Le Londres de Charles Dickens (partie ouest)

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Le Londres de Charles Dickens (partie ouest)
Le Londres de Charles Dickens (partie ouest)
©Catherine Dhérent, juillet 2010
Charles Dickens est né en 1812. Il arriva jeune enfant à Londres dont il parcourut les rues jusqu’à sa
mort en 1870. D’après ses propres expériences, il a brossé des portraits réalistes et a mis en lumière
de nombreux problèmes sociaux et injustices de la vie dans la capitale au temps de la reine Victoria.
Plusieurs jours sont nécessaires pour approcher la capitale fascinante que connut le romancier. Nous
proposons ici des promenades qui occuperont deux bonnes journées de marche. Elles permettent de
passer par une des maisons de l’écrivain, la seule subsistant à Londres aujourd’hui.
1er jour
Commencez cette promenade à partir de la station de métro Embankment. Prendre à gauche Craven
Street. On découvre sur la droite le passage souterrain avec voûtes de briques, appelé The Arches.
The Arches
Du temps de Dickens, c’était le site des entrepôts Warren’s Blacking, usine de cire à chaussures,
« une vieille maison dingue et délabrée, contigüe à la rivière, et envahie par les rats », où Dickens, fut
obligé de travailler à 12 ans. C’est pour alléger son ennui, qu’il commença à écrire des histoires pour
amuser ses compagnons.
Buckingham Street
Dickens vécut au n° 15, au fond de l’impasse, dernière maison aujourd’hui démolie. La Tamise arrivait
alors tout au bord de la rue.
Maiden Lane
Au n° 35 se trouve le fameux Rules Restaurant, ouvert en 1798, dont Dickens était client régulier.
Covent Garden
Cet endroit mythique, rempli de bateleurs, était un des lieux préférés de Dickens durant son enfance.
Dans Oliver Twist, Bill Sikes remarque qu’on peut y trouver 50 jeunes voleurs chaque nuit. Job Trotter
y passe la nuit dans un panier de légumes avant que Pickwick ne soit relâché (The Pickwick Papers).
Wellington Street
Au n° 26 se trouvaient les bureaux de « All The Year Round » de 1859 à 1870, magasine très
populaire publié par Dickens qui résidait au-dessus des locaux de la maison d'édition lorsqu'il venait à
Londres pour ses lectures publiques.
The Strand
C'est dans l'église St-Mary-The-Strand que furent mariés les parents de Dickens en 1809. Les bains
romains (Roman Bath), dans Strand Lane, souvent fréquentés par Dickens enfant, donnent une
bonne idée de l'ambiance du Londres dickensien.
Fleet Street
Plusieurs points sont intéressants dans Fleet Street que Dickens connaissait comme sa poche.
Comme David Copperfield, il a dû la parcourir en regardant les magasins de nourriture lorsqu’il
n’avait pas d’argent.
Temple Bar
Le monument au milieu de la chaussée, en face de la Cour royale de Justice, sommé d’une statue de
dragon, marque l’entrée de la Cité de Londres en venant de Westminster ; le Strand y devient FleetStreet. Jusqu’en 1878, c’était une porte de pierre dessinée par Christopher Wren. « Quelques
boutiques, spécialement celles du côté oriental de Temple-Bar, adhéraient encore à l'ancien usage de
suspendre à l'extérieur une enseigne ; et ces belles images, en criant et se balançant dans leurs
cadres de fer durant les nuits venteuses, formaient, pour les oreilles de ceux qui étaient au lit, mais
réveillés, ou de ceux qui traversaient les rues précipitamment, un concert étrange et lamentable. »
(Barnabé Rudge)
Temple
« Il y a encore dans ses cours quelque chose d’assoupissant, et une monotonie rêveuse dans ses
arbres et ses jardins ; ceux qui traversent ses petites rues et ses places peuvent encore entendre
l’écho de leurs pas sur les pierres sonores, et lire à ses portes, en en quittant le tumulte du Strand et
de Fleet-Street : « Quiconque entre ici laisse tout bruit derrière soi. »… Dans l’été, ses pompes
fournissent des jets plus frais, plus étincelants, plus profonds que les autres puits, aux flâneurs
altérés … » (Barnabé Rudge)
Prince Henry’s Room
Cette belle maison de 1610 est l’une des rares à avoir survécu à l’incendie de 1666. A l’origine collège
de droit, elle était devenu le musée de cire de Mrs Salmon, un des lieux favoris du jeune Dickens.
St Dunstan-in-the-West
Première église de Londres à avoir en 1671une horloge avec l'aiguille des minutes. Les jacquemarts
de chaque côté frappent la cloche toutes les 15 mn et représentent les géants légendaires Gog et
Magog. Dickens a dédié son conte de Noël, The Chimes, à l’église St Dunstan. « Hugh ne s’arrêta pas
avant que les géants de Saint-Dunstan eussent frappé l’heure au-dessus de sa tête... Puis il franchit la
chaussée, et fit manœuvrer le marteau de la porte de Middle-Temple… » (Barnaby Rudge)
Hen and Chickens Court
C’est là que Sweeney Todd, le barbier démoniaque a sa boutique. Il tue ses clients, les fait glisser
dans la cave où son amie les réduit en pâtés.
N° 166
Le Monthly Magazine avait ses bureaux au 166 Fleet Street. C’est là que Dickens déposa en tremblant
sa première histoire, A dinner at Poplar Walk, et c’est ainsi que commença sa carrière littéraire.
Ye Olde Cheshire Cheese Public House
Tourner à gauche dans Wine Office Court pour découvrir, dans la ruelle, ce pub qui fut l’un des
préférés de Dickens et est l’un des plus vieux de Londres, reconstruit après le grand incendie de
1666. Il était fréquenté des gens de lettres. Dickens dit-on avait pour place préférée, la table à droite
de la cheminée au rez-de-chaussée, face au bar. Il dînait aussi régulièrement dans la Chop Room.
“Fleet-Market, à cette époque, était une longue file irrégulière de hangars et d’appentis en bois qui
occupait le centre de ce qu’on appelle aujourd’hui Farringdon-Street. Ces constructions grossières,
adossées mal-proprement l’une à l’autre, empiétaient jusque sur le milieu de la route, au risque
d’encombrer la chaussée et de gêner les passants, qui se dépêchaient de se tirer de là comme ils
pouvaient à travers les charrettes, les paniers, les brouettes, les diables, les tonneaux, les bancs et les
bornes… L’air était parfumé de la puanteur des herbes pourries et des fruits moisis, des rebuts de la
boucherie, des boyaux et des tripailles jetés sur le chemin… » (Barnabé Rudge).
St Andrew’s Church
L’horloge affiche 7 heures lorsque Bill Sikes et Oliver Twist y passent en allant vers Hyde Park Corner.
Holborn Viaduc
« Une des artères les plus passantes de Londres » à la fin du XVIIIe siècle (Barnabé Rudge) qui faisait
partie d’un ensemble sordide de taudis connu pour sa grande pauvreté et sa criminalité. Dickens en
parle dans Oliver Twist comme d’un lieu où des hommes et femmes ivres se vautraient dans les
ordures. Oliver y rencontre Fagin et son gang de voleurs. Sur le côté droit, se trouve Furnival’s Inn,
aujourd’hui très grand bâtiment de brique rouge qui abritait une Inn de la Chancellerie où des
étudiants en droit vivaient et recevaient leur enseignement. Dickens y habita après son mariage en
1836. « Je ne serai plus jamais aussi heureux que là dans ses pièces de trois étages de haut, même si
je roule dans l’aisance et dans la renommée ».
Staple Inn (juste après n° 3 Holborn). Cet ensemble de maisons blanches à pans de bois peints en
noir, a survécu au grand incendie de Londres. Les façades sont de 1576. C’était au XIVe siècle, une
étape pour les laines, lieu où elles étaient pesées et taxées. Staple Inn Square : Dickens aimait la
tranquillité de ce square. « Derrière la partie la plus ancienne d’Holborn, où des maisons à pignon de
plusieurs siècles regardent toujours vers la rue, il y a un petit coin appelé Staple Inn… qui offre au
piéton soulagé l’impression d’avoir mis du coton dans ses oreilles et des semelles de velours à ses
pieds » (The Mystery of Edwin Drood ). Traversez le jardin si la grille est ouverte, vers un autre avec
une fontaine. Au n° 10 se trouvait la résidence de M. Grewgious dans le même roman. M. Grewgious
est fasciné par l’inscription « JPT 1747 » dont il ne comprend pas les initiales. Elles sont encore
visibles et désignent le Président John Thomas, qui dirigeait cette « Inn ». Montez quelques marches
et ressortez dans Holborn par de larges portails noirs. Traversez High Holborn. Allez à gauche vers
Gray’s Inn.
Grays’Inn est une autre des Inns of Court, « l’institution de briques et ciment la plus déprimantes
que connaissent les enfants des hommes » (The Uncommercial Traveller). Elle date du XIVe siècle.
David Copperfield y séjourne dans une chambre donnant sur le passage et le conseiller juridique de
Pickwick, Perker (dans The Pickwick Papers) y a une chambre. « Gray’s Inn, messieurs, c’est un
curieux petit coin que ces vieilles Inns dans une grande place comme Londres ». Continuez à travers
le passage qui conduit à South Square appelé Holborn Court au temps de Dickens. South Square.
Dickens à 15 ans, travaillait là au n° 1 puis au n° 6, en tant que clerc d’avoué, pour la firme Ellis et
Blackmore. Il s’amusait à jeter des noyaux de cerises sur les hommes de loi qui passaient sous les
fenêtres.
48 Doughty Street, Musée Dickens
Dickens vécut ici de 1837 à 1839. Il y acheva Pickwick, y écrivit entièrement Oliver Twist et Nicolas
Nickleby et y commença Barnaby Rudge. Y sont présentés de nombreux objets personnels comme
ses plumes, de rares manuscrits, des lettres, sa bibliothèque et des pièces de mobilier, la fenêtre de
la maison de Bayham Street où il vivait à 11 ans, la grille de la prison de Marshalsea, des portraits de
sa famille, son premier portrait authentique de 1830 par J. Barrow, un grand tableau Dickens’ Dream
de 1875 par RW Bass. Au dernier étage, une exposition permet de découvrir Angela Burdett-Coutts
(1814-1906), femme remarquable qui fut la plus riche d’Angleterre. Dickens s’associa à ses projets
philanthropiques (comme la création d’Urania Cottage pour les prostituées). On complète la visite
avec une très bonne vidéo sur la vie de Dickens.
Bloomsbury-Square
C’est là que se trouvait la maison avec une très riche bibliothèque de droit de lord Mansfield brûlée
par les émeutiers dans Barnabé Rudge. On termine cette première promenade à la station de métro
Holborn.
2ème jour
La promenade part de Hyde Park. Elle permet de découvrir les quartiers huppés de Chelsea et de
Kensington et de très beaux parcs. On la commence à partir de la station de métro Marble Arch et on
la termine à la station Holland Park.
Au début du XIXe siècle, Kensington n’était qu’une paroisse rurale de 8 000 âmes. Après la Grande
Exposition de 1851 et celle de 1862, puis la création de musées et universités, la grande bourgeoisie
s’y installa et la population grossit jusqu’à 163 000 habitants. La campagne fit place à de grandes
demeures aux porches à colonnades. Ce quartier apparaît peu dans les œuvres de Dickens mais il le
fréquenta pour rencontrer ses amis qui y résidaient.
Tyburn Convent, emplacement de l’ancien gibet
Tyburn, village du Middlesex, proche de l'actuel emplacement de Marble Arch, était célèbre pour
avoir servi de principal lieu d’exécutions capitales des criminels anglais de 1388 à 1783. 24 personnes
pouvaient être pendues à la fois. Un prieuré a été fondé à l'emplacement de celui-ci.
On traverse Hyde Park, le plus célèbre parc londonien.
Victoria and Albert Museum
La bibliothèque d’art du musée contient la Forster Collection, le plus vaste ensemble de manuscrits
et de notes donné par Dickens à son ami John Forster.
Chelsea
Dickens épousa Catherine Hogarth in 1836 à l’église Saint-Luc. Pour être plus près de sa fiancée, il
s’était installé quelques mois plus tôt, 11 Selwood Terrace. Des personnages de Bleak House et de
The Old Curiosity Shop vivent dans ce quartier.
Royal Albert Hall
La salle de concert a été construite en 1870 à l’emplacement de la demeure de Marguerite comtesse
de Blessingdon dont Dickens fréquentait les soirées littéraires. Il est en face du Memorial du prince
Albert, mari de Victoria, dont Dickens ne pleura guère la mort.
Holland Park
A droite dans le parc, statue de Henry Richard Fox, 3ème baron Holland, mort en 1840. Durant sa vie,
Holland House devint un grand centre de vie littéraire et politique, couru des hommes célèbres.
Dickens comprit qu’il était arrivé aux plus hauts échelons littéraires lorsqu’il reçut, à 26 ans, sa
première invitation à un dîner de lady Holland. Elle était alors en train de lire les premières livraisons
de Nicholas Nickleby et Dickens fut contraint de lui révéler l’intrigue. Ils devinrent bons amis. Le
château fut en grande partie détruit par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Le site
et le jardin sont cependant magnifiques. On y termine la journée.

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