Guide pour la réduction des pertes en eau
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Guide pour la réduction des pertes en eau
Guide pour la réduction des pertes en eau centré sur la gestion de la pression « La gestion de la pression s’avère la plus adaptée pour des systèmes de distribution d’eau souffrant de taux élevés de fuites, étant donné que les fuites peuvent être réduites de manière considérable en réduisant la pression dans des secteurs spécifiques en périodes de basse consommation. Néanmoins, bien que les projets de gestion de la pression portent leurs fruits à court terme grâce à l’eau vendue générée, ils ne peuvent certainement pas remplacer des programmes de réhabilitation de réseaux à long terme. » Prof. Dr.-Ing. Raimund Herz, Emérite en Génie urbain, Université Technologique de Dresde « La gestion active de la pression est utile en principe, mais elle reste insuffisamment appliquée. En fonction de l’analyse de la situation, on devrait combiner les mesures de réhabilitation et la gestion de la pression en vue d’atteindre un concept idéal pour la réduction des pertes en eau. » Dr. Stefan Gramel, Conseiller technique, Competence Center Water Supply, Wastewater, Solid Waste, KfW Bankengruppe Guide pour la réduction des pertes en eau centré sur la gestion de la pression Photo: © Shutterstock ® Avis important Ce guide décrit une approche progressive de la gestion de la pression (GP). L’approche utilisée pour mettre en œuvre la GP dépend du contexte national. Il faut comprendre que le niveau de développement économique, la conscience environnementale, les priorités politiques, la bonne gouvernance et les habitudes culturelles influencent les dynamiques et les calendriers pour la modernisation de la gestion de l’eau dans un pays. La mise en œuvre de la GP doit être vue comme une partie de ce processus de changement et progressera différemment d’un pays à un autre. Le guide devrait être mis en œuvre dans un esprit de coopération entre les secteurs public et privé. Cela ne pourra pas se faire du jour au lendemain ; ainsi, une mise en œuvre progressive est nécessaire, basée sur la politique, les circonstances sociales et légales, ainsi que sur des objectifs réalisables et réalistes. Une association d’eau, une compagnie des eaux ou le secteur public peuvent constituer la force motrice pour l’introduction de la GP en accord avec ce guide. Les agents qui promeuvent cette activité devraient le faire de façon transparente et dans un calendrier déterminé. 7 A propos du guide Un des principaux objectifs du guide est de réduire les pertes en eau à travers l’amélioration de la gestion des réseaux d’approvisionnement existants, en mettant l’accent sur la méthode de la gestion de la pression. Le guide a été élaboré dans le cadre d’un partenariat pour le développement (précédemment connu sous l’appellation partenariat public privé (PPP) entre la coopération internationale allemande pour le développement (GIZ) GmbH et VAG-Armaturen GmbH. L’ « Institute for Ecopreneurship » (IEC) de l’Université des Sciences Appliquées du Nord-Ouest de la Suisse (FHNW) a soutenu la gestion du projet. L’ « Institute for Water and River Basin Management » (IWG) de l’Institut Technologique de Karlsruhe (KIT) a coordonné l’élaboration du document. D’autres experts externes des secteurs public et privé issus du domaine de la réduction des pertes en eau ont également apporté leur appui. Le Programme des Nations Unies sur le renforcement des capacités dans le domine de l’eau (UNW-DPC) qui organise activement des ateliers de formations à l’échelle mondiale sur la réduction des pertes en eau a gracieusement offert son appui pour la diffusion et la mise en œuvre du guide. Le manuel technique a été revu et commenté par des experts de l’Association Internationale de l’Eau (IWA), de l’Université Technologique de Dresde en Allemagne et de la Banque allemande de développement (KfW). En plus, la structure et le contenu du guide pour la réduction des pertes en eau ont été présentés lors de dialogues organisés à Beyrouth au Liban (avec la participation de 44 participant(e)s venu(e)s du Liban, de la Jordanie, de la Syrie et des Territoires Palestiniens) ainsi qu’à Lima au Pérou (plus de 200 participant(e)s du Pérou et de la Bolivie). Le projet et le guide ont également été présentés à des représentant(e)s d’entreprises de consultant(e)s allemand(e)s ainsi qu’à la conférence 2010 de l’IWA sur les pertes en eau à Sao Paulo au Brésil. Les observations et suggestions des participant(e)s ont été collectées et incorporées dans les documents. L’équipe de gestion de cette initiative tient à exprimer ses sincères remerciements aux expert(e)s de VAG, de la GIZ, de l’IWG-KIT et de l’IEC-FHNW et à tous/toutes les participant(e)s pour avoir partagé leurs temps, informations et connaissances sur le sujet. Pour de plus amples informations, veuillez visiter le site : www.waterlossreduction.com 8 Deutsche Gesellschaft für VAG Armaturen GmbH (VAG) Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH L. Happich, J. Baader, R. Trujillo D. Ziegler, F. Sorg, P. Fallis, K. Hübschen P.O. Box 5180 65726 Eschborn Allemagne Tel. : +49 6196 79 0 Fax : +49 6196 79 11 15 [email protected] www.giz.de Carl-Reuther-Str. 1 68305 Mannheim Allemagne Tel. : +49 621 749 0 Fax : +49 621 749 291 000 [email protected] www.vag-group.com Fachhochschule Nordwestschweiz (FHNW) Karlsruhe Institute of Technology (KIT) Institute for Ecopreneurship (IEC) Institute for Water and River Basin Management (IWG) D. Mutz, E. Oertlé P. Klingel, A. Knobloch Gründenstr. 40 4132 Muttenz Suisse Tel. : +41 467 42 42 Fax : +41 61 467 44 60 [email protected] www.fhnw.ch/hls Kaiserstr. 12 76131 Karlsruhe Allemagne Tel. : +49 721 608 44561 Fax : +49 721 608 44608 [email protected] http://iwk.iwg.kit.edu 9 Préface Chères lectrices, chers lecteurs, Au cours de ces premières années du 21ème siècle, 900 millions de personnes - environ un septième de la population mondiale - n’ont pas accès à l’eau potable en quantité suffisante. La rareté et la qualité de l’eau font parties des premières causes de pauvreté, de maladies et de dégradation de l’environnement. Avec la rapide croissance démographique, l’urbanisation sans cesse grandissante et les effets du changement climatique déjà apparents ; il est de plus en plus difficile de fournir et de maintenir des approvisionnements adéquats en eau. Dans les pays en voie de développement et émergents, entre 40 et 80% de l’eau introduite dans les réseaux d’approvisionnement en eau est perdue en raison des fuites. Cette perte de la plus précieuse ressource mondiale a des conséquences économiques considérables. Des sommes colossales sont en train d’être dépensées pour accroître la production de l’eau afin de compenser les pertes en eau alors qu’elles pourraient être investies dans la maintenance ou les infrastructures existantes. L’Allemagne est un des plus gros donateurs au monde dans le domaine de l’eau et de l’assainissement et le plus gros donateur pour l’Afrique. Chaque année, le Gouvernement allemand dépense environ 350 millions d’euro dans des interventions liées à l’eau avec une population bénéficiaire des activités en cours dans le secteur de l’eau estimée à environ 80 millions de personnes. Réduire les pertes en eau est un aspect important de nos projets de développement. De nombreux pays ont déjà mis en place une stratégie de gestion de l’eau et la réduction des pertes en eau est généralement considérée comme une question importante. L’Allemagne jouit d’une excellente réputation partout dans le monde pour sa technologie sophistiquée et de haute qualité dans le domaine de l’eau. Il est techniquement possible de réduire les pertes en eau dans le système d’approvisionnement jusqu’à environ 5%. Toutefois, la réduction des pertes en eau ne repose pas seulement sur des solutions techniques : des stratégies efficaces doivent être intégrées à un système de gouvernance de l’eau bien régulé et inclusif. La mise en œuvre constitue habituellement un défi car de nouvelles manières de partager les responsabilités doivent être établies et des changements dans les habitudes traditionnelles des 10 consommateurs doivent être opérés. Les processus de réforme relatifs à la gouvernance de l’eau sont souvent complexes et exigent beaucoup de temps – mais ils sont absolument nécessaires. Voilà pourquoi je salue la publication du guide pour la réduction des pertes en eau et l’accent particulier qui est mis sur les questions techniques et managériales. Elles sont le résultat d’une coopération couronnée de succès entre la coopération internationale allemande au développement (GIZ) GmbH et VAG-Armaturen GmbH dans le cadre du programme de développement de partenariats (www.develoPPP.de). Ce partenariat promeut un très grand renforcement des capacités au profit des décideurs/décideuses et des parties prenantes aux niveaux national et régional. Le guide permet d’accroître la prise de conscience par rapport aux causes des pertes en eau et d’identifier des voies pour leur réduction. Présentées sous la forme d’un document de référence ouvert à tous/toutes, elles constituent un outil efficace de transfert des compétences et d’aide pour l’utilisation durable de l’eau à l’échelle mondiale. Ce partenariat pour le développement est un excellent exemple de progrès qui peut être atteint quand la coopération au développement et le secteur privé travaillent main dans la main. En ma qualité de Ministre fédéral de la coopération économique et du Développement, je suis convaincu que cette publication va motiver les décideurs/décideuses, les directeurs/-trices exécutifs/-ives, les ingénieurs et techniciens/-ciennes des services des eaux des pays en voie de développement et émergents, d’accroître leurs efforts de réduction des pertes en eau et ainsi contribuer à la gestion efficace et durable de l’eau. Sincèrement, Dirk Niebel Ministre fédéral de la coopération économique et du développement 11 Note des éditeurs Ce guide est le résultat d’un partenariat pour le développement avec le secteur privé établi en 2009 entre la coopération allemande internationale au développement (GIZ) GmbH et VAG-Armaturen GmbH (VAG). Le but du partenariat était d’améliorer la capacité des services des eaux à gérer durablement les systèmes d’approvisionnement en eau et de réduire les pertes en eau en mettant l’accent particulièrement sur la gestion de la pression (GP). Les partenariats pour le développement (anciennement PPP, partenariat publique-privé) sont en train de gagner de l’importance et d’être acceptés dans la coopération allemande au développement à la suite de nombreuses expériences réussies. Les PPP présupposent un engagement de la part du secteur privé sur le long terme plutôt que de mettre l’accent sur ses intérêts à court terme et les retours rapides sur investissement. Les mesures de développement et le savoir-faire du secteur privé peuvent se compléter et visent à obtenir des résultats efficaces et durables. VAG (www.vag-group.com) est une entreprise hautement expérimentée en vannes pour des applications pour l’eau et les eaux usées, et jouit de la réputation d’être le pionnier dans l’offre de solutions modernes et globales. La GIZ (www.giz.de) est une entreprise fédérale de coopération pour le développement durable opérant à l’échelle mondiale. Le projet englobe en outre les connaissances de deux universités : l’Institut Technologique de Karlsruhe (KIT) (www.kit.edu) et l’Institute for Ecopreneurship (IEC) (www.fhnw.ch/lifescience/institut-fuerecopreneurship) de l’Université des Sciences Appliquées du Nord-Ouest de la Suisse (FHNW) (www.fhnw.ch/hls). Le KIT est une des universités techniques leaders en Allemagne et un centre national de recherche de grande envergure et a participé au projet à travers l’Institute for Water and River Basin Management (IWG). Le département de l’IWG responsable des réseaux d’approvisionnement en eau (http://iwk.iwg.kit.edu) travaille principalement dans le domaine de la modélisation hydraulique, l’analyse des réseaux de distribution d’eau et la réduction des pertes en eau. Les principales zones de l’IEC sont l’enseignement et la recherche appliquée dans les domaines de la gestion durable des ressources, la biotechnologie et l’éco-toxicologie. Mettre en commun l’expertise nationale de deux entreprises actrices mondiales telles que la GIZ et VAG et la complétant avec l’expertise académique se sont avérés un effort payant. Nous sommes convaincus qu’utiliser et mettre en œuvre ce guide et les recommandations qui en découlent sur la manière de surmonter les problèmes existants conduira directement 12 et indirectement à une gestion plus durable des réseaux y compris la réduction des pertes en eau et garantira un approvisionnement constant, sain et équitable en eau pour un plus grand nombre de ménages. En Jordanie par exemple, les pertes en eau ont été effectivement réduites de 40% dans la zone du projet et l’eau introduite nécessaire pour satisfaire les besoins des clients a baissé considérablement. En plus, le guide va contribuer à une plus grande exploitation et maintenance préventive, qui s’avère moins coûteuses sur le long terme que de réagir seulement aux dommages courants. En effet, les ruptures de conduites seront réduites et la durée de vie du réseau augmentera. En outre, la planification des investissements à court, moyen et long termes pour la gestion durable des réseaux d’approvisionnement en eau sera améliorée. Eventuellement, une meilleure gestion et maintenance du réseau de distribution d’eau va réduire la pollution de l’eau potable (questions de qualité) et réduire ainsi les infections liées à l’eau grâce à un approvisionnement en eau plus propre et sûr. 13 Guide pour la réduction des pertes en eau Table des matières 1 Introduction au guide................................................................................................................................................................. 23 1.1 Objectifs et contexte........................................................................................................................................................... 24 1.2 Structure de ce manuel technique........................................................................................................................... 27 2 Introduction à la réduction des pertes en eau............................................................................................................... 31 2.1 Le besoin pour une réduction des pertes en eau......................................................................................... 32 2.1.1 Pertes en eau – un problème global...................................................................................................................... 32 2.1.2 Réduction des pertes en eau pour un développement durable......................................................... 35 2.1.3 Cadre politique et financier pour une gestion efficiente et durable des ressources en eau................................................................................................................................................................ 36 2.1.4 Renforcement des capacités dans le domaine de la réduction des pertes en eau............ 38 2.1.5 Les quatre méthodes centrales d’intervention pour combattre les pertes réelles en eau...................................................................................................................... 39 2.2 Gestion de la pression...................................................................................................................................................... 41 2.2.1 Principes...................................................................................................................................................................................... 41 2.2.2 Technologie et mode opératoire................................................................................................................................. 42 2.2.3 Avantages de la gestion de la pression.............................................................................................................. 44 3 Comprendre les pertes en eau............................................................................................................................................. 47 3.1 Objectifs....................................................................................................................................................................................... 48 3.2 Définitions et terminologie............................................................................................................................................ 49 3.3 Facteurs clés d’influence................................................................................................................................................ 51 3.4 Pertes réelles........................................................................................................................................................................... 52 3.4.1 Classification........................................................................................................................................................................... 52 3.4.2 Hydraulique des fuites...................................................................................................................................................... 54 3.4.3 Causes des pertes réelles.............................................................................................................................................. 56 3.4.4 Impacts des pertes réelles............................................................................................................................................ 61 3.5 Pertes apparentes................................................................................................................................................................. 65 3.5.1 Classification........................................................................................................................................................................... 65 3.5.2 Causes des pertes apparentes.................................................................................................................................... 65 3.6 Gaspillage de l’eau.............................................................................................................................................................. 67 3.7 Résumé et étapes à venir............................................................................................................................................... 68 4 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau...................................................................... 71 4.1 Objectifs....................................................................................................................................................................................... 72 4.2 Le besoin pour une gestion des pertes en eau............................................................................................... 73 16 Contenu 4.3 4.3.1 4.3.2 4.3.3 4.3.4 4.3.5 4.3.6 4.3.7 4.4 4.4.1 4.4.2 4.4.3 4.5 4.5.1 4.5.2 4.5.3 4.6 Analyse de la situation actuelle................................................................................................................................ 75 Diagnostic préliminaire du système....................................................................................................................... 75 Détermination du bilan d’eau...................................................................................................................................... 75 Crédibilité des calculs du bilan d’eau.................................................................................................................. 79 Evaluer et quantifier les pertes réelles............................................................................................................... 81 Evaluation et quantification des pertes apparentes................................................................................... 86 Calculer et analyser les indicateurs de performance pertinents..................................................... 87 Evaluer les économies potentielles........................................................................................................................ 93 Identifier les mesures appropriées......................................................................................................................... 96 Sélectionner les méthodes............................................................................................................................................ 96 Définir le niveau économique des fuites............................................................................................................. 98 Fixer des objectifs................................................................................................................................................................ 99 Concevoir et mettre en œuvre un programme de contrôle des pertes en eau.................... 104 Plan d’action.......................................................................................................................................................................... 104 Sélectionner et mettre en œuvre des méthodes d’intervention...................................................... 106 Evaluation des résultats.............................................................................................................................................. 106 Résumé et prochaines étapes.................................................................................................................................. 107 5 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau...........................................................109 5.1 Objectifs....................................................................................................................................................................................110 5.2 Systèmes d’information et gestion des pertes en eau...........................................................................111 5.2.1 L’information : un préalable à une gestion efficiente des pertes en eau................................111 5.2.2 Description des systèmes d’information pertinents................................................................................113 5.2.3 Intégration dans un SIG global...............................................................................................................................115 5.2.4 Définir les objectifs ........................................................................................................................................................115 5.3 Bases des SIG.......................................................................................................................................................................117 5.3.1 Définition d’un système d’information géographique..............................................................................117 5.3.2 Niveau de mise en œuvre............................................................................................................................................118 5.3.3 Prérequis pour les utilisateurs du SIG...............................................................................................................118 5.3.4 Types de données............................................................................................................................................................... 120 5.3.5 Structure des données SIG......................................................................................................................................... 120 5.3.6 Collecte des données, conversion et intégration....................................................................................... 122 5.4 Base cartographique....................................................................................................................................................... 124 5.4.1 Données d’entrée pour la base cartographique.......................................................................................... 124 5.4.2 Contenus de la base cartographique.................................................................................................................. 124 5.4.3 Considérations relevant de la qualité des données................................................................................ 125 5.5 Cadastre du réseau.......................................................................................................................................................... 127 5.5.1 Objectifs.................................................................................................................................................................................... 127 5.5.2 Données d’entrée pour le cadastre du réseau............................................................................................. 127 5.5.3 Structure des données................................................................................................................................................... 129 5.5.4 Cadastre du réseau et fuites.....................................................................................................................................131 5.5.5 Relier le cadastre du réseau au modèle hydraulique............................................................................131 5.6 Modèle hydraulique.......................................................................................................................................................... 133 Contenu 17 5.6.1 5.6.2 5.6.3 5.6.4 5.7 5.7.1 5.7.2 5.7.3 5.7.4 5.8 5.8.1 5.8.2 5.9 Définition et objectifs...................................................................................................................................................... 133 Bases de la modélisation hydraulique.............................................................................................................. 133 Données d’entrée................................................................................................................................................................ 137 Mise en place du modèle............................................................................................................................................. 137 Base de données des dégâts.................................................................................................................................... 139 Objectifs.................................................................................................................................................................................... 139 Collecter les données concernant les dégâts.............................................................................................. 140 Analyse des dégâts.......................................................................................................................................................... 142 Lien entre la fréquence des dégâts et la pression du réseau......................................................... 142 Systèmes d’information des clients (SIC)....................................................................................................... 144 Objectifs.................................................................................................................................................................................... 144 Composantes du SIC........................................................................................................................................................ 144 Résumé et étapes à venir............................................................................................................................................ 148 6 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles...........................................................151 6.1 Objectifs.................................................................................................................................................................................... 152 6.2 Agir contre les pertes en eau réelles................................................................................................................. 153 6.2.1 Planification des interventions................................................................................................................................ 153 6.2.2 Choix des méthodes d’intervention appropriées......................................................................................... 155 6.3 Les secteurs de distribution mesurés (SDM)............................................................................................. 156 6.3.1 Définition et objectif des SDM.................................................................................................................................. 156 6.3.2 Conception d’un SDM....................................................................................................................................................... 157 6.3.3 La mise en œuvre de SDM.......................................................................................................................................... 159 6.3.4 Opération et gestion......................................................................................................................................................... 160 6.4 Gestion de la pression................................................................................................................................................... 163 6.4.1 Définition et objectif de la gestion de la pression................................................................................... 163 6.4.2 Concepts de modulation............................................................................................................................................... 165 6.4.3 Types de vannes de régulation de la pression (VRP).............................................................................171 6.4.4 Types de secteurs de gestion de pression...................................................................................................... 178 6.4.5 Planification et conception......................................................................................................................................... 179 6.4.6 Limitations de la gestion de la pression......................................................................................................... 186 6.5 Contrôle actif des fuites (CAF)................................................................................................................................ 188 6.5.1 Définition et but du contrôle actif des fuites................................................................................................ 188 6.5.2 Méthodes de prise de conscience......................................................................................................................... 190 6.5.3 Méthodes de détection des fuites.........................................................................................................................191 6.5.4 Méthodes de localisation des fuites................................................................................................................... 193 6.6 Réparation des fuites...................................................................................................................................................... 196 6.6.1 Objectif....................................................................................................................................................................................... 196 6.6.2 Problèmes organisationnels et procédures d’exploitation................................................................. 196 6.6.3 Exécution des travaux de réparation.................................................................................................................. 197 6.7 La gestion des infrastructures................................................................................................................................. 198 6.7.1 Aperçu général.................................................................................................................................................................... 198 6.7.2 Facteurs contribuant à la détérioration des infrastructures des services des eaux...... 198 18 Contenu 6.7.3 6.7.4 6.7.5 6.8 Collecte et information sur l’organisation des actifs............................................................................. 200 Analyse des données...................................................................................................................................................... 201 Intégration des données et prise de décision.............................................................................................. 202 Résumé et étapes suivantes...................................................................................................................................... 205 7 Études de cas..............................................................................................................................................................................207 7.1 Modules de formation à la gestion de la pression – l’exemple de Lima, Pérou................ 209 7.1.1 Contexte.................................................................................................................................................................................... 209 7.1.2 Développement du processus – l’approche du centre de formation........................................... 210 7.1.3 Résultats et impacts.......................................................................................................................................................211 7.1.4 Leçons apprises..................................................................................................................................................................211 7.1.5 Références..............................................................................................................................................................................211 7.2 Réduire les pertes en eau par la gestion de la pression – le cas de Santo Amaro, Brésil................................................................................................................................. 213 7.2.1 Contexte.................................................................................................................................................................................... 213 7.2.2 Développement du processus................................................................................................................................... 214 7.2.3 Résultats et bonne pratique...................................................................................................................................... 214 7.2.4 Leçons apprises.................................................................................................................................................................. 215 7.2.5 Références.............................................................................................................................................................................. 215 7.3 Modélisation hydraulique – le cas de Ouagadougou, Burkina Faso............................................ 217 7.3.1 Contexte.................................................................................................................................................................................... 217 7.3.2 Développement du processus – modélisation hydraulique............................................................... 218 7.3.3 Résultats et stratégie..................................................................................................................................................... 219 7.3.4 Bonne pratique..................................................................................................................................................................... 220 7.3.5 Leçons apprises.................................................................................................................................................................. 220 7.3.6 Développement futur....................................................................................................................................................... 220 7.3.7 Références.............................................................................................................................................................................. 221 7.4 Pertes en eau réduites à plus de 40% - le cas de Ain Al Basha, Jordanie........................... 223 7.4.1 Contexte.................................................................................................................................................................................... 223 7.4.2 Développement du processus................................................................................................................................... 223 7.4.3 Bonne pratique..................................................................................................................................................................... 224 7.4.4 Leçons apprises.................................................................................................................................................................. 225 7.4.5 Références.............................................................................................................................................................................. 225 7.5 Réduction des pertes apparentes d’eau – le cas de Huaraz, Peru............................................... 227 7.5.1 Contexte.................................................................................................................................................................................... 227 7.5.2 Développement du processus................................................................................................................................... 229 7.5.3 Résultats et bonne pratique...................................................................................................................................... 230 7.5.4 Leçons apprises.................................................................................................................................................................. 230 7.5.5 Références.............................................................................................................................................................................. 231 Références........................................................................................................................................................................................234 Abréviations ....................................................................................................................................................................................242 Imprint................................................................................................................................................................................................244 Contenu 19 Photo : © A. Knobloch, 2009 Aperçu Introduction au guide 1 Introduction à la réduction des pertes en eau 2 Comprendre les pertes en eau 3 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 4 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 6 Études de cas 7 21 Photo : © F. Boyer, 2010 22 Introduction au guide 23 1 1.1 Objectifs et contexte Ce guide vise à fournir des connaissances aux décideurs, à l’ensemble des acteurs, aux équipes dirigeantes, aux départements en charge de la planification, de la conception et aux équipes opérationnelles des pays en développement et ceux émergents en ce qui concerne la réduction des pertes en eau dans les compagnies des eaux. Ce guide est accompagné de matériel de renforcement de capacités et de mise en œuvre de projets pilotes dans le souci d’un transfert de connaissances et d’une mise en œuvre de la technologie de pointe en matière de gestion de la pression (GP). (a) Guide pour la réduction des pertes en eau La structure globale de guide pour la réduction des pertes en eau se compose des éléments suivants : àà àà àà un résumé pour les décideurs ce manuel technique du matériel supplémentaire. Ce matériel doit fournir aux autorités du secteur de l’eau, aux compagnies des eaux et aux associations professionnelles toutes les informations nécessaires pour comprendre l’origine, la nature et l’impact des pertes en eau, élaborer et mettre en œuvre une stratégie personnalisée et choisir les méthodes et les instruments les plus efficients en ce qui concerne la réduction des pertes en eau. Il existe différents types de pertes en eau et il y a différents facteurs et causes influençant la quantité et le type d’eau perdue dans un réseau d’alimentation en eau. Sans une connaissance appropriée sur la nature des pertes en eau, il est impossible de trouver les solutions correctes et les plus efficientes aptes à les réduire. Pour cette raison, l’objectif premier de ce guide pour la réduction des pertes en eau est de fournir une compréhension adéquate des pertes en eau de telle manière que des réponses aux questions fondamentales suivantes puissent être trouvées : où est-ce que le système perd-il de l’eau ? Comment l’eau est-elle perdue ? Pourquoi se perd-elle ? Et quelle en est la quantité perdue ? Réduire les pertes en eau est généralement une entreprise onéreuse et longue. Le second objectif de guide est de montrer 24 Comprendre les pertes en eau pourquoi il est important et pourquoi il est habituellement très profitable pour une compagnie des eaux de prendre des mesures contre les pertes en eau. Enfin, ce guide doive présenter des méthodes et technologies de pointe pour l’évaluation et la réduction des pertes en eau en mettant un accent particulier sur la gestion de la pression comme un puissant instrument apte à faire baisser les pertes réelles en eau. Le guide vise trois groupes : il s’agit tout d’abord des décideurs issus des ministères nationaux de l’eau, des autorités, des compagnies des eaux et des associations professionnelles au sein du secteur de l’eau. Le Résumé a pour but de les sensibiliser sur l’importance de la reduction des pertes en eau et de fournir quelques brèves informations en ce qui concerne la gestion de la pression et son potentiel pour la réduction des pertes réelles en eau. Le manuel technique vise le second groupe, à savoir principalement les directeurs techniques, ingénieurs et techniciens travaillant pour les compagnies des eaux. Le matériel supplémentaire est conçu pour les techniciens et le personnel opérationnel. Tous les documents seront disponibles en version imprimée et peuvent également être téléchargés gratuitement depuis le site du projet : www.waterlossreduction.com (b) Matériel de renforcement des capacités Le guide pour la réduction des pertes en eau fournit l’expertise en ce qui concerne les aspects techniques, sociaux et environnementaux de la gestion des pertes en eau de manière générale et de la gestion pour la pression en particulier. Un ensemble de modules de formation complétant le guide a été élaboré comme instrument pour le renforcement des capacités, et est conçu pour former le personnel des secteurs public et privé sur le sujet de la réduction des pertes en eau. Les modules de formation prennent en compte le cadre contextuel spécifique des pays en développement et ceux émergents. Ils devront permettre aux participants de comprendre les avantages et les potentiels de la réduction des pertes en eau comme contribution au développement durable. Les modules de formation sont téléchargeables sur le site du projet et visent à être employés comme notes de lecture pour les ateliers et séminaires. Cependant, le besoin en renforcement de capacités concernant la réduction des pertes en eau varie largement en fonction des pays et des entreprises. Il est donc nécessaire de recourir à des stratégies de renforcement de capacités sur-mesure à même de permettre aux acteurs nationaux de mettre en œuvre avec succès les mesures de réduction des pertes en eau. Ces sessions de formation devraient donc faire part d’une stratégie globale de renforcement des capacités. (c.f. Chapter 2.1.4). Comprendre les pertes en eau 25 1 (c) Mise en œuvre de projets pilotes Une autre mesure accompagnant le guide de réduction des pertes en eau est la mise en œuvre de projets pilotes en collaboration avec des compagnies des eaux intéressées. L’objectif de ces projets pilotes est de démontrer l’applicabilité et l’efficience de la gestion de la pression en tant que mesure à court, voire moyen terme en vue de combattre les pertes réelles en eau. Durant les cinq dernières années, VAG a installé avec succès plusieurs systèmes de gestion de la pression à Ain El Basha (Jordanie), Santo Amaro et Belo Horizonte (Brésil) de même qu’à Lima (Pérou), entre autres. VAG possède donc non seulement la technologie mais aussi une équipe très expérimentée. Vous trouverez plus de détails concernant ces projets dans les études de cas au Chapitre 7. Au moment de la rédaction de ce manuel, la mise en œuvre de projets pilotes potentiels se préparait à Saida (Liban) et à Ouagadougou (Burkina Faso). 26 Comprendre les pertes en eau 1.2 Structure de ce manuel technique Le guide se compose de trois ensembles de documents (Figure 1.1) : le manuel technique dispose de deux chapitres introductifs, quatre chapitres techniques et un chapitre qui présente des études de cas. Les chapitres introductifs dont le but est d’attirer l’attention sur l’importance de la réduction des pertes en eau font également l’objet d’un résumé destiné aux décideurs. Les quatre chapitres techniques sont accompagnés d’un ensemble de matériaux supplémentaires offrant une introduction détaillée sur des sujets sélectionnés. Figure 1.1 Aperçu des composantes du guide de réduction des pertes en eau Prise de conscience 1 uel Man ique n tech 2 Introduction à la réducIntroduction tion des au guide pertes en eau ure Broch pour urs e décid Base technique & solutions Exemples 3 4 5 6 7 Compréhension Stratégie Prérequis Méthodes Etudes de cas el Matéri enm supplé taire Le manuel technique se termine par une liste de références incluant l’ensemble de la littérature ayant été utilisée dans le cadre de l’élaboration de ce manuel. Les références sont indiquées dans le texte au moyen de [0]. Les contenus du manuel technique suivent les cinq étapes principales décrites dans la Figure 1.2. à la page suivante. Cet enchaînement se poursuit tout au long des chapitres 2 à 6. Cependant, chaque chapitre est autonome et peut être lu indépendamment des autres en fonction des besoins du lecteur. Tous les chapitres possèdent la même structure et commencent par la présentation des objectifs dudit chapitre. Tous les chapitres se terminent par un bref résumé dans le but d’évaluer les leçons apprises et d’ouvrir une perspective concernant le chapitre suivant. Comprendre les pertes en eau 27 1 Figure 1.2 Contenu du manuel technique Prise de conscience et avantages Chapitre 1 & 2 Impacts économiques Impacts techniques Impacts sociaux et écologiques Comprendre les pertes en eau Chapitre 3 Types des pertes en eau Causes et facteurs d‘influence Impacts des pertes en eau Développement d’une stratégie Chapitre 4 Méthodes Analyse de la situation actuelle Evaluation des performances Plan d‘action Exigence de base Chapitre 5 Gestion des données Modèle hydraulique Méthodes pour la réduction des pertes Chapitre 6 28 Secteurs de distribution mesurée (SDM) Gestion de la pression Contrôle actif de fuites Réparation des fuites Gestion des infrastructures Comprendre les pertes en eau 1 Comprendre les pertes en eau 29 Photo : © A. Knobloch, 2009 Introduction à la réduction des pertes en eau 31 2 2.1Le besoin pour une réduction des pertes en eau 2.1.1 Pertes en eau – un problème global L’eau est une ressource vitale quelque soit l’endroit au monde où l’on vit. L’eau douce n’est pas seulement indispensable pour l’alimentation humaine, elle représente également une matière première importante pour la production industrielle et agricole. C’est pourquoi la disponibilité de l’eau douce est directement liée au bien-être et à la prospérité de notre société. Cependant, l’eau douce est une ressource limitée, parfois même rare et les changements rapides à l’échelle globale tels que la croissance démographique, le développement économique, les migrations et l’urbanisation posent des défis nouveaux aux ressources en eau et aux infrastructures alimentant en eau les citoyens, les centres commerciaux, les industries et les institutions. [91] Cependant, des barrières d’ordre politique, financier et/ou technique peuvent empêcher une alimentation équitable en eau, même dans des régions où la présence physique de l’eau est suffisante. Ce problème connu sous le nom de rareté économique de l’eau affecte un grand nombre de pays, essentiellement en Afrique sub-saharienne, au Moyen-orient et en Asie du sud, mais aussi en Amérique du sud et en Amérique centrale, comme illustré dans la Figure 2.1. Figure 2.1 Répartition globale de la rareté de l’eau [86] Peu ou pas de pénurie Début de pénurie d‘eau Pénurie d‘eau physique 32 Pénurie d‘eau liée à des facteurs économiques Non estimé Introduction à la réduction des pertes en eau La grande quantité d’eau perdue à travers les fuites dans divers réseaux urbains de distribution d’eau (pertes en eau physiques ou ‘réelles’) et les volumes d’eau distribués sans avoir été facturés (pertes ‘apparentes’ en eau) peuvent aggraver la situation de l’alimentation en eau, particulièrement dans les pays en développement et ceux émergents. Les pertes réelles et apparentes associées à la consommation autorisée non-facturée (par ex. pour les purges des conduites principales ou pour la lutte contre les incendies) constituent la quantité de l’eau non vendue (ENV) dans un réseau d’alimentation en eau. En se fondant sur une étude couvrant 40 compagnies des eaux dans le sud-est asiatique et selon la base de données IBNET sur les performances des compagnies des eaux couvrant 900 entreprises dans des pays en développement, la Banque mondiale estime que les chiffres réels concernant le niveau global d’eau non vendue dans les pays en développement se situent dans l’ordre de 40 à 50% de l’eau produite. [1] [39] La Figure 2.2 montre la proportion d’compagnies des eaux et leur niveau respectif d’eau non vendue selon la base de données IBNET. Figure 2.2 Niveau de l’eau non vendue (ENV) dans les compagnies des eaux dans les pays en développement selon la base de données IBNET [39] Proportion des compagnies des eaux 29/100 24/100 3/100 < 10% 19/100 17/100 8/100 10-20% 20-30% 30-40% 40-50% > 50% Niveau d‘ENV Introduction à la réduction des pertes en eau 33 2 Recouvrer une partie de l’eau perdue à travers des mesures de réduction des pertes en eau représente une alternative économique à l’exploitation de ressources nouvelles exigeant des mesures onéreuses telles que les barrages, les puits profonds ou le dessalement de l’eau de mer. Même en partant de chiffres plus conservateurs qui placent le niveau moyen des pertes en eau à 35% du volume entrant dans le réseau, la Banque mondiale estime à 26,7 milliards de m³ le volume annuel d’eau non vendue dans les pays en développement, ce qui représente approximativement 5,9 milliards USD perdus par les compagnies des eaux chaque année. [39] Recouvrer cette quantité d’eau perdue génererait des revenus considérables et assez d’eau pour approvisionner une population de 90 millions de personnes supplémentaires dans les pays en développement. Ces chiffres sont certes renversants, mais peuvent en même temps s’avérer difficiles à comprendre en raison de leur montant élevé. C’est pourquoi, il pourrait être utile de reconsidérer le problème à une plus petite échelle : les tests de débit des fuites montrent que les pertes en eau seulement à partir d’un trou circulaire de 6 mm de diamètre (comme illustré sur la Figure 2.3) dans une conduite d’alimentation à 60 m de pression s’élèvent à 1,8 m³ par heure ou 1 300 m³ par mois. Cet écoulement est suffisant pour remplir une piscine de dimension olympique (50 x 25 x 2 = 2 500 m³) en moins de deux mois. Le même écoulement d’eau serait théoriquement suffisant pour desservir 317 habitants dans la ville de Moshi en Tanzanie. [37] Figure 2.3 Débit de fuite d’un orifice de 6 mm ainsi que le volume équivalent d’eau équivalent équivalent 6 mm 317 2 500 m3 Orifice = 6 mm Pression = 50 m » Fuites = 43,2 m³/j 34 Piscine de taille olympique V = 2 500 m3 » remplie en moins de 2 mois Consommation en eau = 136 l/pers/jour Q = 317 x 136 l/pers/jour = 43,2 m³/j » Eau pour 317 personnes Introduction à la réduction des pertes en eau Il faudrait garder à l’esprit que ces quantités considérables perdues sont issues d’un seul trou. Considérant combien de trous similaires pourraient être contenus dans un grand réseau d’alimentation en eau, il est plus que jamais crucial de prendre des mesures pour combattre les pertes en eau. La nécessité d’approvisionner plus de personnes en eau potable et de réduire la propagation des maladies d’origine hydrique possède d’une part un fondement éthique. D’autre part, réduire les pertes en eau contribuera à juguler les problèmes environnementaux et à faire baisser la pression sur les ressources en eau limitées. De plus, ces actions concourront à économiser de l’énergie pour les phases de traitement et de pompage de l’eau. Enfin, dernière raison et non des moindres, la réduction des pertes en eau devrait accroître les recettes générées par les entreprises locales publiques et privées de distribution d’eau et augmenter la prospérité des clients commerciaux et privés. 2.1.2 Réduction des pertes en eau pour un développement durable L’expression développement durable ne désigne ni plus ni moins qu’un commerce florissant qui accroît la prospérité et les opportunités dans un souci d’équité et qui utilise les ressources naturelles de manière à garantir leur préservation pour les générations à venir. La durabilité requiert que les aspects économiques, techniques, sociaux et écologiques soient considérés et part du principe que les divers domaines et niveaux de la société sont liés. Le Consensus d’Istanbul sur les ressources en eau (5e Forum mondial sur les ressources en eau, Istanbul, 2009) a également mis l’accent sur l’importance d’une gestion équitable, optimale et durable des ressources en eau dans le but de relever les défis posés par la demande croissante en eau liée à la croissance démographique, au développement économique, aux migrations et à l’urbanisation ainsi qu’à l’impact négatif des changements climatiques. [91] En ce qui concerne les réseaux de distribution d’eau fonctionnels, les pertes en eau représentent un obstacle clair au développement durable, comme le prouve la liste suivante des impacts potentiels : àà àà I mpacts économiques : les coûts d’exploitation, de traitement et de transport de l’eau perdue sur le chemin qui mène au client sans générer des recettes pour l’entreprise locale de distribution de l’eau. Les ruptures de conduites et les fuites nécessitent des travaux de réparation onéreux et peuvent entraîner des dommages considérables sur l’infrastructure environnante. Impacts techniques : les fuites mènent à une réduction de la couverture de la demande en eau existante, éventuellement à tel point que le réseau ne puisse plus fonctionner de manière continue. Une alimentation non permanente entraînera des problèmes techniques supplémentaires par une infiltration d’air dans les Introduction à la réduction des pertes en eau 35 2 àà àà conduites, ce qui pourrait conduire les clients à céder à la tentation d’installer des réservoirs privés de stockage. Impacts sociaux : les pertes en eau affectent les clients sous la forme de défaillances de l’approvisionnement, notamment la baisse de la pression, les interruptions du service et un service inégal, mais aussi quand il s’agit de risques de santé qui pourraient survenir d’une infiltration des égoûts et d’autres agents polluants dans les réseaux de conduites sous un régime de basse pression ou de service non permanent. Impacts écologiques : compenser les pertes en eau en augmentant l’extraction de l’eau engendre une pression supplémentaire sur les ressources en eau et requiert de l’énergie supplémentaire, ce qui a pour conséquences des émissions de dioxyde de carbone qui auraient pu être évitées. Ces quelques exemples démontrent que la perte en eau affecte tous les aspects du fonctionnement d’un réseau de distribution d’eau. Les compagnies des eaux à l’échelle mondiale devraient ainsi être amenées à analyser, quantifier, combattre et réduire les pertes physiques et apparentes d’eau au sein de leurs réseaux. Le succès et la durabilité de la réduction des pertes en eau requiert un cadre politique et financier encourageant les mesures de réduction des pertes tout en prenant des engagements sous forme de régulations, de mesures incitatives, d’étalonnage des performances, de définition des objectifs à atteindre en ce qui concerne les fuites. 2.1.3Cadre politique et financier pour une gestion efficiente et durable des ressources en eau Le cadre dans lequel s’inscrit la gestion des pertes en eau et la réduction des pertes en eau est complexe et implique plusieurs composantes. Une gestion efficiente et durable des pertes en eau nécessite non seulement que des solutions techniques soient trouvées et mises en œuvre, mais aussi que les aspects politiques, financiers et ceux relatifs à la gestion soient pris en considération. Pour mettre en place un processus réussi, les facteurs suivants, cruciaux pour le succès de la gestion des pertes en eau, doivent être pris en compte : àà àà 36 Quelles sont les conditions-cadres qui peuvent être considérées comme opportunités ou obstacles à la réduction des pertes en eau ? (Les lois et les politiques régissant l’eau ; les compagnies des eaux, y compris l’engagement du secteur privé). La réduction des pertes en eau est-elle un objectif poursuivi par les compagnies des eaux ; en font-elles activement la promotion ? Introduction à la réduction des pertes en eau àà àà àà àà uelles sont les mesures d’incitation possibles pour les compagnies des eaux si Q elles veulent mettre en œuvre la réduction des pertes en eau ? Quels sont les instruments financiers aptes à favoriser ou à entraver les mesures de réduction des pertes en eau ? (Subventions, structure tarifaire de l’eau, investissements privés, recouvrement des coûts). Quels sont les institutions et les acteurs œuvrant à la promotion de la réduction des pertes en eau ? Quelles mesures institutionnelles et structurelles représententelles des opportunités ou des obstacles à la réduction des pertes en eau ? Existe-t-il des facteurs externes tels que les spécificités culturelles ou des questions environnementales à prendre en compte ? Aspects politiques Beaucoup de pays ont une politique de l’eau et considèrent assez souvent la réduction des pertes en eau comme une préoccupation importante. Cependant sa mise en œuvre est souvent complexe dans la mesure où elle requiert de nouvelles formes de partage des responsabilité et un changement dans les habitudes traditionnelles du consommateur. Les processus de réformes liés à la gouvernance de l’eau sont souvent complexes et lents. La stratégie du secteur de l’eau prônée par le ministère fédéral allemand pour la coopération économique et le développement insiste également sur ce fait : “Quand bien même l’on parviendrait à mettre en place la bonne gouvernance, la participation, les institutions et les capacités, il reste que la mise en œuvre des processus de réformes globales pourraient durer plusieurs années. Les facteurs contribuant au succès comprennent une base viable et solide pour une coopération avec les décideurs et les cadres dans les institutions sectorielles clés, une implication appropriée des représentants de groupes d’intérêts, notamment les pauvres et les plus vulnérables et une volonté suffisante de la part des partenaires d’entreprendre des réformes.” [24] La réduction des pertes en eau est parfois négligée, même si elle présente plus d’avantages économiques que l’exploitation des ressources alternatives en eau telles que le dessalement. Aspects financiers Les coûts fixes comptent pour environ 80% des coûts d’alimentation en eau, tandis que les coûts variables représentent souvent environ 20%. Ce qui entraînera des effets sur la motivation des différents acteurs étant donné que les économies sur les coûts sont souvent considérées comme marginales. Cependant, on ne devrait éprouver la moindre difficulté à comprendre la capacité de la réduction des pertes en eau à améliorer les performances commerciales et à faire baisser les coûts d’exploitation. Introduction à la réduction des pertes en eau 37 2 Aspects relevant de la gestion et autres aspects La réduction des pertes en eau sur le long terme ne sera couronnée de succès que s’il y’a une forte implication des plus hauts dirigeants des compagnies des eaux. Les avantages et les mesures d’incitation représentent des facteurs supplémentaires à même de motiver l’ensemble de l’équipe d’encadrement. Les améliorations organisationnelles telles que la sectorisation du réseau aident à identifier, définir et gérer les pertes réelles. Les mesures effectives chez les clients aident à quantifier l’eau non vendue et à réduire le gaspillage. Accroître la conscientisation publique peut contribuer à la réduction des pertes en eau, par ex. en signalant les fuites et en combattant le gaspillage de l’eau. 2.1.4 Renforcement des capacités dans le domaine de la réduction des pertes en eau Il s’agit du processus de renforcement des capacités des individus, organisations, entreprises et associations en vue de faire un usage efficace et efficient des ressources dans le but d’atteindre leurs propres objectifs sur une base durable. Divers aspects interdépendants du renforcement des capacités peuvent être distingués tel que le montre la Figure 2.4. Figure 2.4 Interconnexion entre divers éléments du renforcement de capacités [94] Mise en réseau Développement organisationnel Qualification Renforcement des compétences et formation Mise en place de cadre institutionnel et politique favorable Dans le contexte de ce guide, le renforcement des capacités comprend d’abord le transfert des connaissances, de l’expérience, de l’expertise et des valeurs aptes à rendre les acteurs 38 Introduction à la réduction des pertes en eau nationaux capables de récolter les bénéfices d’une réduction réussie des pertes en eau. Ce renforcement des capacités inclut également l’amélioration des systèmes de gestion et l’extension de la mise en réseau. La gestion du changement et la médiation dans les situations conflictuelles sont des parties essentielles du développement organisationnel. Lorsque les décideurs nationaux et locaux font le choix d’intégrer les méthodes et instruments de réduction des pertes en eau dans leurs systèmes de gestion de l’eau, le cadre légal et institutionnel doit être adapté. De plus, les acteurs gouvernementaux et les opérateurs économiques ont besoin d’une compréhension plus approfondie des implications de leurs décisions. Une stratégie globale en matière de renforcement de capacités devrait être conçue et adoptée avec le concours de l’ensemble des acteurs. La formation pourrait être menée par ou en collaboration avec les organisations bilatérales et multilatérales. En fonction du groupe cible (décideurs, cadres supérieurs, et/ou opérateurs), les objectifs de la stratégie de renforcement des capacités peuvent inclure l’accès à des informations concernant des questions légales, techniques, sociales, environnementales et financières liées à la réduction des pertes en eau en général et à la gestion de la pression en particulier. Étant donné que les conditions varient d’un pays à l’autre, une stratégie de renforcement des capacités individualisé et soigneusement conçue et comprenant un concept global de formation doit être adopté. 2.1.5 Les quatre méthodes centrales d’intervention pour combattre les pertes réelles en eau Durant les deux dernières décennies, plusieurs méthodes maintenant reconnues comme technologies de pointe pour réduire les pertes en eau ont été élaborées. Néanmoins plusieurs compagnies des eaux à travers le monde doivent encore mettre en œuvre des stratégies durables de gestion des pertes en eau en dépit des avantages évidents. Ce guide résume l’état des connaissances en matière de technologies de réduction des pertes en eau et pourrai servir comme mesure incitative et de directive pour les compagnies des eaux qui veulent faire usage des énormes potentiels cachés de la réduction des pertes en eau. Comme ce manuel technique le montrera plus loin de manière plus détaillée, beaucoup de facteurs différents influencent l’occurence et l’ampleur des pertes réelles dans un réseau d’alimentation en eau. Avant de décider du caractère approprié de certaines méthodes d’intervention, une compagnie des eaux doit comprendre à quels facteurs les pertes réelles sont liées au sein du réseau en question. Une seule méthode ou une combinaison de différentes méthodes constitueront l’instrument le plus efficient et le plus économique pour la réduction des pertes en eau en fonction de la situation locale. Introduction à la réduction des pertes en eau 39 2 En 2003, l’Association internationale de l’eau (IWA) a défini les quatre principales méthodes d’intervention pour combattre les pertes réelles en eau telles que illustrées dans la Figure 2.5 : gestion de la pression, côntrole actif des fuites, rapidité et qualité des réparations et gestion des infrastructures. [69] Figure 2.5 Les quatre principales méthodes d’intervention pour combattre les pertes d’eau [69] if Ges inf tion ras d tru es ctu res Ra p des idité rép et q ara ual i tio ns té ct ea rôl es t n Co fuit des Pertes réelles annuelles inévitables e nd tio ion Ges ress p la Niveau économique des pertes réelles Pertes réelles potentiellement recouvrables Le Chapitre 6 de ce manuel explique toutes les quatre méthodes en détail. Un accent particulier a été mis sur la gestion de la pression comme méthode d’intervention très efficiente à court voire moyen terme, laquelle sera également brièvement présentée dans la prochaine section. 40 Introduction à la réduction des pertes en eau 2.2 Gestion de la pression 2.2.1 Principes La gestion de la pression peut être définie comme la pratique de la gestion des pressions du système à des niveaux de service optimaux tout en assurant un service suffisant et efficient pour des usages légitimes. [78] Les impacts positifs de la gestion de la pression concernent la baisse des pertes réelles en eau par la réduction des pressions non nécessaires ou excessives de même que l’élimination des fortes fluctuations et des coups de bélier. Ces facteurs causent fréquemment de nouvelles ruptures de conduites dans les réseaux de distribution d’eau. Le lien direct entre le débit des fuites et la pression suggère que la gestion de la pression est la seule méthode d’intervention à même d’avoir un impact positif sur toutes les trois composantes des pertes réelles en eau : les fuites diffuses, les fuites reportées et celles non reportées (cf. Chapitre 3.4). Le débit des fuites est directement lié à la pression de l’eau dans la conduite défectueuse, et peut être calculée en utilisant l’Équation 3.1 à la page 54 pour une fuite particulière. En retournant à l’exemple du trou de 6 mm au Chapitre 2.1.1, l’impact de la réduction de la pression sur le débit des fuites peut facilement être calculé tel qu’illustré dans le Tableau 2.1. Tableau 2.1Débit des fuites issues d’un trou de 6 mm pour différentes pressions et matériaux de conduites Ø Trou Matériaux des conduites Exposant de fuite Débits à la pression de 50 m 40 m 30 m 6 mm Rigide (ex. acier, fonte, ...) 0,5 1 800 m³/h 1 610 m³/h 1 394 m³/h 6 mm Flexible (e.g. PE, PVC, ...) 1,5 1 800 m³/h 1 288 m³/h 837 m³/h La même équation peut être utilisée pour estimer les effets de la gestion de la pression sur un réseau entier constitué d’un mélange de conduites où l’exposant moyen des fuites globales est proche de 1,0. Le rapport pression-fuites signifie approxivativement que le ratio de la réduction de la pression est à peu près égal au ratio de la réduction du debit des fuites dans les réseaux plus larges. Le rapport pression-fuites explique pourquoi il pourrait être économique de gérer ou réduire la pression dans un réseau de distribution d’eau où la pression est déjà basse : réduire la pression moyenne de 30 m à 27 m (10%) pourrait faire baisser le débit de 5% à 10%, ce qui pourrait être significatif dans des régions possédant des ressources en eau rares ou des fuites élevées. [36] Introduction à la réduction des pertes en eau 41 2 2.2.2 Technologie et mode opératoire S’il existe différents types de systèmes d’exploitation de gestion de la pression, les étapes et les installations fondamentales sont toujours similaires : tout d’abord, un secteur de gestion de la pression (SGP) approprié doit être sélectionné et séparé des zones environnantes en fermant les vannes voisines. Une vanne de régulation de la pression (VRP), un capteur de pression et un débitmètre doivent être installés au point d’entrée dans un secteur de gestion de la pression. Dans les systèmes avancés de gestion de la pression, un automate programmable industriel (API) enregistre, traite et archive les données du capteur mesurées nécessaires pour le contrôle de la VRP. La Figure 2.6 illustre l’installation d’une vanne de régulation de la pression munie d’un dispositif by-pass. Figure 2.6Installation typique de vannes de régulation de pression munies d’un dispositif de by-pass et d’un débitmètre (Source : VAG-Armaturen) Débitmètre Direction d‘écoulement Capteur de pression Vanne de fermeture/vanne papillon VRP (vanne annulaire) Il existe quatre moyens fondamentaux de fonctionnement pour la VRP et de modulation de la pression du système : [22] àà àà àà àà 42 ortie fixe : le système de contrôle de la pression le plus basic où la pression de S sortie de la VRP est maintenue à un niveau choisi en tout temps. Modulation de pression basée sur le temps : la pression de sortie de la VRP est modulée en fonction du temps, habituellement pour réduire la pression pendant la nuit lorsque les débits sont faibles. Modulation de la pression basée sur le débit : il est possible de fixer différentes pressions de sortie dans le but de maintenir la pression minimum requise dans le secteur durant le débit de pointe ou pour ouvrir la VRP lorsqu’un débit seuil est excédé (par ex. débit de conduite d’incendie). Modulation de la pression télécommandée : en utilisant le type de modulation de pression le plus perfectionné, la pression de sortie de la VRP est permanemment adapté par télémétrie de capteurs de pression à un ou plusieurs points critiques au sein de la SGP où la pression est maintenue stable au niveau souhaité. Introduction à la réduction des pertes en eau Figure 2.7Effets de différents concepts de modulation de pression sur l’excès de pression au point critique Réservoir P1 (jute en amont de la VRP) P2 (jute en aval de la VRP) Ligne de charge PPC (Pression au point critique) 2 Débitmètre Zone de distribution 80 70 70 60 60 50 50 Pression Pression 80 VRP (vanne de régulation de pression) Sans modulation de pression 40 30 20 Un excès de pression provoque l‘augmentation du débit des fuites Modulation de la pression basée sur un seuil 40 30 20 10 10 0 0 Jour 1 Jour 2 Jour 3 Jour 1 80 Jour 2 Jour 3 Modulation de la pression basée sur le temps 70 Pression 60 Débit Débit 50 40 30 20 10 0 Jour 1 Jour 2 Jour 3 Jour 1 80 Jour 2 Jour 3 Modulation de la pression basée sur le débit 70 Pression 60 P1 : Pression en amont de la VRP P2 : Pression en aval de la VRP PPC : Pression au point critique Pmin : Pression minimale de service Excès de pression Q : Débit 50 40 30 20 Excès de pression minimisé -> débit des fuites minimisé 10 0 Jour 1 Introduction à la réduction des pertes en eau Jour 2 Jour 3 43 La Figure 2.7 illustre les effets de ces concepts de modulation sur la surpression au point critique dans une SGP. Le point critique d’un réseau marque l’emplacement de la plus basse pression dans un secteur. Si on parvient à assurer une pression minimum de service au niveau de ce point critique, la pression sera suffisante à tous les autres endroits dans le secteur. L’existence de la surpression au niveau du point critique implique que la gestion de la pression pourrait réduire des pertes en eau évitables. Les débits au sein d’une SGP et la pression de distribution font l’objet d’une surveillance constante et sont disponibles pour être revus et analysés. Une ingénierie minutieuse est requise pour l’installation des vannes de régulation de pression de même que des instruments de mesure, mais l’investissement initial est minime par rapport aux énormes économies potentielles. Une conduite by-pass et un local de contrôle permettent généralement à l’opérateur du réseau de commander mécaniquement le dispositif de contrôle à tout moment. En plus de l’installation de base de gestion de la pression, plusieurs autres fonctions optionnelles sont disponibles : il est posible d’utiliser les technologies de téléphonie mobile sécurisées pour transférer des données vers une salle de contrôle où l’opérateur peut suivre le fonctionnement de la vanne de régulation de la pression en ligne. Les défaillances peuvent être signalées à l’équipe du service responsable sous forme de message textuel d’alerte, ce qui fait baisser considérablement les efforts d’opération et de maintenance. 2.2.3 Avantages de la gestion de la pression La gestion de la pression peut être une solution immédiate et peu onéreuse pour la réduction des pertes réelles en eau dans un réseau de distribution d’eau, même à des niveaux de pressions initiales basses. Cependant, la réduction des fuites n’est pas le seul avantage tel que le montre le Tableau 2.2 : Cette solution offre également des avantages en termes de conservation de l’eau parce que certains types de consommation d’eau vont tendre à diminuer en raison de la réduction Tableau 2.2 Avantages de la gestion de la pression [47] Gestion de la pression : réduction des valeurs moyennes et maxima des pressions en excès Avantages en termes de conservation Avantages pour les compagnies des eaux Débits réduits Débits réduits Consommation des fuites et réduite ruptures 44 Avantages clients Fréquence réduite des ruptures de conduites et des fuites Coûts de réparations des réseaux et des services réduits RenouvelleBaisse des rément réduits et Coûts réduits du côntrole ac- clamations des plus longue durée du patri- tif des fuites clients moine Baisse des problèmes de plomberie et de restauration des équipements Introduction to water loss reduction de la pression moyenne de la zone, par ex. des robinets, douches et systèmes d’arrosage des jardins. Une étude menée par l’Association internationale de l’eau a trouvé que la Matériel réduction de la pression se traduit par une baisse significative des ruptures de supplémentaire 2.1 conduites. [79] Il existe d’autres avantages tels que les remplacements différés et la Liste de contrôle pour la durée de vie prolongée des conduites, joints et raccords de même que la réduction mise en œuvre de la gestion de la pression des travaux de plomberie et de restauration des équipements. Tous ces effets positifs de la gestion de la pression entraînent généralement des économies substantielles et se montrent très vite rentables tel qu’illustré par les chiffres issus de quatre grandes installations de gestion de la pression au Cap en Afrique du sud, voir Tableau 2.3 : Tableau 2.3 2 Résumé des économies dans quatre installations du Cap [56] Zone Économies en eau (m³/an) Coûts de construction (USD) Valeur des économies (USD/an) Khayelitsha 9,0 millions 335 000 (en 2001) 3 352 000 Mfuleni 0,4 million 212 000 (en 2007) 170 000 Gugulethu 1,6 million 188 000 (en 2008) 603 000 Mitchells Plain 2,4 millions 967 000 (en 2009) 904 000 Total 13,4 millions m³/an USD 1,702 million USD 5,029 millions / an (± 600 000) Au-delà de ces effets positifs, la gestion de la pression pourrait générer des avantages supplémentaires et indirects : àà àà àà àà un nombre accru de ménages ayant accès à la distribution publique d’eau une durée accrue de l’alimentation en eau (heures/jour) un accès égal et équitable à la distribution publique de l’eau en tenant compte des contraintes sociales réduction des coûts de production et de la consommation d’énergie. Cependant les compagnies des eaux ne devraient pas oublier que la gestion de la pression atténuent les impacts, sans pour autant éliminer les causes des pertes en eau. C’est pourquoi, la gestion de la pression devrait toujours être perçue comme une composante d’un ensemble de mesures requises pour une réduction réussie et à long terme des pertes en eau. La gestion de la pression pourrait être un excellent point de départ pour les compagnies des eaux possédant des niveaux élevés de fuites en raison des économies relativement élevées et aux délais de rentabilité courts. Introduction à la réduction des pertes en eau 45 Photo : © T. Tkaczick, 2003 Comprendre les pertes en eau 47 3 3.1 Objectifs Après avoir lu ce chapitre, le lecteur / la lectrice devrait être capable de : àà utiliser la terminologie liée à la perte en eau sans ambiguïté àà comprendre la signification et l’ampleur des problèmes liés aux pertes en eau àà distinguer les différents impacts des fuites d’eau àà comprendre le contexte hydraulique àà identifier les causes les plus importantes et les facteurs liés aux pertes réelles d’eau. 48 Comprendre les pertes en eau 3.2 Définitions et terminologie Le fait d’effectuer un bilan d’eau à intervalles réguliers fournit la base d’évaluation des pertes en eau. Dans le passé, une large variété de formulations et de définitions a été utilisée pour de tels calculs. L’Association internationale de l’eau (IWA) a créé un détachement spécial sur les indicateurs de performance et les pertes en eau pour établir des normes de comparaison dans le monde entier. Une meilleure approche de pratique internationale relative aux bilans d’eau a été publiée en 2000. [48] Un nombre progressivement en hausse de pays et de services publics de distribution d’eau partout dans le monde a depuis lors reconnu et a adopté ce bilan d’eau. On conseille aux services publics de distribution d’eau de respecter la terminologie de l’IWA, particulièrement comme point de référence au plan national et international. Les composantes du bilan d’eau standardisé sont illustrées dans le Tableau 3.1. Les composantes du bilan d’eau devraient toujours être calculées et exprimées en volume (habituellement en m³) sur une période donnée (d’habitude par an). Dans une deuxième étape, elles peuvent être converties en indicateurs de performance (voir le Chapitre 4.3.6). Tableau 3.1 Terminologie standard du bilan d’eau selon l’IWA [48] Eau facturée exportée (distribution en gros) Consommation autorisée Q A Consommation autoriConsommation facturée mesurée sée facturée Q AF Eau vendue Consommation facturée non mesurée Consommation autori- Consommation non facturée mesurée sée non facturée Q ANF Consommation non facturée non mesurée Volume introduit QI Consommation non autorisée Pertes apparentes QPA Sous-comptage des compteurs et erreurs de manipulation des données Fuites sur les conduites d’adduction et de distribution Pertes en eau QP Pertes réelles QPR Eau non vendue Fuite et débordements dans les réservoirs d’eau Fuites sur branchements jusqu’au point de comptage Comprendre les pertes en eau 49 3 Les éléments du bilan d’eau sont définis comme suit : àà àà àà àà àà Matériel Supplémentaire 3.1 Composantes du bilan d’eau olume introduit : l’apport d’eau mesuré à une partie donnée du réseau. Dans V les réseaux caractérisés par des exportations substantielles d’eau, il est très important de déterminer le volume d’eau fourni (le volume entrant dans le réseau déduction faite de l’eau facturée exportée). [48] Consommation autorisée : le volume d’eau mesurée et/ou non mesurée prise par les clients inscrits, le service public de distribution d’eau ainsi que d’autres structures habilitées. Il inclut la consommation autorisée facturée (comme la consommation facturée mesurée, la consommation facturée non mesurée et l’eau facturée exportée) et la consommation autorisée non facturée (comme la consommation non facturée mesurée et la consommation non facturée non mesurée). Cette partie du bilan d’eau comprend aussi les fuites et les pertes observées situé en aval du compteur client (voir le Chapitre 3.6) aussi bien que les propres exigences du service public de distribution d’eau, par ex. pour les purges des tuyaux ou le lavage des filtres. Eau vendue (correspondant à la consommation autorisée facturée) : le volume d’eau effectivement fourni et facturé au client et qui génère des recettes pour le service public de distribution d’eau. Eau non vendue (ENV) : le volume qui reste non facturé et ne produit donc pas de recettes pour le service public de distribution d’eau. Il peut être exprimé comme la différence entre le volume entrant dans le réseau de distribution et le volume de consommation autorisée facturé ou comme la somme de consommation autorisée non facturée et des pertes en eau. Tous les éléments constitutifs de l’ENV sont précisés dans le Tableau 3.1 à la page précédente. Pertes en eau : le volume d’eau perdue entre le point d’approvisionnement et le compteur du client, dû à plusieurs raisons. Il est peut être exprimé comme étant la différence entre le volume entrant dans le réseau et la consommation autorisée et est composé de pertes apparentes et réelles. Les pertes apparentes peuvent être subdivisées en consommation non autorisée, imprécisions du compteur client et erreurs de manipulation des données. Les pertes réelles sont composées de fuites provenant des conduites d’adduction et de distribution, des branchements au compteur client et des pertes liées aux réservoirs de stockage. Les pertes réelles et apparentes sont définies aux Chapitres 3.4.1 et 3.5.1. Du fait des interprétations variables l’IWA recommande d’utiliser plutôt le concept d’eau non vendue en lieu et place d’eau non comptabilisée (en anglais UFW, unaccounted-for water). [2] 50 Comprendre les pertes en eau 3.3 Facteurs clés d’influence Les pertes en eau se produisent dans tout réseau de distribution d’eau dans le monde. Pour des raisons d’ordre économique et technique, il faut admettre que les pertes réelles en eau ne peuvent pas être entièrement éliminées. Néanmoins, il y a eu une évolution dans la connaissance et le développement technologique nous permettant de gérer les pertes en eau dans les limites économiques. Selon le manuel de gestion des fuites d’eau de l’OMS (2001), quatre facteurs clés influencent le degré de fuite dans un réseau de conduites d’eau. Ces quatre facteurs sont indiqués dans la Figure 3.1. Figure 3.1 Facteurs clés influençant les fuites [22] 3 Disponibilité de moyens financiers, en personnel et en matériel Conditions de l‘infrastructure concernant le matériel, la pression du système et la politique de renouvellement Fuites Politique de contrôle des fuites : activités, perception, expertise technique Attitude institutionnelle concernant la structure, la politique et la régulation La Figure 3.1 démontre que la réduction des pertes en eau exige une approche holistique : d’intenses activités de détection de fuites seules, ne résoudront pas le problème si l’état des infrastructures se détériore en même temps. En outre, même si les ressources financières sont disponibles, elles n’auront pas d’effet positif à moins que le service public de distribution d’eau ne dispose de structures adéquates et n’envisage une approche proactive dans la gestion des pertes en eau. Comprendre les pertes en eau 51 3.4Pertes réelles 3.4.1 Classification Les pertes réelles sont des volumes d’eau perdus dans une période donnée à travers tous les types de fuites, ruptures de conduites et débordement de réservoir. Les pertes réelles peuvent être classées selon (a) leur localisation dans le système et (b) leur étendue et durée. (a) Localisation Les fuites provenant des conduites d’adduction et de distribution peuvent se produire au niveau des conduites (ruptures accidentelles ou corrosion), des raccords (déconnexion, joints de robinet endommagés) et des vannes (erreur technique ou de maintenance) et engendrent généralement des débits moyens à élevés pendant de courtes durées. Les fuites au niveau branchement au compteur client : les branchements du service sont quelquefois considérés comme les maillons faibles des réseaux d’approvisionnement en eau, parce que leurs articulations s’exposent à de forts taux d’échec. Les fuites sur les branchements sont difficiles à découvrir en raison de leurs débits relativement bas et souvent pendant de longue durée. Les fuites et les débordements des réservoirs de stockage sont provoqués par le mauvais fonctionnement ou l’état défectueux des régulateurs de niveau d’eau. De plus, le suintement peut provenir de la maçonnerie ou des murs en béton non étanches. Les pertes en eau des réservoirs sont souvent sous-estimées et, bien que visibles, les réparer est généralement complexe et coûteux. (b) Etendue et durée Les fuites reportées ou visibles proviennent essentiellement de ruptures soudaines au niveau des conduites ou des joints. L’eau de fuite apparaîtra rapidement à la surface en fonction de la pression de l’eau, l’étendue de la fuite ainsi que des caractéristiques du sol et de la surface. On n’a pas besoin d’un équipement spécial pour localiser la fuite. Les fuites non reportées ou cachées ont par définition des débits supérieurs à environ 250 l/h à une pression de 50 m mais du fait des conditions défavorables, n’apparaissent pas à la surface. [22] La présence de fuites cachées peut être identifiée en analysant les tendances dans les habitudes de consommation d’eau dans un secteur donné. Une large gamme d’instruments acoustiques et non-acoustiques est disponible pour détecter ces fuites (voir le Chapitre 6.5). 52 Comprendre les pertes en eau Les fuites diffuses comprennent les pertes en eau avec des débits inférieurs à environ environ 250 l/h à une pression de 50 m. Ces très petites fuites (le fait de suinter ou l’eau tombant goutte à goutte des joints, des valves ou ruisselant) ne peuvent pas être détectées en utilisant des méthodes acoustiques. Donc, il est supposé que beaucoup de fuites diffuses ne sont jamais découvertes et réparées, mais la fuite persiste jusqu’à ce que la pièce défectueuse soit finalement remplacée. Les fuites diffuses provoquent souvent une part importante de pertes réelles en eau en raison de leur grand nombre et leur longue durée. Figure 3.2 Relation entre débit de fuite (Q) et durée de fuite (t) [22] [77] Fuites diffuses Fuites non reportées 3 Fuites reportées Fuites reportées Q Fuites non reportées Fuites diffuses Q Q t t0 Prise de conscience Localisation t0 t0 Réparation t t0 = apparition de la fuite Alors que les pertes apparentes peuvent être presque complètement éliminées, un certain niveau de pertes réelles demeurera toujours dans le réseau. Cette quantité est connue comme représentant les pertes réelles annuelles inévitables (PRAI). La différence entre le volume Comprendre les pertes en eau 53 annuel des pertes réelles (PRAA) et les pertes réelles annuelles inévitables est considérée comme représentant les pertes réelles potentiellement recouvrables. La Figure 4.5 fournit une bonne illustration de l’action réciproque entre PRAI et le PRAA. Les pertes réelles doivent être évaluées sur la base du coût de production de l’eau ou au prix d’achat, si l’eau est importée. Dans les pays développés, les pertes réelles représentent d’habitude la composante la plus importante en matière de pertes en eau. Cependant, dans les pays en voie de développement et les pays émergents, les pertes dues aux branchements illégaux, aux erreurs de comptage peuvent souvent être très importantes pour les services publics de distribution d’eau. Équation 3.1 3.4.2 Hydraulique des fuites Les pertes réelles constituent une proportion importante des pertes totales d’eau. Les diverses fuites (trous, les fissures longitudinales et circulaires, fuite par les joints, etc.) dans les conduites du réseau de distribution sont les principaux facteurs des pertes réelles. Plusieurs études de terrain et de laboratoire ont prouvé la haute sensibilité des fuites à la pression : une hausse de la pression augmentera la fuite comme l’indique l’Équation 3.1. Inversement, la fuite diminue en cas de réduction de la pression des tuyaux. Les explications ci-dessous renseignent sur le lien entre la pression et la fuite. Le comportement hydraulique des fuites dans les conduites peut communément être décrit en utilisant une version simplifiée de l’équation d’écoulement à travers un orifice, comme illustré dans l’Équation 3.1. q=ch α Où : q Débit de la fuite c Coefficient de fuite h Pression α Exponentiel de la fuite Comme le montre l’Équation 3.1 de type exponnentielle, α est le principal facteur influençant le débit de fuite. Les études de terrain basées sur la relation pression/fuite ont montré que α varie considérablement entre 0,5 et 2,79 avec une moyenne de 1,0 [23] [78]. Cela signifie que la fuite dans une conduite d’eau est encore plus sensible à la pression que traditionnellement admis. Plusieurs facteurs ont un impact significatif sur l’ampleur de la fuite : àà àà 54 a taille et la forme de l’orifice, qui dépend de la nature des tuyaux et du type de L ruptures (fissures longitudinales ou circulaires, trous ronds, etc.). La capacité de la fuite à se développer avec l’augmentation de la pression, qui dépend de la nature de la tuyauterie et de la forme de la fuite (les trous ronds se développent moins que les fissures longitudinales lorsque la pression augmente). Comprendre les pertes en eau àà àà Le sol environnant. Les conditions d’écoulement à l’orifice (flux laminaire, transitoire ou turbulent), qui dépendent du nombre de Reynolds et de la forme de l’orifice. Équation 3.2 La nature de la tuyauterie a une grande influence sur la relation pression-fuite. La pression d’eau provoque des tensions dans les parois des canalisations. Selon leurs propriétés physiques (par ex. le module d’élasticité), les tuyaux faits de différent matériel réagiront différemment aux variations de pression. L’augmentation de la pression intérieure de la tuyauterie produit deux effets : les fissures et les petites fissures qui ne provoquent pas de fuite quand la pression est basse peuvent s’ouvrir et commencer à provoquer une fuite une fois que la pression augmente. Par conséquent, la fuite diffuse provenant de petites fuites peut être considérablement influencée par des changements de pression. En outre, la région de fuites existante peut augmenter et il peut s’ensuivre une augmentation dans le débit de la fuite. Cela dépend aussi de la forme de la fuite et de sa capacité à se développer avec l’augmentation de la pression. Selon Thornton et Lambert, l’exponentiel de fuite α est généralement à estimer à une valeur de 1,5 pour des fuites diffuses et des fuites causées par des ruptures pour des tuyaux flexibles (par exemple PE, PVC) et à estimer à 0,5 pour des fuites des tuyaux rigides (par exemple acier, fonte). Pour un réseau de distribution, l’exponentiel α peut varier de 0,5 à 1,5 dépendant les différents matériaux de tuyaux et du index ISF (Index structurel de fuites). [78] Un rapport linéaire (α = 1,0) entre la pression et le taux de fuite peut être supposé pour de grands réseaux d’approvisionnement en eau. [48] [78] Selon Morrison et al. (2007), [58] l’efficacité de la gestion de pression peut être exprimée en utilisant l’Équation 3.2. La Figure 3.3 à la page suivante illustre l’effet d’une réduction de la pression sur le débit de fuite pour des réseaux avec des valeurs de α comprises entre 0,5 et 2,5. L1 = L0 ( P1 α ) P0 Où : L0 Débit de fuite initiale à la pression P0 L1 Débit de fuite à la pression réglée P1 P0 Pression moyenne initiale du secteur P1 Pression moyenne réglée du secteur α exponentiel de fuite On peut en conclure que l’efficacité de la gestion de la pression dépend de la nature des conduites du réseau (l’impact de la gestion de pression augmente avec la proportion des tuyaux flexibles) et de la condition générale du système à cause de son impact élevé sur les fuites diffuses (voir le Chapitre 6.4). Comprendre les pertes en eau 55 3 Figure 3.3 Interaction entre pression et fuites pour différentes valeurs de α [52] 1,40 α L1 = L0 (—) P P1 0 1,20 Ratio de fuites L1 / L0 1,00 0,80 0,60 0,40 0,20 0,00 0,00 α = 0,5 0,20 α = 1,0 0,40 α = 1,15 0,60 Ratio de pression P1 / P0 α = 1,5 0,80 1,00 1,20 α = 2,5 3.4.3 Causes des pertes réelles Les conduites et raccords de différentes dimensions, le matériel et leur âge sont installés sous terre où ils sont sujets à une multiplicité de facteurs ne pouvant être enregistrés et contrôlés sur une base régulière. De plus, Lambert et McKenzie spécifient quatre facteurs clés spécifiques au réseau et qui sont responsables des pertes en eau, à savoir la longueur des conduites, le nombre de branchements, la localisation du compteur client et la pression moyenne de fonctionnement du réseau (lorsque le réseau est pressurisé). [49] Ces facteurs varient d’un réseau à un autre. La multitude des interactions actives et passives entre les conduites et leur environnement conduit fréquemment à des dommages et à des fuites. En d’autres termes, les actifs des réseaux de distribution d’eau comprennent (a) les conduites et joints, (b) les vannes et raccords et (c) les réservoirs de stockage et les pompes. Les causes et les facteurs influençant les pertes en eau peuvent ainsi être classifiées selon le type d’actifs. 56 Comprendre les pertes en eau (a) Conduites et joints défaillants Matériel, état et âge de la conduite Matériel : au-delà des défaillances du matériel causées durant la fabrication (épaisseur insuffisante des parois, absence de protection anticorrosion sur les conduites en acier, couche de renfort défaillante sur les conduites), les dommages sont aussi causés par l’usage inapproprié de certains matériaux : l’eau douce (notamment l’eau non-traitée des barrages) avec une forte teneur en acide carbonique (CO2) et de basses concentrations en calcium, ou de fortes concentrations en sulfate sont connues comme affectant le béton de manière agressive. Les conduites en béton armé de même que les revêtements internes et externes en mortier de ciment des conduites de fonte sont affectés. État : toutes les conduites métalliques sont exposées à la corrosion physique et électrochimique. La corrosion réduira l’épaisseur de paroi et diminuera la capacité de la conduite à résister à la pression de l’eau et à la pression externe. Les causes les plus communes de la corrosion sont l’eau agressive et les sols de même que le courant vagabond. Âge : beaucoup de facteurs qui influencent les fuites sont liés à l’âge. Par conséquent, l’âge d’une section de conduites peut apparaître comme le facteur le plus important causant les fuites. Néanmoins, l’influence de l’âge est à relativiser dans les cas où la conduite a été attentivement conçue et installée, où la maintenance est assurée à des intervalles réguliers et où les conditions externes sont favorables. Conception, installation et qualité d’exécution Conception : les erreurs commises durant la phase de planification peuvent influencer les fuites de conduites, il s’agit par exemple d’un mauvais choix du matériau, des dimensions insuffisantes par rapport à la pression effective, des mesures de protection anticorrosion inadéquates ou d’un alignement incorrect (par exemple le long des pentes vulnérables aux glissements de terrain ou adjacentes à des racines d’arbres). Stockage et pose des conduites : les stockages inappropriés pourraient endommager les conduites même avant l’installation. Traîner les conduites PE sur les surfaces en béton ou sur des pierres entraînera des chanfreins plus susceptibles à présenter des fuites. L’exposition prononcée au soleil fragilise les conduites PE. La machinerie lourde utilisée pour le transport et l’installation peuvent également causer des dommages. Pose : le choix de matériel non-approprié pour la pose des conduites est une cause fréquente d’endommagement : les matériaux de pose rugueux ou pierreux arrachent l’enrobage externe des conduites en acier ou en fonte et favorisent la corrosion. Des fissures longitudinales et en spirale peuvent apparaître dans les conduites PE et PVC, résultat de matériaux de pose pierreux. Les insuffisances du remblayage et de la compaction des tranchées de Understanding water losses 57 3 conduites peuvent causer une subsidence. Ces mouvements incontrôlés du sol peuvent aussi déclencher la déconnexion de cavités ou des ruptures de conduites. Joints : le manque de professionnalisme dans le maniement des joints de conduites est une cause supplémentaire des fuites. Les conduites en acier soudé manquent souvent d’une protection interne et externe anticorrosion le long du dépôt de soudure. Si des soudeurs peu qualifiés ou pas suffisamment bien formés exécutent cette technique relativement nouvelle du soudage des conduites PE, on constate fréquemment des défaillances liées à l’insuffisance du réchauffement et du pressage des extrémités de la conduite. Les fuites peuvent également survenir si les conduites avec évasement excèdent le cintrage angulaire maximum autorisé ou si des coups de bélier et de fortes pressions affectent les joints qui ne sont pas verrouillés. Pression Forte pression : l’augmentation de la pression résultera en un débit plus élevé des fuites existantes et une occurrence croissante des nouvelles ruptures et fuites. Au fur et à mesure que la pression monte, les débits de fuites augmentent pour atteindre une plus grande envergure que celle qu’aurait donnée la relation théorique (voir Équation 3.1 à la page 54) entre la pression et le débit. Les vannes et raccords âgés peuvent manquer d’un dimensionnement robuste suffisant pour les hautes pressions. Pression faible : la faiblesse de la pression peut compliquer les efforts de détection des fuites parce que l’eau est peu sujette à atteindre la surface. En outre, les niveaux de bruits des fuites font obstacle aux méthodes de localisation acoustique des fuites et peuvent causer une prolongation de la durée des fuites. Variations de la pression : les variations prononcées de la pression au sein du réseau peuvent conduire à la fatigue du matériel et donc aussi aux fuites, principalement dans les conduites en matières plastiques. Coups de bélier : les coups de bélier proviennent principalement de mécanismes de contrôle non appropriés et peuvent entraîner les ruptures de conduites, la déconnexion des joints et l’endommagement des vannes, des raccords, conduisant ainsi aux fuites. Le Tableau 3.2 donne un aperçu de l’influence de la pression sur le débit des fuites. Les facteurs dans le Tableau 3.3 servent à la conversion de ces débits en pressions des réseaux différentes de 50 m. Les valeurs présentées dans le Tableau 3.2, mises en évidence dans les expériences, illustrent de manière impressionnante la capacité et le fort potentiel de la gestion de la pression pour réduire les débits de fuite dans les réseaux de distribution d’eau par le moyen de la réduction de la pression. Il est également important de comprendre que les petites fuites avec des débits relativement mineurs peuvent avoir une part prépondérante dans les pertes 58 Comprendre les pertes en eau Table 3.2 Débit des fuites pour des trous circulaires à 50 m de pression [33] Orifice Table 3.3 Débit des fuites [mm] [l/min] [l/heure] [m³/jour] [m³/mois] 0,5 0,33 20,00 0,48 14,40 1,0 0,97 58,00 1,39 41,60 1,5 1,82 110,00 2,64 79,00 2,0 3,16 190,00 4,56 136,00 3,0 8,15 490,00 11,75 351,00 4,0 14,80 890,00 21,40 640,00 5,0 22,30 1 340,00 32,00 690,00 6,0 30,00 1 800,00 43,20 1 300,00 7,0 39,30 2 360,00 56,80 1 700,00 3 Facteurs de conversion pour le Tableau 3.2 [33] Pression Facteur de conversion 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 0,45 0,63 0,77 0,89 1,00 1,10 1,18 1,27 1,34 1,41 en eau, ce qui est lié à leurs durées qui sont longues, voire illimitées. Il est donc essentiel de gérer et de faire baisser la durée des fuites et ruptures, même des plus minimes. Sol et nappes souterraines Types de sol : le type de sol qui prévaut a une influence significative sur la durée des fuites. Tandis que l’eau remontant dans les sols cohérents (par exemple argile, limon) peut bientôt apparaître à la surface, les fuites vers les sols non-cohérents (exemple : sable ou gravier) tendent à s’écouler sous la terre, rendant ainsi les fuites plus difficiles à détecter. Agressivité des sols : la plupart des sols non cohérents ne sont pas agressifs. Les sols cohérents peuvent affecter négativement la corrosion externe des conduites métalliques liée aux différents niveaux de sels dissous, d’oxygène, d’humidité, de pH et d’activité bactérienne. Mouvements du sol : le mouvement du sol est causé par les changements de température et de teneur en humidité (les changements de niveaux des nappes souterraines font que les sols cohérents se contractent ou connaissent une expansion), par les gels prononcés de même que la subsidence provoquée par une pose incorrecte des conduites, les activités Comprendre les pertes en eau 59 minières ou les séismes. Les travaux de construction, les charges croissantes sur les surfaces ou les travaux de réparation des conduites peuvent provoquer des mouvements de sol. Les mouvements du sol peuvent entraîner la déconnexion des joints et les ruptures de conduites. Le trafic Charge du trafic : plusieurs conduites posées à l’origine sous les trottoirs se retrouvent maintenant sous les chaussées à mesure que le trafic routier s’intensifie. L’augmentation du nombre de véhicules et l’importance de la charge à l’essieu des camions modernes contribuent davantage à accroître la pression sur les conduites. Revêtement de la chaussée : l’écoulement de l’eau peut survenir bien loin des dommages liés aux chaussées en béton et en asphalte, entravant ainsi les efforts de localisation des fuites. Courant vagabond : 1 ampère érode approximativement 10 kg de fer chaque année. Le courant vagabond des réseaux de chemin de fer alimentés par courant continu (tramways) et les fondations en béton armé aggravent ainsi la corrosion externe des conduites métalliques. [62] L’influence de tiers L’absence de documentation sur l’infrastructure (par ex. plans de récolement) ou l’exécution impropre de travaux de construction peuvent endommager les conduites, soit directement par le biais des hydro pelles ou indirectement par les vibrations des machines de construction ou des véhicules lourds. Les dommages peuvent être détectés instantanément ou ultérieurement, rendant la cause plus difficile à détecter. Autres facteurs Il existe de nombreux autres facteurs, par exemple le nombre de vannes et de branchements (connus sous l’appellation de points faibles au sein du réseau de distribution) par kilomètre de conduite, la longueur et le diamètre des conduites, la longueur moyenne des branchements, la profondeur à laquelle les conduites ont été posées de même que les fuites d’arrièreplan des joints, les raccords et vannes. La gestion opérationnelle du réseau influence également les fuites, par exemple en termes d’eau issue de sources différentes et mélangée à l’intérieur de réseau de conduites (risque de corrosion), le pourcentage de temps de pressurisation du réseau et l’inspection, la maintenance et les stratégies de détection des fuites qui influencent la durée des fuites détectées et non détectées. [48] 60 Comprendre les pertes en eau (b) Vannes défaillantes et raccords Les fuites issues des vannes et raccords comprennent les ruptures, déformations et défauts du matériel du corps de vanne de même que les garnitures de joints, chapeaux et corps. Une mauvaise manipulation ou une absence de maintenance sont souvent la cause de ces fuites. Les vannes défaillantes et les raccords peuvent contribuer de manière significative aux pertes réelles en eau plutôt qu’à de faibles débits de fuites. Ces déficits passent souvent longtemps inaperçus sans l’application d’un programme régulier d’inspection. Des pertes en eau considérables peuvent également survenir des bouches d’incendie défectueuses et des bornes fontaines publiques. (c) Réservoirs de stockage défaillants et pompes Les pertes en eau issues des réservoirs de stockage sont causées aussi bien par des dommages structurels que par des erreurs opérationnelles telles que les erreurs ou l’inexistence de contrôles sur le réseau, lesquels sont également susceptibles d’entraîner des débordements. Les dommages structurels comprennent les fissures, les trous ou la délamination dans les parois des réservoirs ou les fuites liées à la qualité insuffisante du béton de même que les joints d’étanchéité et les points de passage des conduites non étanches à l’eau. Les pertes en eau issue des réservoirs sont souvent sous-estimées. De plus, bien que faciles à détecter, les réparations sont généralement complexes et onéreuses. Les pertes en eau issue des pompes sont habituellement causées par des joints d’étanchéité de l’arbre d’une pompe défectueuse. La quantité des fuites est négligeable dans la plupart des cas, mais l’inondation d’une salle de pompes et d’un équipement électrique représente une source de nuisance et devrait être évitée en effectuant une maintenance appropriée. 3.4.4 Impacts des pertes réelles L’objectif principal des systèmes d’approvisionnement en eau est d’assurer aux consommateurs un service adéquat (qualité et en quantité) en eau potable en tout temps avec une pression suffisante. [61] Dans de nombreux cas, les fuites représentent le plus grand obstacle à l’atteinte de ces objectifs. Les effets négatifs des fuites peuvent être subdivisés en impacts (a) économiques, (b) techniques, (c) sociaux et (d) environnementaux. (a) Impacts économiques Les pertes en eau enregistrées sur le réseau menant au consommateur engendrent des coûts d’exploitation, de traitement et de transport sans pour autant générer de recettes pour le Comprendre les pertes en eau 61 3 service public de l’eau. La quantité d’eau perdue doit de nouveau être fournie de manière à pouvoir satisfaire les besoins du client. Par conséquent, les capacités de production des installations techniques doivent être accrues. Les réparations de fuites détectées sont onéreuses en termes de coûts et de ressources humaines nécessaires. De plus, elles exigent une interruption du service à la clientèle. Enfin, les éclats de tuyaux, les fuites et débordements peuvent causer des dommages considérables aux infrastructures : les sols environnants sont crevassés et érodés, rendant les routes, le chemin de fer et les bâtiments défaillants. Les inondations mettent en péril les garages de sous-sols ou les salles de machines contenant des équipements onéreux. Il faudrait également s’attendre à des paiements de compensation financière au cas où la compagnie des eaux est tenue pour responsable pour quelque dommage subi. Le Tableau 3.4 illustre l’ampleur que pourraient prendre de tels impacts économiques pour le service public. Table 3.4 Impacts économiques des fuites (ville de Zurich, Suisse) [70] Ampleur des dommages Description Coûts potentiels Catastrophique accidents mortels ou problèmes de santé permanents > USD 10 millions Critique personnes blessées, infrastructures endommagées et interruptions de production, publicité négative > USD 5 millions Significative perturbations de l’approvisionnement auprès des populations et des clients, défaillances de l’approvisionnement local > USD 1 millions Mineure perturbations à court-terme de l’approvisionnement et sur les infrastructures, couverture médiatique possible > USD 0,3 millions Insignifiante perturbations temporaires de l’approvisionnement > USD 0,1 millions Imperceptible aucune perturbation directe, incidences locales limitées < USD 0,1 millions (b) Impacts techniques Les fuites de tuyauterie d’eau potable peuvent accroître les charges sur les systèmes municipaux de collecte d’eau usées et/ou eaux de pluie causées par l’infiltration, avec pour corollaire des tuyaux d’égouts surdimensionnés. Par conséquent les usines de traitement d’eaux usées peuvent recevoir de l’eau supplémentaire, ce qui génère des coûts additionnels de traitement. Des fuites de grande envergure peuvent diminuer la couverture des demandes en eau de telle manière que le système ne puisse plus opérer continuellement. Un approvisionnement par intermittence causera d’autres problèmes techniques par l’intrusion de l’air dans les tuyaux (risque de coups de bélier, endommagement des compteurs d’eau, erreurs de mesure, 62 Comprendre les pertes en eau etc.) et l’eau polluée (risques d’infection bactérienne répandant des maladies contagieuses). Des solutions alternatives d’approvisionnement onéreuses telles que des camions citernes devront être trouvées. À long terme, les clients pourraient être tentés d’installer des réservoirs sur les toits qui à leur tour entravent la restauration de l’approvisionnement continu en eau. Le rapport entre l’approvisionnement par intermittence et le niveau des fuites montre que les pertes en eau sont généralement plus élevées au sein de systèmes opérant de manière intermittente que dans des systèmes opérant de manière continue. Il est bon de souligner que l’approvisionnement intermittent ne devrait jamais être perçu comme une solution technique mais comme un obstacle à la lutte contre les pertes en eau. (c) Impacts sociaux Les défaillances en matière d’approvisionnement, en l’occurrence les baisses de pression et les interruptions du service représentent les effets les plus répandus sur les clients. Ces incidences mèneront à une insatisfaction et à des plaintes de la part du client et pourraient affecter négativement la disposition des clients à payer leurs factures. Un service défaillant lié à des tuyaux fréquemment (et visiblement) éclatés auront une incidence sur la réputation du service public et pourraient entraîner une mauvaise publicité. Les risques potentiels en termes de santé émanant des égouts ou d’autres agents polluants infiltrant les systèmes de tuyauterie caractérisés par une pression basse ou une fourniture par intermittence sont encore plus graves. L’eau contaminée pourrait déclencher des maladies liées à l’eau telles que le choléra, la fièvre typhoïde, l’hépatite A ou la diarrhée. (d) Impacts environnementaux Une gestion durable exige que l’ensemble des ressources en eau fassent l’objet d’une utilisation économique. L’eau non-polluée est rare dans de nombreuses régions, et même les régions disposant de quantités d’eau abondantes ne disposent pas de ressources infinies. Compenser les pertes en eau par l’augmentation des sources d’extraction de l’eau exerce une pression supplémentaire sur les masses d’eau superficielles et souterraines, chose que des réseaux d’eau efficients éviteraient. [62] De plus, le pompage et le traitement chimique de l’eau perdue en raison des fuites sont onéreux en termes énergétiques, entraînant ainsi des émissions superflues de dioxyde de carbone. Les fuites de grande envergure peuvent souvent représenter près de 25% dans la consommation énergétique des compagnies des eaux. Comprendre les pertes en eau 63 3 Des quantités substantielles supplémentaires d’énergie peuvent être nécessaires pour porter l’eau à ébullition de même que pour le transport de l’eau potable dans des bouteilles ou des citernes au cas où un service intermittent ferait baisser la qualité de l’eau. Les réseaux caractérisés par un approvisionnement intermittent sont onéreux en termes de coûts énergétiques parce qu’une perte de pression est observée chaque fois que le réseau est soumis à une vidange et a besoin d’être rempli de nouveau. Enfin, un surplus d’énergie est nécessaire au pompage sur une longue distance ou pour les technologies de traitement complexes telles que le dessalement ou le recyclage des eaux usées, au cas où les ressources en eau disponibles se montreraient insuffisantes. [65] 64 Comprendre les pertes en eau 3.5 Pertes apparentes 3.5.1 Classification Les pertes apparentes sont des pertes qui ne sont pas liées à des fuites physiques, mais plutôt à d’autres facteurs. Les pertes apparentes peuvent être regroupées dans les catégories suivantes en rapport à leur origine : àà àà àà imprécision des compteurs liée à des défaillances au niveau des compteurs de branchements clients traitement des données et erreurs de comptage et défaillance des clients dans le système de facturation consommation illicite liée au vol de l’eau et aux branchements illégaux. En résumé, les pertes apparentes comprennent toutes les quantités d’eau effectivement fournies au client sans pour autant avoir été mesurées ou enregistrées de façon exacte et causant ainsi une erreur dans la quantification de la consommation du client. Dans les réseaux d’approvisionnement en eau dépourvus d’un instrument conséquent et intégral de mesure et caractérisés par de nombreux branchements illégaux, les pertes apparentes peuvent représenter des quantités d’eau significatives. Les pertes apparentes créent donc des coûts de production sans générer des recettes pour l’entreprise de service public. Ainsi, les pertes apparentes doivent être prises en compte dans le prix de vente au détail de l’eau et représentent de ce fait les pertes les plus importantes qu’une compagnie des eaux puisse enregistrer. Réduire les pertes apparentes d’eau est un objectif qui peut être atteint dans bon nombre de cas à des coûts relativement bas. Pour l’entreprise, cette réduction représente généralement un bon point de départ rapidement rentabilisable. [77] 3.5.2 Causes des pertes apparentes Les pertes en eau apparentes sont liées à (a) l’imprécision des compteurs, (b) aux erreurs dans les traitements des données et (c) toutes les formes de consommation illicite. Les pertes apparentes ne doivent pas être sous-estimées parce qu’elles ne génèrent aucune recette pour des quantités d’eau ayant déjà été produites, traitées, transportées et fournies au client. Les causes des pertes apparentes peuvent être subdivisées comme suit : Comprendre les pertes en eau 65 3 (a) Imprécision des compteurs Les pertes dans le comptage sont généralement la forme la plus répandue des pertes apparentes. L’expérience montre qu’un petit pourcentage de l’eau n’est pas décompté ou ne l’est que de façon incorrecte, ce qui est lié à des erreurs de comptage ou à des pertes graduelles dans les compteurs d’eau. Ce qui affecte aussi bien les compteurs individuels que les compteurs de gros volume, la cause pouvant résider dans une sélection non-appropriée des compteurs, des compteurs surdimensionnés, une installation défectueuse et des compteurs nonétalonnés aussi bien que des compteurs aux performances baissant graduellement. (b) Erreurs de traitement de données Le personnel effectuant les relevés est susceptible de faire des erreurs de lecture. Les relevés de consommation d’eau peuvent s’égarer ou subir des changements liés à des erreurs systématiques au cours du traitement des données et des procédures de facturation. Une consommation non mesurée (besoins propres et fourniture gratuite pour la lutte contre les incendies, arrosage de pelouses, nettoyage de la voierie, etc.) est susceptible d’être sous-estimée tandis que la production non-mesurée pourrait être surestimée. Des tarifs forfaitaires peuvent causer une consommation domestique d’eau excessive et dépassant de loin le montant budgétisé. (c) Consommation illicite L’extraction illicite de l’eau représente une source considérable de pertes dans de nombreux pays et se présente sous des registres divers, par exemple sous la forme de branchements illégaux, de compteurs saccagés, manipulés ou l’usage détourné, l’extraction illicite de l’eau à partir des prises d’eau d’incendie de même que la corruption des agents effectuant les relevés ou autres membres du personnel de la compagnie des eaux. 66 Comprendre les pertes en eau 3.6 Gaspillage de l’eau Le gaspillage n’est pas considéré comme faisant partie des composantes de pertes en eau dans le bilan d’eau de l’association internationale de l’eau (IWA) parce que ce phénomène intervient après le compteur chez le client. Néanmoins le gaspillage peut représenter une part significative de la consommation mesurée ou non-mesurée : il peut se décliner sous des formes telles que le gaspillage délibéré, c’est le cas des actes de vandalisme ou robinet coulant, les pertes dans les ménages liées à une plomberie défectueuse ou des toilettes qui coulent. Ce dernier élément peut connaître une baisse significative en remplaçant les tarifs forfaitaires subventionnés par une politique effective de comptage dans les ménages, ce qui aura pour corollaire d’inciter les ménages à réparer la plomberie défectueuse. [22] De plus, le gaspillage peut avoir lieu au sein de la compagnie des eaux elle-même à travers un usage de l’eau excessif ou empreint de négligence à des fins opérationnelles telles que le nettoyage des canalisations ou le rinçage des filtres, ce qui augmentera ainsi le montant de la consommation autorisée non facturée. Le gaspillage de l’eau peut poser un sérieux problème économique aux compagnies des eaux qui doivent importer ou acheter de l’eau chez un fournisseur grossiste d’eau, et doivent ainsi payer la totalité des coûts pour chaque mètre cube d’eau (non-mesurée) gaspillée. Dans les régions où les ressources en eau sont rares ou qui sont caractérisées par des secteurs de service par intermittence, la réduction du gaspillage peut aider à améliorer la sécurité de l’approvisionnement. [68] Des programmes de sensibilisation visant aussi bien les employeurs de la compagnie des eaux que le grand public devraient leur apprendre à valoriser l’eau et à propager des techniques simples de conservation de l’eau qui n’engendrent pas de frais ou qui sont peu onéreuses (bien fermer les robinets, remplacer les raccords coulant et les joints de robinets défectueux, etc.) et sont susceptibles d’apporter d’excellents résultats. Comprendre les pertes en eau 67 3 3.7 Résumé et étapes à venir Ce chapitre vise à transmettre des connaissances de base sur les pertes en eau. Les contenus du Chapitre 3 de ce manuel technique devraient permettre au lecteur de : 55 mployer une terminologie et des définitions claires pour toutes les composantes E de la perte en eau et de l’eau non vendue. 55 Connaître les composantes du bilan d’eau standardisé d’IWA. 55 Identifier les facteurs clés influençant les pertes en eau. 55 Classifier les pertes réelles en eau selon leur localisation, étendue et durée. 55 omprendre l’hydraulique des fuites et l’impact de la pression sur le débit des C fuites. 55 onnaître toutes les causes potentielles pour les éclatements et les pannes de C tuyauterie. 55 omprendre les incidences économiques, techniques, sociales et environnemenC tales des pertes en eau. 55 Connaître les causes et les impacts des pertes apparentes. Ce savoir fournit la base pour le développement d’une stratégie de réduction des pertes en eau sur-mesure qui sera décrite au Chapitre 4. 68 Comprendre les pertes en eau 3 Comprendre les pertes en eau 69 Photo : © D. Heer, 2004 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 71 4 4.1 Objectifs A la fin du chapitre, le lecteur / la lectrice connaîtra les principales méthodes pour àà àà àà àà évaluer et quantifier la situation actuelle des pertes en eau déterminer et analyser les indicateurs de performance pertinents fixer des objectifs en matière de fuites concevoir un programme approprié de contrôle des pertes en eau. Le lecteur / la lectrice devrait être capable d’appliquer les méthodes décrites de façon autonome après avoir complété le matériel supplémentaire. Les définitions, terminologies et les indicateurs de performance mentionnés au Chapitre 4 reposent en grande partie sur le travail du groupe thématique sur les pertes en eau (Water Loss Task Force) de l’Association Internationale de l’Eau (IWA). On peut trouver de plus amples informations sur ce sujet dans Alegre et al. et Lambert et Hirner. [2] [48] 72 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 4.2 Le besoin pour une gestion des pertes en eau La réduction des pertes en eau devrait être le but de toute la compagnie des eaux puisqu’elle aboutit à l’efficacité économique et écologique et à un meilleur service à l’endroit des clients. [77] Avant de développer une stratégie de réduction des pertes en eau, les décideurs devraient avoir conscience du pourquoi il est important de fournir les ressources financières et humaines en vue de réduire les pertes en eau. Dans la perspective d’une compagnie des eaux, il y a au moins dix raisons qui pourraient justifier l’augmentation des dépenses pour la gestion des pertes en eau. àà fficacité des coûts d’exploitation : un système de distribution d’eau bien enE tretenu exigera moins de réparations, des coûts de production bas et des paiements de compensation pour la prévention. àà entabilité des investissements : un manque de maintenance et d’exploitation R augmente l’usure des conduites, des vannes et des compteurs. L’approvisionnement sera amélioré pendant toute la durée de fonctionnement des composantes du système et cela entraînera des coûts fixes pour la compagnie des eaux à long terme. àà mélioration du relevé des compteurs et de la facturation : moins de fuites et A une situation d’approvisionnement améliorée pourraient avoir des effets positifs sur les pertes réelles en eau car l’air qui se trouve dans le système de distribution peut causer des erreurs de relevé des compteurs. àà isques de santé réduits : les eaux usées et autres polluants peuvent infiltrer le R système des conduites à travers les fuites et déclencher des maladies dans les systèmes de basse pression ou en cas d’opération intermittente. àà écurité accrue de l’approvisionnement : un système bien entretenu avec S moins de fuites et de ruptures augmente la garantie de l’approvisionnement àà oins de dommages infrastructurels : les fuites pourraient créer des trous M d’excavation sous la terre pouvant provoquer des effondrements des routes et des immeubles. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 73 4 74 àà éduction des charges sur les égouts : l'infiltration de l'eau perdue au niveau R des égouts provoque une charge supplémentaire sur les conduites des égouts et les stations de traitement d'eaux usées àà atisfaction améliorée des clients : en plus de la mauvaise qualité de l’eau, une S quantité inadéquate et des risques de santé, les fuites diminuent également la pression au niveau des appareils des clients. La bonne qualité du service d’approvisionnement augmentera la satisfaction des clients et leur disposition à payer. àà ublicité et volonté à payer : moins de ruptures, une sécurité accrue de l’approP visionnement et des conditions d’hygiène amélioreront la perception du public par rapport à la compagnie des eaux. Cela peut jouer positivement sur la volonté des consommateurs à payer. àà tress écologique réduit : enfin, le développement d’une stratégie de réduction S des pertes en eau est utile d’un point de vue écologique. En cas de rareté ou de surexploitation des ressources en eau, les pertes en eau devraient être réduites pour diminuer le stress sur les ressources. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 4.3 Analyse de la situation actuelle 4.3.1 Diagnostic préliminaire du système Un certain niveau de fuites est inévitable même dans le meilleur système de distribution d’eau entretenu et exploité. Ainsi, une compagnie des eaux devrait vérifier deux caractéristiques de son système pour mettre en œuvre un programme de réduction des pertes en eau avec succès et de façon durable : la situation actuelle et le niveau économique envisagé des fuites. Par conséquent, les pertes actuelles d’eau doivent être comprises et évaluées en utilisant une approche diagnostic avant de développer une stratégie appropriée de réduction des pertes en eau. Il est judicieux d’améliorer le diagnostic progressivement à l’aide d’une liste de contrôle comme celle présentée au Tableau 4.1. Tableau 4.1 Diagnostic du système existant, basé sur [22] Questions Méthodes disponibles Chapitre Connaissons-nous notre système ? Cadastre du réseau basé sur un SIG et modélisation hydraulique 5.5, 5.6 Quelle est la quantité d’eau perdue ? Calcul du bilan d’eau 4.3.2 Où s’est produite la perte ? Mesures (permanentes ou temporaires) 4.3.2, 5.8 Comment déterminer les pertes ? Méthodes d’évaluation des pertes 4.3.4, 4.3.5 Pourquoi y a t-il eu perte ? Révision du réseau et des pratiques opérationnelles 6.3, 6.4, 6.5 4 4.3.2 Détermination du bilan d’eau Un bilan d’eau a pour but de contrôler et expliquer chaque composante de l’eau qui a été ajoutée ou soustraite d’un système d’approvisionnement d’eau sur un intervalle de temps donné. Un bilan d’eau travaille à identifier toutes les composantes de la consommation et les pertes dans un format standardisé. [77] Un bilan d’eau clairement défini constitue la première étape de l’évaluation de l’eau non vendue (ENV) et de la gestion des fuites dans les réseaux de distribution d’eau. La terminologie utilisée pour un bilan d’eau a été introduite au Chapitre 3.2. Les abréviations de la terminologie liée au bilan d’eau sont présentées au Tableau 4.2 à la page suivante. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 75 Tableau 4.2 Terminologie liée au bilan d’eau (abrégée) Consommation autorisée Q A Volume introduit dans le système QI Pertes en eau QP Consommation autorisée facturée Q AF Consommation autorisée non facturée Q ANF Pertes apparentes QPA Pertes réelles QPR Une mesure fiable de tous les volumes d’eau entrant dans et sortant du système d’approvisionnement constitue par conséquent un besoin fondamental. La validation des données joue également un rôle clé dans l’évaluation des volumes des pertes en eau. Il est recommandé d’élaborer une feuille de route ou un tableur pour améliorer les calculs du bilan d’eau. Des logiciels commerciaux sont également disponibles pour supporter la collecte des données nécessaires et améliorer les calculs. Il existe un bon nombre de techniques pour calculer un bilan d’eau et celles-ci devraient être combinées en vue d’obtenir des résultats fiables. [20] Les plus importantes techniques sont (a) le bilan d’eau annuel descendant et (b) l’évaluation ascendante des pertes réelles. Au moment d’effectuer le calcul du bilan d’eau, il est extrêmement important de garder à l’esprit que la précision des volumes des pertes en eau dépend de l’exactitude et de la qualité des données utilisées lors du calcul. Par conséquent la mesure fiable de tous les volumes d’eau entrant (dans le) et sortant du système d’approvisionnement constitue un besoin fondamental. (a) Le bilan d’eau annuel descendant L’IWA a développé le bilan annuel descendant comme étant une méthode éprouvée. Les méthodes du bilan descendant demandent que les débitmètres principaux et les compteurs des clients soient installés et relevés sur une période d’au moins un an. Cette méthode a pour but de déterminer les pertes réelles annuelles générales en m³/an. La procédure standard selon l’Association Allemande du Gaz et de l'Eau (DVGW) peut être appliquée comme suit : [13] Etape 1 Le volume introduit dans le système QI, devrait être vérifié dans l’utilisation de toutes les mesures annuelles relatives à tous les débitmètres principaux. L’exac4.1 Matériel supplémentaire titude des débitmètres principaux installés devraient être déterminée via des essais effectués sur le terrain, par exemple à travers des essais volumétriques ou Annualisation des données de comptages d’eau des débitmètres à insertion portables ou à pince. Une estimation appropriée 76 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau des quantités doit être faite si les volumes introduits dans le système ne sont pas mesurés. De nombreux relevés peuvent améliorer l’évaluation. Le volume total peut alors être estimé en considérant les courbes de fluctuation annuelles. Les débitmètres principaux pour les exportations d’eau doivent être identifiés et contrôlés (ce sont les volumes introduits dans d’autres systèmes) en vue de calculer la quantité de l’eau fournie au système. Etape 2 Tous les clients enregistrés sur les fichiers de facturation (ménages, clients com4.2 Matériel merciaux et industriels, etc.) doivent être identifiés afin de déterminer la supplémentaire consommation autorisée facturée QAF. La consommation annuelle peut être Détermination de la déterminée par les moyens de relevés des compteurs à la date de référence et en consommation non annualisant la consommation mesurée de façon appropriée. mesurée Une estimation propre doit être faite pour les clients facturés sans compteurs d’eau. Il n’est pas recommandé de simplement attribuer des chiffres relatifs à la consommation mesurée des utilisateurs, parce que les tarifs mesurés créent habituellement des attitudes de consommation différentes de celles engendrées par les tarifs forfaitaires. Donc, la consommation domestique moyenne non mesurée devrait être déterminée en utilisant des monitoring individuels des ménages (MIMs) sur un échantillon d’utilisateurs choisis au hasard. Une méthode alternative consiste à utiliser les monitoring de zones (MZ) si la zone d’investigation n’est pas sujette à des volumes élevés de fuites non détectées. [89] Etape 3 La consommation autorisée non facturée QANF doit être déterminée à l’aide d’une estimation appropriée. D’abord, tous les consommateurs doivent être identifiés. À savoir les ménages, les immeubles municipaux, les parcs et les services de lutte contre les incendies, les camions-citernes et les quartiers pauvres. Une estimation de la consommation annuelle doit être faite pour chaque groupe de consommateurs. Une méthode peut consister à l’utilisation de chiffres relatifs à des clients comparables ou de littérature. Dans certains cas, il est judicieux de prendre des exemples sur le terrain où les levés sont effectués (enquêtes sur le terrain). Enfin, le volume utilisé par l’compagnie des eaux pour des raisons opérationnelles (nettoyage des conduites, chasse d’eau, etc.) doit être identifié. Une estimation professionnelle devrait être faite si les valeurs ne sont pas mesurées. Etape 4 La consommation autorisée QA peut être maintenant calculée en additionnant QAF et QANF. Les pertes en eau totales QP peuvent alors être déduites de la différence entre QI et QA. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 77 4 Etape 5 Estimer les pertes apparentes QPA est plutôt difficile et soumis à un degré élevé d’incertitudes. Les pertes apparentes devraient être décomposées afin d’arriver à une estimation adéquate. Primo, il faut estimer le nombre de branchements illégaux. Ceci peut se faire soit en consultant les fichiers précédents ou en conduisant une enquête porte-à-porte dans une zone choisie comme échantillon. En l’absence de données spécifiques, Thornton recommande d’utiliser 0,25% du volume introduit dans le système comme approche initiale. [77] Secundo, il faut estimer les pertes dues au transfert et aux erreurs de manipulation des données ainsi que des sous-comptages compteurs. Le nombre des compteurs d’eau rompus devraient être enregistré pendant le relevé des compteurs. Les volumes peuvent être évalués en utilisant des estimations par habitant. En Allemagne, les pertes apparentes sont estimées dans une fourchette allant de 1,5 à 2,0% du volume introduit dans le système. [13] Pour les pays en développement, l’IWA recommande d’utiliser 5% de la consommation facturée mesurée comme estimation initiale jusqu’à ce que une évaluation plus détaillée soit disponible. Selon Lambert (2010), les pertes apparentes excèderont généralement 5% dans des systèmes où les clients ont des tanks privés d’eau. Il est également conseillé à chaque compagnie des eaux d’évaluer et quantifier les composantes des pertes réelles de son propre système, plutôt que d’utiliser un pourcentage du volume introduit dans le système, qui est basé sur des chiffres d’autres compagnies des eaux. [44] Etape 6 Enfin, les pertes réelles en eau QPR peuvent être déduites de la différence entre les pertes apparentes QPA et les pertes en eau totales QP Un inconvénient du bilan d’eau descendant est que la procédure est sujette à des erreurs et incertitudes. Plus le nombre des débitmètres principaux et des compteurs clients permanemment installés et régulièrement contrôlés est bas, plus le niveau de Matériel précision le sera également. Les résultats s’améliorent avec le nombre d’années supplémentaire 4.3 d’expériences et l’augmentation de la qualité et de la quantité des données Calcul du bilan d'eau introduites. [77] Beaucoup de calculs utilisant l’approche descendante ont montré que des intervalles de confiance de moins de ± 15% des pertes réelles calculées sont difficiles à atteindre, même dans les systèmes bien gérés ayant de bas taux de fuites et utilisant des mesures fiables. [46] Une analyse ascendante basée sur les relevés des débits nocturnes est recommandée en accompagnement du bilan d’eau annuel en vue de développer une stratégie appropriée de réduction des pertes en eau. [20] Chaque compagnie des eaux devrait améliorer son bilan d’eau descendant sur une base annuelle. Néanmoins, il faut considérer que le bilan d’eau annuel est une approche rétrospective qui ne peut pas fournir un système d’alerte précoce 78 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau pour identifier les nouvelles fuites et ruptures. C’est donc une bonne pratique reconnue que de combiner les calculs du bilan d’eau avec les mesures du débit nocturne sur une base continue ou si nécessaire en vue d’initier un contrôle actif des fuites et de limiter la durée de nouvelles fuites et ruptures. [46] (b) L’évaluation ascendante des pertes réelles L’évaluation ascendante est un outil utile pour une vérification croisée des volumes réels perdus obtenus à partir du bilan d’eau descendant de l’analyse des composantes. Cela implique de tester les données recueillies des zones sensibles du réseau de distribution d’eau sur un terrain indépendant. Ceci est habituellement basé sur une analyse du débit nocturne minimum (DNM) (cf. Chapitre 4.3.4) et prend en compte les variations diurnes de la pression du système. Afin d'obtenir des résultats pertinents, les mesures de DNM devraient être exécutées durant les saisons et les jours de la semaine où les utilisations nocturnes exceptionnelles (p. ex. arrosage des jardins) sont minimales. Une analyse du débit nocturne minimum de tout le système de distribution permet de déterminer de façon indépendante le volume des pertes réelles qui peut être utilisé pour contrôler les résultats du calcul du bilan d’eau. Idéalement, les deux volumes devraient être équilibrés, mais l’expérience a montré qu’ils ne correspondent pas exactement en raison des erreurs cumulatives respectives. Un autre avantage de l’évaluation ascendante est que les zones où les pertes réelles sont élevées, peuvent être identifiées et priorisées dans la stratégie de réduction des pertes en eau. Un autre sous-produit positif de la collecte des données du terrain où les essais ont lieu pendant l’évaluation ascendante est qu’on obtient l’information requise du système pour déterminer les fuites diffuses et la relation pression / fuite. [20] 4.3.3 Crédibilité des calculs du bilan d’eau Comme discuté au chapitre précédent, les résultats du calcul du bilan d’eau seront aussi bons que les données utilisées pour le générer. En général, un bilan d’eau n’est pas seulement basé sur des mesures, mais aussi des estimations de la production, la consommation et les pertes en eau. Par conséquent, les volumes résultant de l’eau non vendue, des pertes réelles et apparentes seront toujours sujets à un degré d’erreurs plus ou moins élevé. Les erreurs d’appréciation dans les volumes des pertes réelles et apparentes vont influencer l’analyse économique des options et va conduire à une stratégie inappropriée de réduction des pertes en eau. Donc, il est important que toutes les données recueillies et toutes les estimations nécessaires soient aussi proches des conditions réelles autant que possible afin d’atteindre des résultats valides et utiles. La fiabilité de la source des données et l’exactitude des données devraient donc être toujours évaluées de façon critique. [2] Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 79 4 Taux et paramètres d’exactitude La fiabilité décrit la mesure à laquelle une source de données produit des résultats cohérents, stables et uniformes chaque fois que les mesures sont répétées dans les mêmes conditions. L’exactitude est relative aux erreurs de mesures dans les données introduites et la fidélité des observations, des calculs ou estimations par rapport aux valeurs réelles. Dans la pratique, aucune information détaillée ne sera disponible sur l’exactitude et la fiabilité des données, mais les compagnies des eaux seront en mesure de fournir des conclusions acceptables sur les valeurs d’exactitude de certaines données introduites. [2] Tableau 4.3 Exemple de relations entre l’origine des données et leur exactitude Origine Description Taux d’exactitude Volumes mesurés Introduit dans le système, consommation mesurée, exportation mesurée ± 0,1 to 2,0% Volumes estimés Consommation non mesurée, pertes apparentes ± 5 to 50% Volumes dérivés Eau non vendue, pertes réelles Dépendent de l’exactitude des mesures et des données introduites estimées Intervalles de confiance à 95% L’utilisation d’intervalles de confiance à 95% a été établie comme une procédure pour estimer le degré d’originalité des incertitudes des composantes simples du bilan d’eau. Ces intervalles de confiance à 95% proviennent à l’origine de l’incertitude liée au calcul et sont basées sur des distributions normales, qui partagent toutes les mêmes propriétés : 95% des observations se situent dans la fourchette de ± 1,96 d’écart-type (σ) autour de la valeur moyenne. [77] Dans la pratique, l’usage d’intervalles de confiance à 95% signifie que les calculs basés sur des données approximatives ont des intervalles de confiance plus grands que les calculs faits avec des données plus fiables. [46] Pour chaque composante mesurée ou estimée du bilan d’eau, les taux d’exactitudes (± ...%) sont à définir avec une probabilité d’occurrence de 95% des valeurs réelles. Plus les données sont précises, plus les limites extrêmes (- et +) des taux d’exactitudes seront bas. 4.4 Matériel En outre, la variance (variance V = σ²) peut être déterminée pour chaque supplémentaire composante du bilan d’eau sur la base des intervalles de confiance à 95%. Les Utilisation des intervalles composantes ayant une grande variance auront le plus grand impact sur l’exacde confiance à 95% titude des volumes dérivés. Les volumes dérivés du bilan d’eau auront donc un niveau accumulé d’incertitudes basés sur les variances dans les données introduites respectives. 80 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau L’utilisation des intervalles de confiance à 95% aide à identifier les composantes ayant une variance et par conséquent les plus grands impacts sur la précision des résultats finaux du bilan d’eau. Une fois identifiée, les mesures devraient être prises pour améliorer la précision des composantes ayant les impacts les plus importants, par exemple en installant des dispositifs additionnels de mesure. Tableau 4.4 Exemple de détermination des taux d’exactitude [52] Origine des données* Volume [m³] Taux de précision Standard deviation σ Variance V = σ² Volume introduit dans le système QI (M) 1 996 139 ± 1,0 10 184 103 721 650 Eau vendue QRW (M) 1 801 146 ± 0,2 1 838 3 377 891 Eau non vendue QNRW (D) 94 993 ± 10,4 10 349 107 099 541 Consommation autorisée non facturée QUA (E) 30 000 ± 20,0 3 061 9 371 095 Pertes en eau QWL (D) 164 993 ± 12,8 10 792 116 470 637 Pertes apparentes Q AL (E) 32 999 ± 50,0 8 418 70 862 896 Pertes réelles QRL (D) 131 994 ± 20,3 13 687 187 333 533 * (M) = mesuré, (D) = dérivé, (E) = volumes estimés. Comme le Tableau 4.4 le démontre, l’inexactitude dans les volumes dérivés conduit à des valeurs significatives qui pourraient affecter les stratégies de gestion des fuites, même dans des systèmes où les volumes introduits et ceux liés à consommation sont mesurés. 4.3.4 Evaluer et quantifier les pertes réelles Ce chapitre traitera de la question du comment déterminer les pertes réelles. Cette étape doit être observée avant de situer les questions relatives à l’endroit où et à la quantité d’eau perdue. Les composantes du système doivent être établies en utilisant les cartes du système, les modèles hydrauliques ou le cadastre du réseau avant que ce processus ne commence. En général, les fuites qui conduisent aux pertes réelles peuvent se produire dans (a) les réservoirs de stockage ; (b) les réseaux / conduites d’adduction et (c) le réseau de distribution (cf. Chapitre 3.4). La majorité des fuites se produisent dans le système de distribution. Par conséquent, les pertes au niveau des réservoirs et des réseaux d’adduction sont généralement d’une importance mineure. Néanmoins, la recherche des pertes réelles peut commencer par ces points puisque leur mesure peut se faire sans beaucoup d’effort. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 81 4 (a) Evaluer les pertes en eau des réservoirs de stockage Les fissures dans la construction, les pénétrations des conduites non étanches et les conduites fuyantes dans les chambres des vannes sont des causes typiques des fuites qui se produisent au niveau des réservoirs. Le test volumétrique est une méthode commune d’identification des pertes qui se produisent au niveau des réservoirs de stockage. Il est nécessaire d’interrompre l’alimentation à partir du réservoir pour améliorer le test, ainsi, ce test est le meilleur qui est fait pendant les heures de la nuit. Si possible, les zones déconnectées devraient être approvisionnées par une seconde chambre de réservoir ou 4.5 Matériel supplémentaire en réorganisant les vannes de la limite de zone. Le réservoir devrait être d’abord rempli jusqu’à son niveau maximum avant de fermer les vannes d’entrée et de Calcul du test sortie. Les fluctuations par rapport au niveau de l’eau sont observées sur une volumétrique période de 4 à 12 heures. La durée exacte dépend des critères locaux d’approvisionnement. En général, une longue période de tests fournit les résultats les plus fiables. Le taux des fuites qui se produisent au niveau du réservoir peut être obtenu en divisant le volume de l’eau perdue par la durée du test. (b) Evaluer les pertes qui se produisent au niveau des conduites d’adduction Les conduites d’adduction n’ont généralement que peu de branchements, ce qui fait qu’il est relativement facile de déterminer les pertes en eau potentielles. Si les débitmètres principaux ne sont pas installés au niveau des conduites d’adduction, les mesures de débit peuvent être améliorées en utilisant des débitmètres portables. Le débit devrait être mesuré simultanément à la fin d’une section de conduite en amont et en aval. Pour avoir des résultats raisonnables, il faut des conditions stables de débit, des conduites totalement remplies et que tous les branchements latéraux au réseau secondaire puissent être fermés. Le résultat des ces mesures permettra d’avoir une bonne idée des pertes globales au long des conduites d’adduction. Des mesures plus détaillées devraient être prises si les pertes réelles sont élevées et doivent être davantage limitées, exemple en analysant graduellement des sections plus courtes des conduites. A long terme, il est utile d’installer des débitmètres principaux permanents au niveau des conduites d’adduction. Toutes les sources et tous les points de service devraient être équipés de débitmètres en vue de suivre la production et la distribution d’eau de manière continue et contrôler les pertes au niveau des tuyaux de transport. (c) Evaluer les pertes dans le réseau de distribution Il est plus difficile de mesurer les pertes dans le réseau de distribution puisqu’il comporte une structure plus complexe. Les mesures peuvent être mieux améliorées si on peut changer temporairement les régimes d’approvisionnement et si la zone d’approvisionnement peut être 82 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau subdivisée en secteurs séparés avec des limites désignées. Dans ce cas, les débitmètres portables peuvent être installés aux points d’entrée (et de sortie) des secteurs séparés. Le choix de la méthode de mesure pour localiser les emplacements des fuites devrait être basé sur le type d’approvisionnement et sur les caractéristiques conceptuelles du système d’approvisionnement et de distribution, exemple si l’approvisionnement est continu ou non permanent. [22] Les méthodes suivantes peuvent être utilisées pour mesurer les fuites : Analyse du débit nocturne minimum (dans des systèmes opérant de façon continue) La méthode du débit nocturne minimum (DNM) convient aux systèmes qui sont exploités de façon continue. Cette méthode est basée sur l’hypothèse que la consommation autorisée chute à un niveau minimum durant les heures de la nuit (généralement entre 2h et 4h du matin). Par conséquent, les pertes réelles représentent le pourcentage maximum de débit. La quantité d’eau introduite dans un secteur séparé durant cet intervalle de temps est continuellement mesurée et la part de la consommation légitime et des pertes est analysée selon l’Équation 4.1. Équation 4.1 Qin = Qdom + Qgros + Qtrans + Qpertes Où : Qin Qdom Qgros Qtrans Qpertes [m3/h] [m3/h] [m3/h] [m3/h] [m3/h] Volume introduit dans le système Consommation domestique nocturne Consommation nocturne non domestique Transfert d’eau dans les zones avoisinantes Pertes en eau 4 La consommation légitime est composée de la consommation domestique nocturne Qdom (principalement les chasses d’eau des toilettes) et de la consommation non domestique nocturne Qgros (utilisateurs administratifs, industriels, commerciaux ou agricoles) qui peut représenter un pourcentage élevé du débit nocturne minimum. Même si une étude pilote permet d’estimer ou de vérifier la consommation nocturne domestique, il 4.6 Matériel supplémentaire est important d’identifier les gros consommateurs et déterminer leurs consommations nocturnes. Les exportations d’eau et les transferts vers les zones avoisinantes Analyse du débit nocturne minimum (DNM) Qtrans doivent également être mesurés ou doivent cesser pendant l’évaluation du débit nocturne minimum (DNM). En vue de déterminer les pertes en eau journalières de la zone évaluée, le ratio des pressions nocturne et diurne de la zone doivent être prises en compte pour calculer le facteur diurne / nocturne (FDN). Les profils Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 83 4.3 4.2 de la pression au niveau du point moyen de la zone (PMZ) doivent être mesurés et l’exponentiel des fuites α (cf. Chapitre 3.4.2) doit être vérifié en vue de calculer le FDN. Le volume des pertes en eau journalières Qpertes,j peut alors être déterminé selon les Équation 4.2 et 4.3. Qpertes,j = FDN x Qpertes 24 FDN = ∑ ( Équation i=0 Où : Qpertes,j FDN Qpertes Pi PDNM α [m³/j] [h/j] [m3/h] [m] [m] [ - ] Pi α ) PDNM Volume des pertes réelles journalières Facteur diurne / nocturne Moyenne du débit nocturne minimum Moyenne de la pression au PMZ pendant 24 heures Moyenne de la pression au PMZ dans les conditions de DNM Exponentiel des fuites Les valeurs typiques de FDN se situent dans la fourchette de 20 ou moins dans des systèmes d’eau par gravité à plus de 30 heures par jour dans les secteurs de gestion de la pression opérant par des systèmes de débit modulé. La mesure ne peut être prise ou pour le système global ou pour les zones discrètes séparées en fermant les vannes de sectorisation. Des zones plus petites produisent des résultats plus précis parce que la taille de la zone et le nombre d’habitants connectés ont un effet sur la simultanéité des captages de l’eau. Le débit peut être mesuré soit à un ou plusieurs points à l’intérieur de la zone. Prendre des mesures à plusieurs points permettra de déterminer les pertes réelles avec plus de précisions. L’afflux du système dans de petites zones directement approvisionnées par un réservoir ou plus peut être facilement déterminé en utilisant le test volumétrique décrit ci-dessus. La seule différence réside dans le fait que la vanne de sortie est ouverte. Autrement, les débits devraient être mesurés en utilisant des débitmètres portables et les données recueillies devraient être répertoriées et stockées sous un format électronique pour un traitement complémentaire. La méthode d’arrêt du robinet (dans des systèmes opérant de façon intermittente) Les systèmes opérant de façon intermittente doivent être traités avec une attention particulière puisqu’ ils opèrent à basses pressions et à intervalles réduits. Puisque les clients concernés par les systèmes opérant de façon intermittente utilisent communément des 84 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau réservoirs de stockage privés, le remplissage des réservoirs affecte les caractéris4.7 Matériel tiques du débit nocturne. Des méthodes conventionnelles telles que l’analyse supplémentaire du débit nocturne minimum, ne peuvent de ce fait pas être utilisées pour Détermination des pertes évaluer les fuites. réelles dans des systèmes opérant de façon intermitLa méthode d’arrêt du robinet offre une alternative à cela. Cette méthode tente doit être appliquée dans de petites zones isolées qui peuvent être créées en fermant les vannes de sectorisation. Comme prochaine étape, tous les branchements des clients doivent être fermés en vue de prévenir le remplissage des réservoirs privés. Le système est alors mis en pression et les pertes peuvent être mesurées telles que décrit plus haut. Cette approche permettra d’avoir une idée de là où se situent les pertes mais un vrai bilan d’eau ne peut pas encore être effectué puisque le mode opératoire n’est pas en phase avec les conditions normales (cf. Chapitre 3.4.2). Un désavantage de cette méthode réside dans le fait que des volumes d’eau considérables seront perdus au niveau des points de fuites et toutes les fuites ne peuvent pas être identifiées pendant la courte durée du test. En outre, les clients ne seront pas approvisionnés pendant plusieurs heures. La méthode des camions-citernes (dans des systèmes opérant de façon intermittente) Cette méthode repose sur une source externe utilisée dans les zones d’approvisionnement pendant la période de test. Elle a été développée pour contourner la difficulté d’approvisionnement des petites zones isolées. L’exploitation normale n’est pas perturbée et la quantité d’eau perdue peut être limitée. L’eau est introduite dans le système d’un camion-citerne ordinaire. [22] La pression testée désirée est maintenue en utilisant une pompe montée. Là encore, les clients ne peuvent pas être approvisionnés en eau durant la période de test. Mesure continue La meilleure méthode pour déterminer les pertes réelles dans le réseau de distribution est l’organisation constante en zones sectorisées opérant avec des débitmètres installés en permanence à tous les points d’entrée et des compteurs clients dans les ménages. La compagnie des eaux aura une bonne vue d’ensemble de l’état de son système d’appro-visionnement d’eau et peut détecter les conduites rompues le plus souvent instantanément en faisant un suivi continu du volume introduit dans le système et le relevé régulier des compteurs des clients. Les méthodes ainsi décrites sont indiquées pour évaluer et quantifier les pertes en eau dans les zones ou les réseaux. Cette étape permettra à la compagnie des eaux d’avoir une image générale de la situation présente et de prioriser les contremesures pour les zones où les pertes sont le plus drastiques. Une fois que nous savons que les pertes en eau existent dans une zone, nous devons toujours détecter les fuites. Les méthodes et instruments de détection des fuites sont décrits au Chapitre 6.6. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 85 4 4.3.5 Evaluation et quantification des pertes apparentes Comme le Chapitre 3.5.2 l’a souligné, les pertes apparentes sont des pertes non physiques causées par (a) les imprécisions des compteurs d’eau, (b) les erreurs de manipulation des données (c) et éléments relatifs à toute forme de consommation non autorisée (vol d’eau et usage illégal). Quantifier les pertes apparentes dans un réseau de distribution d’eau est une tâche difficile, basée la plupart du temps sur des hypothèses et estimations. Ces hypothèses devraient être élaborées séparément pour chacune des trois principales sources de pertes apparentes comme décrit ci-dessous. [77] Malgré cela les volumes présumés des pertes apparentes seront toujours sujettes à des erreurs et donc approximatives à un certain degré. Cette étape est nécessaire pour déterminer le bilan d’eau. [48] (a) Evaluation des imprécisions des compteurs Les pertes apparentes dues aux imprécisions des compteurs peuvent être estimées en sélectionnant un échantillon représentatif de compteurs domestiques en prenant en compte les différents types de compteurs, les marques, les tailles et groupes d’âge, et leur contrôle sur un banc d’essai. Les débitmètres principaux peuvent aussi être testés sur place et pendant leur fonctionnement à l’aide de débitmètres portables calibrés. La moyenne des imprécisions des compteurs (pourcentage des sur-enregistrements ou sous-enregistrements) pour chaque groupe de compteurs peut alors être appliquée à tout le parc compteurs. [77] (b) Evaluation des erreurs de manipulation des données Les erreurs causées par les fautes de manipulation des données peuvent être détectées et quantifiées à l’aide d’un logiciel standard de base de données. Les erreurs de relevés de compteurs peuvent être réduites à travers la formation continue des agents chargés de relever les compteurs et en introduisant des habitudes de travail standardisées. (c) Evaluation de la consommation non autorisée La compagnie des eaux a besoin d’estimer le nombre de branchements illégaux en vue de quantifier l’usage non autorisé de l’eau, par exemple en menant une enquête de ménage dans une zone pilote. Le nombre estimé de branchements illégaux doit alors être multiplié par la taille typique du ménage et par consommation d’eau par habitant. Les branchements illégaux qui sont découverts accidentellement par les agents de la compagnie des eaux, doivent alors être toujours enregistrés. Le nombre de compteurs non fonctionnels, avec dispositif by-pass ou manipulés devraient aussi être pris en compte sur la base des informations fournies par les releveurs ou tout autre personnel de l’entreprise. [22] 86 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 4.3.6 Calculer et analyser les indicateurs de performance pertinents L’établissement d’un bilan d’eau standardisé permet à la compagnie des eaux d’avoir des chiffres fiables sur la quantité des pertes réelles et apparentes dans son système d’approvisionnement en eau. Différents indicateurs de performance devraient alors être calculés et analysés pour déterminer si ces pertes sont comparativement élevées ou basses. [45] Toutefois, les indicateurs de performance (IP) ne sont pas seulement des outils pour le benchmarking national ou international entre les compagnies des eaux et ne devraient donc jamais être des objectifs en soi. Les indicateurs de performance aident aussi à extraire l’information nécessaire d’une grande quantité de données et servent dans les processus de prise de décision. Comme première étape, il est important de définir des objectifs précis et clairs ainsi que les stratégies les plus convenables pour les accomplir. Des indicateurs de performance appropriés devraient ensuite être sélectionnés et les données introduites nécessaires collectées. Figure 4.1 Utilisation des indicateurs de performance dans le processus de prise de décision : approche générale (gauche) et exemple (droite). Basé sur [2] Objectifs Quels résultats doit-on atteindre dans le futur ? Stratégies Comment peut-on atteindre ces résultats ? Facteurs clés de réussite Dépendant des contraintes et du contexte IPs Les objectifs ont-ils été atteints ? Que s'est-il passé avec les facteurs clés de réussite ? Objectifs Alimentation continue en eau. Réduction de l'ENV au niveau requis 4 Stratégies 1. Nouveau programme de mesure 2. Gestion de la pression Facteurs clés de réussite 1.aRemplacement des compteurs défectueux 1.bAméliorer le système de comptage 2. Conception et implementation de nouveaux SGPs IPs Suivre les pertes en eau par branchement et par jour. Suivre les variations de pression moyenne et les conditions d'alimentation en eau. Les sections suivantes offrent une introduction succincte sur les principaux indicateurs de performance en matière de pertes en eau. Il est vivement recommandé de lire le manuel de bonnes pratiques de l’IWA sur les indicateurs de performance pour les services Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 87 d’approvi-sionnement en eau [2] couvrant tout le spectre de l’approvisionnement en eau. Ces indicateurs sont typiquement ventilés en indicateurs de performance (a) financiers et (b) techniques. (a) Financial Performance Indicators Une fois que le volume introduit dans le système est connu, et les différentes parts d’eau vendue et non vendue sont déterminées, un indicateur de performance financier simple devrait être calculé pour chaque composante des trois principaux constituants de l’eau non vendue : Équation 4.4 PA = ( QANF + QPA) x CPV + QPR x CP Où : PA QANF QPA QPR CPV CP [USD] [m³] [m³] [m³] [USD/m³] [USD/m³] Pertes annuelles Volume de la consommation autorisée non facturée Pertes apparentes Pertes réelles Prix de vente Coût de production La consommation non autorisée et les pertes apparentes devraient être taxées à la moyenne des prix de vente de l’eau comme représentant les volumes d’eau fournie aux consommateurs. Les pertes réelles peuvent généralement être taxées à la moyenne des coûts de production ou avec le prix d’achat (si l’eau est importée d’une autre ecompagnie des eaux) ou même aux coûts d’exploitation de sources alternatives (exemple dessalement) en période de pénuries d’eau. Le ratio entre les composantes des pertes annuelles PA et le coût annuel de fonctionnement du réseau d’approvisionnement d’eau donne une bonne vue d’ensemble de l’étendue des pertes en eau. [48] (b) Indicateurs de performance technique C’est un fait largement accepté qu’un pourcentage du taux d’eau perdue (taux de pertes en eau [%] = pertes réelles en eau annuelles QPR / le volume introduit dans le système QI) n’est pas un indicateur de performance convenable parce qu’il ne considère pas la longueur du réseau de distribution d’eau, le nombre de branchements et la pression du système. Il est donc recommandé d’indiquer les pertes en eau spécifiques proportionnellement à la longueur du réseau [13], tel que montré dans l’Équation 4.5. 88 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 4.5 QPS = QPR LR x 365 4.6 QPBJ = QPR NB x 365 Équation Où : QPS QPR LR QPBJ NB [m³/km/j] Pertes en eau spécifiques [m³/an] Pertes en eau annuelles [km] Longueur du réseau (sans les conduites des branchements) [m³/branchement/j] Pertes en eau par branchement et par jour [-] Nombre de branchements Une expérience internationale montre que la plus grande proportion des pertes en eau se produit au niveau des branchements beaucoup plus qu’au niveau des conduites, excepté dans les zones avec une faible densité de branchements. Ainsi, les pertes en eau peuvent être calculées proportionnellement au nombre de branchements tel que montré dans l’Équation 4.6. Les deux indicateurs de performance sont seulement comparables entre des systèmes d’approvisionnement d’eau de taille et de structure similaires. Il est donc recommandé d’exprimer les pertes en eau par rapport à chaque km des conduites de distribution et d’adduction (cf. Équation 4.5) pour des réseaux ruraux avec moins de 20 branchements / km. L’Équation 4.6 devrait être utilisée pour des zones densément peuplées avec plus de 20 branchements / km. [53] Lambert et al. ont introduit une méthodologie vérifiable basée sur les composantes pour calculer les indicateurs de performance techniques standardisés pour évaluer et comparer les pertes réelles en eau, et qui permet de comparer des systèmes de taille et structure différentes. [45] Cet IP prend en considération les cinq facteurs clés locaux ayant un impact majeur sur les pertes réelles en eau : la longueur des réseaux, la moyenne de la pression de service, le nombre des branchements, l’emplacement des compteurs des clients et la continuité de l’approvisionnement. Cette méthode sera décrite dans les prochaines sections. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 89 4 Équation 4.7 Pertes réelles annuelles actuelles (PRAA) Le groupe spécialiste pour les pertes en eau de l’IWA a développé l’équation relative aux pertes réelles annuelles actuelles (PRAA), qui a été adoptée par plusieurs associations techniques nationales et des compagnies des eaux à travers le monde au cours des dix années passées. Le PRAA est aussi valable pour les réseaux de distribution dans des systèmes opérant de manière intermittente, car il prend en compte le nombre de jours où le système est sous pression. Le PRAA est défini comme : QPR x 10 3 PRAA= Njrsp Où : PRAA QPR Njrsp [l/j r.s.p.] [m³/an] [ - ] Pertes réelles annuelles actuelles Pertes réelles annuelles Nombre de jours où le système est sous pression (r.s.p.) Pertes réelles annuelles inévitables (PRAI) Les pertes réelles en eau existent dans tout grand réseau de distribution d’eau et ne peuvent jamais être complètement éliminées. Il y aura toujours un certain minimum de quantité de pertes réelles même dans les sections nouvellement mises en service d’un réseau. [77] Cette quantité est considérée comme les pertes réelles annuelles inévitables qui représentent le volume des pertes réelles qui pourrait être atteint à la pression d’exploitation actuelle s’il n’y avait pas de limitations financières et économiques. Le ratio entre la PRAA et le PRAI représente donc le potentiel de réduction des pertes réelles en eau supplémentaires. Le PRAI repose sur des facteurs liés à la longueur des conduites, au nombre des branchements et l’emplacement des compteurs des clients, et est valable pour la pression moyenne d’exploitation. Le taux des fuites diffuses, reportées et non reportées à la pression moyenne est calculé pour chaque composante (les conduites, branchements et conduites du service). Cette équation fut développée en 1999 par Allan Lambert sur la base des ensembles de données internationales et a été validée en comparant ses résultats et ceux du test effectué sur un grand nombre de systèmes d’approvisionnement en eau bien gérés dans divers pays. [45] L’équation résumée pour le PRAI (en litres par jour) est définie comme suit : 90 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau Équation 4.8 PRAI = (18 x LR + 0.8 NB + 25 x LP) x PM Où : PRAI [l/jour r.s.p.] LR [km] NB [ - ] LP [km] PM [m] Pertes réelles annuelles inévitables Longueur du réseau (sans les conduites des branchements) Nombre des branchements Longueur des branchements privés au-delà de la limite de propriété Pression moyenne d‘exploitation Tandis que la plupart des compagnies des eaux connaissent la longueur des réseaux et le nombre des branchements dans leurs systèmes, il sera plus difficile d’obtenir la longueur des branchements du service posés dans des propriétés privées : LP peut être supposé à zéro si le compteur du client est placé près de la limite de propriété. Autrement, la longueur moyenne des branchements du service peut être obtenue d’un nombre d’inspections aléatoires, si une information détaillée du cadastre du réseau est disponible. [50] L’équation et ses paramètres fixes sont dérivés de l’analyse statistique de 27 différents systèmes d’approvisionnement de 20 pays (cf. Lambert et al., 1999 pour les détails sur la dérivation de cette équation). Le ratio entre PRAA et PRAI est appelé Index structurel de fuites (ISF). Éqt. 4.9 Index structurel de fuites (ISF) L’indicateur de performance adimensionnel ISF est une mesure pour savoir si lla compagnie des eaux est en train de bien mettre en œuvre sa stratégie de gestion des fuites ainsi que la gestion structurelle. L’ISF est défini comme suit : ISF= PRAA PRAI La Figure 4.5 offre un bon aperçu de l’interrelation entre les quatre composantes de la gestion des fuites et le ratio de PRAA au PRAI. La combinaison de toutes les actions de gestion des fuites permet de réduire le volume des pertes annuelles actuelles au niveau du PRAI, qui est le volume le plus bas techniquement réalisable des pertes réelles au niveau de la pression Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 91 4 actuelle exploitée. Il est important de garder à l’esprit que l’ISF est un indicateur de performance purement technique qui ne prend pas en compte des considérations économiques. Par conséquent, un ISF de 1,0 (PRAA = PRAI) n’a pas besoin d’être Matériel profitable d’un point de vue économique, par exemple si le coût marginal de supplémentaire l’eau est très bas. [50] Calcul de l’ISF Dix ans d’expérience relative à l’ISF montrent qu’il peut être appliqué dans le domaine du benchmarking aux niveaux international, national, de la cité ou de la taille du système dans un réseau qui répond aux exigences suivantes [50] : àà àà àà nombre de branchements : Nb > 3 000 pression moyenne : Pm > 25 m densité des branchements : pas de limite inférieure / supérieure. Après avoir calculé l’ISF d’un système d’approvisionnement en eau, on peut avoir une évaluation initiale de son état et une description immédiate de la performance de la gestion actuelle des pertes en eau en utilisant les systèmes d’intervalles d’appréciation de l’Institut de la Banque Mondiale présentés dans le Tableau 4.5. Tableau 4.5 Classement WBI Système de classement de l’Institut de la Banque Mondiale (WBI) pour les pays développés et en voie de développement [53] Valeurs de l’ISF Catégories de performance de la gestion des pertes réelles Pays développés Pays en développement A < 2,0 < 4,0 D’autres réductions des pertes peuvent s’avérer non économiques à moins que ce soit des cas de pénuries ; analyse minutieuse requise pour identifier une gestion des fuites sous l’angle efficacité /coûts B 2,0 to < 4,0 4,0 to < 8,0 Possibilité davantage d’amélioration, considérer la gestion de la pression, meilleur contrôle actif des fuites, meilleure maintenance C 4,0 to < 8,0 8,0 to < 16,0 Niveau faible de gestion des fuites, tolérable seulement si les ressources en eau sont abondantes et peu coûteuses ; même dans ce cas, analyser le niveau et la nature des fuites, intensifier les efforts de réduction D 8,0 ou plus 16,0 ou plus Très mauvaise utilisation des ressources, ce qui indique une maintenance pauvre et la condition du système en général, programmes de réduction des fuites impératifs 92 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau Indice de gestion de la pression (IGP) L’indice de gestion de la pression est un indice relativement nouveau prévu comme un outil de soutien à l’évaluation de l’efficacité et la portée potentielle de la gestion de la pression. Tout comme l’ISF, l’IGP est le ratio entre la pression moyenne actuelle de la zone PA et la pression minimum acceptable Pmin. Dans ce cas, PA est la pression moyenne à travers le système (comme dans l’Équation 4.8 à la page 91) qui devrait être pondérée pour la localisation des branchements et considérer également les variations saisonnières. Pmin devrait être liée au service standard minimum. Le service standard minimum variera d’un pays à l’autre et est généralement prescrit par les standards, régulateurs, le gouvernement et / ou associations techniques. Il se situe généralement entre 5 et 25 mètres, en fonction de la hauteur des immeubles et les exigences de lutte contre les incendies localisés. Une marge de sécurité Psafety devrait être ajoutée à Pmin. [83] Ainsi, l’IGP peut être décrite comme : Équation 4.10 IGP= Où : IGP PM Pmin Psécurité PM Pmin + Psécurité [ - ] [m] [m] [m] Indice de gestion de la pression Pression moyenne actuelle de la zone Service standard minimum Marge de sécurité (généralement 3 m) 4 Il faut considérer que l’indice de gestion de la pression ne prend en compte ni la faisabilité d’autres mesures de gestion de la pression, ni les coûts engendrés. Néanmoins, il peut être un outil raisonnable d’estimation du potentiel de réduction des pertes en eau à l’aide de la gestion de la pression. L’IGP est également incorporé au processus de fixation du niveau des objectifs en matière de fuites (cf. Chapitre 4.4.3). 4.3.7 Evaluer les économies potentielles Chaque compagnie des eaux doit développer un programme de réduction des pertes en eau basé sur ses budgets actuels d’exploitation. Le contrôle des fuites peut être coûteux. Par conséquent, les compagnie des eaux devraient aspirer à un bilan économique entre les coûts Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 93 des fuites et les bénéfices qui résulteront d’un contrôle actif des fuites. Avant de pouvoir déterminer le niveau économique des fuites (NEF), la compagnie des eaux devrait développer une structure claire et distincte des coûts. Les coûts d’une compagnie des eaux peuvent être subdivisés en coûts d’exploitation jour après jour et coûts d’investissement fixes. Le Tableau 4.6 montre les différents éléments de la structure des coûts d’une compagnie des eaux. La main d’œuvre, l’énergie et les coûts d’investissement constituent les principaux facteurs de production d’une compagnie des eaux. Un programme de réduction des pertes en eau peut réduire la plupart de ces coûts, avec le coût de l’électricité qui en constitue normalement le point le plus réceptif. Tableau 4.6 Schéma typique d’une structure des coûts d’une compagnie des eaux Dépenses liées au fonctionnement OPEX Dépense liée aux investissements CAPEX main d’oeuvre (main d’œuvre interne) coût de l’eau importée (brute / traitée) coût de l’énergie électrique coûts de captage et traitement de l’eau coût du matériel coût lié au refoulement, au stockage et à la distribution coût de gestion des compteurs coût du contrôle actif des fuites coût des services externes dépréciation intérêt net (différence entre frais et intérêts sur le revenu) En général, les coûts de l’électricité auxquels une compagnie des eaux fait face peuvent varier énormément en fonction des conditions locales. Selon la plateforme internationale pour le benchmarking IBNet (www.ibnet.org) d’une compagnie des eaux, des données de plus de 2 500 compagnies des eaux du monde entier ont montré que les coûts de l‘électricité représentent une moyenne d’environ 23% des dépenses d’exploitation, alors que les coûts de la main d’oeuvre absorbent 36%. En période d’augmentation des prix de l’énergie, on peut admettre que le ratio des coûts de l’énergie va même augmenter au cours des années à venir. La somme des facteurs des coûts de fonctionnement et des investissements constitue les coûts totaux de la compagnie des eaux. Une compagnie des eaux qui pratique une politique de recouvrement des coûts calculera ses coûts d’exploitation en divisant le coût global par la quantité d’eau produite. Les coûts de production sont définis comme suit : 94 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau Équation 4.11 CP= Où : CP Q1 CAPEX OPEX (CAPEX + OPEX) Q1 [USD/m³] [m³/an] [USD/an] [USD/an] Coût de production Volume introduit dans le système Dépense liées au fonctionnement par an Dépense d’exploitation par an Une fois que le coût de production d’un mètre cube d’eau potable a été déterminé, les économies potentielles annuelles issues de la réduction des pertes réelles en eau peuvent être en général ainsi déterminées : Potentiel de réduction des pertes apparentes Potentiel de réduction des pertes réelles Équation 4.12 EPA= (QANF + QPA) x CPV + (QPR - PRAIA) x (CP - CCAF) Où : EPA QANF QPA CPV QPR PRAIA CP CCAF [USD] [m³/an] [m³/an] [USD/m³] [m³/an] [m³/an] [USD/m³] [USD/m³] Économies potentielles annuelles Volume de la consommation autorisée non facturée Pertes apparentes Prix de vente Pertes réelles Pertes réelles annuelles inévitables (= PRAI x 365 / 1.000) Coût de production Coût des mesures de contrôle actif des fuites Les coûts de contrôle actif des fuites sont uniques pour chaque compagnie des eaux et doivent être déterminés de façon empirique en prenant en compte les dépenses liées à l’infrastructure, au personnel et au matériel. Les méthodes de contrôle actif des fuites sont décrites au Chapitre 6.5. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 95 4 4.4 Identifier les mesures appropriées 4.4.1 Sélectionner les méthodes Le calcul détaillé du bilan d’eau et la détermination des économies potentielles des pertes réelles et apparentes sont des facteurs décisifs pour la sélection des méthodes justes pour la réduction des pertes en eau. Les compagnies des eaux devraient toujours avant tout considérer les composantes de l’eau non vendue là où le retour sur investissements est le plus élevé. Il est donc important de comparer les composantes de l’eau non vendue pas seulement par leurs volumes, mais aussi par leurs impacts financiers. La Figure 4.2 montre que les plus grands volumes annuels de pertes en eau n’entrainent pas nécessairement les pertes financières les plus élevées pour une compagnies des eaux. La récupération des pertes apparentes Figure 4.2 Exemple de répartition volumétrique et financière des pertes [26] Eau non vendue en termes de volumes Consommation autorisée non facturée Pertes apparentes Pertes réelles Eau non vendue en termes de pertes financières Consommation autorisée non facturée 96 Pertes apparentes Pertes réelles Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau est possible à un coût relativement bas et améliorera directement la position financière de la compagnie des eaux, particulièrement au début d’un programme de contrôle des pertes en eau. Ces fonds recouvrés peuvent servir à financer des activités de contrôle des pertes en eau à long terme. [77] Un ensemble de contre-mesures spécifiques est disponible pour chaque composante de l’eau non vendue (ENV) : Tableau 4.7 Méthodes de lute contre l’ENV Composantes Contre-mesures Consommation autorisée non facturée augmenter le taux de collecte réduire la consommation autorisée dans et hors de la compagnie des eaux observer et réduire le nombre de clients non facturés Imprécisions des compteurs suivre l’évolution du parc de compteurs organiser régulièrement des tests de précision des compteurs introduire un programme de rotation des compteurs et de maintenance Relevé des compteurs et erreurs de transfert des données analyser les dossiers de facturation pour les modèles de consommation non usuelle et les relevés de compteurs manquants auditer des échantillons de comptes suspects [77] passer du relevé manuel au relevé automatique des compteurs (RAC) Erreurs de manipulation des données organiser le processus du système de facturation sous forme d’organigramme effectuer une analyse du processus de facturation [77] introduire l’usage de systèmes de facturation informatisés adopter une annualisation correcte des données relatives à la consommation améliorer la gestion des comptes clients compiler les historiques des comptes clients et rechercher les anomalies relatives à la consommation Consommation non autorisée mener des inspections sur les manipulations des compteurs, les contournements et les branchements illégaux contenir les abus des bouches d’incendie et autres formes de consommation illégale prévenir les fraudes à travers les agents chargés de relever les compteurs utiliser des structures de prépaiement Fuites des ruptures et éclatements détectables de tuyaux mener une campagne de réparations des ruptures de conduites reportées / visibles réduire le nombre de ruptures de tuyaux en : • mettant en œuvre la gestion de la pression (court terme) • développant une stratégie de réhabilitation (long terme) réduire la durée en : • Introduisant un suivi continu du réseau • améliorant le contrôle actif des fuites • améliorant la rapidité et la qualité des réparations Fuites diffuses mettre en œuvre la gestion de la pression développer une stratégie de réhabilitation de long terme Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 97 4 Ce ne sont pas toutes les contre-mesures spécifiées au Tableau 4.7 à la page précédente qui sont appropriées pour chaque compagnie des eaux. Les analyses coûts-bénéfices devraient donc êtres faites pour les méthodes de choix. 4.4.2 Définir le niveau économique des fuites Le concept du niveau économique des fuites (NEF) décrit l’équilibre entre les coûts du contrôle des fuites et leurs bénéfices. En d’autres termes, la valeur de l’eau économisée est plus basse que le coût pour atteindre toute réduction additionnelle en termes de pertes. [23] Le NEF traite ensuite des questions liées à la nature de l’objectif qu’une compagnie des eaux devrait avoir en matière de fuites et comment son coût peut être justifié. En théorie, le niveau le plus économique est déterminé comme suit : le coût marginal de l’eau est constant, le coût de l’eau perdue peut être décrit comme une fonction qui évolue linéairement avec un niveau élevé de fuites (cf. Figure 4.3). Les coûts cumulés des mesures de contrôle des pertes en eau sont représentés par une fonction convexe strictement décroissante. Cela est dû au fait que le coût marginal de la réduction des pertes en eau est beaucoup plus bas pour des taux de fuite élevés qu’à des taux de fuite faibles. Le coût total pour une compagnie des eaux peut être calculé en additionnant le coût de l’eau perdue et celui des mesures de contrôle des pertes en eau. Figure 4.3 Détermination du niveau économique des fuites (NEF) selon [45] Coût par an Fuites diffuses et fuites reportées A‘ Courbe du coût total A C‘ B‘ NEF B C Coût de l'eau perdue Coût du contrôle actif des fuites Moyennes des pertes réelles par an 98 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau La Figure 4.3 illustre comment le coût du contrôle actif des fuites augmente quand le niveau des fuites baisse et le coût annuel des pertes en eau diminue (C - B - A). Le niveau économique des fuites se produit au point le plus bas dans la courbe du coût total (point B’ de la Figure 4.3). [45] Dans la pratique, déterminer le niveau économique des fuites est un processus plutôt complexe et itératif puisque les effets de chaque mesure de contrôle des pertes en eau mis en œuvre ne sont pas connus d’avance. En outre, la fonction des coûts de l’eau ne peut généralement pas être décrite de façon linéaire parce que la main d’œuvre et le capital ne montrent pas une augmentation linéaire avec le niveau des fuites. De plus, on peut faire une distinction entre un niveau économique de fuites de courte durée et un niveau de longue durée. Le niveau économique des fuites de courte durée considère seulement les facteurs liés aux coûts d’exploitation et peut de ce fait être déterminé en comparant le coût et les bénéfices des mesures additionnelles de contrôle des fuites d’eau et le coût marginal des pertes en eau, par exemple le contrôle actif des fuites et de la qualité et la rapidité des réparations. [6] D’autres activités de contrôle des fuites impliqueront des dépenses d’investissement sur les infrastructures. Un niveau économique des fuites de longue durée doit être déterminé dans ce cas, qui évalue la décision d’investissement dans une évaluation durant tout le cycle de vie, par exemple pour une gestion de la pression ou une réhabilitation de réseau. [38] La procédure suivante peut être sélectionnée pour déterminer le niveau économique des fuites d’une compagnie des eaux. 4.4.3 Fixer des objectifs Le chapitre précédent a montré que l’élimination complète des pertes en eau d’un réseau de distribution d’eau n’est ni réalisable, ni économique. Néanmoins, les pertes en eau excessives sont symptomatiques d’autres lacunes telles que l’absence de système de maintenance et de contrôle. Ces lacunes aboutissent fréquemment à des coûts de fonctionnement très élevés et entraînent un approvisionnement non fiable et même non permanent. Toute compagnie des eaux devrait alors fixer un niveau d’objectifs compris entre ces deux extrêmes pour la réduction des pertes en eau dans son système de distribution. [82] Ces objectifs peuvent être visés à travers les moyens de conservation de l'eau, la sécurité d’approvisionnement des clients, les considérations économiques ou les exigences de contrôle. Dans tous les cas, le niveau prévu sera un compromis entre une série de facteurs en concurrence, tels que le budget disponible, les ressources humaines, la faisabilité technique, les contraintes de temps et des considérations même politiques. Aux premiers stades d'un programme de contrôle de perte en eau, les objectifs sont basés principalement sur les hypothèses qui seront plus tard complétées par les renseignements spécifiques du système recueillis partout au cours du processus. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 99 4 Tableau 4.8 Détermination du niveau économique des fuites Etape Détermination de la situation actuelle dela compagnie des eaux Quel est le niveau actuel des fuites ? Quels sont les coûts d’exploitation actuels ? Quels sont les coûts actuels d’investissement ? Quel est le montant actuel dépensé pour le contrôle actif des fuites ? Détermination du PRAI : L e PRAI indique le potentiel pour une réduction complémentaire des pertes en eau uelles économies potentielles peut-on identifier ou estimer quand on analyse les Q coûts d’exploitation et le coût d’investissement ? L e coût marginal du coût d’investissement devrait être pris en considération dans le calcul du niveau économique des fuites en cas de ressources en eau limitées et si de nouvelles ressources d’eau ou de capacité de traitement doivent être construites. Evaluation de la structure actuelle des coûts Sélection d’un nombre d’activités Réévaluation de la structure des coûts n nombre d’activités de réduction des fuites devraient être choisies en accord U avec les économies potentielles estimées. Les coûts et bénéfices de ces mesures devraient être analysées et classées. L’activité dont les bénéfices sont les plus élevés devrait être mise en œuvre en priorité. L es quatre activités primaires sont le contrôle actif des fuites, la rapidité et la qualité des réparations, la gestion de la pression et celle des infrastructures [66] Les bénéfices des activités choisies doivent être réévalués après un intervalle de temps approprié. Une période d’au moins cinq ans est recommandée. La réévaluation est améliorée en répétant les étapes précédentes. C e processus est continu jusqu’à ce que le coût marginal de toute activité soit égal à ou plus élevé que le coût marginal de l’eau. A ce moment, le niveau des fuites sera atteint. L’évaluation devrait prendre en compte le fait que les pertes en eau annuelles pourraient présenter des fluctuations aléatoires. Par conséquent, l’objectif de la compagnie des eauxu en matière de fuites devrait être basé sur la moyenne au cours d’un certain nombre d’années. L’analyse décrite est élaborée dans la perspective d’une compagnie des eaux économiquement rentable. Toutefois, une compagnie des eaux encourt également des coûts environnementaux et sociaux. Des méthodes pour inclure les coûts et bénéfices de ces facteurs sont disponibles [80] Unité de mesure Les objectifs relatifs aux fuites requièrent une unité de mesure en vue de définir la situation initiale et de suivre les progrès réalisés. La valeur la plus fiable de la définition des objectifs pour le suivi des changements avec le temps est le volume absolu des pertes en eau mesurées en mètre cube par jour [m³/j]. C’est aussi faisable en utilisant les pertes en eau par branchement et par jour [l/branchement/jour] si la compagnie des eaux grandit proportionnellement à la mise en œuvre du programme de gestion des fuites sur une période de plusieurs années. 100 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau Discrétion spatiale Les niveaux des objectifs devraient être définis pour des secteurs séparés du réseau de distribution d’eau, par exemple pour chaque secteur de distribution mesuré (SDM) ou chaque secteur de gestion de la pression, et ensuite l’objectif global de l’compagnie des eaux en matière de fuites sera total. Avec cette approche, des zones particulières peuvent être priorisées et on peut suivre les progrès réalisés de la réduction des pertes en eau pour chaque zone indépendamment. Calendrier Des calendriers réalistes devraient être choisis pour les objectifs en matière de fuites. La gestion des fuites est un processus fastidieux et il n’y a généralement pas de solutions rapides et faciles. Pour ce faire, il est recommandé de fixer un objectif de long terme qui est ambitieux mais pas irréaliste. Cet objectif de long terme peut être subdivisé en objectifs de court terme de 3 à 5 ans visant à atteindre un certain pourcentage de la réduction à long terme des fuites. Le calendrier doit fournir des périodes raisonnables pour la conception, la mise en place de l'équipement, les appels d’offres et l’octroi des contrats et l’exécution des travaux. [81] La réduction des fuites obéit à la loi de la diminution des retours : l’impact des mesures de réduction des fuites en termes d’eau économisée diminuera au fur et à mesure que le programme de gestion des fuites gagne en temps. Cet effet signifie que les mesures de gestion des fuites obéissent typiquement à un modèle similaire à celui présenté à la Figure 4.4 à la page suivante. Mesures de court terme : les fuites seront relativement faciles à détecter au début d’un programme de gestion des fuites. De plus, les fuites reportées et non reportées, qui se sont accumulées dans les années précédentes peuvent être réduites rapidement. Une fois que ces fuites ont été détectées et éliminées, il faudra plus d’effort pour réduire les fuites dans un volume similaire. [81] Mesures de moyen terme : les mesures de moyen terme comprennent la mise en place des secteur de distribution mesuré, la mesure et le contrôle des dispositifs des systèmes de gestion de la pression. Là encore, ces installations mises en place qui couvriront une grande zone nécessiteront un minimum de vannes et d’accessoires et auront le plus grand impact sur les pressions moyennes. Mesures de long terme : les mesures de long terme consistent principalement à remplacer les canaux et les branchements en commençant par ceux ayant la plus grande fréquence de rupture ou ayant un débit de fuite spécifique. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 101 4 Figure 4.4 Baisse des récettes liées aux mesures de gestion des fuites selon [81] Niveau de fuites Mesures à court termes par ex. réduction d'arriéré des fuites non réparées Mesures à moyen terme par ex. suivi et mesures de la gestion des pressions Mesures de long terme par ex. réhabilitation d'infrastructure Pertes réelles annuelles inévitables (PRAI) Coûts des mesures de réduction des fuites Détermination du niveau des objectifs Beaucoup de facteurs entrent dans le processus de détermination des niveaux des objectifs. Aussi, chaque compagnie des eaux doit définir ses objectifs proportionnellement à ses moyens et à ses besoins. Néanmoins, l’équation suivante est présentée comme un instrument de détermination des objectifs pour les pertes réelles prenant en compte le contrôle actif des fuites (qui influencent l’ISF) et la gestion de la pression (qui influence l’indice de gestion courante de la pression, voir le Chapitre 4.3.6). Des objectifs annuels peuvent être fixés pour l’ISF et l’IGP. Le niveau de l’objectif des pertes réelles annuelles cibles (PRAC), généralement mesuré en m³/an, peut ensuite être calculé selon l’Équation 4.13. 102 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau Équation 4.13 PRAC = PRAA x Où : PRAC PRAA IGP OIGP ISF OISF [m³/an] [m³/an] [ - ] [ - ] [ - ] [ - ] OISF OIGP x ISF IGP Pertes réelles annuelles cibles Pertes réelles annuelles actuelles Indice de gestion de la pression Objectif de l’indice de gestion de la pression Index structurel de fuites Objectif de l’index structurel de fuites A la fin de l’année, les progrès réalisés et les ressources dépensées devraient être évalués et incorporés aux objectifs de l’année suivante. [83] 4 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 103 4.5Concevoir et mettre en œuvre un pro gramme de contrôle des pertes en eau 4.5.1 Plan d’action Le Chapitre 3 a aidé à comprendre les causes des pertes en eau et leurs impacts négatifs sur les systèmes d’approvisionnement en eau. Le présent chapitre a présenté un nombre de techniques d’évaluation et de quantification de l’étendue des pertes réelles et apparentes. Ces techniques sont construites de part et d’autre et devraient être réalisées étape par étape comme un préalable pour concevoir et mettre en œuvre un plan d’action approprié tel qu’illustré au Tableau 4.9. Tableau 4.9 Niveau Préparation Etapes d’un plan d’action [81] Objectifs Mesures / Outils Comprendre les principales causes et facteurs influençant les pertes en eau Etudes pilotes, analyse de la documentation Collecter les informations sur le système d’approvisionnement en eau Cadastre du réseau, modèle hydraulique, mesure de débit et des pressions Evaluer le niveau actuel des pertes réelles et apparentes Bilan d’eau descendant, analyse des composantes, bilan d’eau ascendant Contrôler la fiabilité des calculs du bilan d'eau Taux de précision, intervalles de confiance à 95% Analyse des économies potentielles Calculer les indicateurs de performance pertinents PRAA, ISF, IGP Définir le niveau économique des fuites NEF Fixer des objectifs Sélectionner les méthodes d’intervention appropriées Déterminer les objectifs de court et long termes Contrôle actif des fuites, secteur de distribution mesuré, gestion de la pression, réhabilitation et remplacement des conduites OAPR Elaborer un plan d’investissement Acquisitions Exécution du projet Fournir les services de soutien, équipement, matériel, système informatique Déployer son propre personnel ou engager des firmes spécialisées Superviser les travaux Former le personnel Réviser les budgets Suivi et maintenance Suivre le développement des fuites, faire la mainBase de données des dégâts, cadastre du réseau tenance des infrastructures et de l’équipement Contrôle actif des fuites en cours Evaluer les résultats 104 Bilan d’eau, cadastre du réseau Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau Figure 4.5 Outils d'intervention d'un programme de réduction des pertes réelles et apparentes [77] if act ôle s r t Con fuite des Ges inf tion ras d tru es ctu res Ra p des idité rép et q ara ual i tio ns té Pertes réelles annuelles inévitables e nd tio ion Ges ress p la Niveau économique des pertes réelles Pertes réelles potentiellement recouvrables 4 Am et éliora tra nsf tion d ert e des s rel don evés née s Réd ma uctio n tio n n de la on aut cons ori sée om- ssou es t d ion ien uct e cl Réd ptag com Pertes apparentes annuelles inévitables Niveau économique des pertes apparentes itra du ées n n io rat don élio es Am ent d tem Pertes apparentes potentiellement recouvrables Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 105 4.5.2 Sélectionner et mettre en œuvre des méthodes d’intervention Un ensemble de méthodes d’intervention convenables doit être sélectionné en fonction des différentes composantes des pertes en eau. La combinaison adéquate de méthodes d’intervention dépend des caractéristiques du système en question et du rapport coûts / bénéfices de chaque méthode qui est spécifique à chaque compagnie des eaux. Matériel La Figure 4.5 à la page précédente montre les principales méthodes d’intervensupplémentaire tion de gestion des pertes réelles et apparentes. Chaque compagnie des eaux 4.9 Préparation d’un doit décider si une seule méthode ou une combinaison de plusieurs méthodes plan d’action offrira la meilleure relation coût / efficacité de réduction des pertes en eau. [77] Les quatre principales méthodes de réduction des pertes réelles seront présentées en détail au Chapitre 6. Après avoir identifié les méthodes les plus économiques, la compagnie des eaux peut commencer à les mettre en place. Ces mesures peuvent aussi être partiellement ou totalement sous-traitées aux firmes spécialisées externes si l’compagnie des eaux manque de personnel, d’équipement technique ou d’expertise pour les mettre en œuvre elle-même. [77] 4.5.3 Evaluation des résultats Une réduction durable dans le domaine des pertes en eau ne sera pas atteinte à l’aide de mesures ponctuelles : détérioration des conduites, apparition de nouvelles fuites, l’usure réduit l’imprécision des compteurs ; ces facteurs font de la gestion des pertes en eau un défi permanent et en constante évolution pour les compagnies des eaux. Par conséquent, l’évaluation des résultats est essentielle pour évaluer le programme de contrôle des pertes en eau et influencer la planification de mesures futures. Evaluer le rapport coût / bénéfice d’un système installé pour la gestion de la pression peut servir par exemple à améliorer la détermination des coûts de la réduction des pertes en eau. Il est recommandé d’analyser les efforts et résultats d’un programme de contrôle des pertes en eau au moins une fois par an. [77] Les résultats obtenus dans une zone pilote peuvent être extrapolés en vue de prendre des mesures appropriées pour le réseau entier. 106 Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 4.6 Résumé et prochaines étapes Ce chapitre fournit des méthodes pour évaluer et quantifier le volume d’eau perdue dans un réseau de distribution d’eau et montre également comment mettre en œuvre un programme de contrôle des pertes en eau. Les contenus du Chapitre 4 de ce manuel technique permettront au lecteur / à la lectrice de : 55 onnaître les dix raisons qui motivent la mise en œuvre d’un programme de C contrôle des mesures de réductions des pertes en eau. 55 ffectuer un bilan d’eau en vue d’analyser le statut actuel des pertes en eau dans E un système d’alimentation d’eau 55 mployer les mesures de débit nocturne minimum et l’évaluation ascendante des E pertes réelles pour vérifier le bilan d’eau. 55 tiliser des intervalles de confiance à 95% pour vérifier l’exactitude des calculs U du bilan d’eau 55 mployer des méthodes variées pour mesurer les pertes réelles dans des réseaux E de distribution d’eau continue ou intermittente 55 Calculer et évaluer plusieurs indicateurs de performance technique et financière 55 éterminer le niveau économique des fuites, définir des objectifs et concevoir un D programme de contrôle des pertes en eau Le prochain chapitre fournira des informations sur les structures de base qu’une compagnie des eaux devrait mettre en place en vue d’atteindre une gestion durable des pertes en eau. Elaborer une stratégie technique de réduction des pertes en eau 107 4 Photo : © P. Klingel, 2006 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 109 5 5.1 Objectifs À l’issue de ce chapitre, le lecteur devrait être capable de : 110 àà c omprendre l’importance des systèmes d’information pour la réduction efficiente des pertes en eau àà c omprendre la structure et le fonctionnement des systèmes d’information géographique àà c omprendre l’importance du cadastre du réseau, le modèle hydraulique, la base de données des dégâts et le système d'information des clients (SIC) comme instruments d’une mise en œuvre réussie des efforts de réduction des fuites. Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5.2Systèmes d’information et gestion des pertes en eau 5.2.1 L’information : un préalable à une gestion efficiente des pertes en eau Le personnel des compagnies des eaux, responsable de la détection, de la localisation et de la réparation des fuites, a non seulement besoin d’un équipement adéquat de détection de fuites, mais également d’informations précises qui permettraient d’effectuer ses travaux de manière efficiente. Ces informations sont issues de données devant être collectées, traitées et interprétées à travers des systèmes d’information. [34] Les compagnies des eaux modernes collectent et traitent de grandes quantités de données issues de divers départements et avec des objectifs différents. Par exemple, certains départements utilisent des outils spécifiques et des systèmes d’information tels qu’un cadastre de réseaux, des modèles hydrauliques, des bases de données des dégâts ou des systèmes d'information des clients (SIC). D’autres départements peuvent effectuer des bilans d’eau annuels ou collecter des informations concernant des planifications de remise en état de conduites, des zones SGP et SDM incluant l’enregistrement des débits et pressions courantes de même que des enregistrements automatiques de détection et de réparation des fuites. Toutes ces données offrent de précieuses informations sur le réseau de distribution d’eau. Malheureusement bon nombre de données recueillies restent dans leur service d’origine sans faire l’objet d’un usage supplémentaire. Néanmoins, la collecte des données ne devrait jamais devenir une fin en soi. Les compagnies des eaux devraient plutôt apprendre à apprécier les données collectées à leur juste valeur. L’expérience montre que les compagnies réalisent d’énormes bénéfices quand elles parviennent à agréger avec créativité les richesses issues des données disponibles. [67] Les données représentent toujours la base pour de bonnes décisions et une planification appropriée. Les compagnies des eaux ne devraient pas uniquement aspirer à employer les données collectées pour leurs besoins spécifiques de manière à développer une stratégie efficace de gestion de l’eau. Elles devraient également rassembler les informations disponibles, les combiner et promouvoir de bonnes relations de travail à travers un travail d’équipe dépassant les clivages entre services. Cette approche améliorera les efforts de détection rapide des fuites et permettra de sélectionner les mesures correctives les plus efficientes. La Figure 5.1 à la page suivante illustre les nombreuses interactions entre différents systèmes d’information et comment ceux-ci peuvent être regroupés, par exemple au sein d’un système d’aide à la prise de décision basé sur un SIG unique. Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 111 5 Figure 5.1 Interaction entre divers systèmes d'information géographiques (SIG) Données démographiques Modèle numérique de terrain Topographie Base cartographique Calcul du bilan d'eau Analyse des dégâts Répartition de la demande Base de données des dégâts SIC Base de données Analyse de la pression et du débit Modèle hydraulique Cadastre du réseau Pertes apparentes potentiellement recouvrables Gestion des infrastructures SCADA Planification de réhabilitation Gestion de la pression Planification de SDM et SGP Chaque compagnie des eaux devrait mettre sur pied une unité administrative indépendante pour la gestion de l’eau non vendue dans le but de collecter et de consolider toutes les données requises pour une gestion efficiente des pertes en eau. Cette unité aura pour devoir de définir ses objectifs et de déterminer quelles données sont nécessaires. L’unité en question pourra ensuite faire la demande et échanger les données valables avec d’autres services. L’unité de réduction des pertes en eau elle-même doit initier la collecte de toutes les données manquantes. 112 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5.2.2 Description des systèmes d’information pertinents La présente section offre un bref aperçu des systèmes d’information les plus importants, aptes à appuyer la prise de décision, et décrit leur importance pour une gestion réussie des pertes en eau. La base cartographique Il s’agit d’un ensemble de cartes numériques homogène avec un système connu de coordonnées et couvrant l’intégralité de la zone desservie par la compagnie des eaux. Cette base cartographique représente la base de tous les autres systèmes d’information. Il peut être mis en place à partir de cartes topographiques imprimées ou en format numérique de même qu’à partir de photos aériennes rectifiées. De plus elle peut être complétée par des modèles numériques de terrain (MNT), des données cadastrales ou d’utilisation des sols, données sur la population, etc. Le Chapitre 5.4 fournira des informations détaillées sur cette carte électronique. Output : une carte électronique et géoréférencée homogène de la zone de service. Utilisation : les informations de la base cartographique forment la base pour tous les autres systèmes d'information. Cadastre du réseau Un cadastre du réseau est obligatoire pour les compagnies des eaux dans le but de garder un aperçu sur les centaines ou milliers de kilomètres de réseaux de distribution, de conduites et de branchements clients, avec leurs accessoires respectifs. Un cadastre de réseau numérique basé sur le SIG est recommandé, étant donné la grande quantité des installations et gardant à l’esprit que toutes les installations possèdent une référence spatiale. Les conditions réelles du système d’alimentation en eau devraient être reproduites de manière aussi réaliste que possible, en fonction du niveau de détails souhaité. Le Chapitre 5.5 contient des informations détaillées concernant la mise en place du cadastre du réseau. Output : informations spatiales concernant les sections de canalisations, les branchements clients, les vannes, raccords et autres installations du système d’alimentation en eau. Utilisation : les informations du cadastre du réseau peuvent fournir des éléments d’entrée nécessaires pour l’analyse du débit de nuit et les calculs de bilans d’eau, les modèles hydrauliques, les bases de données des dégâts, la répartition de la demande et la conception des SDM et SGP. Le modèle hydraulique Les modèles hydrauliques représentent une partie critique de la conception et du fonctionnement des réseaux d’alimentation en eau. Les modèles de réseaux peuvent être utilisés pour simuler la réponse d’un réseau existant dans le cadre d’un vaste éventail de conditions sans Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 113 5 interrompre le service aux clients. Les simulations sont donc utiles pour anticiper les problèmes dans des réseaux planifiés et sont nécessaires pour concevoir des interventions propres (par ex. installation d’un système de gestion de la pression). Le coût de la simulation de différentes options est très bas comparé au coût du projet réel de construction. [88] Le Chapitre 5.6 contient les informations concernant le modèle hydraulique. Output : informations concernant les pressions et les débits à l’échelle du réseau, la détermination des points faibles et des goulots d’étranglement, la répartition et les fluctuations de la demande. Utilisation : les informations issues du modèle hydraulique peuvent servir comme input pour la planification et la conception des SDM et SGP de même que le travail de planification des réhabilitations. Base de données des dégâts Une base de données des dégâts contient les informations concernant toutes les ruptures et dommages constatés sur le réseau de distribution d’eau. Une base de données tenue systématiquement à jour et faisant l’objet d’une maintenance fournit des informations précieuses sur l’âge des différents matériaux de canalisation et est utile pour l’identification et la remise en état systématique des sections de canalisations vulnérables. Par ailleurs, les anomalies ou les lots inférieurs de vannes et raccords peuvent être identifiés et remplacés dans le cadre de mesures préventives. La base de données des dégâts devrait recevoir des données d’entrées rassemblées pendant la détection des fuites et les réparations. Le Chapitre 5.7 fournit des informations détaillées concernant la base de données des dégâts. Output : informations concernant les caractéristiques du matériau, le vieillissement et la corrosion, la localisation des conduites qui présentent des dommages et des fuites, les liens entre la pression du réseau et la fréquence des nouvelles ruptures et fuites. Utilisation : les informations issues de la base de données peuvent servir comme input pour la planification des réhabilitations, la détection des fuites, l’analyse du débit minimum de nuit et la mise en place du modèle hydraulique. Système d'information des clients (SIC) Le système d'information des clients et les dossiers de facturation constituent les fondements essentiels pour le calcul du bilan d’eau si la consommation de l’eau est mesurée. Les données de facturation mensuelles ou trimestrielles pour tous les clients domestiques ou non-domestiques servent comme output du système et peuvent être converties en débit moyen journalier. Le lien entre le cadastre du réseau basé sur le SIG et les données sur l’adresse du client permet à la consommation d’eau d’être allouée précisément aux zones d’alimentation non permanentes. Comparer l’input d’eau et la consommation d’eau dans 114 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau chaque zone ou tout le réseau révèle des zones avec des pertes importantes. Il s’agit en même temps d’une méthode qui appuie les efforts de détection de fuites. Le Chapitre 5.8 présente des informations détaillées concernant le système d'information des clients. Output : information concernant la consommation d’eau, la variation de la consommation saisonnière, les clients ayant des besoins spécifiques et la distribution. Utilisation : les informations de la base de données du client peuvent servir comme input pour le calcul du bilan d’eau, la conception du SDM et du SGP, la répartition de la demande, la détection des fuites et la mise en place du modèle hydraulique. 5.2.3 Intégration dans un SIG global Les cinq systèmes d’information décrits ci-dessus forment la base du système d’aide à la prise de décision dans l’optique d’une réduction efficiente des pertes en eau. Les données pertinentes issues des sous-systèmes devraient se retrouver dans un SIG global. Ce SIG devrait être apte à échanger les données avec les sous-systèmes qui sont décrits en détail dans les chapitres précédents et au Chapitre 6 de ce guide : àà àà àà àà àà àà calcul du bilan d’eau (voir le Chapitre 4.3.2) le comptage de consommation des clients (voir le Chapitre 4.3.5) secteurs de distribution mesurée (voir le Chapitre 6.3) gestion de la pression (voir le Chapitre 6.4) gestion des infrastructures (voir le Chapitre 6.7) détection active des fuites (voir le Chapitre 6.5). Le Chapitre 5.3 aidera à déterminer les étapes majeures dans le développement et la mise en œuvre d’un SIG pour la compagnie des eaux, en se focalisant principalement sur la réduction des pertes en eau. Les progrès technologiques rapides dans le développement du SIG et le large éventail en solutions SIG commerciales sont tels que cette section ne pourra fournir qu’une discussion générale. 5.2.4 Définir les objectifs La collecte et le traitement des données pour le système d’aide à la prise de décision basée sur le SIG doivent être orientés sur les objectifs. L’unité de réduction des pertes en eau doit identifier ces objectifs en des termes clairs et précis. Les dégâts en termes de définition des objectifs pourraient résulter en collecte de données soit excessive soit insuffisante. Concevoir des objectifs sera utile dans le but de répondre à quelques questions difficiles : quelles sont Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 115 5 les données requises ? Quels autres services doivent être impliqués ? Quelles sont les données à collecter sur le terrain ? Quelles sont les données externes qui doivent être recherchées ? Quelles sont les exigences posées aux logiciels et au matériel informatique ? De quelle manière les structures de logiciels et de matériel informatique doivent-ils être intégrées ? Le Tableau 5.1 décrit les objectifs majeurs qu’un système d’aide à la prise de décision basé sur le SIG devrait atteindre dans le but d’améliorer la gestion des pertes en eau dans une compagnie des eaux : Table 5.1 Objectifs d’un système d’aide à la décision basée sur le SIG pour une gestion des pertes en eau Objectifs Exemple Contrôle Suivi et équilibrage améliorés de la production d’eau, consommation et pertes. Analyse Les systèmes SIG permettent la combinaison, la recherche, l’analyse et la visualisation de grandes quantités de données de diverses sources. Efficience Partage amélioré de données entre des départements ou des acteurs individuels, ce qui résulte en un accès plus rapide à l’information et une réduction de la redondance des données. Planification Base de données détaillées pour la gestion infrastructurelle et la planification des réhabilitations, la gestion de la pression et d’autres mesures de construction. Opération Optimisation du fonctionnement du système, de la gestion de la pression et des mesures de détection active des fuites. 116 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5.3 Bases des SIG 5.3.1 Définition d’un système d’information géographique Un système d’information géographique (SIG) est un outil informatique qui gère tous les types d’information basée sur une localisation géographique. En utilisant les cartes et les rapports, son but est de traiter les questions et d’effectuer une analyse et une visualisation. Le SIG consiste habituellement en quatre composantes : le matériel informatique, les logiciels, les données spatiales et les fonctions de traitement des données. Le SIG fournit un moyen de répartition des données et une méthode de visualisation de problèmes liés à la géographie et leurs solutions. Le but du SIG est de combiner diverses données issues de sources différentes dans le but de créer des informations nouvelles et de fournir un cadre spatial pour l’aide à la prise de décision. Un SIG peut être utilisé pour des tâches telles que : àà àà àà àà àà q uestions logiques (par ex. déterminer tous les branchements clients se situant complètement au sein d’une zone d’alimentation particulière ou SDM) analyse de proximité (par ex. identifier des objets sensibles aux inondations dans la limite d’une certaine étendue de sections de conduites sensibles) analyse du réseau (par ex. identifier tous les ménages touchés par une rupture de conduite) catégorisation (par ex. combiner et visualiser les matériaux de conduites et leur âge, y compris la fréquence des dégâts) visualisation (par ex. présenter tous les compteurs d’eau des clients qui doivent faire l’objet d’un remplacement de routine). Les SIG ne devraient pas être confondus avec les systèmes de dessin assisté par ordinateur (DAO). Ce système est le plus souvent utilisé pour la planification et la conception d’objets techniques et ses dessins pourraient à première vue paraître similaires aux cartes SIG. Différents des dessins DAO, les caractéristiques SIG ne sont pas simplement des points et des lignes mais possèdent une référence spatiale et des attributs qui leur sont associés. De plus, des informations supplémentaires peuvent être liées à des objets de l’espace basés sur leur référence spatiale. [88] Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 117 5 5.3.2 Niveau de mise en œuvre Un SIG intégrant les cinq sous-systèmes – la base cartographique, le modèle hydraulique, le cadastre du réseau, la base de données des dégâts et le système d'information des clients– est recommandé pour une performance optimale. Les cinq sous-systèmes peuvent donc être employés de manière autonome en fonction des besoins de l’utilisateur. Le SIG peut généralement être mis en œuvre au niveau de l’un des quatre éléments suivants : àà àà àà àà Niveau du projet : appuyer un objectif unique du projet. Niveau du département : appuyer les besoins d’un département. Niveau de l’entreprise : partage de données entre divers départements qui satisfont les besoins de deux ou plus de départements. Niveau inter-organisations : partage des applications et des données avec des utilisateurs externes. [88] Les solutions SIG décentralisées au niveau du projet ou du département sont généralement moins onéreuses que les solutions de gestion de données centralisées exigeant des investissements colossaux en matériel informatique et en logiciel. Néanmoins, la gestion des données décentralisées mène souvent à la redondance du travail et à des îlots de données : la même information est produite et stockée par différents départements au sein d’une compagnie des eaux sans être liée. [88] Un SIG au niveau de l’entreprise sera plus approprié pour la plupart des compagnies des eaux, vu ce facteur et les nombreux différents aspects impliqués dans la gestion des pertes en eau. Une architecture du serveur-client est la meilleure configuration pour un SIG au niveau de l’entreprise, tel qu’illustré dans la Figure 5.2. 5.3.3 Prérequis pour les utilisateurs du SIG Le succès de la mise en œuvre du SIG dans une compagnie des eaux dépend en grande partie des personnes qui mettent sur pied, assurent la maintenance et utilisent le SIG. L’expertise technique et les connaissances de l’utilisateur ne sont justes que quelques facteurs à prendre en compte tandis que des facteurs non-techniques sont souvent plus importants. Il est impératif que les utilisateurs finaux dans tous les services concernés aient le sentiment que leurs besoins et souhaits ont été considérés durant la mise en œuvre du projet pour bénéficier pleinement d’un SIG au niveau de l’entreprise. Le SIG ne sera accepté que si les utilisateurs qualifiés ont été impliqués dans la création du système. [76] Le département SIG d’une compagnie des eaux devrait faire prendre conscience en ce qui concerne les avantages du système SIG et devrait transférer constamment leur savoir-faire et leur expérience à d’autres départements. [72] 118 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau Figure 5.2 Structure d'un SIG client/serveur de niveau entreprise selon [93] SIG serveur : Géotraitement à grande échelle Grande base de données SIG client : Visualisation interactive de cartes Stockage des données de projet Département de planification Demande de données ou fonction de service Département de la facturation Transmission de données ou fonction de service Département d'exploitation Il est également important d’informer les départements impliqués en ce qui concerne les exigences et les capacités du système dans le but d’éviter des attentes irréalistes. L’introduction d’un SIG résultera généralement en des changements des processus de travail, nécessaires pour assurer le lien entre différents systèmes anciens et nouveaux. C’est pourquoi les utilisateurs doivent montrer quelques degrés de flexibilité pour adapter les processus de travail existants. Des responsabilités claires et un devoir de rendre compte devraient être établis pour tout le personnel concerné de la compagnie des eaux. On devrait procéder à la désignation d’un administrateur du réseau dans le but de cordonner les travaux avec le fournisseur du système d’une part et avec les utilisateurs de la compagnie des eaux d’autre part. [76] Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 119 5 5.3.4 Types de données Les données géographiques peuvent être divisées en quatre catégories principales en fonction de leurs caractéristiques spécifiques : données vectorielles, données raster, des réseaux irréguliers triangulés et des informations sur les objets telles que spécifié comme suit : àà àà àà àà es données vectorielles sont utilisées pour représenter les objets spatiaux avec L des formes bien définies comme un ensemble ordonné de coordonnées (référence spatiale). Les données vectorielles peuvent être classifiées en points, lignes et polygones. Un ensemble d’attributs descriptifs (non-spatiaux) peuvent être attribués à chaque objet spatial. Les données raster sont utilisées pour représenter les données territoriales. Dans cette optique, les données territoriales sont divisées en grille ou trame de cellules de carré de taille uniforme. Un ensemble d’attributs descriptifs peut être attribué à chaque cellule. Les réseaux de triangles irréguliers (TIN) sont utilisés pour des surfaces modèles en trois dimensions. Ils consistent en un ensemble de nœuds avec des informations sur l’altitude, qui sont interconnectées avec un réseau de sommets. Ces sommets constituent un ensemble de triangles formant la surface du TIN. L’altitude de n’importe quel point peut être interpolée au sein du TIN. Les informations sur les objets sont des informations de nature descriptive n’ayant aucune référence spatiale en elles-mêmes. Ces informations sont généralement stockées dans des bases de données relationnelles et peuvent être liées à des données vectorielles ou raster. [93] La Figure 5.3 illustre l’application de différents types de données géographiques : les conduites sont représentées par des lignes, les immeubles par des polygones, les vannes par des points, les descriptions comme informations sur les objets et les images satellites d’arrière-plan sont stockées en tant que données raster. 5.3.5 Structure des données SIG Toutes les données contenues dans un SIG peuvent être liées à une localisation géographique. Par exemple, les compteurs clients, les conduites de distribution ou la limite d’une zone d’alimentation particulière ont tous en commun de pouvoir être localisés à une position géographique précise. Il existe bon nombre de solutions commerciales utilisant différents formats de données pour la structuration et le stockage des données. Les données de 120 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau Figure 5.3 Représentation de différents types de données dans un SIG Vannes Points Conduites Lignes Immeubles Polygones Image satellite Données raster 5 base relationnelles représentent la structure de données la plus appropriée pour le stockage de données spatiales, topologiques et d’attribution de toutes sortes. Les bases de données relationnelles peuvent être utilisées pour organiser des données dans de larges catégories de données reliées. À une échelle d’entreprise, différents services peuvent assumer la responsabilité pour différents ensembles de données. Dans ce cas, les bases de données peuvent aussi se faire l’écho de la structure organisationnelle de l’entreprise. Les données géographiques peuvent être stockées au sein d’une base de données rela- Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 121 tionnelle comme classes d’objets individuels ou peuvent être combinées pour créer des ensembles de données reliées. La Figure 5.4 illustre une structure SIG possible. Figure 5.4 Structure d'un SIG basé sur les bases de données et des ensembles de données [93] SIG général Information sur le contexte Réseau d'eau potable Information de base Conduites Développement urbain Cartes Adductions Immeubles Conduites de distribution Rues Branchements Nom des rues Propriétés foncières Vannes Images Démographie Vannes de sectorisation VRP Base de données Classe d'objet : Images satellites Images aériennes Paysage Répartition de la population Demande en eau Cartes topographiques Modèle numérique de terrain Données de consommation Ensemble de données Polyligne Polygone Point Annotation Tableau Raster TIN Initier une collecte de différents types d’ensembles de données est habituellement la première étape dans la mise sur pied d’un SIG. L’ensemble originel de bases de données peut être continuellement amélioré en ajoutant des ensembles de données et des capacités avancées dans le but de satisfaire aux exigences des utilisateurs. 5.3.6 Collecte des données, conversion et intégration Les données d’entrées pour la mise en place d’un SIG doivent normalement être collectées à partir de diverses sources d’information : différents départements de la compagnie des eaux, les conseils d’administrations et les agences, les consultants privés, les bureaux d’ingé- 122 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau nierie et autres. Des formes communes de données d’entrées pour les réseaux d’alimentation en eau comprennent des cartes réseaux sur support imprimé, des plans de récolement, des données de mesures de terrain, des données numériques existantes de systèmes DAO et SIG, mais aussi des rapports, des tableaux et des photos. Différentes méthodes de conversion de données doivent être employées en fonction des données d’entrées disponibles : le papier calque et les cartes peuvent être numérisés (numérisation de blocs) ou scannés et vectorisés sur écran (numérisation tête haute). Il existe des logiciels spécialisés aptes à convertir des données numériques existantes tels que des plans DAO dans les formats de données requis. Des rapports imprimés et des tableaux doivent souvent être numérisés par saisie. [72] D’autres types de données tels que les factures de consommation issues des systèmes d'information des clients (SIC) ou des systèmes de pression et débits issus du système SCADA peuvent être transférés dans un système SIG existant et sur une base périodique. Par ex., la visualisation des informations réelles concernant la production et la consommation de l’eau dans un SIG pourrait aider à reconnaître les tendances dans les situations de pertes en eau dans les zones à alimentation particulières. Le processus de collecte des données, leur conversion et intégration au sein d’un système SIG est laborieux et onéreux. Shamsi rapporte que la collecte des données et les coûts d’entrée pourraient aller jusqu’à hauteur de 80% des coûts totaux du projet dans certains projets SIG. [75] Aussi une compréhension plus approfondie des exigences des données SIG estelle essentielle avant le début de la collecte des données et le processus de conversion. Après la mise sur pied du SIG, les compagnies des eaux devraient réfléchir sur la réalité du terrain, par ex. en contrôlant la qualité des informations SIG à travers quelques visites de terrain. Il s’avère donc important que la base de données soit maintenue et tenue à jour. Tous les changements portés au système doivent être enregistrés et intégrés dans le SIG existant. 5 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 123 5.4 Base cartographique 5.4.1 Données d’entrée pour la base cartographique Chaque SIG d’une compagnie des eaux doit utiliser des données de la base cartographique comme informations d’arrière-plan et une référence spatiale pour ses systèmes d’information et pour d’autres objectifs de planification et de gestion. Ceux-ci comprennent le cadastre du réseau, le modèle hydraulique et / ou la base de données des dégâts. Mettre sur pied les données de la base cartographique consiste à acquérir, numériser et géoréférencer les cartes topographiques et les photos aériennes ou satellitaires, formant ainsi l’épine dorsale pour toutes les autres données. Il faut mesurer les points de référence sur le terrain pour les cartes et photos de géoréférence. D’autres données utiles peuvent être utilisées pour compléter les données de base cartographique : àà àà àà àà àà àà àà àà cartographie des données cadastrales informations sur l’usage des terres données sur les infrastructures et le transport limites administratives répartition de la population localisation des entités administratives, commerciales et industrielles modèles numériques de terrain informations concernant le sol, la végétation, données hydrographiques et environnementales. Développer la base cartographique requiert une planification attentive et de grandes quantités de données. C’est un processus long et onéreux. Les coûts peuvent baisser de manière significative à condition que la base cartographique soit mis en place en coopération avec d’autres utilisateurs potentiels, par ex. les services de transports municipaux, les fournisseurs d’énergie, de gaz et de télécommunication. 5.4.2 Contenus de la base cartographique Les exigences minimales pour les contenus sont les suivantes : àà 124 r eprésentation de tous les immeubles en jouxtant le réseau routier et les alignements de conduites Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau àà àà àà toutes les autres structures significatives (barrages, ponts, etc.) routes, bordures de trottoirs, passages-piétons, voie ferrée terrains. Il existe d’autres éléments supplémentaires tels que la position des fleuves, les lacs, les canaux, arbres et autres structures. 5.4.3 Considérations relevant de la qualité des données Il est très important de mettre sur pied la base cartographique avec une très grande précision et de la justesse parce que la négligence à ce stade initial pourrait causer de nombreux problèmes particulièrement onéreux plus tard. Par exemple, la précision de la carte pourra laisser à désirer et des déviations de quelques mètres pourraient survenir entre des positions dans le monde réel et des positions indiquées sur la carte au cas où certaines des données n’auraient pas été géoréférencées attentivement en fonction de la projection choisie. Les images des installations des réseaux d’alimentation en eau prises ultérieurement en utilisant un système GPS différentiel haute précision seront montrées au mauvais endroit. En fin de compte, toutes les installations devront être déplacées dans le SIG dans le but d’obtenir une correspondance avec la référence spatiale (incorrecte) – entreprise exigeant beaucoup de travail et de temps. [88] Les sujets suivants devraient donc être considérés dans le but de produire une base de données fiable sur le territoire : àà àà àà àà type de projection cartographique et système de coordonnées précision (précision submétrique ou ± ... mètres) echelle des cartes et photos aériennes actualité des données utilisées. 5 Pour la même raison, la qualité des sources doit être prise en compte : les données d’une carte topographique à l’échelle 1 : 25 000 ayant 90% de ses caractéristiques dans un rayon de 15 m de leur emplacement correct ne permettront pas de travaux de planification détaillés. Les informations sur l’altitude d’un modèle numérique de terrain avec un taux moyen d’erreur d’altitude de ± 5 m ne peuvent être employées ni pour un calibrage de modèle hydraulique, ni pour la conception d’un plan de gestion de pression adéquat. Une fois converties dans un environnement SIG, les données cartographiques sont dépourvues d’échelle et de nouvelles cartes peuvent être produites quelle que soit l’échelle voulue. Cependant, les résultats produits ne peuvent jamais être plus précis que les données Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 125 originales d’où sont issues les données. [75] Pour cette raison, l’utilisateur du SIG doit toujours être conscient de l’échelle et de la qualité des données sources. Les grossissements de cartes excédant le ratio de 1 : 2 devraient être évités. [17] Les échelles cartographiques standardisées suivantes sont recommandées comme input pour la base cartographique : Table 5.2 Échelle cartographique recommandée pour la mise en place de la base cartographique Objet Échelle Cartes topographiques pour des réseaux d’alimentation à grande échelle ou interrégionaux 1 : 10 000 à 1 : 50 000 Cartes topographiques comme informations d’arrière-plan pour zones urbaines 1 : 2000 à 1 : 10 000 Photos aériennes, satellitaires 1 : 2000 à 1 : 10 000 Cartes cadastrales pour une planification détaillée en zones urbaines 1 : 250 à 1 : 1000 Une documentation propre sur le processus de mise en place de la base cartographique est essentielle : la base cartographique exige une traçabilité en direction d’une source connue, de telle sorte que son exactitude et sa précision soient connues. Un haut degré d’exactitude mènera à une augmentation des coûts de développement. Pendant la mise en place de la base cartographique, la compagnie des eaux devrait toujours garder à l’esprit les objectifs du SIG fixés. [9] 126 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5.5 Cadastre du réseau 5.5.1 Objectifs L’un des défis futurs que devront relever les compagnies des eaux à l’échelle mondiale sera la gestion durable et la conservation de la valeur de leurs actifs immobilisés. Le réseau des conduites représente habituellement 60 à 80% des actifs immobilisés d’une compagnie des eaux. [42] Un cadastre du réseau numérique basé sur le SIG est un puissant système qui permet aux compagnies des eaux de : àà àà àà àà àà àà àà avoir un accès instantané aux informations nécessaires réduire les processus basés sur papier et qui sont coûteux en termes de temps améliorer les efforts de maintenance et d’opération faciliter la gestion des fuites identifier les défaillances du réseau accélérer les réparations d’urgence et faciliter les planifications de remise en état et d’extension. Il faut considérer le fait que la mise en place d’un cadastre du réseau dans son intégralité est un processus à plusieurs étapes et qui prend généralement entre trois à cinq ans en ce qui concerne les réseaux de distribution de grande envergure. [5] De nombreuses entreprises d’ingénierie offrent des services couvrant l’ensemble du cycle de mise en œuvre, y compris la mise en place et l’installation du matériel informatique et des logiciels, la conversion des données, le scannage des documents, la mise à jour et le mappage des documents. Après la mise en place initiale, le système a besoin d’être tenu à jour permanemment : de nouvelles extensions ou réallocations de conduites, des mesures de remise en état et des réparations de fuites doivent être mesurées et localisées au bon endroit. Des informations supplémentaires sur l’objet devraient être liées, par ex. la date de la construction, le matériau, la dimension, la protection anticorrosion, le type et les causes de l’endommagement et les noms des membres du personnel ou des sous-traitants impliqués. [60] 5.5.2 Données d’entrée pour le cadastre du réseau Les compagnies des eaux maintiennent un ensemble majeur de caractéristiques donnant des détails sur les actifs matériels de leur réseau à même de servir de données d’entrées pour le cadastre du réseau. En voici quelques éléments typiques : Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 127 5 (a) Cartes du réseau assorti de divers détails et différentes échelles Les cartes du réseau en format numériques ou sur papier peuvent être fusionnées en une base de données cartographique numérique homogène. Elles constituent la base pour le cadastre du réseau et le modèle hydraulique. (b) Documents détaillés Des documents papier montrant la localisation effective, la dimension et des paramètres sélectionnées des conduites, vannes, pompes, branchements, compteurs, etc. peuvent être scannés et associés à leurs actifs dans la base de données cartographique. (c) Rapports sur les dégâts, inspections et réparations Les rapports, la documentation photo ou même les vidéos de surveillance (CCTV) fournissent des informations supplémentaires concernant les immobilisations et peuvent être liés aux objets spatiaux. (d) Mesures continues Mesures SCADA, modèles de consommation, données sur la qualité de l’eau. Comme toujours, il est important de ne pas perdre de vue la qualité des données d’entrée : la localisation des conduites peut être mesurée sur le terrain (très exactement : pendant les constructions dans le fossé ouvert ; moins d’exactitude : à la surface, d’un regard à l’autre) ou construite (exactement : des plans conçus à partir de DAO ; moins d’exactitude : dessins à la main) ou même devinée (par ex. basé sur les déclarations orales). L’origine des données et le niveau d’exactitude devrait être documentés en métadonnées. [25] Dans l’intérêt de la lisibilité, l’exactitude de tous les éléments du réseau devraient être réglées à l’échelle des cartes désirées. Les échelles cartographiques standardisées suivantes sont recommandées en fonction du degré de développement et la quantité des conduites [17] : Table 5.3 Échelle cartographique recommandée pour le cadastre du réseau Degré de développement Echelle Zones urbaines développées avec une grande quantité de conduites 1 : 250 Zones semi-développées avec une quantité moyenne de conduites 1 : 500 Zones rurales peu développées 1 : 1000 128 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5.5.3 Structure des données En 1996, l’Association Allemande du Gaz et de l'Eau (DVGW) a élaboré un catalogue d’exigences appelé GAWANIS. [15] GAWANIS est premièrement conçu pour assister les compagnies des eaux dans le développement de services de cadastre numériques du réseau pour leurs besoins spécifiques. Il recommande une structure de données standardisées pouvant être résumée comme suit : àà àà àà àà ’intégralité du réseau de distribution doit être divisé en sections de conduites L particulières aux attributs identiques (matériel, diamètre, etc.). Une nouvelle section de conduites doit être établie si un attribut changeait sur l’alignement d’une conduite. De la même manière, une nouvelle section de conduites doit être créée à chaque division. Un nœud doit être placé au point de départ et à l’extrémité de chaque section de conduites. Les sections de conduites peuvent être divisées automatiquement au niveau des limites de zones ou des limites administratives. Les branchements forment une classe d’objets séparée. Un ou plusieurs branchements peuvent être reliés à une section de conduites. Un point de branchement doit être installé à l’endroit où le branchement est relié à la section des conduites. Un branchement n’est pas perçu comme une division et ne divise donc pas une section de conduites en deux. Les branchements peuvent être divisés et peuvent alimenter différents consommateurs. Un nouveau branchement doit être défini aux niveaux des divisions. Localiser les vannes et les raccords ne requiert pas la division d’une conduite en deux sections de conduites. Cependant une conduite peut être divisée en deux sections de conduite au niveau d’une vanne si cela est nécessaire (par ex. au niveau des vannes de sectorisation). Les ouvrages comprennent tout l’équipement qui produit, transfère, stocke et traite l’eau au sein du système, par ex. les forages, les pompes, les réservoirs et les stations de traitement. Chaque réseau doit commencer ou se terminer à une ouvrage. La Figure 5.5 à la page suivante illustre les structures de données normalisées. Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 129 5 Figure 5.5 Structure standardisée de données d'un réseau de distribution selon [15] Limite de zone SC5 SC4 SC3 Fonte DN150 SC1 Fonte DN100 SC2 Section de conduite Fonte DN100 Ouvrage SC6 Branchement Noeud Point de branchement Vannes et accessoires Consommateur Les attributs typiques des éléments du réseau spécifiés plus haut sont décrits dans le Tableau 5.4. Tableau 5.4 Éléments du réseau de conduites et ses attributs Élément Attributs obligatoires Attributs supplémentaires Section de la conduite ID, longueur, diamètre minimal Diamètre interne / externe, épaisseur de la paroi, date de construction, fabricant, pression nominale, rugosité, zone d’alimentation, nom de la rue, etc. Branchement ID, longueur, diamètre, matériau Date of construction, fabricant, etc. Nœud ID coordonnées x, y, altitude de la surface Protection des conduites, etc. Ouvrage ID, type, capacité Statut, date de construction, fabricant, etc. Branchement ID, type Date de construction, fabricant, etc. Consommateur ID, adresse, ID du compteur Date d’installation, statut, etc. Vanne ID, type, diamètre nominal Dimensions, date d’installation, fabricant, fonction, statut, etc. Raccord ID, type, diamètre nominal Dimensions, date d’installation, fabricant, pression nominale, etc. 130 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau Ces attributs peuvent être étendus pour satisfaire aux besoins de chaque compagnie des eaux. Un texte descriptif peut être ajouté à chaque élément dans le but de fournir des informations supplémentaires. Matériel supplémentaire 5.1 Organisation du cadastre du réseau 5.5.4 Cadastre du réseau et fuites Un cadastre du réseau basé sur le SIG permet aux compagnies des eaux de produire de manière automatique des rapports qui regroupent leurs fuites sur la base des secteurs d’alimentation, des matériaux de conduites, des causes de l’endommagement, l’ampleur des fuites, le type de fuites et le statut de réparation des fuites. Ces informations aident à planifier les projets de réparations des fuites et les remplacements de conduites de manière plus efficace. La visualisation graphique de ces résultats aide à révéler les points sensibles de fuites, à établir les priorités de réparations, identifier les matériaux problématiques et à déployer efficacement les équipes de réparations des fuites. [67] 5.5.5 Relier le cadastre du réseau au modèle hydraulique Les calculs hydrauliques des réseaux d’alimentation en eau sont indispensables pour analyser la capacité du réseau. Jusqu’aux années 1990, les contraintes liées au matériel informatique et aux logiciels indiquaient que la plupart des analyses des réseaux d’alimentation en eau étaient simplifiées ou incomplètes. Depuis lors, la puissance de l’outil informatique s’est accrue énormément, permettant ainsi à des grands réseaux, très détaillés et d’une très grande complexité, d’être modélisés. [5] Dans le cas spécifique de la réduction des pertes en eau, les modèles hydrauliques peuvent être des outils très utiles pour concevoir les SDM et SGP. Relier un modèle hydraulique à un cadastre du réseau basé sur le SIG facilitera et accélèrera considérablement le processus de construction du modèle. Il existe généralement deux différentes approches : (a) Connection via une interface Dans ce cas, l’entrée des données et leur édition ne peuvent être effectuées que dans le cadastre du réseau. Une interface doit être créée pour exporter les données dans le format précis requis par le modèle hydraulique, généralement ASCII ou un fichier de base de données. Le logiciel de modélisation hydraulique a pour objectif la simulation, la visualisation et l’analyse des résultats. Cette solution requiert habituellement des mesures de retraitement pour finaliser le modèle parce que des éléments sont traités différemment dans chaque réseau, par ex. les pompes, les réservoirs. Le stockage des données redondantes peut être requis, par ex. pour la carte d’arrière-plan. Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 131 5 (b) Intégrer le modèle hydraulique Intégrer le modèle hydraulique dans le cadastre du réseau accélère l’ensemble du processus. La topologie du modèle hydraulique est mise à jour automatiquement dès que tout changement sur le cadastre du réseau et les sources possibles d’erreurs de traitement de données interviennent. Les informations supplémentaires (par ex. courbes des pompes, demandes à chaque branchement, les pressions, débits et statut des vannes de SCADA) sont directement disponibles respectivement à partir de chaque élément du modèle. De la même manière, les résultats de simulation sont directement stockés, visualisés et analysés à leur emplacement dans le cadastre du réseau. Cette solution d’intégration nécessitera des efforts plus importants dans un premier temps parce que les deux systèmes devront être harmonisés. Vu sur le long terme, le système intégré est plus efficient parce qu’il permet une plus grande fréquence de calculs pour fournir aux personnes en charge de la planification une base saine de prise de décision. [5] Figure 5.6 Mise en relation du modèle hydraulique avec le cadastre du réseau Solution interface Solution intégrée Stockage, visualisation et analyse des résultats Cadastre du réseau Interface Topologie du système Données d'entrée à partir de la base cartographique : topographie, cartes, MNT, orthophotos, etc... Modèle hydraulique Données d'entrée à partir Données d'entrée à partir de la base cartographique : de la base cartographique : topographie, cartes, MNT, topographie, cartes, MNT, orthophotos, etc... orthophotos, etc... Redondance : entrée et stockage de données répétées 132 Stockage, visualisation et analyse des résultats Résultats simulés Cadastre du réseau Modèle hydraulique Topologie du système Système d'information clients SCADA Information addtionnelle Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5.6 Modèle hydraulique 5.6.1 Définition et objectifs Le terme modèle hydraulique décrit l’utilisation d’une représentation mathématique d’un réseau d’alimentation en eau réel. Les modèles hydrauliques sont utilisés pour simuler le comportement des réseaux existants ou planifiés sous un large éventail de conditions sans pour autant interrompre le service auprès des clients. Ils offrent également un outil précieux pour rendre plus efficient l’opération et la gestion des réseaux de distribution d’eau. En prenant en compte les exigences spécifiques de la gestion efficiente des pertes en eau, les modèles hydrauliques peuvent être employés pour mettre en place les mesures suivantes avec succès : àà àà àà àà Vérification des capacités du réseau : analyse des pressions et débits. Sélection des limites de secteurs pour les SDM et les SGP. Applications spécifiques pour la planification de la gestion de la pression : dimensionnement des vannes et débitmètres, révision des conditions de débit incendie, détection des baisses de pression et de la qualité de l’eau. Analyse de la vulnérabilité du réseau, de la sécurité de l’alimentation et de la capacité de réponse dans l’urgence en cas de ruptures de conduites. 5.6.2 Bases de la modélisation hydraulique L’utilisateur devrait comprendre les principes mathématiques et hydrauliques employés dans les logiciels de modélisation hydraulique de sorte à permettre une interprétation correcte des résultats. Néanmoins, le processus fondamental pour la mise en place du modèle et les données d’entrées requises seront décrites en détail dans le cadre de ce manuel. Pour plus d’informations concernant les principes hydrauliques, veuillez vous référer à Walski. [88] Topologie d’un réseau de distribution d’eau Un réseau de distribution d’eau peut être décrit comme une digraphie (ou graphe dirigé) composé d’un ensemble fini de nœuds et de liens. Un nœud de début et un nœud de fin doivent être reliés à chaque lien. Ce diagraphe forme l’épine dorsale de chaque modèle mathématique. Chaque lien représente la section homogène d’une conduite. Les vannes et pompes sont aussi représentées par un lien. Les nœuds désignent les changements physiques dans une section de conduites, par exemple le remplacement des matériaux, des Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 133 5 diamètres ou des divisions de conduites. Les nœuds sont également utilisés pour modéliser les points où l’eau entre et quitte le réseau, de même que pour les réservoirs, les consommateurs et les extrémités des conduites. Les caractéristiques physiques et non-physiques des composantes de chaque réseau (diamètre de la conduite, matériaux, courbes des pompes, niveaux minimum et maximum des eaux de réservoirs, etc.) sont reliées aux liens et nœuds en tant qu’attributs. [11] La Figure 5.7 représente un réseau simplifié de distribution de l’eau. Figure 5.7 Représentation d'un réseau simplifiée de distribution d'eau comme digraphie Clients domestiques Vanne Matériau 2, diamètre 1 Matériau 2, diamètre 1 Matériau 1, diamètre 1 Château d'eau (Tank) Matériau 2, diamètre 2 Pompe Réservoir Clients industriels Clients domestiques N9 L8 L9 L7 N4 N3 N1 L3 N2 N7 N8 N5 L6 L4 L2 L1 L5 N6 Lien Noeud Structure des données La plupart des logiciels de modélisation organisent leurs données dans un ensemble de tableaux ou base de données à structure hiérarchique. Les tableaux de nœuds et liens avec leurs attributs respectifs forment le premier niveau de cette structure. Il existe plus d’attributs complexes habituellement stockés dans des tableaux secondaires et tertiaires de cette structure et peuvent être reliés à des nœuds et liens à travers leurs uniques ID. [40] 134 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau La Figure 5.8 montre la structure hiérarchique des données pour le réseau de distribution simplifié illustré dans la Figure 5.7. Figure 5.8 Structure hiérarchique des données d'un réseau de distribution d'eau Noeuds ID x y Type N1 0,0 0,5 Réservoir N2 2,5 0,5 Noeud intermédiaire N3 4,7 1,0 Noeud intermédiaire N4 6,5 1,3 Château d'eau N5 8,3 1,0 Noeud intermédiaire N6 11,7 0,0 Noeud de demande N7 11,3 2,0 Noeud de demande N8 9,0 2,3 Noeud intermédiaire N9 9,0 3,0 Noeud de demande ID Début L1 N1 L2 N2 L3 N3 L4 N4 L5 N5 L6 N6 L7 N7 L8 N4 L9 N8 Lien Fin N2 N3 N4 N5 N6 N7 N8 N8 N9 Longeur 2,1 2,1 1,7 2,0 3,1 1,9 2,3 3,2 1,8 ID Demande N6 35 N7 160 N9 20 Demande Variation DOM IND DOM ID Diamètre N4 12,0 Réservoirs Min. level Max. level 1,0 4,0 ID Diamètre L1 1 L2 1 L3 2 L4 2 L5 2 L6 2 L7 2 L8 2 L9 2 Conduites Matériau 1 1 1 1 2 2 1 1 1 Type Pompe Variation ID Temps Facteur DOM 01:00 3,5 IND 01:00 2,0 Pumps ID Courbe Pompe Vitesse L1 Courbe1 2 900 Vanne Vanne ID Type L7 TCV Status ouverte Les tableaux de liens définissent habituellement la topologie d’un réseau en établissant leurs nœuds de départ et finaux. Les coordonnées et les altitudes de ses nœuds déterminent une position spatiale du réseau. Les bases de données relationnelles sont adaptées aux traitements de données du modèle, mais les logiciels aptes à stocker des données dans des listes tabulaires en fichiers de texte simple sont aussi disponibles. Paramètres du modèle Les attributs des nœuds et liens peuvent être subdivisés en paramètres et variables. Les paramètres donnés d’un modèle hydraulique peuvent comprendre toutes les composantes du réseau (conduites, pompes, réservoirs), l’alimentation en eau et les points d’abstraction de même que les commandes du réseau. Les pressions du nœud, les débits et les vitesses d’écoulement, les changements dans le niveau d’eau du réservoir, la qualité et d’autres attributs Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 135 5 sont des variables calculées par le modèle. La qualité des paramètres d’entrée impacte directement la qualité et l’exactitude des résultats de simulation. Il est donc essentiel d’ajuster la qualité des paramètres d’entrée aux tâches du modèle souhaitées et de trouver un équilibre entre les efforts d’acquisition de données et la valeur informative des résultats du modèle. Les paramètres du modèle pour les efforts d’acquisition de données et la qualité peuvent être classifiés comme suit : àà àà àà es paramètres qui peuvent être mesurés directement et avec exactitude (par ex. L la localisation du réseau des conduites, géométries des réservoirs, caractéristiques des pompes et contrôle du réseau). Les paramètres qui peuvent être mesurés directement, mais avec une exactitude insuffisante (par ex. consommation d’eau domestiques). Les paramètres qui ne peuvent pas être mesurés directement (par ex. rugosité de la conduite, diamètre interne, pertes en eau). [11] Le dernier groupe des paramètres du modèle peuvent être déterminés à travers le calibrage du modèle décrit dans la section ci-après. Calibrage du modèle Le calibrage du modèle décrit le processus de comparaison entre les conditions du réseau réelles, mesurées et les résultats du modèle simulés sous les mêmes conditions limites. Le modèle doit être ajusté jusqu’à ce que les différences entre la réalité et les résultats simulés soient minimisés. Le processus de calibrage implique habituellement les paramètres de rugosité des conduites, de la consommation d’eau, des pertes en eau et de commandes du réseau, avec une importance particulière accordée à la rugosité des conduites. [88] Dans la plupart des cas, la rugosité intégral du réseau est déterminée. Ce facteur comprend non seulement la rugosité réelle de la conduite, mais aussi une perte de charge locale, des diamètres intérieurs réduits en raison de l’incrustation et la sédimentation de même que des facteurs inconnus (par ex. vannes en partie fermées ou des informations incorrectes concernant les diamètres). Les tests de débits d’incendie sont utilisés dans le but de vérifier les données concernant le débit et la pression : ces tests consistent habituellement à sélectionner et isoler une section de conduites de mesure où le débit est induit par l’ouverture d’une prise d’eau. Les mesures de débit et de pression sont prises simultanément lorsque la section de la conduite atteint des conditions de débit stables. [4] Les systèmes SCADA sont également une bonne source de données pour le calibrage du modèle. 136 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5.6.3 Données d’entrée Les données d’entrée pour les modèles hydrauliques peuvent être classifiés en quatre groupes principaux qui peuvent être obtenus idéalement des systèmes d’information liés au réseau de distribution de l’eau : [4] àà àà àà àà es informations géographiques peuvent idéalement être obtenues de la L base cartographique de la compagnie des eaux et comprennent les cartes topo graphiques, les données cadastrales, les photographies aériennes, les modèles numériques de terrain et d’autres informations d’arrière-plan utiles pour déterminer la localisation physique du modèle. Les données sur l’équipement devraient être contenues dans le cadastre du réseau et comprennent toutes les informations concernant les conduites, pompes, vannes, réservoirs de stockage et autres éléments physiques du réseau de distri bution de l’eau. Les données opérationnelles sont importantes pour établir des contrôles et les conditions aux limites dans les modèles hydrauliques. Il s’agit des pressions, des débits, des niveaux d’eau dans les réservoirs, des réglages des vannes de même que des informations concernant le statut et le contrôle des pompes. Les données opérationnelles peuvent habituellement être obtenues du système SCADA de la compagnie des eaux. Les données relatives à la demande ou données et informations relatives à la consommation de l’eau concernant la répartition spatiale devraient être disponibles dans le système d'information des clients. Les compagnies des eaux devraient être conscientes du fait que la collecte des données d’entrée pour la mise en place du modèle n’est pas une activité qui puisse s’effectuer en une seule fois, il s’agit d’un processus permanent. Le modèle doit être constamment mis à jour pour parvenir à des résultats de simulation exacts sur le long terme. 5.6.4 Mise en place du modèle Voici les principales étapes requises lors de la mise en place d’un modèle hydraulique opérationnel. Définir les objectifs du modèle La compagnie des eaux doit prendre des décisions en ce qui concerne les objectifs du modèle hydraulique préalable à l’acquisition des données et à la mise en place du modèle. Les Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 137 5 exigences du modèle en termes de résultats attendus définissent l’exactitude, le caractère intégral et le niveau de détail souhaité, ce qui influence donc les efforts et les coûts liés au processus de modélisation. Acquisition de données et préparation de données Les données provenant de diverses sources doivent être acquises et préparées dans le but d’élaborer et de maintenir un modèle qui représente le réseau de distribution d’eau physique avec un degré d’exactitude adéquat pour atteindre les objectifs définis. Un bon sens du jugement en termes d’ingénierie est nécessaire pour déterminer la qualité des données et leur impact sur les résultats du modèle. [4] La qualité, la quantité et la nature des données disponibles varient d’un cas à l’autre, ce qui rend cette étape longue et difficilement prévisible. Mise en place du modèle et calibrage Cette étape implique une abstraction des données physiques et non-physiques du réseau d’alimentation en eau et leur transformation en un diagraphe de nœuds et de liens. De plus, les paramètres de simulation générale doivent être mis en place. Le calibrage et la vérification du modèle est un processus itératif après lequel le modèle est prêt pour usage. 138 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5.7Base de données des dégâts 5.7.1 Objectifs On enregistre des dégâts durant toute la période de vie d’un réseau de distribution d’eau. Par conséquent, les dégâts peuvent être définis comme un dysfonctionnement local du service, en règle générale on a affaire à des fuites. L’expérience montre que les fuites s’accumulent en début de vie (défauts de construction) et en fin de vie (fatigue du matériel, corrosion) d’une section de conduites distincte tel qu’illustré par la courbe en forme de baignoire de la Figure 5.9. [43] Figure 5.9 Comportement typique de la fréquence des dégâts dans les conduites selon [43] Vieillissement et fatigue du matériau Fréquence des dégats Défauts de construction Période de garantie Phase de stabilité 5 Phase de détérioration croissante régulière Temps La courbe montre des dégâts comme une fonction du vieillissement : difficultés initiales liées à la mauvaise qualité des matériaux et travaux d’installation problématiques dès l’origine. Ces difficultés sont suivies par une période plutôt longue de maturité avec un niveau de dégâts bas pendant lequel les pannes ne sont ni fréquentes ni sérieuses, et seront l’objet de petites réparations. À la fin de la courbe, les dégâts augmentent rapidement lorsque le réseau prend de l’âge au sens propre du terme. Lorsque la fréquence des dégâts approche un stade critique, Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 139 il s’agit d’un signal d’alerte et la compagnie des eaux doit se faire à l’idée que le moment de la remise en état approche et que la durée de vie maximale de la conduite sera bientôt atteinte. L’ancienne conduite a donc besoin d’un retubage ou remplacement à temps. [32] Évaluer l’état global d’un réseau de distribution d’eau n’est pas chose aisée parce que la plupart des éléments du réseau sont installés sous terre. Les méthodes d’analyse statistique et de visualisation graphique dans une base de données des dégâts permettent aux compagnies des eaux une identification des accumulations spatiales, temporelles ou matérielles de pannes et des combinaisons de différentes pannes. Ce savoir est essentiel pour une planification systématique des mesures de remise en état, une sélection des matériaux adaptés et une mise en place des mesures d’inspection et de maintenance de routine. L’interprétation des données sur les dégâts appuie le processus de planification lorsqu’il s’agit de choisir : àà àà àà àà àà les matériaux de conduites la protection anticorrosion les raccordements de conduites type et fabricant des vannes et raccords exécution des travaux de construction. Les dégâts de conduites et de vannes sont directement liés aux pertes en eau et les coûts de réparations au sein du réseau de distribution d’eau. La fréquence de dégâts pour des matériaux sélectionnés utilisés dans un réseau de distribution d’eau est facile à calculer. Calculer la fréquence des dégâts sur une base annuelle peut offrir une indication sur l’état actuel du réseau. Les variations temporelles concernant la fréquence de dégâts peut être utilisé pour évaluer les impacts des mesures, tels que la gestion de la pression ou les stratégies de remise en état. 5.7.2 Collecter les données concernant les dégâts Touts les dégâts au sein du réseau de distribution de l’eau devraient être systématiquement enregistrés au moyen de feuilles de données normalisées en version papier ou sur format numérique. Les dégâts qui causent les fuites devraient toujours être enregistrés. Les dégâts qui ne sont pas liés aux fuites peuvent également être enregistrés dans le but d’avoir Matériel un aperçu global des points faibles sur le réseau. Le personnel qualifié des comsupplémentaire 5.2 pagnies des eaux devrait procéder à l’enregistrement des données directement sur Collecte de données place. de dégâts 140 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau Les feuilles de données devraient avoir un en-tête général, ce qui fournit de l’espace pour entrer l’adresse ou l’emplacement géographique, la date, l’heure et le nom de l’informateur. D’autres informations devraient être regroupées en blocs thématiques détaillant (a) le type de l’actif endommagé (b) le type de dégât, (c) les causes du dégât, (d) les données spécifiques des actifs. [12] (a) Type de l’actif endommagé Cette catégorie spécifie la partie du réseau où la défaillance est intervenue. Une distinction peut être faite entre les conduites de refoulement, de distribution et les branchements. La défaillance peut être située au niveau des conduites, raccordements de conduites, vannes (différents sous-types), prises d’eau ou raccords. (b) Type de dégât Le type de dégât peut concerner des ruptures, fissures, des trous de même que des raccordements qui ne sont pas étanches à l’eau et des vannes défectueuses. Cette section devrait également préciser si le dégât a causé des dommages. (c) Cause des dégâts On devrait tenter d’identifier et documenter la cause du dégât. Il pourrait s’agir de la corrosion, de défaillance du matériau, défaillance de la construction, mouvement du sol ou influence d’un tiers, par exemple. (d) Données spécifiques aux actifs Des données supplémentaires concernant spécifiquement les actifs doivent être rassemblées en ce qui concerne la partie endommagée : les feuilles de données devraient fournir des cases où le personnel peut cocher le diamètre nominal, le matériau, la protection interne et externe anticorrosion et le type de raccordement utilisé dans la partie en question. Au cas où elles seraient disponibles, des informations sur la date de construction et l’entreprise d’exécution du projet de construction pourraient être ajoutées. Faire des photos numériques à haute-résolution des dommages enregistrés et les relier aux bases de données des dégâts est recommandé. De plus, il peut être utile de stocker des informations concernant les coûts de réparation et une sélection des méthodes de réparation. [71] Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 141 5 5.7.3 Analyse des dégâts Les outils récents de traitement de données offrent une multitude de possibilités pour l’analyse statistique et la visualisation des données défaillantes. L’une des options consiste à relier les informations issues de la base de données sur les dégâts au cadastre du réseau. Cette étape peut être menée via une interface d’échanges de données entre les deux systèmes ou bien en intégrant directement les données sur les dégâts dans le cadastre du réseau. Les relations entre les données des conduites et les données sur les dégâts peuvent être analysées en utilisant des outils SIG courants. Ceci implique des avantages pour les deux systèmes d’informations : àà àà es informations destinées à la base de données des dégâts sont habituellement L obtenues sur place où les caractéristiques visibles des conduites peuvent être constatées. Les données du cadastre du réseau existantes concernant le diamètre, le matériau et la protection contre la corrosion externe peuvent être recoupées, corrigées et augmentées. D’autres informations peuvent être plus faciles à acquérir à partir du cadastre du réseau, par ex la date de construction, ou de la protection anticorrosion interne. Les dégâts peuvent être analysés en détail, par ex. en ce qui concerne un matériau, un diamètre, une période de construction, en combinant toutes les données disponibles. Les dégâts peuvent être analysés en fonction de leur répartition spatiale en calculant le nombre de dommages par section de conduites, rue ou secteur. [12] Cette classification aidera les compagnies des eaux à détecter les liens entre la fréquence des dégâts et le volume de trafic, la pression du réseau ou les caractéristiques des sols. L’interprétation correcte de ces résultats aidera à trouver une stratégie optimale pour intervenir sur, maintenir et remettre en état le réseau. 5.7.4 Lien entre la fréquence des dégâts et la pression du réseau Les informations enregistrées concernant les dégâts devraient toujours être reliées aux données sur les pressions mesurées au moment de la défaillance en raison de l’influence significative de pressions transitoires (coups de bélier) de même que de la surpression à la surface de nouvelles ruptures. De nombreuses ruptures sont causées par le manque de gestion appropriée de la pression, et il existe plusieurs études qui montrent comment les nouvelles ruptures sont susceptibles d’être fortement réduites par la gestion de la pression (voir le Chapitre 6.4). Ceci entraînera des économies supplémentaires pour les compagnies des eaux en raison de la baisse des inspections, réparations, coûts de détection des fuites et durée de vie prolongée. La Figure 5.10 illustre comment la gestion de la pression peut réduire les ruptures dans les conduites et les branchements (source : Joshua May, Gold Coast Water, Australia). 142 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau Figure 5.10 Influence de la gestion de la pression sur la fréquence de ruptures selon [54] Ruptures dans le réseau avant la gestion de la pression 50 Ruptures dans le réseau après la gestion de la pression Réduction des ruptures de branchements de 73% Réduction des ruptures du réseau de 56% Nombre de rupture par mois 40 Ruptures dans les branchements Ruptures des conduites 30 20 10 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Année 5 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 143 5.8 Systèmes d'information des clients (SIC) 5.8.1 Objectifs De nos jours quasiment toutes les compagnies des eaux d’une certaine envergure disposent d’un système d'information des clients (SIC), regroupant quelques sous-systèmes, tels que des bases de données de clients, bases de données des compteurs et systèmes électroniques de facturation. Traditionnellement, ces systèmes jouent un rôle majeur dans l’administration des ventes des compagnies des eaux et sont ainsi gérés par le département de comptabilité. La fonction comptable des systèmes d'information des clients indique souvent que leur signification et leurs potentiels de réduction de l’eau non vendue sont négligés. [35] L’expérience montre que l’eau non vendue résultant de la consommation autorisée nonfacturée, souvent n’est pas causée par un manque de compteurs aux branchements ou par l’inexactitude des compteurs, mais plutôt par des erreurs dans la gestion et la coordination des relevés de compteurs et la non mise à jour et l’inexactitude de la base de données des clients. [77] Ainsi, il est crucial pour une gestion durable de l’alimentation en eau de disposer d’un système d'information des clients exhaustif, constamment à jour et reliés aux comptes et identités des abonnés tels que les parcelles, propriétés, les branchements et compteurs, de même que leur localisation géographique. [27] àà àà àà àà àà les systèmes d'information des clients peuvent apporter les avantages suivants pour la réduction des pertes en eau : réduction des pertes apparentes d’eau et de l’eau non vendue augmentation de l’efficience des relevés de compteurs, de la maintenance et des remplacements amélioration de la qualité des données d’entrée pour le calcul du bilan d’eau fourniture d’affectation précise de la demande pour la modélisation hydraulique, la planification des SDM et SGP. 5.8.2 Composantes du SIC Les composantes principales des systèmes d'information des clients dans les compagnies des eaux sont habituellement : (a) la base de données des clients, (b) la base de données des propriétés, (c) la base de données des compteurs (d) le système de facturation. Idéalement ces quatre composantes sont interconnectées et reliées au SIG de la compagnie des eaux. Le 144 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau fonctionnement de ces quatre composantes en tant qu’entités complètement séparées conduit habituellement à un travail redondant et à une augmentation des pertes apparentes en eau, chose qui devrait être évitée. Figure 5.11 Connexions entre les principales composantes du SIC Base de données compteurs Base de données des parcelles et des propriétés Système de facturation Base de données des clients Limite de propriété Immeuble Client Réseau de distribution Branchements 5 Compteur d'eau La section suivante décrit les contenus et les fonctions des différents systèmes d’information : (a) Base de données des clients La base de données des clients contient des informations concernant tous les clients d’une compagnie des eaux, qu’il s’agisse de personnes privées, d’entreprises ou institutions publiques. Chaque client est identifié par un ID unique qui relie le client aux bases de données des propriétés, compteurs et systèmes de facturation. La base de données des clients fournit des informations concernant : Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 145 àà àà àà nom, numéro de compte et adresse (la location spatiale peut être reliée au SIG) ID du compteur d’eau propriétaire de la propriété. (b) Base de données des parcelles et des propriétés La base de données des parcelles et propriétés contient les données associées à chaque parcelle de terrain alimentée dans le cadre d’un secteur desservi par la compagnie des eaux. Elle forme la base pour les fonctions commerciales et d’ingénierie, telles que la fixation des tarifs, la facturation et l’analyse des demandes. L’ID relie les propriétés au client, aux bases de données des compteurs et au système de facturation. Cette base de données fournit des informations concernant : àà àà àà àà localisation de la propriété (reliée au SIG) type d’exploitation (résidentielle, commerciale, administrative, industrielle, informelle) propriétaire de la propriété branchement à chaque propriété. (c) Base de données des compteurs La base de données des compteurs comprend toutes les informations pertinentes relatives au parc des compteurs d’une compagnie des eaux. L’ID du compteur, le numéro de série, la dimension, le type, l’âge, la localisation et le mode du relevé du compteur (manuel, automatique) devraient être enregistrés pour chaque compteur. La base de données des compteurs : àà àà àà àà àà àà 146 collecte les données d’entrée des relevés de compteurs manuels ou automatiques contrôle l’exactitude des relevés (très forte / basse consommation, consommation négative) enregistre l’état du compteur (manipulations, fuites, dommages, difficultés d’accès) fournit des relevés de compteurs acceptables au système de facturation génère des voies d’accès aux relevés de compteurs (et cartes, si basé sur SIG) produit des programmes de maintenance des compteurs pour le département d’exploitation et de la maintenance. Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau (d) Système de facturation Le système de facturation devrait s’assurer que tous les clients sont exactement facturés pour la quantité effective d’eau qui a été fournie. Ce système devrait être utilisé pour obtenir un niveau élevé de couverture de facturation en veillant à ce que tous les consommateurs d’eau soient facturés, qu’ils soient mesurés, non mesurés ou illégalement branchés dans le but de réduire la consommation autorisée non facturée. De plus, le système de facturation peut aider à réduire les pertes apparentes par l’amélioration de l’intégrité des données traitées. Le système de facturation : àà àà àà àà àà àà àà àà collecte et finalise tous les relevés de compteurs acceptables génère des estimations pour les compteurs non lisibles calcule la consommation de chaque compteur génère les charges en fonction de la structure des tarifs respectifs consolide les charges effectives et les transactions antérieures des clients produit les relevés des clients identifie les dettes et génère des sommations pour les créanciers enregistre tous les paiements. [92] L’exactitude des données est la base pour tous ces systèmes d’informations. Les données sont souvent incomplètes, incertaines ou même non-existantes ou bien les données issues de différentes sources sont incohérentes et ne correspondent pas. Dans ce cas, de grands efforts doivent être entrepris pour valider les données. 5 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 147 5.9 Résumé et étapes à venir Les compagnies des eaux sont incapables de gérer les systèmes particulièrement complexes d’alimentation en eau et courent le risque de gaspiller des efforts et des ressources financières et de réduire leurs ventes sans données valides et sans systèmes d’aide à une bonne prise de décisions. Les contenus du Chapitre 5 de ce manuel technique devront permettre aux lecteurs de : 55 omprendre que les informations sont la clé du succès de la réduction des pertes C en eau. 55 mployer les SIG comme instrument pour échanger les informations et pour E permettre aux différents départements de la compagnie des eaux de travailler ensemble. 55 Se familiariser avec la structure et le fonctionnement des SIG. 55 S avoir quelles données d’entrée sont requises pour mettre en place une base cartographique et comment acquérir ces données. 55 omprendre l’importance et les avantages d’un cadastre du réseau et d’un moC dèle hydraulique pour une gestion efficiente des réseaux d’alimentation en eau. 55 ettre en place et utiliser une base de données des dégâts et un système d'inforM mation des clients. En mettant en œuvre ces systèmes d’information, les compagnies des eaux créent la base nécessaire pour le succès des mesures pratiques de réduction des pertes en eau que nous décrirons au Chapitre 6. 148 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 5 Données de base préalables à une gestion durable des pertes en eau 149 Photo : © J. Baader, 2008 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 151 6 6.1 Objectifs À la fin de ce chapitre, le lecteur / la lectrice connaîtra les principales méthodes pour : 152 àà oncevoir et mettre en œuvre des secteurs de distribution mesurés afin C d’améliorer le contrôle de la distribution, de la consommation et des pertes en eau. àà omprendre les aspects techniques de la gestion de la pression, choisir C le cas d’application le plus approprié aux conditions locales, et développer un plan de mise en œuvre d’un projet type pour la gestion de la pression. àà hoisir les méthodes appropriées ainsi que les instruments de détection et de C localisation des fuites. àà méliorer l'efficacité des réparations des conduites et la gestion de la A réhabilitation des infrastructures. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 6.2 Agir contre les pertes en eau réelles 6.2.1 Planification des interventions En l’absence de mesures suffisantes d’entretien et de réhabilitation, l'état des réseaux de distribution en eau se détériore constamment. Dans la même mesure, les pertes en eau réelles augmentent régulièrement en l’absence de stratégies d'interventions adéquates de la part des services des eaux. Lorsque les interventions sont en planification, les services des eaux luttent habituellement contre les pertes en eau réelles avec l'une des approches suivantes : (a) la stratégie curative, (b) la stratégie préventive et (c) la stratégie d'inspection. [13] [22] (a) la maintenance par incident : stratégie curative (Contrôle passif des fuites) Une action est entreprise pour lutter uniquement contre les défaillances ayant déjà eu lieu. Les ruptures de conduite visibles ou les chutes de pression dues à une fuite importante sont habituellement signalées par les clients ou remarquées par le personnel des services des eaux. La stratégie curative est le plus souvent rencontrée dans les services des eaux sans gestion adéquate des pertes en eau. Les pertes globales sont habituellement élevées compte tenu du fait qu’aucun effort n’est fourni pour localiser et réparer les fuites cachées et pour réduire les fuites diffuses. La maintenance par incident entrave la gestion durable des pertes en eau. (b) la maintenance périodique : stratégie préventive (contrôle proactif des fuites) Les inspections et la maintenance sont exécutées à des intervalles de temps définis. Des cycles d'inspection courts sont requis à des niveaux élevés de fuite. Les fréquences de dégâts faibles et des niveaux de fuite faibles permettent de plus long décalages dans le temps. La stratégie préventive demande une main-d'œuvre intensive, car toutes les parties du réseau doivent être inspectées, indépendamment de leur condition actuelle. (c) la maintenance selon l'état de l'infrastructure : la stratégie d'inspection (contrôle proactif des fuites) L'état du réseau et le niveau actuel des fuites sont surveillés en permanence par des inspections régulières et des mesures continues du débit. Une action est entreprise sitôt que le niveau de fuite dépasse une valeur critique définie ou selon une stratégie d'intervention économique basée sur la valeur du cumul des pertes réelles depuis l'intervention précédente. Des inspections régulières peuvent donc être effectuées à des intervalles plus longs. La stratégie d'inspection est la méthode d'intervention la plus ciblée et la plus efficace pour réduire les pertes en eau. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 153 6 Figure 6.1 Comparaison de différentes stratégies d'intervention contre les pertes réelles Pertes réelles Absence de maintenance Temps Pertes réelles Maintenance par incident Temps Pertes réelles Maintenance périodique Inspection périodique Inspection périodique Temps Pertes réelles Maintenance selon l'état de l'infrastructure Niveau d'intervention Temps Niveau de pertes réelles 154 Rupture visible de conduite Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles La Figure 6.1 illustre sous forme graphique l'impact de ces stratégies sur la dynamique des pertes en eau réelles. En outre, il existe un lien entre la planification des mesures visant à contrer les pertes en eau et les méthodes appropriées qu’une compagnie des eaux peut choisir : la maintenance selon l’état de l'infrastructure, par exemple, n'est possible que si le réseau de distribution d'eau a été divisé en secteurs de distribution mesurés distincts (SDM) où tous les flux entrants et sortants sont continuellement mesurés et analysés. 6.2.2 Choix des méthodes d'intervention appropriées Comme le Chapitre 3.4 le décrit, de nombreux différents facteurs influencent l'apparition et l'ampleur des pertes réelles dans un réseau de distribution d'eau. Avant de décider quelles méthodes d'intervention sont appropriées, une compagnie des eaux doit donc savoir quels facteurs influencent les pertes réelles dans son système. En fonction de la situation locale, une seule méthode ou une combinaison de différentes méthodes sera la solution la plus efficace et la plus économique pour réduire les pertes en eau. [77] Le groupe de travail de l’IWA sur les pertes en eau a défini les quatre principales méthodes de lutte contre les pertes en eau réelles de la manière suivante : gestion de la pression, contrôle actif des fuites, rapidité et qualité des réparations et gestion de la réhabilitation des infrastructures. [69] De plus, la subdivision des réseaux de distribution d'eau en secteurs de distribution mesurés (SDM) peut être considérée comme une méthode et une condition préalable car elle est essentielle pour la surveillance continuelle des fuites et est requise pour l'installation des programmes de gestion de la pression. Ces cinq principales méthodes sont décrites dans les chapitres suivants, avec un accent particulier sur la gestion de la pression dans le Chapitre 6.4. 6 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 155 6.3 Les secteurs de distribution mesurés (SDM) 6.3.1 Définition et objectif des SDM Un secteur de distribution mesuré (SDM) est défini comme une zone spécifique d'un réseau de distribution d’eau. Il est généralement créé par la fermeture des vannes de sectorisation de sorte à ce qu'il reste flexible à l'évolution des demandes. Toutefois, un SDM peut également être créé par des conduites déconnectées en permanence des régions voisines. Les flux d’eau entrants et sortants du SDM sont mesurés et les débits sont périodiquement analysés afin de surveiller le niveau des fuites. [58] Les SDM peuvent principalement être classés en trois types différents : les SDM à entrée unique, les SDM à entrées multiples et les SDM en cascade, comme illustré dans la Figure 6.2: Figure 6.2 Plan typique d'un SDM, basé sur [22] Débitmètre principal de prise Adduction SDM à entrée unique SDM à entrées multiples SDM en cascades 156 Limites Conduite de distribution Vanne de sectionnement Débitmètre principal du SDM Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles La subdivision des grands réseaux de distribution d'eau en un nombre limité de secteurs de distribution mesurés a l'avantage que les nouvelles fuites et celles cachées peuvent être localisées beaucoup plus tôt (temps de prise de conscience réduit) et de façon beaucoup plus précise (temps de localisation réduit). Les services des eaux peuvent immédiatement déterminer les flux soudainement exceptionnellement élevés dans une zone si les flux entrants et sortants d'un SDM sont régulièrement surveillés (voir le Chapitre 6.5.2). En conséquence, la prise de conscience, l'emplacement et les temps de réparation de nouvelles fuites sont considérablement réduits. En outre, le niveau de fuites peut être mesuré pour différentes zones, et les activités de détection et de réparation des fuites peuvent être efficacement dirigées vers les zones à problèmes. [7] En plus d'offrir ces avantages, les SDM peuvent également être améliorés en secteurs de gestion de la pression (SGP) en installant des vannes de régulation de la pression (VRP) aux points d'entrée. La gestion de la pression diminue le débit des fuites non détectées et diffuses et diminue le nombre des nouvelles ruptures de conduites (voir le Chapitre 6.4). En résumé, on peut affirmer que : àà àà n SDM est un secteur spécifique où les flux entrants et sortants sont mesurés, u mais sans gestion active de la pression un SGP est un secteur spécifique avec une gestion active de la pression où les flux entrants et sortants sont habituellement mesurés. La création des SDM peut également être la première étape pour contrer l'approvisionnement intermittent : les SDM facilitent la détection et la réparation des fuites majeures et peuvent donc permettre de réduire les périodes d'interruption de l'approvisionnement. Un autre avantage des SDM est la capacité de faire des estimations de l’eau non vendue (ENV) localement en comparant les volumes nets entrants dans la SDM et la consommation facturée aux clients au cours de la même période. [7] 6.3.2 Conception d’un SDM La conception des SDM nécessite une connaissance approfondie du système d'approvisionnement d‘eau. L'existence d'un cadastre du réseau complet et à jour ainsi que d’informations topographiques est indispensable. En outre, les habitudes de consommation d'eau et les données opérationnelles sur les flux et les pressions doivent être disponibles. Pour les réseaux complexes, un modèle hydraulique calibré peut être nécessaire pour déterminer les impacts Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 157 6 de la sectorisation sur des pressions de service et pour détecter les éventuels goulots d'étranglement, les conduites en surnombre et les zones menacées par la stagnation. Les règles générales suivantes devraient être considérées lors de la conception des SDM. [58] àà àà àà àà àà àà 158 es SDM ne devraient pas inclure les conduites d’adduction ou les réservoirs de L stockage. Si cela est inévitable, des débitmètres doivent être installés pour contrôler les flux d'eau entrants et sortants. Leur conception doit séparer les SDM du système principal autant que possible, améliorant ainsi le contrôle sur ces premiers sans affecter la flexibilité du dernier. Chaque SDM devra être de préférence fourni par un seul point d'alimentation muni d’un débitmètre. Il peut être nécessaire ou utile d’alimenter un SDM via deux vannes d'admission équipées de débitmètres pour se conformer aux exigences de lutte contre l'incendie. Tous les débitmètres doivent être correctement dimensionnés et installés conformément aux instructions du fabricant. Les débitmètres et VRP doivent être dimensionnés pour permettre de mesurer et de contrôler les flux faibles après la mise en place de la gestion de la pression et de la détection des fuites. Par conséquent, ils doivent généralement être réduits par rapport au diamètre principal original. Si possible, les données de flux mesurées devront être transférées à la salle de contrôle par télémétrie. Les limites des SDM devront être créées en fermant les vannes de sectorisation. Les limites des SDM devront suivre les limites naturelles (par exemple rivières, voies ferrées, les routes principales). Le nombre de vannes à fermer devra être minimisé. Les vannes servant de bornes doivent être clairement marquées ou équipées de dispositifs spéciaux pour éviter leur ouverture accidentelle (non autorisée) par le personnel de la compagnie des eaux. Les dénivellations du terrain devront être minimes dans le SDM. La mise en œuvre future de systèmes de gestion de la pression devra être considérée lors de la planification d'un SDM. Les types de consommateurs (les clients domestiques, industriels, commerciaux ou critiques comme les hôpitaux) et leurs besoins respectifs en eau devraient être évalués. Les dispositions légales régissant les pressions minimales, les contraintes locales en raison de la topographie et la hauteur des bâtiments ainsi que les exigences de lutte contre les incendies doivent être respectées. La limite du SDM peut être laissée ouverte, au cas où les vannes de fermeture à un point donné généreraient des problèmes de pression, mais des débitmètres doivent être installés pour contrôler les flux entrants et sortants. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles àà àà ermer les vannes de sectorisation pour créer les SDM augmentera le nombre de F conduites à cul-de-sac. Les SDM devraient donc être conçus de telle manière à éviter des problèmes de qualité d’eau due à la stagnation. Des modèles de réseaux hydrauliques aident à identifier et éviter les zones potentielles de stagnation. La gestion de la pression joue un rôle clé dans la gestion des fuites et, là où cela est possible, elle devrait être incorporée dans le processus de reconfiguration du système lors de la conception des SDM. Les services des eaux doivent tenir compte des facteurs hydrauliques, pratiques et économiques lors de la planification pour subdiviser leur réseau en SDM. En ce qui concerne la taille des SDM, les coûts d'installation et d'entretien par connexion sont généralement plus élevés pour les petites zones, car un plus grand nombre de vannes et de compteurs est nécessaire. Toutefois, les petits SDM ont l'avantage de permettre de découvrir les nouvelles fuites plus tôt. De plus, il est même possible de distinguer les petites fuites de consommation nocturne des clients ainsi que des fuites diffuses et la localisation d'une fuite au sein du SDM peut être effectuée plus rapidement. Par conséquent, les petits SDM peuvent économiquement atteindre un niveau plus bas de fuite que les grands SDM. Dans son guide des SDM, l'IWA recommande que les SDM dans les zones urbaines aient entre 500 et 3 000 branchements. [58] Selon l'Association technique allemande pour le gaz et l'eau Matériel (DVGW), la longueur totale des conduites de distribution au sein d'un SDM supplémentaire 6.1 doit être comprise entre 4 km et un maximum de 30 km, selon la précision Conception souhaitée de contrôle des pertes en eau. [13] d’un SDM La mise en œuvre de SDM est également possible et utile dans les réseaux de distribution d'eau à approvisionnement intermittent, bien qu’il soit plus difficile de déterminer le niveau de fuite si les clients stockent l'eau dans des réservoirs privés. La consommation moyenne peut être calculée par heure de service et peut être comparée aux flux entrants dans le SDM pour autant que des données fiables sur la consommation de la clientèle soient disponibles. 6.3.3 La mise en œuvre de SDM Une fois que les limites d'un nouveau SDM ont été déterminées, une étude de terrain doit être menée et les vannes de sectorisation existantes doivent être fermées et testées par rapport à l'étanchéité. L’essai des vannes est essentiel, car une vanne qui fuit faussera l'évaluation des fuites non seulement dans le SDM concerné, mais aussi au niveau des SDM voisins. Les vannes défectueuses doivent être remplacées. Une nouvelle vanne doit être installée au niveau des limites du SDM sans vannes. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 159 6 Un débitmètre approprié doit être conçu et installé pour le point d'entrée. Lors du dimensionnement du débitmètre, le diamètre de la conduite existante, la plage de flux prévue, la perte de charge admissible au flux maximal et les exigences des flux inversés doivent être prises en considération. La précision et la reproductibilité des mesures, les coûts d'installation et de maintenance ainsi que les conditions opérationnelles (approvisionnement continu ou intermittent) jouent également un rôle important. [22] Une fois que toutes les vannes ont été fermées et testées, un test à la pression zéro doit être effectuée (de préférence pendant une période de faible consommation et après avoir informé les clients) afin de vérifier que le SDM est complètement isolé. Plusieurs capteurs de pression doivent être installés dans le SDM. La vanne d'entrée dans le SDM doit ensuite être fermée tout en respectant la pression dans la zone. La consommation peut être simulée par l'ouverture d'une prise d’eau. Si la pression tombe à zéro, cela indique que les limites du SDM sont bien serrées. Si la pression ne diminue pas ou si elle augmente à nouveau après la fermeture de la prise d’eau, il est fort probable qu’une vanne de sectorisation ne soit pas complètement fermée ou qu'il y ait une connexion inconnue à une zone adjacente. La zone d’entrée potentielle peut être localisée par l'évaluation de la pression (élévation du sol plus la pression au manomètre) tout au long du SDM. [58] Après l’installation et les tests, une évaluation devrait être effectuée afin de déterminer si tous les débitmètres fonctionnent correctement et si les clients dans le secteur font face à une quelconque pénurie de pression ou d'approvisionnement. 6.3.4 Opération et gestion Comme toutes les autres méthodes de réduction des fuites, la mise en œuvre de secteurs de distribution mesurés n'est pas une solution miracle, mais elle exige un engagement à long terme de la part de la direction d'une compagnie des eaux et du personnel opérationnel. S’il est bien conçu et mis en œuvre correctement, un SDM peut être l'une des méthodes les plus efficaces pour réduire les pertes en eau. [59] Une fois que le SDM a été mis en place, des activités doivent être effectuées, comme la détermination des fuites et l’accomplissement du travail accumulé par rapport aux fuites détectées et non détectées. À long terme, les services des eaux doivent instituer et maintenir des opérations de routine et devront vérifier la capacité et le potentiel de mise en œuvre de la gestion de la pression. Détermination du niveau des fuites Les fuites dans un SDM peuvent être calculées comme la différence entre le total des flux entrants et la consommation des clients pendant une même période. L'entrée du système peut être mesuré directement après l’installation des débitmètres à tous les points d'entrée 160 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles (et de sortie) d'un SDM. Les mesures de flux peuvent être transférées en salle de contrôle de l’entreprise comme données en temps réel en utilisant les systèmes SCADA. Les données en temps réel permettent de réagir immédiatement face à de nouvelles fuites, mais c’est aussi la méthode la plus coûteuse des tendances de surveillance des fuites dans les SDM si le système SCADA n'est pas requis pour d'autres usages, tel que la gestion de la pression. Les débitmètres peuvent aussi être lus quotidiennement ou hebdomadairement, via le réseau GSM ou manuellement, car la plupart des nouvelles fuites apparaissent lentement et ont des débits faibles à leurs débuts. [77] La méthode la plus couramment utilisée pour déterminer le niveau des fuites dans un SDM est d'analyser la période de débit nocturne minimal (DNM), qui survient habituellement entre 2 heures et 4 heures du matin dans les zones urbaines. Le DNM doit être l`heure avec le débit minimal de l'agrégation de tous les flux entrants et sortants enregistrés du SDM. [22] La consommation des clients est à son minimum durant cette période, et les fuites représentent donc le pourcentage maximum des flux nets entrants dans le SDM (voir Figure 6.3). Les fuites non reportées et les pertes diffuses (indétectables) constituent les fuites totales. Plusieurs procédures sont disponibles pour estimer la quantité de fuites diffuses (voir Matériel supplémentaire 3.2). Figure 6.3 Relation entre le débit, la pression et les composantes des fuites selon [58] 40 80 Pression 70 35 60 40 Consommation des clients 25 20 Pression (m) Débit (l/s) 50 30 Débit nocturne minimal 30 20 10 Fuites diffuses 0 1 2 15 Consommation nocturne minimale Fuite due à une rupture 2 3 4 Temps (jours) Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 5 6 7 10 5 161 6 L'accomplissement du travail accumulé par rapport aux fuites non détectées Après l'installation d'un nouveau SDM, une campagne intensive de détection des fuites et de réparation doit être entreprise afin de déterminer et d'éliminer le travail accumulé par rapport aux fuites visibles et cachées dans le secteur. En conséquence, le flux entrant dans le SDM devra se composer uniquement de la consommation de la clientèle et des fuites diffuses (indétectables). Le modèle de flux qui en résulte doit être enregistré comme une valeur de référence pour la définition d’objectifs en matière de fuite. La mise en œuvre et le maintien des opérations de routine Les informations clés pour chaque SDM doivent être enregistrées et notées dans les cartes du système. Ces informations (par exemple sur les limites de la zone, les localisations des débitmètres, les enregistrements des ménages et autres consommateurs) doivent toujours être tenues à jour. Il est important de vérifier régulièrement que toutes les vannes de sectorisations soient marquées, fermées et étanches en vue de l'entretien du SDM. Les enregistrements de rinçage de conduite ou les vannes de sectorisation étant ouvert pour des raisons opérationnelles devraient être maintenues et le personnel de supervision doit être informé sur le fait de ne pas inclure les flux résultants dans l'analyse des fuites. Les débitmètres doivent être bien entretenus pour assurer un niveau élevé d'exactitude des données. Les plaintes de clients concernant la pression basse, les problèmes d’interruption de service et de qualité de l'eau doivent être surveillées afin d'identifier les potentielles lacunes du SDM. Vérification du potentiel de gestion de la pression Les fuites dans un SDM seront toujours composées de ruptures de conduite détectables (débit supérieur à 250 l/h à une pression de 50 m) et de fuites diffuses (eau d’infiltration et de ruissellement des joints, vannes ou accessoires qui fuient) qui ne sont pas détectables avec les méthodes acoustiques de détection des fuites. Déterminer si l'installation d'un système de gestion de la pression serait une option économique pour réduire davantage les niveaux de fuite est conseillé, surtout si les pertes diffuses sont importantes. 162 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 6.4 Gestion de la pression 6.4.1 Définition et objectif de la gestion de la pression Comme déjà largement expliqué dans ce manuel technique, la pression excessive peut aggraver le risque de nouvelles ruptures de conduites. La relation fuite - pression signifie également qu’une haute pression peut provoquer des débits de fuite excessifs. Inversement, la réduction de la pression d'eau dans un réseau des conduites peut diminuer les fuites. La gestion de la pression comprend donc l'ajustement et le contrôle de la pression de l'eau dans les systèmes d'approvisionnement d’eau à un niveau optimal. La mise en œuvre d'un système de gestion de la pression peut être profitable, non seulement dans les réseaux de distribution d'eau existants, mais aussi dans les réseaux nouvellement planifiés. Thornton et al. définissent généralement la gestion de pression comme la pratique de gérer les pressions du système de distribution à un niveau de service optimal tout en garantissant un service efficace et suffisant pour les utilisations légitimes et les consommateurs, tout en réduisant les pressions excessives inutiles, en éliminant les contrôles de niveau transitoires et défectueux qui provoquent des fuite inutile dans le système de distribution. [78] Lors de la réduction de pression, la pression de service minimum requise doit toujours être assurée au point critique du réseau. Il convient de noter que la localisation du point critique au sein d'un réseau est susceptible de se modifier en fonction des variations des habitudes de consommation ou en raison du changement de la structure du système. La compagnie des eaux elle-même, les autorités en charge de l'eau ou la législation locale définissent généralement la pression de service minimale. En outre, une dépressurisation doit toujours être évitée, par exemple lors de la consommation de pointe ou durant des conditions de flux en cas d'incendie. La pression de service minimale dépend de la hauteur des bâtiments, de la législation locale et des exigences des clients. En Allemagne, par exemple, une pression de 15 m doit être garantie à tous les points du réseau à tout moment. Les pressions maximales, surtout dans les périodes de faible consommation nocturne, sont généralement beaucoup plus élevées, souvent jusqu'à 60 m ou plus. Cela montre un grand potentiel de réduction de la pression et donc des pertes en eau. La section suivante explique les principes qui basés derrière l'idée de gestion de la pression. La Figure 6.4 à la page suivante présente un croquis d'un secteur de gestion de la pression (SGP) typique à entrée unique et une vanne de régulation de la pression (VRP). Dans le Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 163 6 croquis, P1 se réfère à la pression en amont de la VRP, P2 se réfère à la pression en aval de la VRP et le PPC se réfère à la pression au point critique, c’est-à-dire le point où la pression est la plus basse au sein du SGP. Le point critique peut être situé n'importe où dans le SGP et dépend de la topographie, des diamètres des conduites et de la tendance de consommation d'eau au sein du réseau. Figure 6.4 Réservoir Vue simplifiée des pressions dans un réseau de distribution Courbes de pression (lignes de charge ou d'énergie) Pression par faible con sommation Pression 40 - 100 m par forte consomm ation Pression pa r contrôle de la gest ion de pres sion Pression minimale P1 VRP P2 PPC Les lignes rouges de la Figure 6.4 représentent une distribution simplifiée de la pression au sein du réseau, de l'entrée (P1) au point critique (PPC). La perte de charge dans les conduites diminue la pression entre P1 et le point critique. Sans gestion de la pression, la pression au point critique variera tout au long de la journée : une consommation élevée pendant la journée entraînera des pertes en pression élevées, tandis que la vitesse d’écoulement et donc des pertes de charges sont à un niveau minimum pendant la nuit. Cependant, la gestion de la pression peut réduire la pression au point critique à la pression de service minimale requise et la maintenir à un niveau constant pendant toute la journée, cela en employant différentes stratégies de modulation des VRP. Plus simplement, la gestion de la pression réduit non seulement les variations de pressions, mais élimine également la pression superflue et réduit donc les débits de fuite et les pertes en eau réelles. Cet objectif peut être abordé en utilisant différentes solutions techniques décrites dans ce chapitre. Toutefois, sa réalisation n'est pas toujours simple, car elle implique différentes 164 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles étapes et analyse des données avant de concevoir un schéma de réduction de la pression. Chaque SGP est différent et a ses propres contraintes spécifiques. Par conséquent, chaque projet de mise en œuvre doit être adapté. La prochaine section explique les différents concepts de gestion de la pression. Il convient également de mentionner que les VRP ne sont pas le seul outil de gestion de la pression. Les pompes à vitesse contrôlée peuvent également être utilisées pour gérer la pression dans les cas où une pompe alimente directement un réseau de distribution. Le Chapitre 6.4.2 introduit différents concepts pour le contrôle (modulation) des systèmes de gestion de la pression. Le Chapitre 6.4.3 décrit les différents types de VRP et le Chapitre 6.4.4 explique les différents types de SGP. Le Chapitre 6.4.5 présente une approche étape par étape de planification et de conception d'un système de gestion de la pression. La Figure 6.5 résume les différents concepts et composantes disponibles pour la gestion de la pression. Figure 6.5 Classification des différents concepts et composantes pour la réduction de la pression Localisation de la modulation Type de modulation Type de vanne Entrée & type de SGP Modulation du point local Modulation du point critique Section 6.4.2 Pression de sortie fixe Pression de sortie basée sur le temps Pression de sortie basée sur le débit Section 6.4.2 Vanne de régulation à membrane Vanne annulaire Section 6.4.3 SGP à entrée unique SGP à entrée multiple SGP dynamique SGP micro & macro Section 6.4.4 6.4.2 Concepts de modulation Le terme modulation décrit les méthodes par lesquelles les VRP sont contrôlées dans un système de gestion de la pression. Les concepts de modulation peuvent être divisés selon le type de modulation (qui comprend différents modes de commande pour les VRP) et la localisation de la modulation (qui définit si la pression est contrôlée directement derrière la VRP ou à un point précis dans le réseau de distribution d'eau). Ces deux concepts sont décrits dans les sections suivantes. Le Chapitre 6.4.5 explique comment ces éléments peuvent être combinés pour créer des solutions personnalisées adaptées aux différentes conditions et exigences locales. Il convient de noter que tous les types de modulation sont flexibles et peuvent être adaptés ou mis à jour en changeant simplement les paramètres du contrôleur d'une VRP (automate programmable industriel, API). Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 165 6 (a) Localisation de la modulation Modulation de la pression du point local – Cette technique est la façon la plus simple pour réduire la pression. Elle consiste à moduler la pression à l'entrée du SGP en installant une VRP afin de fixer P2 à des valeurs constantes ou prédéfinies. Les capteurs de pression sont seulement nécessaires pour mesurer P1 et P2 et la communication entre les capteurs et la VRP est simple. Ce type de modulation nécessite le plus faible investissement, mais la pression ne peut être réduite à un niveau optimum en raison de la marge de sécurité plus élevée nécessaire pour assurer la pression de service minimale requise au point critique (PPC). La réduction du débit des fuites est donc limitée. Cette technique est souvent couplée avec une modulation basée sur le temps, ce qui est expliqué dans la section (b). Modulation de la pression du point critique – Pour la modulation de la pression du point critique (aussi appelée modulation à distance), un capteur de pression au point critique contrôle en permanence la pression au point critique (PPC) et communique les informations à la VRP à l'entrée du SGP. Cette VRP ajuste en permanence P2, de sorte que PPC reste aussi proche que possible de la valeur souhaitée (par exemple une pression de service minimale de 20 m). Cette technique offre de meilleurs résultats que la modulation du point local, mais nécessite également des investissements supplémentaires pour le capteur de pression de PPC et pour les dispositifs de communication. La transmission radio ou l’utilisation d’un modem GPRS / GSM avec une carte SIM utilisant Internet peuvent être utilisées pour communiquer les résultats, comme le montre la Figure 6.6. Un système typique permet également la surveillance en temps réel et le contrôle du SGP. La localisation du point critique dans un SGP peut s’altérer en raison de changements dans la structure du secteur (point d'entrée supplémentaire, modification de vannes de sectorisation, le démantèlement des sections des conduites etc.) ou en raison de changements d’habitudes de consommation d'eau des clients. Les pressions au sein du réseau devront donc être surveillées régulièrement. Les effets de différents types de modulation de la pression sont représentés à la Figure 6.7 à la page 168, montrant P1, P2, PPC et le débit Q pour un système sans modulation de pression et pour deux systèmes avec modulation de la pression du point local et du point critique. Comme la Figure 6.7 le montre, les pressions P1 et PPC sont inversement liées au profil de consommation où il n'ya pas de gestion de la pression. Dans le cas de la modulation de 166 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Figure 6.6 Communication dans un système de commande à distance Salle de contrôle Internet Assistance en temps réel par le fournisseur de solutions Serveur Alarme de l'opérateur Transfert Archivage SCADA Réservoir Pylône du fournisseur GPRS Modem GPRS/GPS P1 Modem GPRS/GPS VRP P2 Zone de distribution PPC la pression du point local, P2 est fixé à une valeur définie, ce qui implique une diminution de la pression au point critique. Or, la pression PPC au point critique varie encore en raison de changements dans les habitudes de consommation. Dans le cas de la modulation au point critique, la pression PPC est maintenue à peu près constante au niveau souhaité, pendant que P2 en aval de la VRP est constamment modulé. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 167 6 Figure 6.7 Pas de modulation de pression 80 70 70 60 60 Pression (m) Pression (m) 80 Différents concepts de modulation et leurs effets sur la pression 50 40 30 Un excès de pression provoque une augmentation des débits de fuite! 20 Modulation du point local 50 40 30 20 10 10 0 0 Jour 1 Jour 2 Jour 3 Jour 1 80 Jour 2 Jour 3 Modulation du point critique Pression (m) 70 Débit Débit 60 50 40 30 20 10 0 Jour 1 Jour 2 Jour 3 P1 : Pression en amont de la VRP P2 : Pression en aval de la VRP PPC : Pression au point critique Jour 1 Jour 2 Jour 3 Excès de pression Q : Débit (b) Type de modulation Modulation de la pression de sortie fixe – Une vanne de régulation de pression (VRP) à pression de sortie fixe définit la pression en aval P2 à la valeur désirée. La vanne est alors actionnée en permanence pour maintenir cette pression. P2 doit être réglé de telle façon que la pression minimale de service soit toujours garantie au point critique lors de la demande maximale. L'inconvénient de ce type de modulation est que la pression dans le réseau augmente lors de périodes de demande minimale sans être en mesure d'appliquer un contrôle plus poussé de manière efficace. [8] Néanmoins, la modulation avec la pression de sortie fixe est efficace pour les SGP à faibles pertes entre P2 et PPC ainsi que pour les profils plutôt uniformes de consommation, sans variations quotidiennes ou saisonnières significatives. [77] 168 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Modulation de la pression basée sur le temps – La modulation de la pression basée sur le temps permet de régler une pression P2 plus élevée durant la journée et de la baisser la nuit, lorsque la consommation diminue. Toutefois, la modulation basée sur le temps peut aussi être plus complexe : un profil de pression avec différents points de réglage peut être déterminé en analysant la consommation normale d'eau et sa relation à la pression au PPC sur une période donnée. Ce profil de pression indique la pression P2 désirée à différents moments de la journée. Le contrôleur (API) modulera ainsi la VRP de telle manière que P2 soit maintenue jusqu'à l’étape suivante. [64] La Figure 6.8 présente un exemple de concept de modulation de la pression basée sur le temps. Set 1 Set 2 Set 3 Set 4 Set 5 Temps (hh:mm) 0:00 5:00 7:00 12:00 20:00 Pression (m) 25 30 40 38 30 Set 1 Réglage Modulation de pression basé sur le temps 22 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 21 Se t5 24 23 20 19 18 1 Pression (m) Figure 6.8 2 3 4 5 Set 2 6 7 17 Set 3 8 16 9 15 10 14 12 11 Set 4 13 6 Il est important de noter que le contrôleur (API) ne peut forcer une VRP à changer instantanément la pression. Au lieu de cela, la vanne d’ouverture doit être réglée en douceur sur le nouveau réglage sur une période durant en général plusieurs minutes [64] Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 169 Figure 6.9 80 Modulation de la pression en fonction du débit Pression de sortie basé sur le débit 25 60 50 40 30 20 Excès de pression minimisé -> débit des fuites minimisé 10 Perte de charge (m) 70 Pressure H (m) 30 20 25 20 15 10 5 0 0 Jour 1 Jour 2 Jour 3 0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0 Débit [m³/h] Débit Débit Réglage Jour 1 Jour 2 Jour 3 Débit Q (m3/h) Set 1 Set 2 Set 3 Set 4 Set 5* 8,00 11,00 15,00 19,00 24,00 Perte de charge H (m) 0,40 2,65 7,40 14,50 26,10 Réservoir Débitmètre P1 VRP P2 Zone de distribution P1 : Pression en amont de la VRP P2 : Pression en aval de la VRP PPC : Pression au point critique * Relation débit/perte de charge en cas d'incendies 170 PCP Pmin : Pression minimale de service Excès de pression Q : Débit Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Modulation de la pression basée sur le débit – La modulation de la pression basée sur le débit nécessite l'installation d'un débitmètre à l'entrée du SGP, qui surveille en permanence le flux dans la zone. Le contrôleur de la VRP compare ensuite les débits mesurés avec la relation débit spécifique / perte de charge du SGP, qui doit être déterminée au préalable par le service des eaux. L'ouverture de la VRP est alors actionnée en conséquence. La Figure 6.9 montre à quoi ressemble généralement une telle relation débit / perte de charge : Dans cet exemple, les quatre premiers paramètres représentent le modèle d'écoulement normal quotidien, qui se situe entre 8 et 19 m³ / h. Pour ces débits, la perte de charge entre P2 et le point critique (PPC) a été déterminée comme étant de 0,4 à 14,5 m. La pression P2, en aval de la VRP, est désormais fixée à une valeur qui assure une pression de service minimum au PPC. La pression P2 est réglée sur des valeurs plus élevées pour les cas de débits exceptionnellement élevés, par exemple un débit d’incendie. [64] Si la relation entre le débit et la perte de charge est mieux connue, les paramètres de la VRP peuvent être définis de façon plus précise afin d'assurer un système simple de contrôle de la pression. Le Chapitre 6.4.5 (cas typique d'utilisation) expliquera les différentes options pour combiner la localisation et le type de modulation. 6.4.3 Types de vannes de régulation de la pression (VRP) Les deux types les plus communs de VRP sur le marché sont des vannes à membranes (section a) et les vannes annulaires (section b). Cette section explique la fonctionnalité de différents types de vannes et illustre leurs plus importantes caractéristiques, avantages et inconvénients, afin de déterminer quel type est le plus adapté aux besoins spécifiques (section c). (a) Les vannes à membrane Les vannes à membrane, aussi appelé vannes à diaphragme, se forment généralement d'une vanne principale à fonctionnement hydraulique et d’un circuit pilote. Différents sous-types de vannes à membrane sont disponibles, comme le type globe, le type Y ou les vannes à joints directs, qui varient en forme, en caractéristiques de flux et en mécanismes d’action. La vanne principale se compose de trois parties principales : le corps, le couvercle et la membrane. La membrane est la seule partie mobile de la vanne principale. La membrane, généralement fabriquée à partir de caoutchouc synthétique, est serrée entre le corps et le couvercle afin de séparer la pression de contrôle de la pression de la ligne. Lorsque l'orifice d’ouverture de la vanne pilote diminue, plus d'eau est forcée dans l'espace entre le couvercle et La membrane et la vanne est modulée à sa position fermée, et vice-versa. La pression de sortie de la vanne peut être réglée simplement en tournant un vis Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 171 6 au niveau de la vanne pilote jusqu'à ce que la pression fixe désirée soit atteinte. La VRP est actionnée hydrauliquement et aucune alimentation externe en énergie ni de batteries ne sont nécessaires. Un contrôleur (API) alimenté par batterie doit être installé si une vanne à membrane est censée être mise en marche par une modulation basée sur le temps ou une modulation basée sur le débit. Le profil de contrôle exact est déterminé par une table de valeurs, qui stipule la pression de sortie désirée pour un moment précis de la journée ou pour un flux donné. Le contrôleur actionne alors les valves solénoïdes miniatures sur les conduites du circuit pilote. Cette action transfère de petites quantités d'eau autour du circuit de pilote, en modifiant la pression sur le déclencheur de la vanne pilote et donc la position de la membrane jusqu'à ce que la pression de sortie souhaitée soit atteinte. [64] La Figure 6.10 montre la fonctionnalité d'une vanne à membrane. Figure 6.10 Fonctionnalité d'une vanne à membrane : fermée (à gauche), ouverte à 50% (au centre) et totalement ouverte (à droite) (Source : VAG Armaturen) Sens d'écoulement Sens d'écoulement Sens d'écoulement (b) Les vannes annulaires Les vannes annulaires, aussi connu sous le nom de vannes à piston ou à aiguilles, sont également adaptées pour la réduction et contrôle des pressions et débits d'une manière sûre et fiable. Contrairement aux vannes à membrane, qui sont actionnées hydrauliquement, les vannes annulaires nécessitent des actionneurs externes qui sont alimentés manuellement, pneumatiquement ou électriquement. Les pressions et débits sont contrôlés par la variation de la section interne de la vanne. Par conséquent, les vannes annulaires se composent généralement du corps de vanne et d’un piston (plongeur) coulissant axialement. Le mouvement linéaire du piston résulte de la conversion du mouvement de rotation de l'actionneur 172 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles externe. Ceci assure une section symétrique transversale en forme d'anneau à chaque position, comme illustré à la Figure 6.11. Figure 6.11 Fonctionnalité d'une vanne annulaire : fermée (à gauche), ouverte à 50% (au centre) et totalement ouverte (à droite) (Source : VAG Armaturen) Sens d'écoulement Sens d'écoulement Sens d'écoulement Différents cylindres montés sur le piston et les différentes sections de sortie sont utilisés pour adapter la vanne annulaires de façon optimale à l'usage prévu. Les cylindres divisent le flux en jets d'eau individuels qui se touchent en aval du piston dans la ligne centrale de la conduite afin de dissiper l'énergie sans risque de cavitation. Des exemples de différents cylindres et leur fonction sont présentés à la Figure 6.12. Figure 6.12 Sans cylindre (gauche), cylindre à fente (au centre) pour applications standard et cylindres à orifices multiples (droite) pour différences hautes de pression (Source : VAG Armaturen) 6 Flow Sens d'écoulement Flow Flow Sens d'écoulement Sens d'écoulement Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 173 Comme précédemment mentionné, un actionneur externe actionne la vanne annulaire en mouvement. La pression désirée en aval de la VRP (P2 ou PPC) est définie comme la valeur nominale du processus. Les capteurs de pression à P2 ou PPC rapportent ensuite la pression réelle au contrôleur de position de la vanne, qui détermine si l'actionneur doit ouvrir ou fermer la vanne afin de fournir la pression désirée. Une marge de tolérance évite l’ouverture et la fermeture permanente de la vanne. (c) Comparaison entre les vannes à membrane et annulaires Cette section présente les différences entre les vannes annulaires et à membrane, leurs avantages et inconvénients respectifs ainsi que les différents aspects à prendre en considération lors du choix d'un type de vanne. Comportement en cas de cavitation – Le processus dynamique de la formation et de l'implosion de cavités dans les liquides est connu sous le nom de cavitation. La cavitation peut se produire lorsque des vitesses à haut débit diminuent la pression hydrostatique locale en dessous d'une valeur critique qui correspond à la pression de vapeur du fluide. En conséquence, de petites bulles de gaz se forment et disparaissent quand elles atteignent des zones de hautes pressions. L'implosion des bulles crée des pics de haute pression locale qui peuvent atteindre plusieurs milliers de bars. [90] Cela peut entraîner de graves problèmes, tels que des bruits importants, de fortes vibrations, un flux ralenti, de l’érosion, voire la destruction totale de la conduite affectée ou des composants de la vanne. Les vannes de régulation sont particulièrement sensibles à la cavitation. La pression peut chuter à des valeurs critiques dans la section réduite de la constriction due à l’augmentation de la vitesse d'écoulement. Derrière la constriction, la pression monte à nouveau et les bulles de gaz disparaissent. La surface de la paroi de la conduite dans cette zone peut être endommagée de façon significative par l'impact du jet de l'eau et par l'onde de choc de l'implosion de bulles. Dans les vannes annulaires, la section en forme d'anneau permet un profil de flux symétrique et au jet d'eau d’être situé en aval de la constriction dans le centre de la conduite. Cela permet un échange intensif d'impulsions avec l'eau environnante et protège également les parois de la conduite, car les bulles de gaz se concentrent dans le centre de la conduite comme illustré à la Figure 6.13. Le risque de cavitation dans les vannes annulaires peut être minimisé par l'utilisation adéquate des cylindres, même en cas de différences significatives entre la pression d'entrée et de sortie. En revanche, les vannes à membrane sont limitées à une différence de pressions relativement faible entre P1 et P2 (pression différentielle), comme illustré par les diagrammes 174 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Figure 6.13 Caractéristiques du débit et cavitation dans une vanne à membrane (à gauche) et dans une vanne annulaire (droite) Cavitation Sens d'écoulement Sens d'écoulement de la Figure 6.14. Par conséquent, les vannes annulaires facilitent une plus grande réduction de la pression. [73] Deux vannes peuvent être connectées en série, si les vannes à membrane doivent être utilisées pour des différences de pressions différentielles élevées. Figure 6.14 Comportement de la cavitation pour une vanne à membrane (gauche) et pour une vanne annulaire (droite) Vanne à membrane 25 Zone de cavitation Pression entrante (bar) Pression entrante (bar) 25 Vanne annulaire 20 15 10 5 Zone sans cavitation 0 20 15 10 5 Zone sans cavitation 0 0 1 2 3 4 5 6 7 0 Pression sortante (bar) 1 2 3 4 5 6 7 6 Pression sortante (bar) Le risque de cavitation doit être considéré dans les systèmes à haute pression en amont et avec des différentiels de pression importants (plus de 3 : 1 comme une règle de pouce pour P1 : P2). Le risque de cavitation est généralement négligeable dans le cas des petites pressions en dessous de 25 m. [29] Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 175 Les caractéristiques de régulation et précision de contrôle – L’avantage d'une VRP doit être pris en considération afin d'assurer la stabilité de la régulation de la pression pour une large gamme de débits. Le gain de vanne d’une VRP est la pente de la courbe caractéristique de la vanne et est défini comme le ratio de la variation de débit par rapport à la variation de déplacement de la vanne. Les caractéristiques spécifiques de flux des vannes de régulation peuvent être classés en (a) à ouverture rapide, (b) linéaire et (c) pourcentage égal, comme illustré par la Figure 6.15. Les vannes à membrane sont généralement à ouverture rapide et offrent un gain de vanne très large dans des conditions de faible flux. Les déplacements de la petite valve entraînent une forte augmentation des flux au début de l'ouverture de la vanne, comme le montre la Figure 6.15. Par conséquent, les vannes à membrane peuvent être soumises à l'instabilité dans des conditions de faible flux. Ces instabilités de régulation peuvent entraîner une oscillation et des fluctuations de pression non désirées au sein du système. [29] Les vannes annulaires ont des caractéristiques de contrôle quasi-linéaire en raison de leur grande course de piston, comme on peut le voir sur la Figure 6.15. Pour cette raison, les vannes annulaires démontrent des caractéristiques de régulation très précises, même en cas de faible flux, et sont moins sujettes à l'oscillation. Dans la pratique, Figure 6.15 100 Caractéristiques de la régulation d'une vanne à membrane et d'une vanne annulaire Vanne à membrane (ouverture rapide) % du débit maximal 75 Vanne annulaire (ouverture linéaire) 50 25 Ouverture de pourcentage égal 0 0 25 50 75 100 % de course estimée 176 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles cela signifie qu’une adaptation plus précise des conditions de pression est possible à travers tout le spectre de débits. Alimentation d’énergie – Le plus grand avantage des vannes à membrane est qu'elles sont actionnées hydrauliquement et ne nécessitent donc pas de sources d'énergie auxiliaires. Les vannes annulaires, par contre, sont généralement mises en mouvement par des actionneurs pneumatiques ou électriques. C'est pourquoi les vannes à membrane peuvent être plus appropriées pour les régions retirées sans accès à une alimentation d’énergie. Perte de charge – Les VRP et leur équipement (par exemple débitmètre, vanne d'isolement, filtre, pièce de démontage, etc.) génèrent toujours une perte de charge locale, même lorsqu'elles sont complètement ouvertes. La perte de charge en position complètement ouverte est généralement plus faible que pour les vannes annulaires, selon le cylindre utilisé : sans un cylindre spécial, les vannes annulaires en général ont des coefficients de perte de charge ζ allant de 1,0 à 2,0, contre 3,0 à 8,0 pour les cylindres à fente. Les vannes à membrane en général ont des coefficients de perte de charge ζ entre 5,0 et 6,0. Des pertes de pression faibles et des débits élevés en position complètement ouverte sont particulièrement importants lors de conditions de débits d'incendie et dans les systèmes où la pression en amont P1 peut chuter à des valeurs proches de la pression nécessaire au cours du débit de pointe. Cependant, il faut toujours garder à l'esprit que la fonction d'origine d'une VRP est de réduire la pression. Par conséquent, la perte de charge ne devrait normalement pas être considérée comme un critère clé de sélection. [29] Les besoins d'entretien – En général, tous les types de VRP doivent être contrôlés et entretenus à intervalles réguliers afin d'assurer leur fonctionnalité et leur mode de fonctionnement optimal. Le DVGW recommande d'effectuer des inspections et des mesures d'entretien figurant dans le Tableau 6.1 à intervalles d'un an : Tableau 6.1 Inspections annuelles et des mesures d'entretien pour les VRP [13] Inspections Mesures d'entretien les dommages et la corrosion fonctionnalité de la VRP etanchéité extérieure aucun débit quand la vanne est en position complètement fermée réglage correct de la pression de sortie dans le cas échéant : Si applicable : 6 nettoyage protection contre la corrosion lubrification des éléments extérieurs mobiles passage libre de filtre et du circuit de contrôle fonctionnalité et précision des manomètres fonctionnalité de vannes à air Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 177 Alors que les vannes annulaires ne nécessitent que peu d'entretien particulier, les vannes à membrane ont besoin de plus d'attention. Les petits diamètres du circuit de commande signifient que les particules, le sable ou les incrustations peuvent faire Matériel obstacle à ces conduites, altérer les caractéristiques de contrôle et éventuellesupplémentaire 6.2 ment bloquer la vanne. Les vannes à membrane ont donc besoin de plus de Maintenance d’une VRP travail de maintenance, en particulier lorsque la qualité de l'eau est mauvaise : le filtre dans le capteur d’impureté de la ligne principale de même que le filtre existant dans le filtre du circuit de contrôle doivent être vérifiés et nettoyés tous les trois à quatre mois. En outre, le remplacement du caoutchouc de la membrane et de tous les joints est recommandé tous les cinq ans. Coûts d’investissement et du cycle de vie complet – Outre les coûts d'investissement pour une VRP, les coûts de cycle de vie totaux (pour le fonctionnement et l'entretien, la main d’œuvre et des pièces de rechange) doivent être considérés. Les vannes à membrane demandent généralement un investissement initial bas par rapport aux vannes annulaires. En plus du coût de la vanne elle-même, les installations nécessaires et les précautions d'alimentation d’énergie sont d’importants facteurs dans le coût des vannes annulaires. Toutefois, les vannes annulaires peuvent être la solution la plus économique pour les grands diamètres (supérieurs à DN 400) dans les cas où deux vannes à membrane doivent être installées en parallèle afin de faire face à la plage de flux. La même chose s'applique aux différentiels à haute pression où les vannes à membrane doivent parfois être installées en série. En ce qui concerne les coûts totaux du cycle de vie, les vannes à membrane en général ont des besoins d'entretien plus élevés (remplacement des joints usés, vérification et nettoyage des filtres, etc.), tandis que les vannes annulaires, nécessiteront une certaine quantité d’énergie pour l’actionneur électrique de la vanne. D'autre part, les vannes annulaires offrent plus de flexibilité par rapport aux demandes changeantes car la section transversale en forme d'anneau offre une courbe de contrôle linéaire sur une large gamme de débits. Les cylindres échangeables contribuent également à adapter la vanne à des conditions changeantes, tandis que les vannes à membrane doivent généralement être totalement remplacées. 6.4.4 Types de secteurs de gestion de pression Les secteurs de gestion de pression (SGP) peuvent être classés en trois catégories en fonction de la condition locale et de la configuration ainsi que des différentes possibilités d'entrée. En outre, une distinction peut être faite entre les micros et les macros SGP en fonction de la longueur du réseau et le nombre de connexions domestiques dans un SGP. 178 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles (a) SGP à entrée unique Une conduite à entrée unique fournit cette zone avec de l'eau, soit à partir d’une conduite de dérivation à partir d'un tronçon principal ou sur une conduite à alimentation gravitationnelle derrière un réservoir. Le SGP est séparé des réseaux voisins par la fermeture des vannes de sectorisation. Un SGP peut être développé par l'amélioration d'un SDM existant (voir le Chapitre 6.3). (b) SGP à entrées multiples Un système de régulation pour deux ou plusieurs entrées dans le SGP nécessite des calculs plus complexes afin de garantir une pression constante au point critique. Différents procédés sont possibles. Par exemple, on peut décider de maintenir une entrée à une position constante et seulement moduler la deuxième vanne. Concevoir et mettre en œuvre un SGP à entrées multiples nécessite toujours une ingénierie plus détaillée qu’un SGP à entrée unique. L'utilisation d'un modèle hydraulique est recommandée. (c) Les SGP dynamiques Les SGP dynamiques sont le type le plus évolué de la technologie de gestion de la pression : la localisation du point critique, des limites du SGP ainsi que le nombre d'entrées dans le SGP peuvent être modifiés pour adapter le système de façon optimale afin de répondre aux exigences instantanées. (d) Les micro et macro SGP De plus, une distinction peut être faite entre les macros et micros secteurs de gestion de pression : un micro SGP se compose généralement d'un secteur de distribution indépendant où la pression est contrôlée à un ou plusieurs points d'entrée. Un macro SGP se compose d'une VRP sur une conduite de refoulement qui alimente plusieurs réseaux de distribution ou micro SGP. 6.4.5 Planification et conception Ce chapitre présente les différents cas d'utilisation d’installations de gestion de la pression, explique les étapes de mise en œuvre d’un projet typique et montre comment les vannes annulaires et à membrane sont généralement installées. Les différents concepts de modulation du Chapitre 6.4.2 peuvent être combinés avec différents types de vannes pour déterminer les secteurs de gestion de la pression (par exemple modulation de la pression du point local + VRP à pression de sortie fixe + vanne à membrane + SGP à entrée unique). Cela conduirait à plus de 12 différents cas d'utilisation possibles. Toutefois, en pratique, les sept cas suivants d’utilisation sont appliqués. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 179 6 (a) Cas d'utilisation type Ces cas d'utilisation donneront des indications pour trouver la solution la plus adaptée aux différentes conditions limites. Les cas d‘utilisation 1-5 sont pour les SGP à entrée unique et les cas d'utilisation 6 et 7 pour les SGP à plus d'une entrée. àà àà àà àà 180 as d’utilisation 1 : modulation du point local, vanne à membrane avec une C pression de sortie fixe. C'est la solution de base de la gestion de la pression et la plus appropriée pour des zones sans alimentation d’énergie (régions retirées) ou avec de fréquentes pannes d’électricité. L'installation de vannes à membrane avec une pression de sortie fixe est relativement peu coûteuse et offre des retours sur investissement rapides. Elle doit être utilisée dans des zones où il y a peu d’informations ou des informations peu fiables sur le réseau, les clients et les composantes du bilan d’eau. Elle peut être la première étape dans l'établissement d'un SGP et devrait toujours être accompagnée d’une surveillance de la pression et de flux afin de mieux comprendre le réseau. Des dispositions devraient être prises pour permettre de futures mises à jour aux solutions plus évolutives. Cas d’utilisation 2 : modulation du point local, vanne à membrane avec modulation basée sur le temps ou basée sur le débit. Ce cas d'utilisation combine la modulation de la pression du point local avec une modulation basée sur le temps ou basée sur le débit. Par exemple, la pression sera réduite pendant la nuit ou selon un ratio pression / débit prédéfini. Ce second cas d'utilisation est également approprié aux zones où il y a peu d’informations ou d’informations d’origine peu fiable. Il est recommandé de mesurer la pression d'entrée P1 et le débit pendant un minimum de trois mois représentatifs avant la mise en œuvre du projet. L’alimentation en électricité (batterie) est nécessaire (pour le contrôleur de la VRP), mais le système fonctionne également avec une alimentation électrique intermittente ou insécurisée. Le différentiel de pression entre P1 et P2 ne devrait pas être trop élevé afin d'éviter les problèmes de cavitation. Le contrôle de la pression est toujours basique, mais produit normalement déjà de meilleurs résultats que le cas d'utilisation 1. Cas d’utilisation 3 : modulation du point local, vanne annulaires avec une modulation basée sur le temps ou sur le débit. C'est le même que le cas d'utilisation 2, mais une valve annulaire est utilisée. Les vannes annulaires nécessitent une source d'énergie externe, mais permettent un plus grand diamètre d'entrée et une différence de pression plus élevée. En outre, les coûts d'entretien sont faibles. Cas d’utilisation 4 : modulation du point critique, vanne à membrane avec une modulation basée sur le temps ou basée sur le débit. Ce cas d'utilisation nécessite Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles àà àà àà une communication entre un capteur de pression installé au point critique du SGP et la VRP. La solution la plus rentable est de travailler avec le réseau GSM mobile local. Cas d’utilisation 5 : modulation du point critique, vanne annulaires avec une modulation basée sur le temps ou basée sur le débit. Ce cas d'utilisation nécessite une communication entre un capteur de pression installé au point critique du SGP et l'autre à la VRP. La solution la plus rentable est de travailler avec le réseau GSM mobile local. La modulation au point critique offre de meilleures options pour l'optimisation. Par conséquent ces systèmes seront rentables même pour les systèmes avec des pertes en eau relativement faibles. Un modèle hydraulique du système est recommandé car il permettra la conception optimale du système. Dans tous les cas, les données de la structure du réseau, la pression d'entrée et des mesures de flux sont absolument nécessaires pour le dimension nement correct, et il y a un besoin en électricité continu et stable à la fois au point critique à l’emplacement le la VRP. Cas d’utilisation 6 : entrées multiples. Ce cas d'utilisation prend en compte les SGP avec plus d'une entrée. Tous les concepts et les composantes de la Figure 6.5 à la page 165 peuvent être appliqués en conformité avec les informations hydrauliques. Cas d’utilisation 7 : entrées multiples, SDM dynamique. Ce cas d'utilisation implique un point critique dynamique. Le point critique peut varier d’une localisation à l’autre toute la journée, et une distribution optimale de l'eau nécessite un contrôle intelligent. Un modèle hydraulique et les données de consommation sont une obligation et un système SCADA est recommandé dans le cas des systèmes à entrées multiples. Il s'agit d'une solution à gros budget, mais qui offre des possibilités d'optimisation significatives. Les résultats coût-efficacité peuvent être atteints, même avec des pertes en eau faibles à moyennes. L’arbre d’aide à la décision de la Figure 6.16 à la page suivante illustre le processus de sélection de la solution la plus appropriée de gestion de la pression pour un réseau ou une zone de distribution. (b) Etapes types de mise en œuvre de projet Un projet typique de gestion de la pression est généralement composé d’étapes montrées dans la Figure 6.17 à la page 183. Toutefois, les conditions locales peuvent exiger des tâches supplémentaires non mentionnées dans ce guide ou non mentionnées à chaque étape, mais qui pourraient être nécessaires en fonction du cas d'utilisation (par exemple la modélisation hydraulique du système). Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 181 6 Figure 6.16 Graphique d'aide à la prise de décision pour les sept cas typiques d'utilisation Besoin de réduire les pertes en eau et les ruptures de conduites Zone à compteur général à orifice simple ? NON Point critique dynamique ? NON 6 NON 2 NON 1 OUI OUI 7 Disponibilité d'alimentation électrique ? NON OUI Modulation du point critique ? Point de pression variable ? OUI NON 3 Modulation du point critique ? OUI OUI 5 4 Etude de faisabilité Cette étape comprend une évaluation initiale qui implique une étude de faisabilité et de rentabilité financière de la mise en œuvre d'un projet et comporte les mesures suivantes : àà àà àà identification d’un secteur de distribution mesuré (SDM) calcul du retour sur investissement (RSI) analyse des infrastructures et des ressources locales. Collecte et gestion des données La collecte et la préparation des données peuvent parfois prendre beaucoup de temps en fonction des conditions locales. Toutefois, elles sont nécessaires dans la détermination de l'option la plus appropriée et pour plus d’optimisation du système. La gestion des données 182 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Figure 6.17 Les différentes étapes d'implémentation d'un projet de gestion de la pression Etape 1 Etude de faisabilité Etape 2 Saisie et gestion des données Etape 3 Modélisation hydraulique Etape 4 Stratégie de contrôle et d'opération Etape 5 Planification et installation d'un système de gestion de la pression Etape 6 Service sera bénéfique même si la compagnie des eaux n’adopte pas un programme de gestion de la pression car elle permet à la compagnie des eaux d’avoir une meilleure connaissance et compréhension de son réseau. àà àà àà àà ollecte des données (par exemple, pression, flux, consommation, C données relatives aux conduites et vannes) structurer et préparer les données possibilité d'achat de données supplémentaires (données GIS, etc.) vérification et contrôle de plausibilité des données disponibles. Modélisation hydraulique La modélisation hydraulique est nécessaire pour comprendre le comportement actuel et futur du réseau. Ce modèle aidera à identifier les secteurs de gestion de la pression optimaux par l’application de simulations. Ces simulations permettent d’avoir différentes options à tester et pour déterminer le meilleur cas d’utilisation pour la compagnie des eaux. àà àà àà Mise en place et calibrage du modèle hydraulique exécution des essais de simulation analyse des résultats et détermination optimale des paramètres de pression. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 183 6 Sélection d'une stratégie de contrôle et de fonctionnement Une fois le modèle construit, différents cas d'utilisation peuvent être testés et l'impact des différents paramètres peuvent être simulés. Cela permet de déterminer la meilleure solution à proposer au service des eaux. Le modèle hydraulique peut être utilisé pour vérifier les aspects suivants : àà àà sélection de la meilleure stratégie de fonctionnement des vannes et pompes simulation d'un changement dans le mode de fonctionnement (de l'approvisionnement intermittent à l’approvisionnement continu de l’eau). Conception et mise en œuvre d’un système de gestion de la pression Cette étape implique le dimensionnement, la fabrication et l'installation du schéma de gestion de la pression et prend en compte les questions techniques et d'ingénierie. La formation du personnel et l'introduction d'un système de surveillance font également partie de cette étape. àà àà àà àà àà àà àà Dimensionnement du système (vannes et composants) fabrication et construction du système de gestion de la pression installation des vannes et programmation des unités de contrôle mise en place du système de modulation application de tests intensifs de fonctionnement du système formation sur le site pour l'équipe de fonctionnement mise en place d’un système de surveillance (technologie SCADA). Service Le service doit être fourni à long terme et implique un soutien technique afin d’optimiser encore le système. Les mesures de service sont généralement offertes par les fabricants de vannes en collaboration avec les services des eaux. Ces mesures impliquent le soutien et le dépannage technique, le système de surveillance en ligne (à distance) ou sur place sur le site, l’analyse des données du système ainsi que le rééquilibrage du système dans le cas de changements des conditions limites. 184 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles (c) Installation du système de gestion de la pression Une chambre de vanne doit habituellement être installée au point d'entrée de la zone de distribution sélectionnée pour installer le système de gestion de la pression. La chambre doit être vidangeable et doit fournir suffisamment d'espace pour l'installation, le fonctionnement et l'entretien du système. L'ensemble du système se compose généralement d'une VRP (soit une vanne annulaires ou une vanne à membrane), un débitmètre, des capteurs de pression, deux vannes d'isolement, une pièce de démontage et une salle de contrôle. Les vannes à membrane nécessitent qu'un filtre avec un capteur d’impuretés soit installé en amont de la VRP. Une vanne à air devrait être installée en aval de la VRP si la topographie en aval est décroissante. L’installation d’une vanne à air en amont de la VRP est recommandée pour les cas où la topographie en amont est croissante ou plate. Une dérivation avec une vanne d'isolement est conseillée, aussi, afin de maintenir l'approvisionnement des clients pendant les travaux d'entretien de la VRP. Les vannes en papillon ou en forme de portail doivent être utilisées comme vannes d'isolement. Un plan général de la cavité de la vanne et un système complet, y compris la dérivation est illustré à la Figure 6.18. Figure 6.18Schéma général de la chambre de vannes et du système de gestion de la pression avec une vanne annulaire et un by-pass Chambre de vanne Débitmètre Direction d'écoulement Capteur de pression Vanne de fermeture/vanne papillon 6 VRP (vanne annulaire) Armoire électrique Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 185 Le débitmètre enregistre en continu le volume réel de l'eau qui est fournie à la zone de distribution. Le capteur de pression derrière le by-pass est utilisé pour enregistrer la pression réelle comme donnée entrante pour la fonction de réduction de la pression du contrôleur (API). L’API enregistre, traite et archive les données mesurées du capteur nécessaires pour contrôler la vanne annulaires. Il rassemble des informations sur les volumes et les pressions mesurées et sur l'actionneur. En option, toutes les données enregistrées peuvent être transférées à la salle de contrôle des services des eaux. Matériel La vanne annulaire est actionnée par DC, AC, ou par actionneur triphasé supplémentaire 6.3 en fonction de l'alimentation locale en énergie. Mise en œuvre de la Une seconde VRP peut être installée en parallèle dans le cas où la plage de gestion de la pression flux requise est supérieure à la capacité d'une VRP unique. Une VRP plus grande fonctionnant seule capture les flux dans sa plage de flux minimum et maximum. La plus petite vanne fonctionne seule dans le cas où les débits sont faibles. Si les deux vannes fonctionnent simultanément, la capacité globale est égale à la somme du débit maximum des deux vannes. [77] Deux VRP peuvent être installées en série si le différentiel de pression requis cause un risque de cavitation. Dans ce cas, la pression est réduite en deux étapes et chaque vanne fonctionne dans une zone sans cavitation. Le contrôleur de modulation de pression est installé sur la vanne en aval. [77] Là où la pression différentielle est élevée, une VRP doit également être installée par voie de dérivation (by-pass) afin de maintenir le service lors de l'entretien. 6.4.6 Limitations de la gestion de la pression Il faut toujours garder à l'esprit que la gestion de la pression n'est pas un remède universel, mais un moyen de réduction de la perte en eau qui doit être complétée par d'autres mesures, telles que la détection et la réparation des fuites, la gestion des infrastructures ainsi que la mise en œuvre et la surveillance continue des SDM. La gestion de la pression ne répare pas une seule fuite, mais elle peut réduire considérablement les débits de fuite. Il s'agit d'une première étape importante qui pourrait alléger la pression sur les services des eaux et encourager plus de mesures. Néanmoins, il y a quelques points importants à considérer lors de la mise en œuvre de la gestion de la pression dans un réseau ou une zone : même si la pression est seulement réduite à un niveau qui satisfait toujours aux exigences des utilisateurs domestiques et commerciaux, certains appareils pourraient être affectés, tels que les systèmes instantanés d'eau chaude, les systèmes d’arrosoir incendie ou les systèmes de dialyse à domicile. L’installation de sur-presseurs dans les bâtiments à plusieurs niveaux pourrait être nécessaire afin de distribuer l'eau aux niveaux supérieurs. 186 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Les exigences locales de lutte contre l’incendie sont un aspect important à considérer lors de l'installation d'un système de réduction de la pression. Les impacts négatifs sur la capacité de lutte contre l'incendie doivent être évités par tous les moyens, soit par une dérivation (by-pass) d'urgence ou en utilisant la modulation de flux. La modulation de flux permet de contrôler la pression selon un moyen prédéfini en lien avec le changement de la relation entre la perte de charge et le débit dans le SGP. Dans ce cas, le contrôleur augmente la pression en cas de hausse des flux et s’assure ainsi que le réseau a une pression suffisante pour combattre les incendies. [57] 6 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 187 6.5 Contrôle actif des fuites (CAF) 6.5.1 Définition et but du contrôle actif des fuites Le contrôle actif des fuites (CAF) est une méthode d'intervention pour contrer les pertes en eau réelles dans lequel une compagnie des eaux déploie des fonds, du personnel et de l'équipement technique pour détecter activement et réparer les fuites non détectées dans le sol. [77] Le but principal du CAF est de réduire le temps d’écoulement des fuites cachées afin de minimiser les pertes en eau réelles. La Figure 6.19 montre comment une surveillance régulière influence le temps de prise de conscience de nouvelles fuites dans un réseau de distribution ou un SDM. Durée moyenne de prise de conscience des fuites (jours) Figure 6.19Effet du nombre d'investigations sur la durée de prise de conscience de nouvelles fuites [58] 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Nombre d'investigations par an Le processus CAF peut être divisé en trois grandes étapes : Prise de conscience : la surveillance continue et l'analyse des flux sont essentielles pour prendre conscience de nouvelles fuites à un stade précoce. Les SDM et SGP fournissent une bonne occasion de surveillance des zones spécifiques du réseau de distribution d'eau et de facilitation de la prise de conscience précoce, même des petites fuites. Détection de fuites : c'est le processus qui consiste à réduire les fuites dans une certaine zone du réseau ou dans une certaine section de conduite. Les options incluent la subdivision des SDM en fermant temporairement les vannes (test d’étapes), en utilisant les enregistreurs de bruits de fuite ou en menant des études acoustiques. 188 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Figure 6.20Exemple de contrôle actif des fuites à 3 niveaux : prise de conscience, détection et localisation de la fuite Etape 1 : prise de conscience pour le suivi des débits Q t Q t f Etape 2 : détection par l'enregistrement du bruit de la fuite t f Etape 3 : localisation par la corrélation du bruit des fuites f t t 6 f t Entrée Enregistreur automatique du bruit de fuites Corrélateur de bruit de fuites Fuite Ampleur de l'enregistrement du bruit de fuites Q = Débit Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Débitmètre principal t = Temps f = Fréquence 189 Localisation de la fuite : différentes méthodes acoustiques et non acoustiques sont disponibles pour repérer les fuites : bâtons d'écoute, microphones de sol, corrélateurs de bruits de fuite, radar au sol et injections de gaz, pour n'en citer que quelques-unes. La détection approfondie des fuites est une condition préalable à l'efficacité des efforts de localisation de fuites. La Figure 6.20 à la page précédente illustre les trois étapes de contrôle actif de fuites. Pour mettre en œuvre des efforts efficaces de détection et de localisation des fuites, il est important de s'assurer que les agents de détection des fuites sont équipés de cartes précises et à jour du système et ses composantes. La plupart des technologies acoustiques de localisation de fuites dépendent de la disponibilité des informations précises sur le matériel, le diamètre et la longueur de la conduite. La méconnaissance des informations entrant conduit à la localisation incorrecte des fuites qui se traduit par des travaux d'excavation lourds et inutiles, connus sous le nom de trous secs. 6.5.2 Méthodes de prise de conscience Trois méthodes principales sont disponibles pour obtenir une prise de conscience précoce des nouvelles fuites et réduire de façon efficace le temps de rupture : le contrôle du flux, le contrôle de la pression et le contrôle du bruit. Le contrôle du flux Les cassures et les ruptures dans les conduites causent une augmentation plus ou moins abrupte du débit qui peut être détecté par un contrôle permanent de l’afflux dans un réseau ouvert ou secteur de distribution mesuré. Pour cela, l’afflux doit être contrôlé de façon continue ou au moins pendant une heure dans des conditions de débits nocturnes minimum et doit être comparé à une valeur de référence précédemment mesurée. Si le débit accru reste stable pendant plus de trois jours, le changement est probablement causé par une fuite et non par un usage exceptionnel des clients. Kober et Gangl décrivent une nouvelle approche de mise en œuvre d’un système de prévention précoce basé sur des débitmètres ultrasoniques installés à des positions appropriées du point de vue hydraulique en un réseau ouvert. [41] Les flux peuvent ainsi être contrôlés sans que l’on ait installé auparavant un secteur de distribution mesuré. Le contrôle de la pression Les pertes de charge dans le réseau seront aussi limitées au maximum pendant la période de faible consommation et la pression d’ensemble peut pratiquement atteindre le niveau hydrostatique dans les systèmes de faibles fuites. Les fuites importantes du débit provoque- 190 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles ront aussi des vitesses considérables de flux et réduiront ainsi la pression. Le contrôle de la pression dans un réseau peut détecter seulement les grandes fuites parce que les petites fuites ne réduiront pas la pression de façon significative. Les informations provenant du contrôle de pression peuvent être utilisées pour prioriser le travail. Il est recommandé de commencer les travaux de détection des fuites à l’endroit où la plus grande baisse de la pression a été mesurée. Le contrôle du bruit La décharge de l’eau provenant d’une fuite produit des ondes acoustiques ou des oscillations. Ces ondes acoustiques se propagent dans la colonne d’eau dans la même direction que la fuite et peuvent être détectées par des enregistreurs de bruit de fuite qui sont habituellement installés sur les vannes ou sur les prises d’eau. Les ondes acoustiques parcourent seulement une gamme limitée en fonction du matériau de la conduite, du diamètre, de l’épaisseur du mur, de la pression, de la surface environnante et d’autres facteurs. Par conséquent, une grille d’enregistreurs de bruit relativement dense doit être temporairement ou permanemment mise en place. L’avantage du contrôle du bruit est qu’il peut être mis en œuvre et géré par quelques membres du personnel parce que l’installation est simple et les données peuvent être lues à partir d’un véhicule qui circule à côté. Un inconvénient est que l’intensité du bruit n’est pas directement liée au débit de la fuite, ce qui fait qu’il est impossible de distinguer les ruptures importantes provenant des petites fuites. 6.5.3 Méthodes de détection des fuites Trois méthodes sont à la disposition des compagnies des eaux pour réduire les fuites à un certain endroit du réseau ou à une section particulière de la conduite : le test par étapes, les enregistreurs de bruit de fuite et les études acoustiques. Le test par étapes (step test) Une fois qu’une nouvelle fuite a été identifiée dans un secteur de distribution mesuré ou dans un réseau ouvert aux moyens des méthodes de prise de conscience présentées précédemment, la zone peut être temporairement subdivisée en petites sections. Des débitmètres doivent être installés aux points d’arrivée de chaque subdivision pour contrôler l’afflux. Chaque subdivision peut ensuite être systématiquement réduite par la fermeture des vannes. Une baisse considérable du débit indique une fuite dans la partie qui vient d’être fermée. [22] Le travail de nuit est recommandé parce que le test par étapes doit être exécuté dans des conditions de débit nocturne minimal. En outre, cela implique une rupture de service pour les clients. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 191 6 Les enregistreurs de bruit de fuite Une fois qu’une nouvelle fuite a été identifiée, l’équipe de détection des fuites peut installer des enregistreurs de bruit de fuite aux points stratégiques du réseau pour déterminer la situation approximative de la fuite. Les enregistreurs de bruit de fuite sont des unités compactes composées d’un capteur acoustique (accéléromètre) et un enregistreur de données programmables. [28] Au moment d’assigner les enregistreurs, on doit considérer que la propagation de l’onde de son est influencée de façon significative par les matériaux prédominants des conduites utilisés dans un réseau de distribution d’eau (voir Figure 6.21). La distance entre deux enregistreurs de bruit de fuite peut atteindre jusqu’à 200 m dans les réseaux à prédominance métallique tandis que cette distance peut décroitre à 80 m dans les réseaux pourvus d’un grand nombre de conduites PE et PVC. Le revêtement interne en béton peut aussi diminuer la qualité et la propagation des ondes acoustiques. [33] Figure 6.21 Relation entre la nature du matériau et la propagation des ondes acoustiques selon [33] Acier : ca. 1 300 m/s Fonte : ca. 1 200 m/s AC : ca. 1 000 m/s PE : ca. 380 m/s PVC : ca. 340 m/s Les enregistreurs de bruit peuvent être subdivisés en deux groupes : (1) les capteurs de bruit qui ont habituellement une base magnétique pour faciliter leur installation sur les 192 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles vannes, les prises d’eau ou les installations et (2) les aquaphones qui sont des microphones incrustés dans les conduites pour permettre un contact direct avec l’eau et profiter d’une meilleure propagation des ondes acoustiques dans la colonne d’eau. Les enregistreurs de bruit peuvent être programmés pour contrôler le système de bruit entre 2 heures et 4 heures du matin quand l’interférence ambiante ou les sons de consommation sont réduits au maximum. [77] La fuite sera le plus proche de l’enregistreur de bruit là où la plus grande intensité de bruit a été enregistrée. Les études acoustiques Les études acoustiques impliquent une écoute des bruits de fuite directement aux vannes, prises d’eau et aux bouche-robinets des branchements domestiques ou à la surface au-dessus de l’alignement de la conduite. [22] L’étude du son est habituellement réalisée avec des tiges d’écoute (de simples tiges mécaniques ou des tiges électroniquement amplifiées avec un microphone et un casque) ou des microphones au sol. L’étude du son est une méthode efficace mais qui prend du temps parce que chaque vanne doit être évaluée. Les bouche-robinets en particulier doivent être déclenchés parce qu’une bonne portion de la fuite provient des branchements domestiques. Plus la distance entre les sons uniques est courte, meilleures sont les chances de recevoir même les petites ondes acoustiques provenant d’une fuite. Le succès des études acoustiques dépend souvent de l’expérience et des fines oreilles des agents détecteurs de fuite. [33] Matériel 6.5.4 Méthodes de localisation des fuites supplémentaire 6.4 Une fois que la zone approximative de la fuite a été déterminée, les méthodes Méthodes de détection et de de localisation des fuites doivent être utilisées pour trouver l’emplacement localisation des fuites exact (± 1 m) pour limiter les efforts d’excavation. Plusieurs méthodes acoustiques peuvent être appliquées, par exemple les tiges d’écoute, les microphones au sol et la corrélation bruit-fuite. Si les méthodes acoustiques sont infructueuses, plusieurs méthodes non acoustiques sont aussi disponibles. Les tiges d’écoute et les microphones au sol L’eau provenant d’une fuite sous haute pression provoque des vibrations dans la conduite et tout autour du sol. Cette vibration est transmise le long de la conduite comme bruit de structure et dans le sous-sol environnant comme bruit de sol. Le fait d’établir un contact direct entre une tige d’écoute et la conduite au niveau des vannes ou des prises d’eau permet au bruit de structure d’être entendu, pourvu qu’il soit assez fort et qu’il se distingue du bruit de fond. En amplifiant le bruit à laide d’un microphone électro-acoustique, cela Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 193 6 permet au bruit de la fuite d’être détecté même dans les réseaux en PE et en PVC avec des caractéristiques de propagation acoustiques défavorables. Après avoir identifié la section de la conduite entre deux vannes d’où la fuite provient, l’alignement de la conduite doit faire l’objet d’investigation de recherche de bruit de sol grâce à un microphone de sol. Pour cela, le microphone qui est protégé du bruit du trafic et du vent par un boîtier isolé, est placé au-dessus de la conduite par intervalle d’un mètre ou de deux mètres, jusqu’à ce que l’emplacement exact de la fuite ait été identifié. [3] Corrélation du bruit de fuite La corrélation est une méthode mathématique utilisée pour calculer le temps écoulé entre deux signaux émis à partir de la même source. Dans la pratique, deux microphones sont reliés à une vanne ou à une prise d’eau aux deux extrémités d’une section de la conduite. Les microphones sont équipés d’émetteurs pour transférer les résultats mesurés au corrélateur. Après un certain temps, les ondes acoustiques (signaux) émis à partir d’une fuite (source) sur cette section de la conduite parcourt le long de la conduite jusqu’aux microphones. Le signal atteindra d’abord le microphone situé le plus proche de la fuite. Le corrélateur analyse la structure du bruit et mesure le temps écoulé ∆t jusqu’à ce qu’un bruit de la même structure soit enregistré au niveau du deuxième microphone. L’usage de la corrélation est donc impossible si le signal est trop faible pour atteindre les deux microphones. La Figure 6.22 illustre la fonctionnalité de la corrélation des bruits de fuite. Le corrélateur est en mesure de calculer la position exacte de la fuite grâce à l’Équation 6.1, considérant le temps écoulé entre les deux microphones, la longueur de la section de la conduite ainsi que le diamètre et le matériau de la conduite. Des données précises sur les informations concernant le matériau des conduites, le diamètre et la longueur à partir par exemple du cadastre du réseau, sont capitales pour produire des résultats fiables pour le corrélateur de bruit de fuite. Méthodes non acoustiques Les méthodes décrites ci-dessus peuvent détecter les fuites qui produisent un certain volume de bruit. D’autres méthodes doivent être appliquées si l’eau qui émet ne génère pas de signal sonore audible ou si les ondes acoustiques sont absorbées par le matériau des conduites. àà àà 194 e gaz traceur : la partie de la conduite à soumettre en étude doit être mise hors L service et isolée par la fermeture des vannes. De l’hélium ou de l’hydrogène est alors injecté dans la section isolée de la conduite. Le gaz qui s’échappe des trous se répand à la surface et peut être détecté grâce aux détecteurs de gaz. [77] Le géo-radar : le géo-radar est une technique de réflexion qui utilise des ondes Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Figure 6.22 Illustration schématique de la fonctionnalité d'un dispositif de corrélateurs de bruit des fuites L Microphone Corrélateur Microphone 1 2 Équation 6.1 d d= L – v x Δt 2 d L - 2d Où : d [m]Distance entre la fuite et le micro phone 1 L [m] Longueur de la section de la conduite Δt [s] Temps écoulé v [m/s] Vitesse de propagation des ondes acoustiques électromagnétiques de haute intensité pour acquérir les informations du sous-sol. Les ondes du radar se caractérisent par des changements au niveau du matériau ou des conditions du sous-sol. La fuite peut alors être identifiée soit en retrouvant les vides souterrains créés par l’émission de l’eau, soit en détectant les changements anormaux dans les propriétés du matériau environnant du fait de la saturation de l’eau. [19] Les méthodes non acoustiques de localisation des fuites telles que le traceur de gaz requièrent généralement un personnel qualifié et demandent aussi un grand effort. Elles peuvent néanmoins être une alternative viable aux méthodes acoustiques dans les réseaux dotées d’une très faible pression et un approvisionnement intermittent ou pour localiser une fuite souterraine difficile à trouver. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 195 6 6.6 Réparation des fuites 6.6.1 Objectif Comme décrit au Chapitre 3, la durée d’exploitation de l’ensemble des fuites consiste en une Prise de conscience, la Localisation et le temps de Réparation (PLR – voir Figure 3.2 à la page 53. Les longues durées de fuites produiront d’immenses pertes en eau, même si elles proviennent de fuites relativement faibles. Les services des eaux doivent toujours avoir pour but de réduire les temps PLR au maximum. Le Chapitre 6.5 a fait une description des différentes méthodes pour minimiser le temps de prise de conscience et de localisation des nouvelles fuites. Ce chapitre met en exergue l’importance de procéder rapidement à une bonne réparation des fuites afin de réduire les pertes en eau. 6.6.2 Problèmes organisationnels et procédures d’exploitation Plusieurs départements au sein des services des eaux sont normalement impliqués dans le processus de réparation des fuites, par exemple, l’équipe du service clientèle (reçoit les plaintes des clients et délivre les ordres de travaux), la salle de contrôle (observe la consommation accrue dans une zone donnée et demande la détection de fuite et l’équipement de réparation), le département d’entreposage (garde le matériel de réparation en stock et fait les commandes d’approvisionnement) et l’équipe de réparation des fuites proprement dite. Il est important que les procédures opérationnelles soient organisées de façon efficace au sein de tous les départements impliqués et qu’elles soient bien documentées. [16] Les réparations des fuites doivent être hiérarchisées en fonction de l’importance des fuites et en tenant compte de la sécurité de l’approvisionnement dans l’ensemble du système. Il est important que le personnel de réparation des fuites soit bien formé, motivé et équipé de tout le matériel nécessaire, véhicules, dispositif de communication et matériel de sécurité. Le nombre des équipes de réparation doit être approprié pour le nombre de fuites et de ruptures qui ont besoin d’être réparées à des moments précis Étant donné que les longues périodes de livraison des pièces de rechange demandées ne sont pas tolérables, le département d’entreposage doit s’assurer qu’il a toujours en stock les pièces fréquemment utilisées. L’analyse de la base de données des dégâts et la fréquence des dégâts pourrait aider à identifier les types de conduites et de vannes sujets à des dommages (voir le Chapitre 5.7). La politique de la compagnie des eaux a également une forte influence sur la rapidité et la qualité des réparations. En établissant des objectifs de performance concernant la rapidité avec laquelle une rupture dans une conduite principale, un branchement ou une vanne défaillante doit être réparée, le temps de réparation peut être réduit. En ce qui concerne les 196 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles branchements, généralement, elle est très inefficace et entraine de grandes pertes en eau pour obliger les clients à réparer ou remplacer toute pièce privée du branchement au compteur. Dans tous les cas, il sera plus efficace pour une compagnie des eaux d’offrir une réparation gratuite ou subventionnée ou un remplacement sans contrepartie qui peut être recouvrée en ajoutant une petite taxe sur le tarif de l’eau du consommateur. [77] 6.6.3 Exécution des travaux de réparation La qualité des réparations des fuites joue un rôle important dans tout le processus de gestion des fuites. [77] Les matériaux défaillants, le besoin d’improviser et la mauvaise qualité de la main d’œuvre augmentent la probabilité de nouvelles fuites au même endroit. Les réparations des fuites doivent donc être exécutées par des agents bien formés et compétents. Les réparations doivent souvent être réalisées sous pression. Néanmoins, on doit éviter un rythme frénétique et les règles de sécurité doivent être respectées à tous points de vue : àà àà àà àà àà àà equipement de sécurité adéquat pour tout le personnel sécurité structurelle de la fosse d’excavation implantation des signaux et des déviations eclairage pour les travaux de nuit pompe de puisard pour un espace de travail sec informer les clients concernés. [74] En général, les méthodes de réparation optimales varient selon le type de fuite. Les fissures circonférentielles peuvent être fixées avec des agrafes de réparation de fuites. Des agrafes flexibles sont disponibles si les extrémités de la conduite ne sont pas alignées. Les fissures longitudinales sont habituellement trop grandes pour l’usage d’agrafes de réparation. Dans ce cas, des sections entières de la conduite doivent être changées. Les fuites de trous d’épingle provoquées par la corrosion ou la perforation peuvent aussi être réparées avec les agrafes de réparation. S’il y a de nombreux trous d’épingle sur une section de la conduite, le remplacement de la conduite doit être envisagé. Habituellement, la fuite à partir des joints de la conduite peut être arrêtée en démontant et en remplaçant le joint d’étanchéité en caoutchouc. Les vannes et les installations défaillantes doivent être remplacées et si possible, être remises en état dans l’atelier de la compagnie des eaux. [3] Dans le cas des branchements, il est généralement plus raisonnable de remplacer que de réparer les branchements défaillants. Chaque réparation doit être mesurée, documentée et sa position exacte doit être définie, par exemple à l’aide de récepteurs GPS portables. Les données doivent être transférées dans la base de données des dégâts pour une analyse statistique et une visualisation graphique dans le système d’information géographique SIG, ce qui pourrait aider à améliorer la maintenance et les processus de réparation des services des eaux. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 197 6 6.7 La gestion des infrastructures 6.7.1 Aperçu général Dans une perspective de réduction des pertes en eau, la gestion des infrastructures et des actifs, est indispensable. Le but est d’atteindre le niveau de service requis de la manière la plus rentable par la création, l’acquisition, l’entretien, l’exploitation, la réhabilitation et la cession d’actifs à fournir aux services des eaux qui optent pour des solutions de réduction des pertes en eau actuellement et dans le futur. La gestion des infrastructures est aussi une intégration systématique des techniques de gestion avancées et durables en un paradigme de gestion ou de façon de penser, avec un accent primaire sur le cycle de vie à long terme de l’actif et sa performance soutenue, plutôt que sur le court terme, avec ses aspects quotidiens. Les systèmes d’approvisionnement en eau ont besoin de la gestion des infrastructures pour : àà àà àà àà f aire face aux infrastructures d’eau vieillissantes avant qu’elles ne soient défaillantes maintenir les actifs productifs et ne pas permettre qu’ils deviennent des passifs perturbateurs traiter toutes les décisions comme des décisions d’investissement pour maximiser les ressources financières limitées rendre les coûts transparents pour supporter les décisions financières. [87] La Figure 6.23 est un organigramme pour la gestion des actifs aux niveaux du management, de la stratégie et de l’exécution. C’est un processus continu qui vise à améliorer les performances à court, moyen et long terme. La durée de vie des infrastructures est prolongée par la mise en œuvre de la gestion de la pression. La réduction de la pression des conduites économise non seulement de l’eau en réduisant les pertes réelles, mais elle diminue aussi les nouvelles ruptures des conduites, augmente la durée de vie de l’actif et diffère le remplacement des conduites. 6.7.2 Facteurs contribuant à la détérioration des infrastructures des services des eaux On s’attend à ce qu’un type de conduite qui fonctionne initialement soit défaillant après un certain temps d’exploitation. Trois facteurs contribuent fondamentalement à la réduction de la performance des infrastructures : 198 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Figure 6.23 Organigramme de gestion du patrimoine infrastructurel Niveau managérial Objectifs Indicateurs de performance Niveau stratégique Lois et guide : Technique / service Economique Social Ecologique Adaptation des objectifs et des besoins Collecte des données, de l'information et des connaissances Développement de modèle de vieillissement et de rupture Mise en place de stratégies Mise en place de scénarii Impacts et implication : Technique / service Economique Social Ecologique Analyse des scénarii Recommandation de stratégie; préférence Concept de gestion du patrimoine Niveau d'exécution 6 Implémentation opérationnelle et tactique Suivi des performances Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 199 àà àà àà la détérioration le vieillissement du matériel la détérioration fonctionnelle. En plus du processus naturel de détérioration, le vieillissement du matériel peut être accéléré par l’absence d’entretien du réseau (montré dans la Figure 6.24). La maintenance implique aussi les caractéristiques du matériel, les conditions de pose sur le sol et le cycle de l’inspection de la qualité. L’environnement physique doit également être précisé en relation avec le matériel vieillissant (vieillissement substantiel). D’une part, la conduite est soumise à des contraintes internes, en fonction du type d’exploitation, la pression maximale et passagère et les éventuels mouvements du sol. D’autre part, il y a moins de points d’oscillation tels que la charge du gel, la charge du trafic et des influences de tierce partie dues aux travaux de génie civil. Le troisième point du matériel vieillissant est lié aux caractéristiques du réseau d’approvisionnement. Elles ont une cause naturelle telle qu’un biofilm et une intrusion polluante et / ou diffuse. La détérioration fonctionnelle peut aussi s’exprimer par un vieillissement immatériel non substantiel. Ceci comporte des changements dans la capacité hydraulique du réseau du fait des changements démographiques ou des normes de croissance. Les modifications juridiques sont aussi à considérer et pourraient influencer la détérioration fonctionnelle. 6.7.3 Collecte et information sur l’organisation des actifs Il est important de recueillir et d’organiser les informations qui décrivent les actifs afin de se familiariser avec les infrastructures. Celles-ci comprennent : àà àà àà àà àà àà l’âge, la taille, les matériaux de construction, la situation et la date d’installation une évaluation de l’état des actifs des informations clés concernant ce qui a été fait du point de vue du fonctionnement, la maintenance et la réparation les actifs attendus et la durée de vie restante la pression de fonctionnement la valeur de l’actif y compris le coût historique, la valeur dépréciée, et le coût de remplacement. Les données collectées ont besoin d’être vérifiées pour être plausibles au regard de leur consistance formelle, logique et temporelle. L’étape suivante consiste à mettre le doigt sur les identifiants uniques qui décrivent un processus de rassemblement. 200 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles Figure 6.24 Facteurs et mécanismes entrant dans le processus de prise de décision Caractéristiques du réseau Caractéristiques de l'eau fournie Environnement physique Détérioration fonctionnelle Détérioration interne Détérioration externe Détérioration des capacités hydrauliques Détérioration de la qualité de l'eau Détérioration de la condition des conduites Biofilm • Intrusion ou infiltration de polluants • Infiltration de polluants etc... Stress interne : • Opération • Pression passagère Fréquence et potentiel des ruptures potentielle Prévisions de changement de la demande Prévision d'extension du réseau Stress externe : • Mouvement du sol • Poids du gel • Poids du trafic • Tierce partie Evaluation de l'effet des conduites sur la qualité de l'eau Evaluation du taux de détérioration des conduites Prévision de la fréquence future des ruptures Prévision de la crédibilité et l'opérationalité future du réseau 6 6.7.4 Analyse des données Cette étape suit la collecte des données et le processus d’organisation. Elle comporte une analyse basée sur des indicateurs spécifiques. Ces indicateurs sont la durée de vie et le risque de défaillance et supporte le processus d’évaluation des risques et l’analyse du coût du cycle de vie. La durée de vie peut être définie comme étant le temps entre l’installation de la conduite et son remplacement. Elle est classifiée selon les caractéristiques suivantes : Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 201 àà àà àà àà àà Technique / service : la période de temps au cours de laquelle un bien est tenu à un usage particulier ou à un niveau de service. Fonctionnement habituel : la durée de vie à prévoir dans des conditions de fonctionnement local et de maintenance. Economique : la période pendant laquelle l’équivalent de la valeur nette annuelle est au minimum. Amortissement : la période pendant laquelle l’investissement est amorti sur les livres comptables. Résiduel : durée de vie résiduelle des conduites en fonction de leur condition matérielle et des efforts de maintenance précis. [31] Comme mentionné ci-dessus, le deuxième indicateur est le risque de défaillances Il peut être subdivisé de la manière suivante : àà àà àà es risques exogènes : le risque d’échec provenant des facteurs totalement L externes au contrôle de gestion des services des eaux. Les risques liés au fonctionnement : un type de défaillance qui existe dans des conditions normales de fonctionnement lorsque les systèmes des services des eaux ne sont pas sous pression externe ou anormale. Les risques liés à l’approvisionnement : une défaillance dans la forme des ruptures résultant d’un approvisionnement inadéquat en eau brute par rapport à la demande. [10] Le processus d’évaluation des risques analyse l’empressement des fournisseurs en eau pour assumer le risque et est susceptible de changer à cause des facteurs locaux et culturels. Une analyse du coût d’un cycle de vie doit être conduite comme étant l’étape finale d’une analyse des données. Le but est de déterminer la répartition du coût actuel par km en prenant en compte les aspects de la centralisation et de la décentralisation du réseau d’approvisionnement en place. 6.7.5 Intégration des données et prise de décision Le processus d’intégration des données est réparti en différentes catégories : 1. La possibilité de maintenance La possibilité de maintenance est la probabilité qu’un système défaillant ou une composante défaillante sera restauré ou réparé à une condition précise, en un temps donné. Elle peut être subdivisée en : 202 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles àà àà àà àà a maintenance réactive, qui est réalisée en réponse au temps d’arrêt non prévu L d’une unité, habituellement comme le résultat d’une défaillance. La maintenance préventive, qui est un temps d’arrêt prévu, habituellement périodique, avec un ensemble de tâches bien définies telles l’inspection, la réparation, le remplacement, le nettoyage, etc. La maintenance prévisionnelle, qui fait une estimation quand une pièce est sur le point d’être défaillante et doit être réparée ou remplacée, à l’aide d’instruments et de mesures de diagnostique et élimine de ce fait sans nul doute la maintenance plus coûteuse et imprévue. La maintenance proactive doit être effectuée uniquement en cas de besoin dans la mesure où elle est rentable. La maintenance proactive est généralement supposée être moins coûteuse que la maintenance réactive. [84] 2. Les indicateurs de performance Les indicateurs de performance (sur la base des caractéristiques techniques de l’IWA facilitent l’analyse continue et le benchmarking. L’objectif est de décrire les ressources épuisées (par exemple le coût de la réparation / km) ou les conditions (par exemple le nombre de défaillances / km), de comparer les sous-zones ou des réseaux entiers et de faire une estimation des bénéfices d’une réhabilitation ou du programme de gestion de la pression. Il est important de faire la distinction entre calculer les réparations aux conduites principales (par 100 km / an) et les branchements (par 1000 branchements / an). En outre, les réparations doivent être catégorisées en fonction de leur type et de leur localisation. 3. La fiabilité de l’approvisionnement en eau L’intégration de la fiabilité de l’approvisionnement en eau aide à identifier les points les plus vulnérables dans le système d’approvisionnement en eau et de ses conduites. Elle évalue aussi la relative importance de chaque conduite en termes de fiabilité hydraulique et est basée sur le fichier de données du modèle de simulation hydraulique. 4. La fiabilité générale L'analyse de fiabilité elle-même intègre les données de relevés, la courbe de relevés, un modèle de défaillance, une planification de la réhabilitation à long terme et une planification de la réhabilitation annuelle. Le modèle de défaillance, par exemple, prédit la probabilité de défaillances des conduites et des groupes de conduites ayant un comportement similaire. La planification de la réhabilitation à long terme explore les besoins d'investissement et les conséquences pour la réhabilitation à venir, et définit la stratégie de réhabilitation optimale. Il permet également de prévoir le comportement du réseau à long terme afin de Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 203 6 Matériel supplémentaire 6.5 Regroupement prédéfinir des scénarios de réhabilitation. Elle est basée sur la distribution au long de la durée de vie prévue pour chaque groupe de matériaux et prévoit un budget global d'appui à un plan de réhabilitation stratégique. La planification de la réhabilitation annuelle sélectionne les projets de réhabilitation les plus efficaces en termes de coûts pour un programme de réadaptation annuelle, prenant en compte divers critères. 5. Actifs Comme mentionné ci-dessus, l'intégration de l'information concernant les actifs est classée en état actuel et critique des actifs. Ceci peut être déterminé en posant les questions adéquates sur le réseau et est essentiel pour la poursuite de la prise de décision. 6. Le coût social des dégâts Le coût social des dégâts a un impact important et doit être considéré à ce stade d'intégration des données et de prise de décision. Les frais directement engagés par la compagnie des eaux sont les suivants : àà àà àà àà àà frais administratifs et juridiques des dommages coûts de la sécurité publique réparation et coûts de remise en service coûts de réduction du service dépannage coûts d'intervention d'urgence des entreprises. [10] Les effets sur les modèles de routine, comme l'affaiblissement de l'accès et les coûts des retards liés aux voyages et à l’interruption de service de client et les coûts de substitution, doivent être considérés. Les points suivants ont généralement des taux d'incidence faibles, mais ont un fort impact : àà àà àà àà dommage sur la santé dommage direct au point de défaillance maladies d'origine hydrique (liées à l’eau) introduites comme un résultat de défaillance dommages matériels. Les points mentionnés ci-dessus (1 à 6) contribuent au processus de prise de décision. 204 Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 6.8 Résumé et étapes suivantes Le contenu du Chapitre 6 de ce manuel technique permettra aux lecteurs / -trices de : 55 omprendre comment les différentes stratégies de maintenance C (curative, préventive ou d'inspection) influencent les conditions des réseaux de distribution et le niveau des fuites. 55 oncevoir, mettre en œuvre et exploiter les SDM pour contrôler les flux et C réduire la durée des fuites. 55 onnaître les principes de gestion de la pression et ses impacts sur les débits C de fuites. 55 omprendre les différents concepts de modulation et les caractéristiques C de différents types de VRP ainsi que leurs avantages et inconvénients respectifs. 55 hoisir le cas d'utilisation optimal pour une application spécifique de la gestion C de la pression 55 xécuter les étapes types du projet pour la conception, la mise en œuvre et E l’exploitation des systèmes de gestion de la pression. 55 mployer des méthodes de prise de conscience, de détection et de localisation E des fuites dans un réseau de distribution d'eau. 55 omprendre les avantages de la gestion des infrastructures à long terme pour C assurer la fonctionnalité des réseaux et réduire les pertes en eau. 6 Les études de cas présentées dans le chapitre suivant démontrent de quelle manière l’ensemble des techniques et méthodologies présentées peuvent être mises en pratique afin de réduire avec succès les pertes en eau. Méthodes et instruments pour la réduction des pertes en eau réelles 205 Photo : © C. Behlert, 2010 Études de cas 207 7 Photo : © J. Baader, 2008 Actionneur de contrôle pour VRP 7.1 Chambre de vanne avec VRP et débitmètre Photo: © J. Baader, 2010 Photo: © E. Oertlé, 2010 Présentation au centre de formation de SEDAPAL, Lima, Pérou Modules de formation à la gestion de la pression – l’exemple de Lima, Pérou Intitulé du projet Réduction des pertes en eau dans des zones marginalisées de Lima Nom des zones Comas (Secteur S86) et Breña (Secteur S25), Lima, Pérou Eau non vendue (ENV) 37,5% (SEDAPAL, 2008) Période du projet / statut 2008 - 2010 7.1.1 Contexte L’eau potable est une ressource rare au Pérou, notamment dans sa capitale Lima située dans une région désertique sur la côte péruvienne. La pollution environnementale et les ressources en eau insuffisantes aggravent l’approvisionnement adéquat en eau potable. En outre, le réseau d’alimentation en eau enregistre des pertes réelles en eau, allant jusqu’à 50% de l’eau introduite dans le réseau et liées à des conduites fuyantes et une maintenance insuffisante. SEDAPAL est l’entreprise d’État en charge de l’alimentation des districts de Lima et Callao en services municipaux tels que l’eau potable et l’assainissement, et représente un acteur clé dans le secteur de l’eau et de l’assainissement au Pérou. 7 Études de cas 209 7.1.2 Développement du processus – L’approche du centre de formation La gestion de la pression a été identifiée comme mesure efficiente à même de réduire les pertes en eau à Lima et à Callao. Au-delà de l’installation technique de la technologie de la gestion de la pression, le projet avait pour objectif l’amélioration des capacités de gestion et d’opération des entreprises locales concernées. Généralement, il est important de former les techniciens locaux en ce qui concerne le fonctionnement des systèmes de gestion de la pression de sorte à ce qu’ils puissent assurer la maintenance des composantes techniques et apprendre à mesurer les avantages d’un tel investissement par eux-mêmes. Le matériel technique et pédagogique est mis à la disposition des équipes. En outre, les formateurs locaux du centre de formation de SEDAPAL ont été instruits dans ce sens. De plus, un protocole d’accord a été élaboré entre SEDAPAL, l’association nationale des entreprises du secteur de l’eau et de l’assainissement (ANEPSSA) ainsi qu’avec le réseau pour renforcer les capacités dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement (SFCS) dans le but d’assurer un transfert durable de connaissances en matière de gestion de la pression à une échelle nationale. Dans le cadre de cet accord, le centre de formation de SEDAPAL sera intégré dans le réseau SFCS et les équipes des entreprises dans tout le Pérou seront formées en ce qui concerne la gestion et le fonctionnement technique de la gestion de la pression. La mise en œuvre de la technologie et la formation de l’équipe de SEDAPAL dans deux zones pilotes servent d’exemple de bonnes pratiques. Idéalement, les formations futures seront organisées sur mesure pour différents groupes-cibles : 1. Service de gestion et de planification : àà àà àà 2. Personnel des exploitations : àà àà àà àà 210 planification à long terme et conception financement et installation de la gestion de la pression avantages économiques, environnementaux et sociaux. instructions techniques sur la gestion de la pression maintenance et opération des techniques de gestion de la pression gestion électronique destion de la pression en tant que partie intégrante du système d’approvisionnement en eau et assainissement. Études de cas 7.1.3 Résultats et impacts Voici les résultats atteints et les impacts enregistrés : àà àà àà àà àà àà àà àà àà les expériences et connaissances acquises au cours du projet ont été documentées avec exactitude et rendues disponibles aux centres de formation et réseaux nationaux et locaux élaboration de modules de formation en gestion de la pression (en espagnol) renforcement de capacités pour le personnel des ecompagnies des eaux à travers des sessions de formation et ateliers approche par la formation des formateurs au centre de formation de SEDAPAL intégration des modules de gestion de la pression dans le réseau national du SFCS mise à disposition des résultats des projets et des expériences pour les services des eaux à travers le Pérou potentiels pour la reproduction du projet contribution du projet au développement du secteur de l’eau et de l’assainissement péruvien élaboration d’un modèle de financement visant à assurer la propagation et la mise en œuvre de la gestion de la pression dans le pays. 7.1.4 Leçons apprises Dans le cadre de ce projet, il était important de s’appuyer sur les structures et réseaux nationaux et locaux dans le but de toucher les compagnies des eaux et leur personnel sur l’ensemble du territoire. L’adhésion aux solutions de gestion de la pression dans les réseaux locaux de distribution d’eau sera stimulée par les sessions de formation sur les techniques de gestion de la pression comme partie intégrante des modules de formation des compagnies des eaux. Ceci leur permet d’apprendre les techniques de la gestion de la pression et de s’interroger sur l’opportunité de reproduire les mesures de gestion de la pression dans leur propre réseau. 7.1.5 àà àà Références SFC site web, www.vivienda.gob.pe, visité en Juillet 2010. SEDAPAL site web, www.sedapal.com.pe, visité en Juillet 2010. Études de cas 7 211 Photo Page 196+197 right: © B.Itzicovitch, 2005 Installation d’une vanne de régulation de la pression (VRP) Zone du projet 7.2 Installation d’une vanne de régulation de la pression (VRP) Réduire les pertes en eau par la gestion de la pression – le cas de Santo Amaro, Brésil Titre du projet Gestion durable de l’eau et des ressources naturelles à São Paulo Nom des zones Santo Amaro, São Paulo, Brésil Habitants 36 000 Branchements 8 895 Longueurs des conduites de distribution 83 km Pertes en eau 01/2005 – 09/2005 10/2005 – 01/2006 02/2006 – 06/2006 301 702 m3/mois 203 947 m3/mois 178 039 m3/mois Période du projet /statut Mars 2004 – Juin 2006 7.2.1 Contexte La consommation de l’eau est continuellement en haute dans la zone métropolitaine de São Paulo. Aujourd’hui, l’entreprise d’Etat en charge de la distribution d’eau, Companhia de Saneamento Básico do Estado de São Paulo (SABESP), est appelée à relever le défi de satisfaire la demande de plus de 17 millions d’habitants et assurer un approvisionnement constant et suffisant en eau potable et cela en quantités suffisantes. Malgré la haute qualité du service fourni par SABESP, des périodes d’approvisionnement rotatif se produisent souvent en raison du manque de ressources durant la saison sèche. Une cause du manque d’approvisionnement en eau est le Études de cas 7 213 volume élevé des pertes en eau qui se produisent au cours de l’exploitation, dues aux fuites au niveau de points critiques tels que les canaux et les accessoires de tuyauterie. 7.2.2 Développement du processus Un site pilote a été installé dans le district de Santo Amaro. Il s’agit d’un système de réduction des pertes en eau des plus modernes incluant des vannes de régulation de la pression (VRP), des panneaux de contrôle, des installations télémétriques et le support logiciel. (Oppinger, 2009) Deux technologies ont été mises en œuvre : dans un premier temps, une modulation basée sur le temps et ensuite une modulation à distance basée sur le débit (modulation de la pression basée sur le flux au point critique). La modulation basée sur le débit doit produire de meilleurs résultats étant donné que la VRP règle continuellement la pression de sorte qu’elle reste aussi proche que possible de la valeur de réglage fixée au point critique. 7.2.3 Résultats et bonne pratique Les résultats obtenus avec les deux technologies installées sont résumés dans le Tableau 3, montrant des économies d’eau de plus de 41%. Technologie Période Pertes en eau [m3/mois] Water savings [%] Sans gestion de la pression 01/2005 – 09/2005 301 702 Modulation de la pression basée sur le temps 10/2005 – 01/2006 203 947 -33% 02/2006 – 06/2006 178 039 -41% Modulation de la pression basée sur le débit Résultats obtenus dans le district de Santo Amaro entre Janvier 2005 et Juin 2006 En outre, les nouvelles ruptures de conduites ont été réduites d’approximativement 50%. Ce projet a eu un délai de récupération du capital investi d’approximativement quatre à cinq mois. En 2007, F. Paracampos (SABESP) a rapporté les observations suivantes de l’unité centrale de SABESP : les fréquences de rupture au niveau des canaux et des branche- 214 Études de cas ments se situaient autour de 10 par km / an dans les 180 zones avec gestion de la pression. Toutefois, les fréquences des fuites faisaient toujours le double dans les zones sans gestion de la pression (approximativement 19 par km / an). (Thornton, 2007) 7.2.4 Leçons apprises Cette zone pilote a démontré que la gestion modulée de la pression réduit aussi bien le volume de l’eau perdue que la fréquence de nouvelles ruptures des conduites de façon significative. Pour le district de Santo Amaro, cela signifie une réduction de plus de 50% des nouvelles ruptures des conduites ainsi qu’un volume d’eau disponible supérieur de 30%, suffisant pour approvisionner 800 personnes supplémentaires en eau potable. Cela est particulièrement significatif dans une métropole à croissance rapide telle que São Paulo. 7.2.5 àà àà àà àà Références Oppinger P., Reducing Water Losses by Pressure Management. Water & Wastewater International, 2009. Thornton, J., and Lambert A. O., Pressure management extends infra structure life and reduces unnecessary energy costs. Proceedings of the IWA International Specialised Conference ‘Water Loss 2007’, Bucharest, Romania, 2007. Paracampos, F., Thornton, J. and da Costa e Silva A. C., SABESP's Innovative and Proactive Approach to Water Loss Control and Demand Ma nagement. Proceedings of the AWWA Annual Conference and Exposition, Orlando, Florida, 2004. Paracampos, F., Curbing demand in Sao Paulo through a successful water efficiency initiative. Proceedings of Global Water Leakage Summit, London, UK, 2007. 7 Études de cas 215 Photos pages 200+201: © Y. Marinoff, 2009 Localisation d’une chambre de vanne sur un plan Chambre de vanne 7.3 Modélisation hydraulique – le cas de Ouagadougou, Burkina Faso Titre du projet Modélisation hydraulique Burkina Faso Nom des zones Ouagadougou, Zone de distribution R7 et RE Pertes en eau Zone d’approvisionnement Zone d’approvisionnement R7 306 m³ / jour 120 m³ / jour Période du projet / statut Février à novembre 2009 7.3.1 Contexte L’eau potable est une ressource rare au Burkina Faso, et de grandes parties de la ville de Ouagadougou s'étendent dans les régions environnantes chaque année sans distribution d'eau organisée. Les zones de distribution R7 et RE (cf. figure de la page suivante) ont eu un approvisionnement continu et sans interruptions en eau depuis la réalisation du projet Ziga en 2006. En dépit des bénéfices de ce projet, il a été remarqué que les pertes réelles en eau ont augmenté puisque le système est exploité continuellement. Cela est dû au fait que les conduites de distribution produisent constamment des débits de fuites plus élevés lorsque la pression augmente. L’objectif de la mise en œuvre de projets pilotes dans les zones de distribution R7 et RE est de réduire les pertes réelles à 20%. 7 L’ Office National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA) est la société d’Etat et est la plus grande du pays dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Une restructu- Études de cas 217 ration institutionnelle a introduit la séparation entre approvisionnement d’eau en milieux rural et urbain. Cette réforme visait à rendre la société financièrement viable et favoriser l’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans les zones à faibles revenus. L’introduction de la modélisation hydraulique a contribué à améliorer l’efficacité économique de l’entretien et la prise de décision à moyen et long termes. Aujourd’hui, l’ONEA fait partie des entreprises les mieux gérées dans la région. Représentation SIG du secteur de distribution R7 (gauche) et identification du point critique par EPANET dans le secteur de distribution RE (droite) 7.3.2 Développement du processus – modélisation hydraulique Un des buts de la modélisation hydraulique est d’identifier la meilleure solution technique et économique pour le réseau de distribution d’eau. Le système doit être compris pour proposer des alternatives et pour être optimisé. Dans le cas présent, la modélisation hydraulique était une étape importante pour rechercher la possibilité d’installer un système de gestion de la pression et a consisté à suivre les étapes suivantes : Etape 1 : collecte des données et mise en place du modèle àà L’ONEA a fourni son modèle hydraulique existant. àà Mise à jour du modèle hydraulique avec EPANET (outil de logiciel pour la modélisation de US EPA) pour le réseau de distribution d’eau concernant les SDM R7 et RE (petits diamètres, boucles internes, conduites déconnectées, etc.). Etape 2 : corrections du modèle àà La vérification des données introduites et le contrôle de la plausibilité – la consistance formelle, logique et temporelle des données. àà Les imprécisions ayant des impacts majeurs sur la qualité de la modélisation ont été corrigées en coordination avec l’ONEA. 218 Études de cas Etape 3 : calibrage du modèle àà Le processus de calibrage a été interprété sur des modèles corrigés, en utilisant les modèles de consommation observés durant les jours où le débit et la pression ont été simultanément mesurés. àà La rugosité des conduites a été considérée en fonction du matériau et de l’âge du matériau. àà Vérification du niveau du réservoir et ses impacts sur la modélisation. àà Les pertes mineures ont été introduites dans le modèle. Etape 4 : sélection des vannes àà Le modèle calibré a été utilisé pour des tests de simulation des SDM. L’analyse des résultats simulés a été utilisée pour sélectionner et dimensionner les vannes de réduction de la pression. 7.3.3 Résultats et stratégie La solution recommandée pour un système efficace de gestion de la pression dans les deux SDM (R7 & RE) prévoit l'utilisation de plusieurs prises d’eau équipées de vannes de régulation de pression. Dans les deux cas, de meilleurs résultats sont obtenus avec des vannes de régulation de la pression dynamiquement contrôlées en vue d’amoindrir la pression excessive non nécessaire durant les heures de la nuit. Le tableau suivant montre les résultats simulés de plusieurs variantes de modèles : Réduction des pertes en eau [m3/jour] Alternative PRV – fixed outlet control PRV – critical point control Alternative VRP – pression de sorte fixe VRP – modulation de la pression du point critique VRP à la sortie du réservoir (variante R7-1) 116 120 Créer trois secteurs indépendants, dont chacun possède une VRP à leur entrée (variante R7-2) 51 79 VRP à la sortie du réservoir (variante RE-1) 65 231 289 305 Une VRP à chacun des deux principaux points de distribution (variante RE-2) 7 Comparaison d’une réduction simulée de perte en eau avec deux variantes Études de cas 219 L’alternative R7-2 est recommandée pour le secteur R7 car elle offre plus de flexibilité pour le fonctionnement du réseau. Trois vannes sont installées au niveau des principaux points d’approvisionnement pour chaque sous-zone nouvellement créée, aidant à réduire les pertes en eau journalières subséquentes. Le point de réglage de chaque vanne peut être ajusté selon les exigences de chaque zone. RE-2 est l’option recommandée pour le secteur RE. Dans cette option, deux vannes DN 300 sont installées au niveau des principaux points d’approvisionnement. 7.3.4 Bonne pratique Dans cette étude de cas, les modèles du réseau hydraulique ont été utilisés pour concevoir les SDM et sélectionner et dimensionner les vannes de régulation de la pression. Ce processus requiert la disponibilité de données fiables sur le réseau existant et des prévisions concernant l’évolution de la population / croissance démographique, les tendances de la consommation d’eau et la réhabilitation planifiée ainsi que des mesures d’extensions dans le réseau de distribution d’eau analysé. 7.3.5 àà àà àà àà Leçons apprises es résultats du modèle sont seulement fiables si la donnée introduite L est exacte. La modélisation hydraulique permet d’économiser du temps et de l’argent, car plusieurs options peuvent être simulées et comparées sans avoir besoin d’une réelle mise en œuvre. La coopération et la communication constante avec les partenaires locaux sont nécessaires afin d’obtenir une image claire de l’état actuel du réseau de distribution d’eau. Le calibrage du modèle basé sur des données de la campagne de mesures est essentielle pour produire des résultats fiables. 7.3.6 Développement futur La prochaine étape sera l’installation du système de gestion de la pression dans la zone R7 et l’optimisation du secteur RE. 220 Études de cas 7.3.7 àà àà àà àà Références S&P Consult, Rapport final- PPP Burkina Faso. Non publié, 2009. S&P Consult, Identification des problèmes dans les zones du réseau d’appro visionnement d’eau RE et R7 - PPP Burkina Faso. Non publié, 2009. VAG – Armaturen GmbH site web, www.vag-armaturen.com, visité en Juillet 2010. ONEA site web, www.burkina.at/ONEA, visité en Juillet 2010 7 Études de cas 221 Photo : © T. Baier, 2008 Installation d'une vanne à membrane avec by-pass Installation de composants de gestion de la pression 7.4 Pertes en eau réduites jusqu'à 40% cas de Ain Al Basha, Jordanie Titre du projet Réduction des pertes en eau à Ain Al Basha grâce à la gestion efficace de la pression Nom de la zone Ain Al Basha, Amman Jordan Branchements 4 098 Eau non vendue ENV 47,1% (2005) Période du projet / statut Janvier 2007 - Juillet 2008 (terminé) 7.4.1 Contexte En Jordanie, le niveau de l’eau non vendue était estimé à plus de 50% en 2004. Cela est alarmant si l’on sait qu’il est considéré que la Jordanie est parmi les dix pays les plus arides du monde. A Ain Al Basha, un quartier au nord de la capitale Jordanienne Amman, le pourcentage très élevé de pertes réelles d'eau a entrainé une augmentation des ressources financières et naturelles, limitant ainsi le service d'approvisionnement en eau des clients. En outre, les fortes variations de pression dans le système conduisaient à de fréquentes ruptures de conduites et à des fuites importantes. 7 7.4.2 Développement du processus L’objectif du projet était de réduire les pertes en eau réelles à l’aide de méthodes efficaces de gestion de la pression et en renforçant les capacités du personnel en Études de cas 223 charge de l’exploitation du système. Le projet a été entrepris en étroite collaboration avec l’office jordanien de l’eau (WAJ) et globalement envisagé en deux phases. Phase I : installation technique d’un système de la pression Une étude de faisabilité, une collecte de données globale, une documentation et une évaluation ont dues être entreprises au début du projet. Les diverses parties de l’équipement ont été alors fabriquées, fournies et installées selon le plan détaillé du projet. Un système SCADA a été installé et connecté au bureau du WAJ en vue d’exploiter tout le potentiel du système de la gestion de la pression et de suivre ses performances continuellement. Cette étape a permis aux techniciens et ingénieurs de suivre et contrôler le système de façon précise sur la base de données en temps réel et de réagir rapidement à la demande croissante. Phase II : intégration des connaissances relatives à la gestion de la pression Une fois que la technologie a été installée, des cours intensifs de formation et un accompagnement sur le terrain furent entrepris pour permettre au partenaire local de continuer à exploiter le nouveau système. Les gestionnaires et les formateurs du WAJ ont assisté à un cours intensif de formation en Allemagne dès le début. Au même moment, des experts de VAG ont aidé à améliorer un centre de formation local à l’intention des ingénieurs à Amman. Le service était équipé de vannes de démonstration et de planches murales, utilisées pour former 400 à 600 techniciens et ingénieurs par an sur l’utilisation appropriée des vannes et des vannes de régulation de la pression. En plus, les formateurs jordaniens ont été formés en vue d’incorporer durablement les connaissances sur la gestion de la pression au sein du WAJ. Un temps considérable a été consacré à des formations pratique et théorique sur les vannes. A la fin, les formateurs ont eu l’opportunité de mettre en pratique ce qu’ils ont appris. 7.4.3 Bonne pratique Les avantages du projet pour WAJ comprennent : àà àà àà àà àà àà àà 224 efficacité accrue et coûts plus bas de l’approvisionnement. moins de ruptures de conduites grâce à une pression contrôlée et réduite durée de vie accrue du réseau des conduites pertes en eau réduites (descendant jusqu’à 30% d’ENV), eau économisée utilisée pour augmenter / améliorer l’approvisionnement en eau contrôle des vannes via le système SCADA rapport d’évaluation (jour/semaine/mois/an) renforcement des capacités pour les responsables Jordaniens. Études de cas Réduction du débit nocturne minimal (débit à 2h du matin) Date Sans contrôle [m3 / h] Date Avec contrôle (m³/h) Réduction du débit nocturne minimal 03.02.2008 55,01 02.03.2008 37,20 -17,81 m³/h 32% 04.02.2008 55,01 03.03.2008 37,92 -17,09 m³/h 31% 05.02.2008 62,86 04.03.2008 35,28 -27,58 m³/h 44% 06.02.2008 49,46 05.03.2008 34,08 -15,38 m³/h 31% 07.02.2008 51,30 06.03.2008 32,37 -18,93 m³/h 37% 08.02.2008 56,65 07.03.2008 41,05 -15,59 m³/h 28% 09.02.2008 47,16 08.03.2008 36,90 -10,27 m³/h 22% Résultats obtenus dans le district de Santo Amaro entre Janvier 2005 et Juin 2006 7.4.4 Leçons apprises L’approche du projet qui consiste à ne pas seulement mettre en œuvre des systèmes de gestion de la pression, mais aussi d’intégrer les connaissances sur la gestion de la pression dans les structures du partenaire local a été un succès. Le WAJ a suivi le système de la gestion de la pression par la technologie SCADA. En plus, l’appui de VAG peut être sollicité à tout moment via internet. Etendre la formation du centre du WAJ à des ingénieurs en offrant des cours de gestion de la pression à Amman permet de répondre aux besoins et de pérenniser le renforcement des capacités souligné en outre par le concept formation des formateurs . 7.4.5 àà àà àà àà Références VAG – Armaturen GmbH site web, www.vag-armaturen.com, visité en Juillet 2010. GIZ Jordanie site web, www.giz.de/en/weltweit/maghreb-naher-osten/1511.htm, visité en Juilet 2010. Gestion de la pression site web, www.waterlossreduction.com, visité en Juillet 2010. Dorsch Gruppe, Engicon and sebaKMT, Effective Leak Detection, repair & maintenance Management in Ain Al Basha district - PPP Jordan. Non publié, 2009. Études de cas 7 225 Photo : © P. Klingel, 2006 Photo : © R. Pietschmann, 2007 7.5 Réduction des pertes apparentes d’eau cas de Huaraz, Peru Titre du projet Investigation des pertes en eau et amélioration l’efficacité hydraulique dans un secteur pilote de la ville de Huaraz. Nom de la zone District de Huaraz, province de Huaraz, Pérou Habitants Branchements 101 430 22 483 Eau on vendue ENV 51,4% Période du projet/statut 2008-2010 Référence Programme de mesures avec impact rapide (PMRI) 7.5.1 Contexte La ville de Huaraz avec ses 100 000 habitants est située au nord-est du Pérou à une altitude de 3 030 mètres. Huaraz est une ville touristique de l’Allée de Huaylas entourée de la plus grande chaîne de montagnes du pays. Son eau est générée par de l’eau de fonte de la Cordillera Blanca. La compagnie des eaux Chavin EPS SA est responsable de la gestion de la distribution d’eau dans les provinces de Huaraz, Huaylas, Chiquián et Aija. L’eau non vendue globale de la compagnie des eaux s’élève à 51,4% et est plus élevée que la moyenne nationale qui est de 42,1%. En outre, la ville possède un des taux les plus élevés de consommation du pays avec une consommation journalière par habitant s’élevant à 388 litres. Études de cas 7 227 Municipalité de Huaraz et la zone pilote (en jaune) Ces pertes élevées sont générées par un grand nombre de problèmes incluant un faible taux de relevé des compteurs, une grande quantité de fuites non reportées, des conduites vieillissantes, des techniques de maintenance inadéquates et une organisation mal préparée pour résoudre ces problèmes. Compagnies des eaux Volume produit (m3) Volume facturé (m3) 1 285 370 SEDAPAL Pourcentage de l’ENV (%) 2009 2008 2007 2006 2005 740 861 42,10 42,30 42,40 43,30 43,90 658 748 411 835 38,50 37,50 37,50 39,10 41,10 Grandes entreprises 393 050 215 481 43,30 45,20 46,00 46,60 46,40 Moyennes entreprises 194 124 99 449 49,70 48,80 49,40 49,60 48,20 39 446 14 094 53,00 62,00 54,00 53,60 50,50 TOTAL Petites entreprises Eau non vendue au Pérou entre 2005 et 2009. (SUNASS, 2010) 228 Études de cas Des méthodologies alternatives ont été testées dans le cadre de la coopération entre la GIZ etla compagnie des eaux à travers un programme de mesures avec impact rapide (PMRI). Il s’agit d’outils tels que le bilan d’eau, l’inventaire des fuites et la modélisation du réseau hydraulique en vue d’améliorer la performance hydraulique du réseau et établir une méthodologie systématique pour détecter et contrôler les pertes en eau. 7.5.2 Développement du processus Le travail a consisté à tester une méthodologie, en utilisant la sectorisation et la mesure des compteurs comme outils pour déterminer et contrôler l’état du système d’approvisionnement : àà àà àà àà àà àà àà I l a commencé par la sélection d’une zone pilote prenant en compte plusieurs critères, incluant la simplicité de la fermeture, une grande continuité, un niveau élevé de la pression aussi bien que diverses catégories de modèles de consommation. Les paramètres techniques, commerciaux et cadastraux ont été mis à jour en vue de leur utilisation pour conduire la modélisation du réseau et estimer la demande en eau. La sectorisation a été vérifiée en isolant la zone pilote du reste du réseau. La zone pilote est composée de 263 branchements. Chaque compteur installé a été relevé en vue de déterminer l’étendue des sous-estimations, qui doivent être analysées plus tard en fonction de la marque et de l’âge. Après isolation de la zone pilote avec entrée unique, un débitmètre a été installé, permettant ainsi d’enregistrer la consommation brute horaire, la consommation du secteur dans un intervalle de 24 heures ainsi que la détermination du bilan d’eau en ce qui concerne les débits nocturnes minimaux. En plus, le suivi du niveau de l’eau du réservoir a permis d’adopter des méthodes de régulation de la pression. Un inventaire des pertes a été fait, permettant ainsi d’identifier les facteurs qui en sont à la base. Des mesures commerciales et opérationnelles ont été prises. La modélisation hydraulique a été vérifiée sous les nouvelles conditions et la pression a été régulée à l’intérieur du secteur. Enfin, un nouveau bilan d’eau a permis de mesurer les résultats des mesures adoptées. Études de cas 7 229 7.5.3 Résultats et bonne pratique Le bilan d’eau initial a montré un niveau d’eau non vendue de 69% dans une zone où 91% des conduites en fibrociment étaient vieux de plus de 40 ans et où 68% des branchements avaient leurs dernières mesures datant de six ans en moyenne. L’inventaire des pertes a révélé que 80% des pertes étaient des pertes apparentes et les 20% restants des pertes réelles. Les mesures correctives comportaient l’installation des compteurs dans 121 ménages, le renouvellement des sous-compteurs et la conduite de relevés réguliers sur l’ensemble de la zone. De plus, 3,1 km de réseaux d’eau ont été inspectés à l’aide de géophones acoustiques, dix fuites non reportées ont été détectées et réparées, dont huit ont été trouvées dans les branchements des ménages. La pression a également été régulée en réduisant la surpression de 45 à 25 m. En plus, un débordement a été détecté dans le réservoir Batán qui alimente la zone où un volume journalier de 405 m3 a été gaspillé. Ce débordement a été corrigé en changeant le système de contrôle. Le bilan d’eau final a montré un niveau de l’eau non vendue de 29%, qui démontre l’efficacité des actions menées. 7.5.4 Leçons apprises La recherche initiale dans le domaine de la réduction des pertes en eau et les améliorations opérationnelles dans une zone pilote a permis d’engranger des résultats à court terme avec des niveaux et des coûts d’investissement réduits. Ces résultats ont conduit à des conclusions générales qui peuvent être traduites en stratégies applicables à tout le système. La combinaison des mesures telles que la sectorisation, la détermination du bilan d’eau et un inventaire des pertes permet d’identifier des mesures correctives à long terme. Les mesures correctives opérationnelles (installation de compteurs et détection des fuites) devraient être traitées en priorité. Toutefois, les résultats ne seront pas adéquats si des investissements conséquents ne sont pas faits en matière de réhabilitation des réseaux vieillissants. 230 Études de cas 7.5.5 àà àà Références Zegarra, B., Ticona E., Alania, G., Vidalon, F. and Rojas, F., Reducción de pérdidas y modelación hidráulica. El ejemplo de Huaraz, Perú. Rapport inédit, 2010. SUNASS Gerencia de supervisión y Fiscalización, Las EPS y su desarrollo. Rapport inédit, 2010. 7 Études de cas 231 Références Références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] 234 sian Development Bank, Data Book of Southeast Asian Water Utilities 2005. A ADB, Manila, Philippines, 2007. Alegre, H., Baptista, J.M., Cabrera, E., Cubillo, F., Duarte, P., Hirner, W., Merkel, W. and Parena, R., Performance Indicators for Water Supply Services. IWA Publishing. London, 2007. Arenz, B. et al., Netzmeister - Technisches Grundwissen Gas, Wasser, Fernwärme. Oldenbourg Verlag, Germany, 2007. AWWA. 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Nombre de jours où le réseau est sous pression RDE Réseau de distribution d’eau RPE Réduction des pertes en eau (WLR - Water loss reduction) RSI Retour sur investissement (ROI -Return on investment) SABESP Companhia de Saneamento Básico do Estado de São Paulo (SABESP SCADA Télésurveillance et acquisition de données (SCADA - Supervisory control and data acquisition) SDM Secteur de distribution mesurée (DMA - District metered area) SEDAPAL Servicio de Agua Potable y Alcantarillado de Lima SGP Secteur de gestion de la pression (PMA - Pressure management area) SIC Système d'information des clients (CIS - Customer information system) SIG Système d'information géographique (GIS - Geographic information system) TIN Triangulated irregular network UFW Eau non comptabilisée (UFW - Unaccounted-for water) UNW-DPC UN-Water Decade Programme on Capacity Development USD Dollar américain VAG VAG-Armaturen GmbH VRP Vanne de régulation de la pression WAJ Water Authority of Jordan WHO World Health Organization WLR Water loss reduction Abréviations 243 Mentions légales Publié par Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Postfach 5180 65726 Eschborn Allemagne T +49 6196 79-0 F +49 6196 79-1115 E [email protected] I www.giz.de Auteurs Patrick Fallis, Katja Hübschen, Emmanuel Oertlé, Dörte Ziegler (Chapitres 1 & 2); Philipp Klingel, Axel Knobloch (Chapitres 3-6, sauf 6.4 & 6.7); Jörg Baader & Emmanuel Oertlé (Chapitre 6.4); Raùl Trujillo (Chapitre 6.7); Christine Laures (Matériel supplémentaire) Soutenu par UN-Water Decade Programme for Capacity Development (UNW-DPC) Eschborn, Janvier 2011 La Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH a été formée le 1er Janvier 2011. Elle uni la longue expertise de DED, GTZ et InWEnt. Pour plus d'informations, visitez www.giz.de. Responsable Dörte Ziegler (GIZ) Contact Katja Hübschen T +49 6196 79-1865 F +49 6196 80-1865 E [email protected] I www.giz.de 244 Design et infographies © creative republic Thomas Maxeiner Kommunikationsdesign, Frankfurt am Main/Germany T +49 69-915085-60 I www.creativerepublic.net Photos © Jörg Baader, Thomas Baier, Carsten Behlert, Frank Boyer, CUDRC, BMZ – Federal Ministry for Economic Cooperation and Development, David Heer, B. Itzicovitch, Philipp Klingel, Axel Knobloch, Yves Marinoff, Rita Pietschmann, Tobias Tkaczik. Mentions légales Notes Notes 245 Notes 246 Notes Notes 247 Notes 248 Notes « Je suis heureux de recommander ce guide à tous ceux qui souhaitent s'engager pour faire face aux problèmes de gestion des pertes en eau dans les systèmes de distribution à travers le monde. La GIZ et VAG sont à féliciter pour leur initiative visant à promouvoir les principes du groupe spécialisé de l'IWA pour les pertes en eau, ainsi que la technologie et le savoir-faire européen de pointe, pour aider à la réalisation de cet objec tif important. » Allan Lambert, Water Loss Research & Analysis Ltd Présidence de la 1ère IWA Task Force pour les pertes en eau, 1996-1999 « Le guide donne un aperçu complet de la gestion des pertes en eau et est très précieux pour les concepteurs en ce qui concerne la gestion stratégique rationnelle des pertes en eau. Spécialement l'application de la gestion moderne de la pression en conjonction avec des structures de SDM virtuelles complètent une gestion effi cace des pertes en eau dans les réseaux d'approvisionnement avec des taux de pertes et des fréquences de dégâts élevés. » Erwin Kober, Managing Director, RBS Wave « Ce guide peut être utile pour servir à la communauté de l'eau au sens le plus large afin de réduire les pertes en eau dans les systèmes de distri bution. UNW-DPC peut assurer que ce guide soit diffusé auprès des col laborateurs intéressés ainsi que d'encourager leur utilisation au cours de nos événements pour le développement des capacités à travers le monde. » Dr. Reza Ardakanian, Directeur de UN-Water Decade Programme on Capacity Development (UNW-DPC), Université des Nations Unies Soutenus par : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Dag-Hammarskjöld-Weg 1-5 65760 Eschborn / Germany T F E I +49 6196 79-0 +49 6196 79-1115 [email protected] www.giz.de