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Spécial immobilier
Jean-Yves Lacote
Ils ciblent la proximité de la
ligne 5 du métro voire
celle du Canal, mais ne visitent jamais au-delà de
Raymond-Queneau, où un
petit F2 de 25 m2 peut s’afficher quand même à 102
000 euros. Au métro Eglise,
un 70-m2 à rafraîchir dans
une bonne copropriété s’est
vendu 249 000 euros. Un
loft de 68 m2 refait à neuf
avec 4,5 mètres sous plafond, mais une seule chambre, a été acheté 255 000
euros et un souplex (rez-de-chaussée et soussol) de 40 m2, 129 000 euros. Les meilleures affaires, évidemment, sont à plus de dix minutes
à pied des métros, où la décote est de 30%...
+ 1,6% en trois mois
Pantin : un marché encore calme
NOISY-LE-GRAND
➧ 2 725 €/m2
Prisé des Parisiens
Le marché s’est inversé : les acheteurs sont revenus, mais les biens disponibles manquent.
Les vendeurs semblent miser sur une hausse et
les acheteurs continuent de jouer la baisse, notamment ceux qui disposent d’un gros budget
(plus de 450 000 euros) pour lesquels l’offre ne
manque pas. Pour l’heure, investisseurs et
primo-accédants se disputent les petites surfaces, qui représentent le gros des transactions.
Les acquéreurs travaillent souvent dans l’une
des grandes entreprises établies à Noisy.
Parfaitement desservie par le rail ou la route –
Paris et les deux aéroports sont d’accès facile –
la ville, dont le centre a été presque entièrement
rénové, séduit aussi beaucoup de Parisiens. A
dix minutes à pied du RER, un F3 de 65 m2 vaut
230 000 euros. Un peu plus loin, une maison de
90 m2 et 250 m2 de terrain s’est vendue 290 000
euros. Dans les quartiers plus populaires, les
immeubles sont plus hauts et les prix plus
doux : 160 000 euros environ pour un F3 de
70 m2. Pour se mettre au vert sur les bords de
Marne, il faut compter 355 000 euros pour une
maison de 110 m2 avec 350 m2 de terrain.
+ 0,2% en trois mois
SAINT-DENIS
➧ 2 506 €/m2
Transactions en hausse
A Saint-Denis, les effets de la crise ont été accentués par une mauvaise publicité médiatique. Insécurité, trafic de drogue, insalubrité :
il fallait aimer la ville pour venir y chercher
l’appartement de ses rêves. « Ce type de problèmes fait qu’au sein d’une même rue du centre-ville pourtant très prisé, le prix du mètre
carré peut varier du simple au triple », reconnaît Michel Lecat, de Saint-Denis Immobilier.
Certains biens ont vu leur valeur chuter de
plus de 20% ces deux dernières années et le
volume des ventes était tombé assez bas.
Depuis quelques mois, la baisse semble s’être
stabilisée. Les Parisiens sont de retour et le
nombre de transactions nettement en hausse.
A tel point que l’offre vient à manquer. Dans
le récent ou l’ancien avec cachet, les petites
surfaces bien placées peuvent se négocier audelà des 3 500 euros/m2. Les appartements familiaux, qui devaient être bradés pour trouver
preneur il y a peu, ont le vent en poupe. Une
➧ 3 284 €/m2
Moins cher loin du métro
Le marché pantinois s’est enfin stabilisé sauf
pour les petites surfaces, rares et très demandées : un 30-m2 refait à neuf avec goût près du
métro peut se vendre 150 000 euros, soit
1 500 euros de plus au mètre carré que la
moyenne locale... Pour les appartements familiaux, même affichés au bon prix et bien placés,
le délai de vente oscille entre cinq et six mois.
Si le marché est encore calme, les agences ne
désemplissent pas et le printemps devrait voir
le nombre de transactions exploser. Les
Parisiens primo-accédants prospectent et,
parmi eux, un nombre important de couples
avec enfants décidés à passer le périphérique.
XXVI ● LE NOUVEL OBSERVATEUR
D. R.
PANTIN
JEAN-MARC MORMECK
Boxeur, ancien champion
du monde des poids
lourds légers
« J’ai grandi à Bobigny, mes
parents y vivent encore et j’y suis resté
très attaché. J’ai pour projet d’y créer une
école de formation aux métiers de l’audiovisuel. Les médias montrent notre
banlieue de manière presque systématiquement négative et il faut que les jeunes
des quartiers maîtrisent les codes de
l’image pour donner à voir une réalité plus
maison donnant sur le parc de la Légiond’Honneur, de 150 m2 habitables avec jardin,
s’est vendue 450 000 euros. Les investisseurs
aussi reprennent du service, notamment à la
Plaine. Les appartements de moins de cinq
ans se négocient entre 2 600 et 3 000 euros/m2.
Le neuf se vend autour de 4 000 euros/m2.
- 0,5% en trois mois
SAINT-OUEN
➧ 3 128 €/m2
Pénurie de biens
Avec six ventes réalisées pendant une semaine
de vacances, Luc Boillot, de l’agence LBI, peut
avoir le sourire : « Depuis Noël, l’activité est
forte, et même les biens avec défauts se vendent.
Mais l’offre manque. » Même son de cloche chez
Laforêt, où l’on vient de vendre deux F2 de 35 m2
en deux jours. « Et sur des bases élevées,
120 000 euros pour le moins cher... Si nous en
avions dix à vendre nous vendrions les dix. »
Situé à proximité des stations de la ligne 13, ce
type de bien est ultraprisé des primo-accédants,
parisiens pour la plupart. Les investisseurs
aussi sont sur la brèche et l’achat locatif marche
bien. Saint-Ouen attire peu les familles, et les
biens supérieurs à 300 000 euros, où qu’ils soient
placés, n’ont jamais été une spécialité locale. Les
acquéreurs aux gros budgets ne jurent que par
l’atypique, voire les appartements récents de
bon standing proches de Clichy et du RER C.
Mais, pour l’heure, la pénurie règne. Et les accros ne peuvent même pas jouer la surenchère
car ici la Mairie veille, et n’hésite pas à préempter. « Tout se vend entre 3 300 et 3 700
euros/m2, voire 4 200, au grand maximum,
pour un logement franchement exceptionnel, et
avec de la chance... », note Luc Boillot.
+ 3,3% en trois mois
V. R.
Remerciements : Sofim, Agence centrale,
Chauvet et Cie, Laforêt, Arcades, Immo 5, ERA et
Solvimo, Century 21 Adequation, Immo Devaux,
LBI, Saint-Denis Immo, Chambre des notaires de
Paris.
objective et, notamment, les choses positives. On ne peut que se féliciter du fait que
des populations plus aisées traversent le
périphérique pour vivre en banlieue,
même si c’est par défaut parce qu’ils ne
peuvent pas acheter à Paris et qu’ils n’ont
pas toujours dans l’idée de se mélanger.
Mais ils finiront forcément par sympathiser avec des gens qu’ils avaient pris l’habitude d’ignorer et les amis qui viendront
leur rendre visite repartiront agréablement surpris. »
Propos recueillis par V. R.