la classification decimale de dewey

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la classification decimale de dewey
LA CLASSIFICATION DECIMALE DE DEWEY
1. L’indexation
Définitions : Description du contenu d’un document (différent du catalogage, description de la forme).
Wikipédia : Une classification ou système de classification est un système organisé et hiérarchisé de
catégorisation d’objets.
De nombreux domaines établissent des classifications suivant les objets à catégoriser : les espèces
vivantes, les maladies, les produits ou services, les étoiles, les documents d’une bibliothèque,....
Les classifications portant sur un domaine limité sont généralement bien admises par les spécialistes du
domaine. Les classifications à vocation universelle ne peuvent faire abstraction d'un point de vue et
sont, de ce fait, l'objet de nombreuses critiques. Elles apportent cependant un éclairage sur la nature de
la connaissance.
Les classifications sont des outils essentiels pour organiser les connaissances et le travail de chacun au
sein de l'ensemble. Classer les objets ou les connaissances, c'est dire comment ils/elles se situent les
un(e)s par rapport aux autres. Plusieurs points de vue complémentaires peuvent être considérés.
Les classifications se distinguent en fonction du formalisme apporté soit aux classes (taxons,
nomenclature, catégories de sujets), soit aux relations entre ces classes et à l'arborescence qui en résulte.
2. Le classement des livres
Il existe de nombreuses méthodes de classement des livres. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner
des bibliothèques de particulier où le choix de la méthode ne dépend que du propriétaire : classement
alphabétique auteurs, par format, par collection ou éditeur, par sujet, par valeur esthétique ou
affective…
Le classement devient un problème à résoudre dès lors que l’on accumule quelques centaines de livres.
Le particulier le résout donc en suivant son propre usage.
On ne peut bien sûr pas se permettre ce raisonnement en bibliothèque où l’on est confronté à une
collection le plus souvent encyclopédique, même s’il s’agit de collections spécialisées, et à un public
varié, aux usages et formations différents.
Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, la question du classement ne se posait pas de la même façon
aux bibliothécaires. En effet, on pratiquait à l’époque « l’accès indirect ». Les livres étaient alors
conservés dans une réserve : le lecteur consultait les catalogues papiers (3 entrées le plus souvent :
auteur, matière et titre), formulait sa demande de livres par écrit, transmettait cette demande au
magasinier. Ce dernier allait chercher le livre en réserve ou magasin en laissant un « fantôme » à la place
et remettait le livre au lecteur.
Dans ce fonctionnement, le classement retenu était le plus souvent un classement par format, idéal
pour la conservation des livres et l’optimisation de l’espace en magasin, et par date d’entrée dans la
collection. Une lettre ou un chiffre désigne la taille de l’ouvrage (P pour petit, M pour Moyen, G pour
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grand ou in-4 pour in quarto, in 8° pour in octavo, etc…). Puis on ajoute le numéro d’inventaire
(numéro d’arrivée dans la collection) qui permet un classement numérique.
La méthode est simple et rapide. Mais aller chercher les livres puis les ranger devient vite long et
fastidieux. Et surtout, ce rangement prive le lecteur de tout contact direct avec les livres.
Dès la fin du XIXe siècle aux USA, mais seulement après 1945 en France, est apparu « l’accès direct » :
on propose au lecteur de choisir lui-même son livre, de déambuler dans les rayonnages, de « butiner ».
Et c’est alors un immense progrès pour les amoureux des livres et des bibliothèques !
Mais l’accès direct implique une nouvelle méthode de classement, aussi bien pour les romans que pour
les documentaires. Si pour les romans, un classement alphabétique reste simple (R pour roman + 3
premières lettres du nom de famille de l’auteur), pour les documentaires, il faut se pencher sur
l’élaboration d’un classement par sujet, ce qui est beaucoup plus compliqué.
Pour ce faire, il faut en premier lieu organiser les connaissances (passées, actuelles et futures !) dans un
certain ordre, donner à chaque sujet un indice qui sera sa traduction et servira à la construction de la
cote (l’indice + les 3 premières lettres du nom de famille de l’auteur).
Mais cet accès direct présente plusieurs inconvénients :
- Des locaux plus vastes
- Un rangement plus compliqué
- Des risques de vol plus importants
- Une usure des documents plus rapide due aux manipulations fréquentes des lecteurs mais aussi
aux formats différents côte à côte
- Un traitement intellectuel plus long
Mais tous ces inconvénients ne concernent que les bibliothécaires ! Les avantages sont bel et bien pour
le lecteur. Cela correspond à une évolution des mentalités où le lecteur passe avant la conservation de la
collection.
Plusieurs systèmes de classification des documents ont donc été élaborés comme la classification
décimale de Dewey (CDD) utilisée à l’origine dans les bibliothèques publiques, la classification décimale
universelle (CDU) utilisée à l’origine dans les bibliothèques universitaires ou encore la classification par
centre d’intérêt comme à la bibliothèque municipale du Mans.
Leur caractéristique commune est la hiérarchisation du savoir, sous la forme d’un arbre généalogique.
Par exemple en CDD :
Sciences : 500
Animaux : 590
Mammifères : 599
Carnivores : 599.7
Ours : 599.78
A chaque sujet correspond un indice, de plus en plus détaillé et peut, en théorie, se détailler jusqu’à
l’infini.
L’inconvénient de ces systèmes est l’absence de relations horizontales, notamment en réponse à
l’interdisciplinarité des certaines sujets. De plus l’évolution rapide de certains domaines nécessite de
fréquentes mises à jour.
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3. « La » Dewey
A.
Histoire
Melvil Dewey est un bibliothécaire américain (1851-1931) originaire de l’Etat de New York. Passionné
de mathématiques, il réfléchit à une nouvelle classification et conçoit cette classification à base de
chiffres à 22 ans. Il édite en 1876 la première version de sa classification, dénommée Classification
Décimale de Dewey (CDD). Le principe en est simple : intégrer des nouveaux titres sans déclasser les
précédents.
Cette même année, il lance une entreprise de fabrication de mobilier pour bibliothèques adapté à la
logique du classement décimal et qui existe toujours. Il fonde vers 1883 l'école de bibliothéconomie de
Columbia, qui est la plus ancienne institution de formation de bibliothécaires au monde.
Il suivra personnellement 12 éditions de la CDD. Aujourd’hui, c’est un Comité (la Decimal
Classification Division of the Library of Congress) qui poursuit ce travail de mise à jour. Il faudrait
attendre 1974 pour qu’elle soit traduite en français. On en est à la 23e édition, éditée en France en 4
gros volumes ou sous forme d’un « abrégé », adaptation à l’usage des bibliothèques municipales. De 44
pages dans sa première version, la dernière en comporte 3273 !
Cette classification est utilisée dans 135 pays et est traduite en plus de 30 langues.
Ce qui fait son succès tient sans aucun doute au fait qu’il s’agisse d’un langage universel (des chiffres).
De plus, des chiffres sont plus faciles à retenir que des lettres.
B.
Théorie
Reprenant une méthode précédente, Dewey classe les disciplines du savoir en 9 grandes catégories ou
« classes » :
-
Philosophie
Religion
Sciences sociales
Langues
Sciences pures
Techniques
Arts
Littérature
Géographie et histoire
Il y ajoute une dixième pour les généralités, d’où une classification décimale (10).
Chacune de ces classes comporte ensuite 10 divisions, également divisée en 10, etc…
L’innovation consiste à choisir des indices numériques, ce qui apporte à la méthode de Dewey
souplesse et capacité à évoluer.
Ces indices se présentent donc comme un groupe de 3 chiffres au minimum (001, 972, 331, …). Pour
les développer, on ajoute un point puis un autre groupe de chiffre et si nécessaire, un espace et encore
d’autres chiffres (944.081 6). La présentation peut se faire horizontalement ou verticalement : 944.
081
6
Les indices peuvent donc être très longs. Il convient de rester raisonnable, en trouvant un équilibre. Les
trop courts ne se classent pas assez (généralités et études particulières se retrouvent au même niveau) et
les trop longs sont trop longs à lire, incompréhensibles pour le lecteur et classent trop (un seul livre par
indice sur les rayonnages).
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Il est important de noter que les divisions de la Dewey correspondent à des disciplines (psychologie,
sociologie, médecine, …) et non à des sujets. Pour un seul sujet, des livres avec des approches
différentes vont être classés à des endroits différents.
Par exemple le sujet enfant, l’approche peut être psychologique (150), sociologique (300), médicale
(610) ou encore historique (940).
Cette dispersion des livres peut être gênante. Elle a entraîné la création des « centres d’intérêts ». Il faut
donc bien expliquer les principes de classement au public et surtout la compléter par une signalétique
visible et en langage commun.
C.
Pratique
Le choix de l’indexation se fait en plusieurs temps. Cette démarche peut bien évidemment servir pour le
choix des vedettes matières (RAMEAU ou Blanc-Montmayeur).
a. Analyse du contenu
Elle se fait par le titre, la table des matières, la quatrième de couverture et si nécessaire en lisant
l’introduction et en sondant le corps du texte. Attention à ne jamais se fier au titre uniquement qui peut
être trompeur sur le contenu même de l’ouvrage.
Cette démarche permet de déterminer le ou les sujets principaux. Il faut ensuite vérifier sous quel(s)
point(s) de vue ou discipline(s) ils sont abordés (sociologique ? Psychologique ? Moral ? Religieux ?...).
b. Traduction en langage documentaire
L’analyse précédente permet de traduire en quelques mots clés représentatifs le contenu et le point de
vue de l’ouvrage. Lorsqu’un ouvrage ne traite pas d’un mais de plusieurs sujets, il faudra choisir celui
qui a la plus grande importance. Les autres se retrouveront dans les mots matières.
c. Recherche de l’indice Dewey
C’est à ce moment que l’on prend son guide, l’abrégé de la 22e édition en ce qui nous concerne. Deux
possibilités s’offrent alors à nous :
- Par la table en descendant « l’arbre ». cette démarche est préférable afin d’acquérir une
bonne maîtrise de la Dewey et de son fonctionnement.
- Par l’index. Celui-ci, que l’on utilise très souvent, répertorie les sujets les plus récents et
donne les indices correspondants. Par contre, il reste souhaitable de se reporter tout de
même à la table pour une vérification afin d’éliminer tout risque d’erreur.
Dans la majorité des cas, un sujet égal un indice (ex. : glacier = 551.31). Mais un sujet peut être examiné
sous différents aspects ou du point de vue de plusieurs disciplines, comme nous l’avons vu
précédemment.
Ainsi, le goût peut être traité du point de vue anatomique (611.8), physiologique (612.8) ou
psychologique (152.16).
De même, les animaux peuvent s’indexer en 590 (599.75 pour les chats par exemple) mais aussi en 636
(638.6 pour le chat) du point de vue de l’élevage. Cette double indexation pose alors le problème de la
dispersion des collections et du risque d’égarer le lecteur.
Parfois, l’abréviation « o.i. » indique où classer les ouvrages interdisciplinaires. C’est un indice
préférentiel destiné à regrouper les travaux généraux sur certains sujets. Pour la drogue, on peut classer
un livre en morale (178), en pathologie (616.863) ou en problème social (363.45) mais les ouvrages
généraux regroupant tous ces aspects auront un indice propre : 362.29.
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Il arrive aussi qu’aucun indice ne corresponde précisément au sujet traité. Il faut alors utiliser l’indice le
plus proche et surtout éviter d’en créer un soi-même !
d. Construction d’indices : les subdivisions
Vous pouvez être amené à rencontrer plusieurs autres abréviations. Les deux plus courantes sont
- s.c. pour Subdivision Commune
- n.g. pour Notation Géographique
Ces subdivisions font référence à des tables auxiliaires qui complètent et précisent la table principale.
Elles ne sont pas à utiliser telles quelles. Elles servent à construire un indice en s’ajoutant à l’indice
principal.
Table 1 : Les subdivisions communes
Elles permettent de préciser soit la forme de l’ouvrage, soit son contenu, soit un point de vue spécial.
Ainsi, la subdivision -03 permet ainsi de préciser qu’il s’agit d’un dictionnaire. De même, la subdivision
-092 sert à préciser qu’il s’agit d’une biographie.
Ex. : Une biographie de médecin
61(0) Médecin
61(0) + -092 = 610.92 = biographie en médecine
De plus, lors de la création de la cote, l’indice sera suivi des 3 premières lettres du nom de la personne
étudiée, et non celles du nom de l’auteur.
Il arrive parfois que l’indice à créer par la table auxiliaire soit directement proposé dans la table
principale. Par exemple, l’indice pour les biographies de sculpteurs est en 730.92 et se trouve
directement à la table principale. En revanche, dans le cas des acteurs, la table ne propose pas de se
reporter aux subdivisions communes. Mais en se référant à l’index, vous découvrirez que l’indice est
791.430 2 ! L’édition complète montre en effet que la création d’indice grâce à la table des subdivisions
communes est possible.
Table 2 : Les notations géographiques
Cette table permet d’ajouter une notation géographique à l’indice principal.
Ex. : Un ouvrage sur la conjoncture politique en France
320 Science politique
320.9 Conjonctures et conditions politiques
320.9 + -44 (désignant la France) = 320.944 Conjoncture et conditions politiques en France
Un ouvrage sur la danse en France :
793.3 Danse
793.319 Géographie de la danse
793.319 + -44 = 793.319 44 La danse en France
L’indice de base 793.319 étant déjà long, y ajouter la notation géographique génère un indice à 8
chiffres ! La bibliothèque aura-t-elle un fonds en danse si développé pour justifier un indice aussi long ?
Il faut donc s’assurer de la pertinence de développer des indices grâce aux tables auxiliaires.
La table des notations géographiques est par contre absolument nécessaire pour l’indexation des
ouvrages de géographie, la table principale ne proposant que les indices correspondant aux continents.
Ex. : Un guide sur la Loire-Atlantique
91(0) Géographie
91(0) + -4 = Géographie de l’Europe
91(0) + -44 = Géographie de la France
91(0) + -441 = 914.41 = Géographie de la Bretagne
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91(0) + -441 67 = 914.416 7 Géographie de la Loire-Atlantique
Ex. : Un ouvrage sur l’histoire de la Loire-Atlantique
9 + -44 = 944 Histoire de la France
9 + -441 = 944.1 Histoire de la Bretagne
9 + -441 67 = 944.167 Histoire de la Loire-Atlantique
Aux différentes étapes de l’indexation (choix entre plusieurs sujets, plusieurs disciplines, plusieurs
indices, utilisation des subdivisions), la ou les personne(s) chargée(s) d’indexer doi(ven)t constamment
garder à l’esprit la cohérence des fonds et des pratiques des lecteurs.
Il ne faut pas hésiter à annoter le guide de la CDD, surtout lorsqu’un indice est privilégié plutôt qu’un
autre. Il est par exemple possible de choisir d’indexer tous les animaux en 590-599 plutôt que de créer
deux fonds distincts avec l’emploi de l’indice 636. Il faut alors que tous ceux chargés de l’indexation,
présents ou à venir, soient en mesure de connaître et de suivre les choix de la bibliothèque.
Les cotes générées par l’indexation et donc le classement suivi dans les rayonnages sont
particulièrement inintelligibles pour les lecteurs non initiés aux délices de la Dewey. Il faudra donc
penser à établir une signalétique claire et accessible dans la bibliothèque.
A connaître par cœur :
Les 10 grandes classes de la classification décimale de Dewey
000
100
200
300
400
500
600
700
800
900
Informatique, information, ouvrages généraux
Philosophie, parapsychologie, occultisme, psychologie
Religion
Sciences sociales
Langues
Sciences de la nature et mathématiques
Technologie (sciences appliquées)
Arts. Beaux-arts et arts décoratifs
Littératures (Belles-lettres) et technique d’écriture
Géographie, histoire, disciplines auxiliaires
D.
Pour aller plus loin
a. Unimarc
610
675
676
Indexation en vocabulaire libre
CDU
Dewey
b. Bibliographie
Sites internet :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Melvil_Dewey
http://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_d%C3%A9cimale_de_Dewey
Livres
CDD, 22e édition, 4 volumes, version française, éditions ASTED, 2008.
CDD, 23e édition, 4 volumes, version anglaise, éditions OCLC, 2011.
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Guide de la classification décimale de Dewey,22e édition, Annie Béthery, éd. Du Cercle de la Librairie,
2005.
Guide de la classification décimale de Dewey, 23e édition, Annie Béthery, éd. Du Cercle de la Librairie,
2013.
c. Vous pouvez lire aussi
La cote 400, Sophie Divry, éd. 10/18, 2013.
Dewey, Vicky Myron et Brett Witter, éd. Pocket, 2013.
La sagesse du bibliothécaire, Michel Mélot, éd. Jean-Claude Béhar, 2006.
Et maintenant, à vous de jouer !
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