy Darbieu a cause desdits coups ou autrement par mauvays
gouvernement trespassé, dont en avoit esté ledit suppliant tres marry et desplaisant.
30 Desquelles choses dessusdites, tant par les conseilz de la cité de Lectore que par le
senneschal d’Armeignac ou son lieutenant, ont esté faictes informacions, en vertu
31 desquelles ledit suppliant ouy avecques serement ou autrement, auroit esté dereté [sic]
prinse de corps a l’encontre de luy, et apres mis ses biens en main de
32 justice. A l’occasion de quoy, ledit suppliant s’es [sic] absenté hors du pays et n’y oseroit
jamais retourner ne repatrier si noz grace et misericorde ne luy estoient
33 sur ce imparties, nous humblement requerant que, actendu la maniere dudit cas, que en
tous autres cas il est bien famé et renommé sans jamais avoir
34 esté actaint ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche il nous plaise en
l’honneur et reverance de la benoiste passion de notre sauveur et
35 redempteur Jesus Crist, qu’il fut a tel jour qu’il est aujourd’uy, luy impartir noz grace et
misericorde. Pour quoy etc., voullans etc., [audit suppliant avons en l’honneur et reverance
d’icelle benoeste passion, qui fut a tel jour, quicté, remis et pardonné etc.23] Si donnons
36 en mandement par cesdites presentes au senneschal de Thoulouse ou a son lieutenant, pour
ce qu’il est notre plus prochain juge de ladite senneschaucee d’Armeignac et
37 ville de Lectore ou ledit cas est advenu et auquel appartient la congnoissance des cas
royaulx y advenans, et a tous noz autres justiciers etc.
38 Et affin etc., sauf etc. Donné a Argentem ou moys de mars l’an de grace mil cinq cens
trente et ung avant Pasques et de notre regne
39 le dix-huitme. Ainsi signé par le roy tenant ses requestes, Deslandes, visa contentor
Deslandes.
23
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
Lettre n° 63, f° 50 r°
1 Francois etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Jehan Dupont dit
Dauvergne, demourant a Luicy en Barroys, archier de noz
2 ordonnances soubz la charge de notre tres amé cousin le duc de Lorraine, contenant que
douze ou treize ans ou environ les gens et servicteurs de feu Charles de
3 Luxembourg, en son vivant conte de Lincy, tuerent inhumenement de guect apen et propos
deliberé sur grant chemin maistre Pierre Dupont, chanoine dudit Lincy, frere
4 dudit suppliant, dont proces est encores pendant et indeciz en notre court de parlement a
Paris. En continuant lesquelz esces, lesdits feu conte, gens et servicteurs
5 ont tousiours molesté et travaillé ledit Dupont et leurs alliez, tant par baptures, oultrages et
assaulx en leurs maisons avec hacquebutes, hallebardes et autres
6 bastons invasibles, comme autrement. Et puis trois ans en ça, ung nommé Jehan Bastien dit
Beaufort, disant avoir charge de mectre a mort quatre ou cinq
7 personnages des plus apparens dudit Lincy, auroit en trahison et par derriere donné a
Nicolas Dupont, notre sergent en notre bailliage de Sens, frere dudit suppliant, ung
8 coup d’espee ou verdun, par le fondement duquel coup ledit Dupont fut en grans dangier de
mort, dont lesdits Dupont qui estoient en notre sauvegarde et au sauf conduit
9 de notre court auroient obtenu commission pour informer desdits exces, forces et viollances
dessusdits. En quoy faisant, ledit Beaufort acompaigné de plusieurs
10 adventuriers, gens incongnuz et mal vivans, a grands coups de hacquebutes et au son du
taborin, auroient tiré contre la maison et logis ou l’on faisoit ladite
11 informacion, disans entres autres parolles en renyant, jurant et blaphement le non de Dieu
qu’ilz tueroient et mectroient a mort lesdits Dupont et
12 ledit sergent. En perseverant ausquelz forces et oultrages, l’un des serviteurs dudit conte et
a sa soulte nommé Grant Jehan Dalichamps, ung jour de mars
13 l’an mil cinq cens vingt et neuf auroit inhumainement mis a mort Jehan Dupont l’aisné,
pere dudit suppliant, lequel estoit aaigé de soixante ans et plus.
14 Pour lequel cas, il avoit esté arresté prisonner et mené en noz prisons a Sens. Et depuis, son
proces fait et parfait, mené en notre conciergerie du palais
15 a Paris, ou il est encores a present. Et en voyant par notredite court lesdites informacions,
auroit esté decerné adjournement a ban contre ledit Beaufort et
16 autres ses complices et alliez, aucteurs des exces, forces et violances dessusdits. En hayne
de quoy, ledit Beaufort en procedant de mal en pis auroit
17 le lendemain de Pasques dernier passé, en la presence dudit suppliant et dudit Nicolas, son
frere, grandement navré et blessé Jehan Tassart, prebtre
18 vicaire dudit Lincy, leur parent, d’un coup de son espee sur la teste. Et encores meu de
mauvays courage, auroit suscité nouvelles querelles
19 contre lesdits Dupont, mesmement contre ledit Nicolas Dupont et suppliant, en disant que
ledit Nicolas Dupont avoit mal parlé contre le cappitaine
20 dudit Lincy, dont auroit esté grande question entre lesdits cappitaine et Dupont, qui avoit
declaré a icelluy cappitaine qu’il n’entendoit ou voudroit mal
21 parler de luy. Et continuant ledit Beaufort son mauvais voulloir, auroit journellement
poursuivy ledit Nicollas Dupont par l’espace de plus de troys
22 moys, portant une arbaleste bandee sur son cheval, une javeline, rondelle et autres bastons
invasibles, desquelz il disoit qu’il mectroit a mort
23 ledit Dupont et ses alliez, et que de ce faire il avoit ordonnance et qu’il seroit bien
supporté. Et de faict, auroit poursuivy ledit Nicolas Dupont par tous
24 les villaiges du conté de Lucy, comme a Valaines, Resson, Sainct Amand, Saulx et
Commarcy, pour icelluy mectre a mort, comme il disoit, acompaigné
25 de plusieurs ses alliez et gens de son estat, en demandant par luy le combat comme s’il eust
esté en pays de conqueste. Le jour et feste Sainct André dernier
26 passé, icelluy Beaufort se trouva au lieu dudit Commarcy en la compaignye d’un nommé
Nicolas Chifflart, notre sergent, pour tesmoing de quelque execution
27 ou inventaire qu’il avoit affaire es biens d’un nommé Claude Morin, a present prisonnier
en notre chastellet de Paris. Et ainsi qu’ilz estoient illec
1 et que les officiers dudit Commercy ne leur avoient voulu souffrir faire ledit invantaire, en
ce debat survint ledit suppliant qui salua la compaignye honnestement. Et adverty
2 que on faisoit ledit invantaire auroit demandé a la femme dudit Morin ung escu qu’il luy
avoit baillé en gaige pour deux testons. Lequel escu luy fut rendu sans noise
3 ne debat. Et en divisant ensemble de propos joyeulx, survint Renee de Richier, damoiselle
femme dudit suppliant, laquelle salua la compaignye et appella ledit suppliant,
4 son mary, en luy disant telz motz ou semblables : « Jehan, venez ça car mon pere vous
appelle », lequel luy fist responce qu’il y alloit. Et en soy retirant, la femme dudit
5 suppliant dist audit Beauffort que c’estoit mal fait a luy d’avoir ainsi trahy ledit Claude
Morin et mené au lieu de Lincy pour le prandre prisonnier. A quoy icelluy
6 Beaufort furieusement et arrogamnant respondit, comme de ce faire il estoit coustumier,
qu’elle avoit menty, usant de grosses parolles et injures atroxes a l’encontre d’elle.
7 Oiant lesquelles parolles par ledit suppliant, en fut courroucé et desplaisant et tou [sic]
esmeu et eschauffé dist audit Beauffort que c’estoit mal fait a luy de ainsi desmentir
8 et injurier sadite femme. Et saichant lesdits exces et oultraiges a luy faiz et aux dessusdits
ses parens, craingnant qu’il luy courust sus, ainsi qu’il demonstroit avoir le
9 vouloir, de chaulde colle auroit donné ung coup d’estoc d’une espee qu’il avoit acoustume
porter audit Beaufort aupres de l’oreille. Lequel Beaufort, qui
10 avoit la main a l’espee, la desgaynna et ainsi qu’il s’efforçoit d’icelle oultraiger ledit
suppliant, icelluy suppliant pour obvier au danger de sa personne et en
11 destournant ung coup que luy gectoit ledit Beaufort auroit icelluy suppliant mis son espee
ou verdun au devant, dont ledit Beaufort auroit eu ung coup au cousté
12 senestre joignant le ventre, duquel coup il tumba par terre. Et incontinant, se releva et s’en
alla ledit Beaufort pardevers le barbier pour soy faire
13 penser et medicamenter. Et en s’en allant, dist telles parolles ou semblables : « par la MortDieu, il a fait que saige de me frapper ! Que par la Chair-Dieu, s’il eust
14 fally, je luy eusse donné cent coups apres sa mort ! ». Et peu apres, par faulte de bon
appareil, gouvernement ou autrement, seroit ledit Beaufort allé de
15 vye a trespas. Pour raison duquel cas, ledit suppliant s’est absenté du pays, en nous
humblement requerant que, actendu ce que dit est, et mesmement
16 que ledit deffunct estoit mal famé et renommé, coustumier de faire et commectre exces,
insollences et forces publicques, mesmes que a l’heure de son
17 trespas, ledit Beaufort estoit excommuné pour autres exces qu’il avoit faictz et commis es
personnes de plusieurs gens d’eglise, et que en tous autres
18 cas ledit suppliant s’est tousiours bien conduit et gouverné sans jamais avoir esté actainct,
repris ou convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche,
19 nous luy vueillons en l’honneur et reverance de la benoiste passion de notre sauveur et
redempteur Jhesus Crist, qu’il fut a tel jour qu’il est aujourd’huy, sur ce
20 impartir noz grace et misericorde. Pour quoy etc., voullans etc., [audit suppliant en
l’honneur et reverance d’icelle benoiste passion avons quicté, remis et pardonné etc. 24] Si
donnons en mandement par ces mesmes presentes au bailly de Sens
21 ou a son lieutenant, ou bailliage duquel ledit conté de Lincy est scitué et assis et ledit
suppliant demourant, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc.
22 etc. [sic], sauf etc. Donné a Argentein ou moys de mars l’an de grace mil cinq cens trente
et ung avant Pasques et de notre regne le dix-huitme.
23 Ainsi signé par le roy tenant ses requestes, Deslandes, visa contentor Deslandes.
24
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
Lettre n° 64, f° 50 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Joachin de
Racille, escuyer, seigneur de Beauchesne, aagé de trente
2 ans ou environ, chargé de femme et enfans, demourant en la parroisse de Sainct Pierre de
Parçay, contenant que combien que ledit suppliant n’eust en
3 riens meffaict ne mesdit a feu a Jehan Baudet, en son vivant seigneur de La Court de Selize,
neantmoins ledit Baudet pour haynne de ce qu’il avoit prins
4 en son service ung servicteur nommé Damyen Le Gascon, qui auparavant avoit servy le
prieur de Parçay, oncle dudit Baudet, menassoit en plusieurs lieux ou
5 il se trouvoit de batre et oultrager ledit suppliant, et quelque foiz se ventoit qu’il l’avoit
biens batu, disant qu’il estoit lasche et qu’il ne dagneroit
6 avoir espee sur luy pour le batre et ne luy failloit que une quenoille, et qu’il le iroit batre
jusques en sa maison et luy coupperoit braz et jambes, et
7 ceulx qui seroient en son service. Et auroit ledit Baudet faire ung baston de pommyer de
longueur de deux piez et icelluy fait perser a l’un des boutz
8 pour le porter a l’arçon de la selle de son cheval, disant qu’il ne vouloit avoir baston ne
espee contre ledit suppliant et qu’il auroit la honte de fouyr.
9 Lesquelles menasses et oultraiges auroient esté rapportees audit suppliant, auroit aussi peu
user de sa part comme jeune gentilhomme de quelzques menaces,
10 disant que s’il trouvoit ledit Baudet, il luy feroit ung mauvays tour, et escript quelzques
lettres, et que s’il vouloit coupper les jambes audit Damyen comme il
11 le menassoit, il trouverroit la porte ouverte, usant aussi des menasses a l’encontre de luy,
soy tenant sur ses gardes. Alla le jour de la feste Saint
12 Pierre et Saint Pol dernier passé a la messe en l’eglise parroichialle dudit Parcy, dont il est
parroissien, avec Loys de Montlerin, son cousin, Simon
13 de la Faille, son beau-frere, Joachin Meron et autres jeunes gentilzhommes, ses parens et
amys, qui l’estoient aller veoir pour ce que c’estoit ledit jour
14 la feste de ladite parroisse et assemblee, ayens quelzques bastons, les ungs des rondelles,
leurs espees a leur cousté, et les autres quelzques haquebuctes
15 et harnoys soubz leurs robbes, sans intencion toutteffoiz de nully offendre mais pour eulx
garder si l’on leur vouloit faire mal. En laquelle eglise,
16 ilz auroient fait leur devocion. Et apres se seroient retirez et prindrent les aucuns d’eux du
feu pour mectre es cordes servans a leurs hacquebuctes
17 et s’en allerent sans aucune noise ne debat. Et comme ilz s’en alloient, ledit Le Gascon
dist, comme l’on dit, a aucuns qui estoient en ladite eglise que
18 ledit Baudet estoit menacé des dessusdits et dudit suppliant, combien qu’ilz ne pensasent
en luy. Et ainsi que le jeudy treizeyesme jour du moys de
19 juillet dernier passé, ledit suppliant s’en alloit en l’hostel de Charles Meron, sieur de
Pauzoust, par devers Joachin Meron, filz dudit seigneur de Pauzoust, qui
20 luy avoit escript, esperant de aller veoir le seigneur de La Roche du Pouzay, son parent. En
passant par le bourg de Parçay, qui estoit son droit chemyn, ledit
21 Baudet, qui estoit en la maison du curé dudit lieu, qui usoit de menaces contre ledit
suppliant et marchandoit de faire mener une piece d’artillerie
22 en sa maison de Beauchesne, apperçut passer ledit suppliant. Auquel incontinant, il
demanda en s’escriant et jurant : « Sang-Dieu, est tu la Beauchesne,
23 me cherches tu ? » A laquelle parolle, ledit suppliant, tout esmeu et effroyé, luy respondit :
« ouy, par le Sang-Dieu, je te cherche », combien que a la
24 verité, il pensast lros [sic, lors] en luy et s’en alloit, comme dit est, son chemyn en l’hostel
dudit sieur de Pauzoust. Mais saichent les menasses dont usoit
25 contre luy, dist ladite parolle pour luy donner a congnoistre qu’il ne vouloit point estre
reputé lasche, comme il dist. Et doubtant ledit suppliant que ledit
26 Baudet ne s’aprouchast de luy pour le batre et oultrager, ainsi que auparavant il s’estoit
plusieurs foiz venté comme dit est, leva une hacquebucte
27 qu’il avoit prinse et portoit avecques luy a cheval pour seureté de sa personne, et la dressa
et presenta contre ledit Baudet, qui se retira derriere une grange.
28 Au moyen de quoy, ledit suppliant passa oultre son chemyn, mis ledit Baudet qui estoit
derriere ladite grange, monstrant la grant heynne qu’il
29 avoit audit suppliant, marcha vers luy, luy disant qu’il aslast sadite hacquebuste et qu’il se
rengeroit a luy pour luy donner troys coups
30 d’espee. Et en ce disant, ledit suppliant pour le faire retirer luy presenta de rechief sadite
hacquebucte, qui n’estoit point chargee que d’un
31 peu de pouldre a l’amorche, dont yssit quelque peu de fumee. Et sur ce entrerent en
plusieurs parolles, sur lesquelles entre autres
32 ledit Baudet dist audit suppliant en jurant et blaphemant le nom de Dieu qu’il avoit menty
et que le sieur de Roncet, dont ilz
33 parloient estoit homme de bien et qu’il ne luy eust daigné dire aucunes parolles dont ilz
estoient en propoux si elles
34 n’eussent esté veritables, et que il luy alloit donner troys coups d’espee. A quoy ne se
arresta ledit suppliant, mais
1 pour ce que la bride de son cheval estoit rompue, il se descendit pour la rabiller. Et en ce
faisant, eurent encores quelzques parolles, dont n’est
2 records ledit suppliant. Sur lesquelles, en aprochant l’un de l’autre, ledit Baudet desgaynna
sur luy son espee. Aussi fist ledit suppliant la sienne pour soy garder
3 et preserver. Et frappa icelluy Baudet sur ledit suppliant plusieurs coups, tellement qu’il luy
fist tumber par terre sadite hacquebucte, ensemble son espee,
4 et de fait l’eust tué et occis n’eust esté quelque harnoys que ledit suppliant avoit sur luy et
qu’il avoit acoustume porter pour la seureté de sa personne
5 et craincte qu’il avoit de rencontrer et estre tué par ledit Baudet et les enfans de Richelieu et
autres ses alliez, qui par plusieurs foys l’estoient
6 aller cherche en armes et a cheval jusques audit lieu de Beauchesne. Lequel suppliant,
voyant estre en tel danger de sa personne et les grans coups
7 que ledit Baudet luy rua, se gecta contre luy et d’une courte dague qu’il avoit, parce comme
dit est que ledit Baudet luy avoit ja fait tumber son espee et sa
8 hacquebucte, luy donna ung coup, dont ledit Baudet fut actainct, ne scet bonnement ledit
suppliant en quelle partie de con corps. Et incontinant, ledit Baudet se retira
9 vers ledit prebitaire. Au moyen duquel coup, ledit Baudet sur l’eure alla de vie a trespas. A
l’occasion duquel cas, ledit suppliant doubtent rigueur de justice se seroit
10 absenté du pays. Et de puis, au moyen de quelques informacions faictes a la requeste des
parens et amys dudit Baudet et du procureur et officiers de l’Isle
11 Bouschart, ledit suppliant auroit esté adjourné a comparoir en personne a trois biefz jours
pardevant noz amez et feaulx conseillers par nous commis
12 et deputez a tenir les grans jours a Poictiers. Pardevant lesquelz, ledit suppliant doubtant
rigueur de justice n’auroit osé comparoir. Au moyen
13 de quoy, arrest par constumace s’en est ensuivy a l’encontre de luy. A l’occasion duquel
arrest et jugement, ledit suppliant, qui est jeune gentilhomme, doulx
14 et paisible, se seroit et est absenté hors du pays, nous humblement requerant, actendu ce
que dit est et que il a tousiours esté de bonne vie, renommee
15 et honneste conversacion sans jamais avoir esté actainct, reprins ne convaincu d’aucun
villain cas, blasme ou reprouche, nous luy veillons en l’honneur
16 et reverance de la benoiste passion de notre sauveur et redempteur Jhesus Crist, qui fut a
tel jour qu’il est aujourd’uy, quicter, remectre et pardonner icelluy cas et
17 sur ce luy impartir notre grace et misericorde. Pour ce est-il etc., audit suppliant avons en
l’honneur et reverance d’icelle benoiste passion quicté,
18 remis et pardonné etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au bailly de
Touraine ou a son lieutenant, ou bailliage duquel ledit cas est advenu,
19 et a noz amez et feaulx conseillers les gens tenans notre court de parlement a Paris [blanc],
parce
20 que par iceulx gens desdits grans jours tenuz a poictiers ont prins congnoissance de ladite
matiere, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc.
21 Donné a Argenten ou moys de mars l’an de grace mil cinq [cens] trente-ung avant Pasques
et de notre regne le dix-huitme. Ainsi signé par le roy
22 tenant ses requestes, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 65, f° 51 r°
1 Francois etc. savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Thomas Prevost,
escuyer, contenant que environ le moys de juillet l’an mil
2 cinq cens vingt, Jacob de Bessay, escuyr [sic], estans en l’hostel dudit suppliant, dist que
Maurice Prevost, parent dudit suppliant, avoit eu la grosse verolle a Pavye et qui la luy avoit
3 veue. De ce couroussé, ledit suppliant respondit qui ne le croyct pas, disant irieusement
audit de Bessay qu’il ne le disoit pas davant ledit Maurice Prevost. Et depuis,
4 estans lesdits Maurice Prevost, suppliant et autres en l’hostel du seigneur de Montourgril,
devisans joyeusement ensemble, icelluy suppliant dist audit Maurice Prevost
5 que ledit de Bessay disoit qu’il avoit eu la grosse verole. Lequel feit responce qu’il ne
vouldroit pas avoir l’adversité et maladye que avoit ledit Jacob de
6 Bessay, en disant « a morbo cidver, libera noz domne », et qu’il aymeroit mieulx estre ladre
que avoir la malladye dudit de Bessay. Ausquelles parrolles
7 ne se arresta icelluy suppliant ne autrement pensa. Touteffoiz, ainsi qu’il a oy dire, ung
certain jour, estant ledit Maurice en la maison du sieur de Coustaulx
8 au lieu de La Thibauldiere, ledit sieur des Coustaulx dist, comme l’on dit, audit Maurice
Prevost qu’il avoit dit tout plain de maulx dudit Jacob de Bessay, et entre
9 autres qui le chargont [sic] d’une maladye contagieuse et qu’il disoit qu’il aymeroit mieulx
estre ladre que avoir ladite maladie, chantant « a morbo caduco, libera
10 nos domime » Or, combien que ledit suppliant ne pensast plus esdites parolles, neantmoins
ledit Maurice Prevost, en lieu de retribution envers icelluy suppliant, son parent, qui
11 n’aroient [sic] eu agreable qu’on dist mal de luy, rescripvit unes lettres audit de Bessay
contenant entre autres choses que ledit sieur de Coustaulx luy avoit dit, que
12 ledit suppliant le chargeoit des parolles dessusdites et que jamais ne les avoit dictes, qui
estoit contre verité, et que la ou il vouldroit, maintiendroit
13 le contaire de sa personne contre celle dudit suppliant, deit et maintenu plusieurs autres
parrolles scandalleuses et mal sonnantes contre ledit suppliant, qui
14 n’avoit fait, dit ne pensé chouse qui luy deust desplaire. Lequel de Bessay apporta audit
suppliant lesdites lettres a luy rescriptes par ledit Maurice, son parent, fut
15 fort esbahay, couroussé et luy rescripvit. Lequel Maurice, retribuant audit suppliant mal
pour bien, relata et declaira qu’il esperoit rencontrer icelluy
16 suppliant, en luy donnant plusieurs menasses. Et le mardi vingtme jour de novembre oudit
an mil cinq cens vingt, estant ledit suppliant en la compaignye
17 de feu André et Anthoine Prevostz, ses freres, le seigneur de La Tabariere et autres
gentilzhommes se vindrent adresser audit suppliant, lesquelz luy dire qu’il
18 avoient fait tendre a ung grant sanglier et ne voulloient pas avoir le passetemps sans luy et
qu’il allast avec eulx. En obtemperent ausquelz
19 gentilzhommes, ledit suppliant, sans penser en mal ne que ledit Maurice Prevost se
trouvast en la compaignye, se transporta en la compaignye de ses freres
20 et des dessusdits audit boys, auquel trouva ledit Maurice Prevost, garny d’une espee, ayant
ung laquays avec luy. Et incontinant qu’ilz se recontrerent,
21 descenderent de sur leurs chevaulx, et pria ledit suppliant André Prevost de sembleblement
descendre de cheval, ce qu’il feist. Et demanda icelluy suppliant
22 audit Maurice Prevost a basse voix, luy mectant la main sur l’espaulle, si il voulloit
maintenir les parolles iniurieuses et scandaleuses qu’il
23 avoit dictes de luy. Lequel feit responce en jurant et blaphement par le Sang-Dieu que oy.
Et en ce disant et mesme instant, desgaynnerent
24 lesdits suppliant, Thomas Prevost et Maurice Prevost leurs espees qu’ilz avoient a leurs
coustez et ruerent lesdits suppliant et Maurice plusieurs
25 coups d’estocq l’un contre l’autre, tellement que d’un coup d’estocq de sadite espee, en
faisant reculler ledit Maurice, le actainct au cousté dextre. Et sur ce,
26 aucuns desdits gentilzhommes qui illec estoient survindrent, les departir et se separerent.
Et incontinant ledit Maurice monta sur son cheval
27 et s’en alla au prieuré de Janozay ou il est decedé environ huit ou dix jours apres. Pour
occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de
28 justice ne osereroit [sic] asseurement demourer et converser au pais ne ailleurs en notre
royaume si par nous ne luy estoit survenu de noz grace
29 et misericorde, nous humblement requerant que, actendu la maniere dudit cas advenu
inconsultement et a chaude colle, a son tres grant deplaisir,
30 et que en tous autres cas il est bien famé et renommé, sans jamais avoir esté actainct ne
convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche,
31 (fors que environ le premier jour du moys de juillet mil V c XXIIII, luy estant au marché de
Saint Ermyne, sur certain debat qui advint entre luy
32 et maistre Pierre Mignen, pour ce que ledit maistre Pierre Mignen le dementoit, ledit
suppliant luy donna ung soufflet de la main sur la joue), il nous
33 plaise luy impartir noz grace, pardon et misericorde. Pour quoy etc., avons en l’honneur et
reverance de la benoiste et saincte passion notre seigneur, qui fut a tel
34 et semblable jour qu’il est aujourd’huy, remis, quicté et pardonné etc. Si donnons en
mandement par ces mesmes presentes au seneschal de
35 Poictou ou son lieutenant a Poictiers, ou ressort duquel ledit cas est advenu, et a tous noz
autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné
36 a Argentein ou moys de mars l’an de grace mil cinq cens trente et ung, et de notre regne le
dix-huitme. Ainsi signé par le roy
37 tenant ses requestes, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 66, f° 51 v°
1 Francoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Guyon des
Ruaulx, homme d’armes de noz ordonnances soubz la charge et conduicte
2 de notre tres chier et tres amé cousin le marquis de Saluces, contenant que de certain debat
et different d’entre Jehan des Olives, a present deffunct, et Philbert des Ruaulx, frere
3 dudit suppliant, qui estoit que ledit des Olives auroit fait citer ledit Philbert, frere dudit
suppliant, pour cinq escuz pour la vendacion de quelque butin qu’ilz avoient faictz a
4 Hesdin, dont par sentence du juge d’eglise, ledit Philbert avoit esté absoubz, ledit suppliant
ne se meslast ne entremist aucunement. Neantmoins, icelluy des Olives consceut
5 au moyen de ce haynne a l’encontre dudit suppliant, se prepara et acompaigna de gens pour
le oultrager. Et pour mectre son entreprinse a excecucion, ainsi que ledit
6 suppliant a ung certain jour ou moys d’octobre estoit a la porte du lieu de Saint Sauger en la
compaignie d’un gentilhomme, sans penser en aucun mal, ledit de Olives se vint
7 chauldement adresser audit suppliant, luy disant par grant collere que sondit frere ne seroit
jamais cité pour lesdits cinq escuz, mais qu’il s’en vengeroit a l’espee, usant avec
8 ce de menasses a l’encontre dudit suppliant, luy disant qu’il luy en respondoit et rendroit
compte. Lequel suppliant luy dist gracieusement qu’il ne s’en devoit pas prendre
9 a luy ne le menasser car il n’avoit point de querelle a luy. Touteffoys, ledit de Olives et ledit
autre gentilhomme, qui la estoit, se prindrent a jurer et
10 blaffemer, usans de parolles rigoreuses a l’encontre dudit suppliant, lequel pour eviter
debat se absenta et retira en ladite ville de Saint Sauge. Et combien que, comme dit est,
11 ledit des Olives n’eust querelle audit suppliant, neantmoins il luy manda par ung
gentilhomme qu’il se donnast garde de luy et que la ou ilz se trouverroient, ilz se batroient.
12 Et en plusieurs et divers lieux continuoit ledit des Olives en sesdites menasses de oultraiger
ledit suppliant, tellement que icelluy suppliant saichant que ledit des Olives
13 estoit fort audacieulx, fort et puissant, n’ousoit bonnement aller par les champs qu’il ne
portast sur luy ung pourpoinct d’escaille et de maille pour la seureté de sa
14 personne, et non en intencion de nully offendre. Et a ung certain jour ou moys de
decembre, ainsi que ledit suppliant estoit au marché dudit Saint Saulge, ou il estoit allé
15 acompaigné d’un sien page pour achepter quelque provision pour la despence de maison,
ayent sur luy sondit pourpoinct d’escaille ou maille, se meut debat entre
16 ledit suppliant et ung quiden habitant de ladite ville. Auquel ledit suppliant, pour quelque
iniure que luy disoit ledit habitant, dist que s’il ne doubtoit autre que
17 luy, qu’il luy monstreroit qu’il ne le devoit iniurier ou autres menasses, dont ledit suppliant
n’est records. Lequel se doubtoit que ledit des Olives se veusist
18 joindre contre luy avec ledit habitant. Et ainsi que peu apres ledit suppliant essayoit des
gans devant l’ouvrouer d’un mercier pour les achapter, en tournant
19 son visaige il vit et apperceut venir vers luy ledit des Olives monté sur ung cheval, lequel
si toust qu’il apperceut ledit suppliant mist la main a son espee,
20 dont ledit suppliant fut fort esmeu, disant par telz motz : « veezez l’homne qui me veult
tuer », luy disant par ledit suppliant en aprouchant l’un de l’autre : « viens ça, l’on
21 m’a dit que tu me cherches ! » Et ja ledit des Olives se mectoit en son devoir de soy
descendre, disant quelques parolles audict suppliant qui ne les entendit pas bien,
22 mais depuis a oy dire qu’il luy disoit qui luy laissast mectre pié a terre pour eulx battre. Sur
quoy, ledit suppliant saichant le mauvais voulloir que avoit
23 a l’encontre de luy ledit des Olives, qui estoit fomme fort et puissant et de mauvaise vie, et
les grans menasses dont il usoit a l’encontre de luy, tira son espee
24 et d’icelle, ainsy que ledit des Olives avoit ung pied a terre, luy gecta ung coup d’estoc
dont il le ataingnit par le corps. Touteffoys, ledit des Olives gecta audit suppliant
25 ung autre coup d’estocq, qui luy passa entre le corps et les braz, et ledit suppliant luy gecta
ung autre coup d’estoc dont il le actaingnit semblablement par le corps,
26 desquelz coups il alla de vie a trespas. Pour raison duquel cas, ledit suppliant auroit obtenu
noz lectres de remission adressans au bailly de Saint Pierre Le Moustier
27 ou a son lieutenant, auquel il les presenta. Et apres aucunes procedures fut eslargy a
caucion, dont la mere dudit deffunct se porta pour appellant en notre court de
28 parlement par arrest, ladite appellacion mise au neant, et ledit suppliant condampné aux
despens, ladite matiere fut envoyee par devant le bailly de Berry ou
29 son lieutenant, et ordonné que ledit suppliant comparestroit en personne, ce qu’il fist, et
presenta tant sesdites lettres de remission que certaines lettres d’ampliacion audit
30 bailly de Berry ou a sondit lieutenant, et d’icelles requist l’enterrinement et affermé
qu’elles contenoient verité. Et pour ce que ledit suppliant depuis congnut que lesdites
31 lettres de remission et ampliacion n’estoient ainsi que dessus est declairé, aussi que ledit
suppliant estant en grant jeunesse pour ce que ainsi qu’il estoit commun
32 bruyt, une nommee Marye, femme de Guillaume Perrot, demourant pres la maison dudit
suppliant, se habendonnoit a plusieurs et diverses personnes en lubricité
33 et se tenoit sondit mary a une lieue ou deux hors d’avec elle, icelluy suppliant se adressa a
ladite Marie et l’enleva de la maison de Anthoine Martin, mary de la
34 mere de ladite Marye, sans ce qu’elle fist resistance sinon lantement et froidement, et eut
ledit suppliant lors jeune et non marié compaignye charnelle avec elle,
35 ce que fut mis en avant luy, estant prisonnier, combien qu’il y eust quatre ans et plus avant
que ledit suppliant se constituast prisonnier qu’elle estoit morte et qu’elle
36 eust vesqueu ung an ou environ depuis ledit cas, ledit suppliant demourant et conversant en
la mesme paroice et jurisdicion qu’elle faisoit, ne que jamais luy en eust esté
37 fait question ne querelle par ladite Marie ne autre avant ledit emprisonnement. Par quoy
ledit suppliant doubtant rigueur de justice se evada et yssit
38 desdites prisons, moiennant une corde qui luy fut baillee. Au moien de quoy par ledit
bailly de Berry ou son lieutenant, fut contre luy proceddé par deffaulx et
39 banissement, et au moyen d’iceulx ledit suppliant condampné a souffrir mort, ses biens
confisquez, a la mere dudit deffunct adjugé grosse somme de deniers pour
40 son interestz civil, a laquelle il a depuis satiffait et icelle contentee, nous humblement
requerant ledit suppliant que, actendu que depuis il s’est aplicqué
41 et employé son corps en notre service ou fait de noz guerres, que en tous autres cas il est
bien famé et renommé, fors que neuf ou dix ans a, ledit suppliant
42 venant de la chasse et estant a pied, aperceut pres le cemetiere de l’eglise parroissialle dont
il estoit [sic] cinq personnes qui ruoient et frappoient
43 sur son pere, qui estoit agé de quatre-vingts ans ou environ, et Philbert des Ruaulx, son
frere, leurs faisant plusieurs oultrages, dont sondit pere estoit
44 fort blessé, en donnant secours ausquelz par ledit suppliant les deux d’iceulx cinq hommes
furent occis et les autres navrez, dont ledit suppliant
45 obtint noz lettres de remission qui luy ont esté enterinees, il nous plaise en l’honneur et
reverance de la benoiste passion de notre sauveur et redempteur
46 Jhesus Crist, qui fut a tel jour qu’il est aujourd’huy, luy octroyer noz grace et misericorde.
Pour ce est-il que nous, ces choses considerees, voullans
47 misericode etc., audit suppliant en l’honneur et reverance d’icelle passion de notre sauveur
et redempteur, qui fut a tel jour, avons remis, quicté et
48 pardonnez les faiz et cas dessusdit avec toute peine etc. Si donnons en mandement par
cesdites presentes au bailly de Berry ou sondit lieutenant, pour ce
49 que comme dit est par arrest de notre court ladite matiere luy [a] esté renvoyee, et a tous
noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc.
50 Donné a Argentein ou moys de mars l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre
regne le dix-huitme. Ainsi signé
51 par le roy tenant ses requestes, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 67, f° 52 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion des femme, enfans,
parents et amys charnelz de maistre Jehan Sapin, nagueres receveur general de
2 noz finances en la charge et generalité de Languedoil, contenant que a l’auccasion des
grandes restes et arrierés en quoy il estoit demouré redevable envers nous du
3 fait de sadite charge et recepte generalle du temps qu’il l’a tenue, tant par la mauvaise
administracion que en avoient faicte aucuns de ses gens et commis qui luy estoient
4 demourez redevables en grosses sommes que pour les prestz qu’il avoit faitz a aucuns
princes de notre sang et autres personnaiges desquelz il n’a peu estre
5 payé, dont les deniers avoient par luy esté prins en sadite charge de quartier en aultre et
jusque au quartier de juillet derrenier, quoi voyant que voullions
6 avoir et recouvrer les deniers d’icelluy promptement et entierement pour satiffaire au
payement des deux cens cinquante mil escuz qu’il nous coutust
7 bailler a notre tres cher et tres amé frere et cousin l’empereur pour le rachapt des terres de
notre cousine la duchesse douairiere de Vendosme que luy avons
8 baillees pour partie de notre rençon et que par faulte de ce que ledit Sapin ne povoit
satiffaire et fournyr audit payement des deniers de ce que montoit ledit quartier
9 de sadite charge et recepte generalle, craingnant a faulte de ce estre emprisonné ainsi que
l’avions ordonné et commandé, il se absenta, fouyt, latita et evada, tellement
10 que depuis il ne s’est ozé trouver ne monstrer ne retourner en sa maison. Et a l’occasion de
ce et de son mauvays mesnaige, gouvernement et administration et qu’il
11 a prins, emporté et mal usé de nosdits deniers, et iceulx applicquez a son prouffict et
volunté, et prestez et baillez ou bon luy a semblé, nous n’en avons peu estre
12 secoureuz ne aydez, mesmement audit payement dudit empereur qui estoit ordonné estre
fait au jour nommé. Et se montoit ledit quartier de juillet, aoust et septembre
13 pour ladite recepte generalle a la somme de deux cens quatre-vingts-dix mil huit cens
quatre-vingts-dix livres quatre solz dix deniers tournois, dont nous avions
14 ordonné la pluspart pour convertir audit payement de l’empereur, et le reste en autres noz
expres et urgens affaires et assignacions baillees sur ledit Sapin a noz
15 officiers comptables, dont le tout par la faulte dudit Sapin et au moyen de son allee et fuyte
et que n’avons peu recouvrer aucune chose de luy, est demouré en arriest
16 et desordre, et nous a convenu ayder d’ailleurs et rompre d’autres assignacions necessaires
et emprunter argent pour satiffaire et fournyr ausdites parties empruntees
17 sur luy, en commectant par luy envers nous crime de peculat comme exateur et
deppretateur [des deniers de nous et de la chose publicque, infracteur et transgresseur de25]
son serment, foy et promesse et autres delictz deppendans dudit crime et
18 encourant les peines de droit qui sont pour ce indictes et ordonnees. Et combien que sesdits
femme et enfans, parens et amys n’ayent sceu ne saichent comme ilz dient ou il
19 est ne en quel lieu, pays et endroit soyt de notre royaume ou dehors il s’en est allé,
toutesvoyes [sic] ilz mecteroient voluntiers peine et traval [sic] de le savoir et le
20 retirer et faire revenir en sa maison pour nous satiffaire et s’acquiter envers nous, sy notre
plaisir estoit avoir pitié et misericorde de luy et luy quicter, remectre
21 et pardonné le fait, cas et crime dessusdit, et des a present arrester ce qu’il nous peult
devoir en luy allouant la somme de soixante-treize mille livres
22 tournois, qui deue luy estoit par feu Charles jadis de Bourbon, dont feu notre tres chere et
tres amee dame et mere, que Dieu abseille, auroit fait son propre debte
25
Section ajoutée en marge de l’acte, indiquée par un renvoi.
23 audit Sapin pour les payer en dix annees pour les causes et ainsi qu’il appert par les lettres
sur ce faictes et passees, et du reste qui se trouvera estre a nous deu
24 par ledit Sapin il nous satiffera, et ja a faict mectre entre les mains de celuy que avons
ordonné ses debtes et obligacions jusques a la somme de vingt-cinq
25 mil livres tournois et au-dessoubz qui se leverent par le susdit comme par main tierce et
l’argent qu’il en recouvera sera mis entre ses mains pour le mectre
26 entre les mains ou ainsi que nous ordonnerons a l’acquict dudit Sapin. Et par ce moyen,
recouverons ce qu’il nous est deu, ce que impossible seroit sans octroyer
27 audit Sapin notredite grace, pitié, misericorde et pardon. Pour ce est-il que nous, ce
consideré, voullans misericorde preferer a rigueur de justice, ayans regart
28 a ce que dessus et aussi aux services que ledit Sapin nous a faictz cy-devant, et que ladite
faulte et crime par luy commis a esté par contraincte d’estre
29 emprisonné pour ne pouvoir satisffaire ausdits payemens dont il estoit chargé, et que en
tous autres cas il s’est tousiours bien et honnestement gouverné sans jamais
30 avoir esté actainct d’aucun autre crime, blasme ne reproche, apres ce que avons mis ceste
matiere en deliberacion de notre conseil et fait arrester en icelluy ce que ledit
31 Sapin nous doibt de cler dudit quartier de juillet, aoust et septembre derrenier de ladite
recepte generalle de Langedoil, desduict ce que en avons fait recevoir et que en a esté
32 levé tant par maistre Benigne Serre, son gendre, comme son commis que par Jehan de
Gennes, ayant de ce eu charge depuis l’absentement dudit Sapin, montant ledit reste
33 et cler a la somme de deux cens vint troys mil troys cens cinquante troys livres neuf solz
dix deniers tournois, sur quoy luy desduyrons ladite somme de soixante
34 treize mille livres tournois que deue luy estoit par feu notredite dame et mere a la cause
que dessus, par quoy restera encores nous estre deu de nect par ledit Sapin
35 la somme de sept-vingts dix mil troys cens cinquante troys livres ung solz tournois,
lequelle il sera tenu nous payer et satiffaire, et de ce nous baillera bonne
36 et safsisante [sic] caucion. Et en ce faisant, avons de notre certaine grace especial, plaine
puissance et autorité royal remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons audit
37 maistre Jehan Sapin le fait, cas et crime dessusdit avec toute peine, offence et amende
corporelle criminelle et civille, en quoy pour occasion d’icelluy il pourroit estre encoreu
38 envers nous et justice, et l’avons restitué et restituons a sa bonne fame et renommee au
pays et a ses biens non confisquez, en mectant au neant toutes
39 sentences, arrestz, condampnacions, bans, deffaulx et autres choses qui s’en seroient
ensuyves [sic]. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a noz amez
40 et feaulx les gens de notre grant conseil que de noz presens grace, pardon, remission et
abolicion ilz facent, seuffrent et laissent ledit Sapin joyr et user
41 plainement et paisiblement, sans pour raison dudit cas luy faire mectre ou donner ne
souffrir estre fait, mis ou donné aucun arrest, trouble ne empeschement
42 ou contraire, lequelles si fait, mis ou donné luy estoit le mectent ou facent mectre
incontinant et sans delay au premier estat et deu, car tel etc.
43 En tesmoing de [quoy], nous avons fait mectre et apposer notre scel a ces presentes. Donné
a Rouen ou moys de fevrier l’an de grace mil cinq cens trente et ung
44 et de notre regne le dix-huitme. Ainsi signé par le roy en son conseil, Dyorne, visa
contentor Deslandes.
Lettre n° 68, f° 52 v°
Même affaire que la lettre n° 58.
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Raymont
d’Ariamhan26, Jehan Guillem de La Fitas, Arnault Dalas, Jehan Delpont, Jehan Respault,
2 Arnault Dupré, Jehan Boussins, Pierre Guillem, Yssot et Jehan Yrat, habitans de Pamyer,
Pierre Richart, Anthoine Richart, Jehan Richard, Raymon Delpech, Françoys Combis, Pierre
3 Dorgault, Pierre Cabame, Guillaume Catella, Jehan Baudoyn dit Le Rectoret, Jehan Dufour,
Pierre Dauhac, Anthoine Vernolat, Jehan de Casse, Jehan Stival, Bertran Stival et
4 Antoine Vastre, contenant que ung jour duquel lesdits supplians ne sont recors, Françoys de
Rochefort, viguier de la cité de Pamyez, ledit Raymon, son lieutenant, Anthoine Vastre, son
5 serviteur et autres, ayens commission de prinse de corps tant de la court du seneschal de
Carcassonne que des consulz dudit Pamyez a l’encontre de Gacion Dynart et d’un sien
servicteur
6 nommé Galine, voulans icelles prinse de corps mectre a excecution, vindrent trouver sur la
porte du mercadal, devant la maison generalle dudit Pamyer ledit Dynar, acompaigné de sept
7 ou huit hommes armez, portans hallebardes, rondelles et autres harnoys, entres lesquelz
estoit ung nommé Pierre Dignar, frere dudit Gracien. Lesquelz voyens que ledit viguier,
8 acompaigné desdits supplians vouloient mectre a excecution lesdites prinse de corps tant
contre ledit Gracien que contre ledit Galline se mirent en resistance, ruans
9 a l’ancontre d’eulx plusiuers courps de pierres, de hallebardes et d’espees, et mesmement
ledit Pierre. En quoy faisant et pour ladite resistance, ledit Pierre fut blessé par ledit viguier
10 en une jambe, dont il demoura afollé. Aussi fut blessé par quelque autre en une de ses
mains a effusion de sang. Et oudit conflit, se trouverent blessez plusieurs
11 d’une part et d’autre, dont ne s’est ensuivy mort ne mutillacion de membres. Et pour ce
que lesdit viguier, d’Armihan, son lieutenant, et consupplians, a l’auccasion que ledit Gracien
12 s’en fuyt, ne peurent mectre a excecution lesdites prinse de corps. Pacce aussi que ledit
Gracien se tenoit tousiours enfermé dedans le chasteau dudit Pamyer, a ung certain
13 jour ledit viguier acompaigné de Jehan Guillem de La Fita, de Arnault Dallyot, de Jehan
Dupont, Arnault Dupré, Jehan Bousins, Pierre Guillem, Yssot Jehan
14 Yrat, Jehan Tergault, Pierre Cabame, Guillaume Cautella, Jehan Baudry, Jehan Dufour,
Pierre Dauhac, Anthoine de Vernolat, Jehan Ducasse, Fauron Bosquet,
15 Jehan Stival et Anthoine Vastre, armez et embastonnez pour faire obeyr a justice se
transporterent davant ledit chasteau pour prandre au corps ledit Gracien en vertu
16 de ladite prinse de corps. Ouquel chasteau ilz entrerent par les deux premieres portes qu’ilz
trouverent ouvertes, mais ilz trouverent la tierce porte
17 fermee. Par quoy ilz prindrent quelque fuste de boys, qui estoit en une cave, pour rompre
ladite porte. En prenant laquelle fuste, y eut quelque vin respendu
18 par terre. Et quelque chose que peussent faire, ledit Gracien ne voulsit ouvrir et ne peut
estre prins ne aprehandé. Et le vendredi ensuyvant, ledit viguier
19 ayant autre mandement de pronse de corps du seneschal de Tholouze ou son lieutenant
contre ledit Gracien, adverty que ledit Gracien estoit au lieu d’Escose
20 avec certains lacays, ses complices, se deliberent de mectre a excecution lesdites prinse de
corps, se partirent dudit Pamyer ledit d’Armihan, armé d’unes
21 brigandines, d’une rondelle, dar et espee, les autres aussi armez et embastonnez d’espees,
harquebuctes et harbalestes, affin que justice fust obeye. Et
26
Tous les noms des suppliants sont pratiquement illisibles, le parchemin étant marron et l’encre peu lisible.
22 estans a la porte du pont neuf de ladite ville de Pamyer, virent venir ledit Gracien devers
ledit lieu d’Escosse, garny d’une rondelle et espee, ayent en sa compaignie
23 six ou sept compaignons aussi armez et embastonnez d’espees, rondelles et hacquebeutes.
Lequel Gracien si toust qu’il vit venir lesdits Viguier et supplians reculla et
24 se mist en fuyte vers ledit lieu d’Escosse. Et ledit viguier et supplians le suyverent pour le
prande au corps en ensuyvant lesdits mandemens de prinse de corps,
25 et trouverent les aucuns desdits supplians ledit Gracien en une vigne, et entre autres ledit
Peiron Richart, consuppliant, portant une hacquebucte, dist audit
26 Gracien par telz motz : « cappitaine, rendez-vous car nous avons mandement de justice de
vous prandre au corps ! » Lequel Gracien luy dist qu’il
1 se rendroit et fist semblent de luy bailler son espee. Mais en feingant vouloir bailler audit
Richart, consuppliant, sadite espee, il luy rua d’icelle ung grant coup
2 sur la teste, disant qu’il ne se rendroit point a telz canailles. Et dudit coup eust tué ledit
Richart, comme il est a presumer, n’eust esté que icelluy Richart se couvrist et soustint
3 ledit coup de son espee, et continua ledit Gracien ruer et gecter grans coups d’espee sur ledit
Richart, tellement qu’il l’avoit acullé de force de coups. Quoy voyant l’un desdits supplians
4 nommé Bertran Stival et que ledit Richart estoit en dangier de mort, desbanda son arbaleste
contre ledit Gracien, du trait de laquelle il fut actaint par l’espaulle droicte, qui sortoit
5 a la mamelle gaulche. Et sur ce, ledit Richart cryoit que ledit Gracien estoit prins. Auquel
cry vindrent les autres consupplians qui n’en savoient riens. Lesquelz non pensans
6 que pour ledit coup y eust peril de mort, le fyrent monter a cheval pour le mener a Tholoze.
Et pour ce qu’il estoit presque nuyt et qu’ilz voyoient ledit Gracien estre blessé,
7 le menerent au lieu de Montault, estant sur le chemyn dudit Thoulouse, et le logierent en la
maison d’un nommé Anthoine Cathau, qui tenoit lors en louage maistre Françoys
8 Teyssier, lequel gracieusement dist qu’il se voulloit confesser. Par quoy furent envoyez
querir ung prebtre et les cirurgiens, auquel lieu s’estoient retirez cirurgiens de Pamyer
9 pour la peste qui lors regnoit audit Pamyer. En faisant laquelle prinse, ledit Rectoret, l’un
desdits supplians, print la boursse et espee dudit Gracien, en laquelle boursse y avoit
10 quatre livres, et ledit Pierre Dauhac ung collet de veloux pour le tenir en garde et pour en
respondre ainsi qu’ilz ont declayré. Apres laquelle confession dudit Gracien,
11 ung cirurgien nommé maistre Pierre Lasne Vert luy tira le traict dont il estoit frappé.
Lequel Gracien, peu de tamps, alla de vye a trespas. Quoy voyens lesdits supplians
12 doubtans rigueur de justice se sont absentez hors du pays. Pourraison duquel cas,
informacions ont esté faictes, tant par auctoryté du seneschal de Thoulouse que des consulz de
13 Pasmyez, en vertu d’icelles decerné prinse de corps et adjournemens personnelz a
l’encontre desdits supplians, nous humblement requerans que, actendu la maniere dudit
14 cas et que en tous autres cas ilz sont bien famez et renommez sans jamais avoir esté actains
ne convaincuz d’aucun autre villain cas, blasme ou reprocuhe, il nous plaire
15 leur impartir noz grace et misericorde. Pour ce est-il que nous, ces choses considerees,
voullans misericorde etc., ausdits supplians et chacun d’eulx avons remis, quicté
16 et pardonné etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au seneschal de
Thoulouse ou a son lieutenant, en la senneschaucee duquel ledit cas est advenu, et tous noz
autres
17 justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou moys de fevrier l’an de grace mil
cinq cens trente-ung et de notre regne le dix-huitme. Ainsi signé
18 par le roy, Robertet, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 69, f° 53 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Gourgon de La
Haye, escuyer, contenant que puis aucun temps en ça, il a esté
2 par notre tres cher et tres amé cousin le cardinal de Lorraine commis a la maistrise et garde
des boys et forestz a notreditcousin appartenant a cause de la barronye de Fescamp pour
3 par icelluy suppliant obvier aux larrecins qui se faisoient esdits boys, tant de jour que de
nuyt. Advint que a ung certain jour du moys de janvier dernier passé,
4 ainsi que ledit suppliant venoit de la ville de Fescamp, en laquelle il se tient souventeffoyz
tant pour l’excercisse de son estat de lieutenant du cappitaine dudit
5 Fescamp que pour les affaires de notre cousin, comme maistre et garde desdits boys et
forestz, pour s’en aller en sa maison assise en la parroisse de Euverbiet, distante
6 dudit Fescamp de troys lieues ou environ, passant environ l’heure de sept a huit heures de
soir par la forest des Hogues appartenant a notredit cousin, et dont
7 ledit suppliant est commis a la garde comme dit est, trouva esdits boys troys hommes qu’il
ne congnoyst chargez de boys qu’ilz avoient prins, couppez et robez
8 en sadite forest. Ausquelz ledit suppliant dist : « demourez ! » Lesquelz troys hommes
incontinant se deschargerent et ainsi que ledit suppliant les vouloit prandre
9 et constituer prisonniers, s’efforcerent le oultrager de leurs serpes et autres bastons de boys
qu’ilz avoient. Voyant par ledit suppliant l’effort qu’ilz faisoient de
10 l’oultrager en desobeissant a justice, pour doubte de sa personne desgaynna son espee qu’il
a acoustume porter et d’icelle en repulsant leur force et violence, mesmement
11 d’un surnommé Le Picard, luy gecta ung coup de taille sur la teste et ung coup d’estoc en
la cuisse. Et incontinant les autres d’eulx s’enfuyrent, apres lesquelz marcha ledit suppliant
12 pour les cuidez actaindre et constituer prisonniers, ce qu’il ne peult faire, et s’en alla ledit
suppliant en sa maison, pensant que ledit Picard s’en fust allé. Et combien
13 que desdits coups ainsi par ledit suppliant baillez audit surnommé Picard, qu’il n’avoit
jamais veu auparavant, dont il ait memoire il eust esté pensé et
14 tellement qu’il en estoit guery ou a peu pres, touteffoiz est advenu que ung moys apres ou
environ, au moyen de certaine maladye de Naples et foiblesse
15 d’estomac qu’il avoit auparavant lesdits coups ou autrement, ledit surnommé Le Piccart
seroit allé de vye a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit suppliant,
16 craignant rigueur de justice s’est absenté hors du pais, nous humblement requerant que,
actendu la maniere dudit cas et que en tous autres cas il est bien
17 famé et renommé sans jamais avoir esté actainct d’aucun autre villain cas, blasme ou
reprouche, il nous plaise luy impartir noz grace et misericorde.
18 Pour ce est-il etc., audit suppliant etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au
bailly de Caux ou a son lieutenant a son siege de Moustiervillier,
19 ou bailliage, ressort et jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres
justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Rouen ou mois de
20 mars l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huit me, pourveu que
avant la presentation de ces presentes, ledit suppliant fera dire
21 une messe de requien en l’eglise parroissial ou ledit deffunct est inhumé et y assistera
personnellement S. Deslandes. Ainsi signé par le conseil,
22 Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 70, f° 53 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Jehan Le Noble
et Jehan Basin, ledit Noble suppliant cordonnier, a present prisonnier ou chastellet
2 de Paris, contenant que le [blanc] jour de novembre dernier passé, ilz se partirent du lieu de
La Fere, et pour lors estions [sic] esperant eulx en aller en la ville de Rouen,
3 acompaignez de Pierre Paulmier et ung autre jeune filz, servicteur dudit Le Noble,
suppliant, et embastonnez, c’est assavoir lesdits supplians chacun d’un espee, ledit Paulmier
d’une broche
4 de fer et l’autre portoit quelque fardeau derriere son doz. Et pour ce que ledit Le Noble,
suppliant, en chemynant et passant son chemyn fut adverty qu’on avoit veu passer sa femme
5 avecques aucunes personnes qui l’amenoient et alloient a Paris, iceulx supplians et
dessusdits seroient marchez apres eulx jusques a la ville de Lusarche, pensans illec trouver
ladite
6 femme dudit Le Noble, suppliant, et parente dudit Basin. Et pour ce qu’ilz ne trouverent
ladite femme, se partirent dudit Lusarche. Et ainsi qu’ilz en furent partiz et eulx estans
encores
7 bien pres dudit lieu, ilz apperceurent troys compaignons qui venoient devers ladite ville de
Paris, dont l’un d’iceulx, a present deffunct, se appelloit Collin. Et pour ce que ledit Le Noble,
8 suppliant, estoit adverty que ledit Colin entretenoit sadite femme et ainsi qu’ilz furent
arrivez l’un aupres de l’autre, icelluy Le Noble, suppliant, dist audit feu Collin telles parolles
et
9 semblables : « Colin, que je parle a vous ! » Ausquelles parolles ledit Colin dist audit Le
Noble, suppliant, en l’appellant bougre, qu’il ne parleroit point a luy, dont ledit Le Noble,
10 de ce couroussé et desplaisant, tira son espee nue et suivyt ledit feu Collin, qui entra en une
chambre dedans l’Hostel Dieu dudit Lusarche, jusques dedans laquelle il fut suivy
11 par ledit Le Noble, suppliant, et ledit Paumier. Et eulx estans en ladite chambre, ledit feu
Colin gecta ung coup d’espee audit Le Noble, suppliant, voullant frapper sur luy, ce qu’il ne
12 fist pour ce qu’il se sauva dudit coup, et rua de sadite espee aucuns coups sur ledit feu
Colin, dont il fut blessé et navré, ne scet bonnement ledit suppliant par quel endroit
13 en parties de se corps il fut actainct, sinon qu’il luy semble qu’il luy donna ung coup de
taille sur la teste ou sur l’eschine et ung autre coup, ne scet ledit Le Noble, suppliant,
14 par quel endroit, sinon que peu apres icelluy rué il oyt que ledit feu Collin dist qu’il estoit
mort. Mais quant audit Paulmier, qui estoit garny de ladite broche de fer, ne luy rua ne
14 donna aucuns coups, et quant audit Bazin, suppliant, il n’entray audit Hostel Dieu, mais
seulement desgaynna son espee dont il s’escarmouchoit parmy la rue. Et neantmoins,
15 depuis et tost apres lesdits coups ainsi donnez par ledit Noble, suppliant, audit feu Colin,
icelluy Colin au moyen d’iceulx et par faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement
16 seroit allé de vie a trespas. A l’occasion de quoy, lesdits supplians craignans rigueur de
justice se seroient voullu aller et fuyr, ce qu’ilz n’auroient peu faire, obstant ce
17 qu’ilz avoient esté poursuiviz par les officiers dudit Lusarche et constituez prisonniers, et
leur proces fait, et pour ledit cas condampnez a souffrir mort, dont ilz
18 auroient appellé, et doubtent lesdits supplians que pour raison dudit cas, on veille
procedder rigoureusement a l’encontre d’eulx, si noz grace, remission et pardon ne leur
19 sont sur ce impartiz, si comme ilz dient, en nous humblement requerant que, actendu ce
que dit est et que en tous autres cas lesdits supplians se sont honnestement gouvernez
20 et conduictz sans oncques avoir esté actaincts ne convaincuz d’aucun autre villain cas,
blasme ou reprouche, nous leur veillons impartir nosdites grace et misericorde.
21 Pour quoy etc., audit [sic] supplians etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes a
notre prevost de Paris ou a son lieutenant, pour ce que ledit cas est advenu en sa
22 prevosté et jurisdiction, ou que lesdits supplians sont detenuz prisonniers en notredite ville
de Paris, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné
23 a Argentein ou moys de mars l’an de grace mil cinq cens trente et ung avant Pasques, et de
notre regne le dix-huitme. Ainsi signé par le roy, Macault,
24 visa contentor Deslandes.
Lettre n° 71, f° 54 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Pierre Brihan dit
Suihat, escuier, filz de Jehan de Suihat, aussi escuier, natif dudit
2 lieu ou pays d’Auvergne, aagé de vingt-cinq ans ou environ, contenant que le samedi dixseptme jour de fevrier derrenier passé, ledit suppliant partit dudit lieu de
3 Suihat pour aller au marché ou lieu de Sainct Amens pour illec vendre du blé. Et apres avoir
fait parties de ses affaires, s’en alla boire avecques ung nommé Michel
4 Auriere en l’hostel ou maison d’un nommé Cuilhat, tavernier, demourant audit lieu. Et ainsi
que lesdits suppliant et Auriere commançoient de boire, survint illec
5 ung nommé Pierre Rogier de Clunausat, a present deffunct, qui se mist a boire avecques
eulx. Et apres avoir beu, mangé et print leur refection, lesdits Rougier, Auriere
6 et suppliant compterent avecques leur hoste leur escot qui se montoit treize deniers tournois
pour homme. Et ledit escot compté, lesdits Auriere et suppliant gecterent chacun
7 treize deniers tournois. Lors ledit suppliant commança a remonstrer gracieusement audit
Rogier qu’il failloit qu’il baillast encores ung liart pour faire treize deniers, a quoy
8 se montoit sa part dudit escot. A quoy fut respondu par ledit Rougier a grosse arrogance
qu’il ne bailleroit riens plus et qu’il avoit baillé ce qu’il devoit,
9 appellant ledit suppliant villain larron. Desquelles parolles ainsi injurieuses, ledit suppliant
se sentit grandement oultragé. Au moyen de quoy, ledit suppliant luy
10 respondit qu’il avoit menty et qu’il n’avoit baillé que ung carolus. A quoy fut respondu par
ledit Rougier, qui estoit ung homme noysif et querelleux, que c’estoit luy
11 mesmes qui avoit menty et qu’il avoit gecté sur la table ung carolus et ung liard pour ledit
escot, disant plusieurs grosses injures audit suppliant et qu’il avoit
12 prins et desrobbé ledit liard et icelluy meslé avecques son argent, l’appellant villain larron,
comme davant. A cause de quoy, ledit suppliant, couroussé et marry desdites
13 injures, desgaynna son espee, touteffoiz ne rua lors aucun coup, ains pour obvier a noise et
debat partit de ladite taverne et se mist a chmyn [sic] pour s’en retourner
14 en sa maison, avecques ledit Michel Auriere. Et incontinant qu’ilz furent hors la ville dudit
Sainct Amans, veist ledit suppliant venir ledit Rougier, garny d’un baton,
15 qui les suyvoit, blasmant et iniuriant tousiours ledit suppliant, l’appellant villain larron.
Auquel ledit suppliant commança a dire grasieurement [sic] qu’il ne
16 le iniurias plus et qu’il se povoit bien contenter de luy avoit [sic] dit lesdites iniures.
Lequel Rougier, qui ne demandoit que noise et debat comme il
17 avoit de coustume faire, non content desdites iniures, ains perceverant en son mauvays
vouloir, dit audit suppliant qu’il ne alla plus avecques
1 luy s’il estoit saige, en le menassant que s’il le prenoit, il luy feroit menger son espee qu’il
portoit et luy tortroit le col comme a ung poulet, et continuerent
2 lesdites iniures et proupos jusques a ce qu’ilz furent hors la ville de Saint Sadornyn et pres
du chasteau dudit lieu, au dessus du jardin de Petit Jehan Dufour. Auquel
3 lieu, ledit suppliant tout marry et couroussé desdites iniures, aussi qu’il est gentilhomme, se
mist en collere et desgainna son espee, disant audit Rogier : « defend toy ! » Et en
4 ce disant, et aussi craignant le dangier de sa personne et qu’il estoit plus fort et robuste que
luy, pour obvier au danger de sa personne et apres avoir enduré lesdites
5 grosses iniures a luy insupportables et les povoit plus tollerer ne endurer, de chaulde colle
rua ung coup de sadite espee, duquel ledit Rougier fut actainct
6 et blessé sur l’un de ses braz. Et en perceverant tousiours par ledit Rougier en son mauvais
voulloir, qui comme dit est estoit garny dudit baton, et ausdites iniures
7 mal meu et tout eschauffé se gecta tout furieusement sur ledit suppliant pour le cuider saisir
et icelluy oultrager ou tuer. Lequel en recullant, rua de chaulde
8 colle deux ou troys coups, de l’un desquelz fut actainct ledit Rogier en la teste et de l’autre,
par cas fortuit, au ventre. A l’occasion desquelz coups, tantost apres, par
9 faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement, seroit ledit Rogier allé de vie a trespas.
Pour occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice se
10 seroit absenté du pays auquel ne ailleurs en notre royaume n’oseroit retourner, si noz grace
et misericorde ne luy estoient sur ce imparties,
11 en nous humblement requerant, actendu ledit cas ainsi advenu par la maniere que dit est et
qu’il n’y a aucune chose precogitee, aussi la jeunesse
12 dudit suppliant, et que en tous autres cas, ledit suppliant est bien famé et renommé sans
jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme
13 ou reproche, fors et excepté que durant sa jeunesse, il se seroit trouvé en quelques petites
noises dont touteffoiz ne s’en seroit ensuivy aucun meurtre, multilacion
14 de membre ne inconvenient, il nous plaise en l’honneur et reverance de la deloreuse
passion de notre sauveur et redempteur Jhesus Crist, qui souffrit mort a tel jour
15 que aujourd’huy, luy impartir sur ce noz lettres de grace et misericorde. Pour quoy etc.,
avons en l’honneur et reverance de la deloreuse passion de notre sauveur et redempteur
16 Jhesus Crist, qui souffrit mort a tel jour, quicté, remis etc. Si donnons en mandement par
cesdites presentes au seneschal d’Auvergne ou a son lieutenant, en la seneschaussee duquel
17 ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a
Argentein ou moys de mars l’an de grace mil cinq trente18 et ung avant Pasques, et de notre regne le dix-huit me. Ainsi signé par le roy a la relation du
conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 72, f° 54 v°
1 François etc., sieur de Dombes, savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion
des parens charnelz de Jehan Vallas dit de Rothe, natif de Villeneufve en notredit pays
Dombes, pouvre jeune
2 homme de labeur chargé de femme et troys petitz enfans, contenant que le dimanche vingtcinqme jour du moys d’avril mil cinq cens vingt et huit, qui estoit le jour et feste Saint
3 Marc, sur le soir et au commancement de la nuyt, estant en la ville dudit Villeneufve et en la
maison et hostel, ou Estienne Bernard tenoit hostellerie, avec Estienne Rymaud dit Musi,
4 Jehan Ladvocat, feu maistre Guillaume Perrochet, notaire, et Guichart Rollet, ilz entendirent
et seurent que Bertheren Dupont, Anthoine, filz de Guillaume Garson, et Bertheren, filz de
Claude
5 Johannard dit Forest, de la parroisse de Miserieu en notredit pays de Dombes, avoient
souppé en la taverne dudit Estienne Bernard avec deux filles de joye, et apres s’en estoient
6 allees, et les avoient menees a Aiguereins en une petite maison de Claude Perrot au Mas de
Meusseu, en la jurisdiciton du seigneur de Graveins, distant dudit Villeneufve
7 d’environ troys gectz d’arbaleste. Et sur ce, fut advisé entre eulx d’aller veoir lesdites filles
de joye, ce qu’ilz firent, les ungs portans leurs espees, mesmes ledit Jehan de
8 Vallas la sienne, et les autres de grans bastons de boys. Et quant ilz furent en ladite petite
maison, ilz trouverent lesdits Dupont, Garson et Johannard avec lesdites deux
9 filles, ausquelz ilz dirent qu’il failloit qu’ilz vinsent avec lesdites filles audit Villeneufve, ce
qu’ilz firent, et allerent tous de compaignie jusques a la taverne dudit Bernard,
10 ou ilz ressouperent, beurent, mengerent et banqueterent tous de compaignye. Et fut payé
l’escot par ledit Dupont. Et apres, sortirent de ladite taverne et sans [sic, s’en] allerent
11 tous ensemble jusques sur le pont dudit Villeneuve ou ilz prindrent congié les ungs des
autres et se despartirent amyablement, estant lors troys heures de nuyt.
12 Et ledit Vallas, ayant son espee ou verdun avec ledit Raoullet, ayant ung grant baston de
boys, avec lesdites deux filles de joye, prindrent leur chemyn pour les remener et retourner
13 en ladite petite maison ou elles avoient esté prinses, et tirerent droit leur chemyn celle part
sans mal panser ny avoir eu desbat ou noise avec lesdits Dupont, Garson
14 et Johannard. Lesquelz au despartement dudit de Villeneufve prindrent leur chemyn tout
au contraire et a l’opposité pour eulx en aller en leur maison audit lieu de
15 Miserieu. Touteffoiz quant ilz furent ung peu loing et virent que lesdits Vallas et Raoullet
les avoient perdues de veue, se delibererent suyvre lesdits Vallas et Raoullet pour
16 leur ouster lesdites filles et les oultrager comme est vray semblable. Et pour ce faire, se
gecterent a travers des champs pour coupper le chemin ausdits Vallas et
17 Raoullet et les actendre et rencontrer, les vindrent trouver et rencontrer sur le grand
chemyn aupres de la maison d’un nommé Rondet dit Darthoys, distant d’environ
18 d’un traict et demy d’arbaleste de la ou ilz s’estoient despartiz et avoient print congié les
ungs des autres. Et incontinant que lesdits Dupont, Garson et Johannard,
19 qui estoient troys et se sentoient les plus fors, apperceurent lesdits Vallas et Raoullet seulx
[sic] avec lesdites filles, commencerent a mener cryer grant bruyt [sic].
20 De quoy ledit Vallas se advença vers eulx, ne les congnoissant et ne pensant jamais icelluy
Vallas que lesdits Dupont, Garson et Johannard deussent retourner pour le[ur27] mal
21 faire et les assaillir, actendu que comme dit est s’estoient despartiz amyablement et prins
congé les ungs des autres. Et incontinant lesdits Dupont, Garson et Johannard
27
Dernières lettres du mot disparues dans un trou.
22 se prindrent a ruer grans coups de pierre sur lesdits Vallas et Raoullet, desquelles pierres
ilz avoient fait amas, de l’un desquelz coups ledit Raoullet fut actainct et
23 gecté par terre. Et apres se approucherent les ungs des autres et se entremeslerent et
entrebastirent ensemble par long espasse de temps. Et audit conflit et bature
24 furent ruez plusieurs coups tant d’espee que de baston d’une part et d’autre, car ledit
Dupont avoit une espee et lesdits Garson et Johannard chacun ung pault ou gros
25 baston de boys. Et a la parfin, ledit Dupont se seroit trouvé blessé de quatre ou cinq coups
d’espee ou verdun dudit Vallas tant d’estoc que de taille en plusieurs
26 parties de son corps, et aussi d’aucuns coups orbes de baston dudit Raoullet, et ledit
Johannard fut blessé en l’espaulle gaulche de l’espee dudit Vallas et eut
27 quelzques coups du baston dudit Raoullet. Et apres le lendemain au matin, ledit Dupont au
moien desdits coups, par faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement,
28 seroit allé de vie a trespas, ainsi que ledit Vallas oyt dire. Au moyen duquel homicide en la
maniere que dessus, quatre ou cinq jours apres, icelluy Vallas
29 se seroit absenté de notredit pays de Dombes et seroit allé a Montellimard resider et
Pierrelacte en notre pays de Daulphiné, ou il auroit bien et honnestement
30 vescu, travaillant et tirant grand peine pour gaugner sa vie, de sa femme et enfans. Et
demeura jusques a ung jour du moys de mars derrenié passé que luy
31 estant a Lion ou il avoit mené du blé vendre pour gaugner quelque chose pour sa pouvre
vie, sesdits femme et enfans, Benoist Dupont, frere dudit feu Bertheren Dupont le
32 fist constituer prisonnier es prisons dudit Lyon appellees Rouenne. Desquelles il auroit
despuis esté osté et renvoyé par ordonnance de notre seneschal dudit Lyon
33 ou son lieutenant es prisons de Trevolz en notredit pays de Dombes, auquel pays ledit
homicide estoit advenu. Et par notre juge ordinaire, lieutenant du bailly dudit pays de
34 Dombes, auroit esté interrogué sur ledit cas et homicide, et la grace et remission obtenue
par ledit Raoullet des le moys de fevrier mil cinq cens trente pour
35 cause dudit homicide a luy leue, dont il auroit le tout confessé liberallement et sans
contraincte, combien qu’il eust tesmoings que lesdits Garson
36 et Johannard qui luy ont esté confrontez, lesquelz estoient agresseurs et assailleurs avec
ledit feu Bertheren Dupont. Et auroit icelluy Vallas dit
37 ne vouloir bailler aucune deffence et s’en seroit soubzmis a joustice [sic]. Et sur ce, auroit
esté condampné par notredit juge ordinaire, lieutenant de notredit bailly,
38 estre pendu et estranglé en une potence en certain lieu, de laquelle sentence il auroit
appellé pardevant notre juge des appeaulx dudit pays, par lequel
39 ou par son lieutenant il auroit despuis esté interrogué. Et estant troublé a ce moyen de
ladite condempnation de mort, auroit denyé tout ce qu’il avoit dit
40 et confessé ou la pluspart par devant notredit juge ordinaire et lieutenant de notredit bailly.
Et depuis, de rechef auroit esté interrogué une autre foys par
41 notredit juge des appeaulx ou sondit lieutenant, par devant lequel il a dit, recongneu et
confessé la confession par luy faicte par devant notredit juge ordinaire,
42 lieutenant du bailly, estre vraye et ledit homicide avoir esté fait en la maniere que dessus.
Et doubtent ledit suppliant que la sentence de notredit juge
43 ordinaire et lieutenant du bailly ne soit confirmee par notredit juge d’appeaulx ou son
lieutenant ou autres, pardevant lesquelz il pourroit appeler, et
44 finir par ce moyen et rigueur de justice sa vie honteusement et miserablement, s’il [sic]
notre plaisir n’estoit luy impartir sur ce noz grace et misericorde,
45 humblement requerant icelles. Pour quoy etc., voullans misericorde etc. Si donnons en
mandement par cesdites presentes a notredit juge d’appeaulx ou
46 son lieutenant, pardevant lequel ladite matiere est pendante par appel, et a tous noz autres
justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Caen
47 ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux et de notre regne le dix-huit me.
Ainsi signé par le roy a la relation
48 du conseil, Barrillon, visa contentor Barrillon.
Lettre n° 73, f° 55 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Anthoine et Leon
Rances, freres, escuiers, maistre Jehan Rance, aussi leur frere, prebtre, prieur
2 du prieuré de Daignon, communs en biens, demourans en notre pais de La Marche,
contenant que par cy-devant et puis aucuns temps en ça, Jaques Panyot, seigneur des Places,
qui est
3 ung jeune homme, leur voisin, a conceu haynne et malveillence contre lesdits supplians,
sans occasion ou propos. Pour raison de laquelle malveillence, ledit Panyot, qui est mal
condiçonné [sic] et qui est
4 coustumier de faire exces et oultraiges, s’est par plusieurs fois mis en devoir de chercher et
guecter lesdits supplians pour les meurtrir et oultrager. Et par plusieurs foys, s’est mis en
5 armes a grant compaignye de gens a cheval et a pied, armez et ambastonnez, et seroit venu
chercher lesdits supplians jusques en leur maison d’Aguson et ailleurs, ou il s’est mis en
6 devoir de tuer et murtrir lesdits supplians, ce qu’il eust fait s’ilz ne se fussent tenuz sur leur
gardes, comme il a fait de Georges Dumont, leur cousin, que ledit Panyot a tué
7 et meurtry en serchant lesdits supplians. Or, pour eviter ausdites choses et que chacun jour
ledit Panyot les menassoit de tuer et meurtrir, comme il fait encores de present, sachant que
8 veritablement ledit Panyot est coustumer [sic] de mectre a execution ses entreprinses, ilz
auroient esté contrainct eulx tenIr sur leurs gardes, sans oser aller ne venir en leurs maisons
9 sans compaignye de gens ne ailleurs en leurs affaires. En maniere que pendant lesdites
choses, lesdits supplians quant ilz auroient esté contrainctz aller et venir pour leurs
10 affaires, ilz [sic] leurs auroit convenu prandre armes et compaignie pour eviter seullement
le danger de leurs personnes et non autrement. Et entre autres, seroient partiz
11 de leurdite maison d’Aguson ou ilz faisoient leur residance, armez et ambastonnez eulx et
leurs servicteurs et aucuns de leurs parens, pour aller en une autre leur maison,
12 nommee La Chappelle, pour aucuns leurs affaires. Et apres avoir fait leursdits affaires,
seroient retournez en la forme que dessus en leur autre leur [sic] maison, nommee Le Terial,
13 ou ilz ne purent aller coucher a cause de la nuyt qui les surprins et du mauvais temps qu’il
faisoit, et furent contrainctz demourer en la maison d’un gentilhonme, leur
14 cousin, nommé le sieur de La Gueche. Et le lendemain, s’en seroient allez en leurdite
maison du Terrayl. Et apres avoir fait leurs negoces, ilz seroient partiz pour retourner en
14 leurdite maison d’Aguson. Et eulx estans pres ladite maison des Places, virent ung nombre
de gens et pensans lesdits Anthoine et Leon Rance, ensemble leurs servicteurs et parens que
ledit Panyot
15 fust en leur compaignye, se misrent ung peu dehors dudit grant chemyn distant de leur
maison des Places d’un gect d’arc, et se seroient mis a crier par plusieurs
16 fois : « sors et vient meschant ! ». Et leur cry fait, deux de leurs servicteurs qui portoient
chacun une hacquebucte deschargerent icelles hacquebuctes a la vollee vers
17 ladite maison sans touteffoiz faire desplaisir a aucun. Et ce fait, passerent oultre et s’en
allerent a leurdite maison d’Aguson, ou ilz font leur continuelle residance.
18 Et quelque temps apres, tous les Rances, supplians, seroient partiz de leur maison
d’Aguson acompaignez de leurs servicteurs et aucuns leurs parens pour aller en une
19 autre leur maison, appellee Le Rocher, distant dudit lieu d’Aguson d’une demye lieue ou
environ. Et pour seureté de leurs personnes et de peour de rencontrer ledit Panyot,
20 se seroient mis en armes, ensemble leursdits parens et servicteurs. Et quant lesdits
supplians furent arrivez en leurdite maison de Rocher, furent advertiz que le jour de davant
21 ledit Panyot estoit passé par ledit lieu du Rochier en s’en allant au prieuré de Chamne, ou il
avoit rompu pour son plaisir les barrieres de la basse court de la
22 maistuirie du Rocher. Et non contant de ce, adverty ledit Panyot le lendemain matin que
lesdits supplians estoient en leurdite maison du Rocher, [icelluy Panyot tyra ou fist tyrer par la
fenestre de la maison dudit prieuré de Chamne plusieurs coups de hacquebute contre ladite
maison du Rocher28], distant dudit prieuré
23 de deux gectz d’arc ou environ. Et adont lesdits Rances, pensans que ledit Panyot qui estoit
acompaigné de cinq ou six hommes en armes, bien montez, gens
24 de guerre, les vint assaillir en leurdite maison, seroient sortiz en armes devant ladite
maison, tous a piedz. Et incontinant que ilz adviserent ledit Panyot avec
25 sadite compaignye [en armes, ilz crierent : « vien meschant lever les barrieres que tu abatiz
Hyer ! » Et voyant que ledit Panyot ne venoit vers eulx et qu’il prenoit autre chemyn, lesdits
supplians avec leurdite compaignie29] tirerent contre ledit Panyot et sadite compaignye, qui
estoit loing d’eulx, cinq ou six coups de hacquebuctes, dont aucun touteffoiz n’auroit esté
26 actainct ne blessé. Et en toutes les choses susdites, jamais n’y eut aucun batu, frappé ne
blessé. Pareillement depuis deux ans et demy ou environ, les
27 religieux de l’abbaye de Notre Dame d’Aubignas auroient escript et mandé audit Jehan
Rance, prebtre, que leur abbé estoit allé de vye a trespas, le priant qu’il se
28 transportast en ladite abbaye et qu’il menast avecques luy quelques gens pour garder ladite
abbaye pour la crainte et doubte qu’ilz avoient que la leur
29 fist desplaisir. A quoy ledit Jehan Rance s’acorda et partit de sondit prieuré de Doignon
pour aller en leurdite abbaye, et passa en leur maison de La Chappelle,
30 acompaigné d’une homme seullement, ou il trouva ledit Leon Rance, son frere. Lequel il
pria s’en aller avec luy en ladite abbaye et qu’il envoyast querir sesdits
31 servicteurs qu’il avoit en ladite maison d’Aguson, ce que ledit Leon luy accorda. Et de la,
ledit Jehan Rance s’en alla en ladite abbaye acompaigné de deux ou trois
32 hommes. Et pareillement, bien tost apres le jour mesme, ledit Leon s’en alla aussi en ladite
abbaye, acompaigné de trois ou quatre tant servicteurs que
33 autres. Et eulx arrivez en ladite abbaye, lesdits religieulx les recueillerent honnestement,
leur firent bonne chere et prierent lesdits Leon et Jehan Rance qu’ilz
34 envoiassent encores querir autres gens pour les garder qu’il n’y eust bruyt en l’elestion
qu’ilz entendoient faire de leur abbé, ce qui leur fut acordé
35 par lesdits Jehan et Leon, supplians, envoyerent querir autres gens jusques au nombre de
vingt-cinq ou trente armez et embastonnez, lesquelz
36 touteffois ne firent ne force ne violance, exces ne aucune chose de mal fait en ladite
abbaye, ains y estoient seullement pour garder lesdits
37 religieux d’oppression pendant qu’ilz procedoient a leurdite eslection. Et lesdits supplians
firent faire les provisions que les dessusdits dependerent
38 le tout a leurs despens, car ilz achecterent du prieuré de ladite abbaye du Vignac, que tenoit
ladite abbaye a ferme, cinq pippes de vin, desquelles en leur
39 departement ilz en firent charroyer troys en leur maison d’Aguson, en maniere qu’ilz
n’auroient riens prins en ladite abbaye sans le paier,
40 sauf et reservé quelques foings et boys qu’ilz prindrent en l’abbaye que lesdits religieux
qui les avoient fait venir pretendant leur appartenir, et y
41 furent l’espace de quinze jours environ. Pendant lequel temps qu’ilz furent en ladite
abbaye, ilz firent murailler l’une des portes a la poursuicte
42 desdits religieux, pour paour d’estre surprins en icelle abbaye. Et depuis lesdites choses
ainsi faictes, que dit est, pour ce que lesdits supplians
43 auroient poursuivy pardevant les gens de notre grant conseil ledit Panyot pour les volleries,
exces, forces et viollences qu’il avoit conmises
28
29
Section ajoutée dans la marge, indiquée par un renvoi.
Section ajoutée dans la marge, indiquée par un renvoi.
44 contre lesdits supplians, icelluy Panyot auroit sucité l’abbé d’Aubignac et autres faire faire
informacions contre lesdits supplians
45 et icelles auroient fait rapporter audit conseil ou ilz auroient obtenuz certains adjournemens
personnelz et prinse de corps contre
46 lesdits supplians, poursuyviz par ce moyen faire assuppir la poursuicte que lesdits
supplians faisoient contre luy. Lesquelz supplians pour obeyr
47 a justice auroient comparuz et estez oiz et interguez par aucuns commissaires deleguez par
lesdits gens tenans notredite grant conseil. Touteffoiz
48 lesdits supplians doubtent que, soubz coleur qu’il se pourroit trouver lesdites charges et
informacions lesdits supplians avoir fait lesdits
49 pors d’armes dessus mentionnez, que l’on voulsist contre eulx procedder par proces
extraordinaire, en nous humblement requerans que,
50 actendu ce que ont fait lesdits supplians c’est par contraincte la plus grant part et pour
obvyer a ce que dit est et au denger de leurs
51 personnes, qu’ilz n’ont frappé et blessé personne, aussi que en tous autres cas ilz sont bien
famez et renommez sans jamais avoir esté
52 actainctz ne convaincuz d’autres villains cas dignes de reproche, nous leur veillons en
l’honneur et reverance de la saincte passion notre sauveur et redempteur
53 Jhesus Crist, qui a tel jour que aujourd’uy il souffrit pour notre redemption, sur ce leur
impartir noz grace et misericorde. Pour ce est etc.,
54 ausdits supplians aux cas dessusdits en l’honneur et reverance de la saincte passion de
notre sauveur et redempteur Jhesus Crist, avons quicté, remis etc.
55 Si donnons en mandement par ces mesmes presentes aux gens tenans notre grant conseil,
pardevant lesquelz ledit proces est pendant et indecis, et
56 a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Argentem ou moys de mars
l’an de grace mil cinq cens trente et ung
57 avant Pasques et de notre regne le dix-huit me. Ainsi signé par le roy tenant ses requestes,
Juvyneau, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 74, f° 56 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Durant Le Thiou,
jeune homme chargé de femme et enfans, prisonnier en noz prisons
2 de Caen a notre premiere et nouvelle entree en ladite ville, contenant que le lundi de la
sepmaine saincte en l’an mil cinq cens trente, ainsi qu’il estoit en sa grange batant du blé,
3 il ouyt que l’on haroit des chiens apres quelzques bestes. Quoy oyent, il sortit de sa grange
pour veoir que s’estoit. Et en regardant par-dessus une haye, qui estoit entre
4 sadite grange et les chemps, il apperceut que ung nommé Jehan Legris, a present deffunct,
haroyt ung sien chien aux pourceaulx dudit suppliant, lequel mordoit et opprimoit
5 l’un desdits pourceaulx. Et voyant par ledit suppliant que ledit Jehan Legris haroit ainsi
sondit chien sur ledit pourceau dudit suppliant, qu’il faisoit pour son plaisir comme il
6 sembloit, dist audit Jehan Legrix par telz motz : « que feras-tu ? Le feras-tu manger ! » En
ce disant, amassa une ou deux pierres qu’il rua, cuident actaindre ledit chien. Mais
7 de cas de fortune et malle aventure, de l’une desdits pierres, ledit Jehan Legris, en soy
baissant pour amasser son chappeau qui luy estoit tumbé en harant et enhardissant sondit
chien, fut
8 actaint par la teste, sans ce que ledit suppliant pensast de ce faire, car audit Legrix il n’avoit
jamais eu question ne debat, ains avoient esté tousiours bons amys. Lequel suppliant,
9 adverty que ledit Legris avoit esté blessé dudit coup de pierre, le dimanche de Pasques
ensuyvant se transporta par devers ledit Legrix, auquel il pria luy pardonner ledit coup qui luy
10 avoit donné par fortune et accident. Lequel luy respondit qu’il ne luy vouloit pourchasser
desplaisir pour ledit cas, disant telles ou semblables parolles : « je ne vous vieulx
11 pas empescher de faire votre cas ou salut, mais apres vous ferez a partir ». A quoy ledit
suppliant respondit que c’estoit raison. Et le lendemain desdites pasques et autres jours
12 ensuyvans, ledit Legrix seroit allé aux eglises du Theil, de Guyneuille et aux champs veoir
ses labeurs. Et le jour et feste Sainct Marc ensuyvant, environ troys sepmaines apres Pasques,
13 par faulte de soy estre gardé et pensé ou autrement, seroit allé de vye a trespas. Pour
occasion duquel cas, ledit suppliant doubtant rigueur de justice s’est absenté hors du
14 pays, nous humblement requerant que, actendu que ledit cas est advenu par accident, que
en tous autres cas il est bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct et convaincu
15 d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous plaise luy impartir noz grace et
misericorde. Pour quoy etc., voulans misericorde preferer a rigueur de justice etc. Sy
16 donnons en mandement par cesdites presentes au bailly de Rouen ou a son lieutenant a son
siege de Pontaudenier, ou bailliage et ressort duquel etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Caen
ou
17 moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux et de notre regne le dix-huit me. Ainsi
signé par le roy a la relation du conseil Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 75, f° 56 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Nicollas La
Rouse, diacre, demourant en la parroisse de Marcerieulx ou diocese de
2 Coustances, contenant que le jour et feste de la Pentecouste derrenierement passee, ledit
suppliant estant en la maison de Germain La Rose, son pere, en la compaignye
3 de Jehan La Rouze, son frere aisné, et Hanry La Rose, son frere puisné, et autres ses parens
et amys, disnerent en ladite maison et firent bonne chere, parce que la femme dudit
4 Hanry estoit relevee ledit jour de gerisne. Et apres disner, estoit ledit suppliant allé ouyr
vespres en ladite parroisse. Apres lesquelles dictes, ledit suppliant
5 seroit retourné en ladite maison sans penser en aucun mal et auroit mové avec luy ung
nommé Michel Le Prevost, prebtre, demourant en ladite parroisse. Et eulx arrivez en
6 ladite maison, ledit suppliant auroit prié ledit Jehan La Rose, son frere, leur donner ung pot
de citre, ce qu’il auroit fait voluntiers. Et ce fait, ledit suppliant et ledit Prevost
7 beurent et mengerent ensemble en ladite maison de sondit pere, tellement que ledit suppliant
se sentoit fort de boire et troublé de son sens et entendement. Apres lesquelles choses et
8 qu’ilz eurent ainsi beu et mengé, ledit Prevost, prebtre, s’estoit retiré de ladite maison et en
icelle laissé ledit suppliant et ledit Jehan Rose, sondit frere. Lesquelz avoient lors quelzques
9 paroles, iniures et de rigueur l’un contre l’autre, ne scet et n’est memoratif a present icelluy
suppliant quelles parolles parce que lors il estoit embeu dudit citre et troublé de son
10 sens, comme dit est dessus. Au moyen desquellesdites parolles, ledit Jehan print et saisist
violentement ledit suppliant aux cheveulx, les luy tira et arracha par force et violence, sans
11 le vouloir aucunement lascher, menassent ledit suppliant de l’occire. Quoy voyant ledit
suppliant, qui pour lors n’avoit aucun usaige sens ne entendement de raison et estoit esmeu
12 et eschauffé pour les exces que luy faisoit sondit frere, fut contrainct tirer et desgaynné une
petit cousteau qu’il avoit acoustume porter a sa sainture pour coupper son pain,
13 duquel il auroit baillé ung coup en la gorge ou goisier dudit Jehan La Rose, sondit frere. A
raison duquel coup, par faulte de bon appareil ou autrement, icelluy Jehan La Rose
14 seroit incontinant ou bien tost apres allé de vie a trespas, ainsi que ledit suppliant a ouy
depuis dire, dont il a esté et est fort dollant et desplaisant parce que auparavant
1 l’avoit tousiours fort aymé, sans avoir eu noise ne question de luy ne intencion de luy
malfaire quant il vint en ladite maison de ladite acouchee. Et depuis, ledit suppliant auroit
2 obtenu grace et pardon de notre sainct pere le pappe, que quessoit d’autre ayant a ce povoir.
Mais ce neantmoins, ledit suppliant se seroit et est absenté du pays ouquel ne
3 ailleurs en notre royaume, il n’oseroit bonnement ne seurement demourer ne converser si
noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, en nous humblement
4 requerant que, actendu et consideré ce que dit est et que ledit desfunct fut agresseur et que
ce qui en a esté fait ledit suppliant a esté en son corps deffendent et que
5 en tous autres cas ledit suppliant est bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne
convaincu de cas ou crime digne de reprehention, nous luy vueillons
6 pour l’honneur de la mort et passion de notre seigneur, qui a souffert pour nous, sur ce
impartir noz grace, remission, pardon et misericorde, humblement nous requerant iceulx.
7 Pour quoy etc., audit suppliant pour l’honneur de la mort et passion de notre seigneur, qui a
sousfert pour nous, quicté, remis et pardonné etc. Si donnons en mandement
8 par ces mesmes presentes au bailly de Sainct Saulveur de Leudelin ou a son lieutenant, ou
bailliage duquel ledit cas est advenu, et a tous etc. Et affin etc., sauf etc.
9 Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux apres Pasques et de
notre regne le dix-huitme. Ainsi signé par le roy a la relation
10 du conseil Juvyneau, visa contentor Juvyneau.
Lettre n° 76, f° 56 v°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Gregoire Marie,
jeune gentilhomme a marier, demourant en la parroisse de Courteillez,
2 viconté de Falaize, aagé de trente-cinq ans ou environ, contenant que des cinq ans a ou
environ, a ung jour de dimanche, icelluy suppliant partit au matin de la maison
3 de son feu son pere, qui estoit lors vivant et depuis est deceddé, et alla a la messe en l’eglise
parroissial de Saincte Croix, auquel lieu se faisoit les nopces et
4 espouzailles du seigneur dudit lieu Saincte Croix et de la damoiselle, sa femme, fille du
sieur de Versauville. Apres lesquelles espouzailles faites et que ledit suppliant eut
5 ouy la messe, icelluy suppliant se arresta a boire tant audit lieu que en son chemyn en s’en
retournant avec aucuns gens de sa congnoissance et beut par compaignye,
6 en maniere qu’il se trouva surprins et avoit beaucou beu. Et ainsi que ledit suppliant s’en
retournoit sur le seoir en la maison de sondit feu pere, et qu’il fut au
7 villaige ou hamel de la Landette en la parroisse des Retours sur les lymites de l’arriere fief
de Sainct Jullien, appartenant a son deffunct pere, ouyt ung
8 bruyt de chasseurs qui avoient des chiens et filletz pour tendre aux lievres. Et pour ces
causes et que s’estoit la terre noble de sondit pere ou les dessusdits
9 n’avoient droit de chasser, se retira au lieu asfin de savoir que c’estoit. Et comme il fut entré
en ung champ ou jardin pres une maison, qui fut a ung
10 surnommé Chappez, audit villaige de la Landette, apres le solleil couché aprouchant la
nuyt, illecques survindrent deux personnes entre lesquelz estoit ung appelé
11 Guyot Vaudorut, qui estoit servicteur du vicaire de la parroise des Retours, a present
desfunct, lesquelz estoient en leurs jacquectes, ayans livyers ou gros
12 bastons fustiers sur leurs espaulles. Et ainsi que ledit suppliant les vit, leur dist qu’il ne leur
appartenoit, comme la verité est, de chasser sur la
13 terre et seigneurie de sondit pere. Et lors, ilz s’adresserent audit suppliant en parolles
fusieures [sic, furieuses] et arrogantes, luy disant qu’il s’en allast et qu’il n’en avoit que
besougner.
14 Et non contant de ce, s’efforcerent frapper et oultrager ledit suppliant desdits bastons dont
ilz estoient saisiz. Quoy voyant, doubtant la fureur des dessusdits
15 saisiz et le poursuyvant desdits gros bastons, icelluy suppliant ce voyant en denger de sa
personne tira son espee dont il leur presenta l’estoc et repulsant
16 leur force pour les garder de approucher de luy. Et neantmoins ledit Vodorut, en continuant
l’asault dont il avoit invadé ledit suppliant, s’aprocha de luy,
17 soy esforçant le frapper. Pour laquelle cause, icelluy suppliant soy desfendant luy rua ung
coup de sondit baston ou espee, dont il fut blessé, ne
18 scet ledit suppliant en quelle partie de son corps. Au moyen duquel coup, cinq ou six jours
apres ou environ, ledit Vodorut seroit par faulte de bon appareil,
19 regne, gouvernement ou autrement allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit
suppliant doubtant rigueur de justice se seroit absenté du pays ouquel
20 ne ailleurs en notre royaume, il n’ouseroit jamais bonnement et seurement converser ne
reparer si noz grace, pardon et misericorde ne luy estoient sur ce
21 imparties, en nous humblement requerant que, actendu ce que dit est et que ledit suppliant
est bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct et convaincu d’aucun
22 autre villain cas, blasme ou reprouche digne de reprehancion, nous luy veillons sur ce
impartir nosdites lettres de grace, pardon, remission et misericorde. Pour quoy
23 etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes au bailly de Caen ou son lieutenant a
Falaize, en la jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous
24 noz autres etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil cinq
cens trente-deux et de notre regne
25 le dix-huitme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Barrillon, visa contentor
Barrillon.
Lettre n° 77, f° 56 v°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Le Jaunetel,
aagé de vingt-deux ans ou environ, contenant que le dimanche
2 gras, ung an a eu le dimanche gras dernier passé, ledit suppliant se trouva en la compaignie
de plusieurs autres en la maison de Jehan Hallain en la parroisse de Sainct Prance
3 pres d’Avranches, lequel jour se faisoit audit hostel la feste et solempnité des nopces de
Pierre Girard et de la seur dudit Hallin. A quelle feste estoit
4 aussi Guillaume Le Jaunetel, [frere dudit suppliant qui y avoit esté invité pour jouer du
rebec et donner recreation, et Pierre le Jaunetel30], jeune escollier, leur frere. Et eulx estans
audit lieu, se mirent a jouer au jeu de la crosse ledit suppliant, ledit Pierre Jaunetel,
5 Jacques et Thienot dit Berthault, et autres. Et apres leur jeu finy, lesdits suppliant, Pierre,
son frere, Jaquet et Thienet dit Berthault se retirerent
6 en l’hostel d’un nommé Guillaume Marie tenant taverne, ou ilz se mirent a boyre et faire
bonne chere. Et la survint Pierre Berthault, frere desdits
7 Berthault, qui dist qu’il alloit querir le vicaire dudit lieu, qui estoit ausdites nopces en la
maison dudit Hallin. Et peu apres, revint ledit Pierre Berthault,
1 et en sa compaignie, ledit Guillaume Le Jaunetel, frere dudit suppliant, qui avoit joué du
rebec a ladite feste, et se mirent a boire et faire grant chere assemblement. Et de
2 rechef, leur escot paié, s’en allarent en la maison de Jaques Berthault, ou ilz beurent
largement, et puis se mirent a danser au son dudit rebec, dont jouoyt
3 ledit Guillaume Le Jaunetel, frere dudit suppliant. Et puis proposerent eulx en aller en la
maison de leur pere et auroient fait ung brandon ou fallot de paille
4 pour les conduire pour l’obscurté [sic] de la nuyt. Et ainsi qu’ilz tiroient leur chemyn, ledit
Guillaume, frere dudit suppliant, qui portoit ledit fallot ou
5 brandon de paille, se print a soy fort haster, en maniere que ledit suppliant et ledit Pierre
Berthault qui alloient l’un devant et l’autre apres ne se povoient
6 conduire pour l’obscurté de la nuyt, et tellement que ledit suppliant entra en l’eaue et fange,
dont il eut ses soulliers plains. Et ainsi qu’ilz passoient pres
7 la maison de la vefve de feu Dufour par ung lieu fort fangeux, marescageux et difficille a
passer, et que ledit Guillaume emportoit devant fort rudement ledit fallot,
8 ledit suppliant emplit de rechef d’eaue sesdits solliers, dont il se plaingnit, disant audit
Guillaume : « pourquoy ne esclaires-tu ? Tu as tort d’aller ainsi !
9 Esclaires nous ! » Lequel Guillaume luy respondit : « haste toy si tu veulx ! » Et ledit
suppliant luy dist : « je me haste assez ! Actens moy ! » Lequel Guillaume
10 Jannetel dist audit suppliant : « je actendre bien ! » En ce disant, se tourna vers ledit
suppliant et desgaynna ung cousteau qu’il portoit, duquel il s’esforça
11 frapper ledit suppliant, son frere. Quoy voyant ledit pierre, leur frere, saichant que ledit
Guillaume estoit outrageux et avoit fait plusieurs follies, qui avoient
12 beaucoup cousté a leur pere, luy escrya : « qu’esse que tu vieulx faire ? Seras-tu touziours
fol ? » Par quoy, il laissa tumber sondit cousteau, mais neantmoins
13 il se vint feurieusement adresser audit suppliant, son frere, et luy osta une petite arbaleste
qu’il portoit a son col, dont il avoit coustume tirer au gibier.
14 Et d’icelle, sans autre proupoux, rua et frappa ung grant coup sur ledit suppliant, dont le
blessa et navra a grant esfusion de sang au droit
30
Section ajoutée à la fin de la page, indiquée par un renvoi.
15 du front. Et soy santant par ledit suppliant ainsi blessé et navré, doubtant que sondit frere
qui estoit troublé le tuast, et ainsi qu’il s’esforçoit encores frapper
16 de ladite arbaleste, tira ledit suppliant ung petit cousteau qu’il avoit a sa saincture et
d’icelluy en son corps desfendant rua troys ou quatre coups sur ledit Guillaume,
17 dont il le ataingnit en quelzques parties de son corps. Et ainsi que ledit Pierre, leur frere, se
mectoit entre deulx pour les separer, ledit suppliant en ruant de
18 sondit cousteau, cuydant frapper ledit Guillaume, actaingnit ledit Pierre de cas de fortune
d’un coup pres la sainture. Et sur ce, ledit Guillaume commança a
19 dire : « mon frere, tu m’as tué ! » Auquel ledit suppliant dist : « mon frere, tu m’as le
premier oultragé, je te crye mercy » et ce gecta a genoulx devant luy. Et
20 prindrent ledit suppliant ledit Guillaume, sondit frere, et a l’aide dudit Berthault, le
porterent en la maison de ladite vefve Dufour. Et le lendemain fut
21 emporté en la maison de son pere. Et dix-neuf jours apres ou environ, au moyen desdits
coups alla de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit suppliant doubtent rigueur
22 de justice s’est tenu absent en grant povreté et miserere [sic], nous humblement requerant
que, actendu que ledit cas est advenu en son corps deffendent et par l’agression
23 dudit desfunct, et que en tous autres cas etc., il nous plaise etc. Pour quoy etc., voullans
misericorde etc., audit suppliant etc. Si donnons en mandement
24 par cesdites presentes au bailly de Constantin ou a son lieutenant, ou bailliage duquel ledit
cas est advenu, et a tous noz autres etc. Et asfin etc., sauf etc.
25 Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux et de notre regne le
dix-huitme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil,
26 Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 78, f° 57 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Germain
Macunne, aagé de vingt-cinq ans ou environ, chargé de femme et enfans,
2 trouvé es prisons de Caen a notre joyeuse et premiere entree y faicte, contenant que ou moys
d’aoust mil cinq cens vingt-troys, il se seroy trouvé en certain banquet
3 ou festin de la premiere messe de messire Gilles Doynel, prebtre, prochain parent de la
femme dudit suppliant, en la parroisse de Sainct Louon pres le lieu de Villes, ou illec
4 arrivé et vint durant le soupper, comme ledit suppliant et autres estoient a table, faisant
bonne chere, Jehanne Cerille, femme de Jehan Salles, franc archier de la parroisse
5 de Tracy, pour querir ledit suppliant asfin d’avoir de luy certaine robbe a elle appartenant,
que avoit esté prinse pour aucune amende en quoy auroit esté taxé envers
6 nous ladite Cerille et son mary. Auquel bancquet, ledit suppliant auroit esté grandement
festoyé et auroit prins du vin plus qui ne luy estoit besoing, et tant
7 qu’il ne savoit bonnement qu’il faisoit. A cause de quoy, il auroit esté esmeu a vollupté
charnelle et mondaine, laissa la compaignye pour soy en aller avec ladite
8 Jehanne pour luy bailler icelle robbe. Et comme ledit suppliant s’en alloit avecques elle, vint
faulte de jour apres qu’il eut eu plusieurs collocassions et
9 folles parolles avec icelle femme, et luy auroit semblé selon ses responces, gestes,
contenances et actraict que luy avoit donné et fait ladite femme qu’elle se acorderoit
10 facillement et consentiroit. Et de fait, ce consentoit suffisaument [sic] que lieu, heure et
opportunité luy offrant sa compagnye charnelle et auroit continué sur ledit
11 chemin a parler de plusieurs choses joyeuses et atratives a lubricité et coppulacion
charnelle. Lesquelles ladite femme n’auroit repunees mais icelles facillement
12 oyes et escourtees. Quoy voyant, considerant ledit suppliant, il auroit jugé selon son
oppinion que ladite femme se consentoit du tout qu’il eust sa compaignye
13 et qu’il ne restoit que lieu et heure, opportunité. Et sur ceste consideracion, aussi que ledit
suppliant et femme passoient par aupres de certaine piece de
14 terre labouree en avoyne, assise en ladite parroisse de Tracy, et vint le jour faillant, ou
quelque peu d’avant avoit trouvé maniere de faire entrer ladite femme
15 dedans ladite avoyne, avec laquelle femme il auroit eu plusieurs folles parolles induictes et
actratives a coppullacion charnelle, la baisee et accollee
16 et couchee a terre et mis en fait et acte d’avoir sa compaignye charnelle. Et luy ainsi
ambrasé de l’amour de ladite femme et esmeu a la lubricité
17 a cause du boyre qu’il avoit prins a grande abondance et du bon actraict et recueil en
parolles, gestes et contenances que luy avoit fait ladite femme, laquelle
18 femme ainsi couchee a terre, apres avoir ouy bruyt de gens sur ledit chemyn, se seroit
escriee et avoir appellé ayde. A quoy, seroit survenu une
19 ou plusieurs personnes, ausquelz ladite femme auroit prié luy donnez ayde, et neantmoins,
pourroit estre que ledit suppliant ainsi susfrocqué de boyre et
20 esmeu de chailleur naturelle auroit dit ausdites personnes ainsi survenues qu’ilz s’en
allassent ou retirassent, ce qu’il firent. Et n’auroit ledit suppliant,
21 pour ladite supervemence cesser a tenir ladite femme, comme en voullant avoir sa
compaignye charnelle. Et tellement y auroit resisté ainsi ambrasé d’amour
22 et de challeur, a cause que davant il se seroit et estoit esforcé a sa puissance avoir sa
compaignye charnelle, ce qu’il n’auroit sceu faire
23 parce qu’elle auroit resisté de toute sa puissance. Pour raison de quoy, ladite Jehanne et
autres pour elle auroient fait plaincte a justice, de laquelle
24 auroit esté fait appoinctement par lequel ladite femme et sondit mary ou aucuns d’eulx ou
autres pour eulx se seroient desister de ladite plaincte,
25 bien congnoissant icelle avoir esté faicte sans cause, et que d’icelle plaincte il n’eust sceu
venir bonnement a actente que au moyen de sadite resistance,
26 il n’auroit eu coppullacion avec elle, que en autres choses c’est bien et honnestement
gouverné sans jamais avoir fait ne commis aucun acte
27 digne de reprehancion. Toutesfoiz, il doubte que s’il voulloit henter et demourer ou temps
advenir ou pays, ainsi qu’il a par cy-devant fait,
28 l’on luy voulsist icelluy cas reprocher et pour raison de ce le faire prandre et apprehander
et voulloir pugnir rigoreusement corporellement
29 si noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, humblement requerant iceulx.
Pour quoy etc., audit suppliant etc. Si donnons en
30 mandement par cesdites presentes au bailly de Caen ou a son lieutenant, ou ressort et
jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous etc. Et affin etc.,
31 sauf etc. Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux et de notre
regne le dix-huitme. Ainsi signé par le roy
32 a la relation du conseil Barrillon, visa contentor Barrillon.
Lettre n° 79, f° 57 r°
1 François etc., savoir faisons etc. receu avons l’umble supplication de Mathurin Le Vert, filz
de deffunct Pierre Le Vert, natif du pays de Gascugne, aagé de vingt2 cinq ans ou environ, prisonnier trouvé es prisons de Caen a notre premiere et joyeuse entree
faicte audit lieu de Caen, contenant qu’il a viron troys ans, a la feste Sainct
3 Jehan-Baptiste procheine venant, que ledit suppliant avoit de nouveau delaissé la damoiselle
de Fontenay et c’estoit mis au service des seigneurs de Verteuille,
4 hommes d’armes suyvant noz ordonnances. Et quelque temps apres, a quelque jour qui
autrement ne scet declairer, se seroit transporté pour aucunes ses asfaires
5 par devers ladite damoiselle, sadite maistresse. Laquelle luy avoit prié aller avec elle au lieu
de Longueure pour garder le droit de ses foyres, hommes et
6 subjectz qu’elle a audict lieu, pour ce que on luy faisoit destourbier et empeschement en
icelle, ce que ledit suppliant luy accorda liberallement.
1 Et sur cs [sic, ces] entresfaictes, partirent du manoir de Fontenay et s’en allerent en la
parroisse de Sainct-Pierre-de-Longueure ou ladite foire estoit seancte. Le lendemain Sainct
2 Jehan, feste de Sainct Esloy, et apres la grant messe dicte, le sermon fait par les beaulx peres
de Sees, qui la estoient pour lors, ladite damoiselle, acompaignee
3 desdits beaulx peres et plusieurs autres ses serviteurs, s’en alla disner au prebitaire d’icelluy
lieu et feist crier et commander que personne ne feist oultraige
4 ne violance a nully ne bruyt en ladite foire et assemblee. Si advint que incontinant, elle
estant assise a la table, on se print a crier : « huro, au murtre ! » Par quoy, elle envoya
5 aucuns de ses servicteurs pour savoir que c’estoit et fut trouvé que c’estoient gens du
mestier de voirerie, les ungs du pays et contree nommez les Brossars,
6 et les autres gens estrangiers nommez Migret et plusieurs autres, qui s’esforsoient faire
plusieurs exces et violance en ladite assemblee, et suivirent les hommes
7 de ladite damoiselle jusques au cymetiere et dedans l’eglise, l’espee au poing. Et ainsi que
ledit suppliant les apersceut, mist la main a l’espee pour les retirer desdits exces,
8 leur disant que s’ilz faisoient plus de telles bapteries, qu’ilz ne s’en trouverroient bien, et ne
s’entresfires [sic] aucun mal pour ce qu’ilz furent despartiz par aucuns
9 gens qui la survindrent, et furent ensfermez, les ungs dedens la cuisine de ladite maison, et
les autres dehors. Et se remist ladite damoiselle a la table et ses gens
10 avec elle. Et toust apres, l’on se print a crier : « au meurdre madamoiselle de Fontenay !
Laisserez vous tuer vos hommes en votre presence ? » Et l’un des poursuivans monta
11 jusques a la chambre de ladite damoiselle, suivant les gens d’icelle. Et ladite damoiselle se
voyant, mesmes lesdits religieux qui avecques elle estoient, se leverent
12 et sortirent hors de ladite table et trouverent ung nommé Jehan Guitard, homme d’icelle
damoiselle, qui avoit la teste fendue, qui fut confessé par lesdits beaulx peres,
13 et proceda ledit suppliant plus oultre. Et advisa environ ledit cymetiere lesdits verriers en
grant nombre, garniz d’espees et autres bastons invasibles, qui avoient
14 faitz lesdits oultrages. Par quoy icelluy suppliant myst la main a l’espee pour les repulser et
fut sadite espee rompue. Ce voyant, prinst son arbaleste, la benda
15 et mis le garrod dessus pour la seureté de son corps, proceda vers lesdits verriers, leurs
dist : « retirez vous ! Vous estes meschans commectre telz exces ! » Lesquelz
16 verriers se retirerent tout incontinant dedens ung chemyn estroit, fort couvert de boys, et
par cautelle les ungs se gectoient hors d’icelluy chemyn
17 et les autres chemynoient devant ledit suppliant. Et ainsi qui les repulsoit et parloit avec
eulx, advisa l’un d’iceulx, que l’on nomme Megret, qui estoit
18 le plus doubté de tous, lequel Megret s’esforsoit touziours d’aproucher dudit suppliant
pour le surprandre et luy faire outraige. Auquel ledit suppliant
19 dist par plusieurs foys qu’il se retirast ou qui le turoit, pour luy donner craincte et asfin de
le faire retirer, laquelle chose ne voulut faire
20 ledit Megret, mais touziours s’esforsoit de plus en plus a prochasser dudit suppliant pour le
oultrager, et pareillement ung nommé Broussart
21 qui aussi s’efforsoit faire oultrage audit suppliant et icelluy surprandre et faire dessaisir de
sadite arbaleste pour luy courir sus. Ausquelz ensemble
21 ledit suppliant dist qu’ilz se retirassent ou qui les turoit, et par deulx ou troys fois, leur dist
telles parolles. Lesquelz neantmoins ne se
22 voullut cesser ne arrester, mais touzuurs [sic] s’efforçoit venir a luy l’espee au poinct. Et se
voyent et doubtant l’incovenient de sa personne, tira ung
23 coup de son arbaleste, frappa et oultragea d’un garrod ledit Megret, ne set par quelque
partie de son corps. A l’occasion duquel coup, tost apres, par
24 faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement, ledit Megret seroit allé de vie a
trespas. Et ledit suppliant n’oseroit bonnement ne seurement converser ne repairer
25 au pays ne ailleurs en notre royaume si noz grace, pardon et remission ne luy estoient sur
ce imparties, en nous humblement requerant que, actendu ce que dit est et l’agression des
dessusdits,
26 et que en tous autres cas il est bien famé et renommé sans jamais avoir esté actainct ne
convaincu d’aucun autre villain, cas, blasme ou reprouche digne
27 de reprehancion, nous luy veillons en faveur de notre premiere entree audit lieu de Caen
luy impartir nosdites lettres de grace, pardon, remission et misericorde.
28 Pour quoy etc., voullans etc. Si donnons en mandement par cesdites presentes a [sic] bailly
d’Evreux ou son lieutenant, pour ce qu’il est notre plus prochain juge du
29 pays d’Allenon ouquel ledit cas est advenu, ou n’y a aucun juge de par nous, et a tous noz
autres justiciers et officiers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné
30 a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux et de notre regne le dixhuitme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Juvyneau,
31 visa contentor Juvyneau.
Lettre n° 80, f° 57 v°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Michel Duboys,
jeune gentilhomme, aagé de vingt-six ans ou environ, natif de la parroisse
2 Sainct-Georges-d’Asvebec, contenant que proces se seroit despieca meu pendant et indeciz
pardevant les generaulx de la justice de noz aydes a Rouen entre René
3 Duboys, son pere, et Loys Duboys, son cousin, a l’encontre des parroissiens de ladite
parroisse Saint-George-d’Asuebec pour raison du previllege de noblesse de sesdits pere
4 et cousin par eulx alleguee a l’encontre desdits parroissiens, lequel proces ledit suppliant
auroit par aucuns jours poursuyvy et solicité. Et pour ce que aucuns desdits parroissiens
5 pour prejudicer a sondit pere et cousin s’estoient ventez qu’il avoit esté passez quelques
contractz pardevant les tabellions d’Argentein, desquelz ilz s’entendoient ayder
6 oudit proces et par iceulx obtenir en cause, ledit suppliant se seroit retiré audit lieu
d’Argentein pardevant ung surnommé Delynet, garde des registres de feuz
7 maistres Guillaume et Richart dit Le Brunuyer, en leurs vivans tabellions audit lieu
d’Argentein, lequel il auroit requis luy monstrer lesdits registres, simullant d’avoir
8 affaire de quelzques contractz. Et en regardant et visitant iceulx, auroit trouvé le nottes des
contractz dont se seroient vontez lesdits parroissiens, estans en deulx desdits
9 registres, l’un faisant mencion de soixante solz de rente que avoient venduz lesdits
parroissiens a Gilles de Lapalle, et en l’autre registre, que ledit de Lapalle avoit rendu et baillé
10 a Guillaume Duboys, pere dudit Loys, soixante solz de rente. Et doubtant ledit suppliant
lesdits contractz estre prejudiciables oudit proces a sesdits pere et cousin, subitement et
11 sans deliberacion, non congnoissant l’osfence qu’il povoit faire ne commectre, auroit
lacerez deulx fueilletz desdits registres faisant mencion desdits contractz. Au moyen
12 de quoy et pour ce que ledit Delinet s’en seroit en l’instant apperceu, il auroit fait
constituer icelluy suppliant prisonnier es prisons dudit Argentein, duquel il auroit depuis esté
eslargy
13 parce qu’il avoit fait diligence de recouvrer et faire apporter par devers icelluy Delynet les
contractz qui en avoient esté originellement faiz sur lesdits registres pour
14 estre mis en iceulx et servir de registre, et aussi qu’il auroit satisfait a partie. Ce
neantmoins, notre procureur en la court de nosdites aydes a Rouen, de ce adverty, luy avoit
15 fait donner adjournement a comparoir en personne en icelle court, et pour ce qu’il n’auroit
compareu esté decrecté prinse de corps et saissisement [sic] de ses biens en notre main.
16 Lequel suppliant doubtant rigueur de justice se seroit absenté du pays ouquel ne ailleurs en
notre royaume il n’oseroit seurement retourner, converser ne
17 demeurer, nous humblement requerant, actendu la jeunesse en laquelle il est constitué, que
lesdits contractz originellement faiz sur lesdits registres ont esté par luy
18 rapportez audit Delynet qui en a fait registre tel que auparavant, aussi qu’il a satisfait a
partie comme dit est, et qu’il est bien famé et renommé sans jamais
19 avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas digne de reprouche ne
reprehencion, il nous plaise luy quicter, remectre et pardonner ledit cas et
20 sur ce luy impartir notre grace, pardon et misericorde. Pour quoy etc., voullans etc. Si
donnons en mandement par cesdites presentes a noz amez et feaulx
21 les generaulx sur le fait de la justice de nosdites aydes a Rouen, pardevant lesquelz ledit
suppliant a esté adjourné a comparoir en personne et par eulx prinse
22 de corps decernee contre luy comme dit est, et a tous noz autres etc. Et affin etc., sauf etc.
Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace
23 mil cinq cens trente et deux apres Pasques et de notre regne le dix-huit me. Ainsi signé par le
roy a la relation du conseil, Juvyneau, visa contentor Juvyneau.
Lettre n° 81, f° 58 r°
1 Françoys etc., a tous presens et advenir, salut. Savoir faisons nous avoir receu l’umble
supplicacion de Guillaume Dameron, jeune homme de labeur, aagé de vingt-deux a
2 vingt-troys ans ou environ, demourant a Chavignon, contenant que le jour de Noel dernier
passé, qui estoit jour sollempnel, ung nommé Jehan Pastour demourant audit Chavignon,
3 sans cause, raison ou indice aucun, se seroit transporté par devers les maire, sergent et autres
osficiers de la justice dudit Chavignon, envers lesquelz il auroit fait plainte et
4 maintenu contre verité ledit suppliant luy avoir mal prins et robbé une piece de boys en
certaine masure assise audit Chavignon, en sorte que ledit Jehan Pastour auroit
5 amené en la maison dudit suppliant ung nommé Jehan Poullet, soy disant fermier des
amendes, et ung autre nommé Raoullin Herpe, sergent dudit lieu. Ausquelz ledit suppliant
6 en obeyssant a justice auroit fait ouverture de sa maison pour querir et chercher, veoir et
savoir si ledit boys y estoit et si ledit suppliant l’avoit mal prins et robbé.
7 Duquel plaintif et faulce accusacion ainsi faicte et a tel et a si bon jour, ledit suppliant, qui
s’en tenoit et tient pur et innovent, couroussé et marry dist audit Raoullin
8 Herpe, sergent, qu’il regardast hault et bas et en tous lieux pour veoir s’il trouverroit ledit
boys, et que ce luy estoit gros deshonneur. Et apres que ledit Raoullin
9 Herpe eust cherché partout ou bon luy sembla, en sortant dehors de la maison dudit
suppliant dist audit Jehan Poullet, fermier des amendes, qu’il vint regarder luy
10 mesmes et qu’il n’avoit riens trouvé dedans ladite maison. Et dist de rechef ledit suppliant
que on luy faisoit gros deshonneur et que on luy avoit bien robbé au millieu
11 de sa court deux cloyes et troys bierres a brebiz, jaçoit ce qu’il eust de bons chiens en sa
court. Et non contant ledit Jehan Pastour de son faulx plaintif et
12 de l’injure qu’il avoit fait et faisoit audit suppliant par le moyen d’icelluy, se print a dire
plusieurs grosses parolles injurieuses contre ledit suppliant, qui tout esmeu,
13 courroussé et marry de tel scandalle et injure qui luy estoit faicte, demenda audit Jehan
Pastour qu’il voulloit dire et s’il avoit robbé ledit boys. Lequel luy feist
14 responce que ouy, en jurant par le Sang-Dieu et en disant audit suppliant : « qui l’auroit
prins que toy ! » De laquelle responce ledit suppliant, plus esmeu et couroussé
15 que auparavant, dist audit Jehan Pastour qu’il avoit menty et de chaulde colle tira ung petit
cousteau a tailler pain, duquel il donna ung coup audit Pastour en
16 l’espaulle senestre. Et apres icelluy coup donné, ledit Pastour print sa course vers le logis
d’un nommé Jehan Maunier, distant d’un demy gect de pierre. Lequel ledit
17 suppliant, estant ainsi esmeu et courroussé, suyvit jusques en ladite maison ledit Pastour.
Lequel Pastour se saisist d’une hache a charpentier pour retourner
18 dessus ledit suppliant et l’oultrager. Toutesfoiz, icelluy Jehan ne le frappa ne bougea oultre
l’huis de ladite maison et aussi ledit suppliant n’alla plus
19 avant. Et jacoyt ce que ledit coup donné par ledit suppliant audit Jehan Pastour ne fust en
lieu mortel comme dit est ains en l’espaulle senestre,
20 ce neantmoins, par faulte de bon pancement et de bon appareil, gouvernement ou
autrement, ledit Jehan Pastour huit jours apres ou environ seroit allé de
21 vie a trespas. Par le moien duquel cas, ledit suppliant craignant rigueur de justice se seroit
absenté du pays et n’y oseroit jamais retourner si notre grace
22 et misericorde ne luy estoient sur ce imparties si comme il dit, nous humblement requerant
que, en l’honneur de la mort et passion de notre saulveur et redempteur
23 Jhesus Crist, et actendu que ledit cas est advenu de chaulde colle, pour raison duquel cas
ledit suppliant a satisfait a partie, et que en tous autres cas il
24 s’est tousiours bien et honnestement gouverné et conduict sans jamais avoir esté actainct
ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, ny
25 fait chose digne de reprehencion, nous luy vueillons sur ce impartir nosdites grace et
misericorde. Pour quoy etc., voulans etc. Si donnons en mandement
26 par ces mesmes presentes au bailly de Vermendoys ou a son lieutenant, en la jurisdiction
duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc.
27 Et affin etc., sauf etc. Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trentedeux et de notre regne le dix-huitme. Ainsi signé
28 par le roy a la relation du conseil, Crefier, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 82, f° 58 v°
1 François etc., pere legitime, administrateur et ususfructuaire de notre tres cher et tres amé
filz le daulphin du seigneur propriectaire des pays et duché
2 de Bretaigne, savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplicacion
de Ficabras, filz bastart de Jacques de Beaumanoir, seigneur
3 du Boys de La Mothe31, contenant que le vingt-septme jour de janvier derrenier passé, ledit
suppliant estant a cheval hors la maison du Boys de La Mothe
4 appartenant a Jaques de Beaumanoir, son pere, pres pour aller acompaigner ledit de
Beaumanoir, qui s’en vouloit aller conduyre Thomas de Quebriac, sieur dudit
5 lieu, et autres personnaiges qui estoient venuz ledit jour en ladite maison du Bois de La
Mothe pour veoir et visiter ledit de Beaumanoir. Et apres
6 avoir par lesdits de Beaumanoir, Quebriac et autres de la compaignye beu a cheval sur une
place soubz ung chesne estant devant ladite maison, et eulx
7 estans pres de partir pour aller conduyre ledit de Quebriac et ceulx de sa compaignye,
survint et arriva audit lieu Nicollas de Cluhunault a cheval, acompaigné
8 d’un gentilhomme nommé Laurens de Launay, et s’adressa ledit Cluhunault audit de
Beaumanoir et le salua. Et apres la salutacion faicte, dist audit de
9 Beaumanoir telles parolles ou semblables : « l’on m’a dit que estes mal content de moy, ce
que ne croy parce que ne l’ay envers vous deservy ».
10 Auquel Cluhunault, ledit de Beaumanoir fist responce : « ne venez jamais en tour moy, je
ne vous ayme poinct ! Esse le bien et remuneracion que
11 me faictes apres que vous ay fait l’honneur de vous avoir marié a ma cousine germaine,
fille aisnee de Coetquence, qui estoit plus grant
12 bien et honneur que ne vous appartenoit, et avez esté en la compaignie de ceulx qui me
hayent mortellement m’aporter ung mommon
13 en masque de nuyt et a heure indue, et ne demandoint [sic] que querelle a moy, et savez
bien que au moyen des injures qu’ilz me dirent, je
14 fut contrainct me retirer en ma chambre ! » A quoy ledit Cluhunault dist audit de
Beaumanoir : « je croy bien que n’avez fait assez d’honneur,
15 je suys gentilhomme et homme de bien et vallois bien avoir une femme de bien et de aussi
bonne maison que votre cousine, et sy suis
16 gentilhomme et homme de bien et ne vous feis jamais meschant tour ! » A quoy de rechef
fut par ledit Beaumanoir dit audit Cluhunault :
17 « vous avez sousfert que l’on m’a fait injure et grant mocquerie, car vous estiez en la
compaignye que Guebriant et Lisle m’aporterent
18 ung mommon au Boisligles pour se mocquer de moy et me oultraiger, et qu’ilz eussent fait
si je ne me feusse retirer dedans ma
19 chambre. Et apres ce que je me fuz retiré, je vous feist appeler pour parler a vous et ne
volustes venir parler a moy ! ». Ausquelles
20 parolles ainsi dictes par ledit de Beaumanoir, ledit Cluhunault respondit : « je ne pensoys
pas que on eust dit ne fait en ma presence chose
21 qui ne feust honneste et ne pensoys pas que ledit Guebriant, Lisle et vous eussiez disferend
ensemble, et daventaige si je les eusse laissez,
22 il me eussent reproché que j’eusse esté traicte ! J’en veulx croyre mon maistre que voilla,
parlant dudit seigneur de Quebriac, s’ilz ne me
31
Jacques de Beaumanoir reçut lui-même une rémission royale auprès de la chancellerie du duché de Bretagne
(Archives départementales de Loire-Atlantique, B 3 ?, Dufournaud).
23 l’eussent pas peu reprocher ». A quoy ledit de Quebriac respondit audit Cluhunault :
« vous me appellerez comme vous vouldrez, mais il fault
24 faire l’appoinctement ». Et quelque peu de temps apres, furent sans parler dudit differend.
Et de rechef, ledit de Beaumanoir commança a
25 reppecter lesdites parolles audit Cluhunault, qui luy avoit faict ung meschant tour apres luy
avoir fait de l’honneur plus qui ne luy en
26 appartenoit et qu’il estoit meschant homme. A quoy fut respondu par ledit de Cluhunault
qu’il n’estoit point meschant et qu’il n’estoit
27 pas vray et n’avoit point faict de meschant tour, et qu’il estoit homme de bien. Et
pareillement par ledit de Beaumanoir fut dit
28 audit Cluhunault en blaphement le nom de Dieu : « s’est vous qui avez menty ! » Et
incontinant, tirerent et desgaynnerent leurs espees
29 et ruerent plusieurs coups l’un sur l’autre, sans toutesfoys se blesser. Et lors, ledit de
Quebriac dist audit Cluhunault qu’il se
30 retirast, ce qu’il voullu faire, mais a l’occasion de ce que une des resnes de la bride de son
cheval estoit rompu, ne peult
1 destourner son cheval si bien qu’il eust voulu, et s’en alloit ledit Cluhunault, et ainsi qu’il
eut le doz tourné, ledit suppliant, voyant que ledit Cluhunault avoit ainsi
2 voulu oultrager sondit pere, picqua son cheval apres ledit de Cluhunault, lequel il a cousut et
luy donna ung coup d’estoc par derriere. Et ledit de Beaumanoir,
3 qui pareillement avoit picqué apres ledit Cluhunault, luy en donna ung par devant, qui passa
a travers du corps. Au moyen desquelz, ledit Cluhunault tumba
4 de dessus son cheval a terre, et incontinant apres alla de vie a trespas. A l’occasion de quoy,
ledit suppliant doubtant rigueur de justice se seroit
5 absenté du pais auquel ne ailleurs il n’ouseroit bonnement converser ne repairer si noz grace
et misericorde ne luy estoient sur ce imparties,
6 en nous humblement requerant que, actendu ce que dit est et que en tous autres cas il a esté
tousiours bien famé et renommé, sens [sic] jamais
7 avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, il nous
playre en l’honneur et reverance de la benoiste passion de notre
8 sauveur et redempteur Jehucrist, qu’il fut a tel jour qu’il est aujourd’huy, luy impartir noz
grace et misericorde. Pour quoy etc., audit suppliant avons
9 en l’honneur et reverance d’icelle benoiste passion, qui fut a tel jour, quicté etc. Si donnons
en mandement etc. au seneschal de Rennes, ou a son
10 lieutenant, en la jurisdiction, povoir et ressort duquel ledit cas est advenu, et a tous etc. Et
affin etc., sauf etc. Donné a Argentein ou moys
11 de mars l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le dix-huit me. Ainsi signé
par le roy, Breton, visa contentor
12 Deslandes.
Lettre n° 83, f° 59 r°
1 François etc., savoir faisons etc. l’umble supplicacion de Colas de Sainct Germain, bastard
de Jehan de Sainct Germain, aagé de vingt-cinq ans ou environ,
2 trouvé es prisons de Caen a notre joyeuse et premiere entree y faicte, avons receu, contenant
que ou moys de janvier mil cinq cens trente, ledit suppliant estant
3 au marché de Villiers Le Bocaige pour faire les provisions de la maison, et apres avoir eu
achecté sesdites provisions, par cas fortuict il trouva ung nommé
4 Pierre Foucher dit Lamy, lequel le saluant luy donna le bonjour. Et en ung instant, ledit
suppliant trouva Jespart et Roger dit Nue, lesquilz s’en allerent
5 desjeuner ensemble. Et apres avoir eu desjeuné, ledit suppliant partit d’avec eulx pour s’en
aller en ville et s’en alla devant l’escripture des tabellions,
6 ou illec vint a trouver de rechef ledit Pierre Fouscher, non pensant a luy parce qu’il alloit
chercher ceulx qui avoient desjeuné avec luy pour s’en aller.
7 Lequel suppliant dist ausdits tabellions qu’ilz luy feissent ung brevet. Et lors ung nommé
Jaspart Mire, lequel avoit desjeuné avec ledit suppliant luy
8 demanda qu’il voulloit faire de ce breuvet. Alors ledit suppliant feist responce que c’estoit
de troys bestes prochaines qu’il avoit acheptees a moictié
9 de une nommee Jehanne La Berchotte. Et alors ledit Foucher dist audit suppliant qu’il disoit
cella pour l’amour de luy. Luy feist responce ledit
10 suppliant que non faisoit et qui ne pensoit poinct a luy ne pareillement qui ne luy
demandoit riens. Et lors ledit Foucher, en jurant et blaphemant le
11 nom de Dieu, luy dist qu’il avoit menty. Et alors ledit suppliant luy dist que c’estoit luy et
qui ne le demandoit point. Et incontinant, ledit Foucher deist
12 audit suppliant en jurant de rechef et blaphement le nom de Dieu qu’il y avoit longtemps
qui luy en voulloit, et de fait avoit assailly ledit suppliant
13 par deux foys auparavant ladite noise. Et en ung instant ledit Foucher vint contre ledit
suppliant, mectant sa main sur son espee, luy disant parolles : « mectz
14 la main a l’espee ! » Et adoncques ledit suppliant se meist en rue et pour la conservacion
de sa personne, meist la main a sadite espee et ruerent quelzques
15 coups. Dont par cas fortuit, d’un coup de taille que ledit suppliant donna sur la teste dudit
Pierre Foucher et d’un coup d’estoc et d’un autre coup
16 de poincte que ledit Foucher eust en soy tournant pour soy enfouyr, et autres coups, ledit
Pierre Foucher seroit allé de vie a trespas. Et combien que ledit
17 suppliant se soit en toutes autres choses bien et honnestement gouverné sans jamais avoir
fait ne commis aucun acte digne de reprehansion, touteffois
18 il doubte que si voulloit habiter et demeurer au temps advenir au pays, ainsi qu’il a par cydevant fait, l’on luy voulsist icelluy cas reprocher et
19 pour raison de ce le faire prandre, aprehander et vouloir pugnir rigoreusement et
corporellement, si noz grace et misericorde ne luy estoient
20 sur ce imparties, humblement requerant iceulx. Pour quoy etc., voullans etc. Si donnons en
mandement par ces mesmes presentes au bailly de
21 Caen, ou a son lieutenant ou ressort et jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous etc.
Et affin etc., sauf etc. Donné a Caen ou
22 moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux, et de notre regne le dix-huit me. Ainsi
signé par le roy a la relation du conseil,
23 Crefier, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 84, f° 59 r°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Vignier,
pouvre homme de labeur, aagé de vingt-cinq ans ou environ,
2 natif du village de [blanc] pres Coussy, contenant que le dymanche vingt-quatreyesme jour
du moys de septembe mil cinq cens trente et ung, ledit suppliant se trouva au villaige
3 de Tartier pres Coussy, heure de sept a huit heures du soir. Auquel lieu ledit suppliant eut
quelque question et different avec ung nommé
4 Guillaume de Scaramont, dont touteffois ne s’en seroit aucune chose ensuivi. Et quant ledit
suppliant fut pres le carrouer dudit lieu de Tartier,
5 il rencontra Jehan Femy, a present deffunct, Jehan Gillet, Nicollas Le Fevre, Girardin des
Marestz et autres, lesquelz venoient de soupper de la maison dudit
6 feu de Femy. Et incontinant que ledit suppliant fut illec arrivé, ledit Gillet commança a dire
audit suppliant : « Vignier, allons nous en a Cuissi ». A quoy
7 ledit suppliant respondit qu’il ne s’en yroit encores. Et lors ledit Gillet luy dist de rechef :
« venez vous en si vous voullez, ça nous autres nous en allons ».
8 En disant lesquelles parolles, survint ledit de Femy, lequel de premiere face dist audit
suppliant en grosse fureur et arrogance : « cousin, te fault9 il tant gromelez ? » Auquel ledit suppliant respondit gracieusement que ne luy failloit riens
et qu’il ne gromelloit point. A quoy fut replicqué
10 par ledit Femy, deffunct, en groce arrogance ces motz : « il semble que tu soye ung rollant,
ung roy de quartes ! Par le Sang-Dieu, si ce n’estoit
11 pour ung peu et que tu est mon cousin, je te donneroye ung sousflet ou deux ! Te
courrousse-tu ? » Lors ledit suppliant respondit que oy. A quoy de
12 rechef fut repplicqué par ledit Femy : « si tu vieulx faire le pot, va t’en et si tu veulx estre
saige, demeure ! » A quoy, apres avoir enduré plusieurs
13 menasses, fut respondu par ledit suppliant qu’il ne s’en yroit point et qu’il n’estoit homme
pour luy. En disant lesquelles parolles, incontinant
14 ledit Femy desgainna son espee et d’icelle de grant fureur rua ung coup sur ledit suppliant,
dont il fut actaint sur l’un des braz. Et
15 voyant ledit suppliant ladite agression, desgaynna aussi sa court dague et se gecta sur ledit
Femy, et d’icelle en rua en son corps desfendant
16 ung seul coup, duquel par cas de fortune, ledit Femy fut actainct a l’endroit de la gorge.
Duquel coup, par faulte de bon appareil, gouvernement
17 ou autrement, tantost apres selon [sic] allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas,
doubtant ledit suppliant rigueur de justice, se seroit absenté du
18 pays auquel ne ailleurs en notre royaume il n’oseroit bonnement ne seurement converser,
demourer ne frequenter si noz grace et misericorde
19 ne luy estoient sur ce imparties, en nous humnblement requerant que, actendu ledit cas
ainsi advenu par la maniere que dit est et qu’il n’y a
20 aucune chose precogitee, aussi que en tous autres cas, ledit suppliant est bien famé,
renommé, il nous plaise sur ce luy impartir nosdites grace
21 et misericorde. Pour quoy etc., voullans etc. Si donnons en mandement par ces mesmes
presentes au baillit et gouverneur de Coussy
22 ou a son lieutenant, en la jurisdiction et ressort duquel ledit cas est advenu, et a tous noz
autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc.
23 Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux et de notre regne le
dix-huitme. Ainsi signé par le
24 roy a la relation du conseil, de La Forest, visa contentor de La Forest.
Lettre n° 85, f° 59 v°
1 François etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Philebert
Bernard, natif de la parroisse de Rouenne, contenant que a ung
2 jour de dimanche avant la feste de Toussaintz derreniere passee mil cinq cens trente et ung,
lors ledit suppliant demourant en la parroisse de Sainct
3 Preiect La Joche ou conté de Forestz, seneschaucee de Lion, ayant grant familiarité et
amityé avec un nommé Girin Dalleri, jeune homme a marier, icelluy suppliant
4 et ledit Dalerey, comme bons amys et compaignons, s’en seroient allez ouyr messe en
l’eglise parroichialle de Vaudragez, distant de demye lieue de l’autre
5 parroisse de Sainct Preiect. Et apres avoir oy ladite messe, allerent disner ensemble en la
maison de Jehan Girard, hoste dudit lieu de Vaudrages, distant
6 de demye lieue de ladite parroisse de Sainct Preiect. Ce fait, sans aucune rancune ne inmytié
[sic], s’en seroient partiz ensemble pour retourner en ladite
7 parroisse de Sainct Preiect, passans par le masage de La Chize de ladite parroisse de
Vaudranges. Et quant ilz furent audit village de La Chize, environ une
8 heure de soleil, pour ce que ledit jour couroit grant vent et mervilleux, lesdits Giron Dalery
et suppliant par amour et familiarité se prindrent a jouer, faisant par
9 recreacion voller les chappeaulx l’un des autres en les gectant au vent. Et en ce faisant,
quant ledit suppliant eut gecté et fait voller au vent le chappeau
10 dudit Girin Dalery, il courut sans malice sur ledit suppliant, lequel suppliant s’enfuyoit
devant luy. Et adont ledit Girin despoilla sa robbe et la gecta sur ses bras, dist
11 audit suppliant telles ou semblables parolles en effect : « vienca Philebert, tu as une dague,
veulx-tu mectre que nonobstant ta dague, je me gecteray
12 sur toy et ne te sauroys desfendre de ta dague, car je suis enveloppé de ma robbe et te
vienlx apprandre comment l’on se gecte sur ung homme
13 qui a dague ou espee desgaynnee ». Et ce dict, ledit Guerin alloit et couroit tousiours sur
ledit suppliant, lequel joyeusement et sans y penser
14 malice, desgaynna sadite dague et actendict ledit Girin, sondit amy, en presence de
plusieurs asistans, lequel Girin se gecta follement contre ledit
15 suppliant. En quoy faisant, il se blessa ung peu de ladite dague dudit suppliant en l’eigne
[aine] eupres [sic] le ventre ou n’aparoissoit que une petite playe,
16 que ledit Girin sachant que ce ne luy avoit esté fait par mallice dudit suppliant n’estunoit
riens. Neantmoins, pour ce que ladite playe gectoit grant
17 esfusion de sang et qu’il ne peult estre estanché, apres ce que icelluy Giron avoit esté
confessé, deschargeant ledit suppliant qu’il ne povoit
18 mais de ce qu’il avoit esté ainsi blessé et que ce n’estoit advenu que par esbatement et sans
aucune malice, ledit Girin deux heures apres
19 ou environ seroit par faulte de bon appareil ou aultrement, au moyen de ladite blesseure,
allé de vie a trespas, dont ledit suppliant fut
20 et est tres deplaisant. Et doubtant rigueur de justice, pour occasion dudit cas se seroit
absenté du pais ouquel ne ailleurs en notre royaume,
21 il n’oseroit jamais bonnement ne seurement repairer ne demourer si noz grace, pardon et
misericorde ne luy estoient sur ce imparties,
22 en nous humblement requerant que, actendu ce que dit est et que en tous autres cas ledit
suppliant est bien famé et renommé,
23 nous lui veullons sur ce impartir nosdits grace, pardon et misericorde. Pour quoy etc.,
voullans etc. Si donnons en mandement
24 par ces mesmes presentes au seneschal de Lyon ou a son lieutenant, en la jurisdiction,
povoir et ressort duquel ledit cas est advenu, et a tous
25 noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace
mil cinq cens trente-deux
26 et de [notre] regne le dix-huitme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, de La
Forest, visa contentor de La Forest.
Lettre n° 86, f° 59 v°
1 François etc., savoir faisons etc., nous avoir receu l’umble supplicacion de Guillaume de La
Rey, escuyer, natif de la parroisse de Truin, aagé de
2 vingt-cinq ans ou environ, trouvé prisonnier es prisons de notre ville de Caen a notre
joyeuse et premiere entree en icelle, contenant que cinq ans a ou environ,
3 autrement du jour n’est records, ledit suppliant se transporta a ung jour de plaiz audit bourg
de Truin. Auquel lieu il trouva Christofle Lenom, a present deffunt, qui
4 esté [sic] homme noisif et quereleux, yvrougne mal complectioné et grand blaphemateur du
nom de Dieu, et que chacun jour par ses faulx rappors de mauvaise
5 langue avoit question et debat a plusieurs personnes. Auquel ledit suppliant commança a
dire gracieusement : « Christofle, vous avez rapporté a mon frere
6 aisné que je avoye dit ou machiné de le empoisonner, ou que je le turoye ou feroye tuer,
c’est mal fait a vous d’avoir dit les parolles, car vous savez
7 bien que mon frere et moy sommes bons amys, et ne devez dire lesdites parolles parce que
elles pourroient estre cause de me porter grant dommaige ».
8 A quoy par ledit Lenon fut respondu en grosse arrogance, jurant et blaphement le nom de
Dieu, comme il avoit de coustume de faire, qu’il n’avoit dit
9 lesdites parolles et de ce s’en rapportoit a sondit frere, a quoy ledit suppliant soy accorda.
Partirent et se misent [sic] en chemin pour aller parler a sondit
10 frere, et marchoient ensemble hors ledit bourg de Truin, jusques environ la longueur d’un
traict d’arbaleste. Et ce fait, ledit Lenom congnoissant avoir dit
11 lesdites parolles, commança a dire audit suppliant qu’il ne passeroit oultre. Au moyen de
quoy, ledit suppliant commença a dire par maniere de remonstrance
12 a icelluy Lenon : « puisque ne voullez aller, il est bien a presumer que vous avez rapporté
lesdites parolles ! » A quoy ledit Lenon congnoissant et soy sentant coulpable dudit
13 cas, respondit tou [sic] furieusement et en grosse arrogance que s’il avoit dit lesdites
parolles, il les tenoit pour dictes, usant de plusieurs autres parolles rigoreuses,
14 desquelles parolles ledit suppliant fut grandement deplaisant et courroussé. A cause de
quoy, tira son espee et d’icelle en rua ung coup de plat
15 sur l’espaulle. Lors ledit Lenon, qui estoit garny d’un grant cousteau, s’efforça tout
furieusement d’aprocher dudit suppliant pour le saisir au corps. Au moyen de quoy,
16 ledit suppliant qui estoit beaucoup plus foible que luy, pour obvier a ce qu’il ne fust tué ou
oultragé par ledit Lenon qui estoit beaucoup plus puissant
17 et robuste que luy mist son espee au devant, et d’icelle luy rua ung autre coup d’estoc,
duquel par cas fortuit fut actainct au ventre. A cause duquel coup, par
18 faulte de prompt appareil, bon gouvernement ou autrement, seroit ledit Christofle Lenoy,
cinq jours apres, allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, ledit
19 suppliant doubtant rigueur de justice se seroit absenté du pays ouquel ne ailleurs en notre
royaume n’oseroit retourner ne frequenter, si noz grace et
20 misericorde ne luy estoient sur ce impartiz, nous humblement requerant, actendu que en
tous autres cas ledit suppliant est bien famé et renommé sans jamais
21 avoir esté actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, fors et
excepté que puis ung an en ça ledit suppliant se trouva en la compaignie
22 de Pierre Picquet, sergent, auquel avoit esté baillé mendement de justice pour aprehander
Pierre Guillaume et Phelippot Daguz, gens de guerre et
23 mal vivans, et les mener prisonniers aux prisons, en la compaignie de plusieurs gens
appellez par ledit sergent en son aide, est advenu que par ung
24 surnommé Delacroix, incongnu audit suppliant, fut tiré ung coup de hacquebucte, duquel
fut actainte et tuee une femme, fille d’un appellé Dornays,
25 et sans toutesfoyz le vouloir ou consentement dudit suppliant ains seullement en sa
presence, nous luy vueillons a notredite joyeuse et premiere entree faicte
26 en ladite ville de Caen luy impartir noz lettres de grace et misericorde. Pour quoy etc.,
audit suppliant ou cas dessusdit avons a notredite joyeuse et
27 premiere entree faicte en ladite ville de Caen quicté etc. Si donnons en mandement par ces
mesmes presentes au bailly de Caen, ou son lieutenant, pour ce
28 qu’il est notre plus prochain du lieu ou ledit cas est advenu, qui est Alançon ou n’a juge de
par nous, et a tous noz autres etc. Et affin etc., sauf etc.
29 Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux et de notre regne le
dix-huitme. Ainsi signé par le roy
30 a la relation du conseil, Juvyneau, visa contentor Juvyneau.
Lettre n° 87, f° 59 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplicacion de Hymbert
Berthaud, escuyer, natif de la ville de Trevol en Dombes, a present
2 demourant a Poulle Le Chastel en notre pays de Beaujoloys, aagé de quarante-cinq ans ou
environ, contenant que lundy quatreyesme de mars, luy estant
1 en notre ville de Villefranche oudit Beaujolois et au-dedans la bouticque de maistre Jehan
Floret, notaire dudit lieu, pour le recouvrement de noz rentes, cens et servis dudit
2 Poilly dont il avoit la charge, en laquelle bouticque estoient ledit Floret et pluseurs autres
gens, envyron l’heure de quatre heures apres midi, il veit et apperceut ung nommé Eddouart
Deperrey
3 dict de La Ratiere, de la parroisse de Lasemez, estant en la rue et passant par devant ladite
bouticque, lequel estoit de sa congnoissance et son amy. Et lors, luy dist et demanda
gracieusement
4 qu’il le paiast pour Thevenet Gyrin et autres, pour lesquelz il luy avoit respondu les serviz et
autroges qu’ilz devoyent a cause des piedz de boys a
5 nous deuz a cause de notredit chastel de Pouilly, ou bien qu’il les luy rendist prisonniers
prisonniers [sic] selon qu’il luy avoit promis, et ledit Deperey le denyant, combien qu’il luy
eust promis ce faire
6 par devant ledit Floret, notaire, et autres qui luy dirent qu’il en avoit respondu. A quoy ledit
Deperey respondit en tousiours denyant pluseurs parrolles ruddes de couroux et oultraigeuses,
7 luy disant qu’il luy faisoit beau semblant par devant et que par derriere il le trayssoit. Et
desplaisant, marry et courroussé ledit suppliant desdites parolles dictes sans propos et sans luy
avoir
8 baillé occasion, il haulsa la main, il feist semblant de bailler par-dessus ledit banc ung
soufflet audit Deperey, ce qu’il ne feist et n’eust peu faire, estant que ledit banc estoit entre
9 eulx deux et large, ledit suppliant estant enfermé en ladite bouticque et ledit Deperey de
l’autre costé en la rue. Et ce faict, iceluy suppliant dist audit Deperey : « dis-tu que je suis
traistry ? » A quoy
10 respondit furieusement et en grant arrogance ledit Deperey que ouy vrayement. Et lors,
iceluy suppliant, qui est gentilhomme, marry et courroussé desdites injures, lesquelles il luy
avoit plusieurs
11 foys reiterees et ne les povoit plus endurer, degayna son espee qu’il avoit acoustume
porter, et d’icelle rua ung seul coup d’estoc all’encontre dudit Deperey pour et affin de le faire
12 cesser desdites parrolles et bruyt qu’il menoit, et aussi affin qu’il se retirast et ostast de la
et ne troublast et empeschast ledit suppliant, Floret et autres estans en ladite bouticque pour
13 les affaires de ladite recepte des cens et serviz dudit Poilly a nous deubz. Touteffois, non
pensant actaindre ne toucher ledit Deperey, comme n’estoit vraysemblable, actendu que ledit
Deperey
14 estoit loing et de l’autre costé en la rue, ledit banc bien large entre deulx, neantmoins par
cas de malle fortune, au mesme instant que ledit suppliant rua ledit coup, iceluy
15 Deperey se avansa et approcha dudit banc, et a cause de ce et par sa faulte fut actainct et
blecé dudit coup au ventre. Au moyen de quoy et par faulte d’estre soudain secouru
16 et pensé ou autrement, tantost apres seroit allé de vie a trespas. A l’occasion duquel cas,
ledit suppliant doubtant [rigueur de justice se seroit absenté de notredit pais de Beaujeuloys
auquel ne ailleurs en notre royaume il n’oseroit bonnement ne seurement converser, retourner
demourer si noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties 32], en nous humblement
requerant, actendu [que ledit cas est advenu de mallefortune comme dit est dessus, et n’y a
aucune chose precogitee, aussi que en tous autres cas ledit suppliant est bien famé et renommé
33
] sans
17 jamais etc., fors et excepté de l’omicide par luy commis en la personne d’un nommé
Simphorien Poucet en son corps deffendant, dont il auroit obtenu noz lettres de remission ou
moys de
18 septembre mil cinq cens vingt-sept qui luy auroient esté enterrinees, il nous plaise [en
l’honneur et reverance de la tres digne et benoiste passion de notre sauveur et redempteur
Jhesus Crist, qui fut a tel jour que aujourd’uy34] luy impartir notredite garce et misericorde.
Pour quoy etc., voullans etc., audit suppliant en l’honneur etc. Si donnons en mandement
19 par ces mesmes presentes au bailly de Beaujoloys ou a son lieutenant, en la jurisdiction
duquel ledit cas est advenu, et a touz noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné
20 a Argenten ou moys de mars l’an de grace mil cinq cens trente et ung et de notre regne le
dix-huictiesme. Ainsi signé par le roy tenant ses requestes, Deslandes, visa
21 contentor Deslandes.
32
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
34
Section ajoutée dans la marge, indiquée par un renvoi.
33
Lettre n° 88, f° 60 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’humble supplication de Loys Le Laige,
aagé de vingt-cinq ans ou envyron, chargé de femme et de petis enffans, filz de Jehan Delaige,
seigneur de l’Espine,
2 contenant que le XXVIIe de fevrier dernier passé, ledit suppliant se partit dudit lieu de
l’Espine de l’ostel de sondit pere pour s’en aller au lieu de Sainct Savyn, distant de l’ostel de
sondit pere d’une demye
3 lieue ou envyron, pour ce que ledit jour estoit le jour des plictz [sic] de la jurisdiction
temporelle de ladite abbaye de Sainct Savyn pour soy donner l [sic] garde des causes que
sondit pere y avoit, et aussi pour
4 veoir et visiter frere Pierre de Nyeuil, religieulx et secretain de sadite [sic] abbaye, son
cousin. Auquel lieu il seroit demouré jusques au lendemain avecques ledit de Nyeuil, sondit
cousin.
5 Auquel jour, ainsi que ledit suppliant et ledit de Nyeuil, son cousin, passoient par la rue et
par le devant du parquect et auditoire dudit lieu de Sainct Savyn, envyron l’heure de deux a
6 troys heures apres midi, auroit rencontré Charles de Brezolles, a present deffunct, que ledit
jour au matin estoit arrivé audit lieu, ayant en sa compaignie Ruf de Bresolles, son frere, et
ung
7 serviteur du seigneur de Taillebourg. Lequel Charles de Bresolles se voyant ainsi
acompaigné et congnoissant estre supporté tant par frere Jacques Loubes, abbé de ladite
8 abbaye de Sainct Savyn, duquel lesdits de Bresolles sont nepveux et soubz umbre d’iceluy
supportez et favorisez, craintz et doubtez audit lieu de Sainct Savyn parce que ledit abbé
9 est homme de grant auctorité, qui a beaucoup de biens, et a cause de ce favorise audit lieu
ledit Charles, qui estoit homme rioteux, noiseux querant et cherchant avoir debat avocques
[sic]
10 ledit suppliant, lequel il avoit par pluseurs fois menassé a batre et oultraiger et contre luy
consceu hayne, a cause de ce que ledit suppliant s’estoit autreffoys mal contenté de ce que
ledit feu
11 de Bresolles ne luy avoit premier baillé la main que a ung nommé Lombes a une course de
cheval, avoit iceluy de Bresolles arrogantement demandé audit suppliant s’il luy voulloit
12 mal de ce qu’il avoit plustost baillé la main a Lombes que a luy. A quoy auroit faict
responce qu’il n’estoit tenu luy voulloir bien par ce qu’il luy avoit faict ung mauvays
13 jour d’avoir premier tendu la main audit Lombes que a luy, combien que pour ce ne luy
voulloit mal et eurent entr’eulx quelques rigoreuses parrolles, tellement qu’ilz tirerent leurs
14 espees pour eulx entrebatre, mais ilz furent departiz et separez par ledit de Nyeuil et autres
assistans, par maniere que entr’eulx n’y eut pour lors aucun debat et conflict. Et voyant
15 ledit suppliant la fureur dudit Charles de Bresolles et de son frere et qu’il n’estoit en lieu
de seureté au moyen du support dudit abbé que avoient lesdits de Bresolles, leur oncle,
doubtant d’estre
16 oultraigé en sa personne, se retira a la maison dudit de Nyeuil, son cousin, pour faire brider
son cheval affin de s’en retourner en l’hostel de sondit pere audit lieu de l’Espine. Et environ
une
17 heure et demye apres, sortit ledit suppliant hors la maison dudit secretain pour soy retirer et
luy menoit son cheval apres luy ung jeune enfant, serviteur dudit secretain, et le convoyoit
ledit
18 secretain, ayant une espee nue soubz sa robe, laquelle il avoit prise pour doubte que ledit
suppliant fust oultraigé par lesdits de Bresolles. Et ainsi que ledit suppliant et ledit secretain
s’en alloient
19 par la grant rue dudit lieu de Sainct Savyn, tirans le chemyn droit pour se retirer audit lieu
de l’Espine, ledit Ruf de Bresolles, frere dudit Charles de Bresolles, et le serviteur dudit
20 seigneur de Taillebourg, garniz et saisiz de leurs espees, qui la les actendoient de propos
deliberé, comme il est a presumer, vindrent all’encontre d’eulx tenans les mains sur leursdits
21 espees. Et en ung instant, ledit Ruf de Bresolles et ledit serviteur dudit seigneur de
Taillebourg, son complice, desgaynerent leursdites espees contre ledit secretain, lequel print
en sa main son
22 espee qu’il portoit, et aussi ledit suppliant desgayna sadite espee pour empescher que
lesdits Ruf de Bresolles et ledit serviteur ne oultraigeassent sondit cousin. Et sur ce, ledit
Charles de
23 de Bresolles, qui estoit sur le hault du chemyn tendant de la place du marché a ladite
abbaye de Sainct Savyn ou il guetoit, comme il est vraysemblable, ledit suppliant pour les
oultraiger au moyen des
24 menaces qu’il avoit donnees ledit jour et autres par avant audit suppliant, accourut
rudement, tenant l’espee nue en sa main et son manteau ou cappe autour du bras, et tout
furieusement
25 de prime face gecta contre ledit suppliant pluseurs grans coups d’espee en intencion de le
tuer et occire, et desquelz il blessa et navra en pluseurs parties de son corps et jusques au
26 numbre de quatre playes mortelles. Et fut ledit suppliant tellement poursuyvy par ledit
Charles de Bresolles que en se recullant pour obvier a la fureur dudit Charles de Bresolles,
27 il tumba deux fois par terre en soustenant les coups que luy ruoit ledit Charles de
Bresolles, contre lequel ledit suppliant en son corps deffendant rua aucuns coups d’espee,
28 de l’un desquelz il beca [sic] ledit Bresolles ung peu au doy et d’un autre actaignit ledit de
Bresolles par le ventre, duquel coup ledit de Bresolles tumba par terre, disant : « je
29 me rends ». Au moyen de quoy, tout incontinent, se separerent lesdits suppliant et secretain
et se retirerent en ladite abbaye. Lequel secretain fut aussi grandement blecé par ledit
30 Ruf de Bresolles et serviteur dudit seigneur de Taillebourg, comme aussi fut ledit Ruf par
ledit de Nyeuil oudit conflict. Et desquelz coups ainsi receuz par ledit Charles de Bresolles
31 oudit conflict, iceluy Charles seroit deceddé envyron une heure apres. Au moyen desquelz
cas, ledit suppliant et ledit secretain doubtans rigueur de justice s’estoient retirez en ladite
32 abbaye de Sainct Savyn, en laquelle ilz sont encorres de present, contre lesquelz a la
requeste dudit Ruf de Bresolles et Leon de Bresolles, son frere, et aussi du procureur de ladite
barronnye de
33 Sainct Savyn, par le seneschal dudit lieu ou son commis avoit esté decerné decrect de
prinse de corps et adjournement personnel. Pardevant lequel ledit supliant n’avoit osé
comparroir, tellement
34 que contre luy avoit esté donné deffault, par vertu duquel certaine sentence de provision
tant d’allymens que medicamens que pour faire prier Dieu pour ledit de Bresolles s’en estoit
35 ensuyvye. De laquelle, ledit suppliant comme de nouvel venu a notice et congnoissance
s’en estoit porté pour appellant, ensemble desdits deffaulx et tout ce qui s’en estoit ensuyvy,
nous
36 humblement requerant que, actendu que ledit suppliant a commis ledit cas en son corps
deffendant, qu’il s’est employé en notre service au faict de noz guerres, et que en tous autres
37 cas etc. Pour quoy etc. Si donnons en mandement etc. au seneschal de Poictou ou son
lieutenant a Montmorillon, en la sennechausé et ressort duquel ledit cas est
38 advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Donné a Coustances ou moys de avril l’an de
grace mil Vc XXXII et de notre regne le dix-huitme. Ainsi signé par le roy a la relation
39 du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
Lettre n° 89, f° 60 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’humble supplication de Guillaume
Lecouepellier, povre homme chargé de femme, aagé de trente-deux ans ou envyron, natif de
2 la parroisse de Donnay, trouvé prisonnier es prisons de Caen a notre nouvelle et joyeuse
entree y faicte, contenant que neuf ans a ou envyron, ledit suppliant estant lors
3 demourant en la parroisse de Gaillard Boys, pres Escouye, cheux ung nommé Robert
Dubruel, escuyer sieur dudit lieu de Gaillard Boys, avec lequel ledit suppliant faisoit
4 sa continuelle residence, estoit vers luy venu Robert Lecouepellier, son frere, qui avoit
remonstré audit suppliant qu’il estoit requis et neccessaire de faire lotz et
5 partaiges d’entre eulx et leurs freres touchant et pour le faict de la succession des heritaiges
a eulx succedez et escheuz par la mort et trespas de leur deffunct pere,
6 lesquelz heritaiges estoient assises es parroisses de Donnay et Desson. Suyvant laquelle
chose, ledit suppliant pour obtemperer au voulloir desdits freres estoit party dudit lieu
7 de Gaillard Boys avec la compaignie dudit Robert Lecoueppelier, son frere, pour eulx en
revenir en ladite parroisse de Donnay. Auquel lieu, ilz auroient procedé
8 a faire les partaiges desdits heritaiges. Et depuis, par quelque jour ensuyvant, s’estoient
lesdits suppliant et la compaignie dudit Robert Lecoueppellier et de Jehan Le
9 Coueppellier, ses freres, transportez au bourg de Toury, auquel lieu ilz s’estoient arrestez a
prandre leur reffection en la maison de Raoullin Berthelot, qui avoit
10 lors prié ledit suppliant et sesdits freres de l’aller veoir avant que faire son retour audit lieu
de Gaillard Boys. Et ainsi que ilz prenoient leur reffection, fut dit
11 par ledit Jehan Le Coueppellier audit suppliant que ung nommé Jacquect Bryon l’avoit
baptu et oultraigé et donné pluseurs coups de cousteau, et qu’il convenoit
12 le poursuyvre en justice. Et tost apres, partirent ledit suppliant et sesdits freres pour eulx en
retourner dudit lieu de Toury en la parroisse de Donnay. Et en
13 ce que ilz partirent de la maison dudit Bertelot, fut dict audit suppliant et sesdits freres par
quelques personnes illecques presens que ledit Bryon et autres ses
14 complices les menassoient grandement de les oultraiger s’ilz les rencontroient. Et a ceste
cause, fut dit par ledit suppliant et sesdits freres que s’ilz trouvoient
15 lesdits [sic] Brion, qu’ilz esseoiroient a eulx deffendre. Et sur ses termes et moyens, se
misdrent a chemyn tenant entr’eulx parrolles de l’exces qui
16 avoit esté faict par ledit Brion audit Jehan Lecoueppellier. Et ainsi qu’ilz passoient par ung
villaige estant en la parroisse de Croizilles pres la
17 maison d’un nommé Guillaume Brion, pere dudit Jacquet Brion, fut dit par ledit Jehan
audit suppliant que s’estoit la maison desdits Bryon, qui ainsi l’avoient oultraigé.
18 Et a l’instant estoit entre ledit Jehan Coueppellier et ladite maison, et luy estant en icelle,
s’estoit escrié haultement, disant : « voycy le paillart qui m’a ainsi
19 baptu et oultraigé ! » Et ce voyant, ledit suppliant, meu d’amour fraternelle, craygnant que
sondit frere ne fust encores oultraigé, lequel cryoit « a l’ayde,
20 voycy le paillart », entra ledit suppliant en ladite maison pour secourir sondit frere, pensant
par ledit suppliant que on oultraigeast sondit frere, ou apperceut ledit Guillaume
21 Bryon qui s’enfuyoit aux champs. Et luy eschauffé, pensant que ce fust ledit Jacquet Brion,
qui avoit ainsi oultraigé sondit frere, auroit enaguié sadite espee et
22 courrut apres ledit Guillaume Bryon, auquel il auroit de chaulde colle donné ung coup
d’estoc pres du ventre. Au moyen duquel coup, par faulte de bon pensement
23 ou autrement, seroit allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas [et pour eviter rigueur
de justice, ledit suppliant se seroit absenté du pais ouquel il n’oseroit bonnement frequenter ne
demourer35]. Et seroit advenu que a la deppendance dudit cas, ledit Jehan Coueppellier, son
frere, qui avoit meu
24 toute la noise, auroit esté apprehendé et constitué prisonnier es prisons de Fallaise, et
tellement vers luy procedé qu’il auroit esté decappité. Et oultre plus auroit
25 esté procedé par deffaulx et contumaces contre ledit suppliant, dont pour ledit cas ledit
suppliant se seroit rendu prisonnier en notredite ville de Caen, ou es prisons
26 d’icelle il auroit esté delivré a notredite joyeuse et premiere entree y faicte, en nous
humblement requerant que, actendu ce que dit est et que en
27 tous autres cas etc. Pour quoy etc., audit suppliant en faveur de notredite premiere et
nouvelle entree avons quicté etc. Si donnons en mandement par cesdites
28 presentes au bailly de Caen, ou a son lieutenant, au bailliaige duquel ledit cas est advenu,
et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a
29 Caen ou moys d’avril l’an de grace mil cinq cens trente-deux et de notre regne le dixneufiesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil,
30 Marault, visa contentor Marault.
35
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
Lettre n° 90, f° 61 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’humble supplication de Balthasar
Vaugerus, povre homme de labour, agé de vingt-cinq ans ou envyron, chargé de femme et
2 troys petitz enfans, natif de la parroisse de Vieurcy en viconté de Vyre, contenant que a
certain jour du moys d’octobre dernier passé, ledit suppliant et ung nommé Thomas Dubosq
3 prenans leur reffection et repas en l’une des chambres haultes de l’hostel de Symon
Lebreton, tavernier demeurant en la parroisse de Cahaindolley, sans penser en aucun mal,
survindrent
4 en la salle au bas de ladite maison ung nommé Bertran Roger et autres ses complices au
nombre de six ou sept, qu’ilz se prindrent a chanter a haulte voix chansons scandalleuses et
5 diffamatoires de pluseurs notables personnes de la ville et visconté de Vire et autres, et
continuerent assez longuement. Dont ledit suppliant et Dubosq furent courroucez et par ledit
suppliant
6 leur fut dit : « villains, herres, chausseres, il ne vous apartient pas de chanter telles villaines
chansons diffamatoires des gens de bien ! ». Et sur ce, entrerent en parolles les ungs contre les
autres.
7 Sur lesquelles parrolles ledit Bertran Roger et ses complices monterent en ladite chambre ou
estoient lesdits suppliant et Dubosq, combien que ledit Lebreton, hoste et tavernier dudit
hostel, les
8 voulsist empescher de ce faire. Et de prime face, lesdits Roger et sesdits complices vindrent
assaillir lesdits suppliant et Debosq, qui estoient assis a table, prindrent mesmement ledit
Roger ledit
9 suppliant par les cheveulx et autres parties de son corps, le gecterent et ruerent par terre, luy
donnerent pluseurs coups tant des piedz, des poings que autrement. Et combien que
10 par deux fois il se relevast, ledit Roger et sesdits complices le reprindrent, gecterent
derechef a terre, le baptant, traynant et mutillant enormement. Et ainsi qu’ilz les tenoient par
terre, le baptant
11 et mutillant, ledit Lebreton, hoste, et sa femme monterent en ladite chambre et firent tant
qu’ilz osterent des mains dudit Roger et ses complices ledit suppliant qu’ilz tenoient par terre.
Lequel suppliant
12 lors qu’il fut relevé, tres fort esmeu des grans baptures, exces et oultraiges a luy faictz par
ledit Roger et sesdits complices, print et saisit ung petit baston de boys qu’il trouva en ladite
chambre.
13 Et combien que ledit Roger et sesdits complices fussent descenduz comme envyron la
moictié des degrez de ladite chambre, neantmoins ledit Roger et sesdits complices,
mesmement ledit Roger s’efforça remonter en
14 ladite chambre pour derechef baptre et mutiller ledit suppliant. Lequel suppliant pour
empescher de rentrer en ladite chambre ledit Roger et sesdits complices, qui estoient six ou
sept, rua ung coup de
15 sondit baston de boys, dont il actaignit sur la teste ledit Bertran Roger, tellement qu’il
tumba aval lesdits degrez. Et en tumbant par terre, ainsi que l’on dit, car autrement ledit
suppliant n’en
16 sceut riens, se cassa ou demist le col. Au moyen de quoy ou autrement, le lendemain, il
alla de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, [ledit suppliant doubtant rigueur de justice se
seroit absenté hors du pays36], nous humblement requerant que, actendu
36
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
17 la maniere que ledit cas est advenu, que ledit suppliant en tous autres cas est bien renommé
etc. Pour quoy etc. Si donnons en mandement au bailly de Caen ou son lieutenant ou
bailliaige
18 et ressort duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin etc., sauf
etc. Donné a Coustances ou moys d’avril l’an de grace mil Vc XXXII, et de notre regne
19 le dix-huitiesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor
Deslandes.
Lettre n° 91, f° 61 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’humble supplication de Jehan
Montereul, povre homme manouvrier, chargé de femme et troys petitz enffans, demourant en
la paroisse
2 de Sainct Berthelemy en Caux, trouvé es prisons de notre ville de Caen a notre joyeuse
venue et nouvelle entree y faicte, contenant que en l’an mil V c XXVII ou moys d’aoust, ledit
suppliant
3 estoit allé a Montevillier en pelerinaige pour la feste de la Transfiguration de notre sauveur
Jesuchrist qui estoit ledit jour. Et apres avoir esté quelque espace de temps audit
4 Montevillier, se partit dudit lieu pour soy retirer en la parroisse de Sainct Berthelemy, en
laquelle estoit lors demourant. Trouva de sa compaignie plusieurs jeunes enffans avec
lesquelz
5 prindrent chemyn pour eulx en aller. Et pour plus joyeusement passer le temps, ledit
suppliant qui jouoit aucuneffoys d’une cornemuse, de laquelle il avoit lors commancé a jouer
6 depuis l’yssue dudit Montivillier jusques et dedans le hamel d’Auberville pres dudit lieu de
Sainct Berthelemy. Auquel hamel de Hauberville, ainsi qu’il jouoyt encores dudit instrument,
7 sortit ung homme que ledit suppliant ne congnoissoit lors pour ce qu’il estoit jour failly ou
envyron. Lequel homme ainsi a luy incongneu se gecta audit chemyn et sans occasion aucune
ne que
8 iceluy suppliant luy mesdist ne fist aucune chose, ledit homme gecta deux coups de pierre a
travers ledit chemyn ou estoit ledit suppliant et ceulx de sa compaignie, dont de l’un desdits
coups fut
9 actainct. Et lors, pour eviter a plus grant inconvenient, commança ledit suppliant a
demander qui estoyt celluy qui gectoit des pierres. Et en ce disant, ouyt bruyt que ledit
homme courroit
10 fort, et lors ledit suppliant le suyvit et fut actaint par ledit suppliant, lequel trouva que
s’estoit Guillaume Agasse. Et sur ce, ledit Agasse dist audit suppliant telles parrolles ou
semblables :
11 « Vertu-Dieu Montereul, suytz moy ! » Et en ce disant, se baissa a terre ledit Agasse sans
autre chose dire et print des pierres, dont il en rua derechef une a l’encontre dudit suppliant,
12 de laquelle fut actaint par la teste, tellement que au moyen dudit coup tumba a terre et
demoura esvanouy. Et tost apres, icelluy suppliant se releva et pour eviter au mauvais
13 voulloir et intencion dudit Agasse, ledit suppliant tenant une courte dague nue en sa main
rua ung coup ou deux sur ledit Agasse, de l’un desquelz fut actaint par la cuysse pres le
14 genoul. Au moyen duquel coup, par faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement,
seroit bien tost apres allé de vie a trespas. A l’occasion duquel cas, [ledit suppliant craingnant
rigueur de justice s’est absenté du pays ouquel ne aillieurs en notre royaulme, il n’ozeroit
bonnement converser ne demourer si37] [si noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce
imparties38], en nous
15 humblement requerant, actendu ce que dit est et que en tous autres cas ledit suppliant est
bien famé etc., nous luy veillons en faveur de notredite joyeuse venue et premiere
16 entree que avons faicte en notredite ville de Caen sur ce luy impartir nosdites grace,
remission et pardon. Pour quoy etc., audit suppliant en faveur de notredite joyeuse venue
17 et premiere entree que avons faicte en notredite ville de Caen avons quicté etc. Si donnons
en mandement par ces mesmes presentes au bailly de Caux ou a son lieutenant, ou povoir,
37
38
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
Section ajoutée dans la marge, indiquée par un renvoi.
18 ressort et jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et
aff[in] etc., sauf etc. Donné a Coustances ou moys d’avril l’an de
19 grace mil Vc XXXII et de notre regne le dix-huitiesme. Ainsi signé par le roy a la relation
du conseil, Creffier, visa contantor Juvyneau.
Lettre n° 92, f° 61 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’humble supplication de Pierres
Blucquessart de la parroisse Saint Viman de Rouen, trouvé prisonnier es prisons de notre ville
2 de Fallaize a notre joyeuse et premiere entree en icelle, contenant que puis huit moys en ça,
ledit suppliant et maistre Jehan Lecharpentier, prebtre, avec autres personnes chantans de
3 musicque, auroient aydé a cellebrer une haulte messe a deschant en l’eglise dudit lieu de
Sainct Viman, a la priere de Cardin Lamoureux, leur donnant a entendre
4 qu’il les payeroit, dont depuis il avoit esté refusant. Au moyen de quoy et pour estre
remunerez de leur sallaire, il l’auroit faict citter, ou tellement auroit esté
5 procedé que par sentence de l’official dudit Rouen, ledit Lamoureux auroit esté condempné
payer dix solz tournois et deux solz six deniers au clercs. En indignation duquel proces,
6 ledit Lamoureux s’estoit depuis adressé audit Lecharpentier en luy disant plusieurs injures et
en blaphemant le nom de Dieu, luy auroit baillé ung soufflet, prins par le collet, deschiré
7 sa chemise, tiré son espee ou courte dague et juré qu’il turoit ou bapteroit, ce qu’il eust fait
comme il [est] vray semblable s’il n’eust esté contregardé par aucuns qui illec survindrent.
8 Desquelz exces, ledit Lecharpentier avoit faict plainte par devant ledit official, et
information faicte a sa requeste. Et du promotheur d’office, ledit Lamoureux avoit esté citté
pour
9 y respondre. Et apres l’information deuement faicte et sur ce que ledit Lamoureux s’estoit
comparu en ladite jurisdiction ecclesiasticque, le lundi deuxme jour d’octobre dernier passé,
10 voyant qu’il estoit en danger de demourer prisonnier, s’estoit desfuy et absenté. Par quoy,
lesdits Charpentier et suppliant, qui estoient en ladite court d’eglise en la poursuite dudit
11 proces, s’en estoient retournez en leurs maisons eulx habiller pour eulx en aller dehors par
devers le sieur de Heuqueville, qui estoit audit lieu de Heuqueville, distant de notre ville
12 de Rouen de six a sept lieux ou envyron, pour illec jouer et faire aucuns esbatemens aux
nopces et a la feste d’une de ses filles qui se devoit marier. Et a ceste
13 fin, prindrent leurs bastons, et est assavoir ledit Lecharpentier une courte dague et ledit
suppliant une espee, iceulx misrent soubz leurs robes pour eviter que
14 on ne leur fist oultraige sur les champs, ainsi que gens qui vont sur champs ont acoustume
de faire. Et ce faict, s’en allerent en ladite eglise de Sainct Viman pour
15 parler a leurs compaignons pour leur dire qu’ilz feissent pour eulx en ladite eglise durant le
temps qu’ilz seroient a leurdit voyaige. Et apres qu’ilz eurent parlé a
16 eulx et ainsi qu’ilz estoient prestz de partir, sans penser a aucun mal, estoient yssus hors de
ladite eglise et soubz le petit portal, ainsi qu’ilz parloient a ung nommé
17 Noel, soubz clerc, ledit Lamoureux saillist de ladite eglise et passa par devant eulx sans
leur dire aucune chose ne semblablement ledit Carpentier et suppliant audit
18 Lamoureux. Et apres que ledit Lamoureux eust marché oultre deux ou troys espaces, se
retourna tout court et vint vers lesdits suppliant et Charpentier,
19 en s’adressant a eulx furieusement commença a dire ces mots : « voycy mes petitz
cocquyneaulx ! Par le Sang-Dieu, vous avez failly a me faire demourer en prison
20 mais je vous galleray bien ! ». A quoy luy fut respondu doulcement par ledit Lecharpentier
qu’il ne se devoit adresser a eulx et qu’il estoient a justice et qu’ilz ne
21 luy demandoient rien. Par quoy, ledit Lamoureux se departist pour soy en aller. Et apres
qu’il eust faict cinq ou six pas, iceluy Lamoureux retourna tout
1 soubdain saisy d’une courte dague vers lesdits suppliant et Charpentier, et en jurant et
blaphemant le nom de Dieu se seroit a eulx adressé et mesmement audit suppliant en luy
mectant le poing
2 sur le nez et sur le visaige. Et encores, non contant de ce, meist la main soubz la robe, soubz
laquelle estoit ladite courte dague qu’il portoit, demonstrant qu’il voulloit icelle tirer et les en
3 oultraiger. Quoy voyant ledit suppliant auroit tiré sadite espee et auroit frappé sur ledit
Lamoureux, lequel en recullant seroit cheut a terre. Et craignant icelluy suppliant ledit
Lamoureux,
4 qui estoit homme noisif, fort oultraigeux, actainct de pluseurs [sic] malversations et que
autreffois ledit Lamoureux l’avoit voullu tuer et oultraiger, luy auroit gecté de chaulde
5 colle et prompte suitte aucuns coups de taille, dont il auroit esté actaint par la teste et autres
parties de son corps. Aussi auroit ledit Lecharpentier donné aucuns coups de taille sur
6 ledit Lamoureux. Et ce faict, s’estoient retirez, et depuis entendu que ledit Lamoureux,
quatre ou cinq jours apres, par deffaulte [sic] d’appareil, bon gouvernement ou autrement,
seroit allé
7 de vie a trespas. A cause de quoy, ledit suppliant est de present absent [hors du pais ouquel
ne ailleurs en notre royaume, il n’oseroit bonnement converser sans avoir noz lettres de grace,
remission et pardon39], en nous humblement requerant que a notredite nouvelle et premiere
entree en notredite ville, et actendu que en tous autres
8 cas [il s’est honnestement porté et conduit, nous luy veillons sur ce impartir notre grace 40].
Pour quoy etc. Si donnons en mandement par ces presentes au bailly de Rouen ou son
lieutenant ou bailliaige, duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc. Et affin
[etc.],
9 sauf etc. Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil V c XXXII et de notre regne le dixhuitiesme. Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Juvyneau, visa contentor
10 Deslandes.
39
40
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
Lettre n° 93, f° 61 v°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’humble supplication de Françoys
Decorde, natif de la parroisse de Corde, aagé de trente ans ou envyron, trouvé prisonnier es
2 prisons de Fallaise a notre joyeuse et premiere entree y faicte, contenant que des deux ans a
ou envyron, ledit suppliant se seroit trouvé en la maison du seigneur de Toutemer ou viconté
de
3 Vire, en laquelle maison iceluy sieur de Toutemer, Richart Deslandes, son vallet, et ledit
suppliant se delibererent aller a l’esbat a la vollee des videcoz. Et pour ce que ledit sieur de
4 Toutemer avoit esté adverty que [blanc] Ambriere et deux de ses filz, l’un appellé [blanc], a
present deffunct, tendoient une vollee aux
5 videoqz en ung lieu pres ledit lieu de Thuichebray, estant des apartenances de notre forestz
de Landepouroye, ce qui est prohibé mesmement a gens ruraulx de la qualité desdits
6 Aubrieres, iceulx sieur de Toutemer, suppliant et sondit vallet y seroient allez garniz, savoir
est ledit suppliant d’une arballestre et d’une espee, ledit seigneur de Toutemer d’une
7 espee et d’une rondelle, et son vallet d’une espee. Et a l’arivee trouverent lesdits Aubrieres
qui avoient tendu une vollee ou rays audit videcoqs. Alors lesdits sieur de Toutemer, sondit
vallet
8 et suppliant se prindrent a courrir vers eulx, sans touttefois avoir envye de les baptre, tuer ne
endommaiger en leurs corps, leur disant telles ou semblables parrolles : « Vertu-Dieu,
9 villains, ce n’est pas a vous de tendre une vollee a videcoqz ! Nous aurons la vollee ! » En
quoy faisant, lesdits Aubrieres se misrent en fuyte, habandonnerent leurs raiz et s’en
10 courrurent hastivement en leurs maisons ou ailleurs ou bon leur auroit semblé, sans ce que
par lesdits de Toutemer, son vallet et suppliant leur fust faict aucun oultraige. Pendant
11 lequel temps, ledit sieur de Toutemer fist serrer et recuillir lesdits raiz et vollee a son
vallet. Et tout incontinant, retournerent lesdits Aubrieres, pere et filz, armez et
12 enbastonnez de de [sic] deux arballestres bandees, deux garotz dessus et une demye
picque, et assaillirent fierement tant ledit sieur de Toutemer, son vallet et suppliant, les
13 voullant tuer et occire. Quoy voyant lesdits sieur de Toutemer, sondit vallet et suppliant se
misrent en deffence. En quoy faisant, fut rué tant de la part dudit sieur de Toutemer que
14 Aubrieres quelzques coups, et dit par ledit sieur de Toutemer, sondit vallet et suppliant
qu’ilz se retirassent, ce qu’ilz ne voullurent faire, ains perceverent [sic] de pys en pys. Quoy
15 voyant ledit suppliant, qui pour sa deffence tenoit une arbalesre bandee et ung trect dessus,
et pour obvier qu’il ou ledit sieur de Toutemer et sondit vallet ne fussent par
16 lesdits Aubrieres occys, desbenda soy deffendant sondit arbalestre contre ledit [blanc]
Aubriere, a present deffunct, et du trect estant sur ladite arbalestre il fut par cas fortuit
17 frappé en l’estomach vers l’espaulle. Au moyen de quoy, quinze jours apres ou environ,
par faulte de bon apparreil, gouvernement ou aultrement, il seroit allé de vie a trespas.
18 Pour lequel cas, ledit suppliant a depuis satiffaict a partie civille. Et estant prisonnier
comme dit est pour ledit cas esdites prisons de Fallaise a notredite joyeuse entree, auroit
d’icelle esté
19 delivré, en nous humblement requerant que, actendu la maniere dudit cas advenu, aussi que
en tous autres cas ledit suppliant s’est tousiours honnestement porté, [sans jamais avoir esté
actainct d’aucun villain cas, blasme ou reproche, nous luy veillons sur ce impartir nosdites
grace, pardon et misericorde41]. Pour quoy
41
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
20 etc. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes au bailly de Mortaigne, ou a son
lieutenant a Tuichebray, en la jurisdiction duquel ledit cas est advenu, et a tous noz
21 justiciers etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace mil V c
XXXII apres pasques, et de notre regne le dix-huitiesme. Ainsi
22 signé par le roy, Juvyneau, visa contentor Juvyneau.
Lettre n° 94, f° 62 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’humble supplication de Robert Lautour,
filz de Jehan Lautour, de la parroisse d’Assy, aagé de XXV ans ou envyron,
2 trouvé prisonnier es prisons de notre ville de Caen, avons a notre joyeuse venue et premiere
entree y faicte faict delivrez et mectre hors desdites prisons, contenant que le jour
3 de l’Assention notre seigneur derniere eut ung an, ainsi que ledit suppliant et Guillaume
Autour, frere de sa femme, cherchoient de soyr parmy le villaige et envyron deux
4 heures de nuyt deux chevaulx que le vicaire dudit lieu, aussi frere de la femme dudit
suppliant, avoit adirez, trouverent Gilles Gobet, leur cousin, tous surprins de vin, qui
5 estoit couché tout vestu en terre, assez pres de la maison d’une jeune fille bastarde de
Guillaume Locar, que on dit qu’il entretenoit et qu’il avoit eu avec elle quelque
6 debat ledit jour. Lequel ilz le feirent lever et luy demanderent s’il avoit point veu lesdits
chevaulx, qui leur feist responce que non. Et lors, luy demanderent
7 s’il voulloit aller avecq eulx menger du poisson que ledit suppliant avoit pesché ledit jour et
mys au presbitaire cheux ledit vicaire, leurdit frere, ce que Gobet leur
8 accorda. Et pour ce que audit presbitaire ne trouverent une poesle pour frire le poisson, en
demanderent une a Laurens Costard, demeurant illec pres, qui leur reffusa,
9 congnoissant qu’ilz estoient tous esbetez et surprins de vin ou autrement, dont furent
indisgnez et marriz contre ledit Laurens Costard, luy disant en jurant et blaphemant
10 le sang et la vertu de notre seigneur qu’ilz entreroient en sadite maison oultre son gré pour
avoir ladite poelle, ce que touteffoys ne feirent ne autres effors. Et lors, ledit Guillaume
11 Autour se retira et alla coucher audit presbitaire avec sondit frere, et ne sceit ledit suppliant
que devynt ledit Godet. Et ledit suppliant, qui estoit surprins de vin
12 comme dit est, ne se peult retirer mais entra en la chambre ou salle de ladite fille bastarde,
pres et joignant celle dudit Laurens, en laquelle il se endormit tout
13 vestu sur une selle. Ou le lendemain matin fut trouvé encores endormy sur ladite selle pres
d’un bars ou estoit ung jeune enffant de l’age de demy an ou
14 envyron, qui par cas fortuit avoit esté froiessé et estouffé par ledit suppliant en dormant et
soy remuant. Par quoy, ladite fille bastarde, mere dudit enffant,
15 commança a cryer et plourer, disant que sondit enffant estoit mort et que ledit supliant
l’avoit estainct, ce que ledit suppliant denya a l’heure, pour ce que
16 ne le pencoit avoir faict. Toutesfoys, les officiers de la viconté de Vire ont pour raison
dudit cas contre luy procedé par adjournement a ban, deffaulx et contumace,
17 ou ne s’est osé compareoir ne seurement repairer au pays ne ailleurs en notre royaulme si
noz grace, [pardon et remission ne luy estoient sur ce imparties, en nous humblement
requerant que, actendu ce que dit est et que ledit cas est advenu par cas fortuit, sans ce que
ledit suppliant ayt jamais eu pensee, vouloir ne intencion de faire mal audit enfant, et que en
tous autres cas il est bien famé et renommé sans jamais avoir esté actaint ne convaincu
d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche 42], nous luy veillons en faveur de notredite
nouvelle et
18 joyeuse entree impartir etc. Pour quoy etc. Si donnons en mandement par cesdites
presentes au bailly de Caen ou son lieutenant a Vire, en la jurisdiction duquel ledit cas est
advenu,
19 et a tous noz autres etc. Et affin etc., sauf etc. Donné a Caen ou moys d’avril l’an de grace
mil cinq cens trente-deux et de notre regne le dix-huitiesme. Ainsi signé
20 par le roy a la relation du conseil, Barillon, visa contentor Barillon.
42
Section ajoutée à la suite de l’acte, indiquée par un renvoi.
Lettre n° 95, f° 63 r°
1 Françoys etc., savoir faisons etc. nous avoir receu l’umble supplication de Jehan Baudin,
contenant que le seizeieme jour de septembre mil Vc
2 trente et ung dernier passé, estant ledit suppliant au dessoubz des pons qui sont sur la riviere
passant pres la ville de Bar sur Seine, il vit Pierre
3 Jehannet et Guillemon Roger, fermiers de ladite riviere tant de par nous que de par les
bourgeoys, manans et habitans de ladite ville de Bar sur Seine, qui estoient a fort
4 grosse peine pour oster et tyrer ume [sic] grosse pierre qui les empeschoit a tyrer leurs fillez.
Pour ayder ausquelz pescheurs, ledit suppliant s’en entra en une
5 nasselle avec eulx, et a leur ayde estoient aussi en chemise dedans l’eaue de ladite riviere
Jehan Chardin, Lainsnel et Jaquot Delahaye, et tous
6 ensemble tant accrochetz que autrement faisoient leur effort de tyrer ladite pierre. Et apres
plusieurs effors, ledit suppliant se departit de ladite nasselle
7 et alla prandre deux chevaulx atellez a ung char vuyde estant aupres desdits ponts de pierre,
lesquelz il mena dedans ladite eaue et
8 les atella a ladite pierre pour icelle tyrer hors. Et sur ce, le vallet et serviteur de Vincent
Barroys, a present deffunct, auquel comme l’on dit
9 lesdits chevaulx appartenoient, se print a cryer audit suppliant et autres qu’il l’alloit dire a
sondit maistre, ce qu’il fist. Ledit Vincent Barroys
10 dist a sondit serviteur par telles parolles : « par la Mort-Dieu, j’en tueray ung ! » En ce
disant, tyra ung cousteau de charpentier qu’il
11 portoit, s’en vint au bort de ladite riviere, amassa des pierres et en gecta l’une contre ledit
Jehan Baudin, suppliant, jurant le Sang-Dieu qu’il le
12 tueroit. Touteffoiz, ledit suppliant se baissa et evada ledit coup. Et incontinant se descendit
ledit suppliant de dessus le cheval ou il estoit
13 et sortit de l’eaue, demandant audit Vincent pourquoy il luy gectoit des pierres. Lequel
Vincent Barroys, sans faire audit suppliant
14 aucune responce, luy gecta une autre pierre, dont il le actaingnit par l’estomac, s’efforçant
encores luy en gecter. Lequel suppliant,
15 pour la grant douleur qu’il sentit dudit coup et que ledit Vincent Barroys ne vouloit
entendre aucunes parolles ne propoux ains s’efforçoit
16 de plus en plus le oultrager et afoller, tyra une courte dague qu’il avoit et d’icelle en son
corps deffendant donna ung coup
1 audit Vincent Barroys par la mamelle gaulche. Au moyen duquel coup, il alla de vie a
trespas. Pour occasion duquel cas,
2 ledit suppliant doubtant rigueur de justice s’est absenté hors du pays, nous humblement
requerant que, actendu que en prenant par ledit suppliant
3 lesdits chevaulx ce n’estoit pour faire deplaisir a personne quelzconques, que ledit cas a esté
par luy commis en challeur et esmocion pour la grant
4 douleur dudit coup de pierre par luy receu, que en tous autres cas il est bien famé et
renommé sans james [sic] avoir esté actaint
5 ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous plaire luy impartir noz
grace et misericorde. Pour ce est-il
6 que nous, ces choses considerees, voulans misericorde etc. Si donnons en mandement par
cesdites presentes au bailly de Bar sur Seine, ou
7 a son lieutenant, ou bailliage duquel ledit cas est advenu, et a tous noz autres justiciers etc.
Et affin etc., sauf etc.
8 Donné a Chasteaubriant ou moys de may l’an de grace mil Vc trente-deux et de notre regne
le dix-huityesme.
9 Ainsi signé par le roy a la relation du conseil, Deslandes, visa contentor Deslandes.
INDEX
Atroxe : n° 63.
Braquemart : 28.
Démentir : n° 65.
Estoc (pointe d’épée) : n° 76.
Estoc (coup d’) : n° 3, 4, 5, 11, 13, 17, 20, 21, 22, 24, 31, 34, 38, 40, 43, 44, 45, 49, 50, 53,
56, 62, 63, 65, 66, 69, 72, 82, 83, 86, 87, 89.
Menti (avoir) : n° 5, 8, 19, 20, 21, 30, 44, 46, 55, 62, 63, 64, 71, 81, 82, 83.
Mort Dieu : n° 17.
Nom de Dieu : n° 12, 14, 20, 21, 32, 53, 54, 55, 64, 82, 83, 86, 92.
Plat (coup de) : n° 23, 28, 86.
Rapière, rappière : n° 11, 24, 38.
Sang Dieu : n° 34.
Scandale : n° 46, 55, 62, 81.
Scandaleuses (paroles) : n° 46, 65, 90.
Soufflet : n° 4, 44, 65, 87, 92.
Soufflet (de forge) : n° 50.
Taille (coup de) : 15, 24, 26, 27, 40, 42, 49, 50, 56, 69, 70, 72, 83, 92, 93.
Venger : n° 34, 55, 66.
Verdun : 5, 11, 24, 25, 36, 39, 62, 63, 72.
Verriers : n° 79.
Table des matières
(AN, JJ 246)................................................................................................................................1
Lettre n° 1, f° 3 v°..............................................................................................................1
Lettre n° 2, f° 4 v°..............................................................................................................6
Lettre n° 3, f° 4 v°..............................................................................................................8
Lettre n° 4, f° 5 r°............................................................................................................10
Lettre n° 5, f° 5 v°............................................................................................................12
Lettre n° 6, f° 9 r°............................................................................................................15
Lettre n° 7, f° 13 r°..........................................................................................................17
Lettre n° 8, f° 13 v°..........................................................................................................20
Lettre n° 9, f° 14 v°..........................................................................................................21
Lettre n° 10, f° 15 r°........................................................................................................23
Lettre n° 11, f° 15 v° .......................................................................................................25
Lettre n° 12, f° 16 r°........................................................................................................27
Lettre n° 13, f° 16 r°........................................................................................................29
Lettre n° 14, f° 17 v°........................................................................................................31
Lettre n° 15, f° 18 r°........................................................................................................34
Lettre n° 16, f° 18 v°........................................................................................................37
Lettre n° 17, f° 19 v°........................................................................................................39
Lettre n° 18, f° 20 r°........................................................................................................41
Lettre n° 19, f° 20 v°........................................................................................................44
Lettre n° 20, f° 22 r°........................................................................................................47
Lettre n° 21, f° 22 v°........................................................................................................48
Lettre n° 22, f° 23 r°........................................................................................................50
Lettre n° 23, f° 23 v°........................................................................................................52
Lettre n° 24, f° 25 r°........................................................................................................53
Lettre n° 25, f° 25 r°........................................................................................................55
Lettre n° 26, f° 25 v°........................................................................................................57
Lettre n° 27, f° 26 r°........................................................................................................58
Lettre n° 28, f° 26 v°........................................................................................................61
Lettre n° 29, f° 27 r°........................................................................................................64
Lettre n° 30, f° 27 r°........................................................................................................66
Lettre n° 31, f° 27 v°........................................................................................................68
Lettre n° 32, f° 27 v°........................................................................................................70
Lettre n° 33, f° 28 r°........................................................................................................71
Lettre n° 34, f° 28 r°........................................................................................................72
Lettre n° 35, f° 29 v°........................................................................................................76
Lettre n° 36, f° 30 r°........................................................................................................78
Lettre n° 37, f° 30 v°........................................................................................................80
Lettre n° 38, f° 31 r°........................................................................................................83
Lettre n° 39, f° 33 r°........................................................................................................85
Lettre n° 40, f° 33 r°........................................................................................................87
Lettre n° 41, f° 34 v°........................................................................................................88
Lettre n° 42, f° 36 r°........................................................................................................90
Lettre n° 43, f° 36 r°........................................................................................................92
Lettre n° 44, f° 36 v°........................................................................................................94
Lettre n° 45, f° 36 v°........................................................................................................96
Lettre n° 46, f° 37 r°........................................................................................................98
Lettre n° 47, f° 37 r°......................................................................................................100
Lettre n° 48, f° 38 r°......................................................................................................104
Lettre n° 49, f° 39 r°......................................................................................................109
Lettre n° 50, f° 39 r°......................................................................................................110
Lettre n° 51, f° 39 v°......................................................................................................112
Lettre n° 52, f° 40 r°......................................................................................................114
Lettre n° 53, f° 40 r°......................................................................................................115
Lettre n° 54, f° 40 r°......................................................................................................117
Lettre n° 55, f° 42 r°......................................................................................................119
Lettre n° 56, f° 43 r°......................................................................................................122
Lettre n° 57, f° 43 r°......................................................................................................124
Lettre n° 58, f° 44 r°......................................................................................................127
Lettre n° 59, f° 45 v°......................................................................................................130
Lettre n° 60, f° 46 r°......................................................................................................131
Lettre n° 61, f° 47 r°......................................................................................................133
Lettre n° 62, f° 49 v°......................................................................................................135
Lettre n° 63, f° 50 r°......................................................................................................139
Lettre n° 64, f° 50 v°......................................................................................................142
Lettre n° 65, f° 51 r°......................................................................................................145
Lettre n° 66, f° 51 v°......................................................................................................147
Lettre n° 67, f° 52 r°......................................................................................................150
Lettre n° 68, f° 52 v°......................................................................................................152
Lettre n° 69, f° 53 r°......................................................................................................154
Lettre n° 70, f° 53 v°......................................................................................................155
Lettre n° 71, f° 54 r°......................................................................................................157
Lettre n° 72, f° 54 v°......................................................................................................159
Lettre n° 73, f° 55 r°......................................................................................................162
Lettre n° 74, f° 56 r°......................................................................................................165
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Lettre n° 76, f° 56 v°......................................................................................................168
Lettre n° 77, f° 56 v°......................................................................................................170
Lettre n° 78, f° 57 r°......................................................................................................172
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Lettre n° 80, f° 57 v°......................................................................................................176
Lettre n° 81, f° 58 r°......................................................................................................177
Lettre n° 82, f° 58 v°......................................................................................................179
Lettre n° 83, f° 59 r°......................................................................................................181
Lettre n° 84, f° 59 r°......................................................................................................182
Lettre n° 85, f° 59 v°......................................................................................................183
Lettre n° 86, f° 59 v°......................................................................................................185
Lettre n° 87, f° 59 v°......................................................................................................187
Lettre n° 88, f° 60 r°......................................................................................................189
Lettre n° 89, f° 60 v°......................................................................................................191
Lettre n° 90, f° 61 r°......................................................................................................193
Lettre n° 91, f° 61 r°......................................................................................................195
Lettre n° 92, f° 61 r°......................................................................................................197
Lettre n° 93, f° 61 v°......................................................................................................199
Lettre n° 94, f° 62 r°......................................................................................................201
Lettre n° 95, f° 63 r°......................................................................................................202

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