Discours de Manuel Valls aux 10e Assises de l`économie de la mer
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Discours de Manuel Valls aux 10e Assises de l`économie de la mer
Discours de Manuel Valls aux 10e Assises de l’économie de la mer à Nantes le 2 décembre 2014 … Monsieur le Ministre, Messieurs les Ministres, Monsieur le Préfet, Monsieur le Secrétaire général à la Mer, Madame, la Maire, Monsieur le président du Conseil régional. Monsieur le Président du Conseil régional. Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus. Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs. La mer, c’est une grande histoire faite de conquêtes, de découvertes, de défis face aux éléments, et c’est en effet un univers fascinant, qui renvoie souvent l’homme à sa condition d’homme, à sa finitude, ce sont des océans d’inspirations, on en parlait d’ailleurs juste avant, pour les aventuriers, les poètes, qui ont toujours su parler de la mer, déchaînée ou apaisée, les romanciers, et si vous nous avions le temps, mais hélas, je ne suis pas venu pour cela, en tout cas, vous ne m’attendez pas sur ce sujet-là, nous pourrions parler pendant des heures de ce qu’a été pour beaucoup d’entre nous « 20.000 lieux sous la mer », ou la découverte des films de COUSTEAU, et d’ailleurs, j’ai fait la rencontre tout à l’heure de Jacques ROUGERIE et de la passion qui l’habite pour son projet SeaOrbiter, et il faut que nous soyons évidemment attentifs à compléter les financements, parce que nous avons besoin, j’en dirais un mot bien sûr, de la recherche, où nous pourrions pu évoquer, parce que c’est dans ces moments-là que la France s’aperçoit qu’elle est une Nation maritime grâce aux exploits de nos grands navigateurs qui sont peut-être les héros de nos temps modernes. Et nous pensons bien sûr au dernier exploit de Loïck PEYRON. La mer, c’est un domaine sur lequel la France a longtemps régné, mais je veux le dire devant vous, même s’il n’y a pas la mer à Evry, mais je suis né, moi, auprès de la mer, mais pas en France, à Barcelone, dans cette Méditerranée qui nous a nourris, sa civilisation, l’ambition maritime de la France n’appartient pas au passé. Vous avez évoqué il y un instant ces générations, l’histoire, mais vous avez aussi – et à juste titre – évoqué la force économique que cela représente, en termes d’emplois, 300.000 directs, mais également le poids dans le domaine des exportations. Donc oui, l’ambition maritime de la France est notre avenir. La France est toujours une grande Nation de la mer, et une grande puissance maritime, une grande Nation, car présente sur tous les océans, responsable d’immenses espaces marins, avec ses Outremers, c’est le deuxième territoire maritime mondial. Et nous rayonnons ainsi dans le monde sur tous les continents, et je n’oublie pas bien sûr la place qui est celle de notre marine nationale, grande puissance également par sa place dans les transports maritimes, dans la construction navale, civile et militaire, dans la pêche hauturière, dans le secteur des énergies offshores, ou encore dans l’industrie touristique, et nous l’avons aussi évoqué, et je veux penser aux fleurons de l’industrie nautique. La mer, c’est aussi un monde qui a ses usages, où on ne se ment pas et on se parle franchement et directement, et nous le savons, les marins sont souvent des gens de peu de mots, alors droit au but, avoir un langage de vérité, cela me va bien. Je serai donc direct, en matière maritime, la France doit savoir non seulement conserver son rang, mais mieux encore, affirmer ses positions, établir une politique maritime, c’est notamment le but de ces Assises, qui, depuis dix ans, mettent en présence tous les acteurs économiques et politiques, merci à vous donc, cher Francis VALLAT, pour la tenue de ces Assises, que le Cluster Maritime organise avec Le Marin. Vous pouvez être fier du travail accompli depuis tant d’années, et je sais la reconnaissance qui s’exprime à l’égard du travail qui a été le vôtre, et je souhaite bon vent à votre successeur, Frédéric MONCANY de SAINT-AIGNAN. Je veux d’ailleurs remercier tous ceux qui ont permis l’organisation, une nouvelle fois, de ce rendez-vous Ouest France, Le Marin, je l’ai dit, Les Echos, mais aussi les collectivités territoriales qui vous accueillent. 1 Ma présence aujourd’hui, parmi vous, a pour objectif de réaffirmer l’ambition de la France, l’ambition pour la mer, pour ses activités et son industrie maritime, pour la recherche, et pour être présent aux grands rendez-vous de la croissance bleue, on l’évoquait, on a beaucoup parlé ces derniers jours de la croissance verte, mais la croissance bleue est tout aussi prioritaire. Je veux commencer par une première conviction, il n’y a pas de grande Nation maritime sans marine marchande, et la France peut être fière de sa position au niveau mondial. Les 900 navires, opérés par des entreprises françaises, depuis les PME spécialisées, jusqu’à CMA, CGM, font vivre plus de 20.000 navigants et autant de sédentaires. Ils transportent le savoir-faire français sur les cinq océans et toutes les mers du globe. Conforter notre marine marchande requière de lever les blocages qui entravent le développement des entreprises de ce secteur. Ces derniers mois en effet, de nombreuses mesures ont été adoptées pour cela. Je veux les rappeler rapidement, la loi sur les activités privées de protection des navires, dont je viens de signer les décrets d’application, offre désormais un cadre sécurisé. Je sais que les armateurs et les chargeurs l’appelaient de leurs vœux, ils peuvent dès lors mieux protéger leurs navires contre les actes de piraterie. Accompagner notre marine marchande, c’est aussi créer les conditions d’une concurrence juste, et lutter contre le dumping social. Le décret du 1er août 2014 harmonise ainsi les règles du travail à bord des navires opérant dans les eaux territoriales ou intérieures françaises. Nous aidons également les armateurs à moderniser leur flotte et à l’adapter aux nouvelles normes, je pense notamment à celles concernant l’environnement, et particulièrement la directive sur les émissions de souffre et ses conséquences pour le Nord de notre littoral. L’ADEME a donc lancé un appel à projets sur les ferries propres, doté de 80 millions d’euros. Nous accompagnons ainsi très concrètement les armateurs qui nous présentent des projets performants sur le plan écologique. Cela a notamment été le cas avec BRITTANY FERRIES que nous aidons dans son programme de mise à niveau de ses bateaux, c’est très concret, et nous avons pu ainsi dernièrement répondre positivement pour le navire dénommé le Normandie. Toujours à propos de ce secteur difficile des ferries, les adaptations nécessaires ont été différées depuis trop longtemps, le soutien public a pu conduire à la surcapacité de certaines liaisons, à une compétitivité insuffisante des armements. Certaines entreprises sont aujourd’hui – nous le savons – dans des situations critiques, c’est le cas de la SNCM, placée en redressement judiciaire vendredi dernier. Et c’est là un aboutissement malheureux, mais inéluctable après une décennie de déficits lourds. Comme vous le savez, l’Etat suit de près ce dossier. Et avec les ministres concernés et notamment avec Alain VIDALIES, nous veillerons scrupuleusement à la continuité territoriale avec la Corse et à ce qu’un maximum d’emplois soit préservé dans le bassin, j’ai dit que je parlerai directement, et le langage de vérité sur ce dossier s’impose. En matière de marine marchande, les premières mesures ont donc été prises, mais j’ai souhaité que nous allions encore plus loin, le gouvernement a examiné avec attention les propositions du député Arnaud LEROY, qui est avec vous et qui connaît bien ces questions. Nous avons décidé de mettre en œuvre plusieurs propositions importantes, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la mer et de la pêche, les détaillera tout à l’heure. Je veux ici uniquement les énoncer, tout d’abord l’extension de l’obligation de pavillon français au transport de pétrole raffiné, elle a été intégrée au projet de loi sur la transition énergétique, et entrera en vigueur à l’été 2015. Ensuite, un mouvement de simplification, afin d’alléger les démarches, je sais qu’il y a beaucoup d’attente dans ce domaine-là, et pas seulement dans votre secteur. Il concerne, ce mouvement, principalement la modernisation du rôle d’équipage, mais pas uniquement. Enfin, des mesures fiscales avant la fin de l’année, qui confirment et amplifient l’effort de l’Etat. Elles permettront de sécuriser vis-à-vis de la Commission européenne le dispositif de la taxe au tonnage, elles permettront également d’étendre aux achats en crédit bail l’exonération des plus-values de cession des navires. 2 Et je sais combien cette mesure est attendue par les professionnels. Mesdames, Messieurs, la compétitivité de notre marine marchande, c’est aussi la qualité de nos infrastructures portuaires. C’est pourquoi l’Etat accompagnera le développement des grands ports maritimes. Les contrats de plan entre l’Etat et les régions pour la période 2015-2020, je viens de signer hier celui de la région Pays de la Loire, prévoient d’investir plus d’un milliard d’euros dans les grands ports, près d’un tiers sera apporté par l’Etat. Ces investissements porteront sur l’amélioration et l’extension des infrastructures portuaires, mais aussi sur l’hinterland, c’est-à-dire l’accès routier et ferroviaire. Notre ambition doit être de rattraper la qualité de services et la compétitivité des grands ports d’Europe du Nord. Et c’est à cette condition que les navires les plus gros, ceux venant d’Asie notamment, feront escale dans nos ports créant ainsi des emplois et de l’activité. Pour cela, il faut également stabiliser le cadre fiscal des activités portuaires. Le Conseil d’Etat a jugé que le vieux régime d’exonération de l’impôt foncier des grands ports maritimes ne pouvait être maintenu. On ne peut en faire abstraction, le gouvernement fera donc des propositions, mais là, nous devons être attentifs à ne pas pénaliser l’activité économique des ports. Les ports d’Outre-mer font également l’objet d’une attention particulière, leur situation stratégique, la réunion entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, les Antilles au débouché du Canal de Panama, leur offrent un potentiel de développement remarquable, une stratégie portuaire pour l’Outre-mer sera finalisée en début d’année. Et la ministre des Outre-mer, George PAU-LANGEVIN, vous en parlera demain. Le transport maritime, d’une manière générale, peut être aussi une alternative au transport routier, c’est l’objet des autoroutes de la mer. Et le gouvernement est mobilisé aux côtés des autorités locales pour pérenniser ces services, et en lancer de nouveaux. La récente décision de la Commission européenne de soutenir la liaison entre Saint-Nazaire et Vigo, à partir de 2015, est un signal très important, nous l’avons évoqué hier avec le gouvernement espagnol. Les grands ports, c’est aussi le lieu de la construction navale civile et militaire. Ce secteur dynamique, représente 8,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 45.000 emplois, et exporte près de la moitié de sa production. STX France, les chantiers de l’Atlantique disent encore certains, avec ses 2.000 emplois à Saint-Nazaire, est l’exemple d’une industrie qui a su se moderniser et rester compétitive. Alors qu’en 2012, le plan de charges inquiétait, nous constatons tous, avec satisfaction, que les carnets de commandes se sont remplis avec quatre paquebots géants, produits d’ici à 2019. La construction navale repose aussi sur sa capacité à réaliser les navires du futur, économes en énergie et à faible impact environnemental. Pour cela, il faut bien sûr investir, et l’Etat soutient les industriels à hauteur de trente millions d’euros avec le programme d’investissements d’avenir. La mer et l’environnement, ce sont des enjeux intimement liés, et c’est la deuxième conviction que je veux partager avec vous ce matin, vendredi, en effet, j’ai clos la troisième conférence environnementale. Et ces travaux ont montré une fois de plus combien l’humanité, sans se payer de mots, était au pied du mur et combien il y avait urgence, et le mot est faible, à agir. Vous tous, acteurs de la mer, êtes les premiers conscients des conséquences du dérèglement climatique : fonte de la banquise et modification de la salinité de l’eau, hausse du niveau de la mer, événements extrêmes, plus fréquents, perte de biodiversité, mais vous tous, acteurs de la mer, vous savez combien celle-ci est porteuse d’opportunités. La France fait de la transition énergétique une priorité, et en 2015, nous devrons définir notre stratégie bas carbone et fixer notre programme pluriannuel de l’énergie. C’est essentiel pour le développement des énergies renouvelables, et notamment marines, et pour accompagner la structuration des filières. Il y a près de cinquante ans, la France avait été précurseur avec l’usine marémotrice de la Rance, et elle doit retrouver vite cette ambition et cette audace. 3 Les pistes sont nombreuses, vous les connaissez, énergie thermique des mers, hydrolienne marine ou fluviale, éolienne ancrée ou flottante, et bien d’autres encore. Ce sont autant de nouvelles frontières concrètes à explorer. Ce matin, nous avons inauguré l’usine ALSTOM qui s’inscrit dans un plan industriel remarquable, reliant Saint-Nazaire, Nantes et Cherbourg. Deux appels d’offres sur les parcs éoliens offshores ont déjà été réalisés. Ils développeront à terme une puissance de trois gigawatts, c’est-à-dire – vous le savez – l’équivalent de deux EPR. Et la ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie travaille activement dans la concertation à l’identification de nouvelles zones propices en 2015. Par ailleurs, le projet Nemo d’énergie thermique des mers, porté par AKUO et DCNS, est, lui, soutenu par la Commission européenne. De même le projet GDF SUEZ de climatisation à partir d’eau de la mer à La Réunion est soutenu par les fonds européens, il l’est aussi par le programme d’investissements d’avenir. Concernant les hydroliennes, j’ai désigné deux lauréats pour l’appel à manifestations d’intérêt sur les fermes hydroliennes dans le Raz Blanchard, vous le savez, à l’extrémité du Cotentin, ce sont les projets Nephtyd, d’ALSTOM et GDF SUEZ et le projet Normandie Hydro d’EDF et DCNS. A ce stade, il n’a pas été possible de retenir tous les projets. J’ai donc demandé au commissariat général à l’investissement d’identifier les technologies les plus intéressantes pour les soutenir autrement. Enfin, concernant les éoliennes flottantes, un appel à manifestations d’intérêt sera lancé en juin 2015 pour un montant de 150 millions d’euros, je sais que, il est particulièrement attendu par les acteurs de la filière. La transition écologique, c’est bien sûr l’énergie, mais c’est aussi la préservation de la biodiversité marine, pas seulement parce qu’il s’agit, là, du patrimoine de l’humanité, mais aussi parce qu’elle représente un intérêt économique majeur. Malheureusement, l’homme a martyrisé la mer : déchets, sacs plastique, marées noires, il a aussi pillé ses ressources sans penser à l’avenir. Alors, il faut changer et faire de la mer notre projet. La conférence environnementale de 2013 a permis des avancées, notamment la future agence française pour la biodiversité dans laquelle la mer aura – rassurez-vous – toute sa place. La mise en œuvre de la stratégie des aires marines protégées s’est poursuivie avec par exemple la création du parc marin d’Arcachon en juin 2014, l’installation du sanctuaire d’Agoa, de protection des mammifères marins dans les Antilles, ou la mise à l’étude du parc naturel marin du Cap Corse. Je n’oublie pas la création, nous parlions des Outre-mer, en avril 2014 par le gouvernement de NouvelleCalédonie, du parc naturel de la mer de corail avec 1,3 million de kilomètres carrés, c’est l’une des plus grandes aires marines protégées du monde. Et le projet de loi sur la biodiversité, qui passera au Parlement au printemps, prévoit par ailleurs de nouvelles protections des espaces et les espèces, ainsi que les conditions de mise en œuvre des projets économiques en milieu marin, les mesures emblématiques de lutte contre les pollutions marines ont ainsi été prises, comme l’interdiction des sacs plastique au 1er janvier 2016, ou l’interdiction du rejet des eaux de ballast par les bateaux. Ma troisième conviction, c’est que la mer, c’est un formidable potentiel – vous l’avez dit, il y a un instant – de croissance économique. Nous devons donc être ensemble au rendez-vous – j’y insiste – de la croissance bleue. Il nous faut pour cela miser sur la recherche, la France dispose d’un potentiel scientifique et industriel de premier plan, ce sont 3.000 personnes engagées dans la recherche marine et maritime au sein de l’IFREMER, du CNRS, mais également dans nos nombreuses universités. Le dynamisme et la qualité des travaux sur la mer sont également encouragés avec le financement de quatre laboratoires et équipements d’excellence dans le cadre toujours des investissements d’avenir. Réunis au sein de l’alliance ALLENVI, tous ces acteurs ont élaboré un programme mer qui met en commun les compétences, c’est comme cela qu’ils joueront un rôle moteur, non seulement en France, mais également, au niveau européen et international. Je me réjouis, à ce titre, de la signature, il y a quelques semaines, en août 2014, du contrat d’objectifs entre l’IFREMER et les ministères chargés respectivement de la recherche et de la mer. 4 Ce contrat fixe une nouvelle feuille de route jusqu’en 2017, je tiens également à souligner la place réservée à ces thématiques au sein du programme européen de recherche et développement Horizon 2020. Penser cette croissance bleue, c’est devenir un acteur majeur dans le domaine de l’exploration et de l’exploitation des grands fonds marins, c’est l’une des sept ambitions définies par la Commission Innovation 2030. Le 18 novembre, l’Autorité internationale des grands fonds marins et l’IFREMER ont signé un contrat pour explorer les gisements de sulfure polymétallique en Atlantique Nord, et il ouvre ainsi à la France de nouvelles perspectives. L’Etat prépare aussi pour la première fois, je veux le rappeler, une exploitation de notre plateau continental au large de Walis et Futuna, une expertise scientifique a été conduite pour que cette exploitation soit respectueuse de l’environnement, un permis minier devrait pouvoir être attribué rapidement. Et puis l’Etat apporte un soutien majeur aux industriels de cette filière grâce au financement du concours mondial de l’innovation, du programme d’investissements d’avenir. Et à ce jour, huit projets sur l’exploitation des gisements miniers sous-marins ont été retenus. Pour nos ambitions dans le domaine de la recherche, nous disposons d’un formidable atout, l’Ecole nationale supérieure maritime, d’ici dix ans, le nombre d’élèves va passer de 1.000 à 1.500, et de nouvelles filières permettront de former des talents pour répondre aux nouveaux enjeux du milieu maritime. Et parmi ces enjeux, il y a bien évidemment le défi, la question de la pêche. La pêche et l’aquaculture sont des filières économiques d’importance pour notre pays. Et le gouvernement souhaite les encourager, comme il l’a toujours fait. Les travailleurs de la mer ou – c’était une expression dans notre réunion, il y a un instant – les ingénieurs de demain de la mer, nos marins pêcheurs, ceux qui font vivre nos ports, nos littoraux, ceux qui contribuent à créer des emplois dans le mariage et la transformation sont des piliers de notre économie. La force de la pêche française en métropole comme dans nos Outremers, c’est sa diversité, sa polyvalence, sa présence dans toutes les mers du monde. Cette pêche doit donc être durable, et responsable. Et je salue ici, très sincèrement, les efforts des professionnels pour progresser. Nous devons dépasser toute forme d’opposition stérile entre les défenseurs des poissons et les défenseurs des pêcheurs, les pêcheurs sont les acteurs de la mer, ils y risquent leur vie, ils la perdent parfois. Ils sont donc conscients des enjeux, plus que quiconque, de la préservation de l’environnement. C’est leur outil de travail, et ont un rôle de premier plan à jouer dans la gestion des aires marines protégées. Toute pêche durable passe par une gestion sérieuse et fondée sur des avis scientifiques solides, l’exemple du thon rouge montre les bienfaits d’une ressource bien gérée. Les efforts importants, consentis par les professionnels, pour parvenir à une pêcherie bien encadrée, contrôlée, permettent de fixer des niveaux de quotas satisfaisants. Cet exemple doit guider notre position dans des débats toujours complexes, dans les débats communautaires. Et cela notamment sur un sujet aussi sensible que la pêche profonde. Entre l’interdiction et le laisser-faire, il faut trouver un chemin avec l’appui des scientifiques. Les quotas de pêche, c’est un sujet important pour l’économie française. Et c’est un sujet essentiel, vital pour nos pêcheurs. Ils seront prochainement discutés à Bruxelles pour 2015. Et vous pouvez compter sur l’engagement de mon gouvernement à défendre des niveaux tenant compte à la fois des expertises scientifiques, mais aussi de l’impact économique sur la filière. 5 Je tiens d’ailleurs à rappeler que pour la période 2014-2020, les crédits européens pour la pêche et l’aquaculture vont être en augmentation de plus de 70%, avec nos partenaires, nous allons mettre en œuvre une nouvelle politique commune de la pêche. Elle comporte certaines dispositions nouvelles, comme l’interdiction des rejets. Sur ce sujet, nous devons nous appuyer sur les expériences des pêcheurs, pour construire un dispositif équilibré. Le gouvernement souhaite enfin renforcer l’ambition aquacole de la France afin d’en faire un secteur stratégique dans les prochaines années. J’y vois aussi une manière de réduire notre dépendance aux importations qui restent nettement majoritaires dans notre assiette aujourd’hui. C’est un domaine extrêmement prometteur, si nous savons valoriser le travail de nos chercheurs et de nos entrepreneurs, si nous poursuivons nos démarches de simplification, et encourageons ainsi l’éclosion de nouveaux projets. Mesdames, Messieurs, la France est donc une grande puissance maritime. Sa marine nationale, là aussi, j’y insiste, est présente sur toutes les mers du globe. Le développement des flux maritimes, la vulnérabilité de nos espaces et de nos approvisionnements, l’internationalisation de nombreuses activités illicites sont pour notre pays des enjeux majeurs, des enjeux de souveraineté. C’est également vrai pour la liberté de navigation, il convient donc d’assurer la protection de nos activités maritimes, et la sûreté de nos espaces. L’Union européenne a récemment adopté une stratégie de sûreté maritime, et compte tenu du rôle et de l’expertise de la France dans ce domaine, je veux que nous préparions en complément, sous l’égide du secrétaire général de la Mer, une stratégie française. Dans cette stratégie, la question des Outremers occupe nécessairement une place importante. La question de souveraineté, c’est surtout là qu’elle se pose. Il faut donc avoir, oui, Amiral, vous m’interpelliez tout à l’heure, les moyens d’action nécessaires, comme ce premier bâtiment multi-missions de la marine nationale qui sera livré en 2015. Avant la fin de l’année, deux patrouilleurs seront aussi commandés, ils seront affectés en Guyane, pour la lutte contre la pêche illégale. Mesdames, Messieurs, la mer est un espace de rigueur et de liberté, et je parlais des poètes, si je reprends les mots de Victor Hugo, c’est un milieu d’opportunités, mais aussi de dangers, toutes celles et ceux dont les métiers sont liés à la mer ne peuvent oublier ce risque, il est permanent. Et je voudrais donc saluer l’action des 4.400 bénévoles de la SNSM, ils assurent plus de 3.300 opérations de sauvetage par an, dans des conditions difficiles en mettant leur vie en danger. Ce sont autant de vies sauvées, de drames, de catastrophes évités. Et ceux qui les ont vus agir ne peuvent oublier leur courage et leur savoir-faire. Et la mer, c’est aussi un magnifique lieu de solidarité, et nous devons veiller à ce que sa capacité d’action soit préservée, et je sais que ce sujet compte pour le président de la GORCE, j’irai très prochainement à la rencontre de tous ces bénévoles. Espace de rigueur et de liberté, la mer est partagée par de multiples acteurs, le rôle de la puissance publique, c’est de dialogue avec l’ensemble de ces acteurs pour construire une politique de la mer. Le Conseil national de la mer et du littoral, qui vient de se réunir, constitue un lieu privilégié d’échanges, et je salue le travail de Maxime BONO, qui l’a présidé, ainsi que la nouvelle présidente, Karine CLAIREAUX, car le Conseil national de la mer et du littoral joue un rôle important de propositions et d’avis auprès du gouvernement. Nous avons fixé plusieurs échéances, un débat à l’Assemblée nationale sur la politique maritime de la France, en 2015, qui sera suivi d’un comité interministériel de la mer. Tous les sujets, que j’ai souhaités aborder devant vous aujourd’hui, devront, bien sûr, y trouver leur place. Mettre la mer au cœur de notre agenda politique, faire suivre les intentions d’actes concrets, toujours s’engager pour défendre nos intérêts, c’est vouloir le meilleur pour la France, vouloir renforcer sa place dans le monde. C’est cette ambition qui est celle de mon gouvernement, et parce que cette ambition, vous la portez, je veux aussi saluer le travail qui a été celui de Frédéric CUVILLIER, dans la montée en puissance de cette ambition, et que, Alain VIDALIES poursuivra. 6 C’est penser notre avenir et construire notre puissance, François-Régis HUTIN écrit dans son éditorial ce matin, que la mer est notre ancêtre, et qu’elle est aussi notre avenir. Et pour dire les choses autrement, il n’y a pas plus belle ambition que la mer, pour un pays comme la France, qui a toujours voulu regarder plus loin. Nous nous interrogions il y a un instant pourquoi ce pays, qui compte cette façade maritime extraordinaire, ne se tourne pas davantage vers la mer, ne convainc pas plus ses citoyens et les responsables des pouvoirs publics de ce gisement, de cette force que représente la mer, au-delà de nos côtes, partout dans le monde. Alors, à travers cette intervention, je veux faire la démonstration de l’ambition qui est celle du gouvernement de vous accompagner pour construire une politique maritime à la hauteur précisément des enjeux que cela représente pour notre pays. Alors, oui, construisons, Mesdames et Messieurs, cet avenir, mettons les voiles, parce que c’est une aventure extraordinaire qui nous attend. (seul le prononcé fait foi) 7